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25/06/2010

Personnels et universels

Il y a des éditions qui présentent certains textes de théâtre avec, en marge, les notes d’un metteur en scène ou de l’auteur.
J’ai acquis ainsi pour 3 Euros chez un bouquiniste le Roi se Meurt, d’Eugène IONESCO, comportant ses notes pour la mise en scène qu’il avait imaginée, précédées d’une sorte de préface, simple extrait de Notes et Contre-Notes, de ce même auteur.

Une semaine plus tard, je regardais un DVD, loué à la Médiathèque au rayon « pièces de théâtre », intitulé Machiavel / Montesquieu — Dialogue aux enfers, rencontre imaginaire écrite en 1864 par Maurice JOLY et adaptée à la scène par la Cie Pierre Tabard au Lucernaire à Paris.

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Déçu par le ronronnement de ce spectacle ennuyeux, il m’est revenu en tête un passage de ces Notes et Contre-Notes :
« D’abord le théâtre a une façon propre d’utiliser la parole, c’est le dialogue, c’est la parole de combat, de conflit. Si elle n’est que discussion chez certains auteurs, c’est une grande faute de leur part […/…] Je ne risque d’être berné que lorsque j’assiste à une pièce à thèse, non à évidence : une pièce idéologique, engagée, pièce d’imposture et non pas poétiquement, profondément vraie, comme seules la poésie, la tragédie peuvent être vraies. »

Je ne sais toujours pas si ce que nous dit Eugène IONESCO est une grande vérité universelle ou une simple piste à défricher, mais je constate qu’elle s’applique bien au spectacle que je viens de citer.
Car si le texte devait être très intéressant à lire — deux philosophes qui s’affrontent, c’est plutôt alléchant — las, les personnages n’existaient pas assez, faute de pouvoir s’appuyer sur un drame personnel. Au lieu d’exposer à la queue leu leu des idées et des discours, très beaux au demeurant, on aurait préféré les découvrir par le biais des individualités et de leurs petites histoires personnelles.

Pardonnez-moi d’en remettre une couche, mais c’est également un des défauts dont souffrait le spectacle les Funambules (cliquez ICI pour relire l’article).
L’auteur avait maladroitement truffé son texte de phrases "vachement balèzes", mais sans vrai personnage pour les soutenir ni drame pour les accueillir.

Plutôt que de disserter sur la mort en général, le Roi se Meurt donne à voir l’agonie d’un roi imaginaire. On peut trouver le texte loufoque, mal équilibré ; certains disent même qu’Eugène IONESCO, ça fait un peu ringard. Je n’ai pas de réponse à cela.
Toutefois, lorsqu’un accident se produit sur la route, que les gyrophares des pompiers éclairent la scène bien réelle d’un drame véritable, les autres automobilistes ralentissent pour regarder : la victime est-elle encore par terre ? la famille pleure-t-elle bien ? les dégâts matériels sont-ils spectaculaires ? Comportement malsain de voyeurs voulant toujours plus de sensations, mais aussi pauvres petits humains fascinés, venant regarder la Mort… et leur propre mort.

Suivons les recommandations de Trafic-FM, ne ralentissons pas à l’endroit où a eu lieu un accident réel, ne formons pas de bouchon.
Allons plutôt dans les théâtres affronter par procuration la mort, l’avarice et l’hypocrisie. Allons-y pour regarder tous les personnages, tous les archétypes vivre, à travers leurs propres histoires, des drames universels.

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