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08/02/2013

PAGNOL ? PÔ PÔ PÔ !

Ce blog sera resté trois longues semaines sans nouvel article. Son auteur est très occupé pensez-vous — avec raison.
La première partie de saison s’est terminée comme elle avait commencé, avec deux spectacles ; et me voilà en train d’en répéter un nouveau, une comédie qui a connu un grand succès dans les années soixante : La Famille Hernandez.

Illustre theatre - Enrtacte - 99 - Pagnol Pô pô pô - Affiche film 01.jpg

L'affiche du film, sorti en 1965

Les plus jeunes ne connaissent sans doute pas cette pièce crée en 1957 par Geneviève BAÏLAC.
Et pourtant, elle garda l’affiche pendant plusieurs années à Paris et fut même portée à l’écran en 1965. C’est par ce spectacle que Marthe VILLALONGA et Robert CASTEL ont pu démarrer leur longue carrière.
Elle raconte les histoires quotidiennes d’une famille de français d’Algérie du quartier de Bal El Oued, à Alger, dans les années 50’. Archétypes plus que personnages véritables, exagérations volubiles et hautes en couleurs, situations burlesques…

Le personnage de l’Instituteur n’est pas "pied noir", il vient de la Métropole et représente le regard extérieur, la sagesse et la modération. Comme dans quelques œuvres de Marcel PAGNOL, notamment Jean de Florette & Manon des Sources, mais aussi la Femme du Boulanger (tandis que c’est Monsieur Brun, le "vérificateur aux douanes", qui aura cette charge dans la trilogie Marius, Fanny et César).
La comparaison avec le monde de Pagnol et celui décrit dans la Famille Hernandez ne s’arrête pas là. Il y a ce plaisir à exagérer les choses, peut-être pour les rendre moins graves. Dramatiser chaque situation pour la rendre moins dramatique, c’est ce paradoxe que l’on retrouve chez les personnages des deux rives de la Méditerranée.
Jusqu’aux déformations de vocabulaire attribuées à l’ignorance de certains personnages. Par exemple le fameux « entention » exclamé par plusieurs d’entre eux, et qui avait déjà été employé par PAGNOL avec le personnage d’Ugolin, amoureux transi et malheureux de Manon, la fille du Bossu (« Cabrioleurs, entention : l’argent, il est pas ici… »).

En 1957, le théâtre de Marcel PAGNOL était célèbre depuis 25 ans. Je me demande si Geneviève BAÏLAC n’a pas été influencée par les multiples galeries de portraits pagnolesques colorées par le soleil. Je n’ai pas la réponse à cela.

Ce fameux personnage de l’Instituteur, c’est moi qui devais le jouer. Étant le seul de la troupe à n’avoir aucune origine pied-noir, j’étais tout désigné pour incarner "celui-qui-n’a-pas-d’accent".
Lors de la première lecture, les comédiens n’étaient pas tous là, et les présents lisaient chacun le rôle de l’un ou l’autre des absents. Pour m’amuser un peu moi aussi, j’ai lu un rôle masculin (je ne sais plus lequel) avec un accent très prononcé, presque caricatural. Une fois la scène achevée, j’ai reposé la liasse de feuilles sur la table, découvrant alors tous les visages tournés vers moi, une lueur d’admiration et de gaîté dans le regard. Il fut décrété sur le champ que je devais laisser l’Instituteur et endosser le rôle de Paulo, jeune homme du quartier de Bab El Oued à l’accent aussi prononcé que son ignorance et amoureux de Rosette.
Séance de lecture inhabituelle, surréaliste, durant laquelle un groupe composé de pieds-noirs félicite un niçois pour son accent pied-noir…

Cette troupe est composée de personnes attachantes et chaleureuses et je ne regrette pas de m’être engagé dans l’aventure.
La metteur en scène, Annie Bianca MONTOYA, a de la méthode et sait ce qu’elle veut. Il y a des moyens et de la bonne volonté, nul doute que ce projet aboutira, le dimanche 02 juin, pour une première représentation aux Arènes de Cimiez.

14/08/2012

MES VACANCES À MOI, SÉTOIS.

Nous étions à Sète il y a 10 jours. J’ai découvert une ville très agréable, parcourue par quelques canaux avec de belles bâtisses et un bon restaurant.
En flânant l’après midi, nous sommes allés voir l’exposition Dans les pas de Jean Vilar. En effet, le créateur du festival d’Avignon est né (et mort) dans cette commune.
Le travail nécessaire à la collecte des différents éléments (photos, vidéo et même meubles…) ainsi qu’à leur présentation est tout à fait louable. Toutefois, il n’y avait rien de vraiment nouveau à apprendre sur Jean VILAR : son enfance modeste, sa rencontre avec Charles DULLIN, ses débuts de carrière prometteurs et enfin son festival — celui d’Avignon — et l’aventure du TNP…

sète,jean vilar

Le hasard a fait que l’heure précédente, nous venions d’assister à quelques joutes nautiques, sport picaresque et bon enfant pratiqué dans beaucoup de villes du bord de mer : deux adversaires s’affrontent, chacun devant faire tomber l’autre à l’eau, à l’aide d’une longue hampe, en le poussant hors de sa petite plateforme hissée sur une barque. Je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter pour regarder ce genre de manifestation.
Et que ne me dit-on pas, au début de la visite de l’exposition ? Que Jean VILAR lui-même, "monté" à Paris, aurait emporté avec lui les souvenirs colorés de ces joutes nautiques… et que cela aurait eu une grande influence dans ses choix esthétiques au théâtre.
Si la coïncidence est amusante, je n’ai, pour l’instant, trouvé aucune témoignage en faveur d’une muse Sétoise ayant l’apparence d’une barque. Si parmi les lecteurs de ce blog il s’en trouvait pour me confirmer (ou infirmer) cette anecdote, qu’il n’hésite pas à se manifester.
En attendant, je retourne à ma sieste ensoleillée…

05/02/2012

1990

C’est une petite séquence nostalgie, mais pas seulement. Je souhaite vous montrer un extrait du journal diffusé sur Soir-3 en juillet 1990.

On y annonce que trois pièces de Fernando ARRABAL vont être montrées au public du Festival d’Avignon de l’époque. On aperçoit à trois reprises mon professeur de théâtre Henri LEGENDRE. C’est lui qui m’a accueilli à ses cours il y a déjà 22 ans, qui a eu la patience d’attendre deux longues années que je veuille bien me débloquer et commencer à fournir un travail digne de ce nom.

Aujourd’hui, certains disent qu’ARRABAL c’est dépassé. Comme on a pu le dire de IONESCO ou de GIRAUDOUX. Je ne le crois pas un instant. Je suis persuadé que ces auteurs font désormais partie du patrimoine classique contemporain.
Je comprends parfaitement qu’on n’aime pas cet auteur, mais on peut difficilement soutenir que son œuvre est dépassée. Cela ne signifie rien, ou alors toutes les œuvres sont forcément dépassées dans un univers du spectacle où tout bouge tout le temps. ARRABAL, à sa manière, a contribué à "l’édifice théâtral".
Pour ma part, je préfère ses premières pièces : Fando & Lis, le Cimetière des Voitures, le Grand Cérémonial

Il y a des milliers de façons d’aborder le théâtre, Henri LEGENDRE le disait lui-même à tous ses élèves, et sa vision à lui n’était pas la valeur absolue et universelle. Toutefois, j’ai pu croiser de nombreux comédien(ne)s, dont certains de grand talent. Ils avaient des dons que je ne possède pas mais, souvent, j’ai pu constater qu’il leur manquait un petit quelque chose : cet enseignement, cette façon d’aborder un travail que nous avait transmis Henri.
J’ai découvert chez eux, sculpté en creux, ce que j’avais reçu durant mes quelques années de cours.

C’est sa fille Claire LEGENDRE qui a trouvé le lien vers cette vidéo. J’en profite pour rappeler ici que Claire est devenue très jeune une écrivain (« écrivaine » ?) de grand talent. Une des qualités que j'apprécie chez elle est cette capacité à se renouveler. Pas une de ses œuvres ne ressemble aux précédentes !
C'est toutefois son dernier opus qui me semble le plus abouti, le plus mature, le plus… bref, je
ne saurais trop vous recommander la lecture de l’Écorchée Vive, paru aux éditions Grasset.

23/12/2011

Intermède

L’entracte est le temps de pause qui sépare deux actes dans une pièce. Il ne faut pas le confondre avec un simple baisser de rideau, ou un noir (toutes les lumières sont éteintes).

Il est issu d’une tradition remontant au XVIème siècle et qui a perduré jusqu’à nos jours. Tradition elle-même issue des "entremets" du moyen âge, où, comme ce mot le laisse entendre, on donnait des divertissements — mimes, jongleurs et autres trouvères — entre les mets d’un festin ou d’un repas solennel. De ce mot provient aussi « intermède ».

De la même façon, l’entracte permet aux spectateurs qui le souhaitent d’aller se rafraîchir entre deux actes au buffet du théâtre et de tailler la bavette avec ses amis.

Fonction sociale donc, mais aussi purement pratique puisqu'il permettait d'évacuer la fumée âcre des nombreuses chandelles, que l'on rallumait le moment venu.

D'autre part, les canons de la tragédie classique interdisant de montrer sur la scène une mort violente, celle-ci était sensée se produire durant l'entracte...

 

Voici donc mon entracte, celui compris entre l’article précédent et le prochain, que vous lirez en 2012.

Entre ces deux articles, je vous propose une simple devinette :

Dans la pièce de Sam Shepard, Fool for Love, quel secret — ressort essentiel de ce drame et liant les deux personnages principaux — est révélé vers la fin au public ?

(Bien évidemment, pour ne pas déflorer le sujet, ceux qui pensent pouvoir répondre le feront sur l'adresse mail du blog, indiquée en haut et à gauche.)

 

 

entracte,intermède,intermezzo,entremets

 

Je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année.

13/08/2011

Divadlo

Cela veut dire « théâtre » en tchèque. Celui que vous voyez sur les photos est le Théâtre National de Prague. Théâtre national mais d’envergure internationale, il fut construit entre 1868 et 1881. Malheureusement, quelques mois plus tard un incendie le détruisit en partie. Le peuple tchèque uni face à cette catastrophe rassembla la forte somme nécessaire à sa reconstruction : deux ans plus tard le théâtre rouvrit ses portes. Ainsi, ce bâtiment compta beaucoup dans l’histoire de l’émancipation du peuple Tchèque, par l'affirmation d'une culture à laquelle chacun tenait beaucoup.

théâtre national,prague,patrimoine 

Cet édifice ne se visite pas, il faut assister à un spectacle pour y entrer, ce dont je n’ai pas eu l’occasion. La photo de nuit a été prise par votre serviteur, les deux autres proviennent du site de ce théâtre.

théâtre national,prague,patrimoine

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12/07/2011

Patience

La pièce que je répétais avec Alfred ne sera pas jouée, ni au théâtre Athéna ni ailleurs : les horaires et les conditions n’étaient plus acceptables. Nous aurions à peine servis de bouche-trou, et encore. Ce n’est pas la faute de mon camarade Alfred, pas même celle des responsables de ce théâtre, mais tout simplement à la difficulté inhérente au Spectacle Vivant.

Les comédiens rêvent d’avoir une salle bien à eux pour jouer ce qu’ils veulent et une fois qu’ils en ont une, ils réalisent la charge — et les obligations— que cela représente.

Le metteur en scène cherche désespérément LE comédien qu’il lui faut pendant que 1000 comédiens de talent sont sans emploi. L’auteur voudrait être joué pendant que les festivals peinent à trouver LA pièce qui attirera du monde…
C’est la deuxième fois que je j’apprends un texte pour ne pas le jouer, le précédent étant le rôle d’Orgon dans Le Tartuffe de MOLIERE (un texte immense pour ne le jouer finalement que 6 fois).

Ceci dit, je ne désespère pas : dès qu’Alfred aura de nouvelles opportunités, il me tiendra au courant, je lui fais confiance.

D’autre part, j’ai plusieurs projets en route : un rôle important dans une pièce très récente (j’ai oublié de demander à la créatrice du projet si je pouvais déjà en parler !) dont la première est prévue aux environs de décembre.

Une participation au tournage d’un film "associatif", je veux dire produit par une structure dont ce n’est pas le but à l’origine.

Et enfin mon fameux film Super-8 en "tourné-monté", dont il me manque encore pour l’instant la bande sonore.

Aucun de ces projets n’est assuré d’aboutir, mais je n’ai pas hésité une seconde à m’y investir, le travail effectué en répétitions, réunions et réflexions formant un matériau réutilisable à l’infini, je sais que je me suis déjà enrichi.

10/09/2010

Les bons plans

Toutes ces années passées à côtoyer le Spectacle Vivant m’ont permis, parfois, de me retrouver dans des "bons plans". Je me souviens notamment d'une escapade aussi soudaine qu'inattendue :
Au début de la saison 1999-2000, vers la fin du mois de septembre, le père d'une de mes amies appela sa fille à la rescousse. Il était alors conseiller municipal de la ville de Cuneo, dans le Piémont, en Italie. Son équipe était en train de mettre sur pied le premier festival transalpin du livre de Cuneo. Il avait été prévu, entre autres, des animations assurées par une compagnie locale.
Cette compagnie s'était désistée au dernier moment. Le papa-conseiller municipal, sachant que sa fille s'intéressait de près au théâtre, lui avait alors demandé de recruter ses connaissances pour assurer au pied levé les animations prévues. C'est ainsi que je me retrouvais dans un groupe de cinq personnes, avec seulement trois jours devant nous pour préparer un travail présentable.
Il y avait plusieurs tâches à prévoir, dont une improvisation menée sous le chapiteau principal, et qui consistait en un débat entre de faux écrivains. (Le public n'avait pas été avertit, il devait se rendre compte lui-même de la supercherie au fur et à mesure que le débat prenait un ton surréaliste et burlesque.)
Puis, le samedi soir, nous fumes conviés au Théâtre Municipal Giovanni Toselli, magnifique théâtre à l'italienne (avec les étages de balcons en demi-cercle, le parterre, la décoration rouge et or...) Il s'agissait pour nous d'interpréter les textes d'auteurs absents, ou bien ne souhaitant pas le faire eux-mêmes, le tout devant une assemblée d'écrivains italiens et français.
L'un des textes qu'on nous avait donné à interpréter (trois jours plus tôt) était parfaitement incompréhensible, ou du moins n'évoquait rien pour nous, sinon qu'il semblait parler de l'artiste devant sa feuille blanche.

Illustre-les bons plans-Teatro Giovanni Toselli-01.jpg

Nous étions donc là, ce samedi soir, derrière le rideau, au milieu des techniciens… et habillés de notre plus beau costume. En effet, notre amie nous avait prévenu, à Cuneo on a l'esprit un peu bourgeois : hors de question de monter sur une scène ou même un podium sans être vêtu correctement. Tailleur donc pour les filles ; et pour les hommes, costume cravate. Oui mais voilà, ce n'était pas encore assez, et arrivé devant l'entrée du théâtre, on me fit remarquer que mon costume était clair, et qu'il fallait un costume sombre ! Plus le temps d'en trouver un de rechange.
Comme le disait Jean COCTEAU, « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Nous primes le parti de partager le texte en deux moments : celui où l'écrivain pensait, et celui où l'écrivain... écrivait. Lorsqu'il pensait, je disais le texte, en voix off, caché dans les coulisses ; et lorsqu'il écrivait, mes camarades restés sur la scène prenaient le relais, incarnant la plume et les mots.
Moi, petit comédien débutant, invité à jouer en Italie dans le cadre d'un festival, dans un magnifique théâtre, et ne pouvant absolument pas me montrer — même pour les saluts ! La chose fut à la fois frustrante et pourtant tellement féerique.
J'eus malgré tout ma récompense car, dans les couloirs, alors que j'essayais difficilement de participer aux conversations — en italien, le plus souvent — les spectateurs qui entendaient ma voix la reconnaissaient et me serraient chaleureusement la main pour me féliciter.
Pour terminer ce récit, je tiens simplement à renouveler ma gratitude envers tout le personnel du Théâtre Municipal Giovanni Toselli pour son accueil et son aide, ainsi qu'à la ville de Cuneo qui nous a reçu comme des princes. Ces remerciements sont un peu tardifs mais très sincères.