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19/06/2011

Une idée un peu folle

J’ai hésité à le faire… une drôle d’idée : parler du spectacle de fin d’année d’un collège de Nice. Pour un blog qui traite du Spectacle Vivant, est-ce bien sérieux ? Les travaux de collégiens peuvent-ils intéresser autant que les productions de troupes ayant pignon sur rue ?

Il est vrai que ce mardi soir, au Forum Nice-Nord, le public n’était composé que des parents d’élèves et des membres de l’équipe pédagogique du collège Valeri. Le grincheux aurait pu relever plusieurs imperfections lors de cette unique représentation. Et pourtant…

Il y avait ce soir-là des ingrédients essentiels au fonctionnement d’un spectacle : une énorme envie de produire quelque chose, un bonheur de jouer, de se laisser aller à faire des choses inhabituelles… comme cette idée un peu folle d’inverser les rôles : les enseignants interprétant des élèves et vice-versa. Même le Principal du collège était de la partie.


Et c’était bien là l’ingrédient essentiel : le théâtre est l’affaire de tous.

 

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Lorsqu’on nous parle de l’histoire du théâtre, on passe immanquablement par la case « Grèce Antique ». Et beaucoup savent que c’est là qu’est née cette invention si extraordinaire. On nous dit aussi que les premiers spectacles étaient produits à l’origine lors de manifestations religieuses.
Mais il faut également se rappeler que, très rapidement, le théâtre est devenu l’affaire de toute la cité grecque. Et le spectacle proposé par le collège Valeri nous l’a rappelé avec force. Car spectateurs ou comédiens, élèves ou enseignants, tous faisaient partie de cette institution. En ce sens, ce spectacle était original. En effet, il est rare qu’une troupe puisse choisir ses spectateurs. Le public habituel forme une communauté éphémère, qui se disperse une fois la représentation terminée. Pas ici. Le travail effectué tout au long de l’année scolaire, l’angoisse partagée par tous, les rires, les problèmes, les répétitions dans le hall du collège, les timides qui se décoincent, les matheux qui fréquentent les littéraires… et cette représentation dont ils reparleront encore longtemps entre eux. Tout était fait par le collège Valeri pour le collège Valeri.
Je ne prêche pas le corporatisme, bien au contraire. J’ai simplement le désir que le théâtre redevienne un bien commun. Fait par des humains pour des humains.
Une idée un peu folle…

 

Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur le déroulé de ce spectacle alternant scénettes et chansons du répertoire contemporain, allez donc visiter le site de Mme Dominique BOY-MOTTARD en cliquant ICI.

 

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07/06/2011

Le long des rues

Je n’ai pu assister qu’à un seul spectacle du festival de théâtre de rue, Roulez Carros, programmé le week-end dernier.

Mais quel spectacle, chères lectrices et chers lecteurs, quel spectacle ! Orchestrée par une troupe baptisée Les Grooms, c’est une représentation qui s’est déroulée, c’est le cas de le dire, tout au long des rues de Carros. Le départ était donné sur un terrain de sport, où le public (de deux à trois cents personnes) découvrait tout d’abord la troupe, dont la moitié effectivement habillée en groom.

 

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Ceux-ci ont commencé par chanter et jouer de leur instrument (uniquement des cuivres) lors d’une parade en l’honneur d’un invité, prétendument venu du royaume du Bhoutan. Le comédien grimé pour l’occasion maniait plutôt bien un accent venu de l’Inde. En effet, imiter un accent, c’est déjà bien ; mais la vraie difficulté c’est de le garder tout au long de la performance.
Ce joyeux luron était venu nous annoncer que l’Indice de Bonheur de notre population était bien bas et que ses camarades et lui-même allaient nous aider à le relever. Le cortège s’ébranla alors et nous partîmes dans les rues de la commune, en faisant quelques haltes devant tel ou tel autre immeuble.

 

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Roxane Petitier, photographe officielle du festival, prise à son tour en photo...

 

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Avec la complicité de certains habitants, les comédiens de la troupe envahirent plusieurs balcons et terrasses, dans une succession de sketchs dont le délire allait crescendo.

Outre le chant et la musique, il y avait dans ce charivari des ingrédients venus du carnaval, mais aussi du Théâtre de Guignol.

 

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Mais en tout cas, les Grooms nous ont bel et bien offert un spectacle de rue, et non pas un simple spectacle en extérieur, comme je l’évoquais déjà lors du précédent article. En effet, dans ce genre d’exercice, tout peut arriver, le public n’étant pas "filtré" comme dans un lieu de spectacle conventionnel. Les personnes éparpillées tout autour de l’aire de jeu improvisée ne sont pas forcément venues là exprès.

Ainsi, il faut une très bonne préparation pour pouvoir adapter son jeu à toutes les situations possibles, et elles sont nombreuses. De plus, pour notre spectacle de vendredi soir, il a fallu trouver des personnes volontaires pour ouvrir leur porte à la troupe. Il y avait même, mélangée à la foule, la chorale de Carros chargée de reprendre les refrains.

Et malgré la pluie qui s’était invitée, pas une seule personne, je dis bien pas une seule n’est rentrée chez elle avant la toute fin du spectacle.

 

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J’ai coutume de définir le théâtre comme étant « la grande cérémonie de communication collective ». Cela peut sembler emphatique ou intello et pourtant, lors de ce spectacle, je peux le jurer, nous savourions tous ensemble le bonheur d’assister à quelque chose de profondément bon. De profondément nécessaire.

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Avant de terminer cet article, j’aimerais également vous recommander d’aller visiter leur site en cliquant ICI. Cette compagnie, qui est plutôt basée en région parisienne, écume tous les festivals de théâtre de rue et j’espère fort que nous aurons l’occasion de les retrouver dans notre région.

28/05/2011

Un théâtre de poupée

C’est en 1990 que je suis tombé dans le théâtre. Lorsque je suis allé voir « Une Maison de Poupée », d’Enrik Ibsen, mise en scène par Isabelle NANTY.
Tombé dedans : c'est-à-dire qu’à partir de là, j’ai désiré, j’ai décidé de "faire du théâtre". Sans savoir ce que cela pouvait dire concrètement : être sur scène ? Écrire ? Produire une pièce ? Et pourquoi ?

 

Je ne me rappelle plus aujourd’hui si ce spectacle était vraiment bon ou pas. Je me souviens qu’au début du spectacle, Nora, interprétée par Sandrine DUMAS, s’adresse à des enfants imaginaires. À l’époque, j’avais trouvé cette convention peu crédible, maladroite. Puis au fils des scènes qui se déroulaient devant moi, j’avais fini par marcher à fond, jusqu’à trouver cela magique, « magique », c’est le mot ; c’est la chose dont je me rappelle avec le plus de force.

Bien que ce drame d’IBSEN soit connu, ce n’est pas un spectacle qui a bouleversé le Landernau du théâtre, et Isabelle NANTY est connue davantage pour ses apparitions à l’écran. Toutefois, je garde cette pièce en moi plus de 21 ans après. Elle y a une place à part.

 

Ainsi, sans le savoir, les comédiens jouent parfois devant une personne qui sera touchée plus profondément que les autres. Peut-être quelqu’un qui vient au théâtre pour la première fois, et qui en gardera pour toujours une envie de recommencer, de retourner voir d’autres pièces.

Je suis toujours peiné lorsqu’une représentation n’a pas été bonne. Que ce soit de ma faute ou pas, peu m’importe : je pense a cette personne qui venait pour la première fois dans un tel lieu, et qui aurait pu être définitivement acquise au Spectacle Vivant, mais qui repartira sans cette petite lumière en elle.

 

On ne peut pas prendre cela à la légère et se dire que demain, on se rattrapera. On a une lourde responsabilité, et cela, chaque soir. Chaque soir.

17/05/2011

Rectificatif

C’est mon premier rectificatif ! Le festival de théâtre de rue qui se déroulera à Carros les vendredi 03 et samedi 04 juin ne s’appelle plus « les Siacreries ». Désormais, on dira « Roulez Carros ! ».

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Il semble que le nom n’est pas le seul changement survenu dans la structure de cet événement. En effet, ces Siacreries se déroulaient autrefois sur les communes de Gattières, Le Broc et Carros. Depuis la 14ème édition, seule la commune de Carros accueillera les comédiens et leur public.

Qu’on se le dise !

14/05/2011

Tous dans la rue !

Les vendredi 3 et samedi 4 juin, sur la commune de Carros, auront lieu les 15èmes Siacreries. Quinze éditions, pour un festival, c’est déjà une performance, et… beaucoup de travail.

 

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Les Grooms - le bonheur est dans le chant 

 

Il s’agit d’un événement consacré au spectacle de rue. Je me souviens d’un commentaire laissé dans ces colonnes par Lisie PHILIP, de la Cie Antipodes, spécialisée justement dans les arts de la rue. Elle déplorait que de plus en plus de ces festivals enferment les spectacles dans des cours d'école, des jardins, etc. ; de « théâtre de rue », on passe parfois au théâtre « en extérieur ». Le premier étant davantage soumis aux imprévus et bénéficiant d’un soutien technique plus modeste qu’une simple représentation en plein air.

Est-ce la réalité ? Et si oui, faut-il s’en plaindre ? C’est un débat très intéressant que l’on pourrait organiser ici. Toutefois, quels que soient les points de vue, ce festival des Siacreries à Carros me plait, pour deux raisons :

D’une part parce que j’y ai découvert de très bons spectacles dans le passé et qu’il n’y a aucune raison pour que cela cesse ; d’autre part parce que j’aime cette ambiance de début d’été, où les spectateurs sont plus détendus et l’ambiance est au rêve. Attention, public détendu et parfum de vacances ne signifie pas toujours gentille comédie rigolote ! J’ai déjà pu assister à de magnifiques drames joués en plein air (je pense notamment au défunt festival de théâtre aux Arènes de Cimiez).

En conclusion, je vous invite à venir nombreux ces vendredi 3 et samedi 4 juin, pour déambuler dans les rues de Carros et découvrir de bonnes surprises, au gré de la programmation (programmation que vous pouvez télécharger au format pdf en cliquant ICI ).

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J’ai profité de cette occasion pour mettre en lien, Colonne de Gauche, le site du Forum Jacques Prévert, clef de voûte de ce festival. Très clair et très complet, il y a même un système de messagerie pour que le public puisse organiser un covoiturage ! Cela n’est pas surprenant, l’ensemble du personnel de ce Forum est compétant et disponible, notamment lorsqu’il s’agit d’accueillir des classes d’élèves.

28/04/2011

L’art ne s’enlisera pas.

 

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COMMENT UN COMÉDIEN UTILISE LE CINÉMATOGRAPHE POUR FAIRE DE LA SCULPTURE

Parmi les œuvres de sculpture exposées cette année au Salon des Artistes français, on remarquait l’envoi de M. Paul Capellani, désigné au catalogue sous ce titre à la fois concis et suggestif : « Enlisé ». …/… M. Capellani aurait pu reconstituer une pareille scène avec les seules ressources de l’imagination et l’emploi du modèle posant d’après des indications appropriées au sujet. Mais ce sculpteur de talent est, d’autre part, un excellent comédien, applaudi à l’Odéon et à la Renaissance, et l’habitude qu’il a de s’identifier à ses rôles l’a porté à vouloir « vivre » le personnage qu’il se proposait de représenter en une expressive figure de marbre.

 

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Donc, désireux de synthétiser le plus possible le « mouvement » de la figure projetée, il s’est rendu au Mont-Saint-Michel, et …/… il n’a pas craint de s’enliser lui-même, cependant qu’un appareil cinématographique enregistrait les différentes phases de l’enlisement. Malgré toutes les précautions, cette périlleuse expérience faillit avoir un dénouement tragique, car non seulement l’acteur principal du drame risqua de devenir la victime trop réelle du sable mouvant, mais les opérateurs du cinématographe et l’appareil même commençaient à s’enfoncer doucement quand des sauveteurs intervinrent juste à temps. …/…

 

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Ce texte publié en 1909 est extrait d’un journal qui s’appelait L’ILLUSTRATION, « journal universel » qui est paru une fois par an de 1843 à 1944, et qui récapitulait les événements de l’année écoulé, avec force illustrations comme l’indiquait le titre.

 

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Ce qui frappe à la première lecture, c’est bien sûr le côté un peu fou de l’entreprise. Ce comédien-sculpteur a tout simplement mis sa vie et celle de son équipe en danger dans le seul but de réaliser une œuvre.
Mais ce quasi fait divers montre aussi autre chose : le lecteur a compris que les photos qui illustrent ce texte sont en réalité extraites d’un film, réalisé par l’équipe de ce M. Paul Capellani. Et le journaliste emploie le terme de « cinématographe », ce qui nous rappelle que cette technique n’a que vingt ans.

C’est cela qui me frappe alors, en deuxième lecture : l’art explore toujours les nouvelles voies offertes par l’innovation technologique pour en faire son profit, de la façon la moins prévisible.

 

Sables "mouvants"… eh oui, forcément, avec le cinéma !

15/04/2011

Coups et blessures ordinaires

Pour cette 6ème note consacrée à nos répétitions hebdomadaires, je pouvais vous montrer la régie très bien équipée du Théâtre Athéna ou bien vous raconter comment Alfred a failli se faire mal en dégringolant de l’échelle qui monte à la régie (vraiment très bien équipée… sauf pour l’échelle d’accès).

Mais voilà que, s’étant remis de ses émotions, Alfred m’a raconté une anecdote, malheureusement représentative des difficultés que j’ai déjà évoquées au sujet des salles de spectacle. Voici toute l’histoire :

 

Un de ces petits théâtres, nouvellement créé, a choisit de programmer des comédies dites grand public. Ce terme générique signifie qu’il s’agit de la grosse cavalerie, d’une machine à faire rire : deux ou trois personnages, une affiche avec une tête rigolote et un titre un peu coquin, ou bien une comédie qui cartonne à Paris et dont on parle à la télé, et les 50 ou 100 places se rempliront bien chaque samedi soir.
Ce genre de pièce permet aux lieux nouvellement créés de mettre le pied à l’étrier et de se faire connaître. Moi-même ne crache pas sur ce genre de spectacle, puisqu’il m’a offert 50 % des rôles que j’ai tenus.

 

Ce petit théâtre avait donc choisi une comédie à succès pour la deuxième partie de la saison, et le public était au rendez-vous. Or, pour la Saint-Valentin, l’auteur de la pièce avait réfléchi et s’était dit que, lors du week-end des amoureux, son œuvre allait sûrement attirer encore plus de monde ; en tout cas plus que ne pouvait en contenir le petit théâtre. Il alla donc trouver le directeur du lieu en lui disant que, exceptionnellement, il lui retirait les droits d’exploitation juste pour un week-end, afin de faire jouer sa pièce dans un autre théâtre de la ville, trois fois plus grand. Une fois la Saint-Valentin passée, il redonnerait la permission au jeune théâtre de continuer à produire sa pièce. Ainsi, en échange de l’exclusivité pour le week-end, l’auteur a pu remplir une grande salle… et son portefeuille.

 

Comment a réagi l’équipe du petit théâtre ? En serrant les dents car, n’ayant pas d’autre spectacle pouvant remplacer celui-ci, ils ne pouvaient pas se disputer avec l’auteur et risquer de perdre, définitivement cette fois-ci, les droits d’exploitation.

Quelques semaines plus tard, ce même auteur leur proposa de jouer sa nouvelle pièce ; pour les consoler ou bien parce qu’il savait qu’ils ne pouvaient pas encore se passer de lui ? Je ne le sais pas, je sais seulement que c’est très dur lorsqu’on veut faire vivre un théâtre.

 

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Heureusement, la régie est très bien équipée...