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29/10/2006

Vieux débat

Ca s’est passé aujourd’hui, près de chez vous… « IL » est réapparu ! Qui ça « IL » ?

Le vieux débat sur le strict respect du texte. C’est à dire, savoir si oui ou non un comédien doit dire exactement tous les mots écrits par l’auteur, et eux seuls, ou bien s’il a le droit, dans certains cas précis ou lorsqu’il le ressent, de changer les dialogues.

 

Car, quoique certains s’en défendent, à chaque fois c’est pareil : dans un spectacle, lors des répétitions, vient le moment où cette question est posée. Et pour la troupe avec laquelle je répète, c’était aujourd’hui. D’autres fois, la discussion est à peine effleurée, mais là, nous avons bien perdu 20 minutes (sur 2 heures de répétition !) à débattre du sujet.

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Pour les uns, il s’agit d’expliquer que respecter rigoureusement le texte ne signifie pas manquer d’imagination, ni être psycho-rigide. Lorsque l’auteur est bon, on s’aperçoit que ses mots, s’ils ne sont pas les nôtres, sont bien ceux du personnage. Ils nous aident à mieux être celui que nous ne sommes pas dans la vie réelle. Bien sûr, au début, lors de la phase de mémorisation des dialogues, il est parfois difficile de se faire à certaines tournures, à certains mots, et la tentation est alors grande d’opérer des modifications. Le style de l’auteur aussi a son importance, il contribue au ton de la pièce. Les mots employés à la place des autres, s’ils sont plus spontanés, risquent d’être plus maladroits. Enfin, plus prosaïquement, il y a les fameux « TOPS », ces groupes de mots qui appartiennent à la réplique d’un partenaire, mais qu’on apprend par cœur comme son propre texte, afin de nous préparer à reprendre la parole. Il y a même parfois des « pré-tops » et même des « pré-pré-tops », lorsque l’on reste une longue scène sans parler. Par exemple, dans la comédie que nous répétons, je reste dans les coulisses pendant une longue scène. Mon pré-pré-top est la gifle que se reçoit un des protagonistes – à ce moment là, je dois me réveiller, ou bien quitter les toilettes ou encore cesser de lorgner à travers le rideau. Puis mon pré-top est lorsque ce même personnage dit que la scène qu’il joue n’est pas un pugilat – là, je dois vraiment me concentrer. Enfin, mon top est « Encore heureux qu’il l’ai reconnu, ce grand imbécile ! » - je rentre sur scène. Ces tops fourmillent dans une comédie souvent privée de monologue, aussi est-il risqué de changer trop de choses.

Les autres pensent que le plus important lorsqu’on joue, c’est l’intention. Il faut être vrai, c’est à dire qu’il faut ÊTRE tout court. Et pour arriver à cela, tout est permis, même de changer une phrase pour une autre. Si le comédien qui joue une situation est vraiment à ce qu’il fait, il peut lui venir, sur le moment, un mot à lui, qui semble coller à la perfection au personnage. D’autre part, beaucoup de pièces sont des traductions d’auteurs étrangers. Le style original est déjà moins présent (traduire une œuvre est une chose difficile). Enfin, lorsqu’on est habitué à jouer avec des comédiens qui « changent » les mots, on finit par s’adapter.

Pour ma part, j’aurais tendance à me ranger dans la première catégorie. Je crois que malmener les écrits d’un auteur dramatique, c’est se débarrasser d’un effort qui fait pourtant partie du quotidien de la scène. Ce n’est qu’un pli à prendre et qui n’empêche pas d’être créatif.

Je sais que beaucoup d’artistes de scènes ne sont pas de cet avis. J’ignore quelles sont les proportions, mais chacun des deux camps compte beaucoup de partisans.

24/10/2006

Théâtre à la Une

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Dans Nice-Matin, en un même week-end, trois articles concernant une action pour faire bouger le théâtre (à Cagnes-sur-Mer, à Vence et à Nice). Trois occasions de se réjouir, mais ces efforts seront-ils poursuivit ?

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20/10/2006

La Cantatrice au lycée

Comme je l’ai souligné avant-hier dans la première partie de cet article, plusieurs lycées étaient largement représentés ce soir là, notamment le lycée Henri MATISSE de Vence, et le Lycée du Parc Impérial à Nice. Apparemment, les enseignants ne s’étaient pas concertés. Dans le cadre de leur étude du français, les professeurs avaient proposé à leurs élèves d’aller voir « la Cantatrice Chauve », après avoir étudié le texte en classe.

La représentation terminée, quelques élèves de la classe de Première du lycée Henri Matisse ont accepté de répondre à trois questions :

 

L U C :   Est-ce que vous aviez déjà assisté à une représentation théâtrale avant celle-ci ou bien est-ce que, grâce à l’initiative de votre professeur, vous voyez ce genre de spectacle pour la première fois ? Qui répond en premier ? Allons, honneur aux filles :

 

Ma mère est prof de théâtre, donc j’ai pas trop le choix (rire) !...

 

Professeur ? Ou cela ?

 

A La-Colle-sur-Loup.

 

Elle a une compagnie ?

 

Oui, la compagnie « la Clef des Arts ». Je vais souvent à ses répétitions, et même aux spectacles de fin d’année qu’elle fait. Quand elle travaille dans les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques...

 

Vous n’avez pas eu besoin du secours du lycée pour vous diriger vers le spectacle vivant.

 

Voilà.

 

Et vous ?

 

Moi en fait, ce sont mes grands-parents qui m’emmènent souvent à La-Colle, et j’ai vu déjà plein de représentations, telles que « la Leçon », de IONESCO, qui est pas mal. J’ai vu beaucoup de choses quand même. C’est très intéressant le théâtre...

 

Et ce jeune homme ? 

 

En fait c’est ma mère qui m’emmène souvent au théâtre, mais en général ça m’intéresse pas, mais là c’était quand même plus intéressant là.

 

Là aussi, ce n’est pas le lycée qui vous pousse pour la première fois à aller voir un spectacle.

 

Non, non.

 

Et vous ?

 

Et bien moi, c’est vraiment la première fois que j’allais au théâtre, parce que je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni le temps, ni les moyens… Vraiment, pour ma première fois, ça m’a pas dérangé d’aller avec le lycée, au contraire, au moins ça m’a poussé vraiment à y aller. Et puis ça m’a vraiment plu. Je pense que je renouvellerai l’expérience mais personnellement quoi, parce que ça m’a vraiment plu.

 

   

Pourriez me donner un mot, un seul, qui définisse le spectacle que vous venez de voir ?

 

« Divertissant »

 

« Étonnant »

 

« J’sais pas » (rire)

 

« Original »

 

« Spécial »

 

(silence)

 

« Absurde »

 

 

Que vous apportera ce genre de soirée ?

 

On aura une vision plus pointue, pour avoir plus de critique ; et pouvoir plus regarder les idées derrières.

 

On sera beaucoup plus expérimentées après pour le théâtre, on saura exactement lorsque ce sera bien ou mauvais par rapport au jeu des acteurs ; et puis aussi on pourra donner de très bonnes critiques par rapport à ce genre de théâtre.

 

Ce sera toujours une référence en plus, ça permet d’en savoir plus sur le théâtre, et puis ça me donnera peut-être envie d’aller plus tard voir une autre pièce.

 

Oui, je trouve que c’est assez enrichissant, pour le Bac déjà ça sert beaucoup, et juste pour après, plus tard, c’est intéressant, c’est vrai qu’après on pourra plus juger. Pour la culture je trouve ça intéressant.

 

Vous qui venez pour la première fois voir un spectacle, ça vous donne envie de continuer ?

 

Oui, de voir d’autres pièces, grâce à ça... c’est vrai que ça donne envie.

 

 

Nous avons dû stopper ici l’entretien, car nous sommes allés assister aux "prolongations", baptisées « (et autour) ». Deux spectacles en réalité : l’un avant, l’autre après. Je n’ai pu assister au premier, mais je tenais à rester pour le second. Sophie DUEZ avait organisé pour nous cette soirée regroupant plusieurs textes de Pierre DAC, René de OBALDIA, Raymond DEVOS, Henri MICHAUX... tous centrés autour de l’univers de l’absurde. Un ring avait été installé pour l’occasion dans la corbeille, au milieu des fauteuils, et servait de scène au comédiens qui venaient s’amuser à dire ces textes. Un moment bon enfant pour terminer la soirée.

19/10/2006

Pari réussi

medium_Blogatoire-TNN-06.jpgAmbiance très « djeun’s » hier soir : plusieurs lycées avaient, sans se concerter, proposé aux élèves des classes de Première d’aller voir « la Cantatrice Chauve », d’Eugène IONESCO. Ces jeunes gens représentaient presque la moitié des 500 spectateurs présents ce mardi, influençant beaucoup l’atmosphère de la salle.

Atmosphère plutôt bonne, je dirai même réceptive, et ce dès les premières minutes du spectacle. Car je dois reconnaître, malgré mes réticences déjà énoncées ici au sujet de Daniel BENOIN, que j’ai beaucoup aimé sa mise en scène, et son parti pris. En effet, l’actuel directeur du TNN l’annonçait clairement dans le programme : « la langue développée et les situations exposées par IONESCO sont devenues un modèle pour notre monde contemporain où pseudo-langages, faux-sujets, oppositions factices et ennui profond sont les marques du fonctionnement de ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui [ … ] Je crois que cette nouvelle version devrait "coller" à 2006 [ … ] sans que le texte ne crée la moindre gêne, la moindre dispersion, la moindre contrainte. Cette grâce n’est-elle pas la vertu des grands textes classiques ? »

Pari ambitieux, mais pari tenu. De fait, le plaisir est encore plus fort lorsqu’on a déjà lu la pièce car on se demande bien comment Daniel BENOIN va s’y prendre pour faire « coller » le texte à notre quotidien de 2006. C’est un mécanisme que j’ai déjà évoqué ici : rendre le public complice, un peu, en soulevant une partie seulement du rideau. En lui faisant croire qu’il a déjà tout compris, alors que ce n’est qu’à la fin que le spectateur comprend réellement. Un challenge pour le metteur en scène. Donner du rythme à une partition qui n’a pas de mesure. Trouver, réplique après réplique, une situation qui rende le dialogue crédible pour une comédie de boulevard. Demander aux comédiens de jouer comme pour ce genre théâtral, mais avec un rien de décalage. Il y a donc de la parodie dans cette mise en scène, et la parodie est un art difficile, car on s’égare facilement vers les fausses bonnes idées. Grossièreté du trait, lieux communs, injustice de la caricature, rire facile. Ce ne fut pas le cas ici, et le portrait de notre société de non-communication était bien brossé.

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Il n’y avait pourtant rien de révolutionnaire dans la mise en scène ou la scénographie – très soignée. Car enfin, même si chaque situation prêtait à rire, même si les trouvailles étaient bonnes, même si les personnages étaient bien dessinés, chacun des moments du spectacle n’étaient pas tellement nouveaux (il y en a même un qui m’a fait penser à un sketch des « Inconnus »). Oui, le véritable coup de massue, c’est de montrer l’adéquation de ce texte avec nos problèmes actuels.

Je dirais même qu’il y a là un phénomène de détournement. Loin de moi l’idée de vouloir montrer qu’ici l’œuvre d’Eugène IONESCO a été trahie, au contraire. Et généralement, lorsqu’un auteur dramatique confie (j’allais dire « abandonne ») sa pièce à un metteur en scène, il accorde à celui-ci la faculté d’en faire ce qu’il lui plaira. Il sait parfaitement que son travail d’auteur est terminé, et que commence celui de la mise en espace, de la mise en voix, de la mise en jeu… Ainsi, ce qu’on appelle dans le milieu du cinéma un « détournement » existe en réalité depuis fort longtemps. Molière lui-même détournait certains passages de ses confrères italiens ou français pour les intégrer dans ses propres œuvres, créant à son tours des pièces excellentes. (Et, au sujet du cinéma, vous pourrez venir en savourer quelques exemples lors des 8èmes Rencontres Cinéma et Vidéo, du 6 au 11 novembre au théâtre Trimage, à nice. Pour plus d’informations, cliquez ICI. Fin de la parenthèse)

On pourrait reprocher qu’une fois de plus, la grande machinerie théâtrale d’une structure comme le TNN ai pris le pas sur le jeu des comédiens. C’est faux, et je prétends que cette mise en scène pourrait facilement être transposée dans un petit théâtre d’une cinquantaine de place. C’est vrai qu’ici Daniel BENOIN en profite pour nous amuser et nous ravir avec cet appartement « high-tech » où les écrans géants et l’éclairage sont pilotés par une kyrielle de télécommandes. Mais ce n’est pas là l’essentiel du spectacle, et ce qui permet à ce texte insolite et absurde, écrit en 1950, de servir une critique de notre époque, c’est bien le jeu des comédiens.

Comédiens qui étaient très à l’aise dans ce genre d’exercice – à l’exception de Fanny Cottençon, qui m’a semblé être légèrement en dessous des autres, au point de vu de la voix notamment, et de l’énergie en général.

 

Comme je l’ai annoncé au début, beaucoup d’étudiants des classes de Première assistaient à cette représentation. Je n’ai pas résisté à l’envie de leur poser quelques questions et ils ont eu la gentillesse d’y répondre. Vous en aurez un compte-rendu très bientôt.

11/10/2006

Pourquoi

C’est seulement aujourd’hui que j’ai trouvé le mot résumant la raison d’être de ce Blog : j’espère intéresser les lecteurs au spectacle vivant.

« INTÉRESSER » !

C’est à dire qu’il existe déjà des centaines et des centaines de magasines, sites Internet et autres rubriques critiques pour les sorties nocturnes dans chaque commune de France.

Mon souhait est ailleurs.

medium_applaudissements.gifJe suis persuadé que la plupart d’entre-nous ne demandons qu’à recevoir autre chose qu’une culture formatée, servie à domicile, bien à l’abris du voisin. Beaucoup aimeraient sortir plus souvent explorer d’autres horizons artistiques. Mais certains se disent « qu’ils n’y comprendront rien », d’autres qu’ils n’aiment que tel ou tel genre… Je veux ici les exhorter à changer leurs habitudes : prendre plus de risque, aller dans des lieux où l’on ne va jamais. Tenter un soir de voir quelque chose d’inhabituel… Et puis RENCONTRER. Rencontrer d’autres spectateurs, leur parler, échanger les impressions. Rencontrer les artistes aussi, c’est toujours possible. Faire vraiment partie de cette chose éphémère qu’est le public d’un soir.

Alors assez de lamentations ! Il ne se passe jamais rien dans les Alpes-Maritimes ? Ceux qui prétendent cela sont donc myopes ou bien sourds ! D’autres régions de France sont mieux desservies ? Ça c’est la vérité, mais soyons optimistes : je le répète encore, depuis une vingtaine d’années, l’activité culturelle s’est diversifiée, étoffée, qu’il s’agisse du nombre de lieux qui accueillent des spectacles, du nombre de compagnies qui travaillent ou bien sûr du nombre de spectacles qui sont proposés au public.

Je ne fais pas de l’autosatisfaction, je sais qu’il y a encore beaucoup à faire, mais il me semble qu’il y a trop de barrières imaginaires, trop de fossés creusé par notre seule ignorance des autres. « Diversité » ne doit pas signifier « clivages ». Je me lamente parfois sur mon sort : celui d’une personne qui n’a qu’un travail alimentaire, un job, qui lui permet de survivre pendant qu’il exerce sa véritable passion, celle d’être comédien. Mais je me reprends très vite, et me dis que cette situation, que j’ai choisit, me satisfait pour l’instant. Car, à vivre le cul entre deux chaises, paradoxalement, c’est ma vision qui s’est élargie. J’ai rencontré tant et tant de comédiens, metteurs en scènes et autres artistes du spectacles qui ont des idées bien arrêtées, qui vous démontrent que seuls leur art est véritable, même si, bien-sûr-allons-voyons, ils respectent – terme très vague ici – le travail de leurs confrères. Dois-je les brûler vifs ? Non, car la plupart sont pourtant des gens biens, quelques uns sont même mes amis. Et puis chacun d’eux m’a apporté des monceaux de culture. Mais moi j’aime le spectacle vivant tout entier, sous toutes ses formes.

J’ai relu tous mes comptes-rendus (« le Rideau est Tombé ») et je me rends compte que je n’ai jamais la virulence des critiques d’art. Mais je viens d’expliquer qu’il ne s’agit pas ici de critique au sens de critique engagée, mais au contraire d’article le plus factuel possible. Je n’ai même pas l’ambition d’être pédagogique, simplement montrer les choses de l’intérieur. Brosser un panorama le plus large que je pourrai. Provoquer un déclic.

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Oui, on peut aller rigoler en voyant une farce sans tourner le dos pour toujours à la tragédie, passer du classique à l’expérimental sans se fâcher avec personne, etc.

En guise de conclusion, je dirai ceci : n’hésitez plus, allez dehors voir ce qui se passe ! (et par la même occasion, ramenez moi quelques articles, cela ajoutera de l’eau au moulin, il vous suffira d’envoyer un e-mail à cette adresse : blog.theatre@hotmail.fr)

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05/10/2006

Bienvenu à bord

medium_Les_Invisibles_09.jpgLorsqu’il s’approche de ce chapiteau, image presque incongrue sur un terrain de tennis, le spectateur a l’impression qu’il vient saluer ses amis les saltimbanques. Cela semble être une vieille image d’Épinal que de rêver aux baladins et autres troubadours. Mais je crois que, lorsque nous nous trouvons dans l’enceinte d’un théâtre, quel qu’il soit, nous ne pouvons nous empêcher d’y songer. Or ce chapiteau est un symbole fort du voyage. Il est le lieu temporaire dans lequel va se dérouler une œuvre éphémère. L’immersion devient totale.

Les artistes semblent nous dire : « montez donc à bord, partez avec nous en voyage ! ». Et d’ailleurs, est-ce là un signe, la compagnie s’appelle : « le Navire », et le chapiteau fut baptisé « la Nef ». Nous sommes alors projetés dans le monde d’autrefois, celui de la « Belle-Époque », celle d’avant le premier conflit mondial.

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C’est à cette période que fut créé le style appelé Grand-guignol. J’espère que la connotation péjorative associée à ce terme sera enfin effacée. Même si les acteurs doivent jouer de façon exagérée, avec des gestes outrés, même si tout ressemble à une caricature, on rentre volontiers dans le jeu, et on finit par croire à l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Parce que lorsque les comédiens croient à ce qu’ils font, alors le public ne peut que les suivre. Et le public présent ce soir là a apprécié l’instant passé dans cette maison de toile.

L’association « la Semeuse » accueille, depuis quatre ans, des spectacles programmés par le TNN. « Les Invisibles » présenté cette semaine est bien le point d’orgue de ces quatre années de collaboration.

Frédéric REY, qui s’occupe de la partie culturelle de cette structure, me confiait que le semi-remorque transportant tout le matériel ne pouvait accéder à la rue des Serruriers, au pied du château, dans le Vieux-Nice. Le déchargement a été long et pénible. Chacun a dû mettre la main à la pâte et aider les « roadies » à tout transporter le long des ruelles jusqu’au terrain de tennis de la Semeuse (dont le mât principal, très lourd et très encombrant…). Mais j’ai bien senti que tous les participants à cette aventure étaient ravis et fiers du résultat.

Je profite de cette anecdote pour rappeler, une fois de plus, qu’une bonne performance implique un travail de préparation sérieux et important – et ce, quels que soient les talents des artistes.

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L’équipage du Navire a bien travaillé : ce spectacle qui n’a été joué que 5 ou 6 fois semble pourtant déjà rodé. Aucune erreur perceptible, tout est parfaitement ficelé. Je ne critiquerais qu’une seule idée du metteur en scène, Claude BOUÉ : celle d’imposer un flot de parole rapide dite par un personnage monolithique dans les premières minutes du spectacle (la comédienne, Irène CHAUVE, nous prouvant par la suite qu’elle est pourtant capable de faire beaucoup mieux).

Il y a en réalité trois pièces représentées :

La première, « la Dormeuse », a été écrite par André De LORDE en 1901. Elle explore l'atmosphère oppressante d’un huis clos à la fois plausible et pourtant hallucinant.

La deuxième, « Hermance a de la Vertu », a été co-écrite par André De LORDE et Claude ROLAND en 1901 également. C’est une vraie comédie avec femme, mari et amant, et où le rôle du cocu n’est pas attribué à celui qu’on croyait.

Enfin, « les Invisibles », co-écrit en 1911 par André De LORDE et Alfred BINET, nous plonge dans l’univers de la folie, au sens propre comme au sens figuré. (Alfred BINET est d’ailleurs un des pères de la Psychologie expérimentale, nous explique le programme.)

 

Je ne peux que souhaiter longue vie à « la Nef ». Les représentations ont lieu à 20h30, jusqu’au samedi 07 octobre.

TARIF - abonné : 11 €uros - non abonné : 20 €uros

Renseignements et réservations au 04 93 13 90 90

 

L'une des interprètes, Marie-Noëlle VIVIANI, a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques questions :

 

L U C :    Lorsqu’on t’a proposé de jouer un rôle masculin, as-tu hésité avant d’accepter ?

Marie-noëlle :    Ça m’a fait un peu peur de jouer le rôle d’un homme, mais en même temps il y avait le rôle d’une femme aussi, puisqu’il y a la « vieille » derrière. Oui, j’ai pris le pari, oui. J’avais déjà joué le rôle d’un homme, il y a quelques années en arrière avec la Saeta. J’avais joué le rôle du guide Coryphée.

Comment as-tu abordé cela ?

Ce n’était pas facile, hein. On a travaillé avec Claude, plein de détails, la démarche…

Un travail corporel ?

Oui, oui, parce que ce n’est pas évident.

Est-ce que cela faisait longtemps que tu voulais devenir Intermittente, ou bien est-ce que les événements ont précipité les choses ?

Ce sont les événements qui ont précipité les choses. Disons que je voulais l’être, mais je me suis rendu compte qu’en ne restant qu’avec une compagnie, c’était trop difficile. Alors en m’ouvrant sur d’autres spectacles, d’autres compagnies, effectivement, c’était possible…

Comment es-tu arrivé ici ?

Je ne connaissais pas cette compagnie. Claude BOUÉ, je le connaissais un petit peu mais sans plus : je l’avais rencontré pour le « Conte », parce qu’à un moment donné je faisais des contes moi aussi. Et puis il m’a téléphoné, et il m’a dit qu’il cherchait pour ces deux personnages. Donc j’y suis allé : en fait j’étais en lice avec quelqu’un et puis voilà, il a pris ce pari.

C’est lui qui t’a contacté ?

Je le connaissais à peine, il m’avait vu dans « Famille Ordinaire » et puis voilà.

Maintenant que tu t’es lancée, que prévois-tu de faire, à quoi penses-tu ?

J’espère qu’il y en aura d’autres, quoi.

Mais essaies-tu de prendre le taureau par les cornes ?

Pour l’instant non parce que je suis là dedans, tu vois. Mais dès que ce sera terminé oui.

Le statut d’Intermittent est difficile à conserver : est-ce que tu souhaites rester purement comédienne, ou bien vas-tu essayer d’autres activités, metteur en scène par exemple.

Non, non, pas du tout ; je veux vraiment être comédienne ; c’est tout, c’est déjà bien, c’est déjà pas mal. La mise en scène, c’est un vrai métier. Je ne me sens pas du tout prête à faire de la mise en scène.

Même si tu sais que c’est difficile de conserver son statut ?

Je sais, je sais, j’ai eu beaucoup de chance cette année… Bien sûr, dès que c’est finit, il faut déjà se préparer à autre chose…

Après le Théâtre de l’Alphabet, quelle autre formation t’es-tu donnée ?

Je suis allé à Paris, j’ai suivi des stages de comédienne, avec des gens différents, chez Niels Arestrup… Et puis après j’ai fait partie de la Saeta, et puis voilà…

Et puis tu as joué, tu as joué, tu as joué…

Oui…

04/10/2006

Post War Dreams

C’est le nom du spectacle de danse contemporaine que nous propose la Compagnie Humaine.

Après 17 ans d’une carrière de danseur, dont 10 ans aux Ballets de Monte-Carlo, Éric OBERDORFF est depuis 3 ans chorégraphe de la Cie Humaine. Vous pouvez visiter leur site en cliquant ICI, ne serait-ce que pour y contempler des photos bien réalisées.

On se souvient que sa création précédente, « Sometimes », avait fait le plein pendant trois jours au TNN. Aujourd’hui, la compagnie nous explique que ce nouveau spectacle est le fruit d’une résidence de deux mois à l’Espace DJANGO REINHARDT et au Théâtre LINO VENTURA, dans le cadre d’un nouveau pôle de création/diffusion (danse et musique) reliant les deux établissements.

 

Le programme nous annonce que cette soirée sera composée de deux pièces chorégraphiques distinctes :

1ère partie : « Enola’s Children »

Le Japon, solo alliant création vidéo et musique électronique.

Chorégraphie et scénographie : Éric OBERDORFF

Musique : Anthony ROUCHIER

Vidéo :Leili GUÉRANFAR

Danseurs :Gildas DIQUERO

2ème partie : « Sarajevo’s Diary »

L’Europe Centrale, cinq personnages dans un univers touchant et exubérant.

Chorégraphie et mise en scène : Éric OBERDORFF et les artistes de la Cie Humaine

Danseurs : Jeanne CHOSSAT, Gildas DIQUERO, Mayra MORELLI, Laurent TRINCAL et Audrey VALLARINO

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C’est ce samedi 07 octobre, à 20h30

Théâtre Lino Ventura – 168 bd de l’Ariane  à NICE (parkings sécurisés)

Renseignements : 04 97 00 10 70

Tarifs : 9€ / 7 € - Billets en ventes dans les réseaux FNAC / CARREFOUR / VIRGIN / AUCHAN

et le jour même au Théâtre LINO VENTURA