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20/10/2006

La Cantatrice au lycée

Comme je l’ai souligné avant-hier dans la première partie de cet article, plusieurs lycées étaient largement représentés ce soir là, notamment le lycée Henri MATISSE de Vence, et le Lycée du Parc Impérial à Nice. Apparemment, les enseignants ne s’étaient pas concertés. Dans le cadre de leur étude du français, les professeurs avaient proposé à leurs élèves d’aller voir « la Cantatrice Chauve », après avoir étudié le texte en classe.

La représentation terminée, quelques élèves de la classe de Première du lycée Henri Matisse ont accepté de répondre à trois questions :

 

L U C :   Est-ce que vous aviez déjà assisté à une représentation théâtrale avant celle-ci ou bien est-ce que, grâce à l’initiative de votre professeur, vous voyez ce genre de spectacle pour la première fois ? Qui répond en premier ? Allons, honneur aux filles :

 

Ma mère est prof de théâtre, donc j’ai pas trop le choix (rire) !...

 

Professeur ? Ou cela ?

 

A La-Colle-sur-Loup.

 

Elle a une compagnie ?

 

Oui, la compagnie « la Clef des Arts ». Je vais souvent à ses répétitions, et même aux spectacles de fin d’année qu’elle fait. Quand elle travaille dans les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques...

 

Vous n’avez pas eu besoin du secours du lycée pour vous diriger vers le spectacle vivant.

 

Voilà.

 

Et vous ?

 

Moi en fait, ce sont mes grands-parents qui m’emmènent souvent à La-Colle, et j’ai vu déjà plein de représentations, telles que « la Leçon », de IONESCO, qui est pas mal. J’ai vu beaucoup de choses quand même. C’est très intéressant le théâtre...

 

Et ce jeune homme ? 

 

En fait c’est ma mère qui m’emmène souvent au théâtre, mais en général ça m’intéresse pas, mais là c’était quand même plus intéressant là.

 

Là aussi, ce n’est pas le lycée qui vous pousse pour la première fois à aller voir un spectacle.

 

Non, non.

 

Et vous ?

 

Et bien moi, c’est vraiment la première fois que j’allais au théâtre, parce que je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni le temps, ni les moyens… Vraiment, pour ma première fois, ça m’a pas dérangé d’aller avec le lycée, au contraire, au moins ça m’a poussé vraiment à y aller. Et puis ça m’a vraiment plu. Je pense que je renouvellerai l’expérience mais personnellement quoi, parce que ça m’a vraiment plu.

 

   

Pourriez me donner un mot, un seul, qui définisse le spectacle que vous venez de voir ?

 

« Divertissant »

 

« Étonnant »

 

« J’sais pas » (rire)

 

« Original »

 

« Spécial »

 

(silence)

 

« Absurde »

 

 

Que vous apportera ce genre de soirée ?

 

On aura une vision plus pointue, pour avoir plus de critique ; et pouvoir plus regarder les idées derrières.

 

On sera beaucoup plus expérimentées après pour le théâtre, on saura exactement lorsque ce sera bien ou mauvais par rapport au jeu des acteurs ; et puis aussi on pourra donner de très bonnes critiques par rapport à ce genre de théâtre.

 

Ce sera toujours une référence en plus, ça permet d’en savoir plus sur le théâtre, et puis ça me donnera peut-être envie d’aller plus tard voir une autre pièce.

 

Oui, je trouve que c’est assez enrichissant, pour le Bac déjà ça sert beaucoup, et juste pour après, plus tard, c’est intéressant, c’est vrai qu’après on pourra plus juger. Pour la culture je trouve ça intéressant.

 

Vous qui venez pour la première fois voir un spectacle, ça vous donne envie de continuer ?

 

Oui, de voir d’autres pièces, grâce à ça... c’est vrai que ça donne envie.

 

 

Nous avons dû stopper ici l’entretien, car nous sommes allés assister aux "prolongations", baptisées « (et autour) ». Deux spectacles en réalité : l’un avant, l’autre après. Je n’ai pu assister au premier, mais je tenais à rester pour le second. Sophie DUEZ avait organisé pour nous cette soirée regroupant plusieurs textes de Pierre DAC, René de OBALDIA, Raymond DEVOS, Henri MICHAUX... tous centrés autour de l’univers de l’absurde. Un ring avait été installé pour l’occasion dans la corbeille, au milieu des fauteuils, et servait de scène au comédiens qui venaient s’amuser à dire ces textes. Un moment bon enfant pour terminer la soirée.

Commentaires

Réconfortant de voir l'intérêt des jeunes spectateurs.
A tempérer par le fait que ce soit des lycéens, donc, à priori plus disposés et peut-être même que c'était des littéraires.

Sinon, j'imagine la même interview avec la lecture :
"Est-ce que vous aviez déjà lu un livre avant celui-ci..."
"Ma mère est prof de français..."

Maintenant, il faut que ça accroche et que M6 ou TF1 ne leur bouffent pas les neurones.

Merci L U C

Écrit par : Claudiogène | 21/10/2006

Souvent, je me dis que l’un et l’autre peuvent cohabiter. Quelques demi-heures par-ci par-là de « l’Île de la Star-ac » ou bien de « Kho Lanta des célébrités » pour se détendre après une journée d’efforts. Si chacun veille à ce que ce ne soit que quelques instants de détente occasionnels, il restera toujours du temps pour lire et réfléchir. La culture, oui ; le culte de la culture, attention...
Ceci dit, les structures commerciales que sont TF1 et M6 doivent être surveillées. Point de culte pour la culture, mais point de religion du petit écran !

Écrit par : L U C | 22/10/2006

Nous divergeons, cher L U C, je n'ai aucune indulgence pour la médiocrité, qu'elle ait des ambitions commerciales ou pas.
Nous disions, ensemble, récemment, que rap et littérature, ce n'est pas la même chose. Je pense que nous devons être exigeants et ne pas laisser croire qu'une sonnerie de téléphone c'est de la musique, ou un tag, forcément, une oeuvre d'art.
Je crois qu'on respecte plus les gens en leur montrant qu'ils sont capables de faire beaucoup mieux plutôt qu'en leur expliquant que ce qu'ils font c'est très bien.
C'est une tendance de ces dernières décennies, de caresser chacun dans le sens du poil en pensant lui apporter de l'estime de soi, alors que cette dernière vient de la confiance et de l'effort.
Quant à la détente devant des sous-produits télévisuels, peut-être est-ce une question de génération, mais, ça ne passe pas. Les quelques instants où j'aperçois ces extraits au "zapping de canal" me transforment, moi, considéré comme optimiste, en désespéré de l'espèce humaine (pour un instant seulement), alors, la détente...

Je crois que si tout le monde n'est pas intelligent, tout le monde est capable d'intelligence.
Et souvent, je trouve très méprisants ceux qui laissent croire à certains qu'ils ne sont bons qu'à apprécier des "conneries" (désolé, je n'ai pas trouvé mieux).

Bonne soirée L U C. On dirait que je me suis un peu énervé, non ?!

Écrit par : Claudiogène | 22/10/2006

@ L U C Lors d'un tel interwiev, le micro me semble nécessaire pour retenir et retransmettre tels quels les propos d'élèves ? Je trouve leurs réponses très encourageantes. Y avait-il plus de filles que de garçons ? Si oui, semblent elles plus sensibles au spectacle vivant ?

@ Claudiogène Que j'aime te lire parce qu'il y a de la contradiction argumentée et toujours des idées profondes bien exprimées. Et à présent je comprends ta dernière phrase, car te connaissant, ton écriture incisive diffère de la douceur qui émane de la personne que l'on cotoie en société.

Écrit par : christian | 22/10/2006

Cher Claudiogene, je répondrai que mon fils, qui a gagné haut la main le « rallye lecture » organisé par son école, que j’emmène depuis fort longtemps visiter les musées (il affectionne particulièrement le musée océanographique de Monaco, le plus cher quoi...), qui dévore bandes dessinées, spectacles, expositions, qui apprend à jouer du saxo et m’apprend parfois des points de l’Histoire, mon fils, dis-je, aime se détendre en regardant... les PUBS A LA TÉLÉ ! ! ! (Voilà que je me mets à crier à mon tour !) Je l’en empêche parfois, pas toujours. Je n’ai pas encore réussi à comprendre ce qui lui plaisait le plus là-dedans.
Il me semble que ne date pas d’hier le besoin de reposer son esprit, activité peu compatible avec la réflexion (c’est à dire que lorsque je joue une partie d’échecs, je me délasse, mais pas au point de me reposer.) Je crois que c’est dans « Terre des Hommes » qu’Antoine de Saint-EXUPÉRY écrit ce constat : « Je m'assis en face d'un couple. Entre l'homme et la femme, l'enfant, tant bien que mal, avait fait son creux, et il dormait. Mais il se retourna dans le sommeil, et son visage m'apparut sous la veilleuse. Ah! quel adorable visage! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. Il était né de ces lourdes hardes cette réussite de charme et de grâce. Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et je me dis: voici un visage de musicien, voici Mozart enfant, voici une belle promesse de vie. Les petits princes des légendes n'étaient point différents de lui: protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir! Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s'émeuvent. On isole la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais il n'est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés-concerts. Mozart est condamné. » Très beau passage donc, écrit avant l’invasion de la télévision, mais qui stigmatise alors les « cafés-concerts ». D’autres textes écrits par Émile ZOLA cette fois nous montreraient que cette disposition à des moments de paresse médiocre existe depuis belle lurette. Faut-il en conclure que c’est toujours Mozart qu’on assassine ? Mozart avait bien droit lui aussi à des moments de détente totale (mais je connais mal son histoire, en dehors du film « Amadeus », sorti dans les salles il y a vingt ans).

Cher Christian, voici une petite précision technique :
Lorsque je réalise une interview comme celle-là, les personnes interrogées s’expriment de façon naturelle, ce qui est très spontané, mais aussi très difficile à démêler. Le discours est parasité par des « heu… », des « hum… », des répétitions et autres erreurs de langage. De plus, il y a souvent un brouhaha ambiant, ainsi que des voix qui se chevauchent. Je ne possède qu’un petit dictaphone, qui a l’avantage de s’emporter partout, mais qui n’a pas la capacité des micros « sélectifs ». Je perdrais en clarté ce que je gagnerais en auhenticité.
Pour ce qui est de la proportion fille/garçon, je n’ai eu le temps d’interroger que six personnes. Mais j’ai pu constater avec certitude que, pendant TOUTE la représentation, il y avait une excellente écoute de la part du public dans son ensemble.

Écrit par : L U C | 23/10/2006

Précision : Je n ai rien, à priori, contre la télé. Mon ennemi est la médiocrité. Elle peut arriver par n importe quel vecteur, comme la qualité d ailleurs.
Et je suis tellement convaincu que "détente totale" ne veut pas dire passivité, ni absorption sans filtre, mais, qu au contraire elle peut rimer avec bien-être, méditation, voire spiritualité que c est avec plaisir que je serais heureux d en reparler avec vous, de vive voix.
Merci pour cet échange.

Écrit par : Claudiogène | 23/10/2006

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