19/04/2013
AU REVOIR ET MERCI
Ce blog existe depuis 7 ans. Il m’a demandé du temps et de l’énergie, mais je l’ai fait volontiers — pour contribuer au bel édifice du Spectacle Vivant, un peu… et beaucoup pour me faire plaisir.
Que restera-t-il de ces 2557 jours ? Les chiffres parlent difficilement. Je peux juste constater que les premières semaines, en avril 2006, il n’y avait qu’une petite vingtaine de lecteurs par jour. Aujourd’hui, vous êtes 140 à venir visiter le site quotidiennement. Une anecdote à ce propos :
Jusqu’en décembre, les outils statistiques de Haut-et-fort, la plateforme qui m’héberge, ne faisaient pas le tri entre les visiteurs "humains" et les simples robots informatiques qui scannent à longueur de journée les milliards de pages du Web. Depuis janvier, le tri est fait et les chiffres de la fréquentation ont été ajustés en conséquence. De 190 visiteurs uniques par jour, le blog a dégringolé à 140… ce qui laisse entendre que 50 robots viennent tous les jours de la semaine visiter l’Illustre Théâtre ; on en conclura que les robots sont des machines cultivées…
7 années et 351 articles, pratiquement 1 par semaine. Certains confidentiels mais d’autres plus populaires. Par exemple, l’article que j’avais réalisé sur la Diacosmie reste, chaque mois, ma note la plus lue. Je ne sais pourquoi, peut-être parce que personne d’autre n’a songé à réaliser un billet sur le sujet...
Des interviews de gens d’ici mais aussi d’ailleurs, comme Jean Franval qui avait accepté que je vienne lui poser des questions ½ heure avant d’entrer en scène !
Ou encore la directrice juridique de la SACD, qui avait apporté ses éclaircissements (par e-mail, certes).
Des pics d’affluence, jusqu’à 576 visiteurs en un jour. Las, c’est parce que j’avais lors d’un compte-rendu reproduit une liste de mots, dont certains étaient très salaces.
Des photos de spectacle, de lieux, mais aussi de belles affiches : certaines ont été collectionnées dans un album.
Et puis la fameuse Colonne de Gauche, qui comporte aujourd’hui pas mal de liens intéressants.
Des lecteurs qui me sont proches ; des anonymes aussi, bien sûr, beaucoup. Et certains que l’on n’attendait pas : Dario Larouche, directeur du Théâtre 100 Masques dans la ville de Saguenay au Québec…
Des habitués, qui ont inscrit une bonne partie des 493 commentaires — bel effort de contribution.
Il y a même un article de Wikipedia qui cite un de mes articles, celui sur la pièce Fando & Lis, de Fernando Arrabal.
7 ans passés à traquer les "fôte d'ortografe" parce que… parce que je suis comme ça…
7 ans aujourd’hui, est-ce l’âge de raison ? Une raison pour arrêter ? Je mets ici un terme à cette belle aventure. A vous toutes et à vous tous qui avez l’immense qualité de vous intéresser au Spectacle Vivant, je vous dis au revoir et merci.
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06/04/2013
MOLIÈRE, ÇA ROXE DU PONEY !
Au théâtre de la Tour Gorbella à Nice, la salle était pleine à craquer hier vendredi soir, lors d’une représentation des Femmes Savantes, par le Cercle Molière.
Il faut dire qu’à l’initiative de monsieur Frédéric Gentilini, professeur de lettres modernes au collège Valeri, 42 élèves étaient venus, encadrés par quelques professeurs volontaires.
Avant même de saluer le travail accompli par la troupe, je veux saluer tous ces jeunes gens, élèves de 3ème, pour la qualité de leur écoute et la bonne tenue dont ils ont su faire preuve. Certains adultes ont été moins sages.
Monsieur Gentilini m’a confié qu’il avait fait travailler d’autres pièces de Molière à ses élèves, mais pas celle-là. Il avait quand même pris le temps de la leur expliquer. Cela m’a surpris car j’ai pu constater que la plupart ne perdaient aucune des informations, pourtant distillées au travers d’un dialogue écrit en alexandrins et dans un langage précieux aujourd’hui désuet.
Les élèves, mais aussi tous les autres spectateurs présents dans la salle (qui jauge 90 places) ont pu découvrir tout d’abord le décor, composé essentiellement de six grands panneaux représentant chacun un portait en pied d’une femme connue : Eve, Cléopâtre, Jeanne d’Arc, Marie Curie, George Sand et Joséphine Baker. Ces panneaux composaient à eux six le fond de la scène, tout en y ménageant des ouvertures. En plus de cela, quelques petits éléments d’un mobilier plutôt chic, une desserte, un guéridon… L’ensemble, ainsi que les costumes, étant clairement daté des années 20. En effet, le metteur en scène Pierre Castello avait choisi de propulser la pièce à l’époque de la création du Cercle Molière, en 1922 exactement. Bonne idée car ces "années folles " ont donné à la pièce un ton pétillant qui lui allait très bien.
Les Femmes Savantes, pièce très connue de Molière, raconte l’histoire d’une famille divisée en deux clans (comme souvent dans les comédies de Molière) : d’un côté des femmes amoureuses à outrance du beau langage, des sciences et de la philosophie ; de l’autre le père, l’oncle et la bonne beaucoup plus raisonnables et cartésiens. Au milieu d’eux, Henriette aime Clitandre. Mais sa mère ne l’entend pas de cette oreille, car elle veut lui faire épouser Trissotin, un pédant qui a bien compris tout le parti qu’il pouvait tirer en s’introduisant dans cette famille. Ajoutons à cela un père qui n’ose jamais contredire sa femme et lui obéit en tout, de peur de la voir s’emporter. Mais c’est une comédie et le bon sens et la justice triompheront.
Des décors et des costumes bien réalisés, une mise en scène inventive, mais des comédiens de qualité inégale.
Dire des alexandrins est un exercice à part entière, qui demande une adresse particulière.
Ceci dit, on notera la bonne prestation de Marianne Delpont dans le rôle de Bélise, la tante aux chimères envahissantes et à l’alcoolisme discret.
Bonne prestation aussi pour Michel Blanck, qui nous montre un Chrysale pleutre et pourtant sympathique.
Enfin, bravo à Jean-Robert Thierry pour son Trissotin fourbe et creux à souhait. Comme le répétait mon professeur de théâtre, Henri Legendre : « Il faut beaucoup d’intelligence pour jouer les imbéciles ». Et il n’est pas facile de jouer un personnage excentrique et improbable sans en faire trop (car je pense que si je devais le jouer, j’en ferai beaucoup, beaucoup, rien que pour le plaisir).
Les personnages dits "secondaires" sont bien campés, ce qui n’est pas évident lorsqu’on ne dispose que d’une ou deux petites scènes.
Quelques trous de mémoire, rien de bien catastrophique, quelques placements à revoir, mais l’ensemble donne un spectacle qui ne trahit pas l’auteur et qui montre qu’on peut se divertir tout en réfléchissant.
Enfin, Pierre Castello prouve que la mise en scène permet au théâtre de se renouveler sans cesse.
Les jeunes du collège Valeri vous le diront : Molière, ça roxe du poney !
Pour le vérifier, il vous reste encore aujourd’hui samedi, à 21h00 et demain dimanche à 15h00, toujours au théâtre de la Tour Gorbella à Nice.
Tarif = 13 Euros — réduit = 10 Euros
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24/02/2013
L’EFFET DE GATTIÈRES
Nous étions seulement quatre dans la salle. Seulement quatre spectateurs venus de Nice… au milieu d’une salle pleine à craquer de Gattièroises et de Gattièrois.
Chose promise, je suis donc allé voir Les Fées de la Rampe samedi dernier, à Gattières.
Il s’agissait bien d’une "salle polyvalente", c'est-à-dire un lieu difficile à investir. Difficulté d’y installer tous les éclairages voulus ainsi qu’une régie millimétrée ; acoustique délicate… Mais les organisateurs ainsi que la troupe ont réussi à adapter les lieux (ça fait partie du travail des comédiens et du metteur en scène) et le spectacle pouvait commencer.
La photo ci-dessous vous montre le décor, simple mais suffisant. Les trois comédiennes en ont pris possession. Une très bonne énergie et aussi un plaisir de jouer visible permettaient à ce trio de femmes d’emporter l’adhésion du public (mention spéciale pour Gabrielle ROSSI).
J’insiste sur la prestation des comédiennes, car le texte m’a semblé moyen. L’auteur, Brigitte RICO, nous était présentée comme celle qui a co-écrit certains textes de Noëlle PERNAT. Or celui que l’on avait à entendre ce soir là n’avait pas la même finesse, une intrigue trop simple… Bref, ce texte n’est pas son meilleur opus.
C’est la raison pour laquelle je dis que ce sont bien les comédiennes qui, ce soir-là, ont porté le spectacle, et elles l’ont bien porté car le public ne regrettait pas d’être venu.
Voilà qui me rassure car je vais jouer avec deux des trois comédiennes le 02 juin dans La Famille Hernandez. Je suis persuadé qu’elles tiendront parfaitement leur rôle.
J’avais écrit, dans mon précédent billet, qu’il s’agissait de leur dernière représentation. Au temps pour moi, ce spectacle va probablement continuer de tourner, simplement, il n’y a pas encore d’autres dates de prévues actuellement.
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04/12/2012
TROIS DAMES D'AGRÉABLE COMPAGNIE
J’illustre parfois mes propos avec quelques photos que je réalise moi-même. J’en ai malheureusement raté une que je tenais pourtant à réussir.
En effet, comme je l’avais annoncé, je suis allé au théâtre Bellecour voir Trois dames sur une île déserte.
Son auteur, Gilles ABIER, a surtout produit des livres pour la jeunesse, enfants et adolescents, mais cet opus là est fait pour les adultes. Texte écrit pour trois personnages féminins (comme le titre le laisse supposer). Trois rôles "équilibrés", dans le sens où chacun occupe une place importante. Comme je l’avais supposé, un texte bien écrit. Une situation improbable mais à laquelle tout le monde croit au bout de cinq minutes. Des personnages bien dessinés, et tenus jusqu’au bout.
Comme je l’avais supposé, une mise en scène sobre destinée à laisser sa place au texte, tout en le soulignant quand il faut. (Cela semble évident, mais selon qu’un des trois personnages est en fond scène pendant que les deux autres sont à l’avant scène, cela peut souligner les différences de rapport ; ou encore, si les personnages intervertissent les places qu’ils semblent occuper d’habitude cela peut indiquer un basculement important dans le déroulement de l’histoire ; il y a également le rapport qu’un comédien entretient avec un ou plusieurs accessoires…)
Ma compagne était d’accord pour dire que nous avons passé un bon moment de théâtre.
« Et la photo alors ? » pensez-vous en lisant ces quelques lignes. Mais puisque je vous dis que je l’ai loupééée ! Quel dommage, car j’aurais bien aimé capter le regard, l’attitude qu’une des comédiennes a eu à un moment précis. Il s’agissait d’une réaction qu’elle avait en entendant les propos d’une des deux autres.
C’est que Trois dames sur une île déserte est le genre de texte qui nécessite de la part des comédiennes une capacité à écouter vraiment ses partenaires. En effet, la situation est tout à fait irréelle : ces trois pauv’Dames attendaient tranquillement un train sur un quai ordinaire lorsqu’elles se sont retrouvées toutes ensemble sur le sable chaud d’une île déserte (ou presque). Quoi de plus banal, n’est-ce pas ? En outre, ces trois personnes viennent chacune d’un univers différent, elles n’ont rien de commun — sauf un secret, qui vous sera révélé si vous allez assister à l’une des représentations…
Alors, il a fallu que chaque comédienne valide les propos des deux autres partenaires par une écoute parfaite. Ainsi, la mise en scène de Christine BERNARD a fonctionné !
Et comme je n’ai pas loupé toutes les photos, en voici quatre, en espérant vous donner envie d’aller voir ce spectacle qui tourne depuis un an environs.
Il faudra toutefois attendre le début du mois de mai pour pouvoir en profiter.
Je viens de louer un DVD à la médiathèque Louis Nucéra, provenant d’une série d’interviews avec des personnalités du cinéma, réalisées dans les locaux de l’Actor’s Studio. Celui-ci présentait l’acteur Clint EASTWOOD. Modeste, didactique, un humour typique des shows à l’américaine, il répond aux nombreuses questions d’un public déjà conquis. Et à un moment, il souligne l’importance et la difficulté à écouter vraiment ses partenaires, au cinéma comme au théâtre. Il explique même que beaucoup d’acteurs sont capables de bien dire leurs répliques, mais peu savent écouter.
Lorsque c’est à nous de parler, ou d’agir, c’est plus facile de jouer, car on peut se raccrocher à quelque chose de tangible, de physique même. Notre souffle et nos gestes nous permettent d’y croire davantage. Ils sont presque une bouée à laquelle on s’accroche, comme un élève débutant s’accroche au premier accessoire venu pour évacuer son angoisse. Mais lorsqu’on doit seulement écouter ce que d’autres disent, on est démuni. Mais que font mes mains ? Pourquoi ai-je autant de doigts ? Et mes pieds, ne doivent-ils pas bouger ? Ce serait mieux, hein, s’ils bougeaient ? Le public me regarde, c’est certain, il me regarde ne rien faire, il doit penser que je ne joue pas. Si seulement j’avais quelques mots à prononcer, histoire de me cacher derrière…! Mais bon sang que c’est dur d’écouter vraiment ! Les regards se croisent, on sait que l’on joue, on sait que l’autre joue, on sait que l’autre sait…
Henri LEGENDRE, mon premier professeur de théâtre, affirmait que le public regarde davantage celui qui écoute et non pas celui qui parle. A mon avis, je pense qu’il exagérait un peu, mon observation au milieu des spectateurs montrant qu’on regarde surtout la personne qui parle. Toutefois, il est vrai que notre regard effectue des aller et retour entre le locuteur et la ou les personnages qui reçoivent les paroles, afin de valider ce qui est dit. D’où la tentation de faire semblant d’écouter en opinant du chef plus que nécessaire.
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21/10/2012
MERCI
j’apprends, j’apprends mon texte — je vais rejoindre Sophie au théâtre — on travaille, on répète — la première semble si loin — ça y est, c’est le jour ! — le trac, comme tout le monde, comme d’habitude — les premières répliques, pour se rassurer — ça va, ça devrait aller — la régie fait ce qu’elle doit faire — ah non, elle se plante ! — on continue — les tableaux s’enchaînent maintenant, le dénouement est proche — on salue — il faut tout démonter le décor ! — mais d’abord on boit un verre avec les amis — c’est aussi la Saint Luc… — il faut remonter le décor ! on rejoue le vendredi et le samedi — on salue — il faut démonter le décor ! — ah non, pas samedi soir, samedi soir on peut laisser le décor jusqu’à dimanche — on discute avec Sophie — on essaye d’analyser — le spectacle fonctionne déjà mieux — on peaufine — on recueille les avis du public — on pense déjà à plus tard — et puis… on remercie
On remercie toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu se déplacer jusqu’au théâtre Bellecour pour assister à une représentation de notre premier spectacle : Deux sur la Balançoire.
Merci pour vos rires et vos réactions, merci pour votre présence. J’espère de tout cœur que cette pièce vous aura ému, et que nous aurons contribué à vous faire (re)découvrir la qualité de ce texte.
Deux sur la Balançoire est programmé encore la semaine prochaine les vendredi 26 et samedi 27 à 19h30 et dimanche 28 à 16h00, toujour au théâtre Bellecour.
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01/08/2012
IMPROBABLE
Montferrat, village du Haut-Var où je n’étais jamais allé, situé entre Draguignan et Comps ; une salle polyvalente que je ne connaissais pas et, ma foi, très bien agencée (grande hauteur de plafond et véritable scène) ; une chorale que j’ai découverte et qui venait tout droit de Plovdiv, deuxième ville de Bulgarie : le Chœur Yvan Spassov.
Cette rencontre improbable est bien le genre de chose qui se produit lors d’un festival. C’est la raison pour laquelle je ne manque pas une occasion de vous le redire, quitte à déborder un peu des Alpes-Maritimes, comme ici avec ce 17ème Festival Choral International en Provence.
Même le public est différent : composé pour moitié des habitants de la commune et pour le reste de vacanciers. Peu de chance de recroiser quiconque dans d’autres spectacles. Public encore plus éphémère qu’en saison, où là les spectateurs abonnés et les théâtreux finissent toujours par se revoir.
Cette soirée passée en compagnie des choristes dirigés par Gergana LYNTSKANOVA-PETROVA m’a beaucoup plu. Pour la variété de son répertoire et la qualité de son interprétation, bien sûr ; mais aussi pour ce signe évident que le Spectacle Vivant est à la fois fragile et très puissant. Pour m’avoir montré à quel point des humains qui ne se connaissent pas peuvent communier ensemble le temps de 28 morceaux choisis.
Oui, certains spectateurs on ressenti une impression de longueur. Pour ma part, je n’ai pas éprouvé la moindre lassitude et c’est en toute franchise que j’ai demandé « bis » au milieu des applaudissements nourris.
Ce festival a été rendu possible grâce au travail de toute une équipe, rassemblée au sein d’une fédération d’associations.
Une petite visite sur leur site (cliquez ICI et cliquez LÀ aussi) vous rendra compte de l’ampleur de leur action autour du chant choral : organisation de festivals, mise en réseau des chorales et, en partenariat avec des tour-operators, conception de voyages touristiques incluant des spectacles chorals à l’étranger…
Je remercie Sylvain FRANCESCATO — Chargé de Diffusion et de Production — pour sa disponibilité. Malgré l’effervescence et le feu de l’action, il n’a pas hésité à me consacrer un quart d’heure pour répondre à mes questions et me faire partager sa passion.
Il m’a ainsi expliqué que la gratuité d’une soirée comme celle-là repose sur une triple participation :
- Chacune des associations de la fédération, forte des adhésions des plusieurs dizaines de chorales et des adhésions simples ainsi que du financement des seules communes, peut offrir l’hébergement et la restauration aux compagnies invitées ;
- Les compagnies elles-mêmes financent leur déplacement ;
- Les communes enfin mettent à disposition leurs locaux.
Comme souvent, le maillage, le réseau associatif est le levier incontournable qui permet de développer de grands événements avec des moyens modestes : la 17ème édition du Festival Choral International en Provence s’est étendue sur 30 communes et a présenté 25 chorales, dont certaines venues de Chine, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, d’Arménie, d’Ukraine et de Bulgarie.
Comme je faisais part à Sylvain FRANCESCATO de mon intérêt pour la mise en scène soignée, très soignée même, celui-ci me confiait que, grâce au travail accompli par leur fédération pour organiser des rencontres entre chorales d’horizons variés, les compagnies françaises avaient pris conscience de l’importance de la mise en scène et que le public ne se contentait plus aujourd’hui de la seule performance chantée.
Encore bravo ; bravo à toutes et à tous !
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10/07/2012
AURIBEAU SUR-HUMAINE
Je n’aurais pas cru qu’un tel niveau d’organisation soit possible. J’étais hier dimanche 08 juillet à Auribeau-sur-Siagne pour assister à la seconde et dernière journée du festival de théâtre Auribeau sur Scène.
Une ribambelle d'affiches pour une kirielle de spectacle
Crée de toutes pièces (Ho ! Ho ! Ho !) par Christine BERNARD, cette première édition est parfaitement réussie. Pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la grande variété et le nombre de spectacles proposés : 24 (comédies, drames, spectacles pour enfants…) auxquels il faut rajouter les lectures et les conférences. C’est la raison d’être d’un festival que de provoquer rencontres et découvertes. Parfois on adore, parfois c’est moins bien, mais on découvre !
L’accueil, primordial pour le bon déroulement de la manifestation, mais aussi pour l’ambiance. Ici, dans cette petite commune d’Auribeau, les visiteurs étaient tous chouchoutés par les nombreux bénévoles, présents aux trois billetteries, au buffet, à l’entrée de chacun des six lieux prévus pour recevoir les spectacles, sans compter les animations destinées aux plus petits et sans compter non plus les agents municipaux qui n’étaient pas là pour faire de la figuration.
Six scènes, dans le périmètre restreint de la commune, voilà qui permettait au public de se balader sans risquer de se perdre ou d’arriver en retard. Nous sommes ainsi passés d’une placette ombragée à une cour d’école puis à une salle polyvalente en passant par la place principale…
Des tarifs très attractifs : l’achat d’un billet à 8 Euros pour les adultes (5 Euros les scolaires et gratuit pour les enfants) permettait d’accéder à TOUS les spectacles de la journée. Pourquoi se priver ?
Plusieurs parkings ainsi qu’un navette gratuite avaient été prévus pour éviter l’engorgement du village par les voitures. Un fléchage et une signalétique omniprésents, un programme lisible et pratique et enfin des billetteries très efficaces puisque personne n’a jamais fait la queue alors même que chaque spectacle faisait le plein ! Énorme je vous dis.
Bien sûr, les très grosses structures comme 06 en Scène ou le Nice Jazz Festival sont des machines bien plus grosses, je ne prétends pas les comparer. (Encore que, dans ce genre de grand évènement, on fait souvent la queue, ce qui n’est pas arrivé du tout à Auribeau sur Scène… et paf !) Oh bien sûr, l’imprévisible arrive toujours. Cette fois-ci, j’ai entendu une personne sortir de la salle du Portail en demandant qui avait coupé l’électricité en pleine représentation. Mais les choses sont vite rentrées dans l’ordre et je ne peux que renouveler toutes mes félicitations à Christine BERNARD et à toute son équipe pour la qualité du travail accompli.
Et ces spectacles alors ? Je n’ai pu en voir que trois, n’ayant pas tout mon dimanche de disponible.
Tout d’abord, l’excellent Femme au bord de, écrit et interprété par Armelle BÉRENGIER, de la Cie LMNO.
Le public, une bonne soixantaine de personnes attroupées sur la placette du village, attend le, la ou les comédien(es). Nous nous doutons qu’il ou elle est parmi nous, mais nous attendons ; puis une femme (Ah, c’est une comédienne alors !) prend la parole en s’adressant tout d’abord à une seule personne. Elle lui demande de lui lire le SMS qu’elle a reçu et qu’elle n’arrive pas à comprendre : son patron l’a virée, elle, Madame Crami, elle qui a tout sacrifié, qui a tout écrasé pour arriver à ce poste élevé d’une grande entreprise. Après que ce spectateur l’ait aidée à différentes choses, notre Madame Crami entreprend de faire une psychothérapie, et demande pour cela à un homme et une femme de jouer pour elle la scène où le patron invective son employée. Quant à moi, j’ai été désigné pour être Arthur. Pas grand-chose à faire, il me suffit de l’écouter lorsqu’elle me parle yeux dans les yeux. (Je n’ai donc pas eu à parler, mais au cas où, je me tenais prêt à lancer : « Madame Crami, pour votre boulot, c’est cramé ! ») Puis de fil en aiguille jusqu’au final où l’ensemble du public est invité à participer à une séance de relaxation.
Spectacle bien écrit, bien articulé, très bien interprété. Plusieurs difficultés très bien maîtrisées.
Tout d’abord, le fait de jouer dans un lieu public ouvert à tout vent (d’ailleurs, deux promeneurs ont à un moment traversé la placette sans s’arrêter). Ensuite, la difficulté de gérer un public auquel on autorise d’intervenir. Car, si au début chacun est plutôt timide, les personnes choisies par la comédienne pour participer activement à la représentation s’enhardissent et il faut beaucoup d’habileté pour leur faire comprendre, sans dire un mot et sans brusquerie, que leur tour est passé et que l’attention se porte désormais sur d’autres que eux.
A l’aise avec sa voix, son corps, à l’aise avec un lieu qui change à chaque représentation, à l’aise enfin dans l’interaction avec un public toujours renouvelé, Armelle BÉRENGIER nous a proposé une pièce drôle sur un thème sérieux, une réflexion sans prise de tête. Du très bon théâtre.
Ensuite, nous étions plus d’une centaine à nous rendre dans la cour de l’école pour voir Après la pluie, de Sergi BELBEL et interprété par la Cie L’entrée des Artistes.
Le programme nous rappelait que cette pièce a obtenu un Molière du meilleur spectacle comique. Franchement, je n’ai pas compris pourquoi.
Rien de vraiment mauvais là-dedans, mais beaucoup de banalités, parfois même de vulgarité, sans que cela serve à quelque chose.
Cette pièce met en scène huit employés d’une grande société qui viennent tour à tour fumer en cachette sur la terrasse tout en haut de leur building.
Thèmes contemporains donc, celui de l’interdiction de fumer, de l’interdiction tout court, de la vie en entreprise… A mon sens, ce n’est pas parce qu’une pièce parle des problèmes d’aujourd’hui qu’il faut forcément avoir un langage quelconque et relâché. Dans les pièces des siècles passés, la plupart des personnages ne s’expriment pas comme leur contemporains.
Autre défaut, me semble-t-il, celui d’avoir voulu écrire une pièce qui soit à la fois une comédie où l’on se marre en se tapant sur les cuisses et une tribune pour énoncer des réflexions prétendument philosophiques et de grands sentiments. L’ensemble donne un patchwork artificiel, cela fait plaqué. La mayonnaise ne prend pas.
Voilà un texte que je n’aurais jamais choisi de mettre en scène.
Les comédiens devaient jouer en plein air, c’est le cas de le dire puisqu’il y avait du vent. Toutefois, était-ce une raison pour jouer à fond et tout le temps l’énervement, la colère et l’agressivité ? Je ne crois pas car cela aplatissait les différences entre les personnages et finissait surtout par lasser. D’autant que c’était surjoué, dans la crispation ; cela se rajoutait aux propos vulgaires, dans une surenchère à la provocation... une provocation de prisunic. C'est dommage, car les comédiens semblent avoir un potentiel bien supérieur. Plusieurs d'entre-eux ont montré qu'ils étaient capable de jouer fort bien : présence, créativité, justesse... alors pourquoi avoir accepté de jouer un texte pareil ?
Il y a eu tout de même de bons mots et de bons moments, mais pas assez pour me faire aimer cette pièce.
Le troisième spectacle était un très bon travail de la Cie Les Cinq d’à côté : From the wild west.
Olivier Martin, qui a écrit ce texte et l’a mis en scène, m’a confié qu’il avait besoin de sublimer et de porter à la scène des éléments de sa vie. Le meilleur parallèle auquel il ait songé est la correspondance adressée par Calamity Janes à sa fille Janey (correspondance qu’elle aurait écrite mais jamais envoyée).
Spectacle pour une comédienne, qui tantôt est à sa table d’écriture, tantôt boit du whisky ou bien conte ses aventures passées. Quelques clichés, un peu trop à mon goût, mais pourtant nécessaires. Une comédienne qui nous montre plusieurs facettes d’un personnage et qui semble aimer son rôle. Une mise en scène sobre mais qui fonctionne bien.
Je n’aurais peut-être pas fait les choses de la même façon mais pourtant, voilà un vrai travail de création qui m'a plu. Je suis heureux d’avoir pu approcher Calamity Janes d’un peu plus près.
Ainsi, c’est bien d’un festival qu’il s’agit : chaque spectateur est reparti en se disant qu’il avait vu de bonnes choses et d’autres un peu moins bonnes. Toutes et tous avons pu nous reposer dans les terrasses des cafés. C’était la fête du Théâtre et je ne regrette pas ma journée.
C’est très sincèrement que je vous remercie, Christine (permettez-moi de vous appeler par votre prénom, cela me valorise aux yeux des lecteurs).
Je n’ai pu me résoudre à ne sélectionner qu’une seule des photos prises ce dimanche. Une fois de plus, j’ai dû créer un album. Cliquez sur la photo du haut pour y accéder.
Je ne terminerai pas cet article sans exposer ici les exigences de ce blog:
« Nous, l’Illlustre Théâtre, blog consacré depuis six ans au Spectacle Vivant, exigeons que le festival Auribeau sur scène soit reconduit l’année prochaine.
Nous exigeons également que la deuxième édition dure au moins un jour de plus, afin de régaler plus ! »
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