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24/09/2010

Mi-saison

Jeudi 16, c’était la désormais traditionnelle présentation du programme de la saison pour le Théâtre de la Semeuse et le Centre Culturel de la Providence. Ou plus exactement, le programme de la mi-saison, jusqu’au 19 décembre.
Cette année, je me contenterai de vous diriger vers le site de l’association La Semeuse pour télécharger le détail de cette programmation (cliquez ICI). En effet, il y a plusieurs choses intéressantes, et je préfère y revenir plus en détail ultérieurement.

La batterie de mon appareil photo était presque déchargée, aussi, peu d’images de la soirée, mais quelques commentaires, apportés tout d’abord par Aline DI MAGGIO, qui s’occupe des relations publiques.

l’Illustre Théâtre : Bonjour Aline, j’ai une question bien précise à te poser, mais tout d’abord, peux-tu nous résumer le parcours qui t’a conduit jusqu’ici ?

Aline DI MAGGIO : À la base, j’ai une formation de comédienne. Je fais du théâtre depuis toute petite ; j’ai commencé, j’avais six ans. J’ai jamais arrêté. J’en ai fait à Nice, j’en ai fait à l’école, au collège… J’en ai fait aussi à la Semeuse ; pas très longtemps parce que j’ai dû "arrêter" pour mes études. Et très rapidement je me suis rendue compte que je ne pouvais pas faire autre chose que ça.
Donc je suis parti à Paris ; j’ai fait le Cours Florent… Je suis restée cinq ans là-bas ; j’ai monté une troupe, j’ai essayé de jouer : ça a été une expérience très enrichissante mais très difficile.

l’Illustre Théâtre : On s’imagine qu’à Paris, il y a plus de monde, plus de spectateurs, que ça "bouge" plus, et donc que c’est plus facile qu’en province !

Aline DI MAGGIO : En fait, c’est pire… c’est un monde fermé…

l’Illustre Théâtre : Un système de réseau ?

Aline DI MAGGIO : Voilà. Si tu ne connais pas les bonnes personnes, déjà c’est impossible. Nous, ça nous a coûté de l’argent pour jouer… on était bien obligés de louer les endroits… Donc à un moment donné, j’ai été assez dégoûtée de ce milieu — du "milieu parisien".

l’Illustre Théâtre : C’est quand même formateur comme expérience.

Aline DI MAGGIO : Ah ! oui, c’est très enrichissant et puis ça apprend à avoir la rage, à se battre… et puis, même, le fait de jouer devant peu de personnes, ça apprend plein de choses.

l’Illustre Théâtre : Alors après, tu es employée par la Semeuse…

Aline DI MAGGIO : Je me suis dirigée vers l’enseignement du théâtre. C’est vrai qu’en travaillant à la Semeuse, ça m’a permis de rencontrer des gens, et ça m’a donné envie de me relancer là-dedans ; mais ça reste pour l’instant quelque chose… pour le plaisir. Voilà, il y a ce projet qu’on me propose, « AL », j’ai adoré la pièce en la lisant…

l’Illustre Théâtre : J’en viens justement à ma question, puisque tu vas jouer dans cette pièce : lorsqu’on donne des cours d’art dramatique à des élèves, et puis que l’on monte sur une scène pour endosser un rôle, que l’on risque ainsi de se trouver sous le regard de ses élèves, est-ce qu’on a le sentiment de se mettre encore plus en danger ? Qu’est-ce que ça fait d’avoir ses élèves parmi le public ?

Aline DI MAGGIO : Ça fait peur. Ça fait peur et en même temps, je pense que c’est important. Moi, ça m’a apporté… de remonter sur scène en étant en parallèle enseignante pour le théâtre ça m’a apporté plein de choses parce qu’il y a certains trucs qu’on oublie quand on ne monte plus sur scène. On dit à ses élèves « il faut faire ça, il faut faire ça… », et en remontant sur scène, on se rend compte de ce qu’on a pu leur dire.

l’Illustre Théâtre : Un prof doit jouer.

Aline DI MAGGIO : Un prof doit jouer. Je trouve que c’est important de continuer à apprendre. Moi par exemple, je donne des cours ET je prends des cours. C’est un métier qui ne s’arrête jamais : on n’est jamais parfait.

l’Illustre Théâtre : Une dernière question : est-ce qu’à la Semeuse, vous prévoyez une action culturelle qui dépasse le simple cadre annuel, un projet qui soit plus ample que la seule programmation pour la saison ?

Aline DI MAGGIO : On en parle. On aimerait, mais cela n’est même pas à l’état de projet, par manque de moyen. On en est parfois à gérer l’urgence : la programmation, par exemple, est faite pour la moitié de la saison seulement.

Merci Aline pour ces précisions.

Puis c’est Frédéric REY, responsable de ce lieu, qui me précise un point de vue qu’il venait d’énoncer durant sa présentation :

l’Illustre Théâtre : Peux-tu ré-expliquer pour nos lecteurs le point de vue esthétique que tu as abordé tout à l’heure ?

Frédéric REY : J’aime voir les comédiens en trois dimensions. J’aime le jeu qui est à 360°, j’aime que ça joue large, que le jeu soit partout.

l’Illustre Théâtre : Le jeu "en frontal", comme dans un théâtre à l’italienne, pose problème ?

Frédéric REY : Oui, parce que ça t’oblige à voir quelque chose qui est comme sur un écran : tu es là [geste de la main vers la gauche] il sont là [geste de la main vers la droite].

l’Illustre Théâtre : Le fameux quatrième mur…

Frédéric REY : Lorsque le public est tout autour de la scène, tu es obligé, toi, en tant qu’acteur, de donner énormément de ta présence, dans tous les sens.

Merci à toute l’équipe pour son accueil ; nous reviendrons bientôt sur certains spectacles prévus ici et qui valent le déplacement.

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Le parvis de La Providence est aménagé pour recevoir des spectacles en extérieur, ce qui était prévu ce soir-là. La pluie arrivant, les musiciens qui devaient clôturer cette soirée ont malheureusement dû se réfugier à l’intérieur et se livrer à un rapide montage/démontage de toute leur sono !

29/02/2008

Le travail d’acteur

Il y a quelques semaines, je lisais une interview consacrée à Johnny DEPP. Je souhaite citer ici deux passages parmi les quelques réponses qu’il avait bien voulu fournir :

1454899870.JPG« … Le plus difficile, c’était de mettre de la mousse à raser sur les visages et de faire semblant de les raser. C’est très désagréable de raser un adulte. Mais là non plus, je n’ai pas suivi de préparation spécifique ni d’entraînement particulier. Est-ce que l’on va prendre des cours de crime avant de jouer un criminel ?... »
Cette réflexion me plait. En effet, un comédien professionnel est censé pouvoir jouer (et non pas « faire semblant » !) n’importe quelle situation sans avoir à s’entraîner avec toute une batterie de moyens. Je n’aime guère ces artistes qui racontent volontiers leurs longues journées passées dans un commissariat, pour essayer de coller le plus possible à la réalité d’un personnage flic qu’ils doivent jouer. La réalité exacte et factuelle, retranscrite avec une minutie laborieuse, est rarement utile. La seule réalité importante est celle de l’artiste. Et à trop vouloir faire vrai, on ennui tout le monde, le public s’en va. Bien sûr, ce n’est pas une raison pour camper des personnages improbables à force d’invraisemblance, mais je crois que Johnny DEPP fera un bon barbier tout à fait convaincant sans avoir passé le moindre diplôme de raseur.
Sur ce sujet, mon ami Vincent JOURDAN (oui, de REGARD-Indépendant, en lien ICI), me citait l’anecdote suivante : Laurence OLIVIER voit Dustin HOFFMAN quitter le lieu du tournage pour aller faire trois tours de pâté de maisons en courant. Une fois de retour, on demande à l’acteur légèrement essoufflé quelle mouche l’a donc piqué. Il répond que, dans la scène qui va être tournée dans un instant, il doit être essoufflé. Et Laurence OLIVIER lui répond alors : « Mais vous ne pouviez pas simplement le JOUER ? »

Le deuxième extrait que je retiens est plus douteux :
« … Il ne faut pas avoir peur de s’enlaidir. Tous les gens que j’admire dans mon métier sont des acteurs de composition. Après tout, c’est notre rôle de se cacher dans des personnages extravagants et de se déguiser avec des accoutrements fantaisistes… »
En effet, point de coquetterie lorsqu’on est comédien. Là-dessus, je suis entièrement d’accord (encore que j’ai rarement vu Johnny DEPP particulièrement enlaidit par ses déguisement). La fin de sa réponse me paraît en revanche réductrice. Donner vie à un personnage n’est pas forcément synonyme de déguisement. J’irai même jusqu'à dire que cela va en contradiction avec ce qu’il a dit dans le premier extrait. Car on peut très bien être barbier et ne pas se promener dans la rue avec un bol de savon, être policier et être en civil etc.

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Avec l’annonce suivante, nous revenons à la scène :

La Cie Le Théâtre du Fou propose
« Arlequin Serviteur de deux Maîtres »
De Carlo GOLDONI

 

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Mise en scène : Bernard DORÉ
Avec : Christine BIAGINI, Sabrina BREZZO, Bernard DORÉ, Robert DUVAL, Frédérique FERRIÉ, Marjorie COURBET et dans le rôle-titre Arnault SOULABAILLE.
Durée du spectacle : 2h00

"Arlequin travaille pour un maître qui le laisse affamé. Aussi, a-t-il l'idée de se mettre sous les ordres d'un second maître, sans qu'aucun des deux n'en soit averti. Mais, n'a-t-il pas trop préjugé de sa débrouillardise ?"

296002852.jpgCette pièce a été écrite par GOLDONI, auteur Italien né à Venise en 1707 (mais mort à Paris en 1793, car il s’exila en France à la suite de désaccords avec d’autres confrères)
Comme Molière avant lui, il reprend les codes de la Commedia Dell’Arte non pas avec un canevas éternellement renouvelé mais avec un texte réellement construit, et un plus grand réalisme.

Ce spectacle sera joué à l’Espace Magnan
31, rue Louis de Coppet
NICE (Nice-Ouest, proche de la piscine "Jean Médecin")
Du 28/02/2008 au 09/03/2008 : les jeudi, vendredi et samedi à 21h00 et les dimanche à 15h00
Salle Jean Vigo
Tarif Normal : 15 € - Tarif Réduit : 10 €

La Cie Le Théâtre du Fou a été crée en 1989 par Bernard DORÉ, comédien et metteur en scène.
Elle réside à l’Espace Magnan, où elle a monté une trentaine de pièces.

27/06/2007

LOL !

Ces trois lettres sont bien connues de ceux qui fréquentent les tchats : ce sont les initiales de « Laughing Out Loud » (rire à gorge déployée), version anglaise de « Mort De Rire » (MDR). Ici, je n’emploie jamais ce substitut écrit d’une hilarité naturellement sonore. Ce qui ne veut pas dire que les interviews réalisées pour ce blog soient dépourvues de franche rigolade, bien au contraire. Avec certains artistes, s’il fallait retranscrire tous les éclats de joie qui émaillent l’entretien, le texte serait composé pour moitié de « lol » et de « mdr » — je pense notamment à Marie-Pierre FOESSEL, par exemple, et aussi à Magali BÉNÉVENT, dont voici enfin la deuxième et dernière partie de l’interview commencée à la fin du mois précédent.

Qu’est-ce que vous prévoyez de faire ces temps prochains ?
Magali :
On fait aussi beaucoup de stages pour des amateurs ; alors des gens soit qui sont dans des cours de théâtre, soit qui n’ont jamais rien fait d’ailleurs, mais qui sont des amateurs et qui ont envie de se mettre au clown. Donc on commence à avoir autour de nous… allez on va dire trente personnes, quarante personnes qui ont suivi depuis… allez trois ans les stages de l’Arpette, et donc qui commencent à toucher un p’tit peu quoi, qui commencent à être bons. Et donc moi il m’est venu l’idée (parce que bon moi j’ai toujours des envies citoyennes… enfin, « citoyennes » : politiques au sens : « je m’inscris dans la vie de la ville », voilà, dans ce sens là quoi) donc j’ai décidé de monter une tribu de clowns. Donc là, on a une vingtaine de clowns, et je vais les sortir en tribu, donc ça je pense que ça va quand même bien dépoter quoi. On a des fois des commandes pour des événementiels où on nous demande de faire… je n’sais pas, il n’y a pas longtemps l’inauguration de la salle de répét. de la mairie de Nice, des choses comme ça, donc on est venu à deux clowns pour couper un ruban… c’était très officiel…

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Vous êtes les « fous du Roy »…

Magali : C’est exactement ça, on est les fous du Roy… Les « commandes », les fameuses commandes ! Et donc là, je me suis dis : tant qu’à faire, autant monter un vrai projet avec, au lieu de répondre comme ça, avec des ficelles etc. Et donc, là, on aurait une tribu d’une vingtaine de clowns. Donc, ça c’est l’avenir proche, j’espère que ça va bien démarrer ; à vingt clowns, ça…

Ca serait dommage que tu arrêtes maintenant toi ! Est-ce que tu es relativement optimiste pour l’avenir, le tien bien sûr mais aussi pour le Spectacle Vivant en général ?

Magali : non.

Tu es pessimiste ?

Magali : Oui.

Oh !

Magali : Les compagnies… C’est difficile… C’est sûr qu’il faudrait repenser tout le système en France quoi, parce que là c’est vrai que le système des Intermittents — on peut parler de ça, il y a eu un nouveau protocole — le système des Intermittents, après tout on peut poser la question : pourquoi est-ce que ce sont les entreprises du privé qui payent le chômage des artistes alors que… Bon, soit il y a une grande politique culturelle et on décide que la Culture comme l’Éducation est quelque chose qui est rentable à long terme parce que c’est un truc de société, ou rentable dans les festivals en été parce que c’est ce qui fait marcher le commerce ou le tourisme etc. Mais si c’est pas cette direction là, en ce moment, c’est vrai que lorsque les ASSEDIC nous payent, ce sont les entreprises du privé qui payent. Alors pourquoi les salariés du privé… Au bout d’un moment, je comprends que ça puisse être mis en cause. On le pose jamais sous cet angle là, le problème.

Très courageux de ta part d’en parler…

Magali : Tu marque pas mon nom !

Seulement ton adresse…

Magali : L’adresse, la photo, la totale… non bien sûr tu peux, j’assume ! Ça pour moi c’est des vraies questions à se poser. Alors que c’est vrai qu’après on dit « ça peut pas se pérenniser comme ça et tout » : oui, pourquoi pas ; « il faut rentabiliser » : non, moi je ne suis pas d’accord. Parce que la Culture comme l’Éducation, c’est un truc à long terme.

On ne sait pas exactement ce que cela va donner…

Magali : Ben on sais ce que le Siècle des Lumières nous a apporté aujourd’hui quoi. Alors je ne dis pas que faire le clown ça apporte autant de lumières, c’est pas ça ; mais en tout cas, c’est en entretenant ce bouillon de culture qu’on arrive à avoir des fondement fort dans la société, enfin ça c’est ce que je pense, moi… Par contre, il y a de moins en moins de moyens pour les compagnies, ça c’est évident, il y a de moins en moins de moyen pour les programmateurs, ça c’est évident aussi, et c’est vrai qu’on a de plus en plus de mal à jouer quoi. Je vais donner un exemple basique : nous on fait avec les spectacles pour enfant des tournées dans les écoles en décembre, ou les tournées d’arbre de noël, etc. enfin pour les spectacles enfants le gros moment c’est décembre… et bien les écoles elles n’ont plus un rond à consacrer à ça. Alors je ne dis pas qu’elles ne doivent avoir que ça mais enfin, c’est pas remplacé par autre chose.

Globalement c’est moins bien qu’avant ?

Magali : Globalement, on a de plus en plus de mal, oui, il faut qu’on se batte de plus en plus. Alors c’est vrai qu’on est précaire dans le temps, peut-être pas trop financièrement (enfin, on gagne pas trop bien…) mais c’est dans le temps : c’est de se dire toujours en permanence « Et demain ? Et demain ? Et demain ?… » quoi, ça c’est assez difficile…

Je me suis toujours montré optimiste sur ce blog en expliquant que, depuis vingt ans, le nombre de lieux, de compagnies et de spectacles n’a cessé d’augmenter…

Magali : Alors, c’est vrai quand même qu’il y a un peu plus de lieux qu’il y a vingt ans, mais enfin souvent les lieux qui se sont crées fonctionnent quand même à la recette, et la recette, pour les compagnies professionnelles, c’est ce qu’il y a de plus terrible. Parce que c’est vrai que maintenant, on pourrait remplir notre carnet et jouer toutes les semaines, mais à la recette… Tu fais vite un calcul : un théâtre même de 200 places — ce qui est déjà un beau théâtre, déjà correct ; 200 places et 10 €uros l’entrée — c’est cher dans le spectacle pour enfant ; ça fait 2000 €uros, tu partages avec l’organisateur en 70 / 30, il te reste 700… ou 600 €uros…

Oui, c’est ça !

Magali : Tu payes tes charges sociales, on est 4, il y a le metteur en scène, un technicien etc. on a même plus de quoi se payer au SMIC. On est même plus dans le cadre légal de pouvoir faire un travail payé. Donc : oui, ça s’est multiplié, oui il y a plus de choses mais… on a du mal à en vivre de plus en plus quand même, voilà. Il faut dès fois qu’on fasse quatre dates pour avoir un cachet quoi ; donc quand tu sais qu’il faut en avoir, pour simplement être au minimum pour faire tenir ton statut, il faut entre cinq et six cachets par mois, si tu comptes quatre dates pour un cachet c'est-à-dire que tu joues tous les soirs et c’est pas possible ! Ou alors t’es acheté, dans des bonnes conditions…

On parlait de ta formation au début de l’interview : est-ce qu’il est dans tes projets de rajouter une corde à ton arc ?

Magali : Oh ouiiiiiiii !

La réponse est : « Oh ouiiiiiiii ! »

Magali : Moi, bon, j’ai chanté un petit peu, j’ai fait un petit peu de…

Ca, tu l’as fait, mais qu’est-ce que tu voudrais faire d’autre ?

Magali : Ouais, ouais, ouais… j’aimerais savoir me servir de mon corps !

Ah ! Aaaaaaaaaah ! Là je coupe !

Magali : Non, non, parce que je suis totalement… on dit « dyslexique du corps » quoi, et c’est quand même un outil de travail. Donc c’est vrai que dès fois… en répétition, après ça va, mais quand tu es en recherche, souvent, pfuit ! Ça part dans tous les sens ; j’aimerais que ça soit un peu plus facile… Et puis, là, ça fait un moment que ça me titille, j’aimerais bien faire des voix de doublage. Parce ça c’est un truc aussi que j’aime bien, c’est le travail de la voix.

Est-ce que tu as envie de rajouter quelque chose ?

Magali : Nice a postulé pour être Capitale Européenne de la Culture. Alors, j’espère que ça va développer des choses qu’on va vraiment prendre en mains ; il y a plein de structures qui existent à Nice qui sont sous exploitées par rapport au potentiel qu’il y a. Et bien, espérons que la dizaine de théâtres moyens qui existent à Nice (en dehors de ceux qui tournent déjà, des petits théâtres privés) soient utilisés… et qu’on ne postule pas pour rien !

Magali, je te remercie pour ta disponibilité (et longue vie aux clowns).

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29/05/2007

« Nez pas gourmand qui veut »

Elles sont deux, elles ont écrit, mis en scène et réalisé ce spectacle. C’est du « Clown de théâtre », du « nouveau clown », comme nous l’expliquera Magali BÉNÉVENT ; mais c’est surtout pour les petits ET pour les grands. Car les bases de l’univers clownesque sont là malgré tout : absence du quatrième mur – les comédiens s’adressent au public et jouent avec lui ; un tandem composé d’un personnage trop sûr de lui et qui commande tout le temps, et d’un autre qui apparaît comme plus fragile et moins raisonnable – mais à la fin la situation se renversera, la morale sera presque sauve ; il y a enfin le fameux nez rouge, symbole même du clown, et partie intégrante de sa personne (on dit que le comédien qui incarne un clown ne doit jamais se toucher le nez, sous peine de discréditer son personnage et de ne montrer que l’image d’un comédien débutant).

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Les deux artistes auraient déjà dû présenter leur spectacle « culinaire » au Théâtre de l’Impasse, mais il avait à l’époque été annulé, faute de réservation ! Et c’est bien dommage, car le spectacle a très bien été accueilli par le public de Gattières, ce jeudi après-midi. C’était dans le cadre des « 11èmes Siacreries », que j’avais annoncées lors de l’article précédent.
Rien que du très efficace. Même les incidents techniques du début sont passés, pour la plupart, inaperçus : les techniciens, arrivés avec un léger retard, n’avaient pas de câble pour relier les micros HF ! Imperturbable, Nathalie MASSEGLIA, déjà métamorphosée en Mazarine Brillat-Savarin, son personnage, a entamé une improvisation, au milieu du public assis par terre.
1229a3b2cbe90765fb557e8ab09b0d7d.jpg[Nous étions dans une cours d’école : ne l’oubliez pas, comme je l’ai dit, c’était un festival de théâtre de rue, et dans ces occasions, tous les lieux publics, les places et les rues sont évidemment investis par des artistes de scène !] Puis les deux comédiennes ont enchaîné avec le spectacle proprement dit : une méditation gastronomique où l’art culinaire est revisité par des clowns lors d’une conférence sans grumeau, grâce aux talents de Mazarine Brillat-Savarin et de sa commise. Un tourbillon qui nous entraîne dans ¾ d’heure d’une drôlerie intelligente.
La représentation une fois finie et les clowns démaquillées, Magali BÉNÉVENT m’a laissé lui poser quelques questions et elle a même accepté d’y répondre !

Lorsque je t’ai rencontrée la première fois, tu n’avais pas encore les capacités pour faire un travail de clown ; quelle formation t’es-tu donnée depuis pour arriver à produire un spectacle comme celui que nous venons de voir ?
Magali : Alors d’abord une formation théâtrale puisque je suis comédienne depuis… ça doit faire douze ans que je suis Intermittente du Spectacle… quelque chose comme ça.
Tu as réussi à garder ton statut pendant douze années consécutives ?
Magali : Oui, Monsieur !
70f2af71398df4a63cf913ec894882f2.jpgÇa donne espoir à ceux qui liront cet article.
Magali : Ça donne un peu d’espoir, oui. À la base je suis comédienne, et puis… ça fait maintenant quatre ans, donc au bout de huit ans comme comédienne, j’ai eu envie de continuer à me former, quoi, par le biais de stages, etc. Et une fois il y avait un stage avec un grand ponte du clown qui s’appelle Alain GAUTRAY, qui est parisien. Un stage de clown donc, sur Valbonne, réservé justement aux Intermittents du Spectacle. Et je me suis dis : tiens, je vais y aller, pour voir ; en fait c’était pour apprendre des nouvelles techniques, mais sans à priori ou sans envie forcément de devenir clown moi-même. C’était vraiment pour continuer la formation, pour ne pas rester sur les acquis, quoi. Et puis, finalement ça m’a plu. C’est ça qui s’est passé ! Et comme ça m’a plu j’ai refait un stage et puis j’ai refait un stage et puis j’ai commencé à travailler avec la Compagnie de l’Arpette, qui est une compagnie niçoise qui est spécialisée dans le clown de théâtre, le « nouveau clown ».4b9f237dd1730421ccab347fb1ab057e.jpg
Tu as donc rejoint une structure, tu n’as pas voulu créer la tienne.
Magali : Non, j’ai pas créé de structure. Moi j’avais… enfin nous avions notre structure – on était à plusieurs – qui s’appelait « le Théâtre de l’Éclat de Bois », puis « Artistes Représentants Associés », puis « l’Attraction ». Ça c’est le dernier nom ; tous les dix ans ça change de nom et comme c’est une vieille structure… Après j’ai quitté cette structure, et puis en ce moment je travaille quasiment qu’avec l’Arpette et avec d’autres compagnies ; en ce moment je suis pas mal dans le spectacle pour enfants, depuis que j’ai des enfants.
Est-ce que tu as dû faire des concessions pour rester Intermittente ?
Magali : J’ai fait aussi des concessions.
Lesquelles, Peugeot, Renault ? (Cet humour, c’est dingue !)
Magali : J’ai fait du théâtre jetable.
C’est à dire ?
Magali : Non, non, ça je raconte pas…
Allez !
Magali : Si ? Alors dans les périodes hyper creuses, il y a longtemps, j’ai fait de la figuration, alors ça c’est jamais rigolo. J’ai fait des trucs pires : ça m’arrive de faire encore du théâtre dans les entreprises, genre coacher des matchs d’improvisation, des choses comme ça, je me vends au grand capital aussi.

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Mais tu n’es pas la seule à faire ça…
Magali : Non, non, je ne suis pas la seule… Des trucs en entreprise… l’ouverture d’une banque… bon après, ça nous arrive aussi de bosser sur des événementiels, mais quand il y a la période artistique qui suit ça va. S’il y avait assez de structures pour pouvoir jouer partout, si je pouvais ne faire que jouer et mettre en scène je serais la plus heureuse…
Tu as fait de la mise en scène ? Ça t’est venu comment ?
8fcac89b21a8e52c664ac4820531d396.jpgMagali : Ca m’est venu petit à petit, je pense la première mise en scène que j’ai faite – bon j’ai commencé des petites mises en scène pour mes travaux d’atelier avec les enfants – et puis après ça a été sur une reprise d’un spectacle pour enfants qu’on faisait avec le théâtre de l’Éclat de Bois, où il m’a dit : tiens, j’aimerais bien que tu mettes en scène avec moi et que tu amènes ta fraîcheur etc. – et c’est sûr que j’étais toute fraîche ! Et puis ça a commencé comme ça, et puis ça m’a plu, et après j’ai fait plein – enfin plein ! J’ai pas soixante ans de carrière ! Mais souvent j’ai fait pas mal de co-mises en scène. En fait j’aime bien le travail en équipe, mais que ce soit dans la création en tant que comédienne ou même metteur en scène ; j’aime bien travailler à deux et envoyer les idées et monter un tas de choses…
Mais cela ne crée pas de conflit ?
Magali : Si tu es sur la même ligne artistique, si au départ tu as bien discuté et que tu veux bien la même chose, c’est un régal. C’est un régal parce que justement tu te renvoies des choses, parce que ce que dit l’un parle à l’autre et ce que dit l’autre parle à l’un, et que du coup… ça développe vachement plus de choses que quand tu es tout seul dans ton monde avec tes petites idées, quoi.
Ce spectacle n’a pas été créé spécialement pour l’extérieur, il vous faut souvent l’adapter ; cela vous pose-t-il des problèmes particuliers ?
d39205b4265835b50d486cbf5b524ff4.jpgMagali : Il y a des endroits où il est complètement injouable, ça c’est évident. Ici ça se joue avec un micro parce que c’est le plein air… on a des petits micros-cravates parce que le son se perd, et qu’en plus le public n’est pas vraiment discipliné, il n’y a pas de mur derrière, il y a le vent les oiseaux etc. là on avait besoin d’un p’tit soutien son. Sinon, ça nous arrive de jouer en extérieur, mais c’est quand même un spectacle qu’on a créé au départ à l’intérieur, pour le théâtre ; on a joué tout d’abord en salle et puis on nous l’a demandé plusieurs fois en extérieur. Donc on a commencé, la première fois c’était dans des conditions les plus horribles, ça nous a bien… y avait une tempête de vent, genre avec des rafales à 150 : y avait tout qui s’envolait, on n’avait pas de micro, on n’avait pas de loge et on n’avait pas de fond. Et on lui disait : bon ben peut-être, vous savez quoi : on revient le jouer une autre fois. « Non ! Pitié ! Jouez ! Jouez ! » Et ça a été joué dans un truc ! On avait tout qui volait quoi, on voyait rien, la nappe partait, on avait essayé de tout scotcher, de tout gaffer : pffft ! Rien à faire. Et là on s’est dit : bon, si on a passé le truc aujourd’hui, après, dans d’autres conditions, on pourra vraiment le jouer en extérieur.
Il a été baptisé, quoi… Il y a marqué sur le programme : « co-écrit », vous avez tout fait toutes seules ?
Magali : Oui ; au début, on voulait partir sur une comédie musicale… grotesque, mais vraie. On avait écrit des chansons, tout ça, c’était un spectacle culinaire, parce qu’on est intéressées toutes les deux par la cuisine, on aime ça – bon on a les vieilles obsessions qui ressortent hein… Et puis, on l’a présenté trois fois puis on s’est dit que c’était vraiment trop pourris, quoi… Bon ça va, ça passait, mais c’était quand même de qualité assez médiocre. Et donc, on a fait appel à Olivier DEBOS, qui a créé l’Arpette, il y a dix ans. De toute façon, on le faisait dans sa compagnie : il nous avait déjà filé un coup de main sur la mise en scène etc. Puis là on lui a dit : écoute, nous ça nous convient pas, ça nous plaît vraiment pas, on est pas contentes du résultat. Donc on lui a dit : écoute on va y aller en clown direct, quoi ; puisque c’étaient des personnages clownesques mais on travaillait sans nez. Et puis voilà, on a totalement remis en scène, totalement réécrit. Alors il ne restait plus beaucoup de chansons !

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Le spectacle évolue au fil du temps ?
Magali : Oui. Là, ça fait… deux ans… un an et demi qu’il tourne. Mais bon il n’était pas pareil il y a un an et demi ; et puis on le retravaille au moins une fois par an, voire deux fois par an : on le rebosse, on remet en scène, on rechange des morceaux ; enfin, on est en perpétuelle ouverture.
Quelle(s) projection(s) fais-tu pour la suite ? Est-ce qu’il t’est déjà venu à l’esprit de faire un jour autre chose ?
Magali : Oui, ça m’est déjà venu à l’esprit parce que c’est quand même pas facile. C’est un vrai métier de plaisir, avec ses difficultés – mais je pense que c’est dans tous les métiers pareil. On est quand même dans la précarité permanente [notez ce magnifique oxymore !] : avoir le Statut d’Intermittent c’est bien mais le Statut d’Intermittent il faut savoir que ça dure huit mois.
Tu travailles dix mois pour huit mois de décomptés ?
Magali : Oui, enfin… ils peuvent remonter à dix mois pour voir ce que tu as fait, mais tu as 243 jours d’indemnités, ce qui tombe à huit mois. Alors après c’est reporté, etc. donc tu peux arriver à dix mois ; mais enfin ça veut dire que de dix mois en dix mois tu sais pas de quoi tu boufferas l’année d’après. Alors c’est vrai que moi c’était pas des questions que je me posais quand j’avais vingt cinq ans, mais là j’en ai trente neuf, bientôt ; j’arrive à la quarantaine, j’ai deux gosses et j’ai pas envie de leur faire subir cette précarité-là, quoi. Et donc c’est vrai oui, depuis que j’ai des enfants… d’abord ça m’a mis au spectacle pour enfants parce que j’ai envie de partager avec eux ; et ça m’a fait poser des questions, dans les périodes de creux, oui, je me dis : qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Dans quel autre métier j’aurais du plaisir ?
Et tu as une réponse à cette question ?
Magali : Ben je ne sais rien faire ! … Ah si ! La cuisine… mais bon…

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Par contre, si tu continues (puisque tu aimes ton métier) quelle sera la suite du programme ?
Magali : Ben, là j’ai pas de projet à long terme… alors si, j’ai des trucs en cours : là en ce moment, avec l’Arpette on est en train de monter une « tribu de clowns ». Parce que l’Arpette est vraiment spécialisée dans ce qu’on appelle le « nouveau clown », comme il y a le « nouveau cirque »…
Il y a quand même toutes les bases du clown classique, non ?
Magali : Oui, mais le nouveau clown travaille beaucoup sur le pathos, sur le mal-être qu’il a… Et puis c’est beaucoup plus fin. Le clown traditionnel c’est un clown de cirque on va dire, qui est fait pour un public qui est à 360°, qui travaille beaucoup en visuel. Le nouveau clown d’abord il peut parler, beaucoup. Ben on voit, Mazarine elle tchatche beaucoup, ça se voit rarement dans les numéros de cirque – sauf quand le clown blanc était le présentateur lui-même, ce qui arrive. Puis c’est un travail de théâtre, donc on est pas dans le même rapport avec le public. Le public est présent, hein, il n’y a pas de quatrième mur, le clown est présent face à son public etc. mais ce sont des choses qui peuvent être plus fines, plus petites, et des fois plus décalées aussi.

Merci à Magali pour ces réponses. L’interview n’est pas finie, la deuxième et dernière partie paraîtra bientôt. En attendant, admirons cette coupure de presse, où l’on peut voir que c’est une photo de « Nez pas gourmand qui veut » qui a été choisie pour illustrer un article sur ces 11èmes Siacreries !

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04/04/2007

Annulation (nouvelle question " transversale ")

Pour cet article, j’ai souhaité poser une question à certains artistes qui ont été partie prenante de la mésaventure suivante :

« S’il vous est déjà arrivé d’annuler un de vos spectacles, ou bien de jouer dans un spectacle annulé pour une raison ou pour une autre, comment avez-vous vécu un tel coup ; et surtout, surtout, le travail accumulé pour ce spectacle a-t-il été perdu ou bien a-t-il pu servir de matière pour autre chose ? »

 

Emmanuelle LORRE (Cie l’ÉPIGRAMME) : Oui, ça m'est déjà arrivé d'annuler. Mais une date (ou quelques dates) seulement. Pour cause de maladie (grave) ou par manque de réservations. J'ai connu des projets qui ne voyaient pas le jour, mais je n'ai jamais été, en tant que comédienne, sur une pièce qui finalement ne s'est pas jouée après avoir été travaillée.

medium_Illustre-Emmanuelle_Lorre-07.2.jpgMais en tant que metteur en scène oui. J'avais l'an dernier été appelée par une compagnie pour faire une mise en scène. Et, en cours de route, à environ un mois de la 1ère, les 2 comédiens m'ont fait savoir qu'ils renonçaient au projet dans l'immédiat et annulaient les dates prévues. Ils estimaient ne pas pouvoir être prêts à temps. J'ai très mal vécu cette expérience. C'est douloureux. Tu as l'impression d'être rejetée, trahie, d'avoir fait du sale boulot. D'autant plus que les 2 comédiens ne m'avaient pas fait par de leurs doutes, de leurs craintes, avant de prendre cette décision. Ils en ont parlé entre eux, se sont bien monté la tête, ont pris leur décision dans leur coin, puis m'ont mise devant le fait accompli. Sans que je puisse rien dire, rien faire, rien changer. Ca m'a laissé un goût amer. Et au final, l'impression d'avoir perdu mon temps. De m'être trompée aussi. Donc, pour le moment, je ne peux pas dire que le travail accumulé sur ce spectacle me serve de matière pour une autre création.

 

medium_Blogatoire-Sophie-01.jpgSophie SERGIO (Cie ALCANTARA) : Il m'est arrivé qu'un spectacle soit carrément annulé (et jamais repris) après des mois et des mois de répétitions ; c'est très douloureux, mais j'ai enchaîné aussitôt avec mon premier bébé, j'avais donc d'autres préoccupations ! Il nous est arrivé également d'annuler des dates, fautes de réservations, c'est moins grave car tu sais que le spectacle sera quand même joué ultérieurement.

 

Quant à Lysie PHILIP (Cie ANTIPODES), elle m’affirme n’avoir jamais vécu ce genre de situation, que son expérience et encore plus son flair l’ont pour l’instant mise à l’abri de ce genre de mauvaise surprise.

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Nous terminons avec le très prolixe Noël DUCHÊNE (Cie CÉLIANDRE) : Je dirais d'abord qu'il faut évoquer les motifs d'une annulation ! Comédien malade ou public absent, dans la plupart des cas !

Encore que nous ayons vécu à l'IMPASSE le cas du comédien ET du public absent… moins gênant !… sauf pour boucler le budget !

Le cas du comédien qui te tient en bateau aussi jusqu'au dernier moment… etc. etc. mais ce sera un prochain blog !

Comment vit-on le coup ?

D'abord, y a pas mort d'homme !

Ensuite ça arrive à tous !…?… Sauf de très rares exceptions et qui doivent avoir une volonté de fer ! Car ce qu'on vit le plus durement et le plus souvent dans nos petites salles, c'est sûrement l'absence de public… ou peu de public… "y a 4 personnes que fait-on?"… 5 ? 6 ?… 10 ?… 2 ? ! [ la règle la plus simple en général étant la suivante : au moins autant de spectateurs dans la salle que de comédiens sur la scène. NdR]

On se pose plein de questions… Sur soi…"Ça plait pas ?"… "Pas assez bon ?"… Sur eux… "Mais y sont où ?… " Ils sont tous devant la télé nos chers spectateurs ?"…

Le comédien malade, tu lui apportes des vitamines, tu te fais une raison, un peu comme un accident… Ou tu le remplaces au pied levé et le "spectacle continu"… Te souviens-tu dans "ZOO" ? On a traversé une époque de grippe et chacun notre tour on défaillait… Ou en remplaçait ! Mais on n'annulait pas !

Le public absent… Ça c'est le pire… Là tu sens bien le poids de ton travail sur les épaules, tout ce que tu voulais donner montrer partager… Il te reste là, sur le ventre avec en plus le poids du trac que t'avais avant d'apprendre que c'est annulé !… Tu ne regrettes pas le temps que tu viens de passer en répétition, en préparation ou en concentration… Tu regrettes de ne pas pouvoir vivre ce moment auquel tu t'es préparé, ce moment que chacun d'entre nous, comédien, savoure comme une liqueur ou un élixir… Le plaisir d'être sur scène devant un public et encore une fois ce partage de vibrations, d'émotions…

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Alors ce public, c'est combien ?…

il m'est arrivé de jouer, il nous est arrivé de jouer pour 4… moins, c'est un exercice difficile… L'appréhension, le trac ne suit pas de règle mathématique, tu peux avoir peur devant 10 ou devant 10000 mais 4, c'est très flippant… Tu sais que tu dois jouer comme si la salle est pleine ta pièce et en même temps tu sais qu'il n'y a que 8 yeux, tu veux pas non plus les mettre mal à l'aise (car pour le public, c'est pas évident non plus !) en t'adressant qu'à eux, tout le temps (ça fini par te faire croire que tu fais le forcing pour les emmener ou les tenir dans tons univers)… C'est bizarre comme sensation et en même temps cela peut être encore plus stimulant, au risque de tomber dans une surabondance d'énergie… Mais c'est pas le sujet ! Autre blog !

Annuler pour "public absent" et définir la limite du jouera-jouera pas, c'est relatif d'un comédien à l'autre, d'un spectacle à l'autre, d'une motivation à une autre, d'un théâtre à l'autre… C'est aussi souvent le coté pécuniaire qui l'emporte (les recettes moins les frais de régie, location, éclairage… ça peut coûter cher de jouer pour 2 !)…

 On peut annuler… mais ce qui en ressort le plus souvent comme sentiment, et ce sera ma conclusion, c'est de la MOTIVATION ! "jamais cela ne se reproduira " "je vais contacter tous les gens que je peux" " je vais afficher" "je vais bouger" "et la semaine prochaine, même s'il y en a un spectateur de moins, je jouerai et je donnerai tout ! Car alors, la fois d'après, y en aura sûrement un de plus !"

 

Peut-être que certains lecteurs de ce blog ont vécu eux aussi ce genre de situation malheureuse. Il serait sûrement intéressant de rajouter ici leur témoignage à la suite des quatre premiers. C’est la raison pour laquelle j’ai ajouté, dans la colonne de gauche, sous la photo qui sert d’emblème à ce blog, une adresse e-mail pour permettre à chacun de me joindre sans avoir à poster un "commentaire". Comme par exemple, ici, pouvoir apporter sa réponse à la question posée.

10/11/2006

Elles chantent

Je n’ai jamais vraiment abordé l’univers des chanteurs et des musiciens, essentiellement parce que ce n’est pas mon domaine. Mais récemment j’ai rencontré une ex partenaire de scène, qui elle est chanteuse professionnelle. A l’occasion du prochain spectacle qu’elle prépare avec un groupe, Marie-Pierre FOESSEL a accepté volontiers de répondre à quelques questions, accompagnée par une amie et autre membre du groupe : Isabelle TOSI.

La conversation s’étant prolongée durablement, j’ai du scinder l’article en trois parties, afin que cette note ne s’étire pas trop en longueur (et encore, j’ai ôté les rires qui prenaient bien dix minutes à eux seuls).

(Les informations pratiques concernant leur spectacle sont à la fin de cette note.)

Pour commencer, racontez-nous la genèse de votre spectacle :

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-01.jpgMarie-Pierre : Isabelle et moi nous nous connaissons depuis six ans, lors de notre rencontre dans la compagnie de MIRAN, dans un spectacle sur Léo FERRÉ (« Bordeaux-Paris-Ostende »). Cela faisait un moment qu’on voulait faire quelque chose ensemble. Notre rapport était assez fort, et nous sommes restées amies. J’aimais bien comme elle chantait, elle aimait bien comme je chantais… Au départ on était partie pour un travail sur Jacques BREL, mais les circonstances ont fait qu’on n’a pas pu réaliser cela.

Au départ vos sensibilités se rejoignaient déjà.

Marie-Pierre : Et puis on a des voix qui se complètent.

Isabelle : On cherchait ce qu’on pourrait faire ensemble et Mapie m’a dit : « ce serait bien qu’on travaille sur Michel LEGRAND ». Et comme je suis chanteuse réaliste français à la base, et que je cherche à aller vers le jazz, au moins là il y avait les deux. Voilà comment est partie l’idée.

Marie-Pierre : Je suis plutôt chanteuse traditionnelle à la base, chanteuse folklorique…

Isabelle : Elle chante avec un doigt sur l’oreille !

Marie-Pierre : J’ai chanté pas mal avec le Corou de Berre. Je me suis un peu attardée à faire travailler des ensembles de musiques traditionnelles. Et depuis un an et demi, j’étais à Monaco en formation classique de chant, pour acquérir des techniques. Et cette année je prends un virage, comme Isabelle, je m’oriente vers le jazz. C’est du jazz populaire, du jazz variété, c’est pas du jazz de puriste – mais ça peut l’être aussi.

Mais quelles sont vos compétences en jazz ? Lorsqu’on parle de cette musique, le néophyte pense à quelque chose de très technique…

Isabelle : Le jazz bien sûr que c’est technique, mais ça demande aussi énormément de feeling. Moi je ne lis pas une note, je fais tout au feeling.

Marie-Pierre : Et Isabelle a été très fine sur ce coup-là, puisqu’elle nous a ramené des musiciens qui sont des pointures.

Et vous êtes à leur niveau ?

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-03.jpgIsabelle : C’est un travail d’équipe. Il est bien évident qu’on ne va pas nous demander de remplacer la trompette en faisant des vocalises comme le faisait Sarah VAUGHAN ou Ella, on est dans la « variét. jazz » ; la base jazz, bien sûr il y a de la technique, mais elle vient surtout de l’oreille, et je crois que pour ça, Marie-Pierre et moi on n’a pas de soucis.

Vous n’irez pas dans une école, vous allez démarrer directement avec le groupe que vous avez formé ?

Marie-Pierre : C’est ça, il vont nous donner le ton et nous on va s’accrocher… 

Le but était de créer un groupe ou bien l’avez-vous formé uniquement pour ce spectacle ?

Marie-Pierre : Pour l’instant c’est un spectacle qui s’intitule « Quand ça Balance », du titre d’une chanson de Michel LEGRAND. L’objectif n’était pas de former un groupe, simplement réunir des musiciens et des comédiens autour du projet.

Isabelle : On n’a pas crée de compagnie. Je travaille régulièrement avec Claude BOUÉ. [C’est une personne dont on a déjà parlé auparavant. Voir l’article consacré au spectacle : « les Invisibles » en cliquant ici ».] Je lui ai demandé s’il pouvait nous produire, et il nous a dit oui tout de suite. Donc on n’a pas monté notre compagnie, on est produit par Claude BOUÉ qui adore Michel LEGRAND et…

Marie-Pierre : On va peut-être passer sous le chapiteau !

Isabelle : … et on va certainement passer sous le chapiteau. On a le Navire qui s’occupe de nous au niveau administratif, qui s’occupe de vendre les spectacles, de nous trouver des subventions. Parce que Claude aime bien ce qu’on fait et qu’il adore LEGRAND.

C’était la personne qu’il fallait quand il fallait !

Isabelle : En plus il a dit oui de suite, on s’est entendu de suite, il a compris le projet de suite… 

Donc c’est la rencontre entre vous trois qui s’est faite au bon moment ; et pour les musiciens aussi c’est une histoire de rencontre ?

Isabelle : Exactement. Le pianiste, on l’a connu ensemble il y a six ans dans la troupe de MIRAN, Bruno MISTRALI. C’est un très bon pianiste qui sait accompagner les chanteuses, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Le contrebassiste Kevin TARDEVET je l’ai rencontré cet été dans la troupe de MIRAN aussi ; j’ai flashé de suite, car c’est une personnalité, il est lumineux, toujours de bonne humeur, et en plus c’est une pointure de jazz. Et c’est lui qui nous a présenté le batteur, qui lui aussi est une pointure de jazz. Le gars qui joue dans la salle de bain et qu’on n’entend pas…

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Marie-Pierre : Si quand même un peu !

Isabelle : Oui, mais c’est pas le gars qui vient du Rock, qui bastonne et qui casse la voix des chanteuses. C’est un vrai musicien.

C’est une pique pour les gens qui jouent du Rock ?

Isabelle : Non, non, je les adore, mais c’est vrai que les batteurs de Rock on tendance à bastonner, et c’est normal, c’est le Rock…

Comment préparez vous ce spectacle ?

Isabelle : On va essayer de le « théâtraliser ». Ce serait bien de ne pas avoir qu’un tour de chant basique, on veut au moins une mise en espace des tableaux. J’ai un ami d’assez longue date qui s’appelle Fabien DUPRAT, qui est metteur en scène, comédien et chanteur, qui est génial, il sait tout faire.

Un nom connu !

Isabelle : Oui, il a travaillé avec le Collectif-8, le Théâtre de Nice, il a une compagnie italienne…

Marie-Pierre : D’ailleurs, il ne va pas seulement faire la mise en scène, il va jouer et chanter avec nous. La aussi c’était la rencontre idéale.

Décidemment, ont peut placer votre aventure sous le signe de la rencontre.

Changeons de sujet, et parlons du statut des Intermittents du Spectacle, pouvez-vous nous en dire deux mots, tant du point de vue de vos propres expériences que d’un point de vue plus global ?

Marie-Pierre : Je peux faire une réponse personnelle, qui n’engage que moi. J’ai été intermittente du spectacle pendant quasiment cinq ans, c'est-à-dire que je n’ai vécu que de ce statut, en étant inscrite aux ASSEDIC, en pointant les cachets tous les mois etc. Au terme de ça, j’en ai eu un peu assez de ce système.

De ta vie d’intermittente ou bien du système lui-même ?

Marie-Pierre : Le système dans lequel il fallait absolument avoir 43 cachets etc. Et finalement moi ça m’a coupé de mon plaisir dans le sens où je ne travaillais pas que dans ce que j’aimais, j’étais aussi obligée de faire de l’alimentaire. Je parle pour moi, attention. Pour les autres intermittents, je ne peux pas m’exprimer.

Pendant cinq ans, tu es arrivée à ne vivre que de cela ?

Marie-Pierre : Au prix quand même de sacrifices et du fait de faire des choses qui n’étaient pas forcément dans les aspirations que j’avais au départ.

Tu ne faisais que chanter, ou bien tu devais faire d’autres activités, comme enseigner par exemple ?

Marie-Pierre : Je ne faisais quasiment que chanter ; chanter dans les prisons parfois, dans pleins de circonstances différentes… parfois pour des trucs qui ne m’intéressaient pas…

Dans les Alpes-Maritimes, un chanteur peut vivre en étant intermittent seulement ?

Marie-Pierre : Bien sûr. En ce moment, je ne vis plus par rapport aux ASSEDIC, mais en tout cas, je tiens toujours à être déclarée quand je fais des cachets, ça c’est très important pour moi. Mais je travaille à mi-temps à côté, pour pouvoir assurer ma survie.

Ca te permet d’avoir plus d’indépendance par rapport à tes choix ?

Marie-Pierre : Oui. Et puis surtout, moi je cherche une forme de sécurité, dans le sens où j’essaye de me diplômer, pour pouvoir aussi privilégier l’enseignement, être plus sécurisée grâce à un métier à vocation artistique, afin de ne pas dépendre que de l’aléa.

C’est la fin de cette première partie de l’interview, vous en aurez la suite très prochainement.  

Ce spectacle, qui s’intitule donc « Quand ça Balance », sera présenté les :

 Vendredi 8 et samedi 9 décembre à 20h30 et le dimanche 10 décembre à 16h00

Au Centre Culturel de la Providence 4, placette de la Providence

(Dans le Vieux-Nice, proche de la colline du Château.)

(Une avant-première, destinée aux journalistes, institutionnels et gens du métier est prévue le jeudi 07 décembre à 20h30.)

TARIFS :

Normal – 15 €

Réduit – 10 €

13/17ans – 6€

Moins de 13 ans - gratuit

20/10/2006

La Cantatrice au lycée

Comme je l’ai souligné avant-hier dans la première partie de cet article, plusieurs lycées étaient largement représentés ce soir là, notamment le lycée Henri MATISSE de Vence, et le Lycée du Parc Impérial à Nice. Apparemment, les enseignants ne s’étaient pas concertés. Dans le cadre de leur étude du français, les professeurs avaient proposé à leurs élèves d’aller voir « la Cantatrice Chauve », après avoir étudié le texte en classe.

La représentation terminée, quelques élèves de la classe de Première du lycée Henri Matisse ont accepté de répondre à trois questions :

 

L U C :   Est-ce que vous aviez déjà assisté à une représentation théâtrale avant celle-ci ou bien est-ce que, grâce à l’initiative de votre professeur, vous voyez ce genre de spectacle pour la première fois ? Qui répond en premier ? Allons, honneur aux filles :

 

Ma mère est prof de théâtre, donc j’ai pas trop le choix (rire) !...

 

Professeur ? Ou cela ?

 

A La-Colle-sur-Loup.

 

Elle a une compagnie ?

 

Oui, la compagnie « la Clef des Arts ». Je vais souvent à ses répétitions, et même aux spectacles de fin d’année qu’elle fait. Quand elle travaille dans les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques...

 

Vous n’avez pas eu besoin du secours du lycée pour vous diriger vers le spectacle vivant.

 

Voilà.

 

Et vous ?

 

Moi en fait, ce sont mes grands-parents qui m’emmènent souvent à La-Colle, et j’ai vu déjà plein de représentations, telles que « la Leçon », de IONESCO, qui est pas mal. J’ai vu beaucoup de choses quand même. C’est très intéressant le théâtre...

 

Et ce jeune homme ? 

 

En fait c’est ma mère qui m’emmène souvent au théâtre, mais en général ça m’intéresse pas, mais là c’était quand même plus intéressant là.

 

Là aussi, ce n’est pas le lycée qui vous pousse pour la première fois à aller voir un spectacle.

 

Non, non.

 

Et vous ?

 

Et bien moi, c’est vraiment la première fois que j’allais au théâtre, parce que je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni le temps, ni les moyens… Vraiment, pour ma première fois, ça m’a pas dérangé d’aller avec le lycée, au contraire, au moins ça m’a poussé vraiment à y aller. Et puis ça m’a vraiment plu. Je pense que je renouvellerai l’expérience mais personnellement quoi, parce que ça m’a vraiment plu.

 

   

Pourriez me donner un mot, un seul, qui définisse le spectacle que vous venez de voir ?

 

« Divertissant »

 

« Étonnant »

 

« J’sais pas » (rire)

 

« Original »

 

« Spécial »

 

(silence)

 

« Absurde »

 

 

Que vous apportera ce genre de soirée ?

 

On aura une vision plus pointue, pour avoir plus de critique ; et pouvoir plus regarder les idées derrières.

 

On sera beaucoup plus expérimentées après pour le théâtre, on saura exactement lorsque ce sera bien ou mauvais par rapport au jeu des acteurs ; et puis aussi on pourra donner de très bonnes critiques par rapport à ce genre de théâtre.

 

Ce sera toujours une référence en plus, ça permet d’en savoir plus sur le théâtre, et puis ça me donnera peut-être envie d’aller plus tard voir une autre pièce.

 

Oui, je trouve que c’est assez enrichissant, pour le Bac déjà ça sert beaucoup, et juste pour après, plus tard, c’est intéressant, c’est vrai qu’après on pourra plus juger. Pour la culture je trouve ça intéressant.

 

Vous qui venez pour la première fois voir un spectacle, ça vous donne envie de continuer ?

 

Oui, de voir d’autres pièces, grâce à ça... c’est vrai que ça donne envie.

 

 

Nous avons dû stopper ici l’entretien, car nous sommes allés assister aux "prolongations", baptisées « (et autour) ». Deux spectacles en réalité : l’un avant, l’autre après. Je n’ai pu assister au premier, mais je tenais à rester pour le second. Sophie DUEZ avait organisé pour nous cette soirée regroupant plusieurs textes de Pierre DAC, René de OBALDIA, Raymond DEVOS, Henri MICHAUX... tous centrés autour de l’univers de l’absurde. Un ring avait été installé pour l’occasion dans la corbeille, au milieu des fauteuils, et servait de scène au comédiens qui venaient s’amuser à dire ces textes. Un moment bon enfant pour terminer la soirée.