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07/09/2011

Hadopi — un nom rigolo !

C’est en tout cas le sentiment de Jean-Michel JARRE, interviewé au micro de LaChaîneTechno. Cet auteur-compositeur, qui est également ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco, déclare le plus sérieusement du monde qu’il aime bien le terme « Hadopi » parce que cela fait penser à un petit animal australien !

Imaginons un instant les débats à l’Assemblée Nationale si les seuls arguments avancés par les députés étaient la sonorité des termes employés. Imaginons un moment un responsable politique nous dire : « peine-de-mort », moi je trouve que ça sonne bien, c’est mignon…

 

Mais ce qui suit est encore plus consternant. Pour justifier l’injustifiable, voici ce qu’il nous dit :

 

« Au XVIIIème siècle, on a décidé de manière assez subjective que le droit d'auteur, le copyright, aura une durée de vie de 50 ans. Pourquoi ? Parce qu'à cette époque-là, l'espérance de vie d'un être humain était de 50 ans. Aujourd'hui, on est deux siècles plus tard et il est temps de se dire pourquoi on n’appliquerait pas ce qui existe dans l'industrie, c'est-à-dire le brevet ?

La philosophie du brevet c'est que c'est absolument infini et qu'on le renouvelle tous les 20 ans. Et moi, je suis absolument pour le fait d'élargir et d'allonger beaucoup la durée de vie du copyright ce qui permettrait, et c'est pas pour des problèmes de succession et des ayants droit de la famille de l'auteur, d'introduire dans la tête de chacun dans notre société aujourd'hui, le fait que le geste de création est quelque chose qui a une valeur inestimable.

Aujourd'hui, personne d'entre nous ne peut rêver de se payer Mona Lisa. En revanche, la 9ème de BEETHOVEN ne vaut rien. Est-ce que ça veut dire que BEETHOVEN est un artiste mineur par rapport à Léonard de VINCI ? C'est toute la question… »

 

TROIS ! Ce pauvre monsieur JARRE commet ici trois erreurs fondamentales.

 

Premièrement, peu importe que l’être humain vive 50, 80 ou même 120 ans. En effet, il s’agit ici de prolonger la durée des droits APRÈS la mort du compositeur. Car dans le système actuel, personne ne remet en cause le droit qu’ont tous les musiciens de vivre de leur art. Et pour l’instant, leurs droits sont garantis 50 ans APRÈS leur mort, ce qui est déjà « Kolossal » (pour parler comme BEETHOVEN…)

 

Deuxièmement, la durée de vie d'un brevet est de 20 ans maximum, à la condition qu’il soit renouvelé chaque année. Ensuite, le procédé entre dans le domaine public. Il n’est en aucun cas « infini » (entre parenthèse, Jean-Michel JARRE parle indifféremment de copyright et de droit d’auteur, c’est une grande confusion : le copyright concerne le droit américain tandis que les droits d’auteur sont régis par le droit français ; deux conceptions absolument différentes).

 

Dernière erreur, la plus perverse à mon sens : personne, mais absolument personne n’a jamais pu se payer la 9ème de BEETHOVEN. Elle n’est pas à vendre. Tout au plus peut-on envier les rares personnes ayant pu manipuler les manuscrits authentiques de ce génial compositeur. Ce qui ne coûte pas cher, en revanche, c’est l’interprétation de l’œuvre et sa reproduction. Et c’est d’ailleurs la matière dont traite le droit d’auteur : la reproduction, l’interprétation, la diffusion…

Et n’importe qui peut admirer, moyennant le seul prix d’entrée au musée, la Joconde qu’a peint Léonard de VINCI. Et puisqu’il est aussi question d’Internet, il me suffira de taper « Mona Lisa » sur un moteur de recherche et je pourrai gratuitement en admirer la reproduction.

Ainsi nous voyons bien que Ludwig Van BEETHOVEN et Leonardo da VINCI sont sur un pied d’égalité : un accès universel… et qui doit rester gratuit tant leurs œuvres sont importantes.

Je laisse ici le lien pour vous permettre d’admirer l’interview de l’auteur d’Oxygène. Son élocution étant tellement chaotique, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas en fait d’Azote…

15/04/2011

Coups et blessures ordinaires

Pour cette 6ème note consacrée à nos répétitions hebdomadaires, je pouvais vous montrer la régie très bien équipée du Théâtre Athéna ou bien vous raconter comment Alfred a failli se faire mal en dégringolant de l’échelle qui monte à la régie (vraiment très bien équipée… sauf pour l’échelle d’accès).

Mais voilà que, s’étant remis de ses émotions, Alfred m’a raconté une anecdote, malheureusement représentative des difficultés que j’ai déjà évoquées au sujet des salles de spectacle. Voici toute l’histoire :

 

Un de ces petits théâtres, nouvellement créé, a choisit de programmer des comédies dites grand public. Ce terme générique signifie qu’il s’agit de la grosse cavalerie, d’une machine à faire rire : deux ou trois personnages, une affiche avec une tête rigolote et un titre un peu coquin, ou bien une comédie qui cartonne à Paris et dont on parle à la télé, et les 50 ou 100 places se rempliront bien chaque samedi soir.
Ce genre de pièce permet aux lieux nouvellement créés de mettre le pied à l’étrier et de se faire connaître. Moi-même ne crache pas sur ce genre de spectacle, puisqu’il m’a offert 50 % des rôles que j’ai tenus.

 

Ce petit théâtre avait donc choisi une comédie à succès pour la deuxième partie de la saison, et le public était au rendez-vous. Or, pour la Saint-Valentin, l’auteur de la pièce avait réfléchi et s’était dit que, lors du week-end des amoureux, son œuvre allait sûrement attirer encore plus de monde ; en tout cas plus que ne pouvait en contenir le petit théâtre. Il alla donc trouver le directeur du lieu en lui disant que, exceptionnellement, il lui retirait les droits d’exploitation juste pour un week-end, afin de faire jouer sa pièce dans un autre théâtre de la ville, trois fois plus grand. Une fois la Saint-Valentin passée, il redonnerait la permission au jeune théâtre de continuer à produire sa pièce. Ainsi, en échange de l’exclusivité pour le week-end, l’auteur a pu remplir une grande salle… et son portefeuille.

 

Comment a réagi l’équipe du petit théâtre ? En serrant les dents car, n’ayant pas d’autre spectacle pouvant remplacer celui-ci, ils ne pouvaient pas se disputer avec l’auteur et risquer de perdre, définitivement cette fois-ci, les droits d’exploitation.

Quelques semaines plus tard, ce même auteur leur proposa de jouer sa nouvelle pièce ; pour les consoler ou bien parce qu’il savait qu’ils ne pouvaient pas encore se passer de lui ? Je ne le sais pas, je sais seulement que c’est très dur lorsqu’on veut faire vivre un théâtre.

 

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Heureusement, la régie est très bien équipée...