10/11/2006
Elles chantent
Je n’ai jamais vraiment abordé l’univers des chanteurs et des musiciens, essentiellement parce que ce n’est pas mon domaine. Mais récemment j’ai rencontré une ex partenaire de scène, qui elle est chanteuse professionnelle. A l’occasion du prochain spectacle qu’elle prépare avec un groupe, Marie-Pierre FOESSEL a accepté volontiers de répondre à quelques questions, accompagnée par une amie et autre membre du groupe : Isabelle TOSI.
La conversation s’étant prolongée durablement, j’ai du scinder l’article en trois parties, afin que cette note ne s’étire pas trop en longueur (et encore, j’ai ôté les rires qui prenaient bien dix minutes à eux seuls).
(Les informations pratiques concernant leur spectacle sont à la fin de cette note.)
Pour commencer, racontez-nous la genèse de votre spectacle :
Marie-Pierre : Isabelle et moi nous nous connaissons depuis six ans, lors de notre rencontre dans la compagnie de MIRAN, dans un spectacle sur Léo FERRÉ (« Bordeaux-Paris-Ostende »). Cela faisait un moment qu’on voulait faire quelque chose ensemble. Notre rapport était assez fort, et nous sommes restées amies. J’aimais bien comme elle chantait, elle aimait bien comme je chantais… Au départ on était partie pour un travail sur Jacques BREL, mais les circonstances ont fait qu’on n’a pas pu réaliser cela.
Au départ vos sensibilités se rejoignaient déjà.
Marie-Pierre : Et puis on a des voix qui se complètent.
Isabelle : On cherchait ce qu’on pourrait faire ensemble et Mapie m’a dit : « ce serait bien qu’on travaille sur Michel LEGRAND ». Et comme je suis chanteuse réaliste français à la base, et que je cherche à aller vers le jazz, au moins là il y avait les deux. Voilà comment est partie l’idée.
Marie-Pierre : Je suis plutôt chanteuse traditionnelle à la base, chanteuse folklorique…
Isabelle : Elle chante avec un doigt sur l’oreille !
Marie-Pierre : J’ai chanté pas mal avec le Corou de Berre. Je me suis un peu attardée à faire travailler des ensembles de musiques traditionnelles. Et depuis un an et demi, j’étais à Monaco en formation classique de chant, pour acquérir des techniques. Et cette année je prends un virage, comme Isabelle, je m’oriente vers le jazz. C’est du jazz populaire, du jazz variété, c’est pas du jazz de puriste – mais ça peut l’être aussi.
Mais quelles sont vos compétences en jazz ? Lorsqu’on parle de cette musique, le néophyte pense à quelque chose de très technique…
Isabelle : Le jazz bien sûr que c’est technique, mais ça demande aussi énormément de feeling. Moi je ne lis pas une note, je fais tout au feeling.
Marie-Pierre : Et Isabelle a été très fine sur ce coup-là, puisqu’elle nous a ramené des musiciens qui sont des pointures.
Et vous êtes à leur niveau ?
Isabelle : C’est un travail d’équipe. Il est bien évident qu’on ne va pas nous demander de remplacer la trompette en faisant des vocalises comme le faisait Sarah VAUGHAN ou Ella, on est dans la « variét. jazz » ; la base jazz, bien sûr il y a de la technique, mais elle vient surtout de l’oreille, et je crois que pour ça, Marie-Pierre et moi on n’a pas de soucis.
Vous n’irez pas dans une école, vous allez démarrer directement avec le groupe que vous avez formé ?
Marie-Pierre : C’est ça, il vont nous donner le ton et nous on va s’accrocher…
Le but était de créer un groupe ou bien l’avez-vous formé uniquement pour ce spectacle ?
Marie-Pierre : Pour l’instant c’est un spectacle qui s’intitule « Quand ça Balance », du titre d’une chanson de Michel LEGRAND. L’objectif n’était pas de former un groupe, simplement réunir des musiciens et des comédiens autour du projet.
Isabelle : On n’a pas crée de compagnie. Je travaille régulièrement avec Claude BOUÉ. [C’est une personne dont on a déjà parlé auparavant. Voir l’article consacré au spectacle : « les Invisibles » en cliquant ici ».] Je lui ai demandé s’il pouvait nous produire, et il nous a dit oui tout de suite. Donc on n’a pas monté notre compagnie, on est produit par Claude BOUÉ qui adore Michel LEGRAND et…
Marie-Pierre : On va peut-être passer sous le chapiteau !
Isabelle : … et on va certainement passer sous le chapiteau. On a le Navire qui s’occupe de nous au niveau administratif, qui s’occupe de vendre les spectacles, de nous trouver des subventions. Parce que Claude aime bien ce qu’on fait et qu’il adore LEGRAND.
C’était la personne qu’il fallait quand il fallait !
Isabelle : En plus il a dit oui de suite, on s’est entendu de suite, il a compris le projet de suite…
Donc c’est la rencontre entre vous trois qui s’est faite au bon moment ; et pour les musiciens aussi c’est une histoire de rencontre ?
Isabelle : Exactement. Le pianiste, on l’a connu ensemble il y a six ans dans la troupe de MIRAN, Bruno MISTRALI. C’est un très bon pianiste qui sait accompagner les chanteuses, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Le contrebassiste Kevin TARDEVET je l’ai rencontré cet été dans la troupe de MIRAN aussi ; j’ai flashé de suite, car c’est une personnalité, il est lumineux, toujours de bonne humeur, et en plus c’est une pointure de jazz. Et c’est lui qui nous a présenté le batteur, qui lui aussi est une pointure de jazz. Le gars qui joue dans la salle de bain et qu’on n’entend pas…
Marie-Pierre : Si quand même un peu !
Isabelle : Oui, mais c’est pas le gars qui vient du Rock, qui bastonne et qui casse la voix des chanteuses. C’est un vrai musicien.
C’est une pique pour les gens qui jouent du Rock ?
Isabelle : Non, non, je les adore, mais c’est vrai que les batteurs de Rock on tendance à bastonner, et c’est normal, c’est le Rock…
Comment préparez vous ce spectacle ?
Isabelle : On va essayer de le « théâtraliser ». Ce serait bien de ne pas avoir qu’un tour de chant basique, on veut au moins une mise en espace des tableaux. J’ai un ami d’assez longue date qui s’appelle Fabien DUPRAT, qui est metteur en scène, comédien et chanteur, qui est génial, il sait tout faire.
Un nom connu !
Isabelle : Oui, il a travaillé avec le Collectif-8, le Théâtre de Nice, il a une compagnie italienne…
Marie-Pierre : D’ailleurs, il ne va pas seulement faire la mise en scène, il va jouer et chanter avec nous. La aussi c’était la rencontre idéale.
Décidemment, ont peut placer votre aventure sous le signe de la rencontre.
Changeons de sujet, et parlons du statut des Intermittents du Spectacle, pouvez-vous nous en dire deux mots, tant du point de vue de vos propres expériences que d’un point de vue plus global ?
Marie-Pierre : Je peux faire une réponse personnelle, qui n’engage que moi. J’ai été intermittente du spectacle pendant quasiment cinq ans, c'est-à-dire que je n’ai vécu que de ce statut, en étant inscrite aux ASSEDIC, en pointant les cachets tous les mois etc. Au terme de ça, j’en ai eu un peu assez de ce système.
De ta vie d’intermittente ou bien du système lui-même ?
Marie-Pierre : Le système dans lequel il fallait absolument avoir 43 cachets etc. Et finalement moi ça m’a coupé de mon plaisir dans le sens où je ne travaillais pas que dans ce que j’aimais, j’étais aussi obligée de faire de l’alimentaire. Je parle pour moi, attention. Pour les autres intermittents, je ne peux pas m’exprimer.
Pendant cinq ans, tu es arrivée à ne vivre que de cela ?
Marie-Pierre : Au prix quand même de sacrifices et du fait de faire des choses qui n’étaient pas forcément dans les aspirations que j’avais au départ.
Tu ne faisais que chanter, ou bien tu devais faire d’autres activités, comme enseigner par exemple ?
Marie-Pierre : Je ne faisais quasiment que chanter ; chanter dans les prisons parfois, dans pleins de circonstances différentes… parfois pour des trucs qui ne m’intéressaient pas…
Dans les Alpes-Maritimes, un chanteur peut vivre en étant intermittent seulement ?
Marie-Pierre : Bien sûr. En ce moment, je ne vis plus par rapport aux ASSEDIC, mais en tout cas, je tiens toujours à être déclarée quand je fais des cachets, ça c’est très important pour moi. Mais je travaille à mi-temps à côté, pour pouvoir assurer ma survie.
Ca te permet d’avoir plus d’indépendance par rapport à tes choix ?
Marie-Pierre : Oui. Et puis surtout, moi je cherche une forme de sécurité, dans le sens où j’essaye de me diplômer, pour pouvoir aussi privilégier l’enseignement, être plus sécurisée grâce à un métier à vocation artistique, afin de ne pas dépendre que de l’aléa.
C’est la fin de cette première partie de l’interview, vous en aurez la suite très prochainement.
Ce spectacle, qui s’intitule donc « Quand ça Balance », sera présenté les :
Vendredi 8 et samedi 9 décembre à 20h30 et le dimanche 10 décembre à 16h00
Au Centre Culturel de la Providence 4, placette de la Providence
(Dans le Vieux-Nice, proche de la colline du Château.)
(Une avant-première, destinée aux journalistes, institutionnels et gens du métier est prévue le jeudi 07 décembre à 20h30.)
TARIFS :
Normal – 15 €
Réduit – 10 €
13/17ans – 6€
Moins de 13 ans - gratuit
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