29/01/2010
Lutte des classes
J’ai déjà reproduit ici quelques photos prises par mon père lors de ses voyages. En voici d’autres, qui montrent quelques exemples architecturaux des théâtres des "pays de l’Est".
Les clichés qui me frappent le plus ne sont pas l’imposante entrée de ce théâtre de Lituanie, en plein centre-ville, sur l’artère principale de Vilnius ; non plus que la masse carrée des théâtres de Rostov-sur-le-Don en Russie et de Kherson en Ukraine.
Mon attention est plutôt attirée par le théâtre dit « à l’italienne » de Kiev, capitale d’Ukraine, autrefois République Soviétique. En effet, je constate que cette catégorie de salle n’a pas été, sinon détruite, du moins réorganisée par le régime de l’ex-U.R.S.S.
Car cette architecture, au départ, a été conçue avec une intention : celle d’ordonner le public en fonction de son rang social. Ainsi les places les plus chères n’étaient pas celles d’où l’on voyait le mieux la scène, mais celles qui étaient les plus proches du roi, ou du représentant du pouvoir, et où on avait l’assurance d’être vu.
Car le public d’alors, composé des élites de l’époque, venait tout autant pour admirer le spectacle que pour se montrer. Et plus on était placé près de la loge royale…
Séparation des classes, donc, qui perdure encore aujourd’hui, mais sous une forme plus prosaïque : le prix des places varie, du simple au quadruple, en fonction de la proximité et du centrage avec la scène.
Voilà donc la raison pour laquelle je suis surpris. Cet ancien régime qui prônait l’égalité a pu tolérer la présence d’une structure qui divise le public, au contraire des amphithéâtres et autres bâtiments à la grecque, qui permettent aux spectateurs d’être tous bien placés, où qu’ils se trouvent dans la salle.
Il serait injuste que je ne dise que du mal des théâtres à l’italienne. En effet, les autres préoccupations des architectes italiens du XVIème siècle étaient aussi de fournir un lieu où l’on puisse mieux percevoir le jeu des comédiens, et donc introduire plus de finesse dans le style. La place réservée aux machineries et autres éclairages fut aussi repensée et permis des mises en scènes plus élaborées.
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