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12/12/2010

C’est de la triche ?

Il existe toute une littérature pour décrire des méthodes de travail destinées aux comédiens. Certains de ces livres sont célèbres dans le petit monde du Spectacle Vivant, comme La Formation de l'Acteur et La Construction du Personnage, de Constantin STANISLAVSKI (Constantin Sergueïevitch Stanislavski, le vrai nom étant ALEXEÏEV, riche famille bourgeoise).
En réalité, chacun sait qu’il n’existe aucun système universel, aucune théorie assurant aux comédiens un jeu parfait. A chaque nouveau rôle, il faut tout reprendre à zéro ; enfin, presque. Je dirai plutôt que les expériences passées s’accumulent, se capitalisent même, mais pas d’une façon formelle. C’est un peu comme si notre instinct s’aiguisait.

Et puis, au bout d’une certaine période, on finit par avoir chacun nos petites recettes. Grandes Dames et Grands Messieurs du théâtre nous ont tous mis en garde contre les ficelles, les automatismes qui risquent de rendre le jeu des comédiens mécanique, prévisible et ennuyeux ; tout ces trucs qui nous empêcheront d’être génial… mais qui nous permettront aussi de ne pas nous désintégrer sur scène, qui nous aideront à faire illusion les soirs de défaillance.

Illustre-Point de Vue-C est de la triche-Livre-01.jpgPar exemple, j’ai ma petite combine lorsqu’il s’agit d’entamer les répétitions et que je ne sais pas par quel bout prendre le rôle :
Au-delà des seuls mots imprimés, il est possible de déterminer, pour beaucoup de répliques, un sens qui n’est pas écrit explicitement. Ainsi, dans Feu la Mère de Madame, de Georges FEYDEAU, lorsque Lucien dit à sa bonne : « Et vous, allez donc chercher du vinaigre, des sels, au lieu de crier : "Mon Tié ! Mon Tié !" ce qui ne sert à rien ! ». Il ne s’agit pas ici d’un ordre banal donné par un maître à son domestique. En réalité, l’intention du personnage est d’exprimer son agacement par le bourdonnement inutile de cette bonne. Le comédien qui dit cette réplique peut penser en réalité : « Mais aidez-moi vous, au lieu de vous lamenter avec votre accent alsaco de merde ! ». Quelques pages plus loin, lorsque Lucien est réveillé par sa femme qui s’indigne de le voir se rendormir malgré le chagrin qui la frappe et qu’il lui répond : « … Ah ! Je te demande pardon ! un peu de fatigue !… », il ne s’excuse pas du tout et l’intention réelle est plutôt : « Mais arreêete ! Arrête de me chercher des poux, j’ai le droit d’être fatigué ! »

Cette façon d’interpréter un texte peut s’appliquer à toutes les répliques, importantes ou pas. Chercher à chaque fois le vrai sens des phrases donne plus de relief au texte et plus de vérité au personnage.
Attention, lorsque je parle de « sens », il ne s’agit pas d’un sens caché, ni du sens de la pièce ; simplement ce qui est dit en réalité, jusqu’aux choses les plus insignifiantes, comme nous le faisons nous-mêmes tous les jours.
 
Il en est des méthodes de travail comme de la diction, ce n’est pas là l’essentiel et tout doit être parfaitement digéré par le comédien, afin de rester invisible pour le spectateur.
D’autre part, la direction principale que l’on doit prendre est celle désignée par le metteur en scène. Il faut tenir compte de toutes ses indications, même si le comédien peut et doit apporter le plus de choses possible lors des répétitions.
Le comédien doit trouver le maximum de liberté… à l’intérieur d’un cadre très précis.

Commentaires

donner du sens à ce qu'on fait et à ce qu'on dit, je dis banco!

Écrit par : Cyril | 19/12/2010

En effet, le public est bienveillant (du moins au départ) : il pense que tout, absolument tout ce qu'il voit sur scène est fait exprès.
Aussi, si l'on ne fait pas attention à tout, si on laisse l'à-peu-près et le hasard diriger certains de nos gestes et de nos mots, si on laisse le vide s'installer entre chaque réplique, le public va percevoir un résultat plutôt fade et imparfait.
Merci Cyril pour cette visite.

Écrit par : L U C | 20/12/2010

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