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24/10/2006

Théâtre à la Une

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Dans Nice-Matin, en un même week-end, trois articles concernant une action pour faire bouger le théâtre (à Cagnes-sur-Mer, à Vence et à Nice). Trois occasions de se réjouir, mais ces efforts seront-ils poursuivit ?

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20/10/2006

La Cantatrice au lycée

Comme je l’ai souligné avant-hier dans la première partie de cet article, plusieurs lycées étaient largement représentés ce soir là, notamment le lycée Henri MATISSE de Vence, et le Lycée du Parc Impérial à Nice. Apparemment, les enseignants ne s’étaient pas concertés. Dans le cadre de leur étude du français, les professeurs avaient proposé à leurs élèves d’aller voir « la Cantatrice Chauve », après avoir étudié le texte en classe.

La représentation terminée, quelques élèves de la classe de Première du lycée Henri Matisse ont accepté de répondre à trois questions :

 

L U C :   Est-ce que vous aviez déjà assisté à une représentation théâtrale avant celle-ci ou bien est-ce que, grâce à l’initiative de votre professeur, vous voyez ce genre de spectacle pour la première fois ? Qui répond en premier ? Allons, honneur aux filles :

 

Ma mère est prof de théâtre, donc j’ai pas trop le choix (rire) !...

 

Professeur ? Ou cela ?

 

A La-Colle-sur-Loup.

 

Elle a une compagnie ?

 

Oui, la compagnie « la Clef des Arts ». Je vais souvent à ses répétitions, et même aux spectacles de fin d’année qu’elle fait. Quand elle travaille dans les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques...

 

Vous n’avez pas eu besoin du secours du lycée pour vous diriger vers le spectacle vivant.

 

Voilà.

 

Et vous ?

 

Moi en fait, ce sont mes grands-parents qui m’emmènent souvent à La-Colle, et j’ai vu déjà plein de représentations, telles que « la Leçon », de IONESCO, qui est pas mal. J’ai vu beaucoup de choses quand même. C’est très intéressant le théâtre...

 

Et ce jeune homme ? 

 

En fait c’est ma mère qui m’emmène souvent au théâtre, mais en général ça m’intéresse pas, mais là c’était quand même plus intéressant là.

 

Là aussi, ce n’est pas le lycée qui vous pousse pour la première fois à aller voir un spectacle.

 

Non, non.

 

Et vous ?

 

Et bien moi, c’est vraiment la première fois que j’allais au théâtre, parce que je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni le temps, ni les moyens… Vraiment, pour ma première fois, ça m’a pas dérangé d’aller avec le lycée, au contraire, au moins ça m’a poussé vraiment à y aller. Et puis ça m’a vraiment plu. Je pense que je renouvellerai l’expérience mais personnellement quoi, parce que ça m’a vraiment plu.

 

   

Pourriez me donner un mot, un seul, qui définisse le spectacle que vous venez de voir ?

 

« Divertissant »

 

« Étonnant »

 

« J’sais pas » (rire)

 

« Original »

 

« Spécial »

 

(silence)

 

« Absurde »

 

 

Que vous apportera ce genre de soirée ?

 

On aura une vision plus pointue, pour avoir plus de critique ; et pouvoir plus regarder les idées derrières.

 

On sera beaucoup plus expérimentées après pour le théâtre, on saura exactement lorsque ce sera bien ou mauvais par rapport au jeu des acteurs ; et puis aussi on pourra donner de très bonnes critiques par rapport à ce genre de théâtre.

 

Ce sera toujours une référence en plus, ça permet d’en savoir plus sur le théâtre, et puis ça me donnera peut-être envie d’aller plus tard voir une autre pièce.

 

Oui, je trouve que c’est assez enrichissant, pour le Bac déjà ça sert beaucoup, et juste pour après, plus tard, c’est intéressant, c’est vrai qu’après on pourra plus juger. Pour la culture je trouve ça intéressant.

 

Vous qui venez pour la première fois voir un spectacle, ça vous donne envie de continuer ?

 

Oui, de voir d’autres pièces, grâce à ça... c’est vrai que ça donne envie.

 

 

Nous avons dû stopper ici l’entretien, car nous sommes allés assister aux "prolongations", baptisées « (et autour) ». Deux spectacles en réalité : l’un avant, l’autre après. Je n’ai pu assister au premier, mais je tenais à rester pour le second. Sophie DUEZ avait organisé pour nous cette soirée regroupant plusieurs textes de Pierre DAC, René de OBALDIA, Raymond DEVOS, Henri MICHAUX... tous centrés autour de l’univers de l’absurde. Un ring avait été installé pour l’occasion dans la corbeille, au milieu des fauteuils, et servait de scène au comédiens qui venaient s’amuser à dire ces textes. Un moment bon enfant pour terminer la soirée.

19/10/2006

Pari réussi

medium_Blogatoire-TNN-06.jpgAmbiance très « djeun’s » hier soir : plusieurs lycées avaient, sans se concerter, proposé aux élèves des classes de Première d’aller voir « la Cantatrice Chauve », d’Eugène IONESCO. Ces jeunes gens représentaient presque la moitié des 500 spectateurs présents ce mardi, influençant beaucoup l’atmosphère de la salle.

Atmosphère plutôt bonne, je dirai même réceptive, et ce dès les premières minutes du spectacle. Car je dois reconnaître, malgré mes réticences déjà énoncées ici au sujet de Daniel BENOIN, que j’ai beaucoup aimé sa mise en scène, et son parti pris. En effet, l’actuel directeur du TNN l’annonçait clairement dans le programme : « la langue développée et les situations exposées par IONESCO sont devenues un modèle pour notre monde contemporain où pseudo-langages, faux-sujets, oppositions factices et ennui profond sont les marques du fonctionnement de ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui [ … ] Je crois que cette nouvelle version devrait "coller" à 2006 [ … ] sans que le texte ne crée la moindre gêne, la moindre dispersion, la moindre contrainte. Cette grâce n’est-elle pas la vertu des grands textes classiques ? »

Pari ambitieux, mais pari tenu. De fait, le plaisir est encore plus fort lorsqu’on a déjà lu la pièce car on se demande bien comment Daniel BENOIN va s’y prendre pour faire « coller » le texte à notre quotidien de 2006. C’est un mécanisme que j’ai déjà évoqué ici : rendre le public complice, un peu, en soulevant une partie seulement du rideau. En lui faisant croire qu’il a déjà tout compris, alors que ce n’est qu’à la fin que le spectateur comprend réellement. Un challenge pour le metteur en scène. Donner du rythme à une partition qui n’a pas de mesure. Trouver, réplique après réplique, une situation qui rende le dialogue crédible pour une comédie de boulevard. Demander aux comédiens de jouer comme pour ce genre théâtral, mais avec un rien de décalage. Il y a donc de la parodie dans cette mise en scène, et la parodie est un art difficile, car on s’égare facilement vers les fausses bonnes idées. Grossièreté du trait, lieux communs, injustice de la caricature, rire facile. Ce ne fut pas le cas ici, et le portrait de notre société de non-communication était bien brossé.

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Il n’y avait pourtant rien de révolutionnaire dans la mise en scène ou la scénographie – très soignée. Car enfin, même si chaque situation prêtait à rire, même si les trouvailles étaient bonnes, même si les personnages étaient bien dessinés, chacun des moments du spectacle n’étaient pas tellement nouveaux (il y en a même un qui m’a fait penser à un sketch des « Inconnus »). Oui, le véritable coup de massue, c’est de montrer l’adéquation de ce texte avec nos problèmes actuels.

Je dirais même qu’il y a là un phénomène de détournement. Loin de moi l’idée de vouloir montrer qu’ici l’œuvre d’Eugène IONESCO a été trahie, au contraire. Et généralement, lorsqu’un auteur dramatique confie (j’allais dire « abandonne ») sa pièce à un metteur en scène, il accorde à celui-ci la faculté d’en faire ce qu’il lui plaira. Il sait parfaitement que son travail d’auteur est terminé, et que commence celui de la mise en espace, de la mise en voix, de la mise en jeu… Ainsi, ce qu’on appelle dans le milieu du cinéma un « détournement » existe en réalité depuis fort longtemps. Molière lui-même détournait certains passages de ses confrères italiens ou français pour les intégrer dans ses propres œuvres, créant à son tours des pièces excellentes. (Et, au sujet du cinéma, vous pourrez venir en savourer quelques exemples lors des 8èmes Rencontres Cinéma et Vidéo, du 6 au 11 novembre au théâtre Trimage, à nice. Pour plus d’informations, cliquez ICI. Fin de la parenthèse)

On pourrait reprocher qu’une fois de plus, la grande machinerie théâtrale d’une structure comme le TNN ai pris le pas sur le jeu des comédiens. C’est faux, et je prétends que cette mise en scène pourrait facilement être transposée dans un petit théâtre d’une cinquantaine de place. C’est vrai qu’ici Daniel BENOIN en profite pour nous amuser et nous ravir avec cet appartement « high-tech » où les écrans géants et l’éclairage sont pilotés par une kyrielle de télécommandes. Mais ce n’est pas là l’essentiel du spectacle, et ce qui permet à ce texte insolite et absurde, écrit en 1950, de servir une critique de notre époque, c’est bien le jeu des comédiens.

Comédiens qui étaient très à l’aise dans ce genre d’exercice – à l’exception de Fanny Cottençon, qui m’a semblé être légèrement en dessous des autres, au point de vu de la voix notamment, et de l’énergie en général.

 

Comme je l’ai annoncé au début, beaucoup d’étudiants des classes de Première assistaient à cette représentation. Je n’ai pas résisté à l’envie de leur poser quelques questions et ils ont eu la gentillesse d’y répondre. Vous en aurez un compte-rendu très bientôt.

05/10/2006

Bienvenu à bord

medium_Les_Invisibles_09.jpgLorsqu’il s’approche de ce chapiteau, image presque incongrue sur un terrain de tennis, le spectateur a l’impression qu’il vient saluer ses amis les saltimbanques. Cela semble être une vieille image d’Épinal que de rêver aux baladins et autres troubadours. Mais je crois que, lorsque nous nous trouvons dans l’enceinte d’un théâtre, quel qu’il soit, nous ne pouvons nous empêcher d’y songer. Or ce chapiteau est un symbole fort du voyage. Il est le lieu temporaire dans lequel va se dérouler une œuvre éphémère. L’immersion devient totale.

Les artistes semblent nous dire : « montez donc à bord, partez avec nous en voyage ! ». Et d’ailleurs, est-ce là un signe, la compagnie s’appelle : « le Navire », et le chapiteau fut baptisé « la Nef ». Nous sommes alors projetés dans le monde d’autrefois, celui de la « Belle-Époque », celle d’avant le premier conflit mondial.

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C’est à cette période que fut créé le style appelé Grand-guignol. J’espère que la connotation péjorative associée à ce terme sera enfin effacée. Même si les acteurs doivent jouer de façon exagérée, avec des gestes outrés, même si tout ressemble à une caricature, on rentre volontiers dans le jeu, et on finit par croire à l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Parce que lorsque les comédiens croient à ce qu’ils font, alors le public ne peut que les suivre. Et le public présent ce soir là a apprécié l’instant passé dans cette maison de toile.

L’association « la Semeuse » accueille, depuis quatre ans, des spectacles programmés par le TNN. « Les Invisibles » présenté cette semaine est bien le point d’orgue de ces quatre années de collaboration.

Frédéric REY, qui s’occupe de la partie culturelle de cette structure, me confiait que le semi-remorque transportant tout le matériel ne pouvait accéder à la rue des Serruriers, au pied du château, dans le Vieux-Nice. Le déchargement a été long et pénible. Chacun a dû mettre la main à la pâte et aider les « roadies » à tout transporter le long des ruelles jusqu’au terrain de tennis de la Semeuse (dont le mât principal, très lourd et très encombrant…). Mais j’ai bien senti que tous les participants à cette aventure étaient ravis et fiers du résultat.

Je profite de cette anecdote pour rappeler, une fois de plus, qu’une bonne performance implique un travail de préparation sérieux et important – et ce, quels que soient les talents des artistes.

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L’équipage du Navire a bien travaillé : ce spectacle qui n’a été joué que 5 ou 6 fois semble pourtant déjà rodé. Aucune erreur perceptible, tout est parfaitement ficelé. Je ne critiquerais qu’une seule idée du metteur en scène, Claude BOUÉ : celle d’imposer un flot de parole rapide dite par un personnage monolithique dans les premières minutes du spectacle (la comédienne, Irène CHAUVE, nous prouvant par la suite qu’elle est pourtant capable de faire beaucoup mieux).

Il y a en réalité trois pièces représentées :

La première, « la Dormeuse », a été écrite par André De LORDE en 1901. Elle explore l'atmosphère oppressante d’un huis clos à la fois plausible et pourtant hallucinant.

La deuxième, « Hermance a de la Vertu », a été co-écrite par André De LORDE et Claude ROLAND en 1901 également. C’est une vraie comédie avec femme, mari et amant, et où le rôle du cocu n’est pas attribué à celui qu’on croyait.

Enfin, « les Invisibles », co-écrit en 1911 par André De LORDE et Alfred BINET, nous plonge dans l’univers de la folie, au sens propre comme au sens figuré. (Alfred BINET est d’ailleurs un des pères de la Psychologie expérimentale, nous explique le programme.)

 

Je ne peux que souhaiter longue vie à « la Nef ». Les représentations ont lieu à 20h30, jusqu’au samedi 07 octobre.

TARIF - abonné : 11 €uros - non abonné : 20 €uros

Renseignements et réservations au 04 93 13 90 90

 

L'une des interprètes, Marie-Noëlle VIVIANI, a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques questions :

 

L U C :    Lorsqu’on t’a proposé de jouer un rôle masculin, as-tu hésité avant d’accepter ?

Marie-noëlle :    Ça m’a fait un peu peur de jouer le rôle d’un homme, mais en même temps il y avait le rôle d’une femme aussi, puisqu’il y a la « vieille » derrière. Oui, j’ai pris le pari, oui. J’avais déjà joué le rôle d’un homme, il y a quelques années en arrière avec la Saeta. J’avais joué le rôle du guide Coryphée.

Comment as-tu abordé cela ?

Ce n’était pas facile, hein. On a travaillé avec Claude, plein de détails, la démarche…

Un travail corporel ?

Oui, oui, parce que ce n’est pas évident.

Est-ce que cela faisait longtemps que tu voulais devenir Intermittente, ou bien est-ce que les événements ont précipité les choses ?

Ce sont les événements qui ont précipité les choses. Disons que je voulais l’être, mais je me suis rendu compte qu’en ne restant qu’avec une compagnie, c’était trop difficile. Alors en m’ouvrant sur d’autres spectacles, d’autres compagnies, effectivement, c’était possible…

Comment es-tu arrivé ici ?

Je ne connaissais pas cette compagnie. Claude BOUÉ, je le connaissais un petit peu mais sans plus : je l’avais rencontré pour le « Conte », parce qu’à un moment donné je faisais des contes moi aussi. Et puis il m’a téléphoné, et il m’a dit qu’il cherchait pour ces deux personnages. Donc j’y suis allé : en fait j’étais en lice avec quelqu’un et puis voilà, il a pris ce pari.

C’est lui qui t’a contacté ?

Je le connaissais à peine, il m’avait vu dans « Famille Ordinaire » et puis voilà.

Maintenant que tu t’es lancée, que prévois-tu de faire, à quoi penses-tu ?

J’espère qu’il y en aura d’autres, quoi.

Mais essaies-tu de prendre le taureau par les cornes ?

Pour l’instant non parce que je suis là dedans, tu vois. Mais dès que ce sera terminé oui.

Le statut d’Intermittent est difficile à conserver : est-ce que tu souhaites rester purement comédienne, ou bien vas-tu essayer d’autres activités, metteur en scène par exemple.

Non, non, pas du tout ; je veux vraiment être comédienne ; c’est tout, c’est déjà bien, c’est déjà pas mal. La mise en scène, c’est un vrai métier. Je ne me sens pas du tout prête à faire de la mise en scène.

Même si tu sais que c’est difficile de conserver son statut ?

Je sais, je sais, j’ai eu beaucoup de chance cette année… Bien sûr, dès que c’est finit, il faut déjà se préparer à autre chose…

Après le Théâtre de l’Alphabet, quelle autre formation t’es-tu donnée ?

Je suis allé à Paris, j’ai suivi des stages de comédienne, avec des gens différents, chez Niels Arestrup… Et puis après j’ai fait partie de la Saeta, et puis voilà…

Et puis tu as joué, tu as joué, tu as joué…

Oui…

08/09/2006

Demandez la deuxième partie du prograaamme !

En effet, j’avais promis de poursuivre ma liste de coups de cœurs, nous arrivons donc à la mi-février, et à « My Dinner With André ». Le programme mentionne : « d’après le scénario homonyme de LOUIS MALLE » [sorti en 1982 NdR], ce qui est déjà intéressant. Mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est qu’il s’agit là d’une création venue de Belgique. Les rares spectacles flamands auxquels j’ai pu assister m’ont toujours enthousiasmé, et bien que la durée annoncée soit de 3h00 ( ! ), j’ai bien envie d’aller tenter l’expérience.

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Durant ce même mois de février se jouera « On ne Badine pas avec l’Amour », d’ALFRED de MUSSET. L’année précédente, le TNN avait programmé « Les Caprices de Marianne », du même auteur (pour en lire le compte-rendu, cliquez ICI). Est-ce tourner en rond que de présenter plusieurs fois un même artiste ? Je ne crois pas, je crois surtout que MUSSET est un écrivain majeur du théâtre du XIXème siècle et qu’il vaut la peine d’être joué. Et même lu car, ne l’oublions pas, il a écrit la plus grande partie de son œuvre avec l’intention de ne plus jamais rien porter sur la scène, vexémedium_Francis_Gag_04.jpg qu’il était par l’échec de ses premiers essais (« La Nuit Vénitienne », deux représentations seulement à l’Odéon, en 1830). D’autre part, « Badine » étant sans doute la pièce de MUSSET la plus étudiée dans les collèges ou lycées, une représentation « vivante » rendra toujours plus fécond un simple cours magistral. Pour aller la voir, il faudra se rendre non pas au TNN mais au Théâtre FRANCIS GAG, dans le Vieux-Nice, 4 rue SAINT-JOSEPH, non loin de la piscine SAINT-FRANÇOIS.

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Au mois de mars sera représentée « Électre », de SOPHOCLE. « Encore un classique ! » soupirez-vous, mais combien d’entre-nous peuvent réciter une seule ligne de cette pièce écrite vers 430 av. JC ? Je n’ai en tête que peu de choses sur ce poète tragique grec. (Pour visiter un site concernant cet auteur, cliquez ICI ou ICI) J’ai surtout été attiré par le projet de la mise en scène de PHILIPPE CALVARIO, qui a voulu (ré)intégrer la musique dans cette œuvre. Il y aura donc des passages chantés, notamment par JANE BIRKIN qui jouera le rôle-titre. Aurons-nous ainsi le privilège de contempler cette œuvre comme ont pu le faire les premiers spectateurs, 25 siècles plus tôt ? Je crois que c’est impossible. J’espère surtout assister à une recherche intéressante sur la musicalité d’un texte ancien, sur un choix esthétique sensé mettre en valeur le thème tragique de cette pièce – il s’agit rien moins que du meurtre d’une mère par son enfant : AGAMEMNON, roi de Mycènes, est assassiné par sa femme CLYTEMNESTRE et l’amant de celle-ci. ÉLECTRE, la fille du couple royal, craint pour la vie de son frère, ORESTE. A sa demande, celui-ci tue CLYTEMNESTRE. Ils ne seront pas punis pour ce matricide, grâce à l’intervention d’APOLLON. Histoire cruelle donc, mais pas seulement ; c’est aussi l’histoire d’une femme qui ne se comporte pas comme les autres femmes de son époque.

Plus près de nous, SAMUEL BENCHETRIT a écrit et mis en scène « Moins Deux » : deuxmedium_Roger.2.JPG personnages – interprétés par ROGER DUMAS (récompensé pour ce rôle lors de la 20ème Nuit des Molières) et JEAN-LOUIS TRINTIGNANT. Ils n’ont plus que quelques jours à vivre, mais ils préfèrent fuguer de leur hôpital pour aller voir le monde. J’admire beaucoup chacun des deux comédiens et j’espère que le succès qu’ils rencontrent actuellement avec cette pièce n’est pas usurpé.

« Faces » est une expérience assez alléchante : écrit à l’origine par JOHN CASSAVETES pour le théâtre, il en avait fait un film, devenu culte depuis. Mise en scène de DANIEL BENOIN, avec les comédiens du TNN, cette pièce sera jouée à MONACO, à la Salle du Canton, quartier Fontvieille. C’est un peu loin pour mes finances en chute libre, mais nous verrons bien si en avril, la chance me permettra de me découvrir d’un fil. C’est un endroit que je ne connais pas, et il est sain, me semble-t-il, de ne pas toujours rester accroché à la même salle de spectacle (que l’on soit spectateur ou acteur) et j’aime découvrir de nouveaux espaces d’expression.

Les deux derniers spectacles qui achèvent cette liste seront : « La Peste », parce que j’apprécie ALBERT CAMUS ; et si le texte de la pièce est adapté du roman, n’oublions pas qu’ils s’agit d’un auteur qui a souvent travaillé pour le théâtre (« Caligula », « l’État de Siège », « les Possédés » ainsi que des traductions d’auteurs anciens...). Les possibilités de mises en scène restent intéressantes et le sujet traité assez universel. J’avais eu ce texte à défendre à l’oral du BAC de Français, et il m’avait porté chance : 16/20 !

Enfin « Ubu Roi », pièce d’ALFRED JARRY, qui donna à la langue française le mot « ubuesque ». Je ne sais pas si le spectacle est à la hauteur des compliments fait dans la presse, mais j’aime cette pièce et j’espère aller la voir. Et comme dirait le Père Ubu lui-même : MERDRE !

20/08/2006

Dell’Attore

medium_Blogatoire-Dario_Fo-01.jpgJe (re)lisait le livre de DARIO FO : Le Gai Savoir de l’Acteur (Manuale Minimo Dell’Attore), qui est une mine de réflexions sur le théâtre. J’en ai même offert un exemplaire à un camarade, et j’espère pouvoir le faire lire à d’autres encore.

L’auteur y traite de pratiquement tout, à sa façon. Et fatalement, je suis tombé sur un paragraphe qui traite d’un sujet abordé récemment avec l’article intitulé « dans le texte ».

Mais lisez plutôt :

« Le théâtre n’a rien à voir avec la littérature, quoi qu’on fasse pour l’y réduire. Brecht disait avec raison de Shakespeare : ” … dommage qu’il soit beau même à la lecture : c’est son seul défaut, mais il est grave… ” Il avait raison. Une œuvre théâtrale valable, paradoxalement, devrait ne pas plaire à la lecture et ne révéler sa valeur qu’à la réalisation scénique »

Voilà donc un nouvel avis, assez différent du miens je dois le reconnaître, mais qui est intéressant je crois.

15/08/2006

Demandez le programme !

J’ai reçu en juin le programme du TNN. Je n’avais pas encore pris le temps de l’examiner. Je pense que cette saison, je vais prendre un abonnement, malgré mes modestes revenus (à les croire transparents). Malgré aussi le système contraignant imposé par le TNN : « au moins un spectacle par poste », sachant qu’il y a cinq postes. Parmi les œuvres proposées - 58, mais pas toutes au seul Théâtre de Nice – il y en a 13 qui ont retenu mon attention. Faute de temps et de moyen, il faudra bien que j’élague encore, au moment de poster mon bulletin.

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P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon : pour payer son abonnement, le TNN autorise un échelonnement en trois fois : à la souscription, puis le 1er décembre et le 1er février. Il suffit d’envoyer trois chèques datés du jour de la souscription.

Le premier spectacle à ouvrir la saison au TNN sera « la Cantatrice Chauve », d’EUGENE IONESCO. Plus encore au théâtre que dans d’autres univers artistiques, la reprise d’une œuvre est chose courante. Comme beaucoup, j’aime aller voir une pièce que je connais déjà, mais dont la mise en scène est nouvelle. Certaines pièces classiques ont même été montées plusieurs milliers de fois. Mais sans aller jusque là, il est toujours enrichissant de voir un texte connu sous un éclairage medium_Blogatoire-TNN-01.jpgnouveau. L’auteur est un des pères d'un genre théâtral qu’on appelle le théâtre de l'absurde, et qui traite, entre autres, des problèmes de communication. Il n’est pas le seul, LUIGI PIRENDELLO, par exemple, s’était attaqué à ce problème, dans un tout autre genre. Ceux qui découvriront le texte en percevront tout de suite le côté absurde et presque fou, mais attention, ces dialogues ne sont pas écrits n’importe comment. Il ne suffit pas de divaguer dans tous les sens pour pouvoir imiter le style de IONESCO.

Enfin, « La Cantatrice Chauve », c’est la fameuse pièce que l’on joue, sans interruption depuis 1957 – presque 50 ans – au Théâtre de la HUCHETTE, à PARIS. (Une petite salle de 100 places qui, d’après les commentaires, n’a pas été rénovée depuis sa création en 1948.)

J’ai toutefois hésité à retenir ce spectacle, car la mise en scène sera signée DANIEL BENOIN, l’actuel « patron » du TNN, dont le travail est d’une qualité inégale. De plus, dans la distribution, on trouve SOPHIE DUEZ, que je n’apprécie pas toujours. Cela ne veut pas dire que ces artistes là soient mauvais, chacun d’eux ayant déjà accompli de belles choses, cela signifie simplement que ce n’est pas gagné d’avance. Hum, bref… Passons vite au deuxième choix :

« Les Invisibles » commence véritablement la saison, mais le spectacle se déroulera sous un chapiteau installé sur le terrain de tennis de La Semeuse, près du Château, dans le Vieux-Nice. 3 pièces, écrites il y a environs cent ans. Pour avoir d’avantages de détails sur ce spectacle, cliquez ICI. Je l’avoue, je l’ai retenu d’abord parce que je connais bien deux des comédiens qui vont s’y produire : MARIE-NOËLLE VIVIANI, qui a débuté au THÉÂTRE de l’ALPHABET, et qui travaille actuellement au sein de la Compagnie LA SAETA ; et STÉPHANE EICHENHOLC, à la fois comédien, metteur en scène et excellent professeur. Il a fondé la Compagnie ARKADIA, dont les spectacles ont été produit dans de nombreux lieux de la région PACA. (« Acrobates », d’ISRAËL HOROVITZ ; « Le Journal d’un Fou », de GOGOL ; « Moulin à Paroles »… etc…) Il a également joué pour le cinéma et la télévision.

Le troisième spectacle que j’aimerais aller voir est « Faust – La Signature ». Parce que, je l’ai déjà dit dans d’autres articles, j’aime les talents qui se mélangent. Ici, il s’agit d’une collaboration entre deux structures : le Théâtre AKHE de ST-PETERSBOURG et le Teatro LINEA de SOMBRA de MEXICO. Le programme laisse entendre que les comédiens jouent également avec la lumière et le son, et même avec « certaines lois de la physique » ! Affaire à suivre…

Ensuite, « Vêtir Ceux Qui Sont Nus » se jouera à la mi-décembre. Cette pièce est de LUIGImedium_Blogatoire-TNN-03.3.jpg PIRANDELLO – tiens tiens, je parle encore de lui ! Cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1934, a participé au renouvellement de la dramaturgie moderne. S’il était préoccupé par le problème que pose la compréhension de l’autre, ses pièces traitent surtout du dédoublement (thème du miroir ou de la gémellité) Il a écrit des romans, de la poésie ainsi que de nombreuses pièces, dont la fameuse « Six personnages en quête medium_Blogatoire-Theatre_National_de_Strasbourg-01.2.jpgd'auteur » ou « Ce soir on improvise ». Ce spectacle est produit par le Théâtre NATIONAL de STRASBOURG, ce qui est de très bon augure. En effet, ce théâtre, qui est un des rares Centre Dramatique National basé en province, a produit quantité de très bons spectacles. Il accueille l’une des trois seules Ecoles Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique – avec PARIS et plus récemment LILLE.

Mon cinquième choix – qui terminera cette première partie, car la liste est trop longue pour un seul article – est Amphitryon. Elle est, avec DOM JUAN, la pièce la plus inclassable du répertoire de MOLIERE. Il s’agit, ni plus ni moins, des Dieux MERCURE et JUPITER qui s’amusent à mystifier les humains, en prenant leur apparence. Cette comédie est composée d’un prologue et de trois actes, le tout écrit en vers de longueurs inégales. Là aussi, comme chez PIRANDELLO, jeux de miroirs et jeux d’identité. Cette œuvre à part nous a laissé un nom commun : celui de « sosie », qui est donc à l’origine le nom propre du valet, dont MERCURE aura pris l’apparence. Les possibilités de mise en scène restent nombreuses, et peut-être aurons-nous là de bonnes surprises.

La suite très bientôt…

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