04/01/2011
France-Inter(mittente)
L’invité de l’émission Comme on nous parle du 03/01/2011, présentée par Pascale CLARK, était l’avocat maître Jérémie ASSOUS. Il est connu pour avoir défendu Julien COUPAT et d’autres jeunes personnes de Tarnac, mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste — malgré un dossier complètement vide.
Il a également défendu les participants de plusieurs émissions de téléréalité face aux sociétés de production appartenant à TF1 ou M6 : il a réussi à faire requalifier en contrat de travail les contrats de près de 150 candidats de la téléréalité (ce n’est que le début et les condamnations vont être de plus en plus lourdes pour ces infractions au code du travail).
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Photo : Rudy Waks pour Télérama
Pour permettre à l’invité d’expliciter sa démarche, la présentatrice relance le débat et veut jouer les candides : « …/… est-ce qu’il n’y a pas plus important que de se battre pour cette cause-là ? » Moment d’incrédulité de la part de maître ASSOUS « Mais… c’est un cas ; je suis avocat… il y a des dossiers, des gens viennent me voir… vous savez, vous défendez… » Pascale CLARK reprend la parole « Non mais, parce que personne n’oblige un candidat à être candidat, il y va en tout état de cause, voyez ; il y a pire comme injustice, non, vous ne trouvez pas ? » Jérémie ASSOUS précise « Je n’ai jamais été sur le terrain de la morale. Vous avez un certain nombre de personnes qui viennent vous voir : mes droits n’ont pas été respectés, est-ce que vous pouvez me défendre ? Je n’ai jamais dis que c’était le dossier du siècle. »
Ainsi, deux arguments aussi choquants l’un que l’autre sont avancés :
Le premier est énoncé par la présentatrice : les comédiens participent à Kho Lantha ou à l’Île de la Tentation sans y avoir été forcés, ils n’ont donc pas le droit de se plaindre — mais alors, avec ce raisonnement, on peut donc dire à son médecin : « dites donc, mon vieux, je ne vous ai pas forcé à faire des études de médecine, hein ? alors je ne vous paye pas la consultation, et ne vous plaignez pas » ! Ce n’est pas parce qu’on est venu travailler de son plein grés qu’on doit le faire gratuitement (même si aujourd’hui cela semble un privilège de choisir son emploi…)
Le second, rappelé par l’invité, est celui des boites de production : ces émissions de téléréalité seraient prestigieuses (je tiens à garder le conditionnel), et donc les Intermittents devraient travailler gratuitement ; sans doute par reconnaissance envers leurs maîtres vénérés qui ont eu la grande bonté de les tirer du ruisseau pour les mettre dans la lumière de la célébrité — mais je n’ai pas beaucoup d’exemple, à ma connaissance, de comédiens ayant eu une carrière brillante grâce à leur participation à Pekin Express ou Les Colocataires (nous avons eu Nolwenn LEROY, Loana et autres Jean-Pascal jouant les utilités, et puis ?…)
Il faudrait être d’une naïveté confondante pour croire que ces comédiens qui vivent sous l’œil inquisiteur des caméras passent leur temps à s’amuser réellement.
Il faudrait vraiment être d’une simplicité d’esprit affligeante pour dire que ces gens-là ne font pas un vrai travail.
Les cachets perçus pour leur participation n’ont rien de honteux. Ils sont sans commune mesure avec ceux des (vraies) stars du show-business. Lorsque des artistes arrivent à être sélectionnés pour de telles émissions, je leur souhaite « ♫ tout le bonheur du monde ♪ », de ne pas trop prendre la grosse tête et de penser à la suite de leur carrière. Je ne suis ni jaloux ni inquiet ; je me dis simplement que leur contrat de travail et leur rémunération doivent correspondre aux usages des métiers du spectacle, tout simplement parce qu’ils TRAVAILLENT.
Comment peut-on en arriver à confondre — à décalquer — le plaisir du téléspectateur avec les activités filmées (et factices) des participants, même si lesdites activités peuvent sembler inutiles, oisives, faciles voire même (faute suprême !) agréables ? Parce qu’avec des raisonnements pareils, on peut également demander aux présentateurs d’émission de radio de diviser leur salaire par deux, tant ils semblent prendre du plaisir à rigoler avec leurs invités au lieu de bosser sérieusement.
On pourra me répondre que, en quelques sortes, les sociétés de production font appel à des non-professionnels, les rémunèrent peu ou pas en échange d’un bon moment passé à s’amuser ou à se laisser vivre. Et, comme il y aura toujours des gugusses pour accepter ce marché de dupe, les producteurs pourront toujours se passer d’Intermittents… et réaliser de belles économies.
Moi-même j’avais donné dans le panneau en 1998, lorsque j’étais passé à France-3 c’est l’Été : une émission présentée par Julien LEPERS et programmée tous les après-midi en été. Durant trois heures, des divertissements (enregistrés le matin) venaient s’intercaler entre des prises de direct où une vedette invitée venait parler de tout et de rien — surtout de rien. Arrivait, sur le coup des 17h00, la fameuse « Minute de l’Impro » : on faisait mine d’avoir recruté deux baigneurs assoupis sur la plage (ça se passait sur les plages de France, Cap d’Aïl en ce qui me concerne). On affirmait au faux public et aux vrais téléspectateurs que ces deux anonymes n’avaient jamais fait de théâtre, puis on les posait sur une scène en forme de ring, où ils devaient se livrer à un match d’impros d’une minute chacune. La vedette (Annie CORDY ce jour-là) et deux acolytes se chargeant de voter pour le moins nul. Le vainqueur remportait tout de même deux entrées gratuites à Disneyland Paris avec une nuit d’hôtel. N’ayant pas gagné, j’ai quand même pu profiter de ce voyage à Disneyland, car ma camarade, ne pouvant s’y rendre, me l’avait généreusement cédé. Éh ! oui, ma « camarade », car nous étions bien évidemment recrutés dans les cours de théâtre de la région un mois avant l’émission, puis testés quinze jours avant, afin de vérifier que les apprentis-comédiens sélectionnés étaient capables de produire quelque chose de correct.
Je ne pense pas que Pascale CLARK ait eu l’intention de nuire aux Intermittents du Spectacle en avançant de tels arguments, franchement je ne le crois pas. Mais cela m’a semblé maladroit de sa part, car la façon dont on pose les questions biaise parfois l’opinion de ceux qui écoutent. Et je m’indigne tout simplement parce qu’ils sont encore nombreux les jaloux, celles et ceux qui croient travailler plus que les autres ; ceux qui s’imaginent que les artistes sont des privilégiés ou bien des parasites, que le système culturel français est exorbitant. Ne rajoutons pas d’huile sur le feux, madame CLARK, je vous en conjure.
Il y a tant et tant de professions jetées en pâture dans l’arène de l’ignorance, tant et tant de catégories qui attirent la jalousie parce que leur métier est méconnu. Il y a encore des incultes qui s’imaginent que les enseignants sont payés pendant toute la durée de leurs congés ! Il y a encore des personnes qui, par un raisonnement étroit, s’imaginent que l’argent qu’on ne donnera pas aux artistes tombera fatalement dans leur escarcelle. Il y a encore certains de nos compatriotes qui, par une sorte de joie mauvaise, ricanent de voir le statut des Intermittents grignotés peu à peu. Mais la joie mauvaise, disait REISER, la joie mauvaise, c’est le bonheur des cons.
Ne donnons pas aux cons des raisons de se réjouir.
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J'ai failli oublier : BONNE ANNÉE 2011 à toutes les lectrices et à tous les lecteurs de ce blog !!!
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12/12/2010
C’est de la triche ?
Il existe toute une littérature pour décrire des méthodes de travail destinées aux comédiens. Certains de ces livres sont célèbres dans le petit monde du Spectacle Vivant, comme La Formation de l'Acteur et La Construction du Personnage, de Constantin STANISLAVSKI (Constantin Sergueïevitch Stanislavski, le vrai nom étant ALEXEÏEV, riche famille bourgeoise).
En réalité, chacun sait qu’il n’existe aucun système universel, aucune théorie assurant aux comédiens un jeu parfait. A chaque nouveau rôle, il faut tout reprendre à zéro ; enfin, presque. Je dirai plutôt que les expériences passées s’accumulent, se capitalisent même, mais pas d’une façon formelle. C’est un peu comme si notre instinct s’aiguisait.
Et puis, au bout d’une certaine période, on finit par avoir chacun nos petites recettes. Grandes Dames et Grands Messieurs du théâtre nous ont tous mis en garde contre les ficelles, les automatismes qui risquent de rendre le jeu des comédiens mécanique, prévisible et ennuyeux ; tout ces trucs qui nous empêcheront d’être génial… mais qui nous permettront aussi de ne pas nous désintégrer sur scène, qui nous aideront à faire illusion les soirs de défaillance.
Par exemple, j’ai ma petite combine lorsqu’il s’agit d’entamer les répétitions et que je ne sais pas par quel bout prendre le rôle :
Au-delà des seuls mots imprimés, il est possible de déterminer, pour beaucoup de répliques, un sens qui n’est pas écrit explicitement. Ainsi, dans Feu la Mère de Madame, de Georges FEYDEAU, lorsque Lucien dit à sa bonne : « Et vous, allez donc chercher du vinaigre, des sels, au lieu de crier : "Mon Tié ! Mon Tié !" ce qui ne sert à rien ! ». Il ne s’agit pas ici d’un ordre banal donné par un maître à son domestique. En réalité, l’intention du personnage est d’exprimer son agacement par le bourdonnement inutile de cette bonne. Le comédien qui dit cette réplique peut penser en réalité : « Mais aidez-moi vous, au lieu de vous lamenter avec votre accent alsaco de merde ! ». Quelques pages plus loin, lorsque Lucien est réveillé par sa femme qui s’indigne de le voir se rendormir malgré le chagrin qui la frappe et qu’il lui répond : « … Ah ! Je te demande pardon ! un peu de fatigue !… », il ne s’excuse pas du tout et l’intention réelle est plutôt : « Mais arreêete ! Arrête de me chercher des poux, j’ai le droit d’être fatigué ! »
Cette façon d’interpréter un texte peut s’appliquer à toutes les répliques, importantes ou pas. Chercher à chaque fois le vrai sens des phrases donne plus de relief au texte et plus de vérité au personnage.
Attention, lorsque je parle de « sens », il ne s’agit pas d’un sens caché, ni du sens de la pièce ; simplement ce qui est dit en réalité, jusqu’aux choses les plus insignifiantes, comme nous le faisons nous-mêmes tous les jours.
Il en est des méthodes de travail comme de la diction, ce n’est pas là l’essentiel et tout doit être parfaitement digéré par le comédien, afin de rester invisible pour le spectateur.
D’autre part, la direction principale que l’on doit prendre est celle désignée par le metteur en scène. Il faut tenir compte de toutes ses indications, même si le comédien peut et doit apporter le plus de choses possible lors des répétitions.
Le comédien doit trouver le maximum de liberté… à l’intérieur d’un cadre très précis.
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03/10/2010
C’est pas sympa pour Monsieur Cohen
Ce n’est pas le titre d’une pièce, pourtant ça se passe dans un théâtre. Comme je vous l’avais annoncé (cliquez ICI pour relire l’article), le Théâtre de la Cité est repris par la Cie Miranda.
Jusque-là, c’est plutôt une bonne nouvelle : le fondateur de ce théâtre privé, Meyer COHEN, ayant atteint l’âge respectable de 75 ans, on pouvait craindre une fermeture définitive pour cause de retraite, sans aucun repreneur.
La Cie Miranda, fondée par Thierry SURACE en 1995, a les reins suffisamment solides pour un tel projet (pas seulement côté finance, investir un tel lieu est compliqué : il faut programmer des spectacles pour toute la saison, communiquer, mettre au point une structure d’enseignement… c’est un ensemble de savoir-faire de professionnels).
Qu’est-ce qui me chagrine alors ? Les propos inutiles, voire incohérents, du gratuit « la Strada ». Encore eux ! décidément, on va finir par croire que je leur en veux !
Mais lisez-donc le sous-titre de l’article qui est consacré à l’événement : « Une oasis de liberté pour la création est née à Nice. L’ambition d’ouvrir un Pôle Théâtral, privé, absoud de toute contrainte consualiste est une bonne nouvelle. Miranda a repris le Théâtre de la Cité. Nice se réveillerait-elle ? »
Ainsi, à en croire le rédacteur, ce Théâtre de la Cité n’était pas, jusqu’à aujourd’hui, un véritable espace de liberté. Monsieur Meyer COHEN n’avait rien créé de réellement indépendant. Nice dormait, sans aucun théâtre digne de ce nom…
Ce n’est pas très sympa, non, mais c’est surtout injuste. Je suis convaincu que Thierry SURACE et toute la Cie Miranda ont le plus grand respect pour le travail accomplis depuis la création de cette salle en 1994.
L’article devient réellement incohérent lorsqu’on lit : « Créé par M. Meyer Cohen, ce lieu qui a vu défiler nombre d’artistes a retrouvé une perspective, et son créateur qui a eu la maturité d’en assurer la transmission est à célébrer tant le partage, mais aussi l’exigence de qualité l’ont toujours guidé. »
Qu’a voulu dire son auteur ? Qu’il était temps que M. COHEN s’en aille, ou bien qu’il fut un homme de grand talent ?
Je crains que cet article, et même toute la ligne éditoriale de la Strada, ne soient guidés par une seule obsession : montrer une posture "de Gauche" et "engagée".
Pour être crédible, faut-il qu’une gazette traitant de culture affecte d’être farouchement gauchiste, libertaire et révoltée ? Car le malheur est que, souvent, cela sent le réchauffé ! Toutes leurs diatribes contre le grand capital et contre le consensus mou, elles arrivent toujours trop tard, ou bien manquent d’exemples concrets.
D’autre part, je connais pas mal d’artistes qui ne sont pas de Gauche. Cela ne les empêche pas d’être excellents, même si je suis rarement d’accord avec eux.
Cela est dommage, car dans ce même article, on y bouscule aussi les idées reçues sur la production privée. Mais cela passe inaperçu au milieu d’un flot de texte inutile (les syndicalistes et les partis politiques n’écrivent pas mieux, mais ils collent d’avantage à l’actualité et ils ont un discours beaucoup plus subtil et structuré.)
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02/07/2010
la Bête
Elle vit encore, la "Bête", celle qui censure, celle qui brutalise.
Oh, je n’ai pas la prétention de rajouter quoi que ce soit à tout ce qui a déjà été dit sur l’éviction de Didier PORTE et de Stéphane GUILLON. Car fort heureusement, ce coup bas n’est pas passé inaperçu, bien au contraire.
Toutefois, je me suis dit, en visionnant quelques extraits sur les Inrocks.com, que la république bananière dans laquelle nous vivons ne viendra pas à bout de l’Internet aussi facilement qu’elle a étouffé la télévision.
En effet, une poignée de chaînes de télé et de radio seulement se partagent une grosse part de l’audience. Une Christine OCKRENT, directrice de France 24 ET épouse d’un ministre en exercice ; quelques amis du président bien placés, et voilà les ondes muselées. Adieu les GUILLON et les PORTE, adieu les trublions.
Tandis qu’Internet, c’est une autre paire de manches. Même en Irak ils ont eu du mal.
Alors voilà, moi aussi je relais l’info. Une info que tout le monde sait déjà. Mais une info qu’on ne doit pas oublier. Donc moi aussi, je la mets en ligne, et j’y reviendrai régulièrement.
Tous les jours, il faudra que ce témoignage circule, qu’il vive. Nous ne devons pas oublier qu’un terne et insignifiant Philippe VAL et qu’un pauvre Jean-Luc HEES — éblouis par une puissance illusoire — ont censuré, sans oser l’avouer, deux humoristes de grand talent, écouté QUOTIDIENNEMENT par plus de 2 000 000 d’auditeurs (si seulement j’en avais le centième sur ce blog !).
Lorsqu’un pouvoir politique est très affaibli, il répond aux critiques sans réfléchir et avec férocité, dans l’espoir imbécile que cela fera taire les mécontents.
Cliquez sur l’image pour aller sur le site des Inrocks.com où l’on présente la manifestation de soutien du 1er juillet.
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25/06/2010
Personnels et universels
Il y a des éditions qui présentent certains textes de théâtre avec, en marge, les notes d’un metteur en scène ou de l’auteur.
J’ai acquis ainsi pour 3 Euros chez un bouquiniste le Roi se Meurt, d’Eugène IONESCO, comportant ses notes pour la mise en scène qu’il avait imaginée, précédées d’une sorte de préface, simple extrait de Notes et Contre-Notes, de ce même auteur.
Une semaine plus tard, je regardais un DVD, loué à la Médiathèque au rayon « pièces de théâtre », intitulé Machiavel / Montesquieu — Dialogue aux enfers, rencontre imaginaire écrite en 1864 par Maurice JOLY et adaptée à la scène par la Cie Pierre Tabard au Lucernaire à Paris.
Déçu par le ronronnement de ce spectacle ennuyeux, il m’est revenu en tête un passage de ces Notes et Contre-Notes :
« D’abord le théâtre a une façon propre d’utiliser la parole, c’est le dialogue, c’est la parole de combat, de conflit. Si elle n’est que discussion chez certains auteurs, c’est une grande faute de leur part […/…] Je ne risque d’être berné que lorsque j’assiste à une pièce à thèse, non à évidence : une pièce idéologique, engagée, pièce d’imposture et non pas poétiquement, profondément vraie, comme seules la poésie, la tragédie peuvent être vraies. »
Je ne sais toujours pas si ce que nous dit Eugène IONESCO est une grande vérité universelle ou une simple piste à défricher, mais je constate qu’elle s’applique bien au spectacle que je viens de citer.
Car si le texte devait être très intéressant à lire — deux philosophes qui s’affrontent, c’est plutôt alléchant — las, les personnages n’existaient pas assez, faute de pouvoir s’appuyer sur un drame personnel. Au lieu d’exposer à la queue leu leu des idées et des discours, très beaux au demeurant, on aurait préféré les découvrir par le biais des individualités et de leurs petites histoires personnelles.
Pardonnez-moi d’en remettre une couche, mais c’est également un des défauts dont souffrait le spectacle les Funambules (cliquez ICI pour relire l’article).
L’auteur avait maladroitement truffé son texte de phrases "vachement balèzes", mais sans vrai personnage pour les soutenir ni drame pour les accueillir.
Plutôt que de disserter sur la mort en général, le Roi se Meurt donne à voir l’agonie d’un roi imaginaire. On peut trouver le texte loufoque, mal équilibré ; certains disent même qu’Eugène IONESCO, ça fait un peu ringard. Je n’ai pas de réponse à cela.
Toutefois, lorsqu’un accident se produit sur la route, que les gyrophares des pompiers éclairent la scène bien réelle d’un drame véritable, les autres automobilistes ralentissent pour regarder : la victime est-elle encore par terre ? la famille pleure-t-elle bien ? les dégâts matériels sont-ils spectaculaires ? Comportement malsain de voyeurs voulant toujours plus de sensations, mais aussi pauvres petits humains fascinés, venant regarder la Mort… et leur propre mort.
Suivons les recommandations de Trafic-FM, ne ralentissons pas à l’endroit où a eu lieu un accident réel, ne formons pas de bouchon.
Allons plutôt dans les théâtres affronter par procuration la mort, l’avarice et l’hypocrisie. Allons-y pour regarder tous les personnages, tous les archétypes vivre, à travers leurs propres histoires, des drames universels.
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24/05/2010
Dans l’œil de la caméra
Hier, j’ai vu Dans Ses Yeux, film argentin de Juan José CAMPANELLA, Oscar du meilleur film étranger — et un des meilleurs que j’ai pu voir depuis longtemps.
Avec une sortie officielle le 05 mai 2010, il n’est programmé que dans une seule petite salle des Alpes-Maritimes, au Rialto de Nice, en V.O.
Camping-2 est programmé actuellement dans huit grandes salles du département.
L’aimable (et peu cultivé) Franck DUBOSC me fait encore rire. Toutefois, à 1 contre 8, le déséquilibre est trop grand.
La comédie grand public est une bonne chose, mais c’est une question d’équilibre.
Cette humeur un peu bougonne est en quelque sorte une suite du billet précédent, sur les critiques d’art.
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20/05/2010
Nouvel obs
Je reproduis ici un commentaire que j’ai laissé sur le blog de Mme Odile QUIROT, critique de théâtre pour le journal le Nouvel Obs. Je vous invite donc à lire tout d’abord son article, avant de retourner lire le mien, en cliquant ICI.
Photo Marcel Hartmann
Je souhaite défendre ici le rôle du critique, et tout à la fois dire mon désaccord avec l’analyse de Mme Odile QUIROT.
Les critiques d’art n’ont pas pour fonction d’être en conformité avec l’air du temps ou la mode. En effet, même s’il arrive qu’ils soient parfois à contre-courant de l'opinion publique, ce qui n’est quand même pas toujours le cas, je leur demande de dire ce qu’ils pensent, ce qu’ils ont ressenti et surtout, surtout, d'intéresser leurs lecteurs à l’art — le Spectacle Vivant en ce qui nous concerne.
De fait, il arrive que les propos d’un critique déçoivent les lecteurs qui se faisaient une toute autre idée de l’œuvre qu’ils avaient applaudie la veille ! Je les en conjure : point d’insulte, point de violence dans les propos, ce n’est pas vous qui êtes attaqués. Ce n’est pas parce qu’un critique a contesté la pertinence d’une œuvre que vous aimez sincèrement qu’elle remet en cause votre propre personne.
Il s’agit juste d’initier un débat contradictoire, intéressant et constructif. Or, en répliquant sur la personne de Mme QUIROT elle-même, le débat n’a plus lieu, tué dans l’œuf. Encore une fois, ce n’est pas l’ego du spectateur qui est visé par la critique d’un spectacle.
Avant de répondre à Mme Quirot, je terminerai la défense de sa profession par un exemple que je cite souvent, et que j’ai découvert en lisant un ouvrage sur le théâtre rédigé par Guy FOISSY, auteur français contemporain très joué dans notre pays :
Il nous raconte dans son livre qu’au XIXème siècle, un écrivain du nom de Frédéric SOULIER surpassait tous ses pairs dans le cœur du public de l’époque. Certains le situaient même au dessus de BALZAC par exemple. Quant à MUSSET, on riait de lui.
Qui pourrait aujourd’hui trouver un seul exemplaire de ses grandes œuvres ? Heureusement que l’on n’a pas brûlé les critiques d’alors, du moins ceux qui avaient osé dire qu’ils n’aimaient pas ce que tout le monde idolâtrait alors.
Je me tourne maintenant vers vous, Mme QUIROT, pour vous avouer que je n’ai pas vu cette production du Théâtre de la Madeleine.
Toutefois, même si une vidéo peut être trompeuse, l’extrait que j’ai pu voir me fait dire ceci :
Il me semble que Michel FAU n’a pas voulu faire une reconstitution réellement historique. Au contraire, il s’agit plus simplement de symbolisme afin de montrer un XIXème siècle vu par l’imaginaire collectif. Le jeu outré des comédiens, proche de l’expression corporelle, ce maquillage aussi, montre que le metteur en scène est plus du côté des théories de Vsévolod MEYERHOLD que de celles de Constantin STANISLAVSKI.
J’admets parfaitement qu’on puisse ne pas aimer, mais il ne s’agit pas, selon moi, d’une maladresse, mais bien d’un parti pris.
Et ce parti pris n’est pas si mauvais qu’on pourrait le croire. Car dans l’extrait présenté (par la chaîne TF1), la version de Michel FAU est immédiatement suivie par celle de Jean-Louis MARTINELLI, qui a votre préférence. (Cliquez ICI pour visualiser cet extrait / désolé, mais il y a quelques secondes du pub avant la vidéo!) Il y a un effet de contraste saisissant : la version avec Audrey TAUTOU qui paraissait presque grotesque semble alors, en comparaison, avoir beaucoup plus de personnalité. La version de Jean-Louis MARTINELLI semble au contraire manquer d’imagination, de relief. La pièce d’IBSEN est dure, lourde à porter ; si en plus de cela nous avons des comédiens qui la jouent « quotidien », on frise l’ennui.
Il ne s’agit donc pas, de mon point de vue, de « comprendre Ibsen », comme le suggérait l’un des commentateurs. Il s’agit, pour un metteur en scène, d’apporter son point de vue et donner à voir une œuvre dramatique qui était seulement écrite (ce qui tendrait à confirmer qu’un spectacle est comme un trépied : auteur — metteur en scène — comédiens ; que l’on retire l’un des trois et la pièce tombe à l’eau).
Je terminerai ce commentaire en précisant que j’ai déjà vu Une Maison de Poupée au Théâtre de Nice, il y a bien vingt ans de cela, dans une mise en scène d’Isabelle NANTY, avec Sandrine DUMAS dans le rôle de Nora.
C’est à la suite de cela que j’ai décidé de faire du théâtre.
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