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09/07/2009

C’est l’effet papilloooooon…

Jean-Paul SARTRE expliquait un jour : « … Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que, au moment où j'ai écrit Huis clos, vers 1943 et début 44, j'avais trois amis et je voulais qu'ils jouent une pièce, une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est-à-dire, je voulais qu'ils restent ensemble tout le temps sur la scène. Parce que je me disais que s'il y en a un qui s'en va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment où il s'en va. Je voulais donc les garder ensemble. Et je me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes sans jamais en faire sortir l'une d'elles et les garder sur la scène jusqu'au bout, comme pour l'éternité. C'est là que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. Telle est la cause occasionnelle. Par la suite, d'ailleurs, je dois dire, ces trois amis n'ont pas joué la pièce, et comme vous le savez, c'est Michel VITOLD, Tania BALACHOVA et Gaby SYLVIA qui l'ont jouée… »

En effet, petites causes et grands effets. Il faut reconnaître que même les grands écrivains et metteurs en scène rencontrent parfois des difficultés purement matérielles qui conditionnent la suite de leur projet : le lieu choisi pour la création du spectacle ; le manque de finance ; parfois un événement qui survient dans le cadre privé ; mais aussi, comme on l’a vu, une volonté de la part de l’écrivain de satisfaire un désir tout personnel…
Tout cela peut exercer des contraintes même chez ceux que l’on croyait à l’abri, de par leur statut. Comme j’ai l’habitude de dire ici que la contrainte est source de création, je me demande si la contrainte "volontaire" est aussi efficace.

L’écrivain Georges PÉREC employait de tels procédés et, dans la plupart de ses romans, se fixait délibérément une ou plusieurs obligations. Il y a bien sur La Disparition, roman de plus de 200 pages ne contenant aucune lettre E (!), et bien d’autres opus, tout aussi étonnants, qui me laissent penser que la contrainte, décidément, et un excellent moteur de création artistique.

Illustre-Georges Pérec-01.jpg
Georges PEREC est né le 07 mars 1936, tandis que ma date de naissance est le 07 mars 1963 ; j'en tire une fierté aussi stupide qu'inépuisable.

02/07/2009

Estival

Le sous-titre de ce blog, le rendez-vous du Spectacle Vivant dans les Alpes-Maritimes, prend ici tout son sens, puisque la première annonce de cet article concerne un spectacle qui va tourner dans tout le département durant l’été.

Voici ce que nous dit le communiqué de presse :

Après Le Tour de l'Infini, la Cie B.A.L. revient cet été avec une nouvelle création
l'Épopée des Prés.
Ainsi, ce seront deux comédies jardinières qui déambuleront dans les plus beaux jardins des Alpes-Maritimes et du Sud jusqu'au 12 septembre 2009.

Texte & Mise en Pré : Thierry VINCENT
Écho : Elodie TAMPON-LAJARRIETTE
Clairière : Elise CLARY
Cotylédon : Thierry VINCENT
Plume : Louise CLARY
Musiciens : Henry MANINI & Martin CHEVALIER

 

Illustre-Estival-05.JPG

JARDIN DE BERTHEMONT
Village Vacances La Semeuse
Roquebillière
Mardi 7 juillet à 18h00

VILLA ARSON
Centre National d’Art Contemporain
20, avenue Stephen Liégeard • Nice
Jeudi 9 & vendredi 10 juillet à 19h00

TROPHÉE DES ALPES
La Turbie
Samedi 11 juillet à 19h00

JARDIN BOTANIQUE DE LA VILLA THURET
41, boulevard du Cap • Antibes
Jeudi 16 juillet à 19h00

LA SERRE DE LA MADONE
74, route de Gorbio • Menton
Vendredi 17 & samedi 18 juillet à 19h00

JARDIN MARIA SERENA
21, promenade Reine Astrid • Menton
Dimanche 19 juillet à 19h00

CITADELLE DE VILLENEUVE-LOUBET
Avenue de Bellevue • Villeneuve-Loubet
Jeudi 23 juillet à 19h00

MONASTERE DE SAORGE
Saorge
Samedi 1er août à 18h00

FÊTE DU CANAL DE LA SIAGNE
Samedi 5 septembre

Ce spectacle d’une durée d’une heure se déroule en plusieurs haltes. Si la station debout vous est plus difficile qu’à un arbre, vous pouvez vous munir d’un siège léger. Un coussin sera aussi le bienvenu.

L’entrée est gratuite mais le nombre de promeneurs-spectateurs étant limité par le caractère fragile des jardins, la réservation est indispensable :
Tél. - 06 20 78 54 60
E-mail - bal@compagniebal.com


Cie B.A.L. [ bal d’arts légers ]
Thierry VINCENT
Espace association
45, promenade du Paillon à Nice
Tél. 06 13 59 10 78
www.compagniebal.com


Contact presse et diffusion : Evelyne PAMPINI / Image Publique
Tél. 04 93 19 37 40
Mob. 06 11 81 45 78

La Cie B.A.L. est en résidence au Centre Culturel de la Providence à Nice.

 

 

Ensuite, un genre plutôt inhabituel pour les lecteurs de ce blog :

À l'occasion de l'ouverture de son agence NEO RÉTRO, spécialiste des XIXe et XXe siècles, Lady FLO sera présente sur Nice pour deux dates :

Jeudi 16 Juillet 2009 au Boudoir :
« Le glamour rétro par Lady FLO »
Atelier d'initiation au glamour réservé aux filles.
Lady FLO, historienne de la féminité rétro sera assistée de l'effeuilleuse burlesque Lada REDSTAR. Elles vous conteront le féminin et vous dévoileront quelques astuces pour l'être au quotidien et dans l'intimité.

Samedi 18 Juillet 2009 à l'Opéra Plage :
Surf & Bikini
une comédie musicale burlesque par Lady FLO
Partons en voyage à la plage des pin-up des années 50. Lady FLO mène la danse, accompagnée d'artistes venus de Paris : deux sublimes effeuilleuses burlesques, deux danseurs de feu, un chanteur, une danseuse de hula, une multitude de très très jolies figurantes pour un spectacle en interaction avec le public suivi du bal de la plage. Et bien sûr les habituelles "surprises" de Lady FLO...

Illustre-Estival-01.jpg

Le Boudoir
1, bis, rue Dalpozzo à Nice
19h00 - 21h30
10 € (cocktail offert)
Attention : réservé aux filles !

Opéra Plage
30, quai des Etats-Unis à Nice
21h00 - 02h00 (spectacle à 22h00 précises)
15 € (cocktail glamour offert)

06 09 96 45 37

Je connais Lady FLO car elle a collaboré à une soirée ciné-concert, organisée l’année dernière par l’association REGARD-Indépendant, dont je fais partie (le site est en lien tout en bas de la "Colonne de Gauche").

 

Nous continuons la série des annonces par quelque chose d’appétissant :
l'Assemblée des Femmes d'après ARISTOPHANE


Comédie nocturne en plein air qui sera donnée le Vendredi 10 juillet 2009 à 21h00 sur la place du village de Trigance (à 20 Kms de Castelane), dans le cadre de l'ouverture de l'Été Théâtral de Trigance.

Après Mémoire de Loire et La Ferme des Animaux, la Cie Théâtre dans la Nuit propose pour cette saison estivale 2009 un nouveau spectacle : l’Assemblée des Femmes, d’après ARISTOPHANE, adapté et mis en scène par Jean-Marc DORON.
[On parle d’adaptation lorsqu’une pièce étrangère à été traduite, ou bien lorsque le texte d’origine n’était pas une pièce de théâtre et a dû être transposé, ou enfin lorsque l’œuvre originale a été retravaillé de façon importante : coupure dans le texte, personnages secondaires qui fusionnent en un seul, voire mélange de plusieurs pièces en une représentation unique — c’est le sort qui est souvent réservé à la trilogie de PAGNOL ; les pièces Marius, Fanny et César étant à la fois très connues mais trop longues mises bout à bout, on assiste souvent à une sorte de compression de cette œuvre, qui lui est souvent préjudiciable et qui ressemble plus à une opération commerciale. Fort heureusement, l’adaptation est souvent source de création véritable. Autrefois, un adaptateur s'appelait un "arrangeur".]

Illustre-Estival-02.jpg« l'Assemblée des Femmes raconte l’histoire des Athéniennes qui, à l’instigation de l’une des leurs, Praxagora, se rassemblent à l’aube pour ourdir une machination qui leur donnera le pouvoir à la place des hommes et sauvera la cité. Quand ces derniers se réveillent le lendemain ils découvrent avec stupéfaction les réformes que les femmes entendent adopter : égalité pour tous, mise des biens en commun et beaucoup d’autres changements… Le soir, tout le monde fête l’établissement des nouvelles lois et la pièce s’achève par un grand banquet auquel sont conviés les spectateurs.
En mettant en scène de façon comique les débats des Athéniennes qui prêtent à rire par leur manque de portée politique et leur défaut de sens pratique, Aristophane tourne en dérision les projets de constitution qui animent l’Athènes de son temps. On observe également, dans cette pièce, la désillusion du grand poète comique. Son amertume ne fait que croître après la capitulation de la ville qui clôt la guerre du Péloponnèse, ainsi que devant la dégradation des institutions politiques Athéniennes. Cet état aboutira au rétablissement de la tyrannie…
Ce texte a été écrit par le grand auteur comique grec il y a plus de 2 400 ans, au cours du siècle d’or d’Athènes. Il a traversé le temps sans prendre une seule ride et reste une mordante et pertinente satire de la politique et de ses abus. Nous en avons fait une adaptation libre tout en respectant scrupuleusement le style et le langage de l’auteur. »

Le Spectacle est suivi d'un dîner sur place. Au Menu : une entrée, daube à la Provençale et dessert, vin compris.

Spectacle seulement : 16 €
Spectacle et dîner : 30 € (uniquement sur réservation)
Réservations et renseignements : 06 98 77 98 76

 

Et pour terminer ce petit tour d’horizon :

l’homme Prudent
de Carlo GOLDONI, par la Cie Interligne

Une comédie italienne masquée, baroque et burlesque jouée sur tréteaux.
Mise en scène : Francis DOMBRET
Masques : Louis-David RAMA

« Dans une Venise décadente, Pantalone, riche marchand et patriarche despotique, a réussi sa carrière. Mais il est bien mal entouré : une jeune épouse arriviste entourée de courtisans pique-assiettes, d’un fils rebelle, d’une fille attardée et boulimique. Saura-t-il, lui, " l’Homme Prudent ", peureux de voir s’effondrer son bonheur égocentrique, déjouer les pièges et éviter le scandale ? »

Je ne connais pas cette compagnie, qui nous vient de l’Indre-et-Loire semble-t-il, mais il est intéressant de faire connaître cet auteur italien, ou plutôt vénitien puisqu’il est né dans la Cité des Doges en 1707 et mort à Paris en 1793, bien avant l’unité italienne.
Je ne connais pas non plus l’Uomo Prudente, l’une des deux cent pièces qu’il a pu écrire. Mais GOLDONI est un auteur dramatique qui est intéressant, notamment parce qu’il a essayé de marier la Commedia Dell’Arte et un théâtre plus réaliste, sans vouloir tomber dans ce qu’il appelait le maniérisme du théâtre en vers. Non pas que je dénigre la Commedia Dell’Arte ni les alexandrins de RACINE, bien au contraire, mais les tentatives théâtrales sont toujours des expérience enrichissantes, surtout lorsqu’elles sont tentées contre vents et marées.
Illustre-Estival-04.jpgLa seule chose que je puisse reprocher à l’auteur d’Arlequin Serviteur de Deux Maîtres, c’est sa volonté d’éradiquer le masque de la scène.
Ses arguments ne sont pas stupides, comme on peut en juger en lisant ces quelques lignes extraites de ses « Mémoires » :
« Le masque doit toujours faire beaucoup de tort à l’action de l’acteur, soit dans la joie, soit dans le chagrin ; qu’il soit amoureux, farouche ou plaisant, c’est toujours le même cuir qui se montre ; et il a beau gesticuler et changer de ton, il ne fera jamais connaître, par les traits du visage qui sont les interprètes du cœur, les différentes passions dont son âme est agitée.
Les masques chez les Grecs et les Romains étaient des espèces de porte-voix qui avaient été imaginés pour faire entendre les personnages dans la vaste étendue des amphithéâtres. Les passions et les sentimens
[sans T dans le texte, ndr] n’étaient pas portés dans ce temps-là au point de délicatesse que l’on exige actuellement ; on veut aujourd’hui que l’acteur ait de l’âme, et l’âme sous le masque est comme le feu sous les cendres. »
Bien que Carlo GOLDONI soit mort avant que je naisse, je souhaite lui répondre que, depuis l’Antiquité, les masques ont évolué, au point de n’être plus seulement des amplificateurs mais pouvant aussi modifier la voix ; certains masques et avec eux certaines techniques demandent parfois des années de pratique pour être maîtrisés. D’autre part, le visage humain n’est pas le seul "outil" à la disposition du comédien pour faire passer des émotions de la scène vers le public de façon subtile et précise.

Vendredi 17 juillet à 21h00
à l’Amphithéâtre de la Mer à Cap d’Aïl
Durée ~ 01h40
Entrée libre
Renseignements à l’Office de Tourisme de Cap d’Aïl — 04 93 78 02 33

24/06/2009

Anecdote

Dans les dernières scènes de Marathon Man, le personnage incarné par Dustin HOFFMAN se confronte à Christian SZELL, ex-dignitaire Nazi, incarné lui par Laurence OLIVIER. Juste avant le tournage de la scène, sensé être à bout de souffle, Dustin HOFFMAN part faire un footing afin d’être plus crédible.
Légende où vérité : Une fois de retour, il se serait étonné que Laurence OLIVIER ne se livre à aucune préparation pour cette scène. Celui-ci aurait alors répondu : « Et si vous vous contentiez de jouer ? ».

Certains disent qu’en réalité, l’acteur shakespearien voulait signifier son agacement sur la vie dissolue d’HOFFMAN en lui envoyant cette pique ;
D’autres prétendent que Dustin HOFFMAN, en plein divorce, tentait d'oublier ses soucis en se consacrant au travail et que Laurence OLIVIER, qui connaissait ses problèmes, voulait lui faire comprendre qu'il savait et qu'il lui donnait son soutien.

Vrai ou faux, tout le monde s’en moque. En effet, cette célèbre anecdote a fait le tour des cours de théâtre du monde entier. Et, c’est le cas de le dire, en matière d’art dramatique il y a plusieurs écoles, fort différentes.
Deux grands courants se dégagent : l’un se réclame de l’enseignement de Stanislavski et se résume en un mot, « VÉRITÉ » (en fait, c’est plus compliqué que ça, mais je veux faire court) ; l’autre se réclame du théâtre élisabéthain ou même de la commedia dell’arte, royaume du symbole, de la représentation, du faux au service du vrai.
Dans cet exemple, on l’aura compris, Dustin HOFFMAN étant issu de l’Actor’s Studio représente le "camp" Stanislavski et Laurence OLIVIER le courant shakespearien.

J’avoue que depuis plusieurs années maintenant, je balance entre ces deux voies, sans jamais pouvoir trancher.
Faut-il grossir de vingt kilos pour pouvoir jouer le rôle de Jack la Motta dans Raging Bull ?
Faut-il au contraire jouer sur des tréteaux nus, avec un fond noir et une chaise comme seul accessoire ?
Faut-il pendant deux heures se concentrer sur ses malheurs pour arriver sur le plateau déjà plein de chagrin et les larmes prêtes à jaillir ou bien faut-il s’échauffer avec un training d’acteur pour s’assouplir les articulations ?

Et surtout, surtout, existe-t-il un cours d’art dramatique où l’on enseigne tout cela à la fois ? Un endroit où l’on formerait des comédiens capables de s’adapter à n’importe quel metteur en scène…

« Et si vous vous contentiez de jouer ? » Mais tous les comédiens jouent — ou rêvent de jouer.

Illustre-Stanislavski.jpg
Konstantin Stanislavski, de son vrai nom Konstantin Sergeyevich Alexeyev

10/06/2009

Lâcher prise

C’est un exercice que l’on rencontre souvent dans les cours de théâtre, même si la forme diffère parfois.

Il s’agit, comme le titre l’indique si bien, d’apprendre à ne pas tout maîtriser, à se laisser aller. Laisser travailler l’inconnu qui est en nous, accepter de révéler une part cachée de notre être. En parlant, en inventant, en allant jusqu’au bout d’une idée.
Prendre le risque d’être ridicule, mauvais. En échec.
En travaillant de cette façon, on arrive parfois à trouver des pistes intéressantes pour un spectacle.
On apprend également à faire confiance à ses partenaires et au metteur en scène.

On peut arriver à défaire certains blocages aussi. En effet, le comédien doit parfois faire certaines choses qui lui déplaisent souverainement, ou bien qui lui font peur. Des actes simples et faciles pour certains mais qui sont une montagne pour d’autres.
Par exemple, lorsqu’il avait fallu que j’embrasse un garçon dans « Goutte dans l’Océan », de FASSBINDER, cela ne m’avait posé aucun problème ; en revanche, lorsqu’il fut question de danser sur à peine trois mesures, j’en ai éprouvé du désagrément un mois à l’avance !

Ce genre d’exercice peut prendre l’apparence aussi bien d’un entraînement physique que d’un travail intellectuel. L’un d’entre eux, très connu, consiste à dire un mot à un partenaire, celui-ci devant répliquer immédiatement sans réfléchir, et ainsi de suite, en une série ininterrompue, le thème étant libre ou imposé.
Un autre exercice, qui n’a l’air de rien, est plus impressionnant : les yeux bandés, il faut courir à toute vitesse vers son professeur, qui doit vous stopper. Un dernier regard avant de poser le bandeau sur les yeux et hop ! on part à fond les gaz vers notre objectif… C’est du moins ce que l’on croit car la réalité est souvent plus drôle : certains bougent rapidement leurs jambes, mais pour faire des pas de 5 centimètres ; d’autres démarrent en trombe pour terminer deux mètres plus loin en faisant du sur-place, les bras tendus vers l’avant ; d’autres encore tournent en rond sans comprendre…
Dans un autre exercice, un des deux partenaires ferme les yeux et laisse bouger son corps en écoutant les sons que produit l’autre. Celui qui bouge doit sentir ce que veut lui transmettre l’autre, mais celui qui émet les sons doit également tenter de s’ajuster à ce que l’autre semble ressentir.

Tous ces petits exercices de quelques minutes, souvent amusants, toujours plaisants, ne sont là que pour habituer le comédien à lâcher prise. A se dire : « Ce soir, tant pis pour ce que l’on dira de moi, tant pis si je perds mon temps à suivre une fausse piste, je veux savoir jusqu’où je peux aller. »
C’est une aptitude qui manque à certains comédiens et ceux-ci invoquent toujours mille prétextes pour ne pas faire ce que leur demande le metteur en scène. Ils ont trouvé un créneau dans lequel ils savent qu’ils font bonne figure et ne veulent plus en sortir.
Et je dois reconnaître qu’il n’est pas aisé de renoncer à la promesse d’un succès facile en échange d’un labeur à l’issue incertaine. Mais je fais ce constat : si l’on veut devenir comédien, on doit veiller à rester souple, très souple. Vous rêviez de jouer Cyrano à l’Odéon mais on vous propose d’improviser dans les rues d’Aurillac. Allez-vous refuser ? Allez-vous accepter mais rendre la vie impossible avec vos objections et vos réticences ? Explorer une nouvelle voie est un privilège pour un comédien, il ne doit pas gâcher cette chance et faire confiance au metteur en scène qui le guide.

25/05/2009

Une femme pas seule

La programmation de Cuisine et Dépendance au théâtre de la Semeuse ce week-end a dû être annulée. Ce spectacle a été remplacé par Une Femme Seule, produit par la même compagnie, ACTE 3. Un monologue extrait de Récits de Femmes, initialement appelé Orgasme Adulte Échappé Du Zoo et écrit par Dario FO et Franca RAME.
Des décors simples mais colorés définissent un cadre précis au jeu de la comédienne, qui incarne une femme, seule bien sûr, mais surtout maltraitée et malheureuse.
Seule malgré les autres personnages qui seront seulement suggérés et jamais présents sur scène (le mari au téléphone, l’amant derrière la porte…).
Joëlle HADJADJ, particulièrement efficace dans les passages dramatiques, la où le "Pathos" ressurgit, incarne donc cette femme délaissée, qui passe par plusieurs états d’âme.

Illustre-Dario Fo-01.JPG

À la fin du spectacle, la metteur en scène a accepté de répondre à quelques questions. Accueillons donc, derrière le rideau, Françoise NAHON.

Qu’est-ce qui a motivé ce choix de l’auteur ?

Parce que j’aime l’écriture de Dario FO (C’est Dario FO et Franca RAME ! C’est une histoire de couple aussi, hein.) C’est extrait de Récits de Femmes, qui est un recueil où il y a de nombreux textes de femmes ; et un ou deux textes mixtes aussi, hein, avec homme et femme. Essentiellement ce sont des récits de femmes qui traitent des sujets difficiles, comme par exemple la prostitution, comme par exemple le refus de maternité. Bon là, il s’agit d’une femme qui est dans la maltraitance.

Donc « difficile » non pas dans le sens douloureux mais dans le sens qu’il est difficile de traiter de tels sujets ?

Délicats à traiter. Alors l’intérêt de Dario FO, c’est que tous ces sujets qui sont dramatiques — et souvent plus que dramatiques, ils sont tragiques — sont traités sur un mode très drôle, très kitch, très fantaisiste ; et moi c’est ce qui me plait, c’est ce contraste entre le motif qui est dur et le traitement qui est plus léger.

Pourquoi avoir choisi ce texte en particulier, parmi les nombreux qui font partie de ces « Récits » ?

On m’a souvent posé la question d’ailleurs. Parce que… parce que c’est un texte qui nous plaisait déjà à toutes les deux… Nous ça fait très longtemps qu’on fait du théâtre ensemble avec la comédienne Joëlle HADJADJ ; et c’est un texte qu’on avait envie de travailler parce qu’on a été très sensibles au problème des femmes qui subissent des violences, conjugales en l’occurrence. On a connu des gens qui travaillaient dans des associations, et qui recueillaient de nombreuses victimes, et ce sujet nous a interpellés.

Vous avez tout de suite pensé à Joëlle HADJADJ pour le rôle ?

On voulait monter du Dario FO, donc j’ai relu tous les Récits de Femmes que j’avais et celui qui m’intéressait, pour cette fois-ci (je vais vous parler de la suite !) pour cette fois-ci ça a été Une Femme Seule. Joëlle, je la voyais dans ce personnage.

Illustre-Dario Fo-02.JPG

Vous pensiez déjà à Joëlle en choisissant le texte.

Oui, tout à fait. Et puis là, au départ on voulait faire deux monologues. Donc moi j’avais pour projet d’en faire encore un autre, qu’on aurait associé.
Finalement, ce projet a grossi ; au début c’était un petit truc et puis finalement on a voulu vraiment que ça soit un spectacle à lui tout seul. Donc on en a fait ce que vous avez vu là ce soir. Mais le projet, ça va être de garder Une Femme Seule peut-être dans une version un petit peu plus light et auquel on va rajouter un ou deux autres monologues extraits de Récit de Femmes ; là où peut-être je prendrai un rôle d’ailleurs.

Justement, il vous arrive parfois de jouer dans des pièces que vous mettez en scène. N’est-ce pas une difficulté supplémentaire ?

Alors en fait, nous sommes un trio, où on est un peu polyvalent. Par exemple sur Cuisine et Dépendance je joue et je fais la mise en scène, et donc à un moment du travail il y a toujours quelqu’un de la compagnie qui a le regard extérieur sur les scènes où je suis présente.

Qui a le regard extérieur et qui a aussi les capacités à faire de la mise en scène…

Complètement. Si vous voulez, la mise en scène elle est conçue dès le départ, donc je sais exactement ce que je veux… et ensuite il y a l’esprit et après il y a la direction de l’acteur.

Donc, dans votre façon de travailler, toute la mise en scène est déjà prévue avant de commencer ?

En tout cas, les grandes lignes de la mise en scène, la scénographie, l’esprit de la pièce… j’ai déjà dans la tête ce que je veux, et ce que je ne veux pas surtout.

Mais les comédiens peuvent apporter quelque chose…

Bien sûr, tout à fait. Ce n’est pas figé genre « tu dois faire deux pas à gauche… » non, non. Quand je parle mise en scène, c’est l’esprit général de la pièce. Et j’en discute avec tout le monde au début du travail, dès les premières lectures. Donc ils savent exactement où l’on va, ensemble ; et après évidemment on se nourrit du travail des uns et des autres, ce n’est pas figé.

C’est une compagnie que vous avez crée ?

Oui. On est trois : « compagnie ACTE 3 ».

Qui est la troisième personne ?

C’est Tony — qui fume dehors ! Tony, par exemple, il incarne le rôle de Georges/Bacri dans Cuisine et Dépendance. Là, sur Une Femme Seule, c’est lui qui a fait la régie ; donc on est un peu polyvalent.

Et il a aussi des comédiens "satellites", comme sylvain GUINÉ pour Cuisine et Dépendance ?

Voilà, lui il ne fait pas partie de la compagnie. On l’a recruté parce qu’on le connaissait, c’est un copain ; puis on l’avait vu justement dans Cuisine et Dépendance à l’époque où ils l’avaient montée [au Théâtre du cours ndlr].

Merci à vous, Françoise NAHON, pour ces réponses.

Pour compléter ces propos, je laisse en lien, sur la Colonne de Gauche, le site de la Cie ACTE 3, hébergé par Niceasso.net — espaces associations de la Ville de Nice.

Illustre-Dario Fo-03.JPG

21/05/2009

En mai, il n'y a pas que « Lou Mai »

Encore des annonces. C’est normal, « L’illustre Théâtre » est un blog qui essaie d’intéresser ses lecteurs au Spectacle Vivant. Aussi, il ne faut pas perdre une occasion de relayer l’information.
Pour ce week-end par exemple, nous pouvons aller voir :

La compagnie ANTIPODES qui présente sa nouvelle création 2009
AD LIBITUM
 
Vendredi 22 Mai à 19h00
au Festival "20-23" à Valbonne
RDV simultanés : ancienne Mairie, rue Grande et 9 rue Alexis Julien
Renseignements 04 93 12 32 30

Samedi 23 Mai à 18h15
au Festival "Les Siacreries" à Carros
RDV devant le Forum Jacques Prévert, rue des Oliviers
Renseignements 04 93 08 76 07

La Cie Antipodes, c’est avant tout de la danse de haut niveau, des spectacles qui traitent de sujets difficiles : folie, enfermement… (dépressifs s’abstenir) et des membres qui travaillent ensemble depuis plusieurs années, malgré leurs origine et leur parcours différents. Enfin, ce sont souvent des performances en extérieur.
Voici ce que nous dit la plaquette :

L'aventure commence avec deux tableaux simultanés :
un homme et une femme prennent la décision de partir, de tout quitter. Point de non-retour, moment de basculement. Partir ou rester ?
Leurs rêves n'ont jamais été aussi proches. Ne reste que cet obstacle, ce mur à franchir. Une envie simple, impérieuse et évidente de passer de l’autre côté du mur. De connaître un ailleurs...
4 interprètes pour partager pendant 40 minutes fêlures et joies avec le public installé à même le sol comme des frères et sœurs d’aventure.

Cette création interroge sur les liens que nous entretenons avec notre histoire et notre héritage.
Sommes-nous prisonniers de schémas récurrents ? L’Histoire est-elle constituée de cycles immuables et inéluctables qui vont du renouveau au déclin ?
Les anciens ont érigé nos lois ; ils ont délimité les territoires, ils ont désigné nos amis et nos ennemis. Pour nous chaque génération se retrouve « au pied du mur » et doit se poser les questions de sa liberté et de sa responsabilité.

Chorégraphie, mise en scène et co-écriture : Lisie Philip
Co-écriture : Raphaël Thiers
Scénographie : Daniel Pina
Interprétation : Morena Di Vico, Raphaël Thiers, Daniel Pina
Création musicale : Mathieu Geghre
Création de costumes : Edwige Pina-Galli
Design et conception sonore : Richard Covello

Avec le Soutien de la Ville de Nice, la Ville de Saint Laurent du Var, du Conseil général des Alpes-Maritimes, de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la fédération Entre-Pont.

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Pour ceux qui seront à Nice ce week-end :
L'Art d'accommoder les restes
d'Alexandre Papias

avec Emmanuelle Lorre, Philippe Lecomte et Jean-Robert Thierry
mise en scène Emmanuelle Lorre et Philippe Lecomte

Une comédie romantico-culinaire sévèrement toquée ! Au menu : tête-à-tête savoureux et suprême de fous rires. De la très, très grande cuisine !
Souhaitant organiser un repas d'affaires grandiose destiné à lancer sa carrière, une jeune femme ambitieuse s'associe à une ancienne gloire de la gastronomie française, ruinée jadis par un client indélicat… Tout démarre marmites battantes ! Mais, saura-t-elle faire prendre la mayonnaise pour relever le challenge ? Pourra-t-il se remettre aux fourneaux malgré les casseroles qu’il traîne ? Tout cela sans compter avec la personnalité inattendue du commanditaire de ces agapes qui, cerise sur le gâteau, pourrait également leur faire boire le bouillon !
1 h 30 durant, un fumet de suspense et de bœuf strogonoff plane sur scène et dans la salle.
Une pièce mitonnée aux petits oignons pour 2 comédiens délicieusement complices qui, pour l’occasion, mettent les bouchées doubles !

La Cie l’Épigramme, dont le site est en lien sur la Colonne de Gauche, n’est pas forcément basée au Théâtre de la Cité ; elle tourne depuis plusieurs années dans notre région.

du 21 au 24 mai 2009
jeudi, vendredi et samedi à 21h00, dimanche à 17h00

Théâtre de la Cité
3, rue Paganini à Nice
Réservations : 04 93 16 82 69
Plein tarif : 15 € / tarif réduit : 12 € (CE, associations) / tarif étudiants : 10 €

11/05/2009

Médiathèque, Médiathèque, dis-moi quels sont tous tes trésors !

On ne profite jamais assez de tous les DVD disponibles dans les médiathèques. J'ai récemment loué un reportage intitulé « Opération Shakespeare à la Vallée de Joux ».
Ce film retrace l'aventure de la Cie du Clédar, une compagnie de théâtre amateur ― c'est à dire que chacun des membres a un travail qui le nourrit et éventuellement lui plaît, et une passion de la scène qu'il assouvit le reste de son temps libre.

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Cette compagnie du Jura, qui regroupe environs 25 personnes, suit depuis le début des principes qu'elle s'est elle-même fixés :
Ne faire appel qu'à des comédiens amateurs ;
S'entourer en revanche de professionnels pour les différents aspects artistiques et techniques (charpentier, chef de cœur, costumier ou maître d'arme...) ;
Aborder à chaque fois un genre différent (comedia dell'arte, épopée, clown etc.)
Jouer chaque spectacle dans un lieu différent du précédent ;
Ce lieu ne doit pas être un théâtre (les contraintes liées à un lieu qui n'est pas fait pour recevoir un spectacle est une source surprenante de création, il suffit pour s'en convaincre de penser au Palais des Papes hébergeant depuis 60 ans le Festival d'Avignon) ;
Enfin, ne faire qu'un spectacle tous les deux ans seulement afin de conserver intactes toutes les énergies et les envies (ce qui leur fait tout de même un " palmarès " de onze spectacles, tous très réussis).

Leur opus de 2005, pour le vingtième anniversaire de la troupe, est un spectacle intitulé « Naissance d'Hamlet, une fantaisie » qui met en scène le célèbre dramaturge et les conditions dans lesquelles il aurait pu écrire ce chef-d'œuvre.
Pour le réaliser, la Cie du Clédar a décidé de construire un théâtre Élisabéthain grandeur nature, inspiré du modèle qui se trouve à Londres, le Théâtre du Globe.

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le Théâtre du Globe, à Londres
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Après les représentations, l'édifice en bois, jaugeant 250 places, sera démonté. Fort heureusement, la commune voisine d'Yverdon-les-Bains a racheté l'ensemble et l'a reconstruit sur son territoire, pour en faire son théâtre d'été.

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Le reportage réalisé par Anne CUNEO ne rajoute pas de commentaire, elle a préféré laisser s'exprimer les protagonistes de ce projet aussi fou que beau. Et mobilisateur : en effet, c'est toute la vallée qui s'investit tout les deux ans, pendant plusieurs mois.
On y trouve aussi les inquiétudes, les joies de chacun, la façon dont chaque comédien répète son texte ; dans la parole de chaque individu, on retrouve quelque chose d'universel. Ce qu'ils ont vécu, toutes les compagnies l'ont vécu, et pourtant de façon si différente.
Enfin, une fois de plus, on constatera que le travail de préparation est une constante incontournable et primordiale dans le Spectacle Vivant. La somme de labeur déployée pour cette entreprise est simplement colossale.

 

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Crédit photo : Le Clédar - Anne CUNEO

La Cie du Clédar a depuis quelques années un site Internet bien à elle. Cliquez sur l'image pour y accéder.

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Vous y trouverez notamment les informations sur leur prochaine création cet été. Les chanceux qui se trouveront dans cette région du Jura auront ainsi le privilège d'assister à l'une des 23 représentations, cinq semaines à cheval sur août et septembre. (notez le « .ch » de l'adresse, pour la suisse !)
Enfin, pour les habitants de la région niçoise, il vous est possible de louer (gratuitement !) ce DVD à la médiathèque Louis Nucera (référence D/792/OPE). C'est réellement un reportage d'une grande qualité.