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14/08/2012

MES VACANCES À MOI, SÉTOIS.

Nous étions à Sète il y a 10 jours. J’ai découvert une ville très agréable, parcourue par quelques canaux avec de belles bâtisses et un bon restaurant.
En flânant l’après midi, nous sommes allés voir l’exposition Dans les pas de Jean Vilar. En effet, le créateur du festival d’Avignon est né (et mort) dans cette commune.
Le travail nécessaire à la collecte des différents éléments (photos, vidéo et même meubles…) ainsi qu’à leur présentation est tout à fait louable. Toutefois, il n’y avait rien de vraiment nouveau à apprendre sur Jean VILAR : son enfance modeste, sa rencontre avec Charles DULLIN, ses débuts de carrière prometteurs et enfin son festival — celui d’Avignon — et l’aventure du TNP…

sète,jean vilar

Le hasard a fait que l’heure précédente, nous venions d’assister à quelques joutes nautiques, sport picaresque et bon enfant pratiqué dans beaucoup de villes du bord de mer : deux adversaires s’affrontent, chacun devant faire tomber l’autre à l’eau, à l’aide d’une longue hampe, en le poussant hors de sa petite plateforme hissée sur une barque. Je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter pour regarder ce genre de manifestation.
Et que ne me dit-on pas, au début de la visite de l’exposition ? Que Jean VILAR lui-même, "monté" à Paris, aurait emporté avec lui les souvenirs colorés de ces joutes nautiques… et que cela aurait eu une grande influence dans ses choix esthétiques au théâtre.
Si la coïncidence est amusante, je n’ai, pour l’instant, trouvé aucune témoignage en faveur d’une muse Sétoise ayant l’apparence d’une barque. Si parmi les lecteurs de ce blog il s’en trouvait pour me confirmer (ou infirmer) cette anecdote, qu’il n’hésite pas à se manifester.
En attendant, je retourne à ma sieste ensoleillée…

23/06/2006

Avignon

Si ce blog avait vu le jour deux mois plus tôt, j’aurais suggéré à ceux qui ne connaissent pas encore la magie d’Avignon d’y aller cet été. Mais les campings et les hôtels étant très vite bondés, il était déjà trop tard pour en faire la réclame. Toutefois, évoquant les « Bonimenteurs » lors de leur passage aux Arènes de Cimiez, j’avais ajouté qu’ils feraient partie de la programmation « OFF » cette année. Puis mon esprit a vagabondé, il est retourné près de soixante ans en arrière…

 

medium_Blogatoire-festival_Avignon-03.jpgLE FESTIVAL D’AVIGNON a été crée en 1947 par JEAN VILAR, acteur, metteur en scène et directeur de théâtre. Avant cela, celui-ci avait déjà tenté de populariser l’art dramatique, c’est à dire de le rendre accessible au plus grand nombre sans faire de concession sur les œuvres produites. Il avait déjà également en tête l’idée de rapprocher le public avec les comédiens. Mais les moyens lui avaient jusqu’alors manqué.

Dans ces années d’après-guerre, les festivals n’existent pratiquement pas, ou plus. Encore moins lorsqu’il s’agit de théâtre.

Jean Vilar lui-même ne se lancera dans l’aventure du Théâtre National Populaire (T.N.P.) qu’en 1951. Aussi, pour un grand comédien d’alors, il était suffisant de se concentrer sur Paris et de se moquer du reste. Ce qui semble aujourd’hui une institution était alors une RÉVOLUTION.

C’est donc en 1947 qu’on demande à JEAN VILAR d’aller en Avignon, dans le cadre d’une exposition de peinture, jouer une seule représentation de Meurtre dans la Cathédrale, de THOMAS STEARNS, dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Dans un premier temps, il repoussa l’idée d’aller se produire dans un lieu aussi inhabituel pour l’époque. Puis il changea d’avis, mais aussi de projet : ce fut ainsi la Semaine d’Art en Avignon. Au début du mois de septembre, une expo., deux concerts et trois pièces de théâtre, jouées plusieurs fois.

medium_Blogatoire-festival_Avignon-01.jpg

Au total moins de 5000 entrées contre environs 400 000 rien que pour le « IN » et 700 000 pour le « OFF » aujourd’hui. Mais l’idée était née, et bien née (aujourd’hui, on dirait le « concept »). Et l’année suivante, cette semaine devint le 2ème Festival d’Avignon, replacé pour l’occasion au mois de juillet.

medium_Blogatoire-festival_Avignon-02.jpgDès les premières années, de grands noms comme GÉRARD PHILIPPE, MARIA CASARES, ALAIN CUNY, MICHEL BOUQUET, et aussi ROBERT HIRSCH, JEANNE MOREAU ou DANIEL SORANO participent à ce festival. Hormis l’interprète de Fanfan la Tulipe, ils n’étaient pas encore, pour la plupart, des monstres sacrés, mais de très jeunes comédiens.

Puis, remanié, recrée par Jean Vilar, le Théâtre National Populaire unira son destin à celui du festival, jusqu’en 1963. Avignon et T.N.P. relanceront la décentralisation du théâtre.

Car, en 1963, Jean Vilar abandonne la direction du T.N.P. (reprise par le comédien GEORGES WILSON) pour se recentrer sur le festival. Il « doit » inventer un autre Avignon. En effet, si le nom de la ville se confond avec son festival, c’est parce qu’il est devenu extrêmement populaire, trop. La légende est devenue une institution qui peut ressembler à une étape touristique.

Mais dès 1966, la transformation se fait d’elle-même : plusieurs lieux de représentation à la place de la seule Cour d’Honneur, plusieurs troupes (Théâtre de la Cité de Villeurbanne à égalité avec le T.N.P.) et plus seulement du théâtre. Car la danse investie les lieux avec MAURICE BÉJART et CAROLYN CARLSON. Et même le cinéma l’année suivante (JEAN-LUC GODARD) ! Puis en 1968, la contestation arrive de New-York avec le Living Theatre, de JULIAN BECK et JUDITH MALINA. 1969 voit l’arrivée d’ARIANE MNOUCHKINE. Il y a désormais le « IN », le festival « officiel », et le « OFF », qui déborde de toutes part des murs d’Avignon et accueille des troupes de tous horizons dans les lieux les plus hétéroclites (chapelles, hangars, carrières, rues, et même des théâtres !). Toutes ces manifestations s’écoulent désormais durant tout le mois de juillet. La transformation du festival est donc achevée lorsque décède son fondateur, le 28 mai 1971, à l’âge de 59 ans.

Depuis, même si Avignon ne représente plus le seul laboratoire de création théâtrale, il reste le plus grand festival de théâtre du monde. Sur deux critères au moins : le nombre de spectacles présentés et la fréquentation d’une part ; et la couverture médiatique d’autre part.

Car la plupart des compagnies théâtrales vont là-bas afin de montrer leurs spectacles aux nombreux professionnels en quête d’une programmation. Monter une pièce de théâtre à Avignon peut coûter cher, certains lieux pouvant se louer 10 000, 20 000 €uros, parfois plus. Sans compter toute la campagne de communication et les défraiements. Aussi, c’est souvent à perte que l’on se rend dans la Cité des Papes. Mais c’est pour beaucoup l’espoir d’un tremplin.

Enfin, si j’en juge par les conversations que j’ai pu entendre, se produire dans un tel festival est aussi le rêve de beaucoup d’artistes.

P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon

Du point de vue du spectateur, IN ou OFF, aller ne serais-ce que 3 ou 4 jours à ce festival nécessite un minimum de finance : Trajet aller/retour essence + péage, hébergement (le camping de l’Île de la Barthelasse est très bien tenu et comporte même une piscine ; pour les hôtels, c’est plus cher !) repas (on est enclin à la fête, à Avignon…) et bien sûr location des places pour les quelques spectacles que vous aurez choisis.

Et comment aurez-vous choisi un spectacle parmi la myriade proposée ? La première semaine, il faut se fier aux critiques et à son flair. Mais très vite, il y a le fameux bouche-à-oreille qui se met à fonctionner.

Il y a aussi désormais les traditionnelles campagnes faites à travers la ville par les artistes eux-mêmes, et qui valent parfois leur pesant d’or. De véritables mini-spectacles, destinés à attiser l’envie du public d’aller rire ou pleurer ici plutôt que là. C’est en quelque sorte l’équivalent de la bande-annonce au cinéma.

Depuis, bien d’autres festivals de théâtre ont vu le jour, comme le Festival de Théâtre de Rue, à Aurillac. L’été, le spectacle vivant ne part pas en vacances, il les illumine.

medium_Blogatoire-festival_Avignon-04.jpg