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22/09/2011

Photos de famille

C’est devenu au fil des ans un rendez-vous attendu : l’apéritif de lancement de la saison du théâtre de la Semeuse et du centre culturel la Providence. De l’aveu même de Frédéric REY, le chef d’établissement et coordinateur, il y avait pour cette édition 2011 plus de monde que d’habitude.

C’est une bonne nouvelle. Car je le répète, il ne s’agissait pas d’un spectacle ! Bien sûr que c’était un événement festif, au cour duquel nous avons pu entendre quelques extraits des spectacles à venir ; c’est vrai que la soirée s’est terminée par un concert de musique celtique sur le parvis de la Providence. Tout de même, de 18h00 à 19h30, il s’agissait pour le public de prendre connaissance de la programmation pour les trois mois à venir, ce n’était pas un spectacle.

Ainsi, toutes et tous sont venus parce qu’ils se soucient du fonctionnement de LEUR théâtre.

 

Je vais tenter ici une comparaison avec l’univers de la politique : il y a ceux qui se contentent de voter, « vaguement persuadés que cela sert à quelque chose » comme le disait Pierre DESPROGES ; et il y ceux qui savent que ce n’est pas suffisant, qu’il faut prendre une part plus active dans la construction de la société, qu’il faut se documenter, débattre et agir, bref, qu’il faut s’investir.

Ma foi, l’ancienne chapelle désacralisée de la Providence n’aurait pu accueillir toute la population des Alpes-Maritimes ; et les lecteurs de ce blog apprendront avec plaisir que non seulement ils peuvent consulter sur le site de la Semeuse la programmation détaillée de la mi-saison, mais que désormais, ils pourront réserver un spectacle en ligne !

Il n’empêche, plus de monde ce mardi 20 au soir, cela veut dire que davantage de personnes souhaitent en savoir plus, s’intéressent de plus près à la marche de la vie culturelle, font un effort de plus.

 

J’étais venu avec mon appareil photo dans le but d’agrémenter cet article de deux ou trois images représentative de cette réception. Mais rapidement, j’ai compris que la seule façon de décrire cette soirée était de vous montrer un album complet — celui de toute la famille. 

semeuse,programmation,folklore,photo

Cliquez sur l'image pour atteindre l'album
puis sur [Visualiser l'album]
et enfin sur [Diaporama]

 

Avant de quitter ce parvis de la Providence où se prolongeait la soirée, j’ai souhaité poser une seule et même question à diverses personnes.

En effet, dès le mois de septembre, il est question du mois des celtes et de l’Irlande, octobre sera celui du Japon, puis ce sera le tour de… Nice ! C’est donc tout naturellement que l’on a parlé de folklore. C’est l’objet de la question que j’ai posée à cinq personnes ce soir là :

« Fais-tu une différence entre culture et folklore ? Établis-tu une hiérarchie entre les deux ? Le terme de folklore est-il péjoratif ? »

 

Le premier à me répondre fut Kitman, membre du groupe « les Squatters » :

Je crois que le folklore est complètement culturel et la musique folklorique fait partie intégrante des racines et des origines et des différents peuples qui la jouent et qui la perpétuent ; donc pour moi ce n’est pas péjoratif tout ce qui est folklorique, au contraire ; et je crois que c’est une part intégrante d’une tradition culturelle qu’il est important de faire perdurer.

 

Ce fut le tour d’Aline di Maggio, professeur de théâtre à la Semeuse :

En fait, j’intègre le folklore à la culture. Tout ce qui est folklore est plus de l’ordre de la tradition mais ça reste culturel.

 

L’Illustre Théâtre : Mais la tradition est-elle une chose figée, ou bien est-ce vivant comme la culture ?

 

Je pense que c’est un élément de la culture ; et je ne suis pas certaine que ce soit figé, cela dépend de qui s’en sert et comment : le spectacle qui se fera autour de la tradition niçoise, on a essayé de l’incorporer dans quelque chose de moderne. Enfin, je trouve que ça évolue continuellement et c’est le regard de chacun à chaque génération qui reprend ces folklores et qui en fait ce qu’il veut.

 

Puis Jocelyne, chargée de l’accueil :

A priori, le folklore est plus festif…

 

L’Illustre Théâtre : Christy MacNamara, qui joue des airs irlandais à l’accordéon, c’est du folklore ou bien de la culture ?

 

Les deux !

 

Jean-Claude, spectateur :

Il y a une différence et il n’y en a pas, en ce sens que l’un contient l’autre. Mécaniquement il y a une différence : la définition n’est pas la même ; mais le folklore est représentatif d’une culture, et dans une culture il peut y avoir autre chose que le folklore.

 

L’Illustre Théâtre : Mais le folklore est-il momifié ou bien est-il vivant ?

 

C’est quelque chose de très vivant, évolutif. Forcément, si on veut l’enregistrer, évidemment il va être figé, mais s’il continue de vivre il est évolutif…

 

Puis enfin Frédéric REY :

Je pense que le folklore fait partie de la culture et pour moi il n’y a pas de hiérarchisation entre les deux. Je crois qu’en France on a cette vision un peu agaçante qui tend à dire que ce qui est folklorique c’est gentil, c’est mignon mais c’est un peu poussiéreux, et un peu gnangnan et un peu figé. Non ! Je pense que le folklore c’est ce qui fait partie du peuple, c’est la culture du peuple… et la culture du peuple c’est important de la relayer. Par exemple, les Allemands n’ont pas du tout la même vision que nous. Quand nous parlons de culture nous parlons de haute culture, c'est-à-dire que l’on parle des arts "savants", on parle de la musique classique, de choses comme ça, mais on n’inclus jamais la musique traditionnelle etc. Mais il ne faut pas oublier que les musiques classiques sont énormément inspirées des musiques traditionnelles. La Danse Hongroise de DVORAK, elle est complètement inspirée de ce qui se passait dans le peuple… Le folklore est une part de la culture et une part très importante.

 

L’Illustre Théâtre : Une part vivante alors ?

 

Une part vivante bien sûr puisqu’elle appartient au peuple.

 

Merci à vous cinq d’avoir accepté de répondre à cette question.

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Vous pouvez cliquer sur le lien de la Semeuse, Colonne de Gauche, pour aller découvrir ce programme.
Personnellement, j’aimerais bien aller voir King Lear — fragments, d’après Shakespeare, car je connais bien le talent des deux comédiens, Frédéric FIALON et Jérôme KOCAOGLU, et de la metteur en scène, Caroline FAY.

01/08/2011

Un spectacle au poil

C’est au milieu de 130 spectateurs que j’ai pu assister à la représentation des « 4 Barbues » ; un spectacle de la Cie Une Petite Voix m’a Dit, qui clôturait ce 1er festival « Les Nuits de l’ARTlequino » sur la commune de Biot.

 

biot, festival, chanson

 

Hormis une grande banderole — visible sur la photo — peu d’affiches et aucun fléchage pour guider les habitants venus des autres communes. En revanche, une fois arrivé, un accueil bien organisé et très sympathique nous attendait. Le parking, spacieux pour cette petite ville, était plein ; heureux présage d’une manifestation réussie.

Ce festival a été organisé par deux artistes italiens, Valerio PALTENGHI, peintre illustrateur et Danilo RIGHETTI, auteur comédien. Valerio m’indique que c’est bien la première édition de ce festival, organisé par une structure associative du même nom : l’artlequino. Beaucoup de bénévoles, mais aussi la commune, ses commerçants, son photo-club et France-3 ont aidé à la réalisation de l’événement qui se déroulait à la fois au théâtre de verdure Frédéric Mistral (voir photo ci-dessous) et à la Salle des Associations. Pour une aide du département et de la région, il était encore trop tôt.

Je précise ces détails car je veux souligner ici l’extrême difficulté à rassembler toutes les énergies, les bonnes volontés et les compétences pour arriver à mettre sur pied un festival digne de ce nom.

biot, festival, chanson

Ce théâtre de verdure qui semble pouvoir accueillir 150 personnes n’offre pas une acoustique exceptionnelle, et c’est bien grâce au talent des quatre chanteuses et de la pianiste que le public put applaudir chaleureusement et en redemander.
Spectacle musical donc, inspiré par leurs prédécesseurs masculins « les quatre Barbus » (sans E cette fois), dans la lignée des Frères Jacques, et reprenant des chansons du tandem Francis BLANCHE / pierre DAC.

 

biot,festival,chanson

 

 

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C’est un spectacle qui a eu une première existence en 2010 et fut au départ une création collective, c'est-à-dire sans metteur en scène. Puis la Cie Une Petite Voix m’a Dit a décidé de refondre tout cela et de faire appel à Jean Jacques MINAZIO pour faire la mise en scène.
Cette seconde mouture est maintenant bien rodée ; lumière, accessoire et jeu de scène, tout est efficace et participe à un ensemble gouailleur et irrévérencieux.

Marie-Pierre FOESSEL, Oriane PONS, Sabine VENARUZZO et Sarah VERNETTE au chant ;
Élodie VÉLIA au piano ;
Michaël CREUSY pour la création lumière…
Tout ce petit monde va continuer à faire rêver le public des communes suivantes :

● Le Bar / Loup, mardi 2 août à 21h00 — Square Seytre (04 93 42 72 21)

● Levens, jeudi 4 août à 21h00 — Jardin public (04 93 79 71 00)

● Saint-Léger, vendredi 5 août à 21h00 (04 93 05 11 90)

● Mouans-Sartoux, dimanche 7 août à 21h15 — Château de cour extérieure (04 93 75 75 16) pendant le festival « Au clair de lune »

 

biot,festival,chanson

 

Lors de la prochaine édition, je conseillerai juste aux organisateurs de toujours veiller à ce que le numéro de téléphone annoncé par les média permette de joindre quelqu’un, ou bien d’être mis en relation avec un répondeur diffusant toutes les infos principales. C’est très rassurant pour le public qui ne connaît pas forcément les tenants et les aboutissants !

Et bien sûr, mon éternel conseil à toutes celles et à tous ceux qui aiment assister à des spectacles le soir en plein air : pensez à prendre une veste, même l’été ! Passé 22h00, lorsqu’on est immobile, seuls les applaudissements pourront vous réchauffer…

 

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19/06/2011

Une idée un peu folle

J’ai hésité à le faire… une drôle d’idée : parler du spectacle de fin d’année d’un collège de Nice. Pour un blog qui traite du Spectacle Vivant, est-ce bien sérieux ? Les travaux de collégiens peuvent-ils intéresser autant que les productions de troupes ayant pignon sur rue ?

Il est vrai que ce mardi soir, au Forum Nice-Nord, le public n’était composé que des parents d’élèves et des membres de l’équipe pédagogique du collège Valeri. Le grincheux aurait pu relever plusieurs imperfections lors de cette unique représentation. Et pourtant…

Il y avait ce soir-là des ingrédients essentiels au fonctionnement d’un spectacle : une énorme envie de produire quelque chose, un bonheur de jouer, de se laisser aller à faire des choses inhabituelles… comme cette idée un peu folle d’inverser les rôles : les enseignants interprétant des élèves et vice-versa. Même le Principal du collège était de la partie.


Et c’était bien là l’ingrédient essentiel : le théâtre est l’affaire de tous.

 

collège valéri,forum nice nord

 

Lorsqu’on nous parle de l’histoire du théâtre, on passe immanquablement par la case « Grèce Antique ». Et beaucoup savent que c’est là qu’est née cette invention si extraordinaire. On nous dit aussi que les premiers spectacles étaient produits à l’origine lors de manifestations religieuses.
Mais il faut également se rappeler que, très rapidement, le théâtre est devenu l’affaire de toute la cité grecque. Et le spectacle proposé par le collège Valeri nous l’a rappelé avec force. Car spectateurs ou comédiens, élèves ou enseignants, tous faisaient partie de cette institution. En ce sens, ce spectacle était original. En effet, il est rare qu’une troupe puisse choisir ses spectateurs. Le public habituel forme une communauté éphémère, qui se disperse une fois la représentation terminée. Pas ici. Le travail effectué tout au long de l’année scolaire, l’angoisse partagée par tous, les rires, les problèmes, les répétitions dans le hall du collège, les timides qui se décoincent, les matheux qui fréquentent les littéraires… et cette représentation dont ils reparleront encore longtemps entre eux. Tout était fait par le collège Valeri pour le collège Valeri.
Je ne prêche pas le corporatisme, bien au contraire. J’ai simplement le désir que le théâtre redevienne un bien commun. Fait par des humains pour des humains.
Une idée un peu folle…

 

Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur le déroulé de ce spectacle alternant scénettes et chansons du répertoire contemporain, allez donc visiter le site de Mme Dominique BOY-MOTTARD en cliquant ICI.

 

collège valéri,forum nice nord

 

07/06/2011

Le long des rues

Je n’ai pu assister qu’à un seul spectacle du festival de théâtre de rue, Roulez Carros, programmé le week-end dernier.

Mais quel spectacle, chères lectrices et chers lecteurs, quel spectacle ! Orchestrée par une troupe baptisée Les Grooms, c’est une représentation qui s’est déroulée, c’est le cas de le dire, tout au long des rues de Carros. Le départ était donné sur un terrain de sport, où le public (de deux à trois cents personnes) découvrait tout d’abord la troupe, dont la moitié effectivement habillée en groom.

 

carros,rue,festival,grooms

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Ceux-ci ont commencé par chanter et jouer de leur instrument (uniquement des cuivres) lors d’une parade en l’honneur d’un invité, prétendument venu du royaume du Bhoutan. Le comédien grimé pour l’occasion maniait plutôt bien un accent venu de l’Inde. En effet, imiter un accent, c’est déjà bien ; mais la vraie difficulté c’est de le garder tout au long de la performance.
Ce joyeux luron était venu nous annoncer que l’Indice de Bonheur de notre population était bien bas et que ses camarades et lui-même allaient nous aider à le relever. Le cortège s’ébranla alors et nous partîmes dans les rues de la commune, en faisant quelques haltes devant tel ou tel autre immeuble.

 

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Roxane Petitier, photographe officielle du festival, prise à son tour en photo...

 

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Avec la complicité de certains habitants, les comédiens de la troupe envahirent plusieurs balcons et terrasses, dans une succession de sketchs dont le délire allait crescendo.

Outre le chant et la musique, il y avait dans ce charivari des ingrédients venus du carnaval, mais aussi du Théâtre de Guignol.

 

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Mais en tout cas, les Grooms nous ont bel et bien offert un spectacle de rue, et non pas un simple spectacle en extérieur, comme je l’évoquais déjà lors du précédent article. En effet, dans ce genre d’exercice, tout peut arriver, le public n’étant pas "filtré" comme dans un lieu de spectacle conventionnel. Les personnes éparpillées tout autour de l’aire de jeu improvisée ne sont pas forcément venues là exprès.

Ainsi, il faut une très bonne préparation pour pouvoir adapter son jeu à toutes les situations possibles, et elles sont nombreuses. De plus, pour notre spectacle de vendredi soir, il a fallu trouver des personnes volontaires pour ouvrir leur porte à la troupe. Il y avait même, mélangée à la foule, la chorale de Carros chargée de reprendre les refrains.

Et malgré la pluie qui s’était invitée, pas une seule personne, je dis bien pas une seule n’est rentrée chez elle avant la toute fin du spectacle.

 

carros,rue,festival,grooms

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J’ai coutume de définir le théâtre comme étant « la grande cérémonie de communication collective ». Cela peut sembler emphatique ou intello et pourtant, lors de ce spectacle, je peux le jurer, nous savourions tous ensemble le bonheur d’assister à quelque chose de profondément bon. De profondément nécessaire.

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Avant de terminer cet article, j’aimerais également vous recommander d’aller visiter leur site en cliquant ICI. Cette compagnie, qui est plutôt basée en région parisienne, écume tous les festivals de théâtre de rue et j’espère fort que nous aurons l’occasion de les retrouver dans notre région.

14/03/2011

Elle ne m’a pas déçu.

L’Illustre Théâtre est un blog qui a lui aussi des artistes qu’il soutient régulièrement. C’est le cas pour Marie-Pierre FOESSEL ; et cela me fait plaisir de constater que, année après année, elle ne me déçoit jamais.
Bien sûr, bien sûr, on peut ne pas aimer le jazz, la pop ou la variété, mais on est obligé de reconnaître que cette chanteuse a une voix très travaillée, maîtrisée, capable de tout.
A cela s’ajoute la fantaisie, celle qui crée et qui ajoute le petit plus qui manque à la seule technique.

foessel,chant,loop,première

C’était la première de son spectacle Nina des Oursins vendredi soir, et je pense que je pourrai le recommander à chaque fois qu’il y aura des dates.
Seule en scène, s’accompagnant d’un piano qu’elle maîtrise bien ainsi que d’un « loops », ou plutôt de la machine qui sert à les produire (ce sont de brefs morceaux chantés ou joués, et qui sont répétés en boucles, pour accompagner l’artiste).
Elle alterne ainsi chansons de couleur pop et variété française, ascendant années-d’après-guerre, avec des compositions très modernes, le tout servi avec des textes réjouissants.
La seule remarque que je lui ai faite est une baisse dans le rythme du spectacle lui-même : elle est tout à fait d’accord pour le reconnaître et pense rajouter une ou deux chansons pour redynamiser l’ensemble.
Longue vie à Nina (et à ses Oursins ?)

19/01/2011

De bonnes compagnies

J’ai récemment mis en lien, Colonne de Gauche, le site d’une compagnie que je viens de découvrir : la Cie les Mots en Scène.
Sa fondatrice, Christine BERNARD, m’a confirmé que l’intitulé n’est pas un hasard et que le texte tient une place essentielle dans leurs spectacles.

J’ai pu assister à l’un d’eux vendredi 14 dernier : Variations Énigmatiques, d’Éric-Emmanuel SCHMITT. C’était à Mougins, à la salle Courteline. La première photo au-dessous montre qu’il s’agit bien d’une salle « polyvalente », contrairement au Théâtre Georges Brassens de Saint-Laurent-du-Var, cité dans l’article précédent.

Précision importante, car il me semble que ce lieu n’était pas le meilleur endroit pour jouer un huis clos. Je ne devais pas être le seul à percevoir cet espace vide qui restait derrière moi (et qui d’ailleurs rendait l’éclairage délicat). On me répondra que c’est le travail de l’artiste que de s’adapter à la configuration des lieux ; oui, je ne dis pas le contraire, et c’est d’ailleurs ce qui a été fait. Toutefois, un simple coup d’œil vous montrera qu’il était impossible de pousser les murs et que les 20 mètres de vides attiraient chaque spectateur vers l’arrière, détournait son attention.
Fort heureusement, on oubliait peu à peu ce lieu plutôt impersonnel pour se focaliser sur la scène.

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Les comédiens ont finalement réussi à l’emporter. Il m’a semblé toutefois qu’ils ont été un peu lents à prendre possession de leur rôle.
Lorsque je suis venu aborder Christine BERNARD après le spectacle, j’ai entendu une personne lui dire que les comédiens ne ressentaient pas ce qu’ils disaient. Ce n’est pas exact : mon premier professeur de théâtre, Henri LEGENDRE, appelait ça être « prisonnier du texte ». Il avait employé cette formule lors d’une répétition des Enchaînés, d’Eugene O’NEILL, et je me souviens en effet qu’il s’agissait là aussi d’un texte très travaillé, très (trop ?) littéraire.
Attention, comprenez bien, je ne parle pas d’une difficulté à exprimer un sentiment, un état ou un caractère ; il s’agit d’une remarque globale : le langage écrit utilise ses codes, le langage oral les siens. Lorsqu’un texte dramatique devient trop littéraire, cela devient plus difficile de le jouer.
De ce point de vue, il y a moins de difficulté à jouer du RACINE que ce texte d’Éric-Emmanuel SCHMITT car, dans la vraie vie, personne ne s’exprime en alexandrin, et les vers de RACINE sont une convention vite assimilée par le public. Tandis que des répliques très structurées…
Je n’ai pas la solution à cela. Si je me retrouvais à devoir monter un tel spectacle, je serai bien embêté. Peut-être demanderais-je aux comédiens d’être les plus iconoclastes possibles pendant les répétitions, de tout massacrer puis de revenir enfin aux intentions de l’auteur.

Ainsi, c’est un choix risqué que de s’attaquer à ce genre de théâtre. Et je tiens à renouveler mes félicitations à toute la troupe. En effet, entre ne rien faire du tout et en faire trop, les pièges étaient nombreux. Les déplacements, l’occupation de l’espace… on voit bien que Christine BERNARD sait faire de la mise en scène. Je suis certain que dans un local plus approprié, ce spectacle sera bien meilleur.

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La Cie les Mots en Scène est une compagnie amateur, ce qui ne veut absolument pas dire qu’elle est moins bonne qu’une troupe professionnelle, cela signifie simplement que ses membres ne vivent pas de leur art, et qu’ils ont un autre métier qui les nourrit.
Cela a une incidence sur leur rythme de travail car les répétitions n’ont lieu qu’une fois par semaine, mais durant toute une année scolaire. C’est une cadence difficile, mais, comme beaucoup de comédiens, ils n’ont pas d’autre choix.

Christine BERNARD m’indique qu’ils ont longuement travaillé à la table (pour cela, il n’est pas nécessaire d’avoir une vraie table, simplement, on met son corps de côté, on n’essaie pas de jouer, on se contente de lire et de discuter). Ils ont ainsi tenté d'analyser les caractères de chaque personnage, avant de le mettre en mouvement. Et ce n'est qu'après deux ou trois représentations, après avoir buté sur l'impossibilité d'aller plus loin, qu’ils sont revenus aux improvisations, à une nouvelle analyse psychologique et à la relecture approfondie du texte… à la table.
Christine BERNARD me confiait que « cette méthode n'est certes pas classique, mais mon expérience m'a montré qu'il était difficile d'appréhender les moindres détails, tous les sous-entendus, d'un texte ardu avant d'avoir commencé à le jouer… tout comme il est difficile d'en indiquer toutes les ruptures si on ne le lit pas soi-même à haute voix. »
Tiens, lire à haute voix, même lorsqu’on est seul, c’est un conseil que m’avait donné Luce COLMANT lorsqu’on n’arrive pas à se faire une idée d’une pièce.

La fondatrice de la compagnie me précisait aussi que « une fois déterminés quelques chapitres, nous les avons, bien évidemment, travaillés les uns après les autres, parfois réplique par réplique, avant de filer l'ensemble. Nous avons ensuite travaillé pendant plusieurs semaines sur le texte intégral afin de lui conférer une progression convenable. Enfin, nous sommes revenus aux courts morceaux pour en affiner le rythme, l'intention, les ruptures, etc. »

C’est un travail qui valait la peine d’être fait. Il faut maintenant que le spectacle se rode et trouve des salles (des vraies !) pour l’accueillir.

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Avant de terminer cet article, je vous invite à aller sur Deezer (par exemple) pour écouter les Variations Énigmatiques, musicales cette fois-ci, d’Edward ELGAR (c’est son nom qu’il faut entrer dans la case [rechercher], et non pas celui de l’œuvre, sinon la recherche n’aboutit pas). Il s’agit de variations faites autour dune musique que l’on n’entend pas. Éric-Emmanuel SCHMITT a transposé cela et écrit une pièce qui tourne autour d'une femme qui n'est pas là.
Pour la petite histoire, lorsque j’ai parlé de Variations Énigmatiques à mon chef de chœur, pour avoir son avis sur la musique il m’a surtout expliqué que l’idée de base lui rappelait En attendant Godot ! Interrogée la-dessus, Christine BERNARD m’a répondu que s’il fallait une comparaison, elle choisirait plutôt l’Arlésienne.

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24/11/2010

Comment ai-je pu oublier ?

Cette fameuse soirée spéciale cours-métrages + improvisations s’est globalement bien passée.
Notamment grâce :
à la bonne performance des comédiens (mention spéciale à David BANCEL, du Théâtre de l’Eau Vive) ;
à la fiabilité des techniciens ;
à l’aide des tous les membres actifs de l’association REGARD-Indépendant.
L’organisateur (moi !) n’avait plus grand-chose à faire, sinon des cheveux blancs.
21h30 ont sonné, nous sommes rentrés dans l’arène, c'est-à-dire la salle N°1 du cinéma Mercury, archi-comble avec des spectateurs assis sur toutes les marches.
Ma crainte principale était que le public ne suive pas, qu’il ne comprenne pas pourquoi on faisait tout cela. Mais au vu des réactions, puis des commentaires à chaud, je pense que dans l’ensemble, les spectateurs ont bien accueilli cette expérience.

Je m’étais fait beaucoup de soucis, plusieurs semaines durant, car j’avais recruté quatre comédiens, dont un qui ne connaissait pas les trois autres, ou plus précisément qui n’avait jamais travaillé avec eux. Et c’était là tout le problème.

Car avant l’été, lorsque j’ai dû trouver des comédiens, je n’avais qu’une idée en tête : assurer. Et j’ai donc fait ma proposition de spectacle « impro & Super-8 » à plusieurs professionnels… qui ont accepté.
Ce n’est que quelques semaines après que j’ai réalisé mon erreur : jouer en improvisation réclame de travailler ensemble pendant un certain temps, afin d’acquérir  les bons réflexes, de connaître mieux ses partenaires… Comment avais-je pu oublier une chose aussi essentielle.

C’est un problème qui m’a pris pas mal d’énergie, qui a détourné mon attention. Il fallait absolument que les comédiens se rencontrent avant, ce qui n’a pas pu se faire, tout le monde étant surbooké comme on dit aujourd’hui.
Une demi-heure avant le spectacle, je ne savais pas quelle en serait la structure exacte et j’avais dû prévoir tous les scénarii possibles, pour tenter de parer à toutes les éventualités.

Puis les choses se sont débloquées au dernier moment, on a choisi tous ensemble une direction. Une bonne direction.
 

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Pour l’anecdote, durant ce spectacle, des improvisations étaient réalisées avec des contraintes diverses et variées. Entre autres, la formule, assez répandue, des "petits papiers" : en arrivant, chaque spectateur est invité à écrire un mot et un seul sur un bout de papier que l’on plie en quatre et dépose dans une corbeille.
Durant la performance, quelqu’un tire un ou plusieurs de ces papiers et lit les mots qui y sont inscrit. Charge alors aux comédiens de les intégrer le plus rapidement possible dans leurs dialogues.

J’ai retrouvé au fond d’un sac tous ces bouts de papier et, sans trop savoir pourquoi, j’ai voulu recopier ici les mots qui n’ont pas été choisis — en respectant les majuscules/minuscules, la couleur et même les foÔotes d’orthographe.
Pour ceux qui étaient là ce samedi, essayez donc d’imaginer les dialogues qui auraient pu être inventés avec tout ça :

grisonnant

DROIT

Odeur de lavande

lumiere

ORGASME

Métaphore

chouquettes

BORDEL

onomatopé

Allégorique

SCHTROUMPH

DINOSAURE

POLYMORPHES

Chimpanzé

hululer

bistoukette

Fantasmagorique

CINEMATON

Retournement

tortue

mélomanie

Paillasse

Paris Hilton

Anthropophagie

BETTERAVE FOURAGERE

Betterave

LUGUBRE

chaussettes

mirage voilage nuages

SOCCA

Soleil

CANNELLE.

Andropause

jardin

ETHNOLOGUE

naze

collêge

Lionel Messi

FRANGE

studio

JAUNICE

Chacun n’ayant droit qu’à un seul mot et un seul, un p’tit malin a réussi à poser 7 fois « Ejaculation Faciale », sans doute dans l’espoir d’influencer un hasard jugé trop prude.

AMOUR apparaît trois fois, avec une écriture différente…

Mais cela me surprend moins que CHOUCROUTE qui n’apparaît que deux fois mais qui est moins évident !