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09/12/2009

Lecture

40 ans du TNN-02.jpgJ’ai été invité ce mardi 08 décembre à fêter les 40 ans du TNN en assistant à une lecture, dans la grande salle "Pierre Brasseur".
Daniel BENOIN et quelques-uns des comédiens permanents du Théâtre National de Nice ont ainsi lu, entre autres extraits, des passages de « la Promesse de l’aube », de Romain GARY ; « la Douceur de la vie » de Jules ROMAIN ; « le Père adopté » de Didier VAN CAUWELAERT ainsi que « Ballaciner » de J.M.G. Le CLÉZIO.

 

 

La lecture est un exercice périlleux pour plusieurs raisons :
En décidant de lire plutôt que de jouer, on se prive délibérément d’une grande partie de ses moyens d’expression et donc de création.
Pour éviter l’ennui qui guette le public à chaque ligne, il faut choisir des passages le plus courts possible, ce qui n’était pas le cas ce soir-là.
Attention enfin aux accrocs lors de la lecture elle-même, aux accidents de parcours et autre diction approximative. En effet, on choisit souvent de faire une lecture pour des événements qui ne seront pas reconduits : il est convenu qu’on ne répètera pas autant que pour une pièce jouée de nombreuses fois et que l’on compte sur le comédien pour compenser le peu de moyens alloués à ce travail.
Enfin, fallait-il garder la disposition classique d’une salle de théâtre : les artistes sur scène et le public au parterre ? Pour cette lecture qui m’a semblé un peu longue — malgré la qualité des auteurs convoqués — je pense qu’il aurait fallu demander aux comédiens de venir parmi le public, ou en tout cas le plus près possible, et adapter le dispositif scénique à cette formule.

Car il y avait un dispositif scénique. Simple, bien conçu, c’était un peu le fil rouge de cette lecture : les artistes qui ne lisaient pas attendaient assis, dos au public, sur des chaises faisant face à un immense écran, sur lequel étaient projetées des prises de vues de la villes de Nice (une sorte de promenade filmée façon Super-8 d’autrefois).
Quelques très bonnes prestations, des passages plutôt drôles et enfin un accompagnement musical de l’excellent Clément ALTHAUS ont permis à ces deux heures de ne pas paraître trop longues. Je dois même avouer que j’ai applaudi sans me forcer au moment des saluts.

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Pourtant, je persiste à dire qu’une lecture doit se travailler un minimum, que le comédien qui s’y aventure doit avoir une vigilance de tous les instants, déployer une énergie colossale, avoir un débit de parole légèrement ralenti et malgré tout faire court autant que possible.
Bien sûr, il faut tempérer ces observations en se rappelant que le public qui assiste à ces lectures est un peu plus détendu que d’habitude. Un peu comme si chacun venait à un rendez-vous d’habitués.

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04/12/2009

Don Bosco

Illustre-Don bosco-01.jpgJ’ai récemment rencontré une enseignante du lycée Don Bosco, qui s’occupe également de l’option « Théâtre ».
Elle a accepté de répondre à quelques questions (assez brièvement, car il s'agit d'une correspondance électronique !)


Comment est né le projet ?
Quand je suis arrivée l’option était déjà créée mais j’avais la volonté de m’ouvrir à un nouveau domaine.

Quel(le)s sont vos collaborateurs dans ce travail ?
Un intervenant du Théâtre National de Nice.

Quel cursus avez-vous suivi ?
Cursus très banal, fac de lettres : lettres modernes + Français Langue Étrangère + concours.

Quels sont les moyens financiers mais aussi matériels mis en œuvre ?
Une partie est prise en charge par le Rectorat et une autre par l’association Don Bosco, nous avons à notre disposition une « salle de théâtre ».

Quels sont les objectifs de départ — et sont-ils toujours les mêmes ?
Avoir le théâtre comme option et essayer d’avoir le maximum d’élèves pendant 3 ans. Bien évidemment, il a fallu s’adapter et certains élèves prennent l’option seulement la dernière année. Mon prédécesseur axait son travail sur les pièces classiques et je préfère le contemporain ce que j’ai donc mis en place.

Quel est le contenu de votre enseignement ?
Histoire du théâtre,
Lecture de pièces classiques et contemporaines avec travail sur les mises en scène,
Découvertes de spectacles vivants variés,
Réalisation d’un carnet de bord en vue du bac,
Réaliser un compte rendu de spectacle,
Jeux de rôle, d’improvisation…
Visites de théâtres,
Rencontres acteur, metteur en scène…


Quels élèves sont attirés par cette option " théâtre " ?
Les élèves qui ont toujours fait du théâtre, les élèves curieux, et les élèves à qui cela permettra d’obtenir des points en plus pour le bac.

Quelles sont les réactions des élèves, puis leur évolution ; sont-ils déçus, découragés ou au contraire enthousiasmés ?
Les réactions varient et évoluent chaque année, difficile de répondre mais au final c’est très positif !

Votre travail est-il évalué par le rectorat — et si oui comment ?
Travail évalué par l’inspectrice en assistant à un cours.

Merci Madame Sandra BICAIL pour vos réponses.
Pour avoir quelques infos supplémentaires, vous pouvez consulter le site du lycée, à la page « théâtre » en cliquant ICI. (choisissez ensuite [Lycée général et tech.] puis cliquez sur la "puce" bleue [Option Théâtre])

Le théâtre est une option que l’on rencontre fréquemment dans l’enseignement public. Il y a même des stages prévus pour certains professeurs afin qu’ils aient les compétences pour enseigner cette matière.
En effet, « enseigner le théâtre » est un vaste programme, difficile à appliquer. La plupart des élèves, jeunes, ont une culture minimale de cet art, voire pas de culture du tout. D’autres au contraire ont un savoir universitaire, appris dans les livres ; lire est une bonne chose, mais insuffisante en matière de Spectacle Vivant, car il faut surtout s’entraîner, pratiquer.
D’autre part, peut-on enseigner TOUT le théâtre ? Poser des bases est déjà un projet d’envergure. Et quelles bases ? Question difficile, tant l’art est affaire de parti pris.

25/11/2009

Piqûre de rappel

C'est le titre d'un e-mail que j'ai reçu afin que je repasse une annonce parue sur ce blog le 22 septembre dernier (et ♫ le 22 septembre ♫ aujourd'hui ♫ ... on ne s'en fout pas) :

Solo para Paquita
(Stimulant, amer et nécessaire)

Pièce d'Ernesto CABALLERO
Monologue interprété par Isabelle BONDIAU
Mise en scène : Émilie PIRDAS
Création musicale : Mathieu GEGHRE
Création lumière : Érik de Saint-FERREOL

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Comédie aigre douce, avec une pointe d'humour acide et épicé, Solo para Paquita est l'histoire d'une femme... Une madame tout-le-monde, une employée du ministère. Plongée dans sa solitude et noyée dans un monde bercé d'illusions, elle décide un jour d'aller au Bingo.
C'est là que tout bascule. Elle rencontre un homme, tombe amoureuse, mais il disparaît presque aussitôt. La déception, la tristesse et l'amertume alors se dessinent en elle, et sa colère se transforme en un acte fatal. Passage à l'acte ou simple délire schizophrène, Paquita bascule petit à petit dans l'obsession des chiffres, des mots, des coïncidences et du mysticisme, ce qui l'amène à perdre ses repères et à balancer entre folie et réalité...
Paquita se retrouve ainsi dans trois univers, trois lieux, trois espaces-temps.
Elle se livre alors à une confession publique tenant lieu de thérapie, tout en sirotant un petit café qu'elle trouve parfois stimulant, amer et nécessaire...


Émilie PIRDAS confie quelques réflexions sur ses choix :

« ... Étant curieuse du théâtre latino-américain, j'évoquerai l'extrême richesse et la grande variété des auteurs comme José SANCHIS SINISTERRA, une des grandes figures de ce théâtre de l'après-franquisme ; José TRIANA, auteur cubain ; Gabriel GARCIA MARQUEZ auteur colombien ; Alfredo ARIAS et bien des autres.
Je me suis un jour plongée dans la pièce
Solo Para Paquita d'Ernesto CABALLERO, car je cherchais à mettre en scène un monologue pour femme. Je fus alors séduite par l'écriture, la poésie, l'acidité et l'humour de ce texte.../...

.../... L'auteur pose la question du passage à l'acte. Ernesto CABALLERO entraîne Paquita à commettre un acte irréparable qui la fait atterrir en hôpital psychiatrique où elle pratique une thérapie de groupe.
Mais ce qu'on croit être la thérapie d'une femme malade d'amour devient, par la magie de l'écriture de l'auteur, un drame théâtral : Paquita ne s'avère être autre qu'une actrice schizophrène ; le docteur Ceballos, le responsable de la thérapie, un metteur en scène peu scrupuleux et le groupe de thérapie n'est autre que le public.
La richesse de ce texte aborde également la place et la complexité de ce que peut ressentir un comédien lorsqu'il s'enveloppe d'un personnage pour pouvoir ensuite l'interpréter. L'auteur alors s'appuie sur la fragilité humaine, les obsessions et les vieux démons que l'homme et la femme portent en eux... »

Ces propos sont extraits du dossier de presse que vous pouvez télécharger en cliquant ICI.

J'ai déjà évoqué la rencontre entre deux artistes issues de deux compagnies. Émilie PIRDAS provenant de la Cie le Cri du Chœur et Isabelle BONDIAU de la Cie Alcantara. C'est le genre de synergie qui me plaît. Il me semble qu'il est salutaire pour un artiste de ne pas trop s'installer dans une formule qui marche (et pour un intermittent, plus ça marche et plus il est difficile de renoncer à l'assurance d'un succès facile et d'un revenu à peu près décent). Aussi on ne peut que saluer cette collaboration nouvelle.
D'autre part, j'ai déjà vu jouer la comédienne et je pense que le rôle qu'elle doit assumer est tout à fait à sa portée.

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C'est au Théâtre de la Semeuse (~ 100 places, non numérotées)
2, montée Auguste Kerl
à NICE

Renseignement et réservation : 04 93 92 85 08

les vendredi 11, samedi 12 et vendredi 18 et samedi 19 décembre à 20h30
Durée du spectacle : ~ 01h15

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20/11/2009

Quatre

Quatre extraits du livre « Comme si c’était moi », de Philippe TORRETON, comédien connu au cinéma mais qui a quand même travaillé dix années à la Comédie Française.
Je laisse ces extraits sans commentaire, sachant très bien qu’on peut être contre ses propos comme être entièrement d’accord avec lui. Le but étant que chacun ait envie de réfléchir sur la Culture, et aussi de lire quelques ouvrages sur le théâtre, qu’il s’agisse d’autobiographies ou d’études plus spécialisées.
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Je me suis souvent demandé pourquoi, à l’école, on commençait avec Molière. Mais c’est vachement dur, Molière, à douze ans. On ne comprend rien, c’est truffé de mots totalement oubliés, et ça laisse aux élèves l’impression désagréable que ce n’est pas fait pour eux, Molière, et donc que le théâtre, du même coup, « c’est un peu comme le foot pour les pédés ». Alors qu’il existe partout dans le monde des auteurs vivants, écrivant avec des mots d’aujourd’hui, qui permettraient d’aborder l’art dramatique sans ce genre de complexes castrateurs, pas question d’abandonner Molière ! Mais on peut le remettre à plus tard, quand les bases sont là, et que le virus du langage commence à agir, il ne bougera pas Molière, il est mort de toutes façon, il nous attend fidèle au poste. […/…] Molière n’est pas un prétexte pour faire l’andouille avec des masques. S’il écrivait aujourd’hui, il aurait constamment des problèmes avec les gens en place comme on dit. À son époque, déjà, certains auteurs espéraient sa mort prochaine et se réjouissaient de cette vilaine toux qu’il avait, d’autres appelaient carrément au meurtre… alors… Ne le réduisons pas à un classique qu’il est bon d’avoir lu. Il y a une vie qui va avec, c’est sérieux… et parfois grave, même si c’est drôle.
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Je suis contacté par Jack Ralite pour dire un poème aux états généraux de la culture […/…] il s’agit du « Marbrier de Carrare », de Charles Péguy […/…] Mon premier contact avec le poème est déroutant. Il est bizarrement posé sur le papier, avec des rejets ou renvois à la ligne étranges, et, lorsque je le lis tel que c’est écrit, je ne comprends pas. Un peu comme Claudel, cela devait être à la mode en ce temps-là, lorsqu’on avait un truc à dire, hop ! pas plus de quatre mots par ligne, ou alors ils étaient payés à la feuille. Mon premier travail consista donc à reconstituer les phrases une par une. Alors, tout le sens me parvint. Ce poème est beau, simple et fort. Je m’étais convaincu de le lire (et donc de le recopier) comme je l’avais compris. Mais, saisi d’un doute (car pourquoi alors Péguy l’avait-il rédigé ainsi ?), je me décidai à vérifier auprès de Jean Dautremay, sociétaire spécialiste des poèmes compliqués, si ma méthode n’était pas trop sacrilège. Il trouva ma lecture intéressante, mais me dit qu’il fallait absolument respecter la forme sur le papier, forme qui était aussi de la poésie et signifiait quelque chose. Oui, mais quoi ? Pas de réponse, en tout cas pas claire, et de lui rétorquer que lorsque je respecte l’écriture je ne comprends plus rien. Or il paraît que c’est justement ça, le travail du comédien, respecter l’auteur en le comprenant et en le rendant accessible aux autres. Ouais ! Imparable comme argument, t’as raison ! Sauf que, têtu, j’ai lu mon « Marbrier de Carrare » à ma façon, avec mes phrases reconstituée et, pardon madame ma modestie, mais ça a vachement plu […/…] C’est très beau Claudel, enfin à petites doses, mais lorsque le comédien s’arrête en pleine phrase pour attaquer le reste sur un autre ton, sous prétexte que c’est comme ça dans le livre, ça me fait penser au sketch de Dany Boon sur la collection Harlequin.
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En France on dit : « J’entre » lorsqu’on va sur scène. Dans la tradition de la commedia dell’arte, on dit : « Je sors. »
Je préfère sortir, à tout point de vue, sortir de soi, du monde, pour en gagner un autre.
C’est le plein air, c’est dehors, c’est mieux.
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Je ne suis pas sûr que le moteur principal de l’acteur soit la générosité. Ce mot galvaudé est surexploité en interview […/…] La générosité, c’est un peu le cambouis de ce métier (on ne devient pas garagiste pour en avoir sur les mains, c’est une conséquence, pas une condition nécessaire et suffisante, comme on dit en mathématique).
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Voilà, ce livre est au rayon « Théâtre » de la médiathèque de Nice, rayon fort garni et appétissant.

06/11/2009

Et alors ?

« Une première en France », nous annonce le programme TV de ce samedi soir. Je n’ai pas vérifié, c’est sans doute vrai : c’est la première fois que l’on retransmet en direct à la télévision une pièce depuis un Théâtre National de province. Et c’est tombé sur le TNN, le Théâtre National de Nice.
Il s’agit de la pièce écrite par Jerry STERNER : « Other People’s Money », adaptée et traduite par Linda BLANCHET et Daniel BENOIN sous le titre plus connu de « A.D.A. — l’Argent Des Autres ».
Jerry STERNER, ex-homme d’affaire américain, a réussi une carrière dans l’immobilier, avant d’entamer celle d’écrivain dramatique. Il écrit Other People’s Money en 1989 et connais un succès immense, aux Etats-Unis, mais aussi dans tout le reste du monde.

 

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Ce soir-là donc, à 20h30, nous sommes devant notre « poste de télévision », comme on disait autrefois. La soirée commence par un bref commentaire de l’incontournable Christian ESTROSI, flanqué de Daniel BENOIN.
Puis les caméras de France-2 pénètrent dans l’antre du TNN, et viennent solliciter Alexandra LAMY (oui, c’est celle de « Un gars une fille »…) qui va interpréter Kate, la jeune avocate et Michel BOUJENA, qui lui interprètera Larry-le-Liquidateur, Lawrence Garfinkle.
J’avoue que cela m’agacerait profondément si quelqu’un venait me demander mes impressions sur la pièce que je vais jouer dans cinq minutes, mais bon, les deux comédiens semblent plus solides que moi.

Le spectacle commence. Rapidement, je comprends que je vais m’ennuyer. Le texte (la traduction ?) est pataud, convenu ; tout est "téléphoné" ; les comédiens ne sont pas excellents, surtout Daniel BENOIN qui est carrément mauvais (il "met le ton", comme les enfants à l’école).
Et puis enfin, peu à peu, allez savoir pourquoi, la pièce décolle. Ça y est, je rentre dans l’histoire, je ne me pose plus de question, je reçois le spectacle tel quel.
Je pense que c’est au moment de l’entrée en scène d’Alexandra LAMY, qui est vraiment excellente : présence, interprétation, technique… du début à la fin, ce qui est encore moins évident. Michel BOUJENA cesse enfin de se comporter comme s’il réalisait un one-man-show et d’en faire des tonnes, enfin presque, car il aura encore deux ou trois fois un accent qui revient ou une grimace incontrôlée.
Le décor, les moyens techniques sont assez conséquents (changement "à vue" deux lieux différents reposent sur un plateau qui tourne, comme un gigantesque plateau à fromage, et nous permet d’imaginer qu’on se transporte instantanément de la grande métropole à la province) mais enfin, cette fois-ci cela sert le propos.

Mais plus encore que les décors et les éclairages eux-mêmes, c’est l’utilisation qui en est faite qui m’a beaucoup intéressé. En effet : alors même que le décors n’a pas fini d’être installé, les comédiens sont déjà en train de jouer. Ou parfois, c’est le contraire, les dernières répliques de la scène précédente sont dites sur le nouveau décor de la scène suivante !
Loin d’être un défaut qui détruit l’ensemble, ce procédé fait que la pièce gagne au contraire en dynamisme. Et cela donne même un sentiment de compression du temps (en effet, l’action est sensée se dérouler sur plusieurs mois).
J’aime beaucoup ce genre de mécanisme qui ne réclame aucun moyen technique, seulement humain, et donc qui peut être utilisé par tous. Je ne sais pas si c’est Daniel BENOIN qui en est l’inventeur ou si beaucoup d’autres s’en sont déjà servi, mais c’est tout à fait le genre de trouvaille que j’affectionne.

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Maintenant que quelques jours sont passés, je me pose une question qui mérite que l’on s’y attarde : « ET ALORS ? »
Oui, cette question, chaque artiste, et pas seulement dans le Spectacle Vivant, doit souvent se la poser. Pour savoir si ce que l’on fait est créatif, pertinent, et surtout si ce n’est pas simplement de l’esbroufe.
Et là, rappelez-vous, j’ai dit au début de cet article que c’était la première retransmission en direct depuis un théâtre national de province. ET ALORS ? Qu’est-ce que ça nous a apporté à nous, (télé)spectateurs ? Quelle est la pierre posée à l’édifice de la culture ? Et si cette pièce avait été enregistrée la veille puis diffusée sur France-2 plus tard, quelle différence aurions-nous perçue ?
Peut-être le public présent ce soir-là a-t-il lui senti quelque chose ? Mais j’en doute.

30/10/2009

Programmons un peu

Voici quelques annonces à des dates très diverses. Aujourd’hui, le public est devenu capricieux, et la plupart du temps choisi un spectacle au dernier moment. Mais que cela n’empêche pas certains de programmer à l’avance leurs sorties dans les théâtres de la région.

 

Et tout d’abord, rendez-vous au Théâtre ANTIBEA, à… Antibes, pour aller voir
Le Journal d’un Fou, de GOGOL
Auxence Ivanovitch Propritchine, le héros du Journal d’un fou, est un misérable fonctionnaire. Il appartient à ce petit prolétariat de la bureaucratie russe « l’homme de petite envergure ». A plusieurs égards, il est le plus humain des êtres créés par Gogol : sa révolte et sa fierté de petit fonctionnaire, son rêve d’accéder à l’amour de Sophie, la fille de son directeur, sa revendication d’un droit à l’existence plénière d’homme en font une exception dans le monde des êtres mutilés de Gogol. Ce qui rend imprévisible l’oeuvre de Gogol, c’est l’art de combiner le normal et le pathologique, l’humain et le délire, en un mot l’art de faire souffrir le héros devant nous. Sans sa mesquinerie, sans son amour propre, nous toucherait-il ? Une performance d’acteur !

Production : Antibéa Comédie d’Antibes
metteur en scène : Dominique CZAPSKI
acteur : Dominique CZAPSKI
lumière : Jean-Pierre FRANCES

J’avais déjà vu jouer ce texte par Stéphane HEICHENHOLC, à Nice. C’est une très bonne pièce. Dominique CZAPSKI n’est pas un débutant et je pense que ce spectacle sera intéressant. Ceux qui habitent vers Antibes ont là une bonne raison de ne pas rester à la maison.

Les portes du théâtre sont ouvertes 1/4 d’heure avant la représentation.

Soirées à 20h30, matinées le dimanche à 16h00.

Les spectacles commencent à l’heure précise.

L’accès peut être refusé aux retardataires.

PARKINGS LES PLUS PROCHES : La Poste, Port, Pré aux pécheurs, Place Nationale, Saint Roch.

Les vendredi 30 et samedi 31 octobre à 20h30 et le dimanche 1er novembre à 16h00

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Vu du pont
Théâtre Michel Daner — BEAUSOLEIL

Tout l'univers d'Arthur MILLER dans cette pièce qui emprunte sa forme à la tragédie grecque.

Illustre-Vu du Pont-01.jpgBrooklyn au début du siècle dernier, dans le quartier de Red Hook où vivent les dockers italiano-américains.
Eddy et Béa Carbone, tous deux émigrés italiens, élèvent leur nièce Katie comme leur propre fille. Tandis qu'ils accueillent chez eux deux cousins de Béa, débarqués du pays clandestinement, le plus jeune des deux s'éprend de Katie.
Le rapprochement des deux adolescents engendre une profonde inimitié entre les deux hommes, conduisant Béa à s'interroger sur la nature réelle des sentiments de son mari à l'égard de la jeune femme…

Pour Arthur Miller, l'histoire de cet homme que l'attrait semi-conscient pour sa nièce conduira à trahir sa famille et à se voir rejeter par sa propre communauté, présente toutes les caractéristiques de la tragédie grecque.


Auteur : Arthur MILLER
Artistes : Alexandra BELLON, Laura RICCI, Noël DURAND, Patrice GIACCHI, Brice LANDWERLIN, Henri LONG, Robert MONTHÉARD
Metteur en scène : Patrice GIACCHI (06 14 22 18 38)

Le samedi 28 novembre 2009 à 21h00
Durée du spectacle ~ 01h30
Tarif : 11,00 €

Théâtre Michel Daner
Salle municipale (~ 140 places)
3, place de la Libération
06240   BEAUSOLEIL

Tél. 04.93.41.71.51

 

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A.D.A. : L’Argent des autres
TNN — NICE

Jerry Sterner ● Mise en scène Daniel Benoin ● Adaptation et texte français Daniel Benoin, Linda Blanchet ● Avec Daniel Benoin, Michel Boujenah, Alexandra Lamy, Marie-France Pisier, Pierre Vaneck ● Décor Jean-Pierre Laporte ● Costumes Nathalie Bérard-Benoin ● Lumière Daniel Benoin ● Vidéo Benoit Galera, Jean-Pierre Laporte ● Assistante à la mise en scène Linda Blanchet ● Production Théâtre National de Nice

L'action se passe de nos jours à Paris et dans le Massif Central. L'entreprise industrielle de fils et câbles métalliques dirigée par André Jorgenson fait vivre une bonne partie de la population de la région. Elle survit grâce à des participations achetées dans des manufactures de produits dérivés. Un prédateur financier, loup grossier sans scrupule, se penche sur cette entreprise et propose à son directeur une profitable restructuration… Le duel va s'engager.

France 2 diffusera en direct la soirée du 31 octobre à 20h30. A.D.A. : L’Argent des autres sera le premier direct d’une pièce depuis la province. C’est le TNN qui aura en effet cet honneur, juste récompense au 1er CDN de France et à son public.

Il est vrai que Daniel BENOIN a au moins cette qualité : il sais remplir les salles.

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Un nouveau théâtre, « La Comédie de Nice », ouvre ses portes cette saison avec
Le Clan des divorcées
 
Cette comédie absolument irrésistible met en scène trois femmes qui divorcent, Stéphanie d'Humily de Malanpry, une bourgeoise qui quitte un berger ardéchois, Mary Bybowl, une british un peu délurée qui, elle, quitte un homme de plus et Brigitte la rurale qui elle aussi divorce.

Les frères VARDAR ont connu la réussite il y peu, sur Paris. Il viennent à Nice tenter de poursuivre l’aventure. Je crois que c’est Éric COLLADO qui gèrera sur place le théâtre.

Auteur : Alil VARDAR
Artistes, en alternance : Eric COLLADO, Laetitia GIORDA, Corinne FRÉDÉRIC, Alil VARDAR, Dominique DEVERS, Alice GAULON.
Metteur en scène : Hazis VARDAR, collaboration artistique Pascal LÉGITIMUS

du 08 octobre au 15 décembre, tous les jours sauf les lundi
à 20h00 du mardi au samedi, à 15h00 les dimanche
Durée du spectacle ~ 01h20
Tarif : 18,00 €

La Comédie de Nice (~ 240 places)
12, rue Auguste Gal
06300   NICE

Tél. 04 93 56 99 74

Cliquez sur l'image pour accéder à leur site.

 

Illustre-Vardar-01.jpg

 

 

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Lao
Lavoir Théâtre — MENTON

Témoignage : c'est l'histoire d'une fille qui part avec une valise sur les routes du monde.
« En 2004, dans le vieux train bleu roumain qui va vers la mer, je rencontre Lao, un p'tit mec de 4 ou 5 ans, crasseux et pieds nus, qui veut voler mes cigarettes, et puis aussi que je devienne sa maman… Ca sert à quoi une rencontre si elle s'arrête là ? »

Le Théâtre du Lavoir est un pôle du Spectacle Vivant à Menton qu’il me semble important de maintenir, de par sa programmation variée et de qualité.
J’ai déjà joué avec Émilie JOBIN, et je peux dire que c’est une excellente comédienne. En revanche, je ne sais pas ce qu’elle est capable de faire en tant que metteur en scène.
Le site de la Cie Arnika (qui a parfois un fonctionnement capricieux) vous renseignera sur l’origine du spectacle. Cela me semble digne d’intérêt (Cliquez sur l’image).

Illustre-Arnika-01.jpg


Auteur : Mandine GUILLAUME
Artistes : Mandine GUILLAUME
Metteur en scène : Stephan RAMIREZ, Émilie JOBIN

le samedi 21 novembre à 20h30 et le dimanche 22 novembre à 15h30

Lavoir Théâtre (~ 90 places)

63, bd du Fossan

06500   MENTON

14/10/2009

On a brisé le veau d’or

J’ai assisté hier soir à une représentation du Roman d’un Trader au TNN. Je n’aurai pas besoin de faire un compte rendu de ce spectacle, les créations du Théâtre National de Nice qui ouvrent la saison sont toujours largement relayées par les média.

Je me contenterai de signaler la bonne performance de  Lorànt DEUTSCH, qui incarne le trader, ainsi que celle de Bernard-Pierre DONNADIEU (qui cependant campe un peu trop souvent l’homme de pouvoir et d’argent, alors que son talent lui permettrai de varier davantage les rôles).
Malgré les comédiens, la pièce était un peu trop fade, par manque de rythme parfois, et à cause d’un texte et de situations trop convenus.
Un signe qui ne trompe pas et que l’on retrouve souvent dans les productions de Daniel BENOIN : l’effet le plus efficace, j’allais dire le plus saisissant, est obtenu à l’aide d’un simple fauteuil de bureau à roulette ; toute la grosse machinerie théâtrale, une fois de plus, n’étant là que pour masquer le vide de certaines scènes, sans apporter grand-chose.
Dommage, car tous ces écrans géants et ces décors qui s’escamotent sont ma foi bien réalisés, et les techniciens ont fait du bon travail, mais les techniciens seulement, pas le créateur.
Je ne regrette pas d’avoir pris le tramway ainsi que deux heures de mon temps, mais je suis un peu resté sur ma faim.

 

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Je pensais même ne rien écrire sur ce spectacle lorsque s’est produit un petit incident, vers la fin de la représentation.
Dans la pièce, la femme du directeur de banque veut obtenir une sculpture d’un artiste en vogue, intitulée « le Veau d’Or » et coûtant la bagatelle de 2 000 000 d’euros. Cette statuette est apportée sur la scène dans un sac et, au moment de la manipuler, le comédien s’est aperçu qu’un morceau s’en était détaché. Tout le monde dans la salle l’a remarqué car cela ne pouvait manifestement pas être une chose prévue dans le scénario.
Malgré tout, chaque artiste a immédiatement intégré cette donnée dans son jeu et a fait "comme si". Gestes adaptés et petites remarques ajoutées au texte original ; quelques mots seulement, improvisés, notamment par Bernard-Pierre DONNADIEU, et parfaitement joués. Ils ont montré qu’ils étaient de vrais comédiens, qu’ils étaient capables de tout et que tout pouvait arriver, le spectacle continuerait.
La salle presque toute entière a témoigné par un rire, ou plutôt une rumeur, sa joie d’assister à cet imprévu. Signifiant presque aux comédiens : « on a bien vu qu’une chose ne s’est pas passée comme vous l’auriez voulu, mais vous avez continué à dérouler l’histoire pour nous et ça marche, nous sommes toujours embarqué avec vous ».

Car enfin : même si, bouleversé, vous pleurez toutes les larmes de votre corps et que l’acteur le plus génial du monde est en train de mourir sur scène, jamais vous ne vous lèverez pour lui porter assistance, parce qu’au fond de vous, une petite lumière de conscience vous rappelle que tous ça est irréel. Beau, important, nécessaire, créatif, éloquent… mais irréel. Le théâtre donne à voir beaucoup de choses, on peut y parler des sujets les plus importants pour l’humanité, y montrer les scènes les plus drôles comme les plus insoutenables, ON SAIT TOUS QUE C’EST POUR DU FAUX !
Le public, en venant louer sa place ce soir là, est parfaitement d’accord avec ce principe. Il va recevoir, il va donner parfois, on va communier, mais les situations et les personnages montrés sur la scène n’existent pas — même lorsque l’histoire est inspirée de faits réels.

Ce que le public ne supporte pas en revanche, c’est que l’on vienne briser son rêve. Et hier soir, si on a brisé ce Veau d’Or, on n’a pas brisé le rêve des spectateurs présents dans la salle.
Parce qu’on a improvisé. Oh, pas beaucoup et la catastrophe n’était pas si grande. Pourtant, je tenais à signaler ce détail car j’ai pu constater que beaucoup de comédiennes et de comédiens professionnels n’ont pas la culture de l’improvisation. Lorsque survient un incident pendant la représentation, les mots viennent, mais la puissance vocale baisse, le ton n’est plus aussi assuré, on bredouille, les comédiens parfois même se contredisent.
(C’est une des règles de base de l’improvisation : il ne faut JAMAIS aller contre ce qui a déjà été établi par les autres partenaires. Un exemple : vous aviez décidé de vous appeler Eustache dans la scène qui doit être jouée, mais un autre comédien s’adresse à vous et vous appelle Jean-françois. Surtout, n’allez pas lui dire : « Oh ! mais tu m’as appelé Jean-françois ? Tu sais très bien que je m’appelle Eustache ! » car là, plus personne dans l’assistance ne croit aux personnages ni à l’histoire, c’est la fin du rêve et le public s’en va.)

La virtuosité fait partie de l’arsenal déployé pour bâtir une œuvre théâtrale. Encore une fois, le public SAIT QUE C’EST POUR DU FAUX, alors il faut bien lui montrer quelque chose de sublimé, de parfait, de beau, de la bonne ouvrage. Et lorsque le Veau d’Or vous parvient en deux morceaux au lieu d’un, on continue de garder le même volume sonore, on continue d’avoir une voix claire, une diction précise, on se reconnecte le plus vite possible sur le texte qui doit suivre et même, on prend plaisir à improviser. Le rêve ne sera pas interrompu.