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30/06/2006

Elle n'arrête pas !

Toujours pas de questionnaire de PROUST ici, même si c’est encore la mode dans la blogosphère. On continue de s’intéresser à une personne en particulier.

Aujourd’hui nous accueillons, derrière le rideau, Martine PUJOL.

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Etudiante en khâgne de philosophie au Lycée Masséna de Nice, elle s'initie au théâtre traditionnel puis expérimental - avec le Living Theater. Elle travaille ensuite dans l’univers de la radio, de la vidéo puis du cinéma. Sa rencontre avec RICHARD CAIRASCHI la ramène en 97 sur la scène du théâtre professionnel.

Malgré son emploi du temps plus que surchargé, elle a pris le temps de répondre à quelques questions. (Et, pour en savoir plus, cliquez sur debi-debo.com)

L U C     Comment peut-on, à 13 ans, prendre des cours de théâtre « en cachette », comme tu le racontes dans une interview accordée aux Nouvelles Liaisons Covalentes ?

Martine PUJOL     On dit à Maman qu'on va faire ses devoirs chez une amie le mercredi et le samedi.

« Scènes de théâtre » ou bien « plateaux de cinéma », entre les deux, ton cœur balance-t-il ?

Les deux.

Vas-tu désormais te consacrer uniquement à ton métier de comédienne ou bien te réserves-tu d’autres activités ? (tu fus autrefois chargée de production)

Comédienne, auteur (voir la note complémentaire en fin d'article)

Après toute cette série de spectacles à la sauce Niçoise, te sens-tu essoufflée ou au contraire prête à enchaîner le prochain ?

Ce qui m'aurait essoufflée aurait été de jouer toujours la même pièce. Pas de problème donc pour enchaîner.

Lorsque tu joues dans un spectacle comme Festin, as-tu l’impression d’avoir désormais « ton » public ? Si oui, est-ce une bonne chose ? (Au fait, y aura-t-il un DVD de ce spectacle ?)

Je ne considère jamais rien comme acquis. Je joue pour ceux qui sont là, chaque soir avec moi. J'espère leur apporter quelque chose et qu'ils auront envie de revenir. Oui, le DVD sort en juillet. A commander à : contact@debi-debo.com

De ta rencontre avec JULIAN BECK et JUDITH MALINA, que te reste-t-il ? (En réalité, la vraie question étant : « ta rencontre avec le Living Theater t’a-t-elle laissée une coloration "libertaire" ou bien est-ce parce que tu l’étais déjà un peu que tu as croisé leur route ? »)

Tu regardes une étoile : que te reste-t-il.....

Parmi tous ces cris qui viennent de la rue (et des champs) quelle cause défendrais-tu aujourd’hui ?

L'Afrique. On n'a pas le droit de laisser un continent se scratcher comme c'est le cas aujourd'hui.

Es-tu optimiste quant a l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui du spectacle vivant ?

Oui

As-tu de bonnes nouvelles te concernant ?

Oui, une création à la rentrée. Informations sur le site en construction... à suivre, donc.

Veux-tu rajouter quelque chose ? Ou bien recommander un spectacle ?

Le cabaret enfantin de JACQUES LAURENT larueluberlu@laposte.net

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Note communiquée par M. P. :

 

 

UNE PAGE À PART

de Martine PUJOL

adaptation libre de : « GRADIVA, fantaisie pompéienne » de Wilhelm JENSEN ; « le délire et les rêves dans la GRADIVA de W. JENSEN » de Sigmund FREUD ; librement inspiré de la vie et l’œuvre d’Hilda DOOLITTLE

 

mise en scène : Richard CAIRASCHI

 

Pour les 150 ans de la naissance de S. FREUD, Martine PUJOL signe une pièce originale, poétique, drôle et riche de sens.  La scénographie de Richard CAIRASCHI la marque de fantaisie et d’imagination, sa mise en scène révèle une interprétation de qualité.

Vienne, printemps 1933. Freud accepte une de ses dernières patientes et élève : l’artiste américaine, Hilda Doolittle.  Au pied du divan, elle remarque sur un bas-relief antique une jeune femme, GRADIVA.  Entre rêve et réalité, l’histoire de GRADIVA permet à Hilda de mieux comprendre les principes essentiels de la psychanalyse.

avec

SIGMUND FREUD :          NUMA SADOUL

HILDA DOOLITTLE :          MARTINE PUJOL

  NORBERT PAÏS :              OLIVIER BRODET

ZOE BEAUPAS :              AMELIA FOFANA

LE MENDIANT :            Pr. BEAUPAS

        HELMUT :             JACQUES BARBARIN

L’OFFICIER S.S :            NICOLAS FLESER

 

Durée : 1h 20

23/06/2006

Avignon

Si ce blog avait vu le jour deux mois plus tôt, j’aurais suggéré à ceux qui ne connaissent pas encore la magie d’Avignon d’y aller cet été. Mais les campings et les hôtels étant très vite bondés, il était déjà trop tard pour en faire la réclame. Toutefois, évoquant les « Bonimenteurs » lors de leur passage aux Arènes de Cimiez, j’avais ajouté qu’ils feraient partie de la programmation « OFF » cette année. Puis mon esprit a vagabondé, il est retourné près de soixante ans en arrière…

 

medium_Blogatoire-festival_Avignon-03.jpgLE FESTIVAL D’AVIGNON a été crée en 1947 par JEAN VILAR, acteur, metteur en scène et directeur de théâtre. Avant cela, celui-ci avait déjà tenté de populariser l’art dramatique, c’est à dire de le rendre accessible au plus grand nombre sans faire de concession sur les œuvres produites. Il avait déjà également en tête l’idée de rapprocher le public avec les comédiens. Mais les moyens lui avaient jusqu’alors manqué.

Dans ces années d’après-guerre, les festivals n’existent pratiquement pas, ou plus. Encore moins lorsqu’il s’agit de théâtre.

Jean Vilar lui-même ne se lancera dans l’aventure du Théâtre National Populaire (T.N.P.) qu’en 1951. Aussi, pour un grand comédien d’alors, il était suffisant de se concentrer sur Paris et de se moquer du reste. Ce qui semble aujourd’hui une institution était alors une RÉVOLUTION.

C’est donc en 1947 qu’on demande à JEAN VILAR d’aller en Avignon, dans le cadre d’une exposition de peinture, jouer une seule représentation de Meurtre dans la Cathédrale, de THOMAS STEARNS, dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Dans un premier temps, il repoussa l’idée d’aller se produire dans un lieu aussi inhabituel pour l’époque. Puis il changea d’avis, mais aussi de projet : ce fut ainsi la Semaine d’Art en Avignon. Au début du mois de septembre, une expo., deux concerts et trois pièces de théâtre, jouées plusieurs fois.

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Au total moins de 5000 entrées contre environs 400 000 rien que pour le « IN » et 700 000 pour le « OFF » aujourd’hui. Mais l’idée était née, et bien née (aujourd’hui, on dirait le « concept »). Et l’année suivante, cette semaine devint le 2ème Festival d’Avignon, replacé pour l’occasion au mois de juillet.

medium_Blogatoire-festival_Avignon-02.jpgDès les premières années, de grands noms comme GÉRARD PHILIPPE, MARIA CASARES, ALAIN CUNY, MICHEL BOUQUET, et aussi ROBERT HIRSCH, JEANNE MOREAU ou DANIEL SORANO participent à ce festival. Hormis l’interprète de Fanfan la Tulipe, ils n’étaient pas encore, pour la plupart, des monstres sacrés, mais de très jeunes comédiens.

Puis, remanié, recrée par Jean Vilar, le Théâtre National Populaire unira son destin à celui du festival, jusqu’en 1963. Avignon et T.N.P. relanceront la décentralisation du théâtre.

Car, en 1963, Jean Vilar abandonne la direction du T.N.P. (reprise par le comédien GEORGES WILSON) pour se recentrer sur le festival. Il « doit » inventer un autre Avignon. En effet, si le nom de la ville se confond avec son festival, c’est parce qu’il est devenu extrêmement populaire, trop. La légende est devenue une institution qui peut ressembler à une étape touristique.

Mais dès 1966, la transformation se fait d’elle-même : plusieurs lieux de représentation à la place de la seule Cour d’Honneur, plusieurs troupes (Théâtre de la Cité de Villeurbanne à égalité avec le T.N.P.) et plus seulement du théâtre. Car la danse investie les lieux avec MAURICE BÉJART et CAROLYN CARLSON. Et même le cinéma l’année suivante (JEAN-LUC GODARD) ! Puis en 1968, la contestation arrive de New-York avec le Living Theatre, de JULIAN BECK et JUDITH MALINA. 1969 voit l’arrivée d’ARIANE MNOUCHKINE. Il y a désormais le « IN », le festival « officiel », et le « OFF », qui déborde de toutes part des murs d’Avignon et accueille des troupes de tous horizons dans les lieux les plus hétéroclites (chapelles, hangars, carrières, rues, et même des théâtres !). Toutes ces manifestations s’écoulent désormais durant tout le mois de juillet. La transformation du festival est donc achevée lorsque décède son fondateur, le 28 mai 1971, à l’âge de 59 ans.

Depuis, même si Avignon ne représente plus le seul laboratoire de création théâtrale, il reste le plus grand festival de théâtre du monde. Sur deux critères au moins : le nombre de spectacles présentés et la fréquentation d’une part ; et la couverture médiatique d’autre part.

Car la plupart des compagnies théâtrales vont là-bas afin de montrer leurs spectacles aux nombreux professionnels en quête d’une programmation. Monter une pièce de théâtre à Avignon peut coûter cher, certains lieux pouvant se louer 10 000, 20 000 €uros, parfois plus. Sans compter toute la campagne de communication et les défraiements. Aussi, c’est souvent à perte que l’on se rend dans la Cité des Papes. Mais c’est pour beaucoup l’espoir d’un tremplin.

Enfin, si j’en juge par les conversations que j’ai pu entendre, se produire dans un tel festival est aussi le rêve de beaucoup d’artistes.

P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon

Du point de vue du spectateur, IN ou OFF, aller ne serais-ce que 3 ou 4 jours à ce festival nécessite un minimum de finance : Trajet aller/retour essence + péage, hébergement (le camping de l’Île de la Barthelasse est très bien tenu et comporte même une piscine ; pour les hôtels, c’est plus cher !) repas (on est enclin à la fête, à Avignon…) et bien sûr location des places pour les quelques spectacles que vous aurez choisis.

Et comment aurez-vous choisi un spectacle parmi la myriade proposée ? La première semaine, il faut se fier aux critiques et à son flair. Mais très vite, il y a le fameux bouche-à-oreille qui se met à fonctionner.

Il y a aussi désormais les traditionnelles campagnes faites à travers la ville par les artistes eux-mêmes, et qui valent parfois leur pesant d’or. De véritables mini-spectacles, destinés à attiser l’envie du public d’aller rire ou pleurer ici plutôt que là. C’est en quelque sorte l’équivalent de la bande-annonce au cinéma.

Depuis, bien d’autres festivals de théâtre ont vu le jour, comme le Festival de Théâtre de Rue, à Aurillac. L’été, le spectacle vivant ne part pas en vacances, il les illumine.

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21/06/2006

P U B !

C’est une petite page de pub, mais ne zappez pas ! Il s’agit de la compagnie ANTIPODES, récemment invitée de la rubrique « Behind the Curtain ». Connaissant le très haut niveau de pratique de Lisie, ainsi que son expérience de l’enseignement, je ne peux que recommander ce stage de danse :

 

MASTER CLASS

Stage de Danse Contemporaine

2 niveaux proposés :

Les matinées : débutants et occasionnels

les après-midi : personnes plus confirmées

 

Animatrice : Lisie PHILIP - Cie ANTIPODES

Assistée de Moréna DI VICO

 

Du 3 au 7 juillet 2006

 

Centre DJANGO REINHARDT

19, chem. Château Saint-Pierre - 06300 NICE

 

  25 €uros la semaine

INSCRIPTIONS : 04.97.00.12.20

 

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Cliquez sur la photo pour avoir des infos sur ce centre

18/06/2006

De la scène au pinceau.

J’étais parti pour faire une recherche sur Rainer FASSBINDER, et voilà que je suis tombé sur le blog d’une dessinatrice (OZFACTORY !). Je l’ai mis en liens sur ma liste, qui n’en contient encore qu’un petit nombre.

Promis, la semaine prochaine, je vous parlerai de cet auteur allemand, qui a écrit beaucoup de choses, et notamment de bien belles pièces de théâtre.

15/06/2006

On a pleuré de rire, maintenant on pleure.

« Mesdames et Messieurs, si je vous disais que je suis redevenu poussière… »

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Le One-Man-Show fait lui aussi partie de l’univers du spectacle vivant. Aussi, même si pleurer c’est banal à pleurer, et bien, pleurons la disparition du plus comique des poètes. A moins que ce ne soit le plus poète des comiques… Et voilà ! on parle de RAYMOND DEVOS et nos mots à nous s’emmêlent.

« Mesdames et Messieurs, si je vous disais qu’il est redevenu poussière… Oh vous diriez : tu as un grain !… »

13/06/2006

Derrière le Rideau

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir, derrière le rideau, LISIE PHILIP, membre fondatrice de la Compagnie ANTIPODES, que j'ai déjà évoqué ici récemment.

 

L U C          A l’âge de 15 ans, m’as-tu dit, tu laissais le cocon familial pour l’univers de la danse. Si tu ne l’avais pas fait, aurais-tu un jour croisé celui du théâtre ?

LISIE PHILIP          Si j'ai quitté Nice à l'âge de 15 ans c'est surtout que je m'y sentais à l'étroit, j'avais besoin de rencontrer des "maîtres" que je puisse admirer, j'étais fascinée par BÉJART, j'ai donc décidé de travailler avec lui (on n’a peur de rien quand on a 15 ans). Je ne sais pas si, en restant à Nice, j'aurai rencontré le théâtre, l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas propice. J'avais lu des pièces du théâtre classique essentiellement (Molière, Shakespeare...) mais je n’allais pas voir de pièces de théâtre. Paradoxalement, je faisais de la figu. dans des pièces au préfabriqué qu'on appelait Théâtre de Nice. Mon premier choc théâtral fut à Lausanne avec ISABELLE HUPERT dans Orlando de VIRGINIA WOLF mise en scène de ROBERT WILSON. Un monologue de 3 heures suspendu aux ailes du temps. Mais de toute façon, il m’est impossible de connaître ce qu’aurait été ma vie sans la Danse et les rencontres professionnelles que je me suis donné la chance de faire.

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(Crédit photo : MARC BENITA)

 

Y a-t-il dans ton parcours des choix que tu regrettes, des choses que tu ne referais plus ?

Les regrets ne servent à rien et chaque erreur nous construit un peu plus humainement et artistiquement.

Es-tu optimiste quant à l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui de la danse et du théâtre ?

Il y a des jours où je me dis que tout est possible et d’autres que ça ne peut pas être pire ! Les Alpes-Maritimes en sont encore aux balbutiements de la création en matière de spectacle vivant. Je ne parle pas des institutions (TNN, Opéra…) qui ont les moyens financiers mais aussi un public à garder, d’où une programmation quelquefois un peu frileuse. L’effervescence de la création se situe chez les compagnies indépendantes qui elles n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions. Notre département est touristique et les pouvoirs publics pensent à tort qu’il faut du spectacle grand public, sous entendu populiste ; c’est se fourvoyer dans la démagogie, on ne fait pas de l’art comme on va à la pêche aux voix électorales. Un jour, il faudra avoir le courage de ne pas prendre les spectateurs pour des crétins. Le spectacle peut et doit être divertissant mais pas forcément idiot (la télé est là pour ça). La qualité, le professionnalisme, l’exigence du propos sont ce qui peut sauver le spectacle vivant. Nous avons également besoin d’une politique culturelle forte et dénuée de clientélisme. Les responsables ou leurs assistants doivent connaître parfaitement tout le tissu culturel et doivent se déplacer pour assister aux spectacles. C’est la moindre des choses : connaître ses dossiers... Quelques-uns le font mais ils sont trop peu. Suis-je optimiste ? Je suis utopiste. Ca finira par aller mieux. Actuellement, toutes les structures indépendantes professionnelles que je connais se battent au quotidien pour survivre, pour certaines depuis 20 ans. Comment cela pourrait-il être pire ?

Plus tard, quitteras-tu (volontairement) cette région pour une autre, ou pour Paris ou l’étranger ?

Il est salutaire dans un tel climat d’aller prendre l’air, voir ce qu’il se passe ailleurs. Tu parles dans ton blog d’ouvertures, de mélanges de genres. Je ne peux pas imaginer l’art autrement, regarder, apprendre des autres, échanger, enrichir son propos de son vécu. C’est essentiel si on ne veut pas scléroser sa recherche. Je réfléchis à mettre des passerelles entre différents contacts en France et à l’étranger. Il ne suffit pas de partir pour tout recommencer ailleurs, il faut pérenniser ses choix et ses envies.

Et la caméra toute seule, sans la scène, tu y penses souvent ou rarement ?

Si ta question concerne la chorégraphe et metteur en scène, j’ai très envie de faire des vidéos-danse. Nous avons commencé à engager le processus avec SÉBASTIEN ANTOINE (vidéaste dans Ich Bin Don Quichotte), je ne suis pas assez technique pour passer derrière la caméra mais nous parlons beaucoup pour atteindre nos objectifs. Nous avons des univers qui se rencontrent bien. En tant qu’interprète, la caméra ne m’attire pas plus que ça. J’ai tourné dans plusieurs courts-métrages, j’ai même fait des pubs, mais je ne provoque pas les rencontres.

Jusqu’à quel point la danse a-t-elle influencée ton quotidien, ta façon de vivre ?

Le mouvement, la conscientisation du corps et de l’espace. Je ne peux m’empêcher de regarder les gens et en particuliers les enfants en train de bouger, d’expérimenter des dynamiques, des lignes. Tout ça sans aucunes notions académiques, c’est dommage de perdre cette spontanéité. Tout le monde sait bouger et même danser, chacun a cette poésie du corps, il suffit de l’écouter, de la cultiver. Quelquefois on me demande à quoi sert la danse, c’est simplement inné. C’est une des toutes premières choses qu’un petit enfant fait. La danse est inscrite en nous. C’est un moyen d’expression dans une société où les mots ont perdu leurs sens. Elle peut tendre au sacré au sens premier mais toujours reliée intimement à soi au delà de la représentation.

Vieux débat entre nous : l’art influence-t-il la société, et si oui de quelle façon ?

C’est un bon sujet pour le bac philo ! J’espère que l’art influence la société via les individualités. Ce qui me pose souci c’est son accessibilité : il est très facile de voir ou d’entendre du médiocre ou du moyen et j’ai peur que le grand public ne sache plus faire la différence. Dans une manifestation comme 06 en scène (au demeurant une excellente initiative) ou les Estivales, la programmation est sensée montrer le meilleur des Alpes-Maritimes ; il y avait des choses excellentes (comme l’installation Ondulations) et des choses disons médiocres, pour être sympa, je parle de critères objectifs comme la mise en scène, l‘interprétation, la scénographie... J’espère qu’un spectateur peut se retrouver dans cette multitude de bric et de broc. Quelle est la mission du spectacle vivant : c’est à chaque metteur en scène et à chaque chorégraphe d’y répondre. Pour ma part, j’essaye de donner un peu de poésie, de générosité et pourquoi pas des pistes de réflexion, si un seul spectateur prend plaisir à tout ça c’est déjà gagné.

Ce qui suit n’est pas véritablement une question, je souhaiterais juste que tu nous livres tes réflexions sur une situation particulière que tu vis toi-même, celle d’être à la fois comédienne et d’assumer son rôle (bien réel celui-là) de mère de famille.

Faire un enfant en 2006, (avec un taux de chômage élevé, une politique qui ne dirige plus rien, une écologie menée à mal par chacun) c’est satisfaire un désir de continuation de soi, faire un enfant en 2006 en étant artiste d’une petite compagnie indépendante c’est un engagement, voire un sacerdoce ou une folie selon les points de vues !!! Mon compagnon et moi avons désiré et décidé d’avoir cet enfant ensemble. C’était un peu comme décrocher la Lune ! Notre petite fille est née le 9 janvier 2005 avec un mois d’avance. J’ai travaillé jusqu’au dernier moment, mis en scène Le ciel par-dessus les murs de la Cie ALCANTARA, j’ai participé en tant qu’interprète à une performance danse multimédia avec JEAN-MARC MATOS, j’ai continué à m’occuper de la gestion d’Antipodes. J’avais juste oublié de prendre soin de moi et de mon bébé. La naissance venue, le ciel m’est tombé sur la tête (sans parler de ma belle-mère !), il n’était pas possible de suspendre les activités de la Compagnie car pour nous, projet suspendu = projet non reconduit. Le droit du travail ne s’applique pas aux intermittents ou autre free lance - un article stipule que la naissance d’un enfant ne peut remettre en cause l’emploi d’une femme ; dans une petite compagnie on peut perdre des contrats donc nos emplois. Mon compagnon RAPHAËL a pris en charge tous les projets en cours, l’administration... donc il n’y a pas eu trop de dégâts. 2005 est l’année de notre sélection pour la Quinzaine des Cies PACA au TNN avec Ma NiaK. Se sont donc posés des problèmes de garde, nous avons donc emmené notre petite LUNA de 5 mois en répétition, ce n’est pas l’idéal mais on ne pouvait pas faire mieux. Bien qu’elle fut très sage, je ne conseille pas cette expérience. Actuellement, LUNA va à la halte-garderie tous les après-midi, et nous avons la chance d’avoir une mamie et des amis qui nous la gardent pour les périodes de travail intense. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel à une assistante maternelle tant que notre fille n’est pas dans le verbal. A un point de vue plus général, ayant beaucoup moins de temps libre je ne m’éparpille plus dans des projets galères. Je suis beaucoup sélective et je n’ai plus peur de m’affirmer. LUNA m’apporte un équilibre et une joie inégalable, elle me permet d’aller plus loin dans mon engagement artistique, c’est un peu bateau à dire mais sa liberté m’inspire. Et cela ne m’empêche pas d’être interprète pour d’autres créations que celle d’Antipodes (Printemps des Arts de Monaco …)

  
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MORÉNA DI VICO et RAPHAËL THIERS, lors du spectacle : Ich Bin Don Quichotte

Cliquez sur l'image pour aller sur le site de la Cie ANTIPODES

(Crédit photo : AURORE LÉONARD)

09/06/2006

Plein air : avis partagés

Les dernières questions de l’interview qui précède portent sur un sujet que je voulais aborder à travers le témoignage de plusieurs personnes. Il s’agit de l’apport du plein-air dans un spectacle. Si on le prend comme un apport ! Car lorsque j’ai posé la question à Jean FRANVAL, je m’attendais à ce qu’il soit très enthousiaste, jouant lui-même souvent dans des lieux à ciel ouvert. Or, ce qui n’apparaît pas dans la retranscription de l’entretien qui précède, c’est qu’il a fallu que j’insiste pour obtenir une critique positive. Alors qu’instantanément, lui était venu à l’esprit tous les tracas que pose cette situation. Ce qui prouve que les avis sont partagés bien plus que je ne le pensais. J’en veux pour preuve le témoignage de deux autres comédiennes, que je vous expose ici. Il s’agit en fait de trois questions en une, les mêmes pour chacune des deux :

L U C     Jouer en plein air change forcément beaucoup de choses, mais pour toi, quelle est la plus importante ? As-tu un souvenir particulier de cette situation ? Et quel est ton point de vue de spectatrice ?

Lynda RAMDANI     S'agissant des spectacles en plein air, j'en ai fait l'expérience aussi bien face à la scène que sur la scène... Jouer en extérieur est très agréable, l'espace de jeu devient comme illimité, le rapport au public est plus intime (étrangement !) sensation de liberté énorme qui nous pousserait presque à improviser en pleine représentation ! En revanche, il faut une concentration plus importante - il se passe toujours des trucs imprévus : avion, ambulance, bruine, chien ; moi, sur scène, j'ai eu la venue inopinée d'un chat, devenant donc un nouveau partenaire ! etc... Et il faut surtout pouvoir et savoir porter sa voix ! En tant que spectatrice, si le volume est correct, j'apprécie beaucoup, mais en été cela va de soit !!!

Martine PUJOL     C'est un immense plaisir. Le théâtre, c'est "la boite noire". Jouer en plein air relève donc d'une sorte de dépassement de cette limitation initiale, un éclatement des limites... et donc aussi de la protection qu'assurent habituellement les " frontières " bien établies de la scène. Il y a toujours une part de risque en plein air (vent, pluie, froid, chaud, moucherons, bruits ou lumières)... qui ajoute certainement au plaisir initial. Pour moi, le plus important, c'est le vent : il apporte de la vie en plus. C'est magique ! Quand on a joué FESTIN au Théâtre de Verdure à Nice, en grande formation un 31 août, le vent était à la limite de la tempête. Les sonorisateurs ont profondément souffert. A quelques minutes du début du spectacle (qui est également musical, ne l'oublions pas) le vent s'est calmé. Il a juste soufflé une douce brise durant la représentation. La beauté du paysage alentour et ce brin de vent ont sublimé ce spectacle... ancré dans ma mémoire. Mon point de vue de spectatrice : le même... inversé !

(Pour en savoir d’avantage sur Martine PUJOL et Richard CAIRASCHI, cliquez sur : debi-debo)