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15/09/2006

A la fraiche

Demain, si notre emploi du temps et le temps lui-même le permettent, j’emmenerai mon fils au Trophée de la Turbie (accès par la Grande Corniche) voir un spectacle de la Compagnie BAL. C’est à 16h00, en plein air (aïe !), pour tous, petits et grands.

Pour ce spectacle, qui a déjà tourné cet été, il faut réserver au 06.20.78.54.60 ou par e-mail bal@compagniebal.com

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08/09/2006

Demandez la deuxième partie du prograaamme !

En effet, j’avais promis de poursuivre ma liste de coups de cœurs, nous arrivons donc à la mi-février, et à « My Dinner With André ». Le programme mentionne : « d’après le scénario homonyme de LOUIS MALLE » [sorti en 1982 NdR], ce qui est déjà intéressant. Mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est qu’il s’agit là d’une création venue de Belgique. Les rares spectacles flamands auxquels j’ai pu assister m’ont toujours enthousiasmé, et bien que la durée annoncée soit de 3h00 ( ! ), j’ai bien envie d’aller tenter l’expérience.

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Durant ce même mois de février se jouera « On ne Badine pas avec l’Amour », d’ALFRED de MUSSET. L’année précédente, le TNN avait programmé « Les Caprices de Marianne », du même auteur (pour en lire le compte-rendu, cliquez ICI). Est-ce tourner en rond que de présenter plusieurs fois un même artiste ? Je ne crois pas, je crois surtout que MUSSET est un écrivain majeur du théâtre du XIXème siècle et qu’il vaut la peine d’être joué. Et même lu car, ne l’oublions pas, il a écrit la plus grande partie de son œuvre avec l’intention de ne plus jamais rien porter sur la scène, vexémedium_Francis_Gag_04.jpg qu’il était par l’échec de ses premiers essais (« La Nuit Vénitienne », deux représentations seulement à l’Odéon, en 1830). D’autre part, « Badine » étant sans doute la pièce de MUSSET la plus étudiée dans les collèges ou lycées, une représentation « vivante » rendra toujours plus fécond un simple cours magistral. Pour aller la voir, il faudra se rendre non pas au TNN mais au Théâtre FRANCIS GAG, dans le Vieux-Nice, 4 rue SAINT-JOSEPH, non loin de la piscine SAINT-FRANÇOIS.

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Au mois de mars sera représentée « Électre », de SOPHOCLE. « Encore un classique ! » soupirez-vous, mais combien d’entre-nous peuvent réciter une seule ligne de cette pièce écrite vers 430 av. JC ? Je n’ai en tête que peu de choses sur ce poète tragique grec. (Pour visiter un site concernant cet auteur, cliquez ICI ou ICI) J’ai surtout été attiré par le projet de la mise en scène de PHILIPPE CALVARIO, qui a voulu (ré)intégrer la musique dans cette œuvre. Il y aura donc des passages chantés, notamment par JANE BIRKIN qui jouera le rôle-titre. Aurons-nous ainsi le privilège de contempler cette œuvre comme ont pu le faire les premiers spectateurs, 25 siècles plus tôt ? Je crois que c’est impossible. J’espère surtout assister à une recherche intéressante sur la musicalité d’un texte ancien, sur un choix esthétique sensé mettre en valeur le thème tragique de cette pièce – il s’agit rien moins que du meurtre d’une mère par son enfant : AGAMEMNON, roi de Mycènes, est assassiné par sa femme CLYTEMNESTRE et l’amant de celle-ci. ÉLECTRE, la fille du couple royal, craint pour la vie de son frère, ORESTE. A sa demande, celui-ci tue CLYTEMNESTRE. Ils ne seront pas punis pour ce matricide, grâce à l’intervention d’APOLLON. Histoire cruelle donc, mais pas seulement ; c’est aussi l’histoire d’une femme qui ne se comporte pas comme les autres femmes de son époque.

Plus près de nous, SAMUEL BENCHETRIT a écrit et mis en scène « Moins Deux » : deuxmedium_Roger.2.JPG personnages – interprétés par ROGER DUMAS (récompensé pour ce rôle lors de la 20ème Nuit des Molières) et JEAN-LOUIS TRINTIGNANT. Ils n’ont plus que quelques jours à vivre, mais ils préfèrent fuguer de leur hôpital pour aller voir le monde. J’admire beaucoup chacun des deux comédiens et j’espère que le succès qu’ils rencontrent actuellement avec cette pièce n’est pas usurpé.

« Faces » est une expérience assez alléchante : écrit à l’origine par JOHN CASSAVETES pour le théâtre, il en avait fait un film, devenu culte depuis. Mise en scène de DANIEL BENOIN, avec les comédiens du TNN, cette pièce sera jouée à MONACO, à la Salle du Canton, quartier Fontvieille. C’est un peu loin pour mes finances en chute libre, mais nous verrons bien si en avril, la chance me permettra de me découvrir d’un fil. C’est un endroit que je ne connais pas, et il est sain, me semble-t-il, de ne pas toujours rester accroché à la même salle de spectacle (que l’on soit spectateur ou acteur) et j’aime découvrir de nouveaux espaces d’expression.

Les deux derniers spectacles qui achèvent cette liste seront : « La Peste », parce que j’apprécie ALBERT CAMUS ; et si le texte de la pièce est adapté du roman, n’oublions pas qu’ils s’agit d’un auteur qui a souvent travaillé pour le théâtre (« Caligula », « l’État de Siège », « les Possédés » ainsi que des traductions d’auteurs anciens...). Les possibilités de mises en scène restent intéressantes et le sujet traité assez universel. J’avais eu ce texte à défendre à l’oral du BAC de Français, et il m’avait porté chance : 16/20 !

Enfin « Ubu Roi », pièce d’ALFRED JARRY, qui donna à la langue française le mot « ubuesque ». Je ne sais pas si le spectacle est à la hauteur des compliments fait dans la presse, mais j’aime cette pièce et j’espère aller la voir. Et comme dirait le Père Ubu lui-même : MERDRE !

15/08/2006

Demandez le programme !

J’ai reçu en juin le programme du TNN. Je n’avais pas encore pris le temps de l’examiner. Je pense que cette saison, je vais prendre un abonnement, malgré mes modestes revenus (à les croire transparents). Malgré aussi le système contraignant imposé par le TNN : « au moins un spectacle par poste », sachant qu’il y a cinq postes. Parmi les œuvres proposées - 58, mais pas toutes au seul Théâtre de Nice – il y en a 13 qui ont retenu mon attention. Faute de temps et de moyen, il faudra bien que j’élague encore, au moment de poster mon bulletin.

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P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon : pour payer son abonnement, le TNN autorise un échelonnement en trois fois : à la souscription, puis le 1er décembre et le 1er février. Il suffit d’envoyer trois chèques datés du jour de la souscription.

Le premier spectacle à ouvrir la saison au TNN sera « la Cantatrice Chauve », d’EUGENE IONESCO. Plus encore au théâtre que dans d’autres univers artistiques, la reprise d’une œuvre est chose courante. Comme beaucoup, j’aime aller voir une pièce que je connais déjà, mais dont la mise en scène est nouvelle. Certaines pièces classiques ont même été montées plusieurs milliers de fois. Mais sans aller jusque là, il est toujours enrichissant de voir un texte connu sous un éclairage medium_Blogatoire-TNN-01.jpgnouveau. L’auteur est un des pères d'un genre théâtral qu’on appelle le théâtre de l'absurde, et qui traite, entre autres, des problèmes de communication. Il n’est pas le seul, LUIGI PIRENDELLO, par exemple, s’était attaqué à ce problème, dans un tout autre genre. Ceux qui découvriront le texte en percevront tout de suite le côté absurde et presque fou, mais attention, ces dialogues ne sont pas écrits n’importe comment. Il ne suffit pas de divaguer dans tous les sens pour pouvoir imiter le style de IONESCO.

Enfin, « La Cantatrice Chauve », c’est la fameuse pièce que l’on joue, sans interruption depuis 1957 – presque 50 ans – au Théâtre de la HUCHETTE, à PARIS. (Une petite salle de 100 places qui, d’après les commentaires, n’a pas été rénovée depuis sa création en 1948.)

J’ai toutefois hésité à retenir ce spectacle, car la mise en scène sera signée DANIEL BENOIN, l’actuel « patron » du TNN, dont le travail est d’une qualité inégale. De plus, dans la distribution, on trouve SOPHIE DUEZ, que je n’apprécie pas toujours. Cela ne veut pas dire que ces artistes là soient mauvais, chacun d’eux ayant déjà accompli de belles choses, cela signifie simplement que ce n’est pas gagné d’avance. Hum, bref… Passons vite au deuxième choix :

« Les Invisibles » commence véritablement la saison, mais le spectacle se déroulera sous un chapiteau installé sur le terrain de tennis de La Semeuse, près du Château, dans le Vieux-Nice. 3 pièces, écrites il y a environs cent ans. Pour avoir d’avantages de détails sur ce spectacle, cliquez ICI. Je l’avoue, je l’ai retenu d’abord parce que je connais bien deux des comédiens qui vont s’y produire : MARIE-NOËLLE VIVIANI, qui a débuté au THÉÂTRE de l’ALPHABET, et qui travaille actuellement au sein de la Compagnie LA SAETA ; et STÉPHANE EICHENHOLC, à la fois comédien, metteur en scène et excellent professeur. Il a fondé la Compagnie ARKADIA, dont les spectacles ont été produit dans de nombreux lieux de la région PACA. (« Acrobates », d’ISRAËL HOROVITZ ; « Le Journal d’un Fou », de GOGOL ; « Moulin à Paroles »… etc…) Il a également joué pour le cinéma et la télévision.

Le troisième spectacle que j’aimerais aller voir est « Faust – La Signature ». Parce que, je l’ai déjà dit dans d’autres articles, j’aime les talents qui se mélangent. Ici, il s’agit d’une collaboration entre deux structures : le Théâtre AKHE de ST-PETERSBOURG et le Teatro LINEA de SOMBRA de MEXICO. Le programme laisse entendre que les comédiens jouent également avec la lumière et le son, et même avec « certaines lois de la physique » ! Affaire à suivre…

Ensuite, « Vêtir Ceux Qui Sont Nus » se jouera à la mi-décembre. Cette pièce est de LUIGImedium_Blogatoire-TNN-03.3.jpg PIRANDELLO – tiens tiens, je parle encore de lui ! Cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1934, a participé au renouvellement de la dramaturgie moderne. S’il était préoccupé par le problème que pose la compréhension de l’autre, ses pièces traitent surtout du dédoublement (thème du miroir ou de la gémellité) Il a écrit des romans, de la poésie ainsi que de nombreuses pièces, dont la fameuse « Six personnages en quête medium_Blogatoire-Theatre_National_de_Strasbourg-01.2.jpgd'auteur » ou « Ce soir on improvise ». Ce spectacle est produit par le Théâtre NATIONAL de STRASBOURG, ce qui est de très bon augure. En effet, ce théâtre, qui est un des rares Centre Dramatique National basé en province, a produit quantité de très bons spectacles. Il accueille l’une des trois seules Ecoles Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique – avec PARIS et plus récemment LILLE.

Mon cinquième choix – qui terminera cette première partie, car la liste est trop longue pour un seul article – est Amphitryon. Elle est, avec DOM JUAN, la pièce la plus inclassable du répertoire de MOLIERE. Il s’agit, ni plus ni moins, des Dieux MERCURE et JUPITER qui s’amusent à mystifier les humains, en prenant leur apparence. Cette comédie est composée d’un prologue et de trois actes, le tout écrit en vers de longueurs inégales. Là aussi, comme chez PIRANDELLO, jeux de miroirs et jeux d’identité. Cette œuvre à part nous a laissé un nom commun : celui de « sosie », qui est donc à l’origine le nom propre du valet, dont MERCURE aura pris l’apparence. Les possibilités de mise en scène restent nombreuses, et peut-être aurons-nous là de bonnes surprises.

La suite très bientôt…

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30/06/2006

Elle n'arrête pas !

Toujours pas de questionnaire de PROUST ici, même si c’est encore la mode dans la blogosphère. On continue de s’intéresser à une personne en particulier.

Aujourd’hui nous accueillons, derrière le rideau, Martine PUJOL.

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Etudiante en khâgne de philosophie au Lycée Masséna de Nice, elle s'initie au théâtre traditionnel puis expérimental - avec le Living Theater. Elle travaille ensuite dans l’univers de la radio, de la vidéo puis du cinéma. Sa rencontre avec RICHARD CAIRASCHI la ramène en 97 sur la scène du théâtre professionnel.

Malgré son emploi du temps plus que surchargé, elle a pris le temps de répondre à quelques questions. (Et, pour en savoir plus, cliquez sur debi-debo.com)

L U C     Comment peut-on, à 13 ans, prendre des cours de théâtre « en cachette », comme tu le racontes dans une interview accordée aux Nouvelles Liaisons Covalentes ?

Martine PUJOL     On dit à Maman qu'on va faire ses devoirs chez une amie le mercredi et le samedi.

« Scènes de théâtre » ou bien « plateaux de cinéma », entre les deux, ton cœur balance-t-il ?

Les deux.

Vas-tu désormais te consacrer uniquement à ton métier de comédienne ou bien te réserves-tu d’autres activités ? (tu fus autrefois chargée de production)

Comédienne, auteur (voir la note complémentaire en fin d'article)

Après toute cette série de spectacles à la sauce Niçoise, te sens-tu essoufflée ou au contraire prête à enchaîner le prochain ?

Ce qui m'aurait essoufflée aurait été de jouer toujours la même pièce. Pas de problème donc pour enchaîner.

Lorsque tu joues dans un spectacle comme Festin, as-tu l’impression d’avoir désormais « ton » public ? Si oui, est-ce une bonne chose ? (Au fait, y aura-t-il un DVD de ce spectacle ?)

Je ne considère jamais rien comme acquis. Je joue pour ceux qui sont là, chaque soir avec moi. J'espère leur apporter quelque chose et qu'ils auront envie de revenir. Oui, le DVD sort en juillet. A commander à : contact@debi-debo.com

De ta rencontre avec JULIAN BECK et JUDITH MALINA, que te reste-t-il ? (En réalité, la vraie question étant : « ta rencontre avec le Living Theater t’a-t-elle laissée une coloration "libertaire" ou bien est-ce parce que tu l’étais déjà un peu que tu as croisé leur route ? »)

Tu regardes une étoile : que te reste-t-il.....

Parmi tous ces cris qui viennent de la rue (et des champs) quelle cause défendrais-tu aujourd’hui ?

L'Afrique. On n'a pas le droit de laisser un continent se scratcher comme c'est le cas aujourd'hui.

Es-tu optimiste quant a l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui du spectacle vivant ?

Oui

As-tu de bonnes nouvelles te concernant ?

Oui, une création à la rentrée. Informations sur le site en construction... à suivre, donc.

Veux-tu rajouter quelque chose ? Ou bien recommander un spectacle ?

Le cabaret enfantin de JACQUES LAURENT larueluberlu@laposte.net

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Note communiquée par M. P. :

 

 

UNE PAGE À PART

de Martine PUJOL

adaptation libre de : « GRADIVA, fantaisie pompéienne » de Wilhelm JENSEN ; « le délire et les rêves dans la GRADIVA de W. JENSEN » de Sigmund FREUD ; librement inspiré de la vie et l’œuvre d’Hilda DOOLITTLE

 

mise en scène : Richard CAIRASCHI

 

Pour les 150 ans de la naissance de S. FREUD, Martine PUJOL signe une pièce originale, poétique, drôle et riche de sens.  La scénographie de Richard CAIRASCHI la marque de fantaisie et d’imagination, sa mise en scène révèle une interprétation de qualité.

Vienne, printemps 1933. Freud accepte une de ses dernières patientes et élève : l’artiste américaine, Hilda Doolittle.  Au pied du divan, elle remarque sur un bas-relief antique une jeune femme, GRADIVA.  Entre rêve et réalité, l’histoire de GRADIVA permet à Hilda de mieux comprendre les principes essentiels de la psychanalyse.

avec

SIGMUND FREUD :          NUMA SADOUL

HILDA DOOLITTLE :          MARTINE PUJOL

  NORBERT PAÏS :              OLIVIER BRODET

ZOE BEAUPAS :              AMELIA FOFANA

LE MENDIANT :            Pr. BEAUPAS

        HELMUT :             JACQUES BARBARIN

L’OFFICIER S.S :            NICOLAS FLESER

 

Durée : 1h 20

15/06/2006

On a pleuré de rire, maintenant on pleure.

« Mesdames et Messieurs, si je vous disais que je suis redevenu poussière… »

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Le One-Man-Show fait lui aussi partie de l’univers du spectacle vivant. Aussi, même si pleurer c’est banal à pleurer, et bien, pleurons la disparition du plus comique des poètes. A moins que ce ne soit le plus poète des comiques… Et voilà ! on parle de RAYMOND DEVOS et nos mots à nous s’emmêlent.

« Mesdames et Messieurs, si je vous disais qu’il est redevenu poussière… Oh vous diriez : tu as un grain !… »

13/06/2006

Derrière le Rideau

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir, derrière le rideau, LISIE PHILIP, membre fondatrice de la Compagnie ANTIPODES, que j'ai déjà évoqué ici récemment.

 

L U C          A l’âge de 15 ans, m’as-tu dit, tu laissais le cocon familial pour l’univers de la danse. Si tu ne l’avais pas fait, aurais-tu un jour croisé celui du théâtre ?

LISIE PHILIP          Si j'ai quitté Nice à l'âge de 15 ans c'est surtout que je m'y sentais à l'étroit, j'avais besoin de rencontrer des "maîtres" que je puisse admirer, j'étais fascinée par BÉJART, j'ai donc décidé de travailler avec lui (on n’a peur de rien quand on a 15 ans). Je ne sais pas si, en restant à Nice, j'aurai rencontré le théâtre, l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas propice. J'avais lu des pièces du théâtre classique essentiellement (Molière, Shakespeare...) mais je n’allais pas voir de pièces de théâtre. Paradoxalement, je faisais de la figu. dans des pièces au préfabriqué qu'on appelait Théâtre de Nice. Mon premier choc théâtral fut à Lausanne avec ISABELLE HUPERT dans Orlando de VIRGINIA WOLF mise en scène de ROBERT WILSON. Un monologue de 3 heures suspendu aux ailes du temps. Mais de toute façon, il m’est impossible de connaître ce qu’aurait été ma vie sans la Danse et les rencontres professionnelles que je me suis donné la chance de faire.

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(Crédit photo : MARC BENITA)

 

Y a-t-il dans ton parcours des choix que tu regrettes, des choses que tu ne referais plus ?

Les regrets ne servent à rien et chaque erreur nous construit un peu plus humainement et artistiquement.

Es-tu optimiste quant à l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui de la danse et du théâtre ?

Il y a des jours où je me dis que tout est possible et d’autres que ça ne peut pas être pire ! Les Alpes-Maritimes en sont encore aux balbutiements de la création en matière de spectacle vivant. Je ne parle pas des institutions (TNN, Opéra…) qui ont les moyens financiers mais aussi un public à garder, d’où une programmation quelquefois un peu frileuse. L’effervescence de la création se situe chez les compagnies indépendantes qui elles n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions. Notre département est touristique et les pouvoirs publics pensent à tort qu’il faut du spectacle grand public, sous entendu populiste ; c’est se fourvoyer dans la démagogie, on ne fait pas de l’art comme on va à la pêche aux voix électorales. Un jour, il faudra avoir le courage de ne pas prendre les spectateurs pour des crétins. Le spectacle peut et doit être divertissant mais pas forcément idiot (la télé est là pour ça). La qualité, le professionnalisme, l’exigence du propos sont ce qui peut sauver le spectacle vivant. Nous avons également besoin d’une politique culturelle forte et dénuée de clientélisme. Les responsables ou leurs assistants doivent connaître parfaitement tout le tissu culturel et doivent se déplacer pour assister aux spectacles. C’est la moindre des choses : connaître ses dossiers... Quelques-uns le font mais ils sont trop peu. Suis-je optimiste ? Je suis utopiste. Ca finira par aller mieux. Actuellement, toutes les structures indépendantes professionnelles que je connais se battent au quotidien pour survivre, pour certaines depuis 20 ans. Comment cela pourrait-il être pire ?

Plus tard, quitteras-tu (volontairement) cette région pour une autre, ou pour Paris ou l’étranger ?

Il est salutaire dans un tel climat d’aller prendre l’air, voir ce qu’il se passe ailleurs. Tu parles dans ton blog d’ouvertures, de mélanges de genres. Je ne peux pas imaginer l’art autrement, regarder, apprendre des autres, échanger, enrichir son propos de son vécu. C’est essentiel si on ne veut pas scléroser sa recherche. Je réfléchis à mettre des passerelles entre différents contacts en France et à l’étranger. Il ne suffit pas de partir pour tout recommencer ailleurs, il faut pérenniser ses choix et ses envies.

Et la caméra toute seule, sans la scène, tu y penses souvent ou rarement ?

Si ta question concerne la chorégraphe et metteur en scène, j’ai très envie de faire des vidéos-danse. Nous avons commencé à engager le processus avec SÉBASTIEN ANTOINE (vidéaste dans Ich Bin Don Quichotte), je ne suis pas assez technique pour passer derrière la caméra mais nous parlons beaucoup pour atteindre nos objectifs. Nous avons des univers qui se rencontrent bien. En tant qu’interprète, la caméra ne m’attire pas plus que ça. J’ai tourné dans plusieurs courts-métrages, j’ai même fait des pubs, mais je ne provoque pas les rencontres.

Jusqu’à quel point la danse a-t-elle influencée ton quotidien, ta façon de vivre ?

Le mouvement, la conscientisation du corps et de l’espace. Je ne peux m’empêcher de regarder les gens et en particuliers les enfants en train de bouger, d’expérimenter des dynamiques, des lignes. Tout ça sans aucunes notions académiques, c’est dommage de perdre cette spontanéité. Tout le monde sait bouger et même danser, chacun a cette poésie du corps, il suffit de l’écouter, de la cultiver. Quelquefois on me demande à quoi sert la danse, c’est simplement inné. C’est une des toutes premières choses qu’un petit enfant fait. La danse est inscrite en nous. C’est un moyen d’expression dans une société où les mots ont perdu leurs sens. Elle peut tendre au sacré au sens premier mais toujours reliée intimement à soi au delà de la représentation.

Vieux débat entre nous : l’art influence-t-il la société, et si oui de quelle façon ?

C’est un bon sujet pour le bac philo ! J’espère que l’art influence la société via les individualités. Ce qui me pose souci c’est son accessibilité : il est très facile de voir ou d’entendre du médiocre ou du moyen et j’ai peur que le grand public ne sache plus faire la différence. Dans une manifestation comme 06 en scène (au demeurant une excellente initiative) ou les Estivales, la programmation est sensée montrer le meilleur des Alpes-Maritimes ; il y avait des choses excellentes (comme l’installation Ondulations) et des choses disons médiocres, pour être sympa, je parle de critères objectifs comme la mise en scène, l‘interprétation, la scénographie... J’espère qu’un spectateur peut se retrouver dans cette multitude de bric et de broc. Quelle est la mission du spectacle vivant : c’est à chaque metteur en scène et à chaque chorégraphe d’y répondre. Pour ma part, j’essaye de donner un peu de poésie, de générosité et pourquoi pas des pistes de réflexion, si un seul spectateur prend plaisir à tout ça c’est déjà gagné.

Ce qui suit n’est pas véritablement une question, je souhaiterais juste que tu nous livres tes réflexions sur une situation particulière que tu vis toi-même, celle d’être à la fois comédienne et d’assumer son rôle (bien réel celui-là) de mère de famille.

Faire un enfant en 2006, (avec un taux de chômage élevé, une politique qui ne dirige plus rien, une écologie menée à mal par chacun) c’est satisfaire un désir de continuation de soi, faire un enfant en 2006 en étant artiste d’une petite compagnie indépendante c’est un engagement, voire un sacerdoce ou une folie selon les points de vues !!! Mon compagnon et moi avons désiré et décidé d’avoir cet enfant ensemble. C’était un peu comme décrocher la Lune ! Notre petite fille est née le 9 janvier 2005 avec un mois d’avance. J’ai travaillé jusqu’au dernier moment, mis en scène Le ciel par-dessus les murs de la Cie ALCANTARA, j’ai participé en tant qu’interprète à une performance danse multimédia avec JEAN-MARC MATOS, j’ai continué à m’occuper de la gestion d’Antipodes. J’avais juste oublié de prendre soin de moi et de mon bébé. La naissance venue, le ciel m’est tombé sur la tête (sans parler de ma belle-mère !), il n’était pas possible de suspendre les activités de la Compagnie car pour nous, projet suspendu = projet non reconduit. Le droit du travail ne s’applique pas aux intermittents ou autre free lance - un article stipule que la naissance d’un enfant ne peut remettre en cause l’emploi d’une femme ; dans une petite compagnie on peut perdre des contrats donc nos emplois. Mon compagnon RAPHAËL a pris en charge tous les projets en cours, l’administration... donc il n’y a pas eu trop de dégâts. 2005 est l’année de notre sélection pour la Quinzaine des Cies PACA au TNN avec Ma NiaK. Se sont donc posés des problèmes de garde, nous avons donc emmené notre petite LUNA de 5 mois en répétition, ce n’est pas l’idéal mais on ne pouvait pas faire mieux. Bien qu’elle fut très sage, je ne conseille pas cette expérience. Actuellement, LUNA va à la halte-garderie tous les après-midi, et nous avons la chance d’avoir une mamie et des amis qui nous la gardent pour les périodes de travail intense. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel à une assistante maternelle tant que notre fille n’est pas dans le verbal. A un point de vue plus général, ayant beaucoup moins de temps libre je ne m’éparpille plus dans des projets galères. Je suis beaucoup sélective et je n’ai plus peur de m’affirmer. LUNA m’apporte un équilibre et une joie inégalable, elle me permet d’aller plus loin dans mon engagement artistique, c’est un peu bateau à dire mais sa liberté m’inspire. Et cela ne m’empêche pas d’être interprète pour d’autres créations que celle d’Antipodes (Printemps des Arts de Monaco …)

  
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MORÉNA DI VICO et RAPHAËL THIERS, lors du spectacle : Ich Bin Don Quichotte

Cliquez sur l'image pour aller sur le site de la Cie ANTIPODES

(Crédit photo : AURORE LÉONARD)