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16/12/2007

Stéphane KHEDIM

A la mi-septembre, j’avais annoncé mon intention d’aller voir le spectacle de Stéphane KHÉDIM, puis de lui demander de nous confier quelques mots (pour relire l’article, cliquez ICI).
Seul en scène durant un peu plus d’une heure, il nous dit ce texte de Jean-Pierre DOPAGNE, qui raconte comment un professeur a pu devenir fou au point de massacrer une classe entière ! Rassurez-vous, s'il se déclare lui-même monstrueux au tout début du spectacle, le comédien, qui s’adresse directement au public, véhicule tout au long du spectacle une sorte de gentillesse et de raffinement. Ainsi qu’un amour visible pour tout ce qui touche au théâtre.

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Avant de nous installer tous les deux sur des chaises, pour commencer l’interview, nous étions accoudés avec d’autres personnes devant le petit bar, fermé à cette heure. Devant quelques amis venus le féliciter, j’ai demandé à Stéphane s’il considérait son spectacle comme étant du théâtre pur ou s’il pensait qu’il y avait une part de one-man-show. Devant sa réaction d’incompréhension stupéfaite, presque d’indignation, j’ai compris que ces expressions n’avaient pas la même résonance chez lui que chez moi. Ainsi, une fois seuls, je changeais la première de mes questions :

Pourquoi considères-tu résolument qu’il s’agit de théâtre, et surtout pas de one-man-show ?
Stéphane : Parce que d’abord il y a toute une culture théâtrale à travers le texte, il y a des personnages et des pièces importantes qui sont cités par l’auteur. C’est super bien écrit, c’est sans vulgarité, c’est intelligent.
Tu ne varies pas le texte d’une soirée à l’autre, tu ne peaufines pas les gags comme on le fait pour un one-man-show ? Là, tu as définis ton spectacle ?
Stéphane : J’ai mon spectacle, mais souvent, comme le public est différent chaque soir, je m’adapte au public. Parfois nous avons un public de connaisseurs, je sais qu’il y a des comédiens, des gens de théâtre, donc je prends le temps de poser des choses, je peaufine mon jeu. Et des fois, nous avons un public, comme hier soir, qui vient vraiment par curiosité, pour voir du théâtre, à quoi ça ressemble, et là je m’adapte à leur niveau.
La mise en scène est de ?...
Stéphane : C’est moi qui aie fait la mise en scène.
Houlà ! C’est difficile de jouer et de se mettre en scène en même temps, d’avoir un regard extérieur, non ?
Stéphane : Déjà, ce spectacle m’a pris un an de préparation. Donc pendant cette année-là je cherchais des idées, j’ai cherché… parce que les idées ne viennent pas tout de suite : il faut des semaines et des mois pour que les choses viennent ; une idée en entraîne une autre… J’ai beaucoup d’imagination, ça m’amuse beaucoup de faire de la mise en scène… et c’est un texte qui est tellement bien écrit qu’il y a plein de choses à faire.
Et justement, pourquoi as-tu choisi ce texte ? Comment l’as-tu découvert ?
Stéphane : D’abord c’est un texte qui a été récompensé en 1999 par le Ministère de la Culture — en Belgique, parce que l’auteur est belge — donc ça a été aussi un des arguments. Il a été joué par de grands comédiens, comme Jean PIAT, qui le joue aussi régulièrement. Bien, comme ça fait plus de dix ans que je fais de la scène, presque quinze ans même, je voulais faire un truc tout seul ; parce que depuis le temps que je fais du théâtre les gens me suivent partout, ils sont fidèles, et je suis très touché par ça. Et donc, pour récompenser mon public, je voulais leur offrir un spectacle où je m’investissais totalement de A à Z. Et d’ailleurs je suis très heureux parce qu’ils me suivent encore maintenant… Donc, je cherchais un texte super bien écrit, quelque chose de beau, de culturel, avec beaucoup d’émotions, parce que moi j’aime bien l’émotion… C’est qu’on peu aussi rire mais aussi pleurer.
Oui, ce n’est pas un spectacle où l’on ne fait que se taper sur les cuisses.
Stéphane : C’est une comédie immortelle, c’est une comédie masquée hein, parce qu’il y a beaucoup d’émotion.
Veux-tu rajouter quelque chose ?
Stéphane : Voilà, je voulais te remercier d’être venu voir ce spectacle, parce que je suis très touché quand les gens viennent voir mon travail. Pour un artiste c’est ce qu’il y a de plus important.
Merci Stéphane d’avoir pris le temps de me répondre.

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Ce spectacle est amené à « tourner » et il sera certainement programmé de nouveau dans une salle de la région.
Avant de terminer cet article, je ne peux que vous conseiller d’aller consulter une courte biographie de l’auteur, en cliquant ICI.

10/09/2007

Falicon

Comme je vous l’ai annoncé dans le dernier article, les « 5es Falicomédies » se sont déroulées pendant tout le week-end à Falicon, village situé à moins de 10 km de Nice, et qui tire son nom de sa situation haut-perchée (la même racine que « falaise », mais tout de même, c’est moins vertigineux).

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Les festivals ont le mérite, à mes yeux, d’amener leur public à plus de curiosité et plus de diversité grâce, justement, à leur touche festive. En effet, la plupart de ces manifestations incluent généralement au moins un apéritif offert, ou alors des "afters" très sympathiques synonymes de rencontres et de discutions.
Les organisateurs, les participants, les partenaires et les collectivités publiques y retrouvent une part du public venu chercher un peu plus que la simple diffusion d’une œuvre. Je n’ai alors pas de honte à employer l’expression « valeur ajoutée ». En effet, essayer de voir autre chose que les ternes émissions calibrées pour le Grand Public est une bonne chose. On peut aller plus loin, et tenter d’aller à des manifestations culturelles où il est possible de rencontrer les créateurs eux-mêmes. Et cela, les festivals le permettent souvent.
D’autre part, qu’il y ai un fil rouge ou pas, qu’un artiste soit à l’honneur ou bien un genre particulier, les programmateurs s’efforcent pour la plupart de proposer une palette suffisamment variée de spectacles mais aussi de lieux pour inciter le public à venir faire des découvertes.

20bfb15608352723c7ee03d50724bfb6.jpgAinsi, le festival de théâtre qui s’est déroulé de vendredi à dimanche à Falicon aura permis aux spectateurs de rencontrer Guy FOISSY, Gérard LEVOYER ainsi que d’autres auteurs dramatiques représentés lors de ces trois journées.
Je n’ai pu m’y rendre que le premier jour (il y avait l’apéritif, hé ! hé !) : la sangria fut précédée de discours fort drôles et sympathiques, mais pas vraiment utiles. Toutefois, un festival digne de ce nom laisse la parole à tous les intervenants et invités ; on remercie ceux qui le méritent, les locaux s’adressent aux élus, les artistes à leur hôte.
Après l’apéritif, nous avons eu droit à un spectacle en extérieur. Je ne dis pas « spectacle de rue » car cette dénomination sous-entend que n’importe qui peut aller et venir à tout moment sur l’aire de représentation. Hors, ici, ce n’était pas le cas : quoiqu’en extérieur, le public était cantonné d’un côté de la placette. Sur l’autre partie, évoluaient les six danseuses de la compagnie Dans’Emoi. Crée en 2004 à Paris, cette structure s’est installée à Cannes un an plus tard. Elle est dirigée par Adeline RAYNAUD.
Il s’agissait pour cette troupe de chorégraphier des phrases extraites de chacune des œuvres théâtrales proposées durant ces Falicomédies. De fait, cela donnait un spectacle assez long (40 minutes) mais pas ennuyeux du tout. L’esplanade André BONNY offrait un beau décor en pierre blanche où se détachaient les danseuses habillées de noir. Il se trouvait à cet endroit un monument aux morts : c’est un symbole très fort, que l’on soit patriote convaincu ou bien anti-militariste. Aussi, il aurait fallu traiter cet élément, inclus de fait dans le spectacle, d’une façon plus précise, plus réfléchie. Malgré certaines imperfections (très visibles puisque le public se trouvait tout près), ce spectacle de danse, plutôt jazz, m’a plut, et j’ai applaudi.
Dans l’assistance se trouvait une autre chorégraphe que je connaissais, et qui, le lendemain, a voulu tempérer mon enthousiasme : mauvaise exploitation de l’éclairage naturel, délimitation de l’espace mal gérée, actes gratuits… Mais bon, c’est une (excellente) professionnelle, elle n’a pas le même œil que moi.
Adeline RAYNAUD m’a confié qu’elle pensait retravailler une partie de ce spectacle dédié à ce festival, pour en faire un autre plus autonome.
Quelques minutes après le salut des artistes, nous étions invités à rentrer dans la salle polyvalente aménagée en théâtre (pas de reproche à faire aux organisateurs, si ce n’est l’inévitable absence de pente dans les gradins).
faeec3d3823d28b8e115b55cc9cf995c.jpgNous avons assisté à la représentation de « Rencontres », de Guy FOISSY. 3 pièces courtes d’un maître de l'humour noir, écrites avec talent. Talent aussi pour les deux interprètes, Emmanuelle LORRE de la Cie Épigramme [ cliquez ICI pour (re)lire l’interview ] et Philippe LECOMTE de la Cie l’Entrée des Artistes. C’est un spectacle qui "tourne" dans notre région et vous aurez, je crois, l’occasion d’aller le voir. Il s’agit de moments dans l’histoire d’un couple : la rencontre, le constat d’échec… Certains passages sont surréalistes, presque fous.
66ecc63606a04c62d3fb4cc161f308f2.jpgOn rit tout le temps… sauf à la fin où le spectateur se laisse surprendre par un changement dans le ton de la pièce. De belles et délicates choses tout à fait inattendues.
Un quasi sans-faute (le personnage masculin accrochait parfois le texte, mais cela restait acceptable) qui m’incite à vous recommander ces « Rencontres ».


 

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Il me reste à féliciter les organisateurs de ces Falicomédies, cinquièmes du nom, ce qui est déjà un beau tour de force — mon expérience personnelle en matière d’organisation de festival me permet de le dire. Encore bravo à Françoise et à Philippe.

02/06/2007

Petites annonces

Depuis hier jeudi, a commencé aux Arènes de Cimiez le 6ème Festival de Théâtre, qui s’intitule tout simplement «  Théâtre aux Arènes » — au moins, c’est clair. Cette année, nous comptons sept spectacles proposés au public. L’entrée est gratuite, il faut le préciser ; mais il ne faut pas en déduire que ce sont des spectacles au rabais. Il suffit de savoir qu’il y a un mélange des genres, et que l’on peut tomber sur quelque chose qui ne correspond pas à notre goût.

9e95f013e3a44eaf712a3db2cb1391b1.jpgLa Cie Alcantara se produira là le dimanche 03 juin à 20h00, dans une pièce intitulée : « Actrice E.R. ». J’en avais déjà fait un compte-rendu il y a plus d’un an : cliquez ICI pour (re)lire l’article. Vous pouvez vous rendre sur le site de la compagnie grâce au lien présent sur la colonne de gauche ; ou bien même accéder directement à leur présentation de la pièce en cliquant LÀ.

Je ne peux que vous recommander une fois de plus ce spectacle. Je ne vous ferai pas l’injure de vous dire qu’il faut arriver AVANT 20h00. En revanche, je vous conseille de prévoir une petite laine, les soirées de juin restent fraîches pour celui qui reste assis sans bouger. (La meteo nous annonce une petite amélioration pour dimanche, mais pas le grand soleil !)

 

Renseignement : 04 97 13 37 70

 

 

Du côté de la chanson, il est une artiste dont je tiens absolument à reparler : Marie-Pierre FOESSEL. Là encore, vous pouvez relire l’interview qu’elle nous avait accordé en cliquant ICI.

 

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Elle se produira dans les lieux et aux dates suivantes :

 

le 7 juin à " l'Endroit " à Menton, en trio ;

 

le 20 juin à la " Cave Romagnan " 22, rue d'Angleterre à Nice (en trio avec Serge SALACROUP et Kevin

TARDEVET) ;

 

le 22 juin à " l'hostellerie du château " / restaurant " le Bigaradier " (en duo avec Kevin) ;

 

Durant tout le mois de juillet, le spectacle : « l'Ô à la bouche » s'installe au Théâtre de

l'Atelier (Théâtre du Cours, salle N°2) 18, rue de la Barillerie, dans le vieux Nice, chaque mardi, mercredi et jeudi soir. Elle sera accompagnée par André CLUZEL… Il y aura aussi des stages de chant !

 

les 6 et 12 juillet au " bigaradier " ;

 

le 27 juillet au Square de Monaco, pour une soirée hommage à Michel LEGRAND.

 

Pour tous renseignements, contacter directement Marie-Pierre FOESSEL par e-mail :

marie_pierref@hotmail.fr

29/05/2007

« Nez pas gourmand qui veut »

Elles sont deux, elles ont écrit, mis en scène et réalisé ce spectacle. C’est du « Clown de théâtre », du « nouveau clown », comme nous l’expliquera Magali BÉNÉVENT ; mais c’est surtout pour les petits ET pour les grands. Car les bases de l’univers clownesque sont là malgré tout : absence du quatrième mur – les comédiens s’adressent au public et jouent avec lui ; un tandem composé d’un personnage trop sûr de lui et qui commande tout le temps, et d’un autre qui apparaît comme plus fragile et moins raisonnable – mais à la fin la situation se renversera, la morale sera presque sauve ; il y a enfin le fameux nez rouge, symbole même du clown, et partie intégrante de sa personne (on dit que le comédien qui incarne un clown ne doit jamais se toucher le nez, sous peine de discréditer son personnage et de ne montrer que l’image d’un comédien débutant).

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Les deux artistes auraient déjà dû présenter leur spectacle « culinaire » au Théâtre de l’Impasse, mais il avait à l’époque été annulé, faute de réservation ! Et c’est bien dommage, car le spectacle a très bien été accueilli par le public de Gattières, ce jeudi après-midi. C’était dans le cadre des « 11èmes Siacreries », que j’avais annoncées lors de l’article précédent.
Rien que du très efficace. Même les incidents techniques du début sont passés, pour la plupart, inaperçus : les techniciens, arrivés avec un léger retard, n’avaient pas de câble pour relier les micros HF ! Imperturbable, Nathalie MASSEGLIA, déjà métamorphosée en Mazarine Brillat-Savarin, son personnage, a entamé une improvisation, au milieu du public assis par terre.
1229a3b2cbe90765fb557e8ab09b0d7d.jpg[Nous étions dans une cours d’école : ne l’oubliez pas, comme je l’ai dit, c’était un festival de théâtre de rue, et dans ces occasions, tous les lieux publics, les places et les rues sont évidemment investis par des artistes de scène !] Puis les deux comédiennes ont enchaîné avec le spectacle proprement dit : une méditation gastronomique où l’art culinaire est revisité par des clowns lors d’une conférence sans grumeau, grâce aux talents de Mazarine Brillat-Savarin et de sa commise. Un tourbillon qui nous entraîne dans ¾ d’heure d’une drôlerie intelligente.
La représentation une fois finie et les clowns démaquillées, Magali BÉNÉVENT m’a laissé lui poser quelques questions et elle a même accepté d’y répondre !

Lorsque je t’ai rencontrée la première fois, tu n’avais pas encore les capacités pour faire un travail de clown ; quelle formation t’es-tu donnée depuis pour arriver à produire un spectacle comme celui que nous venons de voir ?
Magali : Alors d’abord une formation théâtrale puisque je suis comédienne depuis… ça doit faire douze ans que je suis Intermittente du Spectacle… quelque chose comme ça.
Tu as réussi à garder ton statut pendant douze années consécutives ?
Magali : Oui, Monsieur !
70f2af71398df4a63cf913ec894882f2.jpgÇa donne espoir à ceux qui liront cet article.
Magali : Ça donne un peu d’espoir, oui. À la base je suis comédienne, et puis… ça fait maintenant quatre ans, donc au bout de huit ans comme comédienne, j’ai eu envie de continuer à me former, quoi, par le biais de stages, etc. Et une fois il y avait un stage avec un grand ponte du clown qui s’appelle Alain GAUTRAY, qui est parisien. Un stage de clown donc, sur Valbonne, réservé justement aux Intermittents du Spectacle. Et je me suis dis : tiens, je vais y aller, pour voir ; en fait c’était pour apprendre des nouvelles techniques, mais sans à priori ou sans envie forcément de devenir clown moi-même. C’était vraiment pour continuer la formation, pour ne pas rester sur les acquis, quoi. Et puis, finalement ça m’a plu. C’est ça qui s’est passé ! Et comme ça m’a plu j’ai refait un stage et puis j’ai refait un stage et puis j’ai commencé à travailler avec la Compagnie de l’Arpette, qui est une compagnie niçoise qui est spécialisée dans le clown de théâtre, le « nouveau clown ».4b9f237dd1730421ccab347fb1ab057e.jpg
Tu as donc rejoint une structure, tu n’as pas voulu créer la tienne.
Magali : Non, j’ai pas créé de structure. Moi j’avais… enfin nous avions notre structure – on était à plusieurs – qui s’appelait « le Théâtre de l’Éclat de Bois », puis « Artistes Représentants Associés », puis « l’Attraction ». Ça c’est le dernier nom ; tous les dix ans ça change de nom et comme c’est une vieille structure… Après j’ai quitté cette structure, et puis en ce moment je travaille quasiment qu’avec l’Arpette et avec d’autres compagnies ; en ce moment je suis pas mal dans le spectacle pour enfants, depuis que j’ai des enfants.
Est-ce que tu as dû faire des concessions pour rester Intermittente ?
Magali : J’ai fait aussi des concessions.
Lesquelles, Peugeot, Renault ? (Cet humour, c’est dingue !)
Magali : J’ai fait du théâtre jetable.
C’est à dire ?
Magali : Non, non, ça je raconte pas…
Allez !
Magali : Si ? Alors dans les périodes hyper creuses, il y a longtemps, j’ai fait de la figuration, alors ça c’est jamais rigolo. J’ai fait des trucs pires : ça m’arrive de faire encore du théâtre dans les entreprises, genre coacher des matchs d’improvisation, des choses comme ça, je me vends au grand capital aussi.

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Mais tu n’es pas la seule à faire ça…
Magali : Non, non, je ne suis pas la seule… Des trucs en entreprise… l’ouverture d’une banque… bon après, ça nous arrive aussi de bosser sur des événementiels, mais quand il y a la période artistique qui suit ça va. S’il y avait assez de structures pour pouvoir jouer partout, si je pouvais ne faire que jouer et mettre en scène je serais la plus heureuse…
Tu as fait de la mise en scène ? Ça t’est venu comment ?
8fcac89b21a8e52c664ac4820531d396.jpgMagali : Ca m’est venu petit à petit, je pense la première mise en scène que j’ai faite – bon j’ai commencé des petites mises en scène pour mes travaux d’atelier avec les enfants – et puis après ça a été sur une reprise d’un spectacle pour enfants qu’on faisait avec le théâtre de l’Éclat de Bois, où il m’a dit : tiens, j’aimerais bien que tu mettes en scène avec moi et que tu amènes ta fraîcheur etc. – et c’est sûr que j’étais toute fraîche ! Et puis ça a commencé comme ça, et puis ça m’a plu, et après j’ai fait plein – enfin plein ! J’ai pas soixante ans de carrière ! Mais souvent j’ai fait pas mal de co-mises en scène. En fait j’aime bien le travail en équipe, mais que ce soit dans la création en tant que comédienne ou même metteur en scène ; j’aime bien travailler à deux et envoyer les idées et monter un tas de choses…
Mais cela ne crée pas de conflit ?
Magali : Si tu es sur la même ligne artistique, si au départ tu as bien discuté et que tu veux bien la même chose, c’est un régal. C’est un régal parce que justement tu te renvoies des choses, parce que ce que dit l’un parle à l’autre et ce que dit l’autre parle à l’un, et que du coup… ça développe vachement plus de choses que quand tu es tout seul dans ton monde avec tes petites idées, quoi.
Ce spectacle n’a pas été créé spécialement pour l’extérieur, il vous faut souvent l’adapter ; cela vous pose-t-il des problèmes particuliers ?
d39205b4265835b50d486cbf5b524ff4.jpgMagali : Il y a des endroits où il est complètement injouable, ça c’est évident. Ici ça se joue avec un micro parce que c’est le plein air… on a des petits micros-cravates parce que le son se perd, et qu’en plus le public n’est pas vraiment discipliné, il n’y a pas de mur derrière, il y a le vent les oiseaux etc. là on avait besoin d’un p’tit soutien son. Sinon, ça nous arrive de jouer en extérieur, mais c’est quand même un spectacle qu’on a créé au départ à l’intérieur, pour le théâtre ; on a joué tout d’abord en salle et puis on nous l’a demandé plusieurs fois en extérieur. Donc on a commencé, la première fois c’était dans des conditions les plus horribles, ça nous a bien… y avait une tempête de vent, genre avec des rafales à 150 : y avait tout qui s’envolait, on n’avait pas de micro, on n’avait pas de loge et on n’avait pas de fond. Et on lui disait : bon ben peut-être, vous savez quoi : on revient le jouer une autre fois. « Non ! Pitié ! Jouez ! Jouez ! » Et ça a été joué dans un truc ! On avait tout qui volait quoi, on voyait rien, la nappe partait, on avait essayé de tout scotcher, de tout gaffer : pffft ! Rien à faire. Et là on s’est dit : bon, si on a passé le truc aujourd’hui, après, dans d’autres conditions, on pourra vraiment le jouer en extérieur.
Il a été baptisé, quoi… Il y a marqué sur le programme : « co-écrit », vous avez tout fait toutes seules ?
Magali : Oui ; au début, on voulait partir sur une comédie musicale… grotesque, mais vraie. On avait écrit des chansons, tout ça, c’était un spectacle culinaire, parce qu’on est intéressées toutes les deux par la cuisine, on aime ça – bon on a les vieilles obsessions qui ressortent hein… Et puis, on l’a présenté trois fois puis on s’est dit que c’était vraiment trop pourris, quoi… Bon ça va, ça passait, mais c’était quand même de qualité assez médiocre. Et donc, on a fait appel à Olivier DEBOS, qui a créé l’Arpette, il y a dix ans. De toute façon, on le faisait dans sa compagnie : il nous avait déjà filé un coup de main sur la mise en scène etc. Puis là on lui a dit : écoute, nous ça nous convient pas, ça nous plaît vraiment pas, on est pas contentes du résultat. Donc on lui a dit : écoute on va y aller en clown direct, quoi ; puisque c’étaient des personnages clownesques mais on travaillait sans nez. Et puis voilà, on a totalement remis en scène, totalement réécrit. Alors il ne restait plus beaucoup de chansons !

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Le spectacle évolue au fil du temps ?
Magali : Oui. Là, ça fait… deux ans… un an et demi qu’il tourne. Mais bon il n’était pas pareil il y a un an et demi ; et puis on le retravaille au moins une fois par an, voire deux fois par an : on le rebosse, on remet en scène, on rechange des morceaux ; enfin, on est en perpétuelle ouverture.
Quelle(s) projection(s) fais-tu pour la suite ? Est-ce qu’il t’est déjà venu à l’esprit de faire un jour autre chose ?
Magali : Oui, ça m’est déjà venu à l’esprit parce que c’est quand même pas facile. C’est un vrai métier de plaisir, avec ses difficultés – mais je pense que c’est dans tous les métiers pareil. On est quand même dans la précarité permanente [notez ce magnifique oxymore !] : avoir le Statut d’Intermittent c’est bien mais le Statut d’Intermittent il faut savoir que ça dure huit mois.
Tu travailles dix mois pour huit mois de décomptés ?
Magali : Oui, enfin… ils peuvent remonter à dix mois pour voir ce que tu as fait, mais tu as 243 jours d’indemnités, ce qui tombe à huit mois. Alors après c’est reporté, etc. donc tu peux arriver à dix mois ; mais enfin ça veut dire que de dix mois en dix mois tu sais pas de quoi tu boufferas l’année d’après. Alors c’est vrai que moi c’était pas des questions que je me posais quand j’avais vingt cinq ans, mais là j’en ai trente neuf, bientôt ; j’arrive à la quarantaine, j’ai deux gosses et j’ai pas envie de leur faire subir cette précarité-là, quoi. Et donc c’est vrai oui, depuis que j’ai des enfants… d’abord ça m’a mis au spectacle pour enfants parce que j’ai envie de partager avec eux ; et ça m’a fait poser des questions, dans les périodes de creux, oui, je me dis : qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Dans quel autre métier j’aurais du plaisir ?
Et tu as une réponse à cette question ?
Magali : Ben je ne sais rien faire ! … Ah si ! La cuisine… mais bon…

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Par contre, si tu continues (puisque tu aimes ton métier) quelle sera la suite du programme ?
Magali : Ben, là j’ai pas de projet à long terme… alors si, j’ai des trucs en cours : là en ce moment, avec l’Arpette on est en train de monter une « tribu de clowns ». Parce que l’Arpette est vraiment spécialisée dans ce qu’on appelle le « nouveau clown », comme il y a le « nouveau cirque »…
Il y a quand même toutes les bases du clown classique, non ?
Magali : Oui, mais le nouveau clown travaille beaucoup sur le pathos, sur le mal-être qu’il a… Et puis c’est beaucoup plus fin. Le clown traditionnel c’est un clown de cirque on va dire, qui est fait pour un public qui est à 360°, qui travaille beaucoup en visuel. Le nouveau clown d’abord il peut parler, beaucoup. Ben on voit, Mazarine elle tchatche beaucoup, ça se voit rarement dans les numéros de cirque – sauf quand le clown blanc était le présentateur lui-même, ce qui arrive. Puis c’est un travail de théâtre, donc on est pas dans le même rapport avec le public. Le public est présent, hein, il n’y a pas de quatrième mur, le clown est présent face à son public etc. mais ce sont des choses qui peuvent être plus fines, plus petites, et des fois plus décalées aussi.

Merci à Magali pour ces réponses. L’interview n’est pas finie, la deuxième et dernière partie paraîtra bientôt. En attendant, admirons cette coupure de presse, où l’on peut voir que c’est une photo de « Nez pas gourmand qui veut » qui a été choisie pour illustrer un article sur ces 11èmes Siacreries !

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17/05/2007

En ce moment

En ce moment, et jusqu’à samedi, se déroulent les « SIACRERIES» - 11ème édition. Ce festival des arts de la rue se déroule sur les places et dans les cours de Gattières (aujourd’hui, jusqu’à ce soir) puis vendredi au Broc (à partir de 17h00) et enfin samedi à Carros (à partir de 11h00) et Carros-Village (à 21h00).

 

Festival pour les petits et pour leurs parents et grands-parents, au total une quinzaine de spectacles présentés par « la Divine Quincaillerie », « Arnika », « Artonik », « le Théâtre de l’Unité », « la Cie d’Irque », « Ylang Ylang », « les Country Potes », « les Fouteurs de Joie » et enfin la « Cie de l’Arpette », dans laquelle œuvre Magali BÉNÉVENT, qui a bien voulu me laisser lui poser quelques questions.


Cette interview paraîtra bientôt dans un prochain article.

 

Enfin, vous pouvez obtenir des renseignements sur l’organisateur des « Siacreries », le Forum Jacques

PRÉVERT, en cliquant ICI.

30/03/2007

« Moins 2 » : 18 sur 20

Roger DUMAS avait eu le Molière "meilleur comédien second rôle" en 2006 pour son interprétation dans cette pièce [ cliquez ICI pour (re)lire l’article ]. Mais ce soir, une affichette nous annonçait que le comédien à la voix puissante et au timbre si particulier était encore malade. C’est Jean-Louis BÉRARD qui le remplaçait. Nous espérons bien sûr que Roger DUMAS va se rétablir prochainement. J’imagine qu’un tel changement a dû profondément changer la tonalité de la pièce. En effet, même si son remplaçant est tout à fait à la hauteur, son accent et sa prosodie font davantage penser à quelqu’un comme Fernand SARDOU plutôt qu’à Roger DUMAS.

medium_Illustre-TNN-02.jpgMalgré cela, le tandem de ces deux caractères différents fonctionne parfaitement. En effet, cette pièce très bien écrite par Samuel BENCHETRIT fonctionne souvent comme un enchaînement de sketchs, presque un duo comique. Le fil rouge cependant est un sujet grave : la mort. La mort certaine et toute proche. Et l’amour aussi, l’amitié. C’est un système très efficace que d’aborder des sujets aussi sérieux en déclanchant le rire. Et ici, le rire flirte souvent avec l’humour noir ; le style de jeu habituel à Jean-Louis TRINTIGNANT est ici bien employé. Un autre système efficace est celui d’une scénographie réduite aux accessoires les plus essentiels, accessoires qui constituent presque à eux seuls le décor.

Tous les autres personnages sont joués par Alexandra LONDON et Manuel DURAND. Samuel BENCHETRIT, qui signe aussi la mise en scène, fait ici un choix qui n’est pas rare au théâtre. Il m’est déjà arrivé de jouer plusieurs rôles dans un même spectacle. Il s’agit souvent d’un clin d’œil, d’une manière de montrer que ce n’est pas tout à fait sérieux.

Le programme annonce un spectacle d’une durée de 1h40, mais ce soir là, c’était plus court. Il y avait bien 5 minutes de moins. Rires moins nombreux ? (si, si, ça agit sur la durée d’un spectacle, je peux l’affirmer), coupures volontaires ou pas dans certaines scènes ? Je pense plutôt que cela a été dû à quelque chose comme le rythme plus rapide de Jean-Louis BÉRARD par rapport à celui de Roger DUMAS.

Est-ce une déformation : au début du spectacle, je commençais déjà à me demander ce que j’allais écrire dans cet article, lorsque je fus gêné par la faible portée de la voix des comédiens. Je me disais que peut-être tout le monde s’était ajusté au volume le plus faible, afin de ne pas créer de différence perceptible. Mais tout de même, j’étais situé près de la scène, que pouvaient donc bien entendre ceux qui se trouvaient au Paradis ? (le « Paradis » désigne la galerie située tout en haut de la salle ; le tarif est moins cher et, souvent, lorsqu’on veut louer une place au dernier moment, il en reste toujours dans ces étages élevés…) Mais très vite j’oubliais ce problème, constatant que la salle toute entière riait de bon cœur à chaque occasion. Ce n’est qu’une fois dehors que je fus rejoint sur un passage clouté par un couple de personnes âgées. L’homme me dit, en attendant que le signal piéton passe au vert : « Dommage qu’on n’entendait pas trop bien, car cette pièce est vraiment bien écrite. »

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Pour terminer ce compte-rendu, je vous invite à découvrir un commentaire très différent en cliquant ICI. Je n’ai pas eu le temps de chercher où cette spectatrice avait pu voir la représentation qu’elle commente.

15/02/2007

Un peu trop

Je suis allé voir « On ne Badine pas avec l’Amour », d’Alfred de MUSSET, au Théâtre Francis GAG. C’est un spectacle présenté par le TNN, mais réalisé par le Théâtre des Grands Chemins

Il est toujours difficile de reprendre une œuvre classique qui a déjà été jouée un grand nombre de fois et étudiée dans beaucoup de lycées. Il faut avoir un parti pris qui puisse justifier que l’on ai la prétention de monter un tel spectacle. Imposer sa vision d’une œuvre qui fait partie du patrimoine culturel commun.

Régis BRAUN, le metteur en scène, a semble-t-il choisi de faire de Camille et surtout de Perdican, des personnages assez actuels (et donc ressentis comme plus proches de chacun de nous). Cette impression est moins due aux costumes contemporains qu’à la façon qu’on les comédiens de dire le texte. A leur attitude aussi, un brin "humour et auto-dérision" ; ainsi qu’une certaine chorégraphie incluse dans quelques scènes. Cette façon de faire leur permet effectivement de trouver une nouvelle manière de dire le texte, mais aussi de jouer les situations. Un peu trop nouvelle d’ailleurs, c’est le revers de la médaille : nos deux personnages principaux semblent avoir trop de recul par rapport à leur situation, alors que la trame de cette pièce, c’est précisément l’histoire de jeunes gens complètements dépassés par leurs sentiments. La conséquence étant, je crois, que certains passages forts de la pièce ont perdu en intensité dramatique. L’ensemble est bon pourtant. Si une personne de votre entourage découvre MUSSET et trouve sont style trop précieux, qu’il aille donc voir ce spectacle, les comédiens ont une façon efficace de faire passer des dialogues au style très littéraires pour une conversation « badine » et presque ordinaire. On ne s’ennuis pas un seul instant pendant les 1 heure et 15 minutes que dure ce spectacle sans lourdeur ni temps mort.

Mise à part Rosette, la sœur de lait de Camille, les autres personnages sont des caricatures, des pantins au service du drame central. Régis BRAUN a choisi de ne pas les montrer sur la scène. De simples voix off énoncent le texte, accentuant encore leur côté fantoche. Mais cela nous prive, en revanche, du plaisir de voir évoluer sur scène des personnages plutôt drôles. Il est vrai qu’à l’origine, ils servaient également à "aérer" la pièce, au drame si pesant. Avec cette mise en scène plus légère, c’était moins utile.

Je terminerai en rappelant que j’avais déjà parlé de MUSSET au sujet d’une autre de ses grandes œuvres : « les Caprices de Marianne », pour relire les articles, cliquez ICI et LA.

« On ne Badine pas avec l’Amour » , c’est au théâtre Francis GAG

4, rue Saint-Joseph - Vieux-Nice

jusqu’au samedi 17 février à 20h30 et le dimanche 18 février à 15h00

réservations :

TNN–04 93 13 90 90 / Grands Chemins–06 22 75 61 59

C’est une des répliques les plus connues de cette pièce : (fin de la scène 5 - ACTE II) « Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

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Portrait de George SAND. Certains pensent qu'elle inspira, voire qu'elle écrivit plusieurs des répliques des oeuvres de MUSSET.