08/09/2006
Demandez la deuxième partie du prograaamme !
En effet, j’avais promis de poursuivre ma liste de coups de cœurs, nous arrivons donc à la mi-février, et à « My Dinner With André ». Le programme mentionne : « d’après le scénario homonyme de LOUIS MALLE » [sorti en 1982 NdR], ce qui est déjà intéressant. Mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est qu’il s’agit là d’une création venue de Belgique. Les rares spectacles flamands auxquels j’ai pu assister m’ont toujours enthousiasmé, et bien que la durée annoncée soit de 3h00 ( ! ), j’ai bien envie d’aller tenter l’expérience.
Durant ce même mois de février se jouera « On ne Badine pas avec l’Amour », d’ALFRED de MUSSET. L’année précédente, le TNN avait programmé « Les Caprices de Marianne », du même auteur (pour en lire le compte-rendu, cliquez ICI). Est-ce tourner en rond que de présenter plusieurs fois un même artiste ? Je ne crois pas, je crois surtout que MUSSET est un écrivain majeur du théâtre du XIXème siècle et qu’il vaut la peine d’être joué. Et même lu car, ne l’oublions pas, il a écrit la plus grande partie de son œuvre avec l’intention de ne plus jamais rien porter sur la scène, vexé qu’il était par l’échec de ses premiers essais (« La Nuit Vénitienne », deux représentations seulement à l’Odéon, en 1830). D’autre part, « Badine » étant sans doute la pièce de MUSSET la plus étudiée dans les collèges ou lycées, une représentation « vivante » rendra toujours plus fécond un simple cours magistral. Pour aller la voir, il faudra se rendre non pas au TNN mais au Théâtre FRANCIS GAG, dans le Vieux-Nice, 4 rue SAINT-JOSEPH, non loin de la piscine SAINT-FRANÇOIS.
Au mois de mars sera représentée « Électre », de SOPHOCLE. « Encore un classique ! » soupirez-vous, mais combien d’entre-nous peuvent réciter une seule ligne de cette pièce écrite vers 430 av. JC ? Je n’ai en tête que peu de choses sur ce poète tragique grec. (Pour visiter un site concernant cet auteur, cliquez ICI ou ICI) J’ai surtout été attiré par le projet de la mise en scène de PHILIPPE CALVARIO, qui a voulu (ré)intégrer la musique dans cette œuvre. Il y aura donc des passages chantés, notamment par JANE BIRKIN qui jouera le rôle-titre. Aurons-nous ainsi le privilège de contempler cette œuvre comme ont pu le faire les premiers spectateurs, 25 siècles plus tôt ? Je crois que c’est impossible. J’espère surtout assister à une recherche intéressante sur la musicalité d’un texte ancien, sur un choix esthétique sensé mettre en valeur le thème tragique de cette pièce – il s’agit rien moins que du meurtre d’une mère par son enfant : AGAMEMNON, roi de Mycènes, est assassiné par sa femme CLYTEMNESTRE et l’amant de celle-ci. ÉLECTRE, la fille du couple royal, craint pour la vie de son frère, ORESTE. A sa demande, celui-ci tue CLYTEMNESTRE. Ils ne seront pas punis pour ce matricide, grâce à l’intervention d’APOLLON. Histoire cruelle donc, mais pas seulement ; c’est aussi l’histoire d’une femme qui ne se comporte pas comme les autres femmes de son époque.
Plus près de nous, SAMUEL BENCHETRIT a écrit et mis en scène « Moins Deux » : deux personnages – interprétés par ROGER DUMAS (récompensé pour ce rôle lors de la 20ème Nuit des Molières) et JEAN-LOUIS TRINTIGNANT. Ils n’ont plus que quelques jours à vivre, mais ils préfèrent fuguer de leur hôpital pour aller voir le monde. J’admire beaucoup chacun des deux comédiens et j’espère que le succès qu’ils rencontrent actuellement avec cette pièce n’est pas usurpé.
« Faces » est une expérience assez alléchante : écrit à l’origine par JOHN CASSAVETES pour le théâtre, il en avait fait un film, devenu culte depuis. Mise en scène de DANIEL BENOIN, avec les comédiens du TNN, cette pièce sera jouée à MONACO, à la Salle du Canton, quartier Fontvieille. C’est un peu loin pour mes finances en chute libre, mais nous verrons bien si en avril, la chance me permettra de me découvrir d’un fil. C’est un endroit que je ne connais pas, et il est sain, me semble-t-il, de ne pas toujours rester accroché à la même salle de spectacle (que l’on soit spectateur ou acteur) et j’aime découvrir de nouveaux espaces d’expression.
Les deux derniers spectacles qui achèvent cette liste seront : « La Peste », parce que j’apprécie ALBERT CAMUS ; et si le texte de la pièce est adapté du roman, n’oublions pas qu’ils s’agit d’un auteur qui a souvent travaillé pour le théâtre (« Caligula », « l’État de Siège », « les Possédés » ainsi que des traductions d’auteurs anciens...). Les possibilités de mises en scène restent intéressantes et le sujet traité assez universel. J’avais eu ce texte à défendre à l’oral du BAC de Français, et il m’avait porté chance : 16/20 !
Enfin « Ubu Roi », pièce d’ALFRED JARRY, qui donna à la langue française le mot « ubuesque ». Je ne sais pas si le spectacle est à la hauteur des compliments fait dans la presse, mais j’aime cette pièce et j’espère aller la voir. Et comme dirait le Père Ubu lui-même : MERDRE !
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24/08/2006
C'est aussi la rentrée pour eux
Eh oui, je leur ai déjà fait de la pub ici, car il faut dire que leurs qualités ne sont plus à démontrer. Voici donc un communiqué de la Cie ANTIPODES :
L'atelier d'improvisation et de composition chorégraphique du mardi soir reprend.
Rendez-vous
mardi 5 septembre à 20h30
Académie SOLIS, 35 bis, rue Gubernatis (en face de la bibliothèque Dubouchage)
Ouvert à tous
Les tarifs restent inchangés :
18 €uros / an adhésion et assurance SOLIS
10 €uros / an adhésion et assurance ANTIPODES pour les performances en extérieur
60 €uros / bimestre cotisation
Plusieurs performances sont déjà prévues à Nice et à Saint-Laurent-du-Var
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20/08/2006
Dell’Attore
Je (re)lisait le livre de DARIO FO : Le Gai Savoir de l’Acteur (Manuale Minimo Dell’Attore), qui est une mine de réflexions sur le théâtre. J’en ai même offert un exemplaire à un camarade, et j’espère pouvoir le faire lire à d’autres encore.
L’auteur y traite de pratiquement tout, à sa façon. Et fatalement, je suis tombé sur un paragraphe qui traite d’un sujet abordé récemment avec l’article intitulé « dans le texte ».
Mais lisez plutôt :
« Le théâtre n’a rien à voir avec la littérature, quoi qu’on fasse pour l’y réduire. Brecht disait avec raison de Shakespeare : ” … dommage qu’il soit beau même à la lecture : c’est son seul défaut, mais il est grave… ” Il avait raison. Une œuvre théâtrale valable, paradoxalement, devrait ne pas plaire à la lecture et ne révéler sa valeur qu’à la réalisation scénique… »
Voilà donc un nouvel avis, assez différent du miens je dois le reconnaître, mais qui est intéressant je crois.
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15/08/2006
Demandez le programme !
J’ai reçu en juin le programme du TNN. Je n’avais pas encore pris le temps de l’examiner. Je pense que cette saison, je vais prendre un abonnement, malgré mes modestes revenus (à les croire transparents). Malgré aussi le système contraignant imposé par le TNN : « au moins un spectacle par poste », sachant qu’il y a cinq postes. Parmi les œuvres proposées - 58, mais pas toutes au seul Théâtre de Nice – il y en a 13 qui ont retenu mon attention. Faute de temps et de moyen, il faudra bien que j’élague encore, au moment de poster mon bulletin.
P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon : pour payer son abonnement, le TNN autorise un échelonnement en trois fois : à la souscription, puis le 1er décembre et le 1er février. Il suffit d’envoyer trois chèques datés du jour de la souscription.
Le premier spectacle à ouvrir la saison au TNN sera « la Cantatrice Chauve », d’EUGENE IONESCO. Plus encore au théâtre que dans d’autres univers artistiques, la reprise d’une œuvre est chose courante. Comme beaucoup, j’aime aller voir une pièce que je connais déjà, mais dont la mise en scène est nouvelle. Certaines pièces classiques ont même été montées plusieurs milliers de fois. Mais sans aller jusque là, il est toujours enrichissant de voir un texte connu sous un éclairage nouveau. L’auteur est un des pères d'un genre théâtral qu’on appelle le théâtre de l'absurde, et qui traite, entre autres, des problèmes de communication. Il n’est pas le seul, LUIGI PIRENDELLO, par exemple, s’était attaqué à ce problème, dans un tout autre genre. Ceux qui découvriront le texte en percevront tout de suite le côté absurde et presque fou, mais attention, ces dialogues ne sont pas écrits n’importe comment. Il ne suffit pas de divaguer dans tous les sens pour pouvoir imiter le style de IONESCO.
Enfin, « La Cantatrice Chauve », c’est la fameuse pièce que l’on joue, sans interruption depuis 1957 – presque 50 ans – au Théâtre de la HUCHETTE, à PARIS. (Une petite salle de 100 places qui, d’après les commentaires, n’a pas été rénovée depuis sa création en 1948.)
J’ai toutefois hésité à retenir ce spectacle, car la mise en scène sera signée DANIEL BENOIN, l’actuel « patron » du TNN, dont le travail est d’une qualité inégale. De plus, dans la distribution, on trouve SOPHIE DUEZ, que je n’apprécie pas toujours. Cela ne veut pas dire que ces artistes là soient mauvais, chacun d’eux ayant déjà accompli de belles choses, cela signifie simplement que ce n’est pas gagné d’avance. Hum, bref… Passons vite au deuxième choix :
« Les Invisibles » commence véritablement la saison, mais le spectacle se déroulera sous un chapiteau installé sur le terrain de tennis de La Semeuse, près du Château, dans le Vieux-Nice. 3 pièces, écrites il y a environs cent ans. Pour avoir d’avantages de détails sur ce spectacle, cliquez ICI. Je l’avoue, je l’ai retenu d’abord parce que je connais bien deux des comédiens qui vont s’y produire : MARIE-NOËLLE VIVIANI, qui a débuté au THÉÂTRE de l’ALPHABET, et qui travaille actuellement au sein de la Compagnie LA SAETA ; et STÉPHANE EICHENHOLC, à la fois comédien, metteur en scène et excellent professeur. Il a fondé la Compagnie ARKADIA, dont les spectacles ont été produit dans de nombreux lieux de la région PACA. (« Acrobates », d’ISRAËL HOROVITZ ; « Le Journal d’un Fou », de GOGOL ; « Moulin à Paroles »… etc…) Il a également joué pour le cinéma et la télévision.
Le troisième spectacle que j’aimerais aller voir est « Faust – La Signature ». Parce que, je l’ai déjà dit dans d’autres articles, j’aime les talents qui se mélangent. Ici, il s’agit d’une collaboration entre deux structures : le Théâtre AKHE de ST-PETERSBOURG et le Teatro LINEA de SOMBRA de MEXICO. Le programme laisse entendre que les comédiens jouent également avec la lumière et le son, et même avec « certaines lois de la physique » ! Affaire à suivre…
Ensuite, « Vêtir Ceux Qui Sont Nus » se jouera à la mi-décembre. Cette pièce est de LUIGI PIRANDELLO – tiens tiens, je parle encore de lui ! Cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1934, a participé au renouvellement de la dramaturgie moderne. S’il était préoccupé par le problème que pose la compréhension de l’autre, ses pièces traitent surtout du dédoublement (thème du miroir ou de la gémellité) Il a écrit des romans, de la poésie ainsi que de nombreuses pièces, dont la fameuse « Six personnages en quête d'auteur » ou « Ce soir on improvise ». Ce spectacle est produit par le Théâtre NATIONAL de STRASBOURG, ce qui est de très bon augure. En effet, ce théâtre, qui est un des rares Centre Dramatique National basé en province, a produit quantité de très bons spectacles. Il accueille l’une des trois seules Ecoles Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique – avec PARIS et plus récemment LILLE.
Mon cinquième choix – qui terminera cette première partie, car la liste est trop longue pour un seul article – est Amphitryon. Elle est, avec DOM JUAN, la pièce la plus inclassable du répertoire de MOLIERE. Il s’agit, ni plus ni moins, des Dieux MERCURE et JUPITER qui s’amusent à mystifier les humains, en prenant leur apparence. Cette comédie est composée d’un prologue et de trois actes, le tout écrit en vers de longueurs inégales. Là aussi, comme chez PIRANDELLO, jeux de miroirs et jeux d’identité. Cette œuvre à part nous a laissé un nom commun : celui de « sosie », qui est donc à l’origine le nom propre du valet, dont MERCURE aura pris l’apparence. Les possibilités de mise en scène restent nombreuses, et peut-être aurons-nous là de bonnes surprises.
La suite très bientôt…
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12/08/2006
C’est la rentréeeeee !
Je l’avoue, j’ai laissé mon joli Blog en plan pendant 4 semaines… Promis, je ne vous laisserai plus sans nouvelle.
Car nouvelle il y a : nous avons un commentaire de M. CHRISTIAN RULLIER, qui se rapporte à l’article « Dans le texte », du 05 juillet, et qui me semble très intéressant, aussi j’ai souhaité le reproduire dans cette note :
« Bonjour, bonjour. Arrivé sur cette page par le hasard d'une vague, je me permets d'apporter une petite correction, de vous poser une question inquiète et de vous inviter, en tant que passionné par la lecture du livre de théâtre, à découvrir un site. Une correction, d'abord : la SACD, dont je suis Vice-Président pour le Théâtre, n'est en rien un "méchant gendarme", mais une société de perception et de répartition des droits d'auteurs. Elle protège les auteurs contre l'utilisation non rémunérée de leurs oeuvres, notamment, dans le cas du Spectacle Vivant, en percevant les droits d'exploitation auprès des Compagnies et des théâtres, droits qui sont ensuite reversés aux auteurs (moins la retenue statutaire). Elle n'a nullement vocation à vous attirer des "ennuis" pour la reproduction d'extraits de pièces, courts ou longs. Ce n'est pas son domaine !! Les ennuis, en revanche, c'est avec les éditeurs des oeuvres que vous pourriez les rencontrer, dès lors que l'extrait dépasserait 6000 signes (espaces inclus), ainsi peut-être qu'avec les auteurs ou leurs ayant droits...
Une question inquiète ensuite : hormis Shepard et Arrabal, aucun auteur contemporain vivant francophone ne figure dans vos recommandations (auxquelles je souscris bien volontiers par ailleurs)... Est-ce un rejet, un oubli ou une méconnaissance ? Votre réponse m'intéresse beaucoup.
Une invitation, enfin, à découvrir un site gratuit et entièrement dédié aux livres de théâtre : www.scenepremiere.com. Nous l'avons créé il y a presque deux ans, et plus de 1500 auteurs y sont répertoriés. J'espère que cela vous intéressera.
Bien amicalement.
Christian »
Merci a vous d’avoir pris la peine de rédiger ce commentaire. En effet, la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatique), comme la SACEM, sont des organismes dont on connaît surtout le nom, et moins le fonctionnement. Voilà donc vos précisions bienvenues, et j’invite nos lecteurs à cliquer ICI pour faire connaissance avec votre société, fondée par Beaumarchais (lisez l’historique, il est très instructif).
Enfin, je souhaite répondre à votre question afin de calmer vos inquiétudes. Il est vrai que peu d’auteurs contemporains apparaissent dans cette liste, mais, comme je l’avais précisé, il ne s’agit surtout pas d’une « recommandation », encore moins d’une liste exhaustive. Je désirais juste faire partager cette expérience que beaucoup d’entre nous avons faite : apprendre par cœur, sans s’en apercevoir, des lignes entières d’un auteur qu’on aime, simplement parce que, puisqu’on l’aime, on le relit souvent. J’aurais voulu que certains soient plus hardis et nous confient à leur tour quels étaient les auteurs dramatiques qu’ils lisaient le plus volontiers. C’est aussi cela, l’esprit d’un blog : la participation volontaire, la réactivité.
Je souhaitais également évoquer ce quasi-paradoxe : lire un texte qui a été écrit pour être représenté. J’aime lancer ainsi un sujet ouvert (les notes de ce genre sont regroupées sous la rubrique ENTRACTE ou bien POINT DE VUE).
Il n’y a donc aucun rejet de ma part soyez-en certain. Méconnaissance des auteurs contemporains, c’est plus plausible. Ma modestie m’oblige à reconnaître que je ne les connais pas tous, loin de là. Si le « hasard d’une vague » vous a conduit jusqu’ici, je serais ravi qu’un autre reflux vous ramène bientôt sur ces quelques pages, afin que vous puissiez apporter vos éclaircissements à de futurs articles.
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14/07/2006
Une comédie
Pour ceux qui aiment les comédies de qualité, il se joue actuellement au Théâtre du Cours :
Pièce de Brigitte RICO
Mise en scène par Fabienne COLSON
Régie assurée par Julien ESCALLIER
Avec :
Manon GUILIANI
Gérald MICHEL-HEILLES
Brigitte RICO, qui travaille également avec Noëlle PERNAT, a écrit d’autre pièces de théâtre comme « Un homme à tout prix».
Fabienne COLSON, metteur en scène, est aussi comédienne et donne des cours d’art dramatique au TNN.
J’ai gardé un bon souvenir de ce divertissement, que j’ai pu aller voir l’année dernière. Ni Odieux ni Maître a été jouée de nombreuses fois, ce qui n’est pas négligeable pour une comédie : chaque représentation agissant comme autant de répétition, les comédiens gagnent encore en finesse, précision et surtout bonheur de jouer (le spectateur, inconsciemment ou pas, reçoit une part de ce plaisir de jouer, et si les comédiens s’amusent, la comédie n’en fonctionne que mieux)
Le lieux est connu du public Niçois, car il existe depuis bientôt 20 ans. En effet, il fut créé par HENRI MASINI, à une époque où il n’existait plus rien dans le Vieux-Nice. C’est une petite salle pouvant accueillir jusqu’à 48 spectateurs, et qui, au fils des comédies programmées ici, a su conquérir un public nombreux.
5, rue de la Poissonnerie (perpendiculaire au Cours SALEYA)
Réservation / renseignements au 04 93 80 12 67
Tous les soirs, sauf les lundis, à 21h00
Prix de la location des places : 15 €uros (tarif étudiant : 10 €uros)
Durée approximative du spectacle : 1h15
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12/07/2006
« Ô Ciel ! que d’aventures extraordinaires ! »
C’est une des dernières répliques qui terminent les Fourberies de Scapin, de MOLIERE. Je jouais dans cette pièce, lorsqu’elle était représentée au Théâtre de l’Alphabet. C’était du temps de ma belle jeunesse, puisqu’on me confiait le rôle du « jeune premier ». En fait au nombre de deux ici : Octave et Léandre, que j’ai interprété chacun plusieurs fois, car cette pièce est souvent remontée d’une saison sur l’autre, avec à peu près les mêmes comédiens.
Les jeunes premières, en revanche, changeaient parfois. Et (c’est là où je voulais en venir, ne partez pas !) chacune d’elle, immanquablement, rechignait à dire cette terrible exclamation : « Ô Ciel ! que d’aventures extraordinaires ! »
Terrible car, malgré tout le génie de MOLIERE, ses pièces se terminaient souvent de façon peu vraisemblable, et il s’appliquait en plus à le souligner par une réplique de ce genre. Si, par hasard, un spectateur ne s’était pas alarmé du côté rocambolesque de la situation, et bien là, au moins, tout le monde était averti ! (Peut-être cette habitude venait-elle de la Commedia dell’Arte, que MOLIERE devait bien connaître.)
Chacune des comédiennes avait sa façon à elle de tenter d’escamoter la délicate réplique. Je me suis rendu compte plus tard que, dans presque tous les textes, il y a une phrase qui passe mal… du moins aux yeux du comédien qui doit la prononcer.
Mais HENRI LEGENDRE, qui dirige toujours ce théâtre, nous enseignait avec raison que la seule solution est de jouer cette réplique « à fond », en y croyant dur comme fer, en l’assumant pleinement. En effet, ces petites phrases sur lesquelles notre attention s’accroche passent en réalité très bien, et parfois même inaperçues.
Certaines répliques nous bloquent, nous rebutent, mais aussi certaines actions, pourtant d’apparence anodine. Est-ce le signe qu’en réalité le comédien n’a pas bien compris son rôle, ou bien la situation ? Ou qu’il n’a pas intégré le parti pris du metteur en scène ? Peut-être que dans ces moments là, nous montrons que nous ne sommes pas à cent pour cent dans le spectacle, que nous n’y mettons pas toute notre énergie. Ou plus simplement, n’est-ce pas la peur du ridicule ? Peur qui n’est pas raisonnable puisque l’acteur qui crois vraiment à ce qu’il fait n’est jamais ridicule, quelle que soit la réplique.
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