23/06/2012
CALVITIE PRÉCOCE
Le Théâtre de la Huchette, situé au 23 rue de la Huchette à Paris dans le 5ème, est menacé de fermeture. Plus exactement d’expulsion.
Ce théâtre devenu mythique car on y joue les deux pièces les plus connues de IONESCO — La Cantatrice Chauve et La Leçon — depuis près de 55 ans sans interruption, n’arrive plus à payer un loyer en constante augmentation.
Le prix des places (23 et 16 Euros) étant déjà assez élevé, il n’est pas possible de l’augmenter sans risquer de perdre les deux tiers du public (jeunes, étudiants, familles).
Les institutions publiques ont cessé de verser des subventions —environs 10 000 Euros si j’ai bien compris.
Plusieurs journaux, sites, et autres blogs en ont déjà parlé. Certains se font le relais de l’appel lancé par le Théâtre de la Huchette (cliquez ICI.)
J’ai beaucoup hésité avant d’en parler à mon tour. Tout simplement parce que je croyais qu’il s’agissait de sauver non pas ce théâtre, mais les deux pièces qui y sont représentées. Ou plutôt que certains semblaient plus attachés à cette sorte de record de longévité, façon TF1, qu’à l’œuvre elle-même. Pour un art réputé éphémère, est-ce bien raisonnable ?
Puis je me suis dit que cette volonté de ne pas rompre la chaîne était aussi une volonté de résister, de préserver une chose bien plus délicate et fragile ; un besoin de protéger le théâtre dans son ensemble, à une époque où l’avenir du Spectacle Vivant est devenu incertain. Un acte symbolique.
Je me suis aussi rendu compte, en allant me promener sur le site du Théâtre de la Huchette, que IONESCO n’était pas le seul auteur à être joué là-bas, et qu’une longue liste de pièces diverses et variées avaient été montées dans cette salle jaugeant 90 places, et employant plusieurs comédiens et techniciens du spectacle.
Une représentation d’une pièce de théâtre peut-elle appartenir à notre patrimoine culturel ? Attention, je ne parle pas du texte imprimé, mais bien du spectacle lui-même. J’ai beaucoup réfléchi disais-je, et n’ai pas trouvé la réponse.
Ceci étant posé, il serait dommage qu’un théâtre cède la place à une boutique de prêt-à-porter ou à un fast-food, que ce soit à Paris ou en province.
Espérons donc que les pouvoirs publics, à commencer par le Ministère de la Culture et Communication, aient un geste pour ce lieu connu dans le monde entier — évitant ainsi au Spectacle Vivant une calvitie précoce. (ho ! ho ! ho !)
Beaucoup de sites nous livrent une explication du choix du titre de la pièce la plus connue d’Eugène IONESCO. La pièce s’appelait à l’origine L’anglais sans peine, puis aurait ensuite changé plusieurs fois de nom. Mais le comédien qui interprétait le capitaine des pompiers, Henri-Jacques HUET, aurait commis un lapsus au cours d’une répétition et aurait prononcé « cantatrice chauve » au lieu de « institutrice blonde » et c’est ce titre qu’aurait retenu l’auteur de la pièce.
Cette explication "tirée par les cheveux" (re ho ! ho ! ho !) est pourtant répétée partout et semble vraie. Malheureusement, le comédien concerné étant décédé en 2009, il sera difficile d’obtenir confirmation d’une anecdote survenue il y a plus de 50 ans.
Autre précision, beaucoup affirment que la Cantatrice Chauve détient le record mondial du nombre de représentations, 17 300 environs. Ce n’est pas vrai, le record appartient à The Mousetrap (La Souricière) pièce de théâtre d’Agatha CHRISTIE, d’après une de ses propres nouvelles. Jouée depuis maintenant 60 ans, elle totalise 23 000 représentations.
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23/01/2009
Je sors
Vendredi prochain, je vais aller voir Entre Autres au TNN. Voici ce qu’annonce la brochure :
Le comédien Jean ROCHEFORT rend hommage aux auteurs qui l'ont toujours accompagné.
De Roland BARTHES à Jean YANNE en passant par Fernandel, Verlaine, Boby Lapointe, Primo LEVI…
Une promenade lucide et amusée dans l'univers de Jean Rochefort.
Avec Jean ROCHEFORT, la dérision a de la douceur et le désespoir sa politesse. Un autoportrait ? Indéniablement. ROCHEFORT, de sa voix de bronze, confesse avoir voulu, à 77 ans, « dévoiler un peu de (ses) goûts », de ce qu'il aime « dans l'absurde, l'imbécile ou le prodigieux ».
On n'ose redire tout le bien que l'on pense de cet Entre Autres.
Fabienne Darge, Le Monde
Production : Théâtre de la Madeleine
Avec Jean ROCHEFORT
Lionel SUAREZ, accordéon
Durée 2h00
Au Théatre National de Nice / Salle Pierre Brasseur
Les vendredi 30 et samedi 31 janvier à 20h30 et le dimanche 1er février à 15h00
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Mais dès ce soir et tout le week-end, il y a d’autres spectacles intéressants qui devraient vous inciter à ne pas rester enfermés chez vous.
Tout d’abord, signalons qu’Eugène IONESCO fêtera ses cent ans en deux lieux différents et dès maintenant avec
La Cantatrice Chauve
Espace Magnan / Salle Jean Vigo
2009 : L'année Eugène IONESCO - 1909 - 2009 - Eugène IONESCO vous invite à trinquer pour le centième anniversaire de sa naissance. Une comédie déjantée...!
Les Smith, famille traditionnelle londonienne, reçoivent les Martin. Le capitaine des pompiers leur rend visite… Une autopsie de la société contemporaine, par le truchement des propos ridicules et banals que tiennent les deux couples au coin du feu.
Mise en scène : Léonie BAILE
Avec : Sabine VENARUZZO, Anne-Laure DEMESMAY, Frédéric FIALON, Antonny CHABERT, Serge MORISSO
Le positif de ce communiqué, c’est que je connais Frédéric FIALON, c’est un bon comédien.
Le mauvais coté de cette annonce, c’est qu’on nous dit « Une comédie déjantée...! ». Outre que 90% des comédies à l’affiche indiquent « Une comédie déjantée...! », j’ajouterai qu’un monument comme La Cantatrice Chauve ne se résume pas à ce seul qualificatif.
Allez donc vous faire une idée avec un extrait sur Youtube en cliquant ICI.
(je rappelle toutefois que les prises de vues d’un spectacle sont rarement avantageuses et que réaliser une video digne de ce nom est affaire de professionnels, « spécialistes de la spécialité », comme le dit si bien ma compagne)
Compagnie Série Illimitée – 06 03 13 86 14
Vendredi 23 janvier 2009 à 21h00
Samedi 24 janvier 2009 à 21h00
Dimanche 25 janvier 2009 à 15h00
Tarifs : 15 € - réduit 10 € (adhérents, étudiants)
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Puis l'ESPACE MIRAMAR à CANNES présente
Mots pour rire
C’est le dernier spectacle du très actif Théâtre Passé-Présent (cliquez ICI pour accèder à leur site). Il fait appel à des auteurs contemporains experts en virtuosité verbale : Tardieu, Le Tellier, Grangaud, Gourio, Ribes, Dac…
Ce florilège de courtes pièces offre un gargantuesque festin de délires verbaux, de dialogues saugrenus, d'aphorismes renversant, de classiques revisités. Les mots et les gestes fuient vers d'autres sens. Cette anarchie truculente du langage entraîne le spectateur dans une soirée mondaine, au Musée, à l'Opéra, au théâtre, au bistrot, à la télé, véritable labyrinte de l'incommunicabilité ! Amateurs de mots "croisés", de joyeux non-sens, de charivari langagier, de coït verbal, oubliez la crise. Vive la crise de rires, vive la crise des mots en liberté !
Metteur en scène : Jean-Denis VIVIEN
Durée : 01h30
ESPACE MIRAMAR ( ~ 400 places)
Angle rue Pasteur et boulevard de la Croisette
CANNES
04 93 43 86 26
Le Vendredi 30 et samedi 31 janvier 2009 à 20h30
Le Dimanche 1 février 2009 à 15h00
Tarif = 20,00€
J’adore TARDIEU et RIBES, aussi j’envie les Cannois et tous ceux qui pourront se rendre à l’une des trois représentations. (Pour ceux qui ne pourraient pas, il y aura une "scéance de rattrapage" le vendredi 6 février 2009 à 21h00 au centre culturel "La Coupole" de La Gaude.)
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Ensuite, le Centre Culturel la Providence, présente
Musique de l’Inde du Nord
Trio Hanuman
Chant & harmonium : Sri HANUMAN
Tabla : Antoine BOURGEAU
Tempura : Hariet COLEMAN
Chant classique Hindustani et anthologie du répertoire dévotionnel : bhajan et ghazal d’inspiration Soufie ; un récital riche en différentes saveurs et esthétiques des mélodies et rythmes indiens.
Sri HANUMAN est né dans une région située au nord de l’Inde ; il est compositeur et multi-instrumentaliste : chant, tabla et guitare. Ces trois moyens d’expression servent sa démarche artistique qu’il qualifie de « musique indienne actuelle ».
Samedi 31 janvier à 20h30
Prix des places de 6 à 15 €
Renseignements/ Réservations : Centre Culturel la Providence, 8-bis rue Saint Augustin (Vieux-Nice).
Contact Presse : Elisabeth TOURAILLE, tél : 04 93 80 34 12
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Un communiqué de la Cie Humaine :
Dans le cadre de sa résidence annuelle pour la saison 2008/2009 au sein du Département Danse du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, la Compagnie Humaine ouvre ses cours aux professionnels lors de rendez-vous mensuels dans le cadre de l'entraînement régulier du danseur.
Dates et horaires de la prochaine session :
lundi 2, mardi 3 et mercredi 4 février de 10h00 à 11h30.
Modalités d'inscription :
Pour une première inscription, toute personne intéressée peut adresser un CV à la Compagnie Humaine par e-mail, en précisant les jours de présence.
Le nombre de place étant limité, la priorité sera donnée aux premiers inscrits. Vous recevrez un e-mail de confirmation d'inscription.
Une participation symbolique aux frais administratifs de 5 € par cours sera demandée.
Elle sera réglée avant le cours par chèque (à l'ordre de : Compagnie Humaine) ou en liquide.
Déjà inscrits :
Pour les gens nous ayant déjà envoyé leur CV, veuillez simplement nous avertir par e-mail de vos jours de présence. Vous recevrez un e-mail de confirmation d'inscription.
Voici l'adresse du Conservatoire de Nice, où nous avons notre studio, ainsi que le moyen de s'y rendre :
Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice
127, avenue de Brancolar, NICE
Bus 20/22 : arrêt Centre EDF
Bus 15/25: arrêt Commandant Gérôme
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Enfin, le Théâtre du Port propose
« La Baraque »
Un spectacle détonnant et prometteur d’environs 01h10. Les élèves stagiaires de Carlo BOSO mettent leur expérience avec le maître au service d’une création drôle et déjantée. « La Baraque » est un bouquet de fraîcheur et de créativité, un incontournable cet été 2008 au Off d’Avignon.
Cette baraque au bord de mer à l’aspect immaculé est infestée de capricornes et regorge de mauvaises surprises. À l’image de cette maison où ils vont se rencontrer, les sept personnages de cette comédie farfelue détiennent un secret. Une vieille propriétaire acariâtre et alcoolique, une voisine digne concurrente de Cruella d’enfer et un tueur à gages accroché à ses basques, un vendeur immobilier travesti en crise identitaire, un couple de jeunes amoureux niais à souhait… Ajoutez à cela une histoire de famille improbable et un artiste démuni en marge de la société que personne ne laisse s’exprimer.
Sous ce masque comique finement brodé plane un fond de cruauté permanent. Anthony Casabella émet une critique acerbe de la société et de sa quête de la possession. À travers une micropopulation où toutes les catégories sociales sont représentées, il explique mettre en scène « les prolongations exacerbées de l’absurdité de la société de surconsommation, matérielle et sentimentale ». Ce jeune auteur réussit à dénoncer des problèmes actuels, où chaque spectateur se sent concerné sans jamais tomber dans l’explicatif ou le revendicatif, et c’est tout à son honneur. Le public participe, se reconnaît dans ces personnages caricaturaux sans se sentir oppressé ni montré du doigt. Bien au contraire, il rit de bon cœur et un véritable échange se crée.
Au résultat, les personnages sont subtils et personnalisés tout en gardant dans le jeu l’essence du clown et du masque de commedia dell’arte. Et c’est la le tour de force du spectacle : puiser dans les valeurs du passé pour les recréer à notre époque. Les codes classiques sont recyclés et mis au service d’une écriture contemporaine et d’une mise en scène innovante.
J’ajoute pour ma part que Carlo BOSO est un très grand de la Comedia dell’Arte. Que feront ses élèves ?
Au Théâtre du Port
Les dimanches 25 janvier et 1er février à 16h00
Les vendredi 23 et samedi 24 janvier à 20h30
Tarif = 15 €uros
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19/10/2006
Pari réussi
Ambiance très « djeun’s » hier soir : plusieurs lycées avaient, sans se concerter, proposé aux élèves des classes de Première d’aller voir « la Cantatrice Chauve », d’Eugène IONESCO. Ces jeunes gens représentaient presque la moitié des 500 spectateurs présents ce mardi, influençant beaucoup l’atmosphère de la salle.
Atmosphère plutôt bonne, je dirai même réceptive, et ce dès les premières minutes du spectacle. Car je dois reconnaître, malgré mes réticences déjà énoncées ici au sujet de Daniel BENOIN, que j’ai beaucoup aimé sa mise en scène, et son parti pris. En effet, l’actuel directeur du TNN l’annonçait clairement dans le programme : « la langue développée et les situations exposées par IONESCO sont devenues un modèle pour notre monde contemporain où pseudo-langages, faux-sujets, oppositions factices et ennui profond sont les marques du fonctionnement de ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui [ … ] Je crois que cette nouvelle version devrait "coller" à 2006 [ … ] sans que le texte ne crée la moindre gêne, la moindre dispersion, la moindre contrainte. Cette grâce n’est-elle pas la vertu des grands textes classiques ? »
Pari ambitieux, mais pari tenu. De fait, le plaisir est encore plus fort lorsqu’on a déjà lu la pièce car on se demande bien comment Daniel BENOIN va s’y prendre pour faire « coller » le texte à notre quotidien de 2006. C’est un mécanisme que j’ai déjà évoqué ici : rendre le public complice, un peu, en soulevant une partie seulement du rideau. En lui faisant croire qu’il a déjà tout compris, alors que ce n’est qu’à la fin que le spectateur comprend réellement. Un challenge pour le metteur en scène. Donner du rythme à une partition qui n’a pas de mesure. Trouver, réplique après réplique, une situation qui rende le dialogue crédible pour une comédie de boulevard. Demander aux comédiens de jouer comme pour ce genre théâtral, mais avec un rien de décalage. Il y a donc de la parodie dans cette mise en scène, et la parodie est un art difficile, car on s’égare facilement vers les fausses bonnes idées. Grossièreté du trait, lieux communs, injustice de la caricature, rire facile. Ce ne fut pas le cas ici, et le portrait de notre société de non-communication était bien brossé.
Il n’y avait pourtant rien de révolutionnaire dans la mise en scène ou la scénographie – très soignée. Car enfin, même si chaque situation prêtait à rire, même si les trouvailles étaient bonnes, même si les personnages étaient bien dessinés, chacun des moments du spectacle n’étaient pas tellement nouveaux (il y en a même un qui m’a fait penser à un sketch des « Inconnus »). Oui, le véritable coup de massue, c’est de montrer l’adéquation de ce texte avec nos problèmes actuels.
Je dirais même qu’il y a là un phénomène de détournement. Loin de moi l’idée de vouloir montrer qu’ici l’œuvre d’Eugène IONESCO a été trahie, au contraire. Et généralement, lorsqu’un auteur dramatique confie (j’allais dire « abandonne ») sa pièce à un metteur en scène, il accorde à celui-ci la faculté d’en faire ce qu’il lui plaira. Il sait parfaitement que son travail d’auteur est terminé, et que commence celui de la mise en espace, de la mise en voix, de la mise en jeu… Ainsi, ce qu’on appelle dans le milieu du cinéma un « détournement » existe en réalité depuis fort longtemps. Molière lui-même détournait certains passages de ses confrères italiens ou français pour les intégrer dans ses propres œuvres, créant à son tours des pièces excellentes. (Et, au sujet du cinéma, vous pourrez venir en savourer quelques exemples lors des 8èmes Rencontres Cinéma et Vidéo, du 6 au 11 novembre au théâtre Trimage, à nice. Pour plus d’informations, cliquez ICI. Fin de la parenthèse)
On pourrait reprocher qu’une fois de plus, la grande machinerie théâtrale d’une structure comme le TNN ai pris le pas sur le jeu des comédiens. C’est faux, et je prétends que cette mise en scène pourrait facilement être transposée dans un petit théâtre d’une cinquantaine de place. C’est vrai qu’ici Daniel BENOIN en profite pour nous amuser et nous ravir avec cet appartement « high-tech » où les écrans géants et l’éclairage sont pilotés par une kyrielle de télécommandes. Mais ce n’est pas là l’essentiel du spectacle, et ce qui permet à ce texte insolite et absurde, écrit en 1950, de servir une critique de notre époque, c’est bien le jeu des comédiens.
Comédiens qui étaient très à l’aise dans ce genre d’exercice – à l’exception de Fanny Cottençon, qui m’a semblé être légèrement en dessous des autres, au point de vu de la voix notamment, et de l’énergie en général.
Comme je l’ai annoncé au début, beaucoup d’étudiants des classes de Première assistaient à cette représentation. Je n’ai pas résisté à l’envie de leur poser quelques questions et ils ont eu la gentillesse d’y répondre. Vous en aurez un compte-rendu très bientôt.
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15/08/2006
Demandez le programme !
J’ai reçu en juin le programme du TNN. Je n’avais pas encore pris le temps de l’examiner. Je pense que cette saison, je vais prendre un abonnement, malgré mes modestes revenus (à les croire transparents). Malgré aussi le système contraignant imposé par le TNN : « au moins un spectacle par poste », sachant qu’il y a cinq postes. Parmi les œuvres proposées - 58, mais pas toutes au seul Théâtre de Nice – il y en a 13 qui ont retenu mon attention. Faute de temps et de moyen, il faudra bien que j’élague encore, au moment de poster mon bulletin.
P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon : pour payer son abonnement, le TNN autorise un échelonnement en trois fois : à la souscription, puis le 1er décembre et le 1er février. Il suffit d’envoyer trois chèques datés du jour de la souscription.
Le premier spectacle à ouvrir la saison au TNN sera « la Cantatrice Chauve », d’EUGENE IONESCO. Plus encore au théâtre que dans d’autres univers artistiques, la reprise d’une œuvre est chose courante. Comme beaucoup, j’aime aller voir une pièce que je connais déjà, mais dont la mise en scène est nouvelle. Certaines pièces classiques ont même été montées plusieurs milliers de fois. Mais sans aller jusque là, il est toujours enrichissant de voir un texte connu sous un éclairage nouveau. L’auteur est un des pères d'un genre théâtral qu’on appelle le théâtre de l'absurde, et qui traite, entre autres, des problèmes de communication. Il n’est pas le seul, LUIGI PIRENDELLO, par exemple, s’était attaqué à ce problème, dans un tout autre genre. Ceux qui découvriront le texte en percevront tout de suite le côté absurde et presque fou, mais attention, ces dialogues ne sont pas écrits n’importe comment. Il ne suffit pas de divaguer dans tous les sens pour pouvoir imiter le style de IONESCO.
Enfin, « La Cantatrice Chauve », c’est la fameuse pièce que l’on joue, sans interruption depuis 1957 – presque 50 ans – au Théâtre de la HUCHETTE, à PARIS. (Une petite salle de 100 places qui, d’après les commentaires, n’a pas été rénovée depuis sa création en 1948.)
J’ai toutefois hésité à retenir ce spectacle, car la mise en scène sera signée DANIEL BENOIN, l’actuel « patron » du TNN, dont le travail est d’une qualité inégale. De plus, dans la distribution, on trouve SOPHIE DUEZ, que je n’apprécie pas toujours. Cela ne veut pas dire que ces artistes là soient mauvais, chacun d’eux ayant déjà accompli de belles choses, cela signifie simplement que ce n’est pas gagné d’avance. Hum, bref… Passons vite au deuxième choix :
« Les Invisibles » commence véritablement la saison, mais le spectacle se déroulera sous un chapiteau installé sur le terrain de tennis de La Semeuse, près du Château, dans le Vieux-Nice. 3 pièces, écrites il y a environs cent ans. Pour avoir d’avantages de détails sur ce spectacle, cliquez ICI. Je l’avoue, je l’ai retenu d’abord parce que je connais bien deux des comédiens qui vont s’y produire : MARIE-NOËLLE VIVIANI, qui a débuté au THÉÂTRE de l’ALPHABET, et qui travaille actuellement au sein de la Compagnie LA SAETA ; et STÉPHANE EICHENHOLC, à la fois comédien, metteur en scène et excellent professeur. Il a fondé la Compagnie ARKADIA, dont les spectacles ont été produit dans de nombreux lieux de la région PACA. (« Acrobates », d’ISRAËL HOROVITZ ; « Le Journal d’un Fou », de GOGOL ; « Moulin à Paroles »… etc…) Il a également joué pour le cinéma et la télévision.
Le troisième spectacle que j’aimerais aller voir est « Faust – La Signature ». Parce que, je l’ai déjà dit dans d’autres articles, j’aime les talents qui se mélangent. Ici, il s’agit d’une collaboration entre deux structures : le Théâtre AKHE de ST-PETERSBOURG et le Teatro LINEA de SOMBRA de MEXICO. Le programme laisse entendre que les comédiens jouent également avec la lumière et le son, et même avec « certaines lois de la physique » ! Affaire à suivre…
Ensuite, « Vêtir Ceux Qui Sont Nus » se jouera à la mi-décembre. Cette pièce est de LUIGI PIRANDELLO – tiens tiens, je parle encore de lui ! Cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1934, a participé au renouvellement de la dramaturgie moderne. S’il était préoccupé par le problème que pose la compréhension de l’autre, ses pièces traitent surtout du dédoublement (thème du miroir ou de la gémellité) Il a écrit des romans, de la poésie ainsi que de nombreuses pièces, dont la fameuse « Six personnages en quête d'auteur » ou « Ce soir on improvise ». Ce spectacle est produit par le Théâtre NATIONAL de STRASBOURG, ce qui est de très bon augure. En effet, ce théâtre, qui est un des rares Centre Dramatique National basé en province, a produit quantité de très bons spectacles. Il accueille l’une des trois seules Ecoles Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique – avec PARIS et plus récemment LILLE.
Mon cinquième choix – qui terminera cette première partie, car la liste est trop longue pour un seul article – est Amphitryon. Elle est, avec DOM JUAN, la pièce la plus inclassable du répertoire de MOLIERE. Il s’agit, ni plus ni moins, des Dieux MERCURE et JUPITER qui s’amusent à mystifier les humains, en prenant leur apparence. Cette comédie est composée d’un prologue et de trois actes, le tout écrit en vers de longueurs inégales. Là aussi, comme chez PIRANDELLO, jeux de miroirs et jeux d’identité. Cette œuvre à part nous a laissé un nom commun : celui de « sosie », qui est donc à l’origine le nom propre du valet, dont MERCURE aura pris l’apparence. Les possibilités de mise en scène restent nombreuses, et peut-être aurons-nous là de bonnes surprises.
La suite très bientôt…
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