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09/07/2009

C’est l’effet papilloooooon…

Jean-Paul SARTRE expliquait un jour : « … Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. La cause occasionnelle c'est que, au moment où j'ai écrit Huis clos, vers 1943 et début 44, j'avais trois amis et je voulais qu'ils jouent une pièce, une pièce de moi, sans avantager aucun d'eux. C'est-à-dire, je voulais qu'ils restent ensemble tout le temps sur la scène. Parce que je me disais que s'il y en a un qui s'en va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment où il s'en va. Je voulais donc les garder ensemble. Et je me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes sans jamais en faire sortir l'une d'elles et les garder sur la scène jusqu'au bout, comme pour l'éternité. C'est là que m'est venue l'idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. Telle est la cause occasionnelle. Par la suite, d'ailleurs, je dois dire, ces trois amis n'ont pas joué la pièce, et comme vous le savez, c'est Michel VITOLD, Tania BALACHOVA et Gaby SYLVIA qui l'ont jouée… »

En effet, petites causes et grands effets. Il faut reconnaître que même les grands écrivains et metteurs en scène rencontrent parfois des difficultés purement matérielles qui conditionnent la suite de leur projet : le lieu choisi pour la création du spectacle ; le manque de finance ; parfois un événement qui survient dans le cadre privé ; mais aussi, comme on l’a vu, une volonté de la part de l’écrivain de satisfaire un désir tout personnel…
Tout cela peut exercer des contraintes même chez ceux que l’on croyait à l’abri, de par leur statut. Comme j’ai l’habitude de dire ici que la contrainte est source de création, je me demande si la contrainte "volontaire" est aussi efficace.

L’écrivain Georges PÉREC employait de tels procédés et, dans la plupart de ses romans, se fixait délibérément une ou plusieurs obligations. Il y a bien sur La Disparition, roman de plus de 200 pages ne contenant aucune lettre E (!), et bien d’autres opus, tout aussi étonnants, qui me laissent penser que la contrainte, décidément, et un excellent moteur de création artistique.

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Georges PEREC est né le 07 mars 1936, tandis que ma date de naissance est le 07 mars 1963 ; j'en tire une fierté aussi stupide qu'inépuisable.