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12/02/2010

Vive l'eau

Bonne nouvelle : un nouveau lieu a vu le jour en décembre dernier. Il s’agit du Théâtre de l’Eau Vive.
Il est situé face à l’hôpital St Roch, au 19 rue Delille, à Nice. D’après le plan disponible depuis leur site, c’est une salle qui jauge 42 places, comme de nombreuses autres structures.
En effet, au-delà de 49 places, la réglementation impose un pompier de service, au-delà de 99, il faut en compter deux et ainsi de suite.
D’autre part, dans une zone de forte agglomération, il est toujours possible de remplir ce genre de théâtre. Pour une salle de moyenne importance, c’est déjà moins évident ; or, posséder un salle bien a soi implique des frais (en plus d’un grand plaisir et d’une fierté immense).

 

Illustre-eau Vive-02.gif

 

Car c’est à des choses comme cela qu’ont dû penser Fabienne COLSON et David BANCEL, les créateurs de « l’Eau Vive ».
Ils m’ont d’ailleurs confié que, depuis le début de cette aventure, ils jouent beaucoup moins souvent, contrairement à ce qu’ils espéraient. Mais la "com.", les démarches diverses et la programmation leur ont pris pas mal de temps.

La programmation, justement : Fabienne et David ont la volonté de mettre en avant des créations. Ce n’est pas une chose simple. Les créations, par définition, on ne les a pas encore vues, on n’en connaît même pas le texte. Il faut prendre le temps de découvrir les talents éparpillés un peu partout dans la région ou ailleurs. Il faut prendre le risque de montrer des spectacles auxquels le public n’adhérera peut-être pas.
Je souhaite bien entendu le contraire à ces deux comédiens déjà riches de plusieurs années d’expérience de la scène.

Que les autres lieux de spectacles ne fassent pas grise mine : un théâtre de plus, c’est une invitation de plus faite au public. C'est-à-dire qu’il y a comme un effet "galerie marchande" ; et plus il y a d’affiches dans les rues, plus de gens auront envie de sortir à nouveau pour aller voir dehors ce qu’il se passe de beau. Plus il y aura de choix dans la programmation, et plus les spectateurs auront l’occasion de se laisser tenter.

Pour clore cet article, je vous invite à cliquer sur l’image ci-dessous pour aller visiter le site de l’Eau Vive. Bien entendu, le lien se trouvera désormais dans la Colonne de Gauche — que je suis justement en train de réorganiser, du fait de sa longueur.

 

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Je rajoute ici une vue de l'entrée du théâtre, prise par un ami facétieux (vous pourrez cliquer sur l'image pour accéder à son blog)...

Illustre-Eau vive-01.JPG

05/02/2010

Qui a dit ?

Oui, qui a dit...

« Regardons la scène, et projetons-y les initiales de Jésus-Christ, nous saurons où est le côté Jardin et le côté Cour. »
 
Cette façon de désigner les deux côtés de la scène est à mettre en parallèle avec les Bâbord et Tribord employés par les marins, plus pratique pour désigner un côté ou un autre du navire que la gauche ou la droite, qui varie suivant où l’on se trouve.
Cela n’a rien d’étonnant quand on sait qu’avec l’apparition des premiers grands théâtres dits "à l’italienne", sont réapparues ces grandes machines, destinées à créer des effets spectaculaires et aussi plus simplement à manipuler les rideaux et les lustres.
On a d’abord fait appel, pour manier toutes ces structures, à d’anciens marins. En effet, piloter la machinerie théâtrale demandait une certaine habitude à grimper très haut pour travailler en équilibre sur des poutres en bois et à utiliser des cordages.
Depuis, certaines coutumes et certains mots propres à la marine sont restés, comme cette superstition qui interdit de prononcer le mot « corde ».

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Pour les mots Cour et Jardin précisément, ils ont été choisis en 1770, lorsque la Comédie-Française s’est installée aux Tuileries dans la "salle des Machines", c'est-à-dire le théâtre, en attendant de pouvoir être relogée ; un côté donnait effectivement sur les jardins des Tuileries et l’autre sur la cour du Carrousel.

à La formule est de Paul CLAUDEL.
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À propos de la simplicité de l’action dans une tragédie : « Il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie. Et quelle vraisemblance y a-t-il qu’il arrive en un jour une multitude de choses qui pourraient à peine arriver en plusieurs semaines ? Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d’invention […] au contraire, toute l’invention consiste à faire quelque chose de rien. »
 
Bien sûr, cette obsession de la règle des trois unités — temps, lieu et action — n’est plus d’actualité, et il peut désormais arriver « une multitude de choses », on dira que l’histoire se déroule sur plusieurs mois ou années.
Peu importe, chacun peut reprendre à son compte cette quasi-maxime qu’a écrite Jean RACINE dans sa préface de Bérénice (1671). Certains metteurs en scènes, notamment, auraient parfois besoin de s’en souvenir, plutôt que de faire de l’esbroufe à grand coup de finances publiques.
Je ne dis pas « vive les mises en scènes minimalistes », je dis « vive les mises en scènes où il n’y a rien de superflu ».
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« Rien de plus futile, de plus faux, de plus vain, rien de plus nécessaire que le théâtre. »
 
Ici, je n’ai pas grand-chose à rajouter, si ce n’est qu’il est encore plus faux, encore plus vain et encore moins nécessaire de vouloir demander au théâtre d’être « rentable » ou bien d’obtenir des « résultats ».

à Grand merci, donc, à Louis JOUVET de nous avoir laissé cette phrase.
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Avant de terminer ce billet, je souhaite vous indiquer le lien vers un site consacré aux Tuileries, et qui ravira les amateurs d’Histoire et d’Art (cliquez ICI.)

29/01/2010

Lutte des classes

J’ai déjà reproduit ici quelques photos prises par mon père lors de ses voyages. En voici d’autres, qui montrent quelques exemples architecturaux des théâtres des "pays de l’Est".

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Les clichés qui me frappent le plus ne sont pas l’imposante entrée de ce théâtre de Lituanie, en plein centre-ville, sur l’artère principale de Vilnius ; non plus que la masse carrée des théâtres de Rostov-sur-le-Don en Russie et de Kherson en Ukraine.

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Mon attention est plutôt attirée par le théâtre dit « à l’italienne » de Kiev, capitale d’Ukraine, autrefois République Soviétique. En effet, je constate que cette catégorie de salle n’a pas été, sinon détruite, du moins réorganisée par le régime de l’ex-U.R.S.S.

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Car cette architecture, au départ, a été conçue avec une intention : celle d’ordonner le public en fonction de son rang social. Ainsi les places les plus chères n’étaient pas celles d’où l’on voyait le mieux la scène, mais celles qui étaient les plus proches du roi, ou du représentant du pouvoir, et où on avait l’assurance d’être vu.
Car le public d’alors, composé des élites de l’époque, venait tout autant pour admirer le spectacle que pour se montrer. Et plus on était placé près de la loge royale…

Séparation des classes, donc, qui perdure encore aujourd’hui, mais sous une forme plus prosaïque : le prix des places varie, du simple au quadruple, en fonction de la proximité et du centrage avec la scène.
Voilà donc la raison pour laquelle je suis surpris. Cet ancien régime qui prônait l’égalité a pu tolérer la présence d’une structure qui divise le public, au contraire des amphithéâtres et autres bâtiments à la grecque, qui permettent aux spectateurs d’être tous bien placés, où qu’ils se trouvent dans la salle.

Il serait injuste que je ne dise que du mal des théâtres à l’italienne. En effet, les autres préoccupations des architectes italiens du XVIème siècle étaient aussi de fournir un lieu où l’on puisse mieux percevoir le jeu des comédiens, et donc introduire plus de finesse dans le style. La place réservée aux machineries et autres éclairages fut aussi repensée et permis des mises en scènes plus élaborées.

15/01/2010

L'actualité

Pour le public du Cannet-Rocheville, le café-théâtre « La Comédia » propose
Le Souper, de Jean-claude BRISVILLE


« Paris, 6 juillet 1815, après des siècles de monarchie absolue, après la Révolution Française et la Terreur, après la chute de Napoléon, la France est à qui la voudra.
Deux hommes peuvent encore décider du destin national : Charles Maurice de Talleyrand Périgord, dit Talleyrand, ministre des affaires étrangères (Jean-Louis CHAMBONNIERE) reçoit à sa table Joseph Fouché, ministre de la Police (Alain DEMARET).
Ennemis jurés depuis toujours, ces deux requins de la politique, dénués de tout scrupule et assoiffés de pouvoir, surent se rendre indispensables à tous les régimes.
Mais ce soir-là, afin de ménager une nouvelle fois leurs intérêts, ils n'ont pas d'autres choix que de s'allier et de surmonter des années de trahisons et de haine mutuelles. Dans l'argenterie et le velours, entre culs d'artichauts à la ravigote, fois gras truffé et champagne, les deux puissants se jaugent, s'affrontent et préparent, tout à leur profit, un nouveau rendez-vous avec l'Histoire… »

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Voilà un prétexte intéressant. Si des lecteurs de ce blog avaient l’occasion d’assister à cette représentation, qu’ils ne se privent pas de laisser ici un commentaire.
Les cinéphiles se souviendront peut-être qu’Édouard MOLINARO en avait fait un film sortis en 1992.

C’est au café-théâtre « La Comédia » (~ 50 places)
14, route de Valbonne
LE CANNET
(lorsque vous dépassez le rond-point « Grande Bretagne » en haut du boulevard Carnot, tournez comme pour aller vers la route des Bréguières)

le dimanche 24 janvier à 16h00
Tarif = 18 Euros

Attention, il s’agit d’un café-théâtre, c'est-à-dire que les spectateurs ne sont pas assis sur des gradins ou dans des loges, mais devant des petites tables, et consomment une boisson ou parfois un plat. Pour mieux vous rendre compte, rendez-vous sur leur site en cliquant ICI et allez regarder l’album photo.

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La Chute de Albert Camus

Mise en Scène et Interprétation : Alain DAUMER

« Ce "dialogue à une voix" implicite, interprété par Alain Daumer («Gastrite érosive» & «Le Truoc nog»), parsemé de formules percutantes et d’anecdotes piquantes, est la dernière œuvre de fiction achevée par Albert CAMUS. »

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Théâtre le Bocal
6 rue Prince Maurice
Nice

Du jeudi 21 au dimanche 24 janvier :
Jeudi, vendredi & samedi à 21h00
Dimanche à 20h00

Tarif : Normal 16 € — Réduit 12 €

Réservations : 04 92 15 17 34

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Le système ribadier, de Georges FEYDEAU

« Ribadier est le second mari d'Angèle, veuve de feu sieur Robineau. Suite aux tromperies de feu son mari, Angèle a développé une jalousie frisant la paranoïa et surveille étroitement les activités de son deuxième époux. Ribadier possède cependant le don d'hypnotisme et en profite systématiquement pour endormir sa femme lors de ses escapades, la réveillant à son retour grâce à un truc que lui seul connaît.
Jusqu'au jour où il se confie maladroitement à Aristide Thommereux, son ami commun avec Robineau, revenu d'un exil de plusieurs années à Batavia. Il ignore tout de l'amour que Thommereux vouait à Angèle, raison de son exil par delà les mers... Profitant d'une escapade de Ribadier, Thommereux réveille Angèle pour lui réitérer sa flamme... C'est à ce moment-là que Ribadier revient en catastrophe, poursuivi par le mari de sa maîtresse du moment, Thérèse, épouse d'un marchand de vins, Monsieur Savinet. »


En effet, c’est une pièce très bien écrite. Attention toutefois au style de FEYDEAU : un langage châtié sans être précieux, avec des tournures un peu vieillottes aujourd’hui, ne rend pas la tâche facile pour les comédiens. Le risque étant de tout jouer de la même façon, comme si les comédiens étaient écrasés, dominés par le texte. De plus, le vaudeville demande à la fois du rythme sans pour autant parler trop vite.
J’espère pouvoir être disponible pour aller assister à ce spectacle, car c'est une pièce rarement montée par les petites compagnies. En effet, il y a six personnages, ceci expliquant cela : essayez de trouver six comédiennes et comédiens qui conviennent aux rôles, puis essayez d’organiser les répétitions et vous comprendrez…

Théâtre de la Tour
(Théâtre public ~ 90 places)
63, boulevard Gorbella
NICE

Les vendredi, samedi et dimanche 12, 13, 14 et 19, 20, 21 février 2010 à 15h00 ou 20h30

Mise en Scène : Jean-Louis RUSSO
Musique : Endosgènes
Scénographie et Costumes : Léonie BAILE

Tarif : 15 Euros

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Et enfin, pour les plus jeunes :

« La folle histoire des inventions et découvertes ! L’impossible professeur Einstein et son énigmatique assistante Vampira revisitent la Science, de l’aube de l’humanité à nos jours. Sombreront-ils dans leurs sulfureuses expériences ? Trouveront-ils la clé de l’immortalité ? Ou… ? »

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Une farce scientifique pour enfants de 5 à 12 ans.

Mise en scène : Catherine LAUVERJON
Avec : Emmanuelle LORRE et Serge MILLET

Samedis 9, 16, 23 et 30 janvier 2010 à 15h00
Théâtre de l'Impasse - Vieux Nice

Tarif unique : 6 €

Réservations : 04 93 16 17 51 / 06 84 35 62 77
Ou sur www.billetreduc.com

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05/01/2010

L'avenir

Mon père m’a ramené ces photos de Saint-Petersbourg. Il les a prises dans le petit musée inclus dans le théâtre Mikailovski. Elles montrent quelques costumes et maquettes de spectacles qui ont "marché".

 

 

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Ces documents, en dehors de leur intérêt propre, me rappellent un constat décrit par Christian BIET et Christophe TRIAU dans leur livre Qu’est-ce que le théâtre ? et dont voici un extrait :

« … le théâtre n’échappe pas à la répétition, comme la société qu’il figure et qu’il contient. Pour survivre, il doit maintenant s’aider de son cadre hérité, de son histoire, et les mettre en débat. Là est peut-être tout l’intérêt de cette période cherchant, dans les meilleurs des cas, à dépasser l’immobilisme. Si d’un côté la survie du théâtre, au début du XXIè siècle, est largement liée à son établissement officiel bien plus qu’aux événements qu’il produit, cette survie suppose qu’on la représente, comme survie justement, et qu’elle soit au centre du débat de chaque mise en scène. [ … / … ] le théâtre, de nos jours, est appelé à parler de lui-même, à justifier sa présence, à se donner en spectacle, à se tourner lui-même en dérision (au mieux), à se regarder narcissiquement faire (au pire) et du même coup, on le souhaite, à se mettre en question. [ … / … ] Le théâtre, alors, bravement, affiche ses emblèmes, se recommande du rideau, de la fosse, du cadre, et, à partir de ces contraintes obsolètes, joue, perturbe, détourne et décale les sens tout en restant dans son lieu de mémoire. »

En effet, le théâtre, décrit comme un art éphémère, est-il en train de s’enfermer dans ses souvenirs gravés dans la pierre ou bien est-ce l’expression d’un besoin fondamental de jouer avec ses propres codes ?

Il revient à ma mémoire un commentaire récent posté par "Dandin" au sujet de l’article « Et alors ? » que je reproduis également ici :
« Connaissant bien ce monde de l'entreprise je trouve qu'il y a trop peu de pièces qui lui sont consacrées alors que cet univers de pouvoir, de drames et de comédie inspirerait probablement un Shakespeare aujourd'hui autant que les intrigues de cour. Une grande exception toutefois en France, Michel Vinaver. Je salue donc le metteur en scène qui a choisi cette pièce et son auteur bien sûr. Il est temps je pense que ce thème émerge plus nettement dans le paysage du théâtre qui se replie sur le champ du privé, de la Cité ou dans les recherches formelles — sans texte parfois… »

Eh oui, le théâtre n’est-il pas là, souvent, pour parler des sujets qui occupent les contemporains, son public ? Est-ce là une réponse à tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir du théâtre en occident ?

 

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17/12/2009

confidences

Un petit jeu qui tourne en ce moment chez les blogueurs que je fréquente, et notamment chez mon ami Christian : il s’agit simplement d’énoncer sept confidences, dont une seule sera fausse. Charge aux lecteurs de deviner parmi les sept laquelle a été inventée.
Je me rajoute une contrainte supplémentaire : les sept confidences se rapportent au monde du spectacle. C’est parti, musique maestro…

 .

  • Je me suis produit à l’étranger ;
  • J’ai dansé entièrement nu sur scène ;
  • J’ai été applaudit par Jacques WEBER ;
  • J’ai joué à Acropolis ;
  • Julien BERTHEAU m’a personnellement écrit une lettre dans laquelle il m’encourageait à persévérer dans le théâtre ;
  • J’ai embrassé un garçon ;
  • J’ai appris un rôle très long en quatre jours.

J’aurais pu en rajouter une 8ème : « J’ai interviewé Jean FRANVAL », mais les premiers lecteurs de ce blog se rappellent peut-être avoir lu l’article le concernant…

15/12/2009

Qui es-tu Antigone ?

J’avais mis de côté un article paru dans le Nice-Matin du 06 novembre, et qui annonçait une reprise de la pièce de SOPHOCLE, Antigone. Cette annonce n’est donc plus d’actualité, mais je tenais à en dire quelques mots.
En effet, le titre indiquait : « Immortelle et moderne Antigone » complété par un sous-titre mentionnant « … dans une version qui ose la musicalité rock ». Ce genre d’accroche clinquante me semble néfaste à long terme. En effet, il n’est pas rare de rencontrer un metteur en scène ou bien un critique de théâtre indiquer que tel auteur ou telle pièce sont « modernes ». Je préfèrerais « universels ».
Illustre-Antigone-01.jpgCar, en disant que SOPHOCLE a écrit une pièce moderne, j’ai le sentiment qu’on est hors sujet. SOPHOCLE n’a pas écrit une pièce moderne, il a — entre autre — décrit des comportements et des états d’esprits qui existaient à son époque et qui existent encore aujourd’hui : le despotisme, la rébellion, la peine… Et je suis un peu las de voir que chaque classique est estampillé « moderne » ou « d’actualité » et passe à la casserole de cette fausse bonne idée, de cette trouvaille usée jusqu’à la corde qui consiste à faire évoluer les comédiens dans un univers contemporain, voire post-apocalyptique juste pour dire au public : « Vous avez vu, hein ? MOLIERE, il était vachement en avance sur son temps ; et moi, je suis un metteur en scène drôlement gonflé d’oser mettre de la musique rock sur Antigone. »
Pourquoi pas, à la condition que l’univers suggéré aux spectateurs serve le propos de l’auteur, et non pas la modernité des propos de l’auteur.
Antigone n’est pas SEULEMENT contemporaine, elle est partout, elle est toujours, comme tous les grands personnages. Elle est immortelle, ça oui, car tant qu’un être humain sera capable de lire le texte de SOPHOCLE, tant qu’on tournera les pages pour dérouler l’histoire de cette jeune fille qui affronte plus fort qu’elle, elle sera vivante, longtemps après notre mort.
Attention, je ne dis pas que ce spectacle était mauvais, je n’ai même pas pu aller le voir ! Il semble qu’il s’agissait d’un travail très abouti fait par des professionnels aguerris. Et si un metteur en scène pense sincèrement qu’un décor antique n’est pas ce dont il a besoin pour servir son projet, qu’il enlève ce décor, les toges et les flambeaux. Que les comédiens aillent vêtus de jeans ou d’une redingote. Mais comme beaucoup ont déjà eu ce parti pris, et qu’ils nous ont expliqué que c’était pour montrer que le texte écrit autrefois était très moderne, je crains que l’on ne finisse par croire qu’un décor antique implique une pièce dépassée, ringarde ou sans invention.


Antigone, tu n’es pas moderne, tu es plus que cela : tu es un personnage dramatique.