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14/07/2006

Une comédie

Pour ceux qui aiment les comédies de qualité, il se joue actuellement au Théâtre du Cours :

NI ODIEUX NI MAÎTRE

Pièce de Brigitte RICO
Mise en scène par Fabienne COLSON
Régie assurée par Julien ESCALLIER
Avec :
Manon GUILIANI
Gérald MICHEL-HEILLES


Brigitte RICO, qui travaille également avec Noëlle PERNAT, a écrit d’autre pièces de théâtre comme « Un homme à tout prix».

Fabienne COLSON, metteur en scène, est aussi comédienne et donne des cours d’art dramatique au TNN.

J’ai gardé un bon souvenir de ce divertissement, que j’ai pu aller voir l’année dernière. Ni Odieux ni Maître a été jouée de nombreuses fois, ce qui n’est pas négligeable pour une comédie : chaque représentation agissant comme autant de répétition, les comédiens gagnent encore en finesse, précision et surtout bonheur de jouer (le spectateur, inconsciemment ou pas, reçoit une part de ce plaisir de jouer, et si les comédiens s’amusent, la comédie n’en fonctionne que mieux)

Le lieux est connu du public Niçois, car il existe depuis bientôt 20 ans. En effet, il fut créé par HENRI MASINI, à une époque où il n’existait plus rien dans le Vieux-Nice. C’est une petite salle pouvant accueillir jusqu’à 48 spectateurs, et qui, au fils des comédies programmées ici, a su conquérir un public nombreux.

C’est au THÉÂTRE du COURS
5, rue de la Poissonnerie (perpendiculaire au Cours SALEYA)
Réservation / renseignements au 04 93 80 12 67

Tous les soirs, sauf les lundis, à 21h00
Jusqu’au dimanche 30 juillet
Prix de la location des places : 15 €uros (tarif étudiant : 10 €uros)
Durée approximative du spectacle : 1h15

12/07/2006

« Ô Ciel ! que d’aventures extraordinaires ! »

C’est une des dernières répliques qui terminent les Fourberies de Scapin, de MOLIERE. Je jouais dans cette pièce, lorsqu’elle était représentée au Théâtre de l’Alphabet. C’était du temps de ma belle jeunesse, puisqu’on me confiait le rôle du « jeune premier ». En fait au nombre de deux ici : Octave et Léandre, que j’ai interprété chacun plusieurs fois, car cette pièce est souvent remontée d’une saison sur l’autre, avec à peu près les mêmes comédiens.

Les jeunes premières, en revanche, changeaient parfois. Et (c’est là où je voulais en venir, ne partez pas !) chacune d’elle, immanquablement, rechignait à dire cette terrible exclamation : « Ô Ciel ! que d’aventures extraordinaires ! »

Terrible car, malgré tout le génie de MOLIERE, ses pièces se terminaient souvent de façon peu vraisemblable, et il s’appliquait en plus à le souligner par une réplique de ce genre. Si, par hasard, un spectateur ne s’était pas alarmé du côté rocambolesque de la situation, et bien là, au moins, tout le monde était averti ! (Peut-être cette habitude venait-elle de la Commedia dell’Arte, que MOLIERE devait bien connaître.)

Chacune des comédiennes avait sa façon à elle de tenter d’escamoter la délicate réplique. Je me suis rendu compte plus tard que, dans presque tous les textes, il y a une phrase qui passe mal… du moins aux yeux du comédien qui doit la prononcer.

Mais HENRI LEGENDRE, qui dirige toujours ce théâtre, nous enseignait avec raison que la seule solution est de jouer cette réplique « à fond », en y croyant dur comme fer, en l’assumant pleinement. En effet, ces petites phrases sur lesquelles notre attention s’accroche passent en réalité très bien, et parfois même inaperçues.

Certaines répliques nous bloquent, nous rebutent, mais aussi certaines actions, pourtant d’apparence anodine. Est-ce le signe qu’en réalité le comédien n’a pas bien compris son rôle, ou bien la situation ? Ou qu’il n’a pas intégré le parti pris du metteur en scène ? Peut-être que dans ces moments là, nous montrons que nous ne sommes pas à cent pour cent dans le spectacle, que nous n’y mettons pas toute notre énergie. Ou plus simplement, n’est-ce pas la peur du ridicule ? Peur qui n’est pas raisonnable puisque l’acteur qui crois vraiment à ce qu’il fait n’est jamais ridicule, quelle que soit la réplique.

05/07/2006

Dans le texte

« … LE CHAMBELLAN   -   Mon cher poète, quand vous aurez mon âge, vous trouverez la vie un théâtre par trop languissant. Elle manque de régie à un point incroyable. Je l’ai toujours vu retarder les scènes à faire, amortir les dénouements. Ceux qui doivent y mourir d’amour, quand ils y arrivent, c’est péniblement, et dans leur vieillesse. Puisque j’ai un magicien sous la main, je vais enfin m’offrir le luxe de voir se dérouler la vie à la vitesse et à la mesure, non seulement de la curiosité mais de la passion humaine… »

Cette réplique est extraite de Ondine, pièce écrite par JEAN GIRAUDOUX en 1939. Je l’avais recopié dans un carnet il y a très longtemps, la première fois que j’avais lu cette œuvre. Car je l’ai relu par la suite, à différentes époques. On dit aujourd’hui que les pièces de JEAN GIRAUDOUX ont mal vieillit. Je n’en ai vu jouer aucune, mais il est possible en effet que ce genre de théâtre sente un peu la naphtaline par moment. Cela se ressent moins avec une simple lecture. Et j’aime relire Ondine. Et aussi, du même auteur, Intermezzo.

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Jean Giraudoux

Attention, je ne vous présente pas ces œuvres comme étant celles qu’il faut avoir lues pour avoir l’air bien ! Je vous livre ici les quelques titres qui m’ont plu au point que je les ai relus plus d’une fois. Au point que j’en connais certains passages par cœur.

Il en est ainsi de Fool For Love, de SAM SHEPARD ; Exercice de style, de RAYMOND QUENEAU ; Colombe, de JEAN ANOUILH ; Mademoiselle Julie, d’AUGUST STRINDBERG ; l’incontournable Cyrano de Bergerac, d’EDMOND ROSTAND ; Les Caprices de Marianne, de MUSSET - déjà cité sur ce blog ; et encore Dom Juan, de MOLIERE ; Polyeucte, de PIERRE CORNEILLE et bien sûr Marius, dont j’ai pu vous entretenir il y a peu. Et toutes les œuvres de PAGNOL d’ailleurs, ainsi que toutes celles de TENESSEE WILLIAMS.

Il y en a sûrement parmi vous qui ont aussi « leurs » pièces favorites. Si le livre se trouve encore sur votre étagère, laissez en ici quelques passages choisis ! Au lieu des simples commentaires, laissez parler un peu les auteurs. Exposez au vu de tous, pour une fois, cet acte intime qu’est la lecture. Oublions un temps comédiens et metteurs en scène et laissons les mots défiler tout seuls, sans l’aide de personne…  Quels auteurs viendront ici, par votre intermédiaire ? (de petits extraits hein ! Il ne faudrait pas avoir d'ennuis avec la S.A.C.D. ...)

 

Ce pourrait être le prochain sujet du bac : « Lire une pièce de théâtre est-il suffisant ? Une simple lecture ne risque-t-elle pas de déformer, mutiler l’œuvre imaginée par l’auteur ? Mais dans ce cas, ne serait-il pas dommage de nous priver de toutes ces pièces que nous n’aurons pas le temps (ni l’argent) d’aller voir jouer ? Certaines supportent-elles mieux la lecture que d’autres ? »

Vastes questions auxquelles je ne répondrai bien évidemment pas. (Afin de ne pas fausser le prochain baccalauréat !)

 

Parmi les « classiques », il est remarquable de voir que certains textes sont encore d'actualité (MOLIERE écrivit Dom Juan en 1665) :

« SGANARELLE - Quoi ? Vous ne croyez rien du tout, et vous voulez cependant vous ériger en homme de bien ?

D. JUAN - Et pourquoi non ? Il y en a tant d'autres comme moi qui se mèlent de ce métier, et qui se servent du même masque pour abuser le monde.

SGANARELLE - Ah, quel homme ! Quel homme !

D. JUAN - Il n'y a plus de honte maintenant à cela, l'Hipocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus, le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui, et la profession d’Hipocrite a de merveilleux avantages. C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée, et quoi qu'on la découvre, on n'ose rien dire contr'elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l'hypocrisie est un vice privilegié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d'une impunité souveraine.
On lie à force de grimaces une société étroite avec tous les gens du parti ; qui en choque un, se les attire tous sur les bras, et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connait pour être véritablement touché : ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres, ils donnent hautement dans le panneau. »

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Michel Piccoli dans le rôle titre