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05/10/2006

Bienvenu à bord

medium_Les_Invisibles_09.jpgLorsqu’il s’approche de ce chapiteau, image presque incongrue sur un terrain de tennis, le spectateur a l’impression qu’il vient saluer ses amis les saltimbanques. Cela semble être une vieille image d’Épinal que de rêver aux baladins et autres troubadours. Mais je crois que, lorsque nous nous trouvons dans l’enceinte d’un théâtre, quel qu’il soit, nous ne pouvons nous empêcher d’y songer. Or ce chapiteau est un symbole fort du voyage. Il est le lieu temporaire dans lequel va se dérouler une œuvre éphémère. L’immersion devient totale.

Les artistes semblent nous dire : « montez donc à bord, partez avec nous en voyage ! ». Et d’ailleurs, est-ce là un signe, la compagnie s’appelle : « le Navire », et le chapiteau fut baptisé « la Nef ». Nous sommes alors projetés dans le monde d’autrefois, celui de la « Belle-Époque », celle d’avant le premier conflit mondial.

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C’est à cette période que fut créé le style appelé Grand-guignol. J’espère que la connotation péjorative associée à ce terme sera enfin effacée. Même si les acteurs doivent jouer de façon exagérée, avec des gestes outrés, même si tout ressemble à une caricature, on rentre volontiers dans le jeu, et on finit par croire à l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Parce que lorsque les comédiens croient à ce qu’ils font, alors le public ne peut que les suivre. Et le public présent ce soir là a apprécié l’instant passé dans cette maison de toile.

L’association « la Semeuse » accueille, depuis quatre ans, des spectacles programmés par le TNN. « Les Invisibles » présenté cette semaine est bien le point d’orgue de ces quatre années de collaboration.

Frédéric REY, qui s’occupe de la partie culturelle de cette structure, me confiait que le semi-remorque transportant tout le matériel ne pouvait accéder à la rue des Serruriers, au pied du château, dans le Vieux-Nice. Le déchargement a été long et pénible. Chacun a dû mettre la main à la pâte et aider les « roadies » à tout transporter le long des ruelles jusqu’au terrain de tennis de la Semeuse (dont le mât principal, très lourd et très encombrant…). Mais j’ai bien senti que tous les participants à cette aventure étaient ravis et fiers du résultat.

Je profite de cette anecdote pour rappeler, une fois de plus, qu’une bonne performance implique un travail de préparation sérieux et important – et ce, quels que soient les talents des artistes.

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L’équipage du Navire a bien travaillé : ce spectacle qui n’a été joué que 5 ou 6 fois semble pourtant déjà rodé. Aucune erreur perceptible, tout est parfaitement ficelé. Je ne critiquerais qu’une seule idée du metteur en scène, Claude BOUÉ : celle d’imposer un flot de parole rapide dite par un personnage monolithique dans les premières minutes du spectacle (la comédienne, Irène CHAUVE, nous prouvant par la suite qu’elle est pourtant capable de faire beaucoup mieux).

Il y a en réalité trois pièces représentées :

La première, « la Dormeuse », a été écrite par André De LORDE en 1901. Elle explore l'atmosphère oppressante d’un huis clos à la fois plausible et pourtant hallucinant.

La deuxième, « Hermance a de la Vertu », a été co-écrite par André De LORDE et Claude ROLAND en 1901 également. C’est une vraie comédie avec femme, mari et amant, et où le rôle du cocu n’est pas attribué à celui qu’on croyait.

Enfin, « les Invisibles », co-écrit en 1911 par André De LORDE et Alfred BINET, nous plonge dans l’univers de la folie, au sens propre comme au sens figuré. (Alfred BINET est d’ailleurs un des pères de la Psychologie expérimentale, nous explique le programme.)

 

Je ne peux que souhaiter longue vie à « la Nef ». Les représentations ont lieu à 20h30, jusqu’au samedi 07 octobre.

TARIF - abonné : 11 €uros - non abonné : 20 €uros

Renseignements et réservations au 04 93 13 90 90

 

L'une des interprètes, Marie-Noëlle VIVIANI, a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques questions :

 

L U C :    Lorsqu’on t’a proposé de jouer un rôle masculin, as-tu hésité avant d’accepter ?

Marie-noëlle :    Ça m’a fait un peu peur de jouer le rôle d’un homme, mais en même temps il y avait le rôle d’une femme aussi, puisqu’il y a la « vieille » derrière. Oui, j’ai pris le pari, oui. J’avais déjà joué le rôle d’un homme, il y a quelques années en arrière avec la Saeta. J’avais joué le rôle du guide Coryphée.

Comment as-tu abordé cela ?

Ce n’était pas facile, hein. On a travaillé avec Claude, plein de détails, la démarche…

Un travail corporel ?

Oui, oui, parce que ce n’est pas évident.

Est-ce que cela faisait longtemps que tu voulais devenir Intermittente, ou bien est-ce que les événements ont précipité les choses ?

Ce sont les événements qui ont précipité les choses. Disons que je voulais l’être, mais je me suis rendu compte qu’en ne restant qu’avec une compagnie, c’était trop difficile. Alors en m’ouvrant sur d’autres spectacles, d’autres compagnies, effectivement, c’était possible…

Comment es-tu arrivé ici ?

Je ne connaissais pas cette compagnie. Claude BOUÉ, je le connaissais un petit peu mais sans plus : je l’avais rencontré pour le « Conte », parce qu’à un moment donné je faisais des contes moi aussi. Et puis il m’a téléphoné, et il m’a dit qu’il cherchait pour ces deux personnages. Donc j’y suis allé : en fait j’étais en lice avec quelqu’un et puis voilà, il a pris ce pari.

C’est lui qui t’a contacté ?

Je le connaissais à peine, il m’avait vu dans « Famille Ordinaire » et puis voilà.

Maintenant que tu t’es lancée, que prévois-tu de faire, à quoi penses-tu ?

J’espère qu’il y en aura d’autres, quoi.

Mais essaies-tu de prendre le taureau par les cornes ?

Pour l’instant non parce que je suis là dedans, tu vois. Mais dès que ce sera terminé oui.

Le statut d’Intermittent est difficile à conserver : est-ce que tu souhaites rester purement comédienne, ou bien vas-tu essayer d’autres activités, metteur en scène par exemple.

Non, non, pas du tout ; je veux vraiment être comédienne ; c’est tout, c’est déjà bien, c’est déjà pas mal. La mise en scène, c’est un vrai métier. Je ne me sens pas du tout prête à faire de la mise en scène.

Même si tu sais que c’est difficile de conserver son statut ?

Je sais, je sais, j’ai eu beaucoup de chance cette année… Bien sûr, dès que c’est finit, il faut déjà se préparer à autre chose…

Après le Théâtre de l’Alphabet, quelle autre formation t’es-tu donnée ?

Je suis allé à Paris, j’ai suivi des stages de comédienne, avec des gens différents, chez Niels Arestrup… Et puis après j’ai fait partie de la Saeta, et puis voilà…

Et puis tu as joué, tu as joué, tu as joué…

Oui…

30/06/2006

Elle n'arrête pas !

Toujours pas de questionnaire de PROUST ici, même si c’est encore la mode dans la blogosphère. On continue de s’intéresser à une personne en particulier.

Aujourd’hui nous accueillons, derrière le rideau, Martine PUJOL.

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Etudiante en khâgne de philosophie au Lycée Masséna de Nice, elle s'initie au théâtre traditionnel puis expérimental - avec le Living Theater. Elle travaille ensuite dans l’univers de la radio, de la vidéo puis du cinéma. Sa rencontre avec RICHARD CAIRASCHI la ramène en 97 sur la scène du théâtre professionnel.

Malgré son emploi du temps plus que surchargé, elle a pris le temps de répondre à quelques questions. (Et, pour en savoir plus, cliquez sur debi-debo.com)

L U C     Comment peut-on, à 13 ans, prendre des cours de théâtre « en cachette », comme tu le racontes dans une interview accordée aux Nouvelles Liaisons Covalentes ?

Martine PUJOL     On dit à Maman qu'on va faire ses devoirs chez une amie le mercredi et le samedi.

« Scènes de théâtre » ou bien « plateaux de cinéma », entre les deux, ton cœur balance-t-il ?

Les deux.

Vas-tu désormais te consacrer uniquement à ton métier de comédienne ou bien te réserves-tu d’autres activités ? (tu fus autrefois chargée de production)

Comédienne, auteur (voir la note complémentaire en fin d'article)

Après toute cette série de spectacles à la sauce Niçoise, te sens-tu essoufflée ou au contraire prête à enchaîner le prochain ?

Ce qui m'aurait essoufflée aurait été de jouer toujours la même pièce. Pas de problème donc pour enchaîner.

Lorsque tu joues dans un spectacle comme Festin, as-tu l’impression d’avoir désormais « ton » public ? Si oui, est-ce une bonne chose ? (Au fait, y aura-t-il un DVD de ce spectacle ?)

Je ne considère jamais rien comme acquis. Je joue pour ceux qui sont là, chaque soir avec moi. J'espère leur apporter quelque chose et qu'ils auront envie de revenir. Oui, le DVD sort en juillet. A commander à : contact@debi-debo.com

De ta rencontre avec JULIAN BECK et JUDITH MALINA, que te reste-t-il ? (En réalité, la vraie question étant : « ta rencontre avec le Living Theater t’a-t-elle laissée une coloration "libertaire" ou bien est-ce parce que tu l’étais déjà un peu que tu as croisé leur route ? »)

Tu regardes une étoile : que te reste-t-il.....

Parmi tous ces cris qui viennent de la rue (et des champs) quelle cause défendrais-tu aujourd’hui ?

L'Afrique. On n'a pas le droit de laisser un continent se scratcher comme c'est le cas aujourd'hui.

Es-tu optimiste quant a l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui du spectacle vivant ?

Oui

As-tu de bonnes nouvelles te concernant ?

Oui, une création à la rentrée. Informations sur le site en construction... à suivre, donc.

Veux-tu rajouter quelque chose ? Ou bien recommander un spectacle ?

Le cabaret enfantin de JACQUES LAURENT larueluberlu@laposte.net

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Note communiquée par M. P. :

 

 

UNE PAGE À PART

de Martine PUJOL

adaptation libre de : « GRADIVA, fantaisie pompéienne » de Wilhelm JENSEN ; « le délire et les rêves dans la GRADIVA de W. JENSEN » de Sigmund FREUD ; librement inspiré de la vie et l’œuvre d’Hilda DOOLITTLE

 

mise en scène : Richard CAIRASCHI

 

Pour les 150 ans de la naissance de S. FREUD, Martine PUJOL signe une pièce originale, poétique, drôle et riche de sens.  La scénographie de Richard CAIRASCHI la marque de fantaisie et d’imagination, sa mise en scène révèle une interprétation de qualité.

Vienne, printemps 1933. Freud accepte une de ses dernières patientes et élève : l’artiste américaine, Hilda Doolittle.  Au pied du divan, elle remarque sur un bas-relief antique une jeune femme, GRADIVA.  Entre rêve et réalité, l’histoire de GRADIVA permet à Hilda de mieux comprendre les principes essentiels de la psychanalyse.

avec

SIGMUND FREUD :          NUMA SADOUL

HILDA DOOLITTLE :          MARTINE PUJOL

  NORBERT PAÏS :              OLIVIER BRODET

ZOE BEAUPAS :              AMELIA FOFANA

LE MENDIANT :            Pr. BEAUPAS

        HELMUT :             JACQUES BARBARIN

L’OFFICIER S.S :            NICOLAS FLESER

 

Durée : 1h 20

13/06/2006

Derrière le Rideau

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir, derrière le rideau, LISIE PHILIP, membre fondatrice de la Compagnie ANTIPODES, que j'ai déjà évoqué ici récemment.

 

L U C          A l’âge de 15 ans, m’as-tu dit, tu laissais le cocon familial pour l’univers de la danse. Si tu ne l’avais pas fait, aurais-tu un jour croisé celui du théâtre ?

LISIE PHILIP          Si j'ai quitté Nice à l'âge de 15 ans c'est surtout que je m'y sentais à l'étroit, j'avais besoin de rencontrer des "maîtres" que je puisse admirer, j'étais fascinée par BÉJART, j'ai donc décidé de travailler avec lui (on n’a peur de rien quand on a 15 ans). Je ne sais pas si, en restant à Nice, j'aurai rencontré le théâtre, l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas propice. J'avais lu des pièces du théâtre classique essentiellement (Molière, Shakespeare...) mais je n’allais pas voir de pièces de théâtre. Paradoxalement, je faisais de la figu. dans des pièces au préfabriqué qu'on appelait Théâtre de Nice. Mon premier choc théâtral fut à Lausanne avec ISABELLE HUPERT dans Orlando de VIRGINIA WOLF mise en scène de ROBERT WILSON. Un monologue de 3 heures suspendu aux ailes du temps. Mais de toute façon, il m’est impossible de connaître ce qu’aurait été ma vie sans la Danse et les rencontres professionnelles que je me suis donné la chance de faire.

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(Crédit photo : MARC BENITA)

 

Y a-t-il dans ton parcours des choix que tu regrettes, des choses que tu ne referais plus ?

Les regrets ne servent à rien et chaque erreur nous construit un peu plus humainement et artistiquement.

Es-tu optimiste quant à l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui de la danse et du théâtre ?

Il y a des jours où je me dis que tout est possible et d’autres que ça ne peut pas être pire ! Les Alpes-Maritimes en sont encore aux balbutiements de la création en matière de spectacle vivant. Je ne parle pas des institutions (TNN, Opéra…) qui ont les moyens financiers mais aussi un public à garder, d’où une programmation quelquefois un peu frileuse. L’effervescence de la création se situe chez les compagnies indépendantes qui elles n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions. Notre département est touristique et les pouvoirs publics pensent à tort qu’il faut du spectacle grand public, sous entendu populiste ; c’est se fourvoyer dans la démagogie, on ne fait pas de l’art comme on va à la pêche aux voix électorales. Un jour, il faudra avoir le courage de ne pas prendre les spectateurs pour des crétins. Le spectacle peut et doit être divertissant mais pas forcément idiot (la télé est là pour ça). La qualité, le professionnalisme, l’exigence du propos sont ce qui peut sauver le spectacle vivant. Nous avons également besoin d’une politique culturelle forte et dénuée de clientélisme. Les responsables ou leurs assistants doivent connaître parfaitement tout le tissu culturel et doivent se déplacer pour assister aux spectacles. C’est la moindre des choses : connaître ses dossiers... Quelques-uns le font mais ils sont trop peu. Suis-je optimiste ? Je suis utopiste. Ca finira par aller mieux. Actuellement, toutes les structures indépendantes professionnelles que je connais se battent au quotidien pour survivre, pour certaines depuis 20 ans. Comment cela pourrait-il être pire ?

Plus tard, quitteras-tu (volontairement) cette région pour une autre, ou pour Paris ou l’étranger ?

Il est salutaire dans un tel climat d’aller prendre l’air, voir ce qu’il se passe ailleurs. Tu parles dans ton blog d’ouvertures, de mélanges de genres. Je ne peux pas imaginer l’art autrement, regarder, apprendre des autres, échanger, enrichir son propos de son vécu. C’est essentiel si on ne veut pas scléroser sa recherche. Je réfléchis à mettre des passerelles entre différents contacts en France et à l’étranger. Il ne suffit pas de partir pour tout recommencer ailleurs, il faut pérenniser ses choix et ses envies.

Et la caméra toute seule, sans la scène, tu y penses souvent ou rarement ?

Si ta question concerne la chorégraphe et metteur en scène, j’ai très envie de faire des vidéos-danse. Nous avons commencé à engager le processus avec SÉBASTIEN ANTOINE (vidéaste dans Ich Bin Don Quichotte), je ne suis pas assez technique pour passer derrière la caméra mais nous parlons beaucoup pour atteindre nos objectifs. Nous avons des univers qui se rencontrent bien. En tant qu’interprète, la caméra ne m’attire pas plus que ça. J’ai tourné dans plusieurs courts-métrages, j’ai même fait des pubs, mais je ne provoque pas les rencontres.

Jusqu’à quel point la danse a-t-elle influencée ton quotidien, ta façon de vivre ?

Le mouvement, la conscientisation du corps et de l’espace. Je ne peux m’empêcher de regarder les gens et en particuliers les enfants en train de bouger, d’expérimenter des dynamiques, des lignes. Tout ça sans aucunes notions académiques, c’est dommage de perdre cette spontanéité. Tout le monde sait bouger et même danser, chacun a cette poésie du corps, il suffit de l’écouter, de la cultiver. Quelquefois on me demande à quoi sert la danse, c’est simplement inné. C’est une des toutes premières choses qu’un petit enfant fait. La danse est inscrite en nous. C’est un moyen d’expression dans une société où les mots ont perdu leurs sens. Elle peut tendre au sacré au sens premier mais toujours reliée intimement à soi au delà de la représentation.

Vieux débat entre nous : l’art influence-t-il la société, et si oui de quelle façon ?

C’est un bon sujet pour le bac philo ! J’espère que l’art influence la société via les individualités. Ce qui me pose souci c’est son accessibilité : il est très facile de voir ou d’entendre du médiocre ou du moyen et j’ai peur que le grand public ne sache plus faire la différence. Dans une manifestation comme 06 en scène (au demeurant une excellente initiative) ou les Estivales, la programmation est sensée montrer le meilleur des Alpes-Maritimes ; il y avait des choses excellentes (comme l’installation Ondulations) et des choses disons médiocres, pour être sympa, je parle de critères objectifs comme la mise en scène, l‘interprétation, la scénographie... J’espère qu’un spectateur peut se retrouver dans cette multitude de bric et de broc. Quelle est la mission du spectacle vivant : c’est à chaque metteur en scène et à chaque chorégraphe d’y répondre. Pour ma part, j’essaye de donner un peu de poésie, de générosité et pourquoi pas des pistes de réflexion, si un seul spectateur prend plaisir à tout ça c’est déjà gagné.

Ce qui suit n’est pas véritablement une question, je souhaiterais juste que tu nous livres tes réflexions sur une situation particulière que tu vis toi-même, celle d’être à la fois comédienne et d’assumer son rôle (bien réel celui-là) de mère de famille.

Faire un enfant en 2006, (avec un taux de chômage élevé, une politique qui ne dirige plus rien, une écologie menée à mal par chacun) c’est satisfaire un désir de continuation de soi, faire un enfant en 2006 en étant artiste d’une petite compagnie indépendante c’est un engagement, voire un sacerdoce ou une folie selon les points de vues !!! Mon compagnon et moi avons désiré et décidé d’avoir cet enfant ensemble. C’était un peu comme décrocher la Lune ! Notre petite fille est née le 9 janvier 2005 avec un mois d’avance. J’ai travaillé jusqu’au dernier moment, mis en scène Le ciel par-dessus les murs de la Cie ALCANTARA, j’ai participé en tant qu’interprète à une performance danse multimédia avec JEAN-MARC MATOS, j’ai continué à m’occuper de la gestion d’Antipodes. J’avais juste oublié de prendre soin de moi et de mon bébé. La naissance venue, le ciel m’est tombé sur la tête (sans parler de ma belle-mère !), il n’était pas possible de suspendre les activités de la Compagnie car pour nous, projet suspendu = projet non reconduit. Le droit du travail ne s’applique pas aux intermittents ou autre free lance - un article stipule que la naissance d’un enfant ne peut remettre en cause l’emploi d’une femme ; dans une petite compagnie on peut perdre des contrats donc nos emplois. Mon compagnon RAPHAËL a pris en charge tous les projets en cours, l’administration... donc il n’y a pas eu trop de dégâts. 2005 est l’année de notre sélection pour la Quinzaine des Cies PACA au TNN avec Ma NiaK. Se sont donc posés des problèmes de garde, nous avons donc emmené notre petite LUNA de 5 mois en répétition, ce n’est pas l’idéal mais on ne pouvait pas faire mieux. Bien qu’elle fut très sage, je ne conseille pas cette expérience. Actuellement, LUNA va à la halte-garderie tous les après-midi, et nous avons la chance d’avoir une mamie et des amis qui nous la gardent pour les périodes de travail intense. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel à une assistante maternelle tant que notre fille n’est pas dans le verbal. A un point de vue plus général, ayant beaucoup moins de temps libre je ne m’éparpille plus dans des projets galères. Je suis beaucoup sélective et je n’ai plus peur de m’affirmer. LUNA m’apporte un équilibre et une joie inégalable, elle me permet d’aller plus loin dans mon engagement artistique, c’est un peu bateau à dire mais sa liberté m’inspire. Et cela ne m’empêche pas d’être interprète pour d’autres créations que celle d’Antipodes (Printemps des Arts de Monaco …)

  
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MORÉNA DI VICO et RAPHAËL THIERS, lors du spectacle : Ich Bin Don Quichotte

Cliquez sur l'image pour aller sur le site de la Cie ANTIPODES

(Crédit photo : AURORE LÉONARD)