22/09/2009
Bouillon de culture
Après la période estivale, certaines salles font une présentation de leur programme de la saison. C’est le cas du Théâtre de la Semeuse, toujours en lien Colonne de Gauche.
J’ai ainsi eu la chance d’être convié à une conférence de presse qui a eu lieu le jeudi 17 septembre, dans l’ancienne chapelle désacralisée et "rebaptisée" depuis Centre Culturel de la Providence. En effet, cette association gère désormais deux salles : le théâtre de la Semeuse (montée Auguste Kerl) et la Providence (rue Saint Augustin). Frédéric REY, qui dirige ce lieu depuis plusieurs années maintenant, devait jouer le rôle de maître de cérémonie.
En guise de préambule, il nous confirmait que la programmation musicale à la Providence puisait ses choix dans la musique ancienne et baroque, ainsi que dans ce qu’on appelle la musique du monde.
On pourra ainsi découvrir, entre autres, un spectacle assez particulier, intitulé le Cabinet des Curiosités de William Shakespeare. Ce qu’on appelait autrefois un cabinet des curiosités représentait l’ancêtre des musées ; le public sera sensé être plongé dans l’intimité créatrice de ce grand auteur. (La brochure précise qu’en raison du lieu et de l’installation, le nombre de spectateurs est limité à 30.)
Nous avons pu ensuite admirer un extrait du spectacle de Flamenco du groupe Kaena Colora. Moi qui n’ai jamais été bercé par ces sonorités, j’avoue avoir été totalement séduit par la virtuosité des deux musiciens, un percussionniste assis sur son instrument et un guitariste aux mains fines et longues et à l’habileté diabolique.
Autre spectacle à signaler, à la Semeuse cette fois-ci : Solo Para Paquita, comédie aigre-douce écrite en 1997 par Ernesto CABALLERO.
" Paquita est madame tout le monde. Elle souffre de la solitude et pour y remédier, s'inscrit au Bingo. Là, elle rencontre un homme, avec lequel elle partage une aventure. Elle est amoureuse, il va l'oublier. L'auteur pose la question du passage à l'acte au travers de la déception amoureuse. "
La Mise en scène est signée Émilie PIRDAS, de la Cie le Cri du Cœur et la comédienne, Isabelle BONDIAU-MOINET, est issue de la CieALCANTARA. Leur ayant demandé si elles avaient quitté leur compagnie respective pour en fonder une troisième, elles m’ont répondu qu’il s’agissait d’une simple envie de travailler ensemble sur ce projet. Que chacune d’elle marquait seulement une pause dans leur activité habituelle.
Vous pouvez télécharger le programme détaillé de chacune des deux salles (deux programmes distincts) en allant sur le site de la Semeuse : cliquer sur le lien en haut de la Colonne de Gauche. Ces programmes vont jusqu’au mois de décembre, au-delà… il faudra une deuxième soirée de présentation !
Durant le cocktail, Frédéric REY a répondu à ma question : comment se décide la programmation à la Semeuse ?
Je suis responsable de la programmation, mais je travaille quand même beaucoup en association avec Isabelle WARNAAR, pour tout ce qui est jeune public, et je travaille beaucoup avec Fanny aussi pour essayer de trouver des choses ; parce que plus on est nombreux à aller voir des spectacles, un peu à droite à gauche, et mieux c’est.
Bon, c’est vrai que j’ai des thématiques qui me sont chères, le théâtre contemporain m’intéresse beaucoup et depuis toujours. Donc c’est vrai que je vais chercher des choses dans le répertoire contemporain. C’est pour ça par exemple qu’on va voir Solo Para Paquita…
Ça, c’est côté théâtre, à la Semeuse…
Côté théâtre. Pour tout ce qui est théâtre, je suis plus dans le répertoire contemporain et j’essaie d’alterner des choses grand public comme le Clan des Veuves, puis des choses plus pointues. Mais l’idée c’est l’éclectisme. La programmation elle est dans le répertoire contemporain, mais dans ce répertoire là, c’est varié.
Mais alors, pourquoi cette différence entre programmation théâtrale orientée vers le contemporain et programmation musicale qui privilégie la musique ancienne et le baroque ?
Je trouve que c’est aussi une question de lieu. C'est-à-dire qu’on a un lieu là-bas [la Semeuse] qui est plus moderne dans son architecture, ici [l’entretien a lieu à la Providence] c’est un lieu qui date de 1669. Et c’est vrai qu’il y a là une forme de sacralité. Les musiques anciennes, les musiques baroques, c’est merveilleux au niveau des sonorités, de l’acoustique, c’est extraordinaire.
Et aussi, au-delà de ça, toutes les musiques étrangères, et notamment la musique indienne qui est liée au rite, la religion, à des choses comme ça, ou le Flamenco, qui est une chose plus populaire… à chaque fois, ici, cela prend une dimension fabuleuse.
Et c’est aussi un goût personnel. Parce que j’avoue que je suis très ouvert sur la culture étrangère ; personnellement je voyage beaucoup, et c’est vrai que j’ai un besoin de ramener tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai entendu… j’ai envie de le ramener à la Providence pour le faire découvrir.
Tes collaboratrices et toi-même allez voir beaucoup de spectacles et c’est cela qui te permet de les programmer. Mais est-ce qu’il vous arrive de présenter des spectacles que vous n’avez jamais vus ?
Pour une création, c’est le cas : un projet de création, je ne l’ai pas vu ! Mais il y a des équipes que l’on suit depuis plusieurs années, on sait ce qu’ils sont, ce qu’ils font, donc on fait le pari de travailler avec eux. Alors parfois ça donne des choses très bien, puis des choses moins bien…
Tout à l’heure, on entendait Aurélie PEGLION parler de son projet ; Serge PESCE on le connaît depuis des années, c’est un musicien qui est connu ici ; la compagnie ARKETAL, pour les marionnettes, elle est très connue ; Baudouin, il a fait je ne sais combien de bandes dessinées, Salade Niçoise etc.
Après avoir remercié mon hôte, il ne me restais plus qu’à espérer un public nombreux, chose qui n’est jamais assurée, même lorsque les spectacles sont de qualité, hélas.
Je reste malgré tout optimiste car cette soirée là m’a donné une impression de grand bouillonnement, d’une culture qui vit et s’épanoui peu à peu, et j’aime ça.
Et puis, bientôt, le parvis de la Providence sera transformé en théâtre à ciel ouvert (sans jeu de mot) comme le montre la photo ci-dessous :
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17/04/2009
Ca ne se voit pas
Cette annonce devait commencer par :
« Première ce soir de Ô les beaux jours de Samuel BECKETT »
Malheureusement, ce spectacle est annulé. Un spectacle annulé, cela me rend toujours triste. Pas assez de spectateurs ? Des soucis dans la troupe ? Je le dis souvent, pour un projet qui voit le jour, combien restent dans les tiroirs !
Dommage. Cette pièce (crée aux Etats-Unis en 1960 et crée en France en 1963 avec Madeleine RENAUD) intégrait les directions de mise en scène écrites par l'auteur lui-même et que la Cie Série Illimitée avait choisi de suivre.
Moins connue que En attendant Godot, elle est tout aussi déroutante de prime abord : Le personnage principal, Winnie, est à moitié ensevelie en haut d'un monticule de terre. Elle trompe son ennuis, et l'idée de la mort, avec des mots, et des actes du quotidien.
Je pense toutefois que la compagnie trouvera le moyen de produire son spectacle une autre fois. Il serait surprenant qu'un tel investissement en temps et en travail soit laissé au placard.
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Heureusement, il nous reste une, et une seule, représentation d'un spectacle chanté (« encore un ! » vous exclamez-vous - Mais oui, ça vaut le coup...)
Ce samedi 18 avril à 21h00.
Prince.S
Conte de fées swing
« Et si le Père Noël affrontait le Prince Charmant en duel pour lui piquer la Princesse ? Ils règleront ça à coup de pompes manouches sans pitié.
Venez découvrir le spectacle de musique actuelle de la compagnie Une petite Voix m’a dit… dans un concert unique à l’Espace Magnan. Revu et corrigé au cours d’une longue et traumatisante séance d’hypnose sous Walt Disney. »
Espace Magnan
Rue Louis de Coppet
06000 Nice
Réservations – renseignement au 04 93 86 28 75
Clément ALTHAUS (Chant - Guitare – Prince)
Harmony GOMILA (Percus numériques et acoustiques - Chant - Princesse - blonde à forte poitrine)
Patros BUSUTTIL (Guitare - basse - chant - Père Noël exhibitionniste)
Texte et musique : Clément ALTHAUS
Pour se rincer l’œil et l’oreille, cliquez ICI ou encore LA
« Un conte musical étonnant, au cours duquel le trio déjanté et génial a chanté de la techno, du Bach, du flamenco... En tenue de prince, de Père Noël, de chat et aussi en vraie blonde de blagues. Melting-pot heureux et rythme tenu. Le tout mené presto avec même un duel rap improvisé. Une réussite.»
Midi Libre
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Ensuite, un spectacle auquel pourront assister les heureux habitants de la région grassoise (heureux car le Théâtre de Grasse a une programmation remarquable depuis quelques années, j'y reviendrai)
Entre Autre
De et par Jean ROCHEFORT
C'est une promenade en compagnie des auteurs qu'affectionne ce grand comédien, ainsi qu'au milieu de souvenirs tour à tour drôles et touchants.
Dans cet exercice proche du one-man-show, il est épaulé par un accordéoniste réellement virtuose : Lionel SUAREZ. Celui-ci nous montre tout ce que l'on peut faire avec un pareil instrument (ou plutôt : tout ce qu'il peut faire !)
J'ai assisté à ce spectacle au TNN, le mois dernier, ainsi qu'à celui de Fabrice LUCHINI, dans un genre assez proche.
Malgré tout le talent que je reconnais à ce dernier, malgré toute sa légende - méritée - qui le précède, j'ai quand même préféré le côté « familial », non fabriqué de Jean ROCHEFORT.
Les premiers jours, j'avais stupidement conclu que celui-ci était tout simplement moins précis, moins technique que Fabrice LUCHINI, mais c'est une erreur. Le comédien à la moustache sait parfaitement mener sa barque, mais ça ne se voit pas ! C'est lorsque la technique devient transparente qu'elle est parfaitement maîtrisée.
Théâtre de Grasse
2, avenue Maximin Isnard
GRASSE
Renseignements – réservations : 04 93 40 53 04
Tarifs : 34 – 31 - 22 €uros
(C'est un peu cher, parfois le Théâtre de Grasse pratique des tarifs plus élevés que la moyenne ; parfois seulement. C'est son seul défaut.)
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Enfin, tout le week-end, se jouera
NOCES DE SABLE
Par la Cie La Java
Avec : Claire DEVAL et Ali BOUDIAF
La pièce de théâtre du prix Goncourt (niçois !) Didier Van CAUWELAERT, raconte l’histoire de Sylvie, écrivain. Son amant l'a quittée. Elle en a perdu son inspiration : elle ne parvient à écrire que si elle a un modèle sous les yeux et une émotion au coeur. Elle va vouloir se suicider. Bruno est jardinier, un homme simple mais bon gars. Sa femme l'a trompé. Il va vouloir lui aussi en finir avec la vie. Mais Sylvie se donne une dernière chance : elle engage Bruno comme jardinier, à durée déterminée, pour voir. Bruno est encore mieux que prévu : brusque, attirant, insaisissable. Dans un roman, il ferait merveille. Pourquoi ne pas le transformer en personnage, le croquer vivant ? Le posséder au sens propre comme au figuré ? Mais le garçon comprend vite les intentions de son séduisant bourreau. La proie sort ses griffes, la victime devient geôlier.
Catherine LAUVERJON, qui a dirigé les comédiens, nous explique :
« C’est l’Écriture qui guide la pièce, en est le fil conducteur ; Didier Van CAUWELAERT se glisse au féminin dans le personnage de Sophie pour exprimer à quel point le désir de “l’autre” est un moteur pour l’imaginaire et la création, même si “l’objet” de ce désir (l’autre), doit être sacrifié aux seules fins d’une fiction restituée grâce à l’Ecriture.
Mettre en scène Noces de sable, c’est arriver à concilier la “réalité” et la “fiction”. La réalité c’est la puissance du désir, et les acteurs qui incarnent les personnages doivent jouer sur une gamme émotionnelle très riche, très réaliste : affective, sensuelle, morale, idéologique… sans oublier l’humour ; c’est dans ce sens qu’ils doivent être dirigés… La fiction c’est le rapport à l’Écriture, au livre qui s’écrit au fur et à mesure que la pièce se déroule, donnant l’impression que c’est la fiction de l’Écriture qui invente la réalité du couple, en est le maître ; un sentiment d’étrangeté se dégage. La scénographie doit “inventer” cette étrangeté, le décor doit être intemporel, épuré, afin de placer les per- sonnages hors du temps, hors des contingences matérielles. Il serait intéressant aussi d’avoir recours à des effets scéniques qui déplacent la réalité, une manière de “raconter”, de placer le public dans une fiction… Le symbolisme du sable est omniprésent, par l’adéquation évidente qu’il y a entre les caractéristiques du sable et l’union du couple. Je dirais aussi, pour terminer, que le sable peut aussi être signifié d’une manière impalpable, invisible, mais sonore : “Le chant des dunes”. C’est le son créé par les grains de sable qui, sous la pression du poids, dévalent le long des dunes, composant un chant étrange et beau. »
Je rajouterai que je connais bien les deux comédiens qui joueront ce week-end. Ils ont du charisme et du talent. (Comme beaucoup, ils ont aussi besoin d’être très bien dirigés pour révéler tout leur potentiel. Nous verrons bien.)
D’autre part, ce spectacle a déjà "tourné" dans la région, on dit qu’il est "rodé".
Conclusion : j’espère bien pouvoir y aller samedi.
Auteur : Didier Van CAUWELAERT
Direction d'acteur : Catherine LAUVERJON
Scénographie : Dom CORRIERAS
Avec la participation aux décors de Lydie DASSONVILLE (réalisation des sculptures)
Les vendredi 17 et samedi 18 avril à 21h00
Le dimanche 19 avril à 15h00
Au Théâtre de la Cité
3, rue Paganini
Nice
Tarifs : 10 – 15 €uros
Renseignements et réservations au 04 93 16 82 69
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29/01/2007
Oyez oyez
Le théâtre de la Semeuse nous annonce deux spectacles :
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« CHAMBRES »
de Philippe Minyana
vendredi 2 février à 20h30 - samedi 3 février à 20h30
dimanche 4 février à 15h
Cie 100°CTHEATRE
Mise en scène /voix off, Eric MONVOISIN
Accordéon, Grégory BEDDELEEM
Musique, Richard COVELLO
Son, Rémy FOLTÊTE
Avec Liliane DAVID, Anne-Laure JANODY
Six tranches de vie taillées dans des personnages denses. Les mots s’en échappent avec énergie, l’énergie des actes sortis d’une tragédie grecque, et pourtant ici tout n’est que fait divers à lire dans un quelconque quotidien. Deux personnes accueillent le public. Ouvreuses, comédiennes ? A part Kos, enregistré, les cinq monologues sont incarnés par deux comédiennes. Les loges à vue, la scène devient un ring. Les personnages affrontent leur passé, avec sang froid, parfois jusqu’au sang, mais sans demander grâce. Seuls les mots importent. Les mots légers, sculptés dans l’épais silence.
Théâtre de la Semeuse
2, montée Auguste KERL
06300 NICE
réservations au 04 93 92 85 08
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Au Centre Culturel de la Providence nous aurons le plaisir de retrouver l'Ensemble de musique incidentale dirigé par Hélios Azoulay. Un concert qui sera sans doute aussi inoubliable que celui de l'année dernière.
« HELIOS AZOULAY & L'ensemble de musique incidentale »
vendredi 17 février 2007 à 20h30
Après le délirant succès de son concert la saison dernière, Hélios Azoulay revient à la charge avec de nouvelles compositions. Son entreprise musicale de sabotage d’une efficacité redoutable est toujours servie par les irreprochables et talentueux musiciens de son Ensemble de Musique Incidentale. D’un genre totalement indescriptible, puisqu’il consiste à les renverser tous, la MUSIQUE INCIDENTALE est scandaleuse, cruelle et hilarante à la fois.
Centre culturel de la Providence
4, placette de la Providence
06300 NICE
Renseignements et réservations au 04 93 80 34 12
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10/11/2006
Elles chantent
Je n’ai jamais vraiment abordé l’univers des chanteurs et des musiciens, essentiellement parce que ce n’est pas mon domaine. Mais récemment j’ai rencontré une ex partenaire de scène, qui elle est chanteuse professionnelle. A l’occasion du prochain spectacle qu’elle prépare avec un groupe, Marie-Pierre FOESSEL a accepté volontiers de répondre à quelques questions, accompagnée par une amie et autre membre du groupe : Isabelle TOSI.
La conversation s’étant prolongée durablement, j’ai du scinder l’article en trois parties, afin que cette note ne s’étire pas trop en longueur (et encore, j’ai ôté les rires qui prenaient bien dix minutes à eux seuls).
(Les informations pratiques concernant leur spectacle sont à la fin de cette note.)
Pour commencer, racontez-nous la genèse de votre spectacle :
Marie-Pierre : Isabelle et moi nous nous connaissons depuis six ans, lors de notre rencontre dans la compagnie de MIRAN, dans un spectacle sur Léo FERRÉ (« Bordeaux-Paris-Ostende »). Cela faisait un moment qu’on voulait faire quelque chose ensemble. Notre rapport était assez fort, et nous sommes restées amies. J’aimais bien comme elle chantait, elle aimait bien comme je chantais… Au départ on était partie pour un travail sur Jacques BREL, mais les circonstances ont fait qu’on n’a pas pu réaliser cela.
Au départ vos sensibilités se rejoignaient déjà.
Marie-Pierre : Et puis on a des voix qui se complètent.
Isabelle : On cherchait ce qu’on pourrait faire ensemble et Mapie m’a dit : « ce serait bien qu’on travaille sur Michel LEGRAND ». Et comme je suis chanteuse réaliste français à la base, et que je cherche à aller vers le jazz, au moins là il y avait les deux. Voilà comment est partie l’idée.
Marie-Pierre : Je suis plutôt chanteuse traditionnelle à la base, chanteuse folklorique…
Isabelle : Elle chante avec un doigt sur l’oreille !
Marie-Pierre : J’ai chanté pas mal avec le Corou de Berre. Je me suis un peu attardée à faire travailler des ensembles de musiques traditionnelles. Et depuis un an et demi, j’étais à Monaco en formation classique de chant, pour acquérir des techniques. Et cette année je prends un virage, comme Isabelle, je m’oriente vers le jazz. C’est du jazz populaire, du jazz variété, c’est pas du jazz de puriste – mais ça peut l’être aussi.
Mais quelles sont vos compétences en jazz ? Lorsqu’on parle de cette musique, le néophyte pense à quelque chose de très technique…
Isabelle : Le jazz bien sûr que c’est technique, mais ça demande aussi énormément de feeling. Moi je ne lis pas une note, je fais tout au feeling.
Marie-Pierre : Et Isabelle a été très fine sur ce coup-là, puisqu’elle nous a ramené des musiciens qui sont des pointures.
Et vous êtes à leur niveau ?
Isabelle : C’est un travail d’équipe. Il est bien évident qu’on ne va pas nous demander de remplacer la trompette en faisant des vocalises comme le faisait Sarah VAUGHAN ou Ella, on est dans la « variét. jazz » ; la base jazz, bien sûr il y a de la technique, mais elle vient surtout de l’oreille, et je crois que pour ça, Marie-Pierre et moi on n’a pas de soucis.
Vous n’irez pas dans une école, vous allez démarrer directement avec le groupe que vous avez formé ?
Marie-Pierre : C’est ça, il vont nous donner le ton et nous on va s’accrocher…
Le but était de créer un groupe ou bien l’avez-vous formé uniquement pour ce spectacle ?
Marie-Pierre : Pour l’instant c’est un spectacle qui s’intitule « Quand ça Balance », du titre d’une chanson de Michel LEGRAND. L’objectif n’était pas de former un groupe, simplement réunir des musiciens et des comédiens autour du projet.
Isabelle : On n’a pas crée de compagnie. Je travaille régulièrement avec Claude BOUÉ. [C’est une personne dont on a déjà parlé auparavant. Voir l’article consacré au spectacle : « les Invisibles » en cliquant ici ».] Je lui ai demandé s’il pouvait nous produire, et il nous a dit oui tout de suite. Donc on n’a pas monté notre compagnie, on est produit par Claude BOUÉ qui adore Michel LEGRAND et…
Marie-Pierre : On va peut-être passer sous le chapiteau !
Isabelle : … et on va certainement passer sous le chapiteau. On a le Navire qui s’occupe de nous au niveau administratif, qui s’occupe de vendre les spectacles, de nous trouver des subventions. Parce que Claude aime bien ce qu’on fait et qu’il adore LEGRAND.
C’était la personne qu’il fallait quand il fallait !
Isabelle : En plus il a dit oui de suite, on s’est entendu de suite, il a compris le projet de suite…
Donc c’est la rencontre entre vous trois qui s’est faite au bon moment ; et pour les musiciens aussi c’est une histoire de rencontre ?
Isabelle : Exactement. Le pianiste, on l’a connu ensemble il y a six ans dans la troupe de MIRAN, Bruno MISTRALI. C’est un très bon pianiste qui sait accompagner les chanteuses, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Le contrebassiste Kevin TARDEVET je l’ai rencontré cet été dans la troupe de MIRAN aussi ; j’ai flashé de suite, car c’est une personnalité, il est lumineux, toujours de bonne humeur, et en plus c’est une pointure de jazz. Et c’est lui qui nous a présenté le batteur, qui lui aussi est une pointure de jazz. Le gars qui joue dans la salle de bain et qu’on n’entend pas…
Marie-Pierre : Si quand même un peu !
Isabelle : Oui, mais c’est pas le gars qui vient du Rock, qui bastonne et qui casse la voix des chanteuses. C’est un vrai musicien.
C’est une pique pour les gens qui jouent du Rock ?
Isabelle : Non, non, je les adore, mais c’est vrai que les batteurs de Rock on tendance à bastonner, et c’est normal, c’est le Rock…
Comment préparez vous ce spectacle ?
Isabelle : On va essayer de le « théâtraliser ». Ce serait bien de ne pas avoir qu’un tour de chant basique, on veut au moins une mise en espace des tableaux. J’ai un ami d’assez longue date qui s’appelle Fabien DUPRAT, qui est metteur en scène, comédien et chanteur, qui est génial, il sait tout faire.
Un nom connu !
Isabelle : Oui, il a travaillé avec le Collectif-8, le Théâtre de Nice, il a une compagnie italienne…
Marie-Pierre : D’ailleurs, il ne va pas seulement faire la mise en scène, il va jouer et chanter avec nous. La aussi c’était la rencontre idéale.
Décidemment, ont peut placer votre aventure sous le signe de la rencontre.
Changeons de sujet, et parlons du statut des Intermittents du Spectacle, pouvez-vous nous en dire deux mots, tant du point de vue de vos propres expériences que d’un point de vue plus global ?
Marie-Pierre : Je peux faire une réponse personnelle, qui n’engage que moi. J’ai été intermittente du spectacle pendant quasiment cinq ans, c'est-à-dire que je n’ai vécu que de ce statut, en étant inscrite aux ASSEDIC, en pointant les cachets tous les mois etc. Au terme de ça, j’en ai eu un peu assez de ce système.
De ta vie d’intermittente ou bien du système lui-même ?
Marie-Pierre : Le système dans lequel il fallait absolument avoir 43 cachets etc. Et finalement moi ça m’a coupé de mon plaisir dans le sens où je ne travaillais pas que dans ce que j’aimais, j’étais aussi obligée de faire de l’alimentaire. Je parle pour moi, attention. Pour les autres intermittents, je ne peux pas m’exprimer.
Pendant cinq ans, tu es arrivée à ne vivre que de cela ?
Marie-Pierre : Au prix quand même de sacrifices et du fait de faire des choses qui n’étaient pas forcément dans les aspirations que j’avais au départ.
Tu ne faisais que chanter, ou bien tu devais faire d’autres activités, comme enseigner par exemple ?
Marie-Pierre : Je ne faisais quasiment que chanter ; chanter dans les prisons parfois, dans pleins de circonstances différentes… parfois pour des trucs qui ne m’intéressaient pas…
Dans les Alpes-Maritimes, un chanteur peut vivre en étant intermittent seulement ?
Marie-Pierre : Bien sûr. En ce moment, je ne vis plus par rapport aux ASSEDIC, mais en tout cas, je tiens toujours à être déclarée quand je fais des cachets, ça c’est très important pour moi. Mais je travaille à mi-temps à côté, pour pouvoir assurer ma survie.
Ca te permet d’avoir plus d’indépendance par rapport à tes choix ?
Marie-Pierre : Oui. Et puis surtout, moi je cherche une forme de sécurité, dans le sens où j’essaye de me diplômer, pour pouvoir aussi privilégier l’enseignement, être plus sécurisée grâce à un métier à vocation artistique, afin de ne pas dépendre que de l’aléa.
C’est la fin de cette première partie de l’interview, vous en aurez la suite très prochainement.
Ce spectacle, qui s’intitule donc « Quand ça Balance », sera présenté les :
Vendredi 8 et samedi 9 décembre à 20h30 et le dimanche 10 décembre à 16h00
Au Centre Culturel de la Providence 4, placette de la Providence
(Dans le Vieux-Nice, proche de la colline du Château.)
(Une avant-première, destinée aux journalistes, institutionnels et gens du métier est prévue le jeudi 07 décembre à 20h30.)
TARIFS :
Normal – 15 €
Réduit – 10 €
13/17ans – 6€
Moins de 13 ans - gratuit
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