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12/04/2010

Une très bonne idée

Voilà bien le genre de spectacle qui rend jaloux les autres compagnies : « mais pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ! ».
Il s’agit d’une pièce qui s’est jouée ce week-end au théâtre Francis Gag, à Nice, et intitulée HÔTEL DU NORD. Oui, c’est le film de Marcel CARNÉ, sorti en 1938, avec une distribution fameuse : Arletty, Louis JOUVET, Jean-Pierre AUMONT, François PÉRIER, Bernard BLIER… et adapté à la scène grâce au talent de Stéphanie CHARLES et Jean-Marc THÉROND.

 

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Certes, ce n’est pas la première fois qu’on adapte un film, même culte, au théâtre. Mais encore faut-il bien choisir. Je corrigerai donc le titre de ce billet et dirai plutôt : « excellent choix ! »
En effet, avant de lancer toute une équipe dans un tel projet, il faut être sûr que les talents de chacun seront bien employés. Par exemple, de telles adaptations nécessitent souvent que chaque comédien se voit confier plusieurs personnages (il y a en moyenne plus de monde dans les productions cinématographiques qu’au théâtre). C’est extrêmement jouissif pour l’artiste, c’est un rôle en or, mais pour que la magie opère, il faut que cela soit bien réalisé.
Pour Hôtel du Nord, Claire DEVAL, Ali BOUDIAF et Karim BADI interprètent à eux seuls sept personnages :
Pierre et Renée, le jeune couple — ils sont déjà aigris et désespérés, ils vont tenter de mettre fin à leurs jours ;
Monsieur Edmond et Madame Raymonde, sa "protégée" ;
Prosper Trimaux, Éclusier (le canal n’est pas loin) ;
Nazarède, un truand qui "recherche" Monsieur Edmond ;
et aussi un Commisaire.


Pour cette adaptation, le choix a été fait de découper les scènes essentielles du film et de les présenter les unes après les autres. Ce n’est pas une obligation, mais au théâtre les pièces peuvent être divisées en actes, en tableau et en scènes : un changement de scène correspond à l’entrée ou à la sortie d’un ou plusieurs personnages ; un nouveau tableau correspond à un changement à vue du décor ; un changement d’acte correspond à un baisser du rideau ou à une extinction des lumières, à un noir. Dans notre cas, la salle étant plongée dans le noir presque à chaque changement, on pourrait dire qu’il s’agit d’une comédie en quinze actes, mais c’est une façon de parler. En réalité, la mise en scène de Paul LAURENT, très soignée, avait retenu trois lieux essentiels du film : le comptoir, une chambre et le devant de l’hôtel. Il y avait donc une partie de la scène quasiment vide, une autre où trônait un comptoir garni de quelques bouteilles et enfin, en fond scène, un décor de chambre d’hôtel, masqué par un panneau de tissu tendu, une sorte de tulle, qui ne laissait apercevoir la chambre que lorsqu’elle était éclairée.


Ainsi, pour réussir ce spectacle, il aura d’abord fallu sélectionner les moments réellement significatifs, les présenter dans un ordre qui ne trahisse pas le film mais qui permette de promener le public d’un lieu à un autre, afin de garder du rythme ; réduire le nombre de protagonistes et réécrire les dialogues mais faire en sorte, les comédiens n’étant que trois, que chaque scène ne mette en présence qu’une femme et deux hommes au maximum…
Il fallait ensuite que ces comédiens transforment l’essais : trouver une voix, une attitude… C’est dans l’ensemble assez réussi, le public a la joie de voir un comédien incarner plusieurs personnes et y croit tout de même. Toutefois, il m’a semblé que c’était un peu binaire. Par exemple, Madame Raymonde, la prostituée à la gouaille bien parisienne, était toujours en énergie, râlant, tenant tête, en colère ; tandis que Renée, la jeune femme, était systématiquement calme, triste et effacée.
Attention, je pinaille, car Claire DEVAL est parfaitement à l’aise dans ces rôles ; le charisme d’Ali BOUDIAF fait merveille et nous étions tous plongés dans cet univers parisien d’avant-guerre. On sent toutefois que ce spectacle est encore un peu frais (c’est réellement une création, et ce n’était que la deuxième représentation !) D’ailleurs, il n’a duré qu’une heure et dix minutes, et je suis persuadé qu’avec quelques silences, des comédiens davantage installés dans leurs personnages, la pièce gagnera encore en efficacité.

 

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De toute façon, la base est saine, si je puis m’exprimer ainsi, et dès que d’autres dates seront programmées, je ne manquerai pas de vous conseiller ce spectacle, issus du croisement de plusieurs talents, et notamment celui de Paul LAURENT. Sans être une star du show-biz, il demeure tout de même une valeur sûre. Il est metteur en scène mais aussi comédien et travaille à Lille, Paris et sur les Alpes-Maritimes.
Il est aussi formateur :
— chargé de cours à l’université de Lille III / sciences humaines, dans le cadre du Diplôme d’Etudes Théâtrales ;
— responsable artistique et pédagogique de l’École Régionale de théâtre gestuel de Wasquehal ;
— cofondateur du Théâtre du Pantaï avec Jean-Claude BUSSI.

 

 

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Claire DEVAL m’a déjà confié qu’ils joueront le 08 mai, au Centre Culturel de Touët-sur-Var. Ce qui confirme ce que je pressentais : les villages des Alpes-Maritimes ne sont pas en reste côté programmation. En effet, l’association Dessous de Scène, qui gère ce lieu de culture, a souvent permis aux Touëtans de découvrir de très bons spectacles. (Le site est déjà en lien en haut de la Colonne de Gauche.)

 

01/04/2010

le journal, le spectacle et la video

Ce billet est une suite de l’avant-dernier article que j’avais posté le 17 mars, et consacré au spectacle les Funambules. Lorsque je dis « consacré », je devrais plutôt dire « à l’encontre de », tant ce spectacle m’avait déçu.
C’est alors que je me suis aperçu que le journal culturel gratuit La Strada consacrait toute la couverture de son N° de mars à cette création, ainsi qu’un article très positif de près d’une demi-page. J’ai alors contacté le rédacteur de l’article, en lui demandant de me décrire les raisons de son enthousiasme.
Je vous reproduis ici le message que je lui ai adressé (sur Facebook) ainsi que sa réponse :

L U C : Bonjour […] nous nous sommes croisés au Théâtre de l'impasse, en compagnie de […] J'ai remarqué que vous avez signé, dans « La Strada », un article assez élogieux sur le spectacle « les Funambules », de la Cie B.A.L.
J'avoue que c'est une création que je n'ai pas aimée du tout. (vous pourrez vous faire une idée plus précise de ce que j'en pense en lisant mon petit blog […])
Je suis surpris par votre enthousiasme, notamment votre conclusion : « Une oeuvre magistrale, visionnaire, engagée, qui réveille et questionne profondément. »
Le peu que je connais de vous me laisse penser que vous êtes plutôt exigeant en matière d'art. Aussi, auriez-vous quelques minutes à me consacrer, pour développer en quelques lignes ce qui vous a séduit dans ce spectacle ? Pourrais-je éventuellement reproduire votre réponse pour les lecteurs de mon blog ?
A bientôt j'espère, devant un verre ou une scène.

Le Journaliste : Un, si on se connait , Pourquoi, tu me vouvoies ? 2: j'ai jugé le spectacle sur un montage vidéo, donc trompeur.3 Depuis quand doit-on justifier de ses écrits ?

L U C : Bonjour […] il est vrai, j'ai ce côté un peu « vieille France », qui me pousse à vouvoyer les personnes que je n'ai pas eu l'occasion de côtoyer très longtemps. Mais puisque tu m'y invites, je te tutoie avec plaisir.
Merci également pour ta réponse, brève mais suffisante.
En effet - et je réponds à ton point N°3 - il ne s'agit pas d'avoir à justifier quoi que ce soit. Il s'agit pour moi d'intéresser le plus de gens possible. C'est la raison d'être du blog que j'anime. Aussi, il me semblait intéressant pour les lecteurs de publier un avis contraire au miens.

Bonne soirée.

Ainsi, cet article a été rédigé sur la foi d’une vidéo. Comme le reconnaît lui-même notre journaliste, c’est trompeur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’évite d’en proposer ici. (je vous propose tout de même celle des Funambules qui est passée sur F3 : cliquez sur l’image)
Les vidéos de présentation ne devraient servir, me semble-t-il, qu’aux professionnels ou aux collectivités à la recherche de spectacles pour leurs programmations (et là, au moins, c’est très efficace).

 



Découvrez "Les funambules" de la compagnie B.A.L. au Théâtre de Nice sur Culturebox !

26/03/2010

A l'arrache

Les deux premières annonces sont faites "à l’arrache", comme on dit. Mais bon, il n’est pas encore trop tard pour aller se régaler d’un spectacle.

Et tout d’abord :
Fables de ma fontaine
de Claude NOUGARO, par la Compagnie EPIGRAMME (coproduction théâtre Francis Gag)

Ce vendredi 26 mars 2010 à 21h00
au THEATRE FRANCIS GAG
rue de la Croix, Vieux Nice

avec : Emmanuelle LORRE et au clavier Michaël CREUSY.

 

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Une comédienne et un pianiste jouent et rythment dix-sept fables, comme autant de situations et de personnages, tour à tour émouvants, drôles, mélancoliques, cocasses.
Textes tendres et féroces, tristes et joyeux, truculents et légers, jeux de mots, de vie, de verve et d’impertinence !
Un spectacle où la langue du bois se parle sur un banc, ce canapé du pavé. Quelques pigeons, une hirondelle, un papillon, un ange, une cheminée, un théâtre… le tour est joué !
17 textes de NOUGARO, joués, parfois fredonnés, avec beaucoup d'humour.

Créé en 2002, Fables de ma fontaine a été le dernier spectacle de Claude NOUGARO pour lequel il avait « décidé de laisser couler la fontaine de son inspiration ».
Héros de la castagne lexicale, taureau noir du swing, nous connaissons tous Claude NOUGARO, auteur, compositeur et interprète talentueux à la voix chargée de soleil. Orfèvre des mots, musicien autant que poète, il avait le sens du rythme et des rimes. Dans Fables de ma fontaine, c’est le poète, le faiseur de rimes que nous retrouvons sur les chemins de la poésie buissonnière ; pas de chansons, mais des textes, des fables avec morale, parfois immorales.

Je rajouterai que j’ai déjà vu ce spectacle : Emmanuelle LORRE y a toujours cette "présence", cette empreinte si personnelle, cette aura qu’elle dégage.
Bien sûr, elle donne une interprétation différente de celle de Claude NOUGARO, mais c’est ce que l’on attend d’une artiste.

Renseignements et réservations : 04 92 00 78 50
Tarifs : normal : 12 € — réduit : 9 €

 

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Ensuite, vous pourrez souffler jusqu’à dimanche avec :

Prévert & Imprévus
Fantaisie musicale
Distribution : Clément ALTHAUS, Oriane PONS, Vanessa PONT, Sabine VENARUZZO
Au piano : Elodie VÉLIA
Régisseur son & lumière : Michaël CREUSY (tiens, encore lui !)
Nouvelle version avec le regard extérieur pétillant d'Isabelle SERVOL

dimanche 28 mars 2010 à 18h30
au Casino de Beaulieu-sur-Mer

>>> ENTREE LIBRE ! <<<

Réservations au 04 93 01 02 21

Les extraits vidéo de spectacles sont souvent trompeurs, toutefois, vous pouvez tout de même cliquer ICI pour vous rendre compte du choix des chansons ainsi que du style des chanteurs.
Ce spectacle fait partie d’un genre qui a le vent en poupe ces dernières années (les Frères Jacques avaient déjà défriché ce chemin, puis plus près de nous Chansons Plus Bifluorée) : un récital de chant mis en scène et traité avec un humour décalé.
Cependant, la Cie Une petite Voix m’a dit semble un peu moins fofolle que ses camarades du Cri du Chœur, par exemple.

 

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La Cie Une petite Voix m'a dit :
www.unepetitevoixmadit.com - 06 20 72 37 27
Espace Associations Nice Centre - 45, Promenade du Paillon 06000 Nice

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Enfin, une sortie à programmer au mois d’avril :

Le Songe d’une nuit d’été

Théâtre musical d’après l’œuvre de William SHAKESPEARE

« Le Songe » de la compagnie Miranda est baroque, pluriel, déraisonnable… Cette histoire est un parcours initiatique, étrange, dans le monde de la nuit où l’on brave les interdits, où l’on transgresse les limites, où l’on se dévoile dans l’unique but de se découvrir : du costume élisabéthain au déshabillé vinyle, Shakespeare transforme cette quête de soi, sensuelle, en un rire au parfum d’interdit.

Avec 13 artistes sur scène :
Florent CHAUVET, Jean FRANCO, Cécile GUICHARD, Elodie NICOLINI, Frédéric RUBIO, Hugues SALGAS, Serge SARDU, Sylvia SCANTAMBURLO, Christophe SERVAS, Jérôme SCHOOF, Jan SITTA, Thierry SURACE ; en binôme Julie GALOPIN et Sandrine LESCOURANT.

Adaptation et mise en scène : Thierry SURACE
Assistante mise en scène : Sylvia SCANTAMBURLO
Chorégraphie : Angelo MONACO
Costumes Opéra de Nice : Émilie CARPENTIER
Décors : Jean-Luc TOURN
É
Création masques : Marie LEFOL

Production Compagnie Miranda, coproduction Théâtre Toursky de Marseille, collaboration Opéra de Nice, co-réalisation Théâtre 13.

Durée du spectacle : 1h40

Vendredi 23 et Samedi 24 Avril 2010 à 20h00
Espace Magnan
31, rue Louis Coppet à NICE
Réservations : 04 93 86 28 75

Compagnie Miranda
Tél : 04 93 84 21 35
catherine@compagniemiranda.com

 

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Le communiqué de presse — que vous pouvez télécharger en cliquant ICI — est un peu bavard, mais c’est bien naturel, la compagnie fait ce qu’elle peut pour faire connaître sa nouvelle création.
J’en retiendrai deux éléments, qui me semblent vrais : « Le Songe d’une nuit d’été » est la pièce la plus baroque écrite par William SHAKESPEARE.
Enfin, créer un spectacle à partir d’un texte, connu ou pas, demande que l’on ait un parti pris. C’est un risque que doit prendre le metteur en scène.

17/03/2010

Tu as oublié un « orgie » coco...

Un de mes souhaits les plus fréquents, c’est de voir le public sortir davantage de son petit cocon télévisuel pour aller à la rencontre de la multitude de spectacles qui jaillissent un peu partout, feu éphémère et pourtant nécessaire.
Je le répète à qui veut m’entendre : « prenez des risques ! » — c'est-à-dire risquez de gâcher une soirée confortable à la maison pour aller découvrir des œuvres qui ne vous plairont pas toujours. « Tentez le coup ! »

Et pourtant, aujourd’hui, je vous en conjure, N’ALLEZ PAS VOIR « Les FUNAMBULES », un spectacle proposé par la Cie B.A.L. [Bal d’Art Léger] et programmée au TNN du 16 au 21 mars !
Sur le papier, cela partait plutôt bien : une création mêlant danse, chant et théâtre ; une distribution alléchante, avec Monique LOUDIÈRES, ancienne étoile du Ballet de l'Opéra de Paris dans une chorégraphie d’Éric OBERDORFF ; une co-production incluant notamment le Théâtre de Grasse, connu pour sa programmation de qualité…
Las, ce fut pitoyable. J’ai cru pendant près d’une heure qu’il allait se passer quelque chose, que c’était du second degré. Mais non.

Je n’en veux pas à cette compagnie d’avoir produit un travail qui me semble dénué d’intérêt, de sens, de créativité et d’esthétique. Je ne m’en prend pas à un texte qui aurait voulu dire de grandes choses mais qui ne faisait que bavarder. C’est peut-être le public qui n’a rien compris ce soir-là (c'est-à-dire la moitié de l’assistance qui a vidé les lieux avant la fin et l’autre moitié qui est restée par politesse).
Jamais je ne réclamerai une obligation de résultat à un artiste. Si cette compagnie a créé un tel spectacle, digne d’une kermesse d’école, elle a ses raisons, que j’ignore.

C’est contre le TNN que je suis en colère. Comme toutes les grosses institutions, il a des responsabilités, différentes de celles des créateurs.
Il doit, c’est entendu, faire découvrir des créations peu connues, aider les petites structures ; surprendre aussi, MAIS PAS TOUT LE TEMPS.
Car enfin, sur l’ensemble des spectacles que j’ai pu voir dans ce théâtre dirigé par Daniel BENOIN, un seul a soulevé l’enthousiasme, c’est le fameux « la Vie devant Soi ». Tous les autres m’ont déçu.

Les amateurs de B.D. se souviendront peut-être, dans « Astérix et le Chaudron », du passage ou GOSCINNY, déjà à cette époque, se moquait de ce théâtre prétendument d’avant-garde, en montrant une troupe préparer un spectacle affligeant ; on y voyait un comédien déclamer : « orgies, orgies, nous voulons des orgies ! »… et Obélix dans son meilleur rôle ! Eh bien, le spectacle « Les Funambule » est à mi-chemin entre cela et « l’Île aux Enfants », émission culte de la télé des seventies… mais en moins bien, en moins créatif.

05/03/2010

Le Grand Palmade

Beaucoup de téléspectateurs auront vu, samedi 20 février sur France 2, « Le Grand Restaurant ». Beaucoup de louanges ont déjà été dites sur son auteur, Pierre PALMADE. Je souhaite toutefois y revenir pour souligner une autre qualité que possède cette œuvre (car c’en est une, me semble-t-il).
Chaque situation est poussée jusqu’à ses extrêmes limites. On va jusqu’au bout. Et c’est une indication que donnent fréquemment les professeurs de théâtre et aussi ceux qui sont amenés à diriger des acteurs.
Lorsqu’on travaille un texte, que l’on répète une scène, des idées viennent, on propose des choses, mais souvent le metteur en scène est frustré et demande plus : il demande qu’on exploite davantage la situation, les mots, les personnages, tout le bois qu’on pourra brûler, et pas seulement les bûches qu’on avait mises de côté. C’est la raison pour laquelle ce genre de film peut servir d’exemple à toutes celles et tous ceux qui souhaitent faire du théâtre.
Il ne s’agit pas là d’un prétexte pour faire dans le grandiose et le démonstratif, simplement de dire qu’un comédien ou un metteur en scène doit "creuser" tant qu’il peut. Après viendra le tri.

 

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Dans le même ordre d’idée, je citerai un passage d’un film des Marx Brothers : « la Soupe au Canard ». Dans cette scène, un homme monte dans sa chambre. Quelqu’un s’y trouve, qui ne devrait pas être là. Ne pouvant plus se cacher ni fuir, l’intrus décide de faire croire qu’il est le reflet de l’autre ; il va ainsi reproduire tous les mouvements de son hôte. Cette scène dure près de trois minutes (!), et la situation devient de plus en plus énoOorme. Mais ils jouent jusqu’au bout, même lorsque les personnages ne peuvent plus y croire.
Cliquez sur l’image pour visionner ce petit bijou du cinéma, grand exemple de travail bien creusé (ce qui n’exclut pas que chacun puisse s’amuser à trouver d’autres prolongements, ce qui serait un exercice très amusant).

 

 

25/02/2010

Que choisir ?

Que choisir ce week-end à Nice, parmi ces deux productions ?


Le centre culturel La Providence / La Semeuse présente :

 

LE CABINET DES CURIOSITES DE WILLIAM SHAKESPEARE

par l'Attraction Compagnie
Mise en scène, Jean-Jacques MINAZIO
Dramaturgie, Frédéric DE GOLDFIEM

 

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Lors de cette exploration intime et poétique étroitement associée à l'espace de La Providence, William Shakespeare nous accueille en personne dans son fascinant cabinet de curiosités, témoignage à la fois baroque, singulier et incongru de sa pensée, de sa vie, et de son oeuvre.

« Au croisement du théâtre, du déambulatoire et de l’installation, un objet atypique, une exploration intime et poétique, une rencontre organique entre un lieu magique et un texte poétique, entre des spectateurs et des acteurs. Un théâtre de proximité dans lequel acteurs et spectateurs entrent dans une relation de confidence, se côtoient et s’observent, en toute intimité. Mais, qui sont-ils réellement ? C’est tout l’enjeu de ce huis clos étrange et déroutant fondé sur la question qui ouvre l’histoire d’Hamlet : who’s there ? Qui est-là ? Jean Jacques Minazio, le grand manitou de ce work in progress.
Really fantastic, isn’it ? » Jacques Barbarin

Je rajouterai simplement qu'un «cabinet des curiosités» est un peu l'ancêtre du musée. 

Durée approximative : 1h15

 

vendredi 26 février à 20h30

samedi 27 février à 20h30

Tarif normal : 15 Euros — réduit : 10 Euros

 

Au Centre Culturel La Providence

8 bis rue Saint Augustin

06 300 - VIEUX-NICE

04 93 80 34 12

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LES 4 BARBUES

« Pari audacieux que celui de la Cie Unepetitevoixmadit et des quatre comédiennes et chanteuses : faire revivre, et ce en version féminine, l’esprit et le répertoire des Quatre Barbus, sorte de Frère Jacques déjantés et anarchisants, dont les textes, signés Pierre Dac et Francis Blanche, ou encore Boris Vian, jonglaient avec l’absurde mais dont la critique sociale n’était jamais absente. Pari tenu que de retrouver les beaux jours ce cette gouaille, cet esprit frondeur, si nécessaire en ces temps étouffants et politiquement corrects, où la moquerie et la fantaisie ne sont plus de mise.
Et bravo à ces jeunes femmes pour avoir tenu cette gageure : ressusciter ce qui était somme toute les prémisses de modernité. »
Gilbert D’ALTO (pour La Strada)

Je connais bien Isabelle SERVOL, pour avoir joué avec elle. Je ne sais pas en revanche ce qu'elle est capable de donner dans cet exercice chanté. C'est une voie (sans jeu de mot) qu'elle semble en tous cas vouloir suivre, et elle a beaucoup travaillé pour cela.
D'autre part, la collaboration de Clément ALTHAUS donne un gage supplémentaire de sérieux.

 

Quatuor vocal à rebrousse poil

Spectacle musical tout public

D'après l’œuvre des 4 Barbus

 

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Avec : Angélique BÈS, Oriane PONS, Isabelle SERVOL, Sabine VENARUZZO

Au piano : Elodie VÉLIA

Arrangements et Direction musicale : Bruno HABERT

Textes : Isabelle SERVOL (et ses muses)

Création Lumières : Michaël CREUSY

Mise en sons : Clément ALTHAUS

 

vendredi 26, samedi 27 février 2010 à 20h00 et dimanche 28 février 2010 à 15h00

ESPACE MAGNAN
31 rue Louis de Coppet, NICE
04 93 86 28 75

vous pouvez regarder un extrait des répétitions en cliquant ICI.

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Pour le mois de mars, nous aurons le plaisir de déguster une nouvelle comédie de la Compagnie Arkadia :

Adultères

de Woody ALLEN
Mise en scène : Stéphane EICHENHOLC
Avec : Aline ROSSIGNOL, Jean-Louis STORA, Véronique BOILLARD, Christian PASTORINO, Alizé ANUNCIACAO

 

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Central Park West, l’appartement des Riggs est sens dessus dessous : dans la bagarre, une statuette a même perdu son pénis... Arrivent leurs meilleurs amis. Adultères, mensonges et autres trahisons domestiques sont au programme de cette comédie humaine à la légèreté décapante. « Toi et ton impuissance, c’est comme essayer de fourrer une huître dans un parcmètre. » Voilà comment Carol explique son infidélité à son mari. Réponse d’Howard, écrivain raté et dépressif : « Carol n’est pas conne, elle a du mal à assimiler les connaissances. » Les dialogues sont enlevés, les vacheries volent. Du Woody Allen, et du meilleur !

Du 5 au 21 mars 2010
Théâtre de la Semeuse2, Montée Auguste Kerl - Vieux-Nice
Réservations au 04 93 92 85 08 - 04 83 50 52 25

21/02/2010

Petite affaire

Je vais peut-être commettre une maladresse : faire de la pub pour un texte que je n’aime pas. Mais c’est plus fort que moi. Voici ce dont il s’agit :
En m’aidant à faire des recherches sur le Tartuffe, de MOLIÈRE, ma compagne a fini par trouver la retranscription d’une interview diffusée sur Europe-1 en octobre 2007. C’était une émission de Franck FERRANT qui s’entretenait avec Denis BOISSIER. (cliquez ICI pour lire le texte complet)
Ce dernier était venu présenter le résultat d’un travail mené par lui-même et par une équipe de chercheurs, une « thèse » comme il l’indique, selon laquelle MOLIÈRE n’aurait jamais écrit une seule ligne, la plupart des œuvres ayant alors été écrites par Pierre CORNEILLE.

Ce qui me déçoit, ce n’est pas le manque d’originalité (il est de bon ton, pour se faire connaître, d’attaquer MOLIÈRE ; et il existe déjà quantité de livres sur diverses "révélations")

Je ne suis pas non plus agacé par l’idée que l’auteur du TARTUFFE est peut-être CORNEILLE.
Comme le remarque Denis BOISSIER lui-même, la notion de droit d’auteur n’existait pas encore, et MOLIÈRE comme beaucoup d’autre ne cachait pas les emprunts qu’il faisait aux autres écrivains.
Écrire et créer une pièce de théâtre, ce n’est pas du tout le même processus. Il faut l’avoir fait au moins une fois pour s’en rendre compte. Jean-Baptiste POQUELIN était le maître d’œuvre d’un travail collectif, et quels que soient ses emprunts, les pièces sont de lui.

Je ne dénigre pas le travail d’historien fait par cette équipe. La mise en perspective du XVIIème siècle avec la vie de MOLIÈRE est très intéressante. Toutefois, ce point de vue est incomplet, il manque le point de vue des gens du spectacle.

Non, ce que je regrette le plus, c’est le côté racoleur. On se croirait presque sur M6 (« restez avec nous : tout de suite le récit incroyable de… ») Le journaliste n’économise pas les adjectifs comme « incroyable », « étonnant » ou encore « excellent » ; on se demande même s’il n’invite pas un pote à l’antenne afin qu’il puisse faire la pub et trouver un éditeur. D’ailleurs, à l’en croire, personne ne veut prendre le risque d’éditer un livre aussi explosif !
Peut-être que plus simplement, un pétard mouillé ne peut pas devenir une bombe.

Car cette étude a le défaut d’enfoncer des portes ouvertes :
Denis BOISSIER nous explique qu’à diverses époques, on a dû instaurer un culte de MOLIÈRE, et donc idéaliser sa vie et sa carrière, en faire un mythe. Jusque là, tout va bien, on tend l’oreille (ou plutôt l’œil).
Mais il indique, par exemple, qu’on a réussi à faire croire que MOLIÈRE était beau ! Or, dans tous les "petits classiques" que chaque collégien a eu un jour en main, il est indiqué qu’il avait les traits épais, qu’il était courtaud et peu gracieux.
C’est tout juste si la populace ignore que MOLIÈRE fut d’abord Jean-Baptiste POQUELIN, et qu’il n’a pas crée sa troupe, mais qu’il a simplement rejoint celle de Madeleine BÉJARD.

On fait du sensationnel avec rien. Dommage, car nous avons affaire à de vrais historiens. Dommage, car ce genre de document fait appel à la joie mauvaise des auditeurs, à leur côté le plus obscur, celui qui se régale du spectaculaire et de la déchéance d’une idole plutôt que de se satisfaire d’une rectification historique.

« La joie mauvaise, c’est le bonheur des cons » disait REISER, qui avait oublié de l’être.