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11/03/2012

SARTRE, C'EST D'ENFER

J’avais déjà annoncé Huis Clos, de Jean-Paul SARTRE, en mai 2010. Est-ce donc une reprise ? Non, seule Claire DEVAL a fait partie de la première équipe et elle m’a expliqué qu’il s’agissait d’une nouvelle mise en scène.

J’ai rencontré Claire en jouant dans Un Grand Cri d’Amour — de Josiane BALASKO — il y a quelques années. Plus tard je suis allé la voir dans d’autres spectacles. Je puis dire qu’elle est bonne comédienne.

Les autres acteurs sont Nadia LANG, Alexis GOURDON et Stéphane DAHAN, qui signe également la mise en scène.

Ce classique contemporain qu’est devenu Huis Clos se joue encore la semaine prochaine, les vendredi 16 et samedi 17 mars à 21h00 et le dimanche 18 mars à 16h00.

C’est au Théâtre Bellecour, 14 rue Trachel à Nice.

Je ne connais pas encore cette toute nouvelle salle. Ce sera une bonne occasion de la découvrir… et de réentendre que « l’enfer, c’est les autres » !

Réservations au 04 93 87 08 86

Tarif : 16 Euros — réduit : 13 Euros

huis clos,sartre,claire deval

26/05/2010

Huis clos

Cette célèbre pièce de Jean-Paul SARTRE est à l’affiche les jeudi 27 mai à 21h00 et jeudi 3 juin à 20h00 au
théâtre de la Cité
3 rue Paganini à Nice

On m’annonce un prix relativement exceptionnel (et unique) de 10 Euros, au lieu des 20 habituellement pratiqués dans cette salle.

Les réservations se font au 06 62 21 04 64

J’avais déjà évoqué cette œuvre en parlant des « causes occasionnelles » (cliquez ICI pour relire l’article).
L’annonce que l’on me fait parvenir en parle aussi !

mise en scène de Meyer COHEN
avec Meyer COHEN, Danyele UZAN, Claire DEVAL, Philippe TESTORI

Un garçon d'étage introduit, dans un salon style Empire, Garcin le journaliste publiciste, Inès l'ancienne employée des postes et Estelle, la mondaine. Ainsi débute un hallucinant huis clos. Ils vont se livrer un combat de mots qui leur fera entrevoir le sens de la vie et de la mort. Ils s'interrogent sur leur damnation et se cachent sous le masque de la mauvaise foi. Chacun a besoin de l'autre pour exister, prendre conscience de soi : le regard de l'autre est aussi une menace.
La violence, l'humour, le désespoir et la révolte traversent cette pièce d'une simplicité diabolique et à la mécanique implacable.

Illustre-A l'affiche-Huis Clos-01.jpg

La naissance de Huis Clos par JP sartre
« Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que, au moment ou j'ai écrit Huis Clos, vers 1943 et début 44, j'avais trois amis et le voulais qu'ils jouent une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est à dire, je voulais qu'ils restent tout le temps en scène. Je me suis demandé comment mettre ensemble trois personnes sans jamais faire sortir l'une d'entre elle jusqu'au bout de l'éternité.
C'est la que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. »
« On meurt toujours trop tôt ou trop tard... » Inès
« Le bourreau c'est chacun de nous pour les deux autres... » Inès
« Ça m'est égal, lâche ou non pourvu qu'il embrasse bien... » Estelle
« Alors c'est ça l'enfer... Pas besoin de gril, l'enfer c'est les autres... » Garcin

THEATRE DE LA CITE - 04 93 16 82 69 (en lien Colonne de Gauche !)

 

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Ensuite, ce week-end à Carros, ne manquez pas le

14ème festival de théâtre de rue

Les 28, 29 et 30 mai 2010.

Pour plus d’info, cliquez sur l’image

 

Illustre-A l'affiche-Huis Clos-02.JPG

09/07/2009

C’est l’effet papilloooooon…

Jean-Paul SARTRE expliquait un jour : « … Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que, au moment où j'ai écrit Huis clos, vers 1943 et début 44, j'avais trois amis et je voulais qu'ils jouent une pièce, une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est-à-dire, je voulais qu'ils restent ensemble tout le temps sur la scène. Parce que je me disais que s'il y en a un qui s'en va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment où il s'en va. Je voulais donc les garder ensemble. Et je me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes sans jamais en faire sortir l'une d'elles et les garder sur la scène jusqu'au bout, comme pour l'éternité. C'est là que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. Telle est la cause occasionnelle. Par la suite, d'ailleurs, je dois dire, ces trois amis n'ont pas joué la pièce, et comme vous le savez, c'est Michel VITOLD, Tania BALACHOVA et Gaby SYLVIA qui l'ont jouée… »

En effet, petites causes et grands effets. Il faut reconnaître que même les grands écrivains et metteurs en scène rencontrent parfois des difficultés purement matérielles qui conditionnent la suite de leur projet : le lieu choisi pour la création du spectacle ; le manque de finance ; parfois un événement qui survient dans le cadre privé ; mais aussi, comme on l’a vu, une volonté de la part de l’écrivain de satisfaire un désir tout personnel…
Tout cela peut exercer des contraintes même chez ceux que l’on croyait à l’abri, de par leur statut. Comme j’ai l’habitude de dire ici que la contrainte est source de création, je me demande si la contrainte "volontaire" est aussi efficace.

L’écrivain Georges PÉREC employait de tels procédés et, dans la plupart de ses romans, se fixait délibérément une ou plusieurs obligations. Il y a bien sur La Disparition, roman de plus de 200 pages ne contenant aucune lettre E (!), et bien d’autres opus, tout aussi étonnants, qui me laissent penser que la contrainte, décidément, et un excellent moteur de création artistique.

Illustre-Georges Pérec-01.jpg
Georges PEREC est né le 07 mars 1936, tandis que ma date de naissance est le 07 mars 1963 ; j'en tire une fierté aussi stupide qu'inépuisable.

03/07/2008

Anecdotes

« … Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que, au moment où j'ai écrit « Huis Clos », vers 1943 et début 44, j'avais trois amis et je voulais qu'ils jouent une pièce, une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est-à-dire, je voulais qu'ils restent ensemble tout le temps sur la scène. Parce que je me disais que s'il y en a un qui s'en va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment où il s'en va. Je voulais donc les garder ensemble. Et je me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes sans jamais en faire sortir l'une d'elles et les garder sur la scène jusqu'au bout, comme pour l'éternité. C'est là que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. Telle est la cause occasionnelle. Par la suite, d'ailleurs, je dois dire, ces trois amis n'ont pas joué la pièce, et comme vous le savez, c'est Michel VITOLD, Tania BALACHOVA et Gaby SYLVIA qui l'ont jouée… »

 

Illustre-Anecdote-Sartre-01.jpg

 

On ne parlera pas ici des « soucis profonds » de Jean-Paul SARTRE, même si on se doute qu’il s’agit de l'absurdité de nos existences et de la force qu’il faut pour se révolter, pour continuer…

L’auteur de « la Putain Respectueuse » et des « Mains Sales » illustre bien ici ce phénomène paradoxal en apparence. Entre le moment où l’artiste envisage de créer une œuvre et le moment où il pourra commencer sa réalisation, plusieurs années peuvent s’écouler, à attendre ce petit rien qui servira de déclencheur. Un écrivain croisé au hasard d’une rue ; une participation dans un festival ou une opération caritative ; une salle qui se libère ; l’appel au secours d’un confrère ou bien même un échec précédent dont on a gardé le travail, la "matière", et qui devient le point de départ d’un nouveau projet. Et même si, souvent, c’est une idée forte, un besoin d’exprimer un sentiment profond qui est à l’origine d’une œuvre dramatique, il aura fallut attendre que le hasard nous tende la main. Il est toujours difficile (même lorsqu’on est connu) de monter une création. Et la futilité du déclic ne préjuge en rien de la valeur d’un spectacle.

Je me souviens qu’il y a une douzaine d’années, le père d’une amie, italienne d’origine, avait appelé sa fille à la rescousse. Conseiller municipal de CUNEO, il avait dirigé la création d’un festival du livre, en octobre. Mais la troupe de comédien qui était censée assurer les différentes animations à travers la ville durant toute la manifestation avait fait faux bond, à seulement une semaine du début.

Mon amie, élève comme moi au même cours de théâtre, avait à son tour battu le rappel des volontaires pour une aventure en Italie. C’est ainsi je que je me retrouvais, avec quatre autres amis, entassé dans une voiture trop petite pour cinq et filant vers CUNEO. Nous n’avions qu’une idée approximative de ce qui nous attendait. Nous avions quand même pu préparer une animation prévue sous le chapiteau principal (un pastiche de débat entre professionnels du livre, qui s’est fort bien déroulé).

Nous nous sommes ensuite retrouvés dans le théâtre municipal de la commune. Quelques heures plus tôt, on nous avait annoncé qu’il faudrait lire des textes devant un parterre de professionnels. C’était un festival « transalpin", il y avait donc des œuvres écrites en français, mais dont les auteurs n’avaient pu faire le déplacement pour défendre ici leur production. On nous demandait donc de le faire à leur place.

Un problème toutefois : le texte le plus long était très abstrait. Son créateur n’étant pas là pour nous le déchiffrer, il a fallut improviser et décider d’un parti pris. Nous avons remarqué qu’il y avait une alternance de textes écrits à la première personne avec des paragraphes écrits de façon impersonnelle. Nous avons alors convenu que les passages à la première personne devraient symboliser le travail de réflexion de l’auteur et seraient dits dans un micro par l’un d’entre nous, depuis les coulisses, et les autres passages, représentant le travail d’écriture lui-même, seraient dits par les autres, présents sur scène et symbolisant la plume qui court sur le papier, aux ordres de la « voix ».

Qui allait devoir rester derrière les rideaux, sans pouvoir se montrer sur la scène de ce théâtre si accueillant ? Avant le départ, mon amie m’avait prévenu : « CUNEO est une ville un peu bourgeoise et pour pouvoir monter sur scène, il faudra être habillé en costume et cravate. » J’avais ainsi emporté ma seule veste puis choisi une chemise et une cravate du plus bel effet. Arrivé sur les lieux, on me traduisit les propos du directeur : impossible pour moi de me montrer sur scène, car la veste de mon costume était claire et il fallait une veste de couleur sombre ! C’est donc moi qui dû rester dans l’ombre, sans pouvoir — ô malheur de misère ! arpenter les planches de cette scène si belle dans ce magnifique petit théâtre à l’italienne.

A toute chose, malheur est bon puisque, une fois la soirée achevée, notre prestation fut saluée par tous. Beaucoup, me montrant du doigt, me disait en italien : « Ah, c’était vous, la "voix" ? Bravo, très bien ! ». Pendant de longues années, mon rêve fut de retourner en Italie et d’y jouer un rôle en italien. Mais mon apprentissage de la langue a pris énormément de retard. Qui sait, peut-être le destin me fera-t-il de nouveau signe ?