03/11/2006
Par delà les frontières !
Un commentaire signé ELO (Élodie) a été envoyé sur ma dernière note (" Vieux débat "). Cette jeune femme est danseuse, aussi, je lui ai répondu et posé d'autre questions. Elle m'a de nouveau répondu, et j'ai souhaité en faire une note à part entière.
Mon dernier commentaire : " Elo, ce que tu dis (vous m’avez tutoyé, je me permets d’en faire autant…) ce que tu dis est flatteur pour ce blog. C’est également intéressant : tu laisses entendre que tu participe à des spectacles dansés qui incluent du texte. Fais-tu partie d’une compagnie ? Sur quel(s) spectacle(s) travailles-tu en ce moment ? Quels sont les lieux où tu as déjà pu te produire ? Quels sont tes objectifs, tes rêves ? (c’est plus fort que moi, lorsque je croise un artiste du Spectacle Vivant, je l’assaille de questions…) "
Réponse d'Élodie : " Pour le moment je suis danseuse dans une compagnie à New York. Nous n'utilisons pas de texte dans ce travail là.
Mais j'ai déjà travaillé dans des spectacles de danse qui utilisent le texte. Jamais pourtant avec un texte écrit comme une pièce de théâtre par exemple. En y réfléchissant, j'ai déjà dansé en récitant des extraits de poèmes ou des paroles de chansons. Le plus souvent, je pense que quand j'ai utilisé du texte c'est souvent en fait l'utilisation de la voix. Le texte n'est pas toujours utilisé pour sa signification mais parfois pour son rythme, des sonorités, ou tout simplement une activité physique.
Ceci étant dit, j'ai moi même chorégraphié un duo où j'utilisais la voix. Tout d'abord des sons, puis des mots qui se rapportaient à l'activité physique de la danseuse puis des extraits de dialogues de " En attendant Godot " et de " la cantatrice chauve " qui se répondent. Le tout est très absurde. Il y a une vidéo sur mon site (http://smallroom.free.fr/ le titre de la pièce est "the fly, the sponge and the idiots", le tout est en anglais)
Je pourais en fait écrire un très long article sur le texte dans la danse d'après mon éxpérience. Je vous (tu) ferais savoir si ça doit arriver ... "
Allez voir ce site d'Élodie, je l'ai trouvé beau et bien " rempli " !
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20/10/2006
La Cantatrice au lycée
Comme je l’ai souligné avant-hier dans la première partie de cet article, plusieurs lycées étaient largement représentés ce soir là, notamment le lycée Henri MATISSE de Vence, et le Lycée du Parc Impérial à Nice. Apparemment, les enseignants ne s’étaient pas concertés. Dans le cadre de leur étude du français, les professeurs avaient proposé à leurs élèves d’aller voir « la Cantatrice Chauve », après avoir étudié le texte en classe.
La représentation terminée, quelques élèves de la classe de Première du lycée Henri Matisse ont accepté de répondre à trois questions :
L U C : Est-ce que vous aviez déjà assisté à une représentation théâtrale avant celle-ci ou bien est-ce que, grâce à l’initiative de votre professeur, vous voyez ce genre de spectacle pour la première fois ? Qui répond en premier ? Allons, honneur aux filles :
Ma mère est prof de théâtre, donc j’ai pas trop le choix (rire) !...
Professeur ? Ou cela ?
A La-Colle-sur-Loup.
Elle a une compagnie ?
Oui, la compagnie « la Clef des Arts ». Je vais souvent à ses répétitions, et même aux spectacles de fin d’année qu’elle fait. Quand elle travaille dans les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques...
Vous n’avez pas eu besoin du secours du lycée pour vous diriger vers le spectacle vivant.
Voilà.
Et vous ?
Moi en fait, ce sont mes grands-parents qui m’emmènent souvent à La-Colle, et j’ai vu déjà plein de représentations, telles que « la Leçon », de IONESCO, qui est pas mal. J’ai vu beaucoup de choses quand même. C’est très intéressant le théâtre...
Et ce jeune homme ?
En fait c’est ma mère qui m’emmène souvent au théâtre, mais en général ça m’intéresse pas, mais là c’était quand même plus intéressant là.
Là aussi, ce n’est pas le lycée qui vous pousse pour la première fois à aller voir un spectacle.
Non, non.
Et vous ?
Et bien moi, c’est vraiment la première fois que j’allais au théâtre, parce que je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni le temps, ni les moyens… Vraiment, pour ma première fois, ça m’a pas dérangé d’aller avec le lycée, au contraire, au moins ça m’a poussé vraiment à y aller. Et puis ça m’a vraiment plu. Je pense que je renouvellerai l’expérience mais personnellement quoi, parce que ça m’a vraiment plu.
Pourriez me donner un mot, un seul, qui définisse le spectacle que vous venez de voir ?
« Divertissant »
« Étonnant »
« J’sais pas » (rire)
« Original »
« Spécial »
(silence)
« Absurde »
Que vous apportera ce genre de soirée ?
On aura une vision plus pointue, pour avoir plus de critique ; et pouvoir plus regarder les idées derrières.
On sera beaucoup plus expérimentées après pour le théâtre, on saura exactement lorsque ce sera bien ou mauvais par rapport au jeu des acteurs ; et puis aussi on pourra donner de très bonnes critiques par rapport à ce genre de théâtre.
Ce sera toujours une référence en plus, ça permet d’en savoir plus sur le théâtre, et puis ça me donnera peut-être envie d’aller plus tard voir une autre pièce.
Oui, je trouve que c’est assez enrichissant, pour le Bac déjà ça sert beaucoup, et juste pour après, plus tard, c’est intéressant, c’est vrai qu’après on pourra plus juger. Pour la culture je trouve ça intéressant.
Vous qui venez pour la première fois voir un spectacle, ça vous donne envie de continuer ?
Oui, de voir d’autres pièces, grâce à ça... c’est vrai que ça donne envie.
Nous avons dû stopper ici l’entretien, car nous sommes allés assister aux "prolongations", baptisées « (et autour) ». Deux spectacles en réalité : l’un avant, l’autre après. Je n’ai pu assister au premier, mais je tenais à rester pour le second. Sophie DUEZ avait organisé pour nous cette soirée regroupant plusieurs textes de Pierre DAC, René de OBALDIA, Raymond DEVOS, Henri MICHAUX... tous centrés autour de l’univers de l’absurde. Un ring avait été installé pour l’occasion dans la corbeille, au milieu des fauteuils, et servait de scène au comédiens qui venaient s’amuser à dire ces textes. Un moment bon enfant pour terminer la soirée.
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30/06/2006
Elle n'arrête pas !
Toujours pas de questionnaire de PROUST ici, même si c’est encore la mode dans la blogosphère. On continue de s’intéresser à une personne en particulier.
Aujourd’hui nous accueillons, derrière le rideau, Martine PUJOL.
Etudiante en khâgne de philosophie au Lycée Masséna de Nice, elle s'initie au théâtre traditionnel puis expérimental - avec le Living Theater. Elle travaille ensuite dans l’univers de la radio, de la vidéo puis du cinéma. Sa rencontre avec RICHARD CAIRASCHI la ramène en 97 sur la scène du théâtre professionnel.
Malgré son emploi du temps plus que surchargé, elle a pris le temps de répondre à quelques questions. (Et, pour en savoir plus, cliquez sur debi-debo.com)
L U C Comment peut-on, à 13 ans, prendre des cours de théâtre « en cachette », comme tu le racontes dans une interview accordée aux Nouvelles Liaisons Covalentes ?
Martine PUJOL On dit à Maman qu'on va faire ses devoirs chez une amie le mercredi et le samedi.
« Scènes de théâtre » ou bien « plateaux de cinéma », entre les deux, ton cœur balance-t-il ?
Les deux.
Vas-tu désormais te consacrer uniquement à ton métier de comédienne ou bien te réserves-tu d’autres activités ? (tu fus autrefois chargée de production)
Comédienne, auteur (voir la note complémentaire en fin d'article)
Après toute cette série de spectacles à la sauce Niçoise, te sens-tu essoufflée ou au contraire prête à enchaîner le prochain ?
Ce qui m'aurait essoufflée aurait été de jouer toujours la même pièce. Pas de problème donc pour enchaîner.
Lorsque tu joues dans un spectacle comme Festin, as-tu l’impression d’avoir désormais « ton » public ? Si oui, est-ce une bonne chose ? (Au fait, y aura-t-il un DVD de ce spectacle ?)
Je ne considère jamais rien comme acquis. Je joue pour ceux qui sont là, chaque soir avec moi. J'espère leur apporter quelque chose et qu'ils auront envie de revenir. Oui, le DVD sort en juillet. A commander à : contact@debi-debo.com
De ta rencontre avec JULIAN BECK et JUDITH MALINA, que te reste-t-il ? (En réalité, la vraie question étant : « ta rencontre avec le Living Theater t’a-t-elle laissée une coloration "libertaire" ou bien est-ce parce que tu l’étais déjà un peu que tu as croisé leur route ? »)
Tu regardes une étoile : que te reste-t-il.....
Parmi tous ces cris qui viennent de la rue (et des champs) quelle cause défendrais-tu aujourd’hui ?
L'Afrique. On n'a pas le droit de laisser un continent se scratcher comme c'est le cas aujourd'hui.
Es-tu optimiste quant a l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui du spectacle vivant ?
Oui
As-tu de bonnes nouvelles te concernant ?
Oui, une création à la rentrée. Informations sur le site en construction... à suivre, donc.
Veux-tu rajouter quelque chose ? Ou bien recommander un spectacle ?
Le cabaret enfantin de JACQUES LAURENT larueluberlu@laposte.net
Note communiquée par M. P. :
UNE PAGE À PART
de Martine PUJOL
adaptation libre de : « GRADIVA, fantaisie pompéienne » de Wilhelm JENSEN ; « le délire et les rêves dans la GRADIVA de W. JENSEN » de Sigmund FREUD ; librement inspiré de la vie et l’œuvre d’Hilda DOOLITTLE
mise en scène : Richard CAIRASCHI
Pour les 150 ans de la naissance de S. FREUD, Martine PUJOL signe une pièce originale, poétique, drôle et riche de sens. La scénographie de Richard CAIRASCHI la marque de fantaisie et d’imagination, sa mise en scène révèle une interprétation de qualité.
Vienne, printemps 1933. Freud accepte une de ses dernières patientes et élève : l’artiste américaine, Hilda Doolittle. Au pied du divan, elle remarque sur un bas-relief antique une jeune femme, GRADIVA. Entre rêve et réalité, l’histoire de GRADIVA permet à Hilda de mieux comprendre les principes essentiels de la psychanalyse.
avec
SIGMUND FREUD : NUMA SADOUL
HILDA DOOLITTLE : MARTINE PUJOL
NORBERT PAÏS : OLIVIER BRODET
ZOE BEAUPAS : AMELIA FOFANA
LE MENDIANT : Pr. BEAUPAS
HELMUT : JACQUES BARBARIN
L’OFFICIER S.S : NICOLAS FLESER
Durée : 1h 20
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13/06/2006
Derrière le Rideau
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir, derrière le rideau, LISIE PHILIP, membre fondatrice de la Compagnie ANTIPODES, que j'ai déjà évoqué ici récemment.
L U C A l’âge de 15 ans, m’as-tu dit, tu laissais le cocon familial pour l’univers de la danse. Si tu ne l’avais pas fait, aurais-tu un jour croisé celui du théâtre ?
LISIE PHILIP Si j'ai quitté Nice à l'âge de 15 ans c'est surtout que je m'y sentais à l'étroit, j'avais besoin de rencontrer des "maîtres" que je puisse admirer, j'étais fascinée par BÉJART, j'ai donc décidé de travailler avec lui (on n’a peur de rien quand on a 15 ans). Je ne sais pas si, en restant à Nice, j'aurai rencontré le théâtre, l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas propice. J'avais lu des pièces du théâtre classique essentiellement (Molière, Shakespeare...) mais je n’allais pas voir de pièces de théâtre. Paradoxalement, je faisais de la figu. dans des pièces au préfabriqué qu'on appelait Théâtre de Nice. Mon premier choc théâtral fut à Lausanne avec ISABELLE HUPERT dans Orlando de VIRGINIA WOLF mise en scène de ROBERT WILSON. Un monologue de 3 heures suspendu aux ailes du temps. Mais de toute façon, il m’est impossible de connaître ce qu’aurait été ma vie sans la Danse et les rencontres professionnelles que je me suis donné la chance de faire.
(Crédit photo : MARC BENITA)
Y a-t-il dans ton parcours des choix que tu regrettes, des choses que tu ne referais plus ?
Les regrets ne servent à rien et chaque erreur nous construit un peu plus humainement et artistiquement.
Es-tu optimiste quant à l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui de la danse et du théâtre ?
Il y a des jours où je me dis que tout est possible et d’autres que ça ne peut pas être pire ! Les Alpes-Maritimes en sont encore aux balbutiements de la création en matière de spectacle vivant. Je ne parle pas des institutions (TNN, Opéra…) qui ont les moyens financiers mais aussi un public à garder, d’où une programmation quelquefois un peu frileuse. L’effervescence de la création se situe chez les compagnies indépendantes qui elles n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions. Notre département est touristique et les pouvoirs publics pensent à tort qu’il faut du spectacle grand public, sous entendu populiste ; c’est se fourvoyer dans la démagogie, on ne fait pas de l’art comme on va à la pêche aux voix électorales. Un jour, il faudra avoir le courage de ne pas prendre les spectateurs pour des crétins. Le spectacle peut et doit être divertissant mais pas forcément idiot (la télé est là pour ça). La qualité, le professionnalisme, l’exigence du propos sont ce qui peut sauver le spectacle vivant. Nous avons également besoin d’une politique culturelle forte et dénuée de clientélisme. Les responsables ou leurs assistants doivent connaître parfaitement tout le tissu culturel et doivent se déplacer pour assister aux spectacles. C’est la moindre des choses : connaître ses dossiers... Quelques-uns le font mais ils sont trop peu. Suis-je optimiste ? Je suis utopiste. Ca finira par aller mieux. Actuellement, toutes les structures indépendantes professionnelles que je connais se battent au quotidien pour survivre, pour certaines depuis 20 ans. Comment cela pourrait-il être pire ?
Plus tard, quitteras-tu (volontairement) cette région pour une autre, ou pour Paris ou l’étranger ?
Il est salutaire dans un tel climat d’aller prendre l’air, voir ce qu’il se passe ailleurs. Tu parles dans ton blog d’ouvertures, de mélanges de genres. Je ne peux pas imaginer l’art autrement, regarder, apprendre des autres, échanger, enrichir son propos de son vécu. C’est essentiel si on ne veut pas scléroser sa recherche. Je réfléchis à mettre des passerelles entre différents contacts en France et à l’étranger. Il ne suffit pas de partir pour tout recommencer ailleurs, il faut pérenniser ses choix et ses envies.
Et la caméra toute seule, sans la scène, tu y penses souvent ou rarement ?
Si ta question concerne la chorégraphe et metteur en scène, j’ai très envie de faire des vidéos-danse. Nous avons commencé à engager le processus avec SÉBASTIEN ANTOINE (vidéaste dans Ich Bin Don Quichotte), je ne suis pas assez technique pour passer derrière la caméra mais nous parlons beaucoup pour atteindre nos objectifs. Nous avons des univers qui se rencontrent bien. En tant qu’interprète, la caméra ne m’attire pas plus que ça. J’ai tourné dans plusieurs courts-métrages, j’ai même fait des pubs, mais je ne provoque pas les rencontres.
Jusqu’à quel point la danse a-t-elle influencée ton quotidien, ta façon de vivre ?
Le mouvement, la conscientisation du corps et de l’espace. Je ne peux m’empêcher de regarder les gens et en particuliers les enfants en train de bouger, d’expérimenter des dynamiques, des lignes. Tout ça sans aucunes notions académiques, c’est dommage de perdre cette spontanéité. Tout le monde sait bouger et même danser, chacun a cette poésie du corps, il suffit de l’écouter, de la cultiver. Quelquefois on me demande à quoi sert la danse, c’est simplement inné. C’est une des toutes premières choses qu’un petit enfant fait. La danse est inscrite en nous. C’est un moyen d’expression dans une société où les mots ont perdu leurs sens. Elle peut tendre au sacré au sens premier mais toujours reliée intimement à soi au delà de la représentation.
Vieux débat entre nous : l’art influence-t-il la société, et si oui de quelle façon ?
C’est un bon sujet pour le bac philo ! J’espère que l’art influence la société via les individualités. Ce qui me pose souci c’est son accessibilité : il est très facile de voir ou d’entendre du médiocre ou du moyen et j’ai peur que le grand public ne sache plus faire la différence. Dans une manifestation comme 06 en scène (au demeurant une excellente initiative) ou les Estivales, la programmation est sensée montrer le meilleur des Alpes-Maritimes ; il y avait des choses excellentes (comme l’installation Ondulations) et des choses disons médiocres, pour être sympa, je parle de critères objectifs comme la mise en scène, l‘interprétation, la scénographie... J’espère qu’un spectateur peut se retrouver dans cette multitude de bric et de broc. Quelle est la mission du spectacle vivant : c’est à chaque metteur en scène et à chaque chorégraphe d’y répondre. Pour ma part, j’essaye de donner un peu de poésie, de générosité et pourquoi pas des pistes de réflexion, si un seul spectateur prend plaisir à tout ça c’est déjà gagné.
Ce qui suit n’est pas véritablement une question, je souhaiterais juste que tu nous livres tes réflexions sur une situation particulière que tu vis toi-même, celle d’être à la fois comédienne et d’assumer son rôle (bien réel celui-là) de mère de famille.
Faire un enfant en 2006, (avec un taux de chômage élevé, une politique qui ne dirige plus rien, une écologie menée à mal par chacun) c’est satisfaire un désir de continuation de soi, faire un enfant en 2006 en étant artiste d’une petite compagnie indépendante c’est un engagement, voire un sacerdoce ou une folie selon les points de vues !!! Mon compagnon et moi avons désiré et décidé d’avoir cet enfant ensemble. C’était un peu comme décrocher la Lune ! Notre petite fille est née le 9 janvier 2005 avec un mois d’avance. J’ai travaillé jusqu’au dernier moment, mis en scène Le ciel par-dessus les murs de la Cie ALCANTARA, j’ai participé en tant qu’interprète à une performance danse multimédia avec JEAN-MARC MATOS, j’ai continué à m’occuper de la gestion d’Antipodes. J’avais juste oublié de prendre soin de moi et de mon bébé. La naissance venue, le ciel m’est tombé sur la tête (sans parler de ma belle-mère !), il n’était pas possible de suspendre les activités de la Compagnie car pour nous, projet suspendu = projet non reconduit. Le droit du travail ne s’applique pas aux intermittents ou autre free lance - un article stipule que la naissance d’un enfant ne peut remettre en cause l’emploi d’une femme ; dans une petite compagnie on peut perdre des contrats donc nos emplois. Mon compagnon RAPHAËL a pris en charge tous les projets en cours, l’administration... donc il n’y a pas eu trop de dégâts. 2005 est l’année de notre sélection pour la Quinzaine des Cies PACA au TNN avec Ma NiaK. Se sont donc posés des problèmes de garde, nous avons donc emmené notre petite LUNA de 5 mois en répétition, ce n’est pas l’idéal mais on ne pouvait pas faire mieux. Bien qu’elle fut très sage, je ne conseille pas cette expérience. Actuellement, LUNA va à la halte-garderie tous les après-midi, et nous avons la chance d’avoir une mamie et des amis qui nous la gardent pour les périodes de travail intense. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel à une assistante maternelle tant que notre fille n’est pas dans le verbal. A un point de vue plus général, ayant beaucoup moins de temps libre je ne m’éparpille plus dans des projets galères. Je suis beaucoup sélective et je n’ai plus peur de m’affirmer. LUNA m’apporte un équilibre et une joie inégalable, elle me permet d’aller plus loin dans mon engagement artistique, c’est un peu bateau à dire mais sa liberté m’inspire. Et cela ne m’empêche pas d’être interprète pour d’autres créations que celle d’Antipodes (Printemps des Arts de Monaco …)
MORÉNA DI VICO et RAPHAËL THIERS, lors du spectacle : Ich Bin Don Quichotte
Cliquez sur l'image pour aller sur le site de la Cie ANTIPODES
(Crédit photo : AURORE LÉONARD)
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08/06/2006
Chose promise, chose due, voici l’interview accordée par Jean FRANVAL.
La disponibilité est une qualité chez un comédien. Aussi, je veux remercier encore une fois M. Jean FRANVAL d’avoir accepté de répondre à mes questions, 30 minutes avant le début de la représentation.
L U C M. Franval bonjour ; j’ai visité votre site Internet et j’ai vu que la plupart des mises en scènes sont signées RENÉ NARVAL : est-ce que cela se passe toujours comme ça, est-ce que c’est toujours lui qui fait les mises en scènes, et, d’une manière plus large, comment s’organise la création d’un spectacle, est-ce que tout le monde participe, comment est-ce régi ?
Jean Franval Non, c’est RENÉ NARVAL, qui travaille avec moi depuis 17 ans. Je lui ai confié les mises en scènes, cela fait que c’est toujours le même metteur en scène, il a affaire aux mêmes comédiens qui sont avec moi depuis 17 ans. Donc disons qu’on fait - je n’aime pas ce mot là, mais puisque c’est devenu à la mode dans le show business – une « grande famille », celle de la Compagnie ; ce sont tous des copains.
L U C La plupart des comédiens sont là depuis longtemps ?
Jean Franval Ah oui depuis 17 ans, depuis le début de la création, à part un ou deux qui sont rentrés il y a trois, quatre ans, auxquels je tiens. Mais sinon, c’est RENÉ NARVAL qui me fait toutes les mises en scènes. Il a la confiance de tous les autres comédiens, ce qui est très important ; et il fait pas de conneries, il a un poste et il le garde. (rire)
L U C D’accord !… J’en viens à votre répertoire : c’est surtout bien sûr MARCEL PAGNOL, ALPHONSE DAUDET…
Jean Franval C’est à dire que, comme je suis revenu dans le Midi pour prendre ma retraite, après avoir fait tout ce que j’appelle la « grande télévision » de l’époque – les Sans Famille, Maria Van Damme, Fabien de la Drôme, tous les gros gros feuilletons - après avoir eu le prix à Cannes pour un film de M. KEN LOACH - qui vient d’avoir la Palme d’Or ! C’était Black Jack ; j’ai eu le Prix de la Critique Internationale. Je suis fier pour KENNETH, moi ça me fait un plaisir immense ; d’avoir été dirigé par cet homme là qui pour moi est un des cinq plus grands metteurs en scène au monde, au monde, et d’une humanité, d’une générosité, d’une sensibilité et d’une gentillesse extraordinaire…
L U C Et donc vous êtes revenu à Tarascon.
Jean Franval Je suis revenu à Tarascon, le pays qui m’a vu naître, et là je suis allé voir mon copain JEAN-CLAUDE GAUDIN. Il me dit : « Alors qu’est-ce que tu deviens ? » Je lui dis : « Eh bien écoute Jean-Claude je viens prendre ma retraite. » Il me dit : « Non, les artistes vous ne prenez pas de retraite. CHARLES VANEL a travaillé jusqu’à 93 ans ! Je te souhaite de travailler aussi longtemps que lui. Par contre notre culture provençale fout le camp. Alors ce que j’aimerais c’est que tu prennes le créneau de nos auteurs : DAUDET, GIONO, PAGNOL… »
L U C Et est-ce qu’il y a d’autres auteurs que vous aimeriez monter, moins connus ou peut-être plus anciens ?
Jean Franval Et bien, il y a un auteur que je voudrais monter, mais c’est dur parce qu’il y a vingt personnes sur scène : c’est la Pastorale des Santons de Provence, d’YVAN AUDOUARD [ Il est né le 27 février 1914 à Saigon d'un père militaire avignonnais. Il est malheureusement décédé récemment, le 21 mars 2004. Il a passé une grande partie de son enfance en Provence et en gardera toujours une profonde tendresse (et l’accent !) Il décrira notamment cette enfance à Arles et à Nîmes dans Le sabre de mon père. Il devient professeur d'anglais, puis journaliste (notamment au Canard Enchaîné). Puis enfin il devient écrivain : publication de divers livres et rédaction de dialogues d'une vingtaine de films des années 60, interprétés entre autres par FERNANDEL, LINO VENTURA, EDDIE CONSTANTINE. (Source WIKIPÉDIA) N D R ] Mais j’aimerais le monter. Ça je pense pouvoir le monter un jour avec des amateurs. Parce que les professionnels, bon ben ça coûte cher. Le plus petit rôle chez moi, il a 1200 francs la représentation [ 180 €uros ], mais moi ça me fait 2000 avec les frais [ 300 €uros ].
L U C Vous aviez dit : « on naît acteur, on n’apprend pas à l’être. » Vous pensez toujours cela ?
Jean Franval On apprend pas à l’être, non. Écoutez, moi je sors du Music-Hall, j’ai fait un tour de chant dans mes débuts, j’avais 21 ou 22 ans. J’ai débuté avec CHARLES AZNAVOUR, on était dans un petit cabaret, à Lyon, qui s’appelait « le Grillon ». Lui gagnait 10 francs par soir avec Roche, FERNAND RAYNAUD avait 8 francs et moi j’avais 5 francs. Alors heu… (geste du rameur) Il faut ramer. Et puis un jour j’ai fait la connaissance d’un comédien merveilleux, un niçois d’ailleurs, qui s’appelait JEAN-MARIE AMATO, qui avait crée Signé Furax. Et je me suis retrouvé au Théâtre des Trois Baudets, une petite revue, où je faisais des sketchs en première partie avec FERNAND RAYNAUD - parce que je suis resté son partenaire pendant cinq ans. Et puis je faisais des sketchs en deuxième partie dans une revue qui s’appelait Ciné Massacre et où j’avais vraiment le tout petit rôle, le temps que j’éternue, et j’étais déjà passé. Et puis AMATO me dit : « je devine en toi une nature de comédien », parce qu’il m’avait entendu chanter. Il m’a dit : « tu chantes très bien c’est formidable, mais MESTRAL [ Auprès de ma Blonde, le Roi Renaud, Plaine ma Plaine N D R] est en exclusivité chez Philips, et Philips c’est CANETTI, le patron des Trois Baudets, et il t’enregistrera jamais parce qu’il ne prendra jamais deux chanteurs semblables. » Mais il me dit : « je devine en toi une nature de comédien, il faut que tu joues la comédie » et il m’a présenté à MICHEL VUITONE, qui mettait en scène Douze Hommes en Colère, ça a été ma première pièce de théâtre ; avec BERNARD BLIER, JEAN CARMET…
L U C Un bon début quoi !
Jean Franval Oui, et alors en regardant jouer ces gens là, plus les autres, j’ai tout appris ; j’ai jamais plus chanté, et la comédie est devenue une passion.
L U C C’est venu directement.
Jean Franval C’est venu directement.
L U C Vous jouez le plus souvent en plein air…
Jean Franval L’été oui. L’été parce nous sommes une compagnie régionale subventionnée en partie par le Conseil Régional PACA, et la deuxième grosse partie par CHRISTIAN ESTROSI et ALAIN FRÈRE. Tous deux, un : Président du Conseil Général des A.M. ; et ALAIN FRÈRE son Vice-président détaché à la culture [ Rayonnement des arts et de la culture, relations internationales, relations avec les cultes (source Conseil Général) N D R ]. Et tous les ans ils m’achètent vingt spectacles.
L U C Donc, le fait de jouer en plein air apporte tout de même de très grosses différences par rapport à l’intérieur.
Jean Franval Et bien vous voyez par exemple ce soir c’est tellement grand qu’on va jouer avec des micros H.F.
L U C Ainsi, vous montez un spectacle pour une salle et après, vous devez modifier des choses.
Jean Franval Exactement. Tous les soirs c’est jamais pareil. Un jour c’est très grand, un jour c’est p’tit. C’est pour cela que mes comédiens et moi nous arrivons à 5 heures, une fois que le décor est monté, et nous faisons des raccords dans le décor, selon la grandeur de la scène.
L U C Vous réadaptez à chaque fois alors !
Jean Franval Ah, tous les soirs, tous les soirs !
L U C C’est une sorte de gymnastique... Pour vous, quel est le principal avantage de jouer en plein air ? Ou le principal défaut ?
Jean Franval Le principal défaut c’est quand il y a du vent. Parce que les assurances ne couvrent pas au-delà de 60 Kms à l’heure. Eh oui, parce que les décors peuvent tomber, les mâts de projecteur peuvent tomber. Ici tout va bien, parce que c’est installé « à l’année » pratiquement. Mais quand on joue dans des extérieurs où il faut amener tout le matériel – tout le matériel est à moi, le camion, le son, la lumière...
L U C Mais sinon, à jouer en plein air, est-ce qu’il y a une satisfaction particulière que vous ne retrouvez pas en salle ?
Jean Franval Une ambiance. Une ambiance. Quand en plein air il y a un silence mortel aux grandes scènes, vous dites « on a gagné » quoi. Et puis quand à la fin du spectacle les gens sont debout – enfin ne le dites pas, parce qu’on croirait que je me vante alors que c’est pas vrai du tout ! Quand vous entendez les gens : « merci monsieur, vous nous avez fait oublier RAIMU, vous nous avez fait oublier le film...
L U C La récompense arrive à la fin du spectacle...
Jean Franval Elle est là. Mais comme disait LOUIS JOUVET : « Au théâtre on joue, au cinéma on a joué. » c'est-à-dire qu’au théâtre on ne peut pas refaire, au cinéma on peut refaire. Là on est obligé d’y aller tous les soirs, tous les soirs. C’est un « certificat d’étude » qu’on passe tous les soirs devant un public différent. Alors il y a des soirs où on est bien et puis d’autres soirs, inconsciemment on est moins bien, pourquoi on ne sait pas !
L U C Eh bien, on va vous laisser vous préparer. Merci de nous avoir accordé un peu de temps !
Jean Franval Non, c’est moi, c’est moi !
Pour en savoir plus sur Jean FRANVAL et la compagnie qu'il anime, cliquez ici !
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10/05/2006
INITIATIVE DANS LES COLLEGES ET LYCEES :
Les professeurs qui le souhaitent peuvent faire travailler leurs élèves à un projet théâtral incluant une représentation. J’ai recueilli le témoignage d’une professeur qui a vécu cette expérience.
Comment es-tu arrivée dans ce projet et dans quel contexte ?
Une collègue d’un autre lycée étudiait le Barbier de Séville en classe de seconde – classe difficile, élèves en difficulté… Ils ne comprenaient pas le potentiel comique du Barbier. Elle s'est dit que le seul moyen était de les faire jouer. Ils ont eu quinze jours pour préparer une courte scène en apprenant le texte.
As-tu hésité avant d'accepter ce chalenge ?
Non pas une minute, car c'est une amie et je voulais faire du théâtre avec ses élèves comme je l'ai fait avec les miens. En effet, avant, mes élèves avaient joué les Fables de la Fontaine (livre VII).
Tu m'as dit que les professeurs de lettre savent que de tels travaux sont possibles. Peux-tu en préciser le cadre général ?
Les instructions officielles invitent les profs de lettre à faire jouer les élèves des lycées mais aussi des collèges. C'est assez vague car les enseignants ne sont pas censés avoir une formation théâtrale.
Quels moyens sont mis à ta disposition ? (salles, personnel, documents...)
Par exemple au collège on peut préparer une pièce avec les élèves si on en a les moyens. Tout dépend de ce que tu comptes faire. Pour ce mini projet, aucun moyen particulier : les élèves étaient invités à apporter des accessoires, on disposait de la salle de cours habituelle. Mais bien sûr le CDI [ le Centre de Documentation et d’Information, la bibliothèque – NDR] a des pièces de théâtre filmées.
Mais dois-tu rendre des comptes à une hiérarchie, ou bien le projet est-il mené de bout en bout par toi seule ?
Normalement, pour ce petit projet, il faut demander l'autorisation au proviseur de faire intervenir une personne extérieure à l'établissement. Sinon tu t'occupes de tout.
Peux-tu nous dire si les élèves ont changé d'opinion sur ce travail qu’on leur a demandé ? Lui ont-ils fait bon accueil au départ ?
Oui tout à fait. Au départ oui, mais ils étaient très timides et n'osaient pas jouer. Aucune mise en scène n'avait vraiment été préparée par eux. Ils se regardaient jouer, ils se sentaient ridicules. Pour décoincer les choses nous avons joué un extrait : avec mon amie nous avions trouvé une mise en scène, prévu des accessoires ; j’ai joué le rôle de Figaro. C’est après cela que les élèves ont vraiment voulu se mettre en danger puisque les profs avaient montré l'exemple.
Mais tout le monde a malgré tout voulu suivre ? C'était un groupe de travail composé d'élèves volontaires ?
Non, il a fallu les stimuler par un travail noté. En échange ils pouvaient nous noter aussi. Mais vu leur timidité nous avons laissé tomber la notation.
Quelle a été la qualité essentielle à tes yeux pour mener ce projet ?
Il faut savoir les valoriser, leur donner confiance, car ils se sous-estiment beaucoup. Il faut savoir trouver les mots… et faire le clown !
Une fois le travail terminé, quel a été l'attitude des élèves ?
Ils sont très pudiques. Ils ont fait ce qu'on leur disait de faire pour la mise en scène. Mais après ils ont dit à leur prof qu'ils étaient très contents, que j'étais gentille et qu'on leur avait donné de bons conseils. Du coup, après ils voulaient tout le temps faire du théâtre.
As-tu eu d'autres retours dans les semaines qui ont suivi ? (parents, profs, académie...)
Oui. J'ai parlé de cela à l'IUFM, auprès de mes collègues également. Ils ont trouvé cela très bien mais certains m'ont dit qu'ils n'oseraient pas se lancer.
Penses-tu qu'avec tes élèves tu vas pouvoir renouveler cette expérience ?
Je n'ai guère le temps car il y a le programme à terminer. Si certains sont volontaires je les garderai en plus un vendredi soir pour travailler à des scènes de Don Juan.
Penses-tu que beaucoup d'autres professeurs de lettres ont les capacités qu'il faut pour faire un tel travail ?
Honnêtement je pense qu'il faut un minimum de formation au théâtre. Juste un stage de deux jours et ça suffirait.
Penses-tu qu'il serait réaliste de créer un poste pour un intervenant dans une académie ?
Il y a des postes en lycée pour les enseignants qui ont une certification théâtre. Ils s'occupent de l'option théâtre en terminale et sont aussi prof dans une autre matière.
Y a-t-il un moment dont tu te rappelles particulièrement ?
Non. Cela a été intense pendant trois heures et j'étais très fatiguée. Ah si ! Quand je leur ai appris la fausse gifle de théâtre, ils étaient très heureux de savoir faire cela et l'ont intégré à leur mise en scène.
Y a-t-il eu des soirées, des mini-festivals, présentant les spectacles de plusieurs classes, voire d’établissements différents ?
Pas de festivals particuliers. Si, à mon lycée, une soirée de représentations en italien et aussi des chansons, présentées par plusieurs classes.
Il faut voir si le Festival de Théâtre National Lycéen existe toujours, il se déroulait à mon époque à Thonon-les-Bains et j'avais joué devant Valère Novarina. [ Romancier et écrivain de théâtre, puis également dessinateur et peintre, né en 1947. Il monta de nombreuses pièces dans de grands théâtres et lors de festivals comme celui d’Avignon.
Il existe encore un tel festival, mais sur Paris (pour plus d’informations, CLIQUER ICI). Mais pour Thonon-les-Bains, je n’ai rien récolté qui signale une telle activité – NDR ]
Nous te remercions pour ce témoignage.
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