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16/01/2009

Le point sur Luchini

Mardi soir, au TNN, j’ai eu la chance d’assister à l’une des quatre représentations du « Point sur Robert » de et par Fabrice LUCHINI (avec une mise en scène de Catherine DEBEAUVAIS)
Si le prétexte est la lecture de grands auteurs, ainsi que l’évocation de la vie du comédien lui-même (Robert est son vrai prénom), la nature du spectacle est belle et bien celle d’un one-man-show.
En effet, on y retrouve peu à peu toutes les ficelles des amuseurs publics : jouer avec l’assistance (par exemple, il fait répéter une phrase, les hommes d’abord puis les femmes ; il s’amuse à opposer les "nantis" du premier rang aux "pauvres" du dernier étage) ; imitations de quelques personnalité ; disgressions en tout genre ; et bien sûr, les spectateurs du premier rang qui sont mis à contribution (ne JAMAIS choisir le premier rang lorsqu’on va voir un One-Man-Show…) On a même fini tous debouts, dans la grande salle Pierre BRASSEUR (1000 places) à dancer sur « Saturday Night Fever » !

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Assez statique au début, l’acteur se laisse aller à bouger davantage au fur et à mesure que la soirée avance. Contrairement à un Gad ELMALEH affichant une parfaite maîtrise de son corps en toute circonstance, Fabrice LUCHINI nous ferait presque croire qu’il s’agite gauchement. Il n’en est rien et l’on finit par comprendre que son naturel est en réalité très travaillé.

Ca taille, ça « casse » et ça fait sourire. En réalité, on ne sourit pas, on rigole beaucoup et bruyamment, mais je préfère employer le mot « sourire » tellement la performance de Fabrice LUCHINI nous emmène vers le subtil et l’intelligent.

Et l’intelligible aussi. Lorsque commence le spectacle, le comédien sagement assis nous lit du Paul Valéry. On se dit que c’est beau, mais l’on craint de s’ennuyer un peu au fil des pages durant deux heures.

Mais on est rassuré très vite : Fabrice LUCHINI démystifie et glisse de plus en plus vers la fantaisie pour, au final, revenir au sujet central et nous rappeler l’essentiel : Paul Valéry, Roland Barthes, Chrétien de Troyes, Molière, Céline… la littérature possède des trésors de génies.

Longs applaudissements…

09/10/2008

Épouvantable Rock’N’Roll

C’est épouvantable, pour la première fois dans l’histoire de ce blog, je vais faire une critique très dure sur une pièce. Je ne vais pas la tailler « en pièce », car ce n’est pas vraiment une pièce. Ce n’est pas un spectacle, ce n’est pas un concept, ce n’est même pas un embryon de quelque chose, un bruit, un gaz, rien…
Tant de moyens, tant d’idées, tant de bonne volonté sans doute. Tant de petites choses qui, au passage, étaient plutôt bien. Tout ça pour aboutir à rien.
Non pas quelque chose de contrariant ou de révolutionnaire ; pas non plus une comédie classique, ou même bourgeoise. Nous ne sommes même pas dans l’émission « au Théâtre ce Soir », nous sommes nulle part, nous perdons notre temps.
La Grande Cérémonie de la Communication Collective ne fonctionne pas, elle est usurpée.

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Puisque j’ai fait ce blog afin d’intéresser les lecteurs au Spectacle Vivant, j’ai pour habitude de ne pas parler d’une pièce lorsque celle-ci, honnêtement, me semble mauvaise. Difficile d’encourager les gens à sortir de chez eux en écrivant : « ceci est mauvais, n’y allez pas ! ».
Plus précisément, il peut être intéressant de tenter de comprendre les défauts de tel spectacle, mais cela reste périlleux.
Mais ce mardi soir-là, au TNN, assistant à une représentation de « Rock’N’Roll », je me suis dis que trop c’était trop. Non aux escrocs !

 

Illustre-Épouvantable Rock'N'Roll-01.jpgLe manifeste de Tom STOPPARD, l’auteur, est très instructif, intéressant et plein de bonne volonté. Ressortir les propos de Vaclav HAVEL et de Milan KUNDERA est une bonne base de départ. L’histoire de la Tchécoslovaquie de 1968 à 1990 mérite qu’on s’y attarde, oui. Mais le problème est qu’il n’y a aucun rapport entre les intentions de l’auteur, les commentaires du metteur en scène et le résultat final. (D’ailleurs, une œuvre théâtrale ne devrait pas avoir besoin de notice explicative pour que le public puisse l’aborder.)
La débauche de moyens non justifiée semble montrer que le metteur en scène a surtout pensé à faire des « effets ». Il n’a même pas laissé sa fantaisie papillonner au-dessus des planches. Le but non avoué de Daniel BENOIN semble être de faire passer sa mise en scène à la postérité, géniale création d’un esprit éclairé, grand comprenant de l’art dramatique.
[Le magasine « JV », encart de NICE-MATIN du mercredi consacré aux sorties, indique que la mise en scène est de Jacques BELLAY. C’est une erreur, il s’agit bien de Daniel BENOIN.]

 

Que va-t-on dire de moi si j’écris ici que les grandes scènes nationales subventionnées sont des gouffres financiers ? Ceux qui me connaissent savent bien que peu me chaut le prix d’une création. Mais à condition qu’elle soit HONNÊTE. Hors, dans « Rock’N’Roll », la succession de décors, effets, maquettes, la démonstration de force de la grande machinerie théâtrale ne sert pas la pièce, elle la disperse.
Pour le prix de cette mise en scène, plusieurs compagnies pourraient vivre et créer davantage. Comment voulez-vous alors qu’on fasse accepter l’idée que la Culture doit être subventionné sans compter (ce en quoi je crois) avec de si mauvais exemples sous les yeux.
Comprenez donc bien : je ne suis pas jaloux des grandes structures, au contraire, je me réjouis qu’il existe sur notre territoire des scènes avec grande hauteur sous plafond, machineries en sous-sol, régie performante et surtout personnel qualifié. Le grand spectacle a ses atouts et il faut en profiter. Mais lorsqu’il y a débauche de moyens sans motivation réelle, le public, novice ou connaisseur, se rend bien compte qu’on essaie de le gruger. Des moyens si coûteux pour quelque chose de gratuit, voilà ce qui n’allait pas.

 

Mieux aurait valut ne garder qu’un seul des dispositifs et alors l’exploiter à fond, jouer avec, créer, l’intégrer parfaitement. On apprend vite, dans les cours de théâtre, qu’il ne faut pas se raccrocher aux accessoires et au décor pour masquer sa peur ou son manque d’inspiration, mais en revanche, tout ce qui peut traîner sur une scène est bon pour stimuler votre imagination.
La pluie par exemple — oui, dans cette pièce aux décors aussi multiples que changeants, il pleut sur scène. Pourquoi ne pas profiter du fait qu’au TNN, on peut faire pleuvoir et demander aux comédiens de jouer avec cela ? Que de choses on aurait pu imaginer en laissant faire l’imagination de chacun. C’est une aubaine pour un acteur que d’avoir un "accessoire" pareil !

 

Ah oui, les comédiens, il faut en parler aussi.
Il y a 5 musiciens et 11 comédiens. Sur ces 11 artistes, seulement 2 tirent vraiment leur épingle du jeu : Maruschka DETMERS et Pierre VANECK. Ce sont également les moins jeunes de la troupe. Je dis cela car Michel BOUQUET rappelait que, si c’est possible, on préfère confier les rôles de jeunes premiers à des comédiens d’âge mûr, afin qu’ils puissent compenser la fadeur du personnage par leur grande présence, par leur expérience de la scène.
Mais ici, malheureusement, les autres rôles n’ont pu être sauvés du naufrage. Même Frédéric de GOLDFIEM n’arrive pas à faire exister son personnage. Lui qui pourtant a montré à plusieurs reprises l’étendue de son registre et sa capacité à créer, tant comme comédien que comme metteur en scène. Je ne comprends plus.
Déjà, sur le papier aussi les personnages ont du mal à exister, à se différencier les uns des autres ; à justifier leur présence. Parfois, on se demande pourquoi ils disent telle ou telle réplique, pourquoi telle scène existe, à quoi sert-elle. Ainsi, la plupart des protagonistes ne sont pas crédibles ; ils nous gênent, non pas parce qu’ils nous dérangent mais parce qu’ils nous ennuient, semblent être de trop. Ce spectacle dure 2h25 plus un entracte, mais on aurait pu en retrancher une heure sans rien compromettre.
Illustre-Épouvantable Rock'N'Roll-03.jpgHeureusement que Maruschka DETMERS est là pour redonner souffle à l’ensemble, car même Pierre VANECK fini par se laisser aller à une interprétation approximative. Par exemple, dans la 2ème partie, il est censé avoir vieilli et se déplace en claudiquant, avec une canne. Mais, de temps à autre, on le voit accélérer le pas puis, tout en marchant, parler en agitant les mains, et se passer ainsi de sa canne… (Parler en agitant systématiquement les mains est un comportement qu’on retrouve chez beaucoup de débutants. Avec l’expérience, ce défaut s’estompe, mais ne disparaît jamais complètement.)
J’avais pensé mettre comme titre à cet article : « Au Théâtre ce Soir », car à un moment donné, une scène entière est jouée de cette façon (« les décors sont de Roger HARTH et les costumes de Donald CARDWELL »…) d’une façon j’allais dire ringarde mais je préfère dire « calibrée » pour le public et les téléspectateurs de l’époque. Mais je me suis ravisé, nous n’étions pas au théâtre, ce mardi soir au TNN.

 

Un seul point positif : cette pièce rappelle qu’il y a longtemps, très longtemps, le Rock’N’Roll était le point de ralliement de la contestation ; mais… c’est de l’histoire ancienne, n’est-ce pas, Optic-2000 ? (prononcez : « OoooOOOptic deu-eu-mil »)

 

Petit détail amusant : cette pièce traite, entre autre, du totalitarisme. Hors, figurez-vous que TOUS les abonnés du Théâtre National de Nice sont OBLIGÉS d’aller voir ce spectacle. En effet, le système d’abonnement du TNN prévoit qu’il faut, lors de la réservation, choisir au moins un spectacle par « poste ». Les œuvres de la saison théâtrale sont réparties en 5 postes et il faut donc réserver au moins 5 spectacles.
Mais attention, le poste N°1 ne comporte qu’un seul spectacle ! Il n’y a pas le choix : si vous voulez vous abonner pour la saison 2008-2009, vous DEVEZ louer une place pour le spectacle « Rock’N’Roll », dont la mise ne scène est signée Daniel BENOIN, directeur du TNN.

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Vaclav HAVEL, écrivain dissident emprisonné à 4 reprises, devint président de la République Thécoslovaque de 1989 à 1992


La grande salle Pierre Brasseur était très clairsemée ce soir-là. Un couple voisin, aussi mal logé que ma compagne et moi-même, a tenté de demander à l’ouvreuse s’il était possible de s’installer parmi les nombreux fauteuils restés vides du parterre.
L’employée de la "STASI" a répliqué fermement que c’était impossible. (Impensable voyons : laisser des spectateurs à 18 €uros occuper des places vides à 25 €uros, jamais ! Encore moins dans un théâtre, haut lieux de la rigueur et de la soumission !)
De plus, cramponnez-vous à votre clavier, les élèves qui s’inscrivent aux cours d’art dramatique dispensés par le TNN doivent OBLIGATOIREMENT être abonnés (et, donc, aller voir « Rock’N’Roll »…).
C’est épouvantable.

 

16/01/2008

Je souhaite à toutes et à tous une bonne et culturelle année 2008 !

Pour ma part, elle a bien commencé puisque je suis allé au TNN voir deux farces peu connues de MOLIÈRE : « la Jalousie du Barbouillé » suivie du « Médecin Volant ». La première fut écrite aux environs de 1650 et la deuxième vers 1645, lors de la toute première époque de l’Illustre Théâtre (hé oui ! ;.) juste avant l’emprisonnement du chef de la troupe pour dette. Mais elles ne furent jouées, à Paris du moins, qu’à partir de 1660.

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C’était une bonne idée de programmer ces deux pièces pour plusieurs raisons : tout d’abord, bien que je respecte profondément Jean-Baptiste POQUELIN, certaines de ses œuvres sont vraiment sur-représentées par rapport à l’ensemble de la production dramatique française, laissant moins de place à des textes tout aussi intéressants.
Et précisément, certains opus de MOLIÈRE, qualifiés injustement de « mineurs », font eux aussi les frais de ce phénomène.
Injuste en effet, car même si ces farces, impromptus et autres divertissements sont des textes relativement courts — souvent un seul acte qui ne dépasse pas quarante minutes — elles restent des pièces à part entière ; et non pas des "brouillons" de pièces plus connues. Oui, c’est vrai que certains passages annoncent « le Médecin Malgré Lui » et « Georges Dandin », mais cette impression vient du fait que ses premières œuvres, MOLIÈRE les avait construites à la manière des comédies italiennes qu’il avait déjà pu voir, sur la base de canevas sans cesse retravaillés et de personnages prédéfinis. Mais une fois le rideau tombé (façon de parler : dans la salle Michel SIMON, il n’y en a pas) on peut constater que chaque pièce se suffit à elle-même.
Enfin presque car, comme il est difficile de demander au public de venir assister à moins de quarante minutes de théâtre, les metteurs en scène jumellent fréquemment deux ou trois œuvres en un seul spectacle.
La première conséquence de ce choix et que souvent, le public est heureux de retrouver, d’une farce à l’autre, les mêmes comédiens dans des rôles différents. C’est parfois presque jubilatoire. De plus, l’attention du public (petits et grands) est plus facile à maintenir.

Ce vendredi soir-là, nous avons eu droit à une représentation drôle et enlevée. D’ailleurs, nous avions dans la salle plusieurs groupes de collégiens qui manifestement étaient venus sans se concerter. J’ai pu observer chez eux une grande réactivité, une quasi-participation pour certains parmi les plus jeunes qui ne pouvaient s’empêcher de réagir en parlant.
Au contraire de MUSSET, où l’on trouve de superbes répliques qui pourraient se suffire à elles-mêmes, la farce impose d’être servi par un metteur en scène excellent et des comédiens à la hauteur.
Et pour la mise en scène, Pierre PRADINAS s’est montré inventif : c’est même un très bon exemple pour montrer à quel point le travail de mise en scène et d’interprétation peuvent révéler un texte. (pour ceux qui ont l’intention d’aller voir ce spectacle, je vous engage à faire l’expérience et de lire le texte en cliquant ICI) Aussi, c’était une bonne chose que
« le Médecin Volant » soit étudié dans certains collèges. Mon fils se trouve dans l’un d’eux. J’espère qu’il pourra, comme je le lui ai demandé, recueillir l’avis de deux ou trois de ses camarades. J’espère aussi qu’il verra toute la différence entre un livre ouvert dans une salle de classe et un comédien vivant sur une scène.

Les rôles masculins étaient confiés aux comédiens permanents du TNN :
Jacques BELLAY ; Paul CHARIÉRAS ; Aurélien CHAUSSADE ; Paulo CORREIA et Frédéric de GOLDFIEM.
Le premier d’entre eux m’a semblé moins excellent que ses partenaires. On dit souvent qu’il vaut mieux dix comédiens moyens que neuf bons et un extraordinaire. La différence de niveau dans un groupe se perçoit davantage que le niveau global. Aussi, même s’il a montré ailleurs qu’il était un comédien capable du meilleur, Jacques BELLAY, par un jeu trop convenu, s’est contenté d’être seulement bon. Ce n’est pas suffisant, au théâtre il faut être « au top » (choisissez vous-même votre superlatif…) ce qui est difficile et malheureusement, trop souvent nous n’atteignons pas un tel but.
Les rôles féminins étaient tenus par :
Cécile MATHIEU et Philippine PIERRE-BROSSOLETTE.
A l’origine, le programme mentionnait « Sophie DUEZ » et « programmation en cour ». Nous n’avons pas eu à nous plaindre de ce changement.

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P.P.P. (Petite Parenthèse Pognon) :
Il y a deux séries de tarifs au TNN :
Pour la salle Pierre BRASSEUR, selon le placement (numéroté), le prix d’une location s’élève à 32 €, 24 € ou 11 € en plein tarif et 25 €, 18 € ou 7,50 € en tarif réduit ;
Pour la salle Michel SIMON, le placement libre laisse un seul tarif plein de 22 € et un tarif réduit de 16 €.

La salle Pierre BRASSEUR est une véritable salle "à l’italienne", c'est-à-dire avec un parterre de fauteuils et plusieurs étages de balcons (le dernier étage étant le fameux « paradis ») ; la salle
Michel SIMON est disposée comme un amphithéâtre de 350 places au confort approximatif mais offrant un lieu propice à l’échange.

Pour qui veut profiter d’un casier pour y déposer ses vêtements, il est préférable d’arriver un quart d’heure en avance. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai horreur de garder mon blouson sur mes genoux tout le temps de la représentation !

30/03/2007

« Moins 2 » : 18 sur 20

Roger DUMAS avait eu le Molière "meilleur comédien second rôle" en 2006 pour son interprétation dans cette pièce [ cliquez ICI pour (re)lire l’article ]. Mais ce soir, une affichette nous annonçait que le comédien à la voix puissante et au timbre si particulier était encore malade. C’est Jean-Louis BÉRARD qui le remplaçait. Nous espérons bien sûr que Roger DUMAS va se rétablir prochainement. J’imagine qu’un tel changement a dû profondément changer la tonalité de la pièce. En effet, même si son remplaçant est tout à fait à la hauteur, son accent et sa prosodie font davantage penser à quelqu’un comme Fernand SARDOU plutôt qu’à Roger DUMAS.

medium_Illustre-TNN-02.jpgMalgré cela, le tandem de ces deux caractères différents fonctionne parfaitement. En effet, cette pièce très bien écrite par Samuel BENCHETRIT fonctionne souvent comme un enchaînement de sketchs, presque un duo comique. Le fil rouge cependant est un sujet grave : la mort. La mort certaine et toute proche. Et l’amour aussi, l’amitié. C’est un système très efficace que d’aborder des sujets aussi sérieux en déclanchant le rire. Et ici, le rire flirte souvent avec l’humour noir ; le style de jeu habituel à Jean-Louis TRINTIGNANT est ici bien employé. Un autre système efficace est celui d’une scénographie réduite aux accessoires les plus essentiels, accessoires qui constituent presque à eux seuls le décor.

Tous les autres personnages sont joués par Alexandra LONDON et Manuel DURAND. Samuel BENCHETRIT, qui signe aussi la mise en scène, fait ici un choix qui n’est pas rare au théâtre. Il m’est déjà arrivé de jouer plusieurs rôles dans un même spectacle. Il s’agit souvent d’un clin d’œil, d’une manière de montrer que ce n’est pas tout à fait sérieux.

Le programme annonce un spectacle d’une durée de 1h40, mais ce soir là, c’était plus court. Il y avait bien 5 minutes de moins. Rires moins nombreux ? (si, si, ça agit sur la durée d’un spectacle, je peux l’affirmer), coupures volontaires ou pas dans certaines scènes ? Je pense plutôt que cela a été dû à quelque chose comme le rythme plus rapide de Jean-Louis BÉRARD par rapport à celui de Roger DUMAS.

Est-ce une déformation : au début du spectacle, je commençais déjà à me demander ce que j’allais écrire dans cet article, lorsque je fus gêné par la faible portée de la voix des comédiens. Je me disais que peut-être tout le monde s’était ajusté au volume le plus faible, afin de ne pas créer de différence perceptible. Mais tout de même, j’étais situé près de la scène, que pouvaient donc bien entendre ceux qui se trouvaient au Paradis ? (le « Paradis » désigne la galerie située tout en haut de la salle ; le tarif est moins cher et, souvent, lorsqu’on veut louer une place au dernier moment, il en reste toujours dans ces étages élevés…) Mais très vite j’oubliais ce problème, constatant que la salle toute entière riait de bon cœur à chaque occasion. Ce n’est qu’une fois dehors que je fus rejoint sur un passage clouté par un couple de personnes âgées. L’homme me dit, en attendant que le signal piéton passe au vert : « Dommage qu’on n’entendait pas trop bien, car cette pièce est vraiment bien écrite. »

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Pour terminer ce compte-rendu, je vous invite à découvrir un commentaire très différent en cliquant ICI. Je n’ai pas eu le temps de chercher où cette spectatrice avait pu voir la représentation qu’elle commente.

06/12/2006

Leurs quatre vérités

Voici enfin la troisième et dernière partie de l’interview d’Isabelle et Marie-Pierre, nos deux chanteuses qui n’ont pas leur langue dans leur poche.

Que peut-on améliorer dans le système actuel des Intermittents du Spectacle ? Quelles actions seraient à mener ?

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-01.2.jpgMarie-Pierre : Je ne suis pas sûre que tout le monde sera de mon avis, mais en tout cas je pense que les institutions qui ont les moyens d’avoir des permanents devraient le faire, notamment les télévisions etc., et ne pas systématiquement attendre que ce soit l’état qui prenne le relais entre deux contrats…

Pomper sur les Intermittent alors que les employés pourraient travailler en réalité à temps complet. 

Marie-Pierre : Je pense que les Intermittents, c’est un statut qui s’adresse à des cas particuliers, c’était dans le cadre aussi de la décentralisation de la culture que ce statut a été créé. Donc c’est un peu dommage…  

Et au niveau local, sur les Alpes-Maritimes ? Beaucoup de gens se plaignent en disant que nous sommes les parents pauvres, est-ce que tu le ressens comme ça ?

Marie-Pierre : Dans le sens des subventions, certainement, on est les parents pauvres, oui, par rapport au Ministère de la Culture. On pourrait avoir bien mieux, notamment les petites salles…

Les locaux manquent ?

Marie-Pierre : Non, c’est les sous qui manquent. Pour les compagnies… les locaux aussi, sans doute, mais enfin c’est tous les moyens matériels, il n’y a pas assez de sous… Tu vois, c’est bien beau de dire « ah ben oui ici vous êtes le parent pauvre etc. » mais l’état ne fait rien ; je ne suis pas sûre que la DRAC subventionne suffisamment les gens…

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-04.jpgIsabelle : Pour la DRAC, c’est simple – excuse moi je te coupe parce que je rebondis sur ce que tu dis – Pour la DRAC, c’est simple, Nice n’existe pas ; je ne sais pas si j’ai le droit de le dire mais c’est pas grave. [ La DRAC est la Direction Régionale des Affaires Culturelle, outil de la décentralisation de la Culture. Pour plus d’info au sujet de cet organisme, cliquer sur les sites suivants : IDENTITÉS PARCOURS ET MÉMOIRE et CULTURE.FR NdR] Ils sont venus voir le spectacle de Claude BOUÉ qui est quand même, je pense, objectivement, un spectacle de qualité… où il y a une vraie démarche artistique, où il y a le chapiteau… la seule chose qu’ils ont trouvé à dire c’est « oui, la scénographie est bien mais on ne voit pas l’intérêt du spectacle. » Voilà. Pas de sous. Effectivement on manque cruellement de locaux. Alors en plus « les Diables Bleus », « la Brèche », etc. ça a été démoli, pour des questions, soi-disant, de tramway.

Les anciens locaux de Spada, où l’on avait recasé quelques-unes de ces associations expulsées, vont l’être à leur tour…

Isabelle : Spada va l’être à son tour… Je pense qu’à ce niveau là on n’aide pas du tout les artistes. Sans parler des Intermittents. Il n’y a pas de locaux. Il n’y a pas beaucoup d’aide à la création. Sauf par exemple, l’été, (je vais prendre le cas du Conseil Général, qui subventionne les « Estivales ») ils prennent des choses plutôt " ludiques ", alors c’est un choix de leur part ; mais est-ce qu’ils subventionnent vraiment la création…

Les festivals, est-ce que c’est utile ? Est-ce qu’il y en a assez ?

Isabelle : Moi je pense qu’il en faudrait plus. Même pour le jeune public. J’ai travaillé sur un festival jeune public depuis quatre ans à la Semeuse. On a bien rempli pendant trois ans, cette année il faisait beau les gens ne venaient pas, cette année ça a été galère : je vais tenter de demander une subvention pour la saison prochaine, mais je ne suis pas du tout sûre de l’obtenir. C’est extrêmement difficile. Je crois que dans le Département on a tendance à subventionner " Mon Cul sur la Commode " et pas forcément les vraies créations.

Marie-Pierre : Il y a pleins de gens qui créent, qui ont la volonté, qui ont des résultats intéressants, et le problème c’est qu’ils ne sont pas suivis dans leurs démarches.

Mais le public, est-ce qu’il est là, est-ce qu’il demande à s’élargir, à se diversifier ? Ou bien y a-t-il de plus en plus d’artistes sur la place mais que la curiosité du public n’augmente pas ? Est-ce qu’on peut en tout cas développer cela ?

Marie-Pierre : Là, je ne sais pas…

Même si vous n’avez pas de données précises, vous avez sûrement un sentiment à ce sujet. Isabelle, toi qui t’occupes d’un théâtre, qu’en penses-tu?

Isabelle : Je prends un exemple concret, sans aucune critique artistique : on a eu Noëlle PERNA en début de saison, on a fait carton plein – on vit des temps difficiles socialement, humainement… je pense que les gens ont envie de s’amuser… - après on a eu le chapiteau, avec le spectacle de Claude BOUÉ, qui est vraiment de qualité, je peux te dire qu’on a eu des difficultés énormes à remplir. En coproduction avec le Théâtre de Nice, il y a des soirs où le TNN n’avait vendu que 5 places

Holà !

Isabelle : Je réponds à ta question : c’est à dire qu’en dehors du Théâtre de Nice où le public va pour se montrer, plus que pour voir des spectacles…

Tu penses que le public vient pour se montrer ? ! ?

Isabelle : Ah oui, on les voit ; tu peux l’écrire…

Mais je l’écrirai…

Isabelle : Les mamies avec les manteaux de fourrure et les bagouzes, si tu les sors du TNN…

Ça se fait encore de venir se montrer ?

Isabelle : Ça se fait encore, à l’Opéra, au TNN… Tu veux cherche le public il est là-bas, ou alors il est à « Mon Cul sur la Commode ». On avait une coprod. avec le Théâtre de Nice, on avait un spectacle de qualité avec un truc original, je le redis, le chapiteau, nous on avait 35 places à vendre par soir : j’en ai vendu dix par soir, on a fait 900 €uros sur 10 soirs ; et avec une pub énorme.

Marie-Pierre : Le public ne prend pas de risque aussi, on va dire en fait qu’il va vers ce qu’il appelle les " valeurs sûres ", vers de grosses institutions, ils ont certaines attentes au niveau des spectacles qu’ils vont voir, ils ne vont peut-être pas prendre l’initiative d’aller voir des choses qui sont inhabituelles…

Isabelle : Le seul élargissement du public que je peux faire… Je suis responsable de la programmation " jeune public " : c’est essayer de commencer à éduquer ce futur public là, qui est déjà un vrai public. Donc moi j’essaye pour eux de ne pas programmer « Mon Cul sur la Commode », le langage infantile, etc. mais des vrais spectacles de théâtre pour enfants. Le plus difficile c’est d’éduquer les parents, parce que les parents s’inquiètent, ils te demandent « ah mais c’est vraiment pour les enfants ? ». Les parents se substituent aux enfants, du genre « il a 4 ans, donc si c’est un spectacle pour 6 ans ça va pas lui plaire ». Mais on ne sait pas ce qu’un enfant retient. Même s’il ne comprend pas toute l’histoire, ce qui est important c’est les émotions qu’il va ressentir et puis le visuel aussi… Les enfants ils prennent des choses, ce ne sont pas des gogols les enfants… Voilà le seul travail en tant que programmatrice que je peux faire.

Prendre l’habitude de changer ses habitudes…

Isabelle : En espérant que plus tard ils auront envie d’aller voir des spectacles de théâtre…

Marie-Pierre : Moi le reproche que je fais ce n’est pas qu’ils n’aillent voir que des choses divertissantes, ou des spectacles genre « Mon Cul sur la Commode » comme dit Isabelle, qui sont plus populaires ; ce que je reproche c’est qu’en fait ce sont toujours les mêmes choses populaires qui sont montées.

Une part trop belle à ce qui a déjà été fait ?

Marie-Pierre : En fait c’est vrai que les grandes structures ne montent que des trucs avec lesquels ils sont sûrs qu’ils vont faire carton plein.

Est-ce qu’ils ont le choix à ce niveau de financement ?

Marie-Pierre : Je pense qu’effectivement ils ont peu de liberté, parce qu’ils sont complètement subventionnés. Le fait de recevoir des subventions, ça fait que si tu veux continuer à les recevoir…

Isabelle : Ils ont quand même une obligation de remplissage. Au Théâtre de Nice, s’ils ont pris Daniel BENOIN il y a quelques années, c’est parce qu’il y a cette obligation. Ils ont pris un mec qui sortait d’H.E.C. Il a une mission du ministère de la Culture : il faut absolument qu’il ait des abonnés. Et pour ça, il l’a fait. Après, la qualité des spectacles…

Il y en a eu des très biens quand même !

Et toi, Matthijs, que penses-tu qu’on puisse faire pour amener le public à plus de curiosité ?

Matthijs Warnaar : Heu… J’ai bien peur qu’il n’y ait pas grand-chose à faire, mis à part individuellement, chacun de son côté (moi j’enseigne pas mal de musique) chacun de son côté on peut, à travers les cours, faire découvrir des choses, parler aux gens : « Allez voir des spectacles » etc. ; mais mis à part ça il n’y a pas grand chose à faire. On est pas aidé du tout par les structures plus importantes comme l’Éducation Nationale etc. Donc à mon avis, pour redonner goût aux personnes d’aller au théâtre, une chose à faire serait qu’ils fassent la " Star’Ac " du théâtre, sur TF1. Mais ce serait pas encore la bonne solution…

Les relations avec l’Éducation Nationale et le système éducatif français en général sont assez ténues ?

Matthijs Warnaar : Complètement. Il n’y en a pas du tout. Alors bien sûr il y a des interventions qui se font, le TNN fait des interventions dans les écoles, il y a des scolaires qui vont au théâtre.

Oui, j’ai écrit un article récemment à ce sujet.

Matthijs Warnaar : Effectivement, pour des grosses structures comme ça, c’est faisable ; pour les petits théâtres, il n’y a pas suffisamment de gens à intéresser au théâtre pour que ce soit viable.

Marie-Pierre :Concrètement, aussi, c’est oser sortir des sentiers battus. C’est peut-être proposer des choses qui sont populaires aussi, mais qui sont pas forcément toujours les mêmes. Et dans ce sens là, pour moi Michel LEGRAND et Jacques DEMY, c’est des choses qui sont populaires, très populaires, mais pour l’instant, par ici, j’ai pas vu cette chose là se monter et se faire. Et c’est peut-être aussi en proposant justement la diversité, en mettant l’accent sur la diversité. Voilà.

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" Quand ça balance...! "
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Création d’après l’œuvre de Michel LEGRAND
Production Le Navire
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Mise en scène & scénographie, Fabien DUPRAT
Chant, Marie Pierre FOESSEL, Isabelle TOSI, Fabien DUPRAT
Piano, Eric ALBERTI
Contrebasse, Kevin TARDEVET
Batterie, Laurent SARRIEN
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« Oh ! Vous les musiciens, attachés à la vie par un chant d’oiseau, retenus à l’amour par un simple mot. Vous mes bohémiens, je vous aime, je vous vois et j’écouterais vos silences… » Michel Legrand
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Quoi de plus difficile que de suivre Michel Legrand dont la carrière est un tourbillon musical. De Paris à New York, de La Nouvelle Orléans à Los Angeles, l’homme prodige est partout…Après avoir commencé le piano à l’âge de 4 ans, il entre au Conservatoire à 10 ans et en ressort quelques années plus tard avec une accumulation de Prix et surtout le don de jouer de douze instruments ! C’est en adolescent fasciné qu’il va découvrir le jazz et quelques années après le monde du cinéma. Happé par la Nouvelle Vague dans les années 50 il commencera une collaboration avec le grand écran qui ne connaîtra plus de pause. Très attaché à l’idée de « servir » le film pour lequel il compose, il travaillera avec des réalisateurs aussi remarquables que Jean-Luc Godard ou Jacques Demy. Sa coopération avec ce dernier sera déterminante. Il habillera de sa musique le très populaire Les demoiselles de Rochefort et contribuera largement au triomphe Des parapluies de Cherbourg auquel la Palme d’or est attribuée en 1964.  Auteur, compositeur, arrangeur, chanteur, chef d’orchestre, producteur reconnu par les plus grands  musiciens de ce monde, il est au jazz, à la chanson et au classique…
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Quand ça balance, La valse des Lilas, Quand on s’aime, les Demoiselles de Rochefort, Peau d’Ane, You must believe in spring, Whatch what happens et bien d’autres… Nous empruntons les notes de ce musicien insatiable et génial l’espace d’un spectacle, pour un voyage au coeur du swing et de la poésie, mais surtout pour célébrer et partager ensemble un grand, très grand amour de la musique, de toutes les musiques…
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Vendredi 8 décembre à 20h30
Samedi 9 décembre à 20h30
Dimanche 10 décembre à 16h
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Centre culturel de la Providence, Vieux Nice
Renseignements & réservations 04.93.80.34.12
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Prix des places de 6 à 15 €

08/09/2006

Demandez la deuxième partie du prograaamme !

En effet, j’avais promis de poursuivre ma liste de coups de cœurs, nous arrivons donc à la mi-février, et à « My Dinner With André ». Le programme mentionne : « d’après le scénario homonyme de LOUIS MALLE » [sorti en 1982 NdR], ce qui est déjà intéressant. Mais ce qui a surtout retenu mon attention, c’est qu’il s’agit là d’une création venue de Belgique. Les rares spectacles flamands auxquels j’ai pu assister m’ont toujours enthousiasmé, et bien que la durée annoncée soit de 3h00 ( ! ), j’ai bien envie d’aller tenter l’expérience.

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Durant ce même mois de février se jouera « On ne Badine pas avec l’Amour », d’ALFRED de MUSSET. L’année précédente, le TNN avait programmé « Les Caprices de Marianne », du même auteur (pour en lire le compte-rendu, cliquez ICI). Est-ce tourner en rond que de présenter plusieurs fois un même artiste ? Je ne crois pas, je crois surtout que MUSSET est un écrivain majeur du théâtre du XIXème siècle et qu’il vaut la peine d’être joué. Et même lu car, ne l’oublions pas, il a écrit la plus grande partie de son œuvre avec l’intention de ne plus jamais rien porter sur la scène, vexémedium_Francis_Gag_04.jpg qu’il était par l’échec de ses premiers essais (« La Nuit Vénitienne », deux représentations seulement à l’Odéon, en 1830). D’autre part, « Badine » étant sans doute la pièce de MUSSET la plus étudiée dans les collèges ou lycées, une représentation « vivante » rendra toujours plus fécond un simple cours magistral. Pour aller la voir, il faudra se rendre non pas au TNN mais au Théâtre FRANCIS GAG, dans le Vieux-Nice, 4 rue SAINT-JOSEPH, non loin de la piscine SAINT-FRANÇOIS.

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Au mois de mars sera représentée « Électre », de SOPHOCLE. « Encore un classique ! » soupirez-vous, mais combien d’entre-nous peuvent réciter une seule ligne de cette pièce écrite vers 430 av. JC ? Je n’ai en tête que peu de choses sur ce poète tragique grec. (Pour visiter un site concernant cet auteur, cliquez ICI ou ICI) J’ai surtout été attiré par le projet de la mise en scène de PHILIPPE CALVARIO, qui a voulu (ré)intégrer la musique dans cette œuvre. Il y aura donc des passages chantés, notamment par JANE BIRKIN qui jouera le rôle-titre. Aurons-nous ainsi le privilège de contempler cette œuvre comme ont pu le faire les premiers spectateurs, 25 siècles plus tôt ? Je crois que c’est impossible. J’espère surtout assister à une recherche intéressante sur la musicalité d’un texte ancien, sur un choix esthétique sensé mettre en valeur le thème tragique de cette pièce – il s’agit rien moins que du meurtre d’une mère par son enfant : AGAMEMNON, roi de Mycènes, est assassiné par sa femme CLYTEMNESTRE et l’amant de celle-ci. ÉLECTRE, la fille du couple royal, craint pour la vie de son frère, ORESTE. A sa demande, celui-ci tue CLYTEMNESTRE. Ils ne seront pas punis pour ce matricide, grâce à l’intervention d’APOLLON. Histoire cruelle donc, mais pas seulement ; c’est aussi l’histoire d’une femme qui ne se comporte pas comme les autres femmes de son époque.

Plus près de nous, SAMUEL BENCHETRIT a écrit et mis en scène « Moins Deux » : deuxmedium_Roger.2.JPG personnages – interprétés par ROGER DUMAS (récompensé pour ce rôle lors de la 20ème Nuit des Molières) et JEAN-LOUIS TRINTIGNANT. Ils n’ont plus que quelques jours à vivre, mais ils préfèrent fuguer de leur hôpital pour aller voir le monde. J’admire beaucoup chacun des deux comédiens et j’espère que le succès qu’ils rencontrent actuellement avec cette pièce n’est pas usurpé.

« Faces » est une expérience assez alléchante : écrit à l’origine par JOHN CASSAVETES pour le théâtre, il en avait fait un film, devenu culte depuis. Mise en scène de DANIEL BENOIN, avec les comédiens du TNN, cette pièce sera jouée à MONACO, à la Salle du Canton, quartier Fontvieille. C’est un peu loin pour mes finances en chute libre, mais nous verrons bien si en avril, la chance me permettra de me découvrir d’un fil. C’est un endroit que je ne connais pas, et il est sain, me semble-t-il, de ne pas toujours rester accroché à la même salle de spectacle (que l’on soit spectateur ou acteur) et j’aime découvrir de nouveaux espaces d’expression.

Les deux derniers spectacles qui achèvent cette liste seront : « La Peste », parce que j’apprécie ALBERT CAMUS ; et si le texte de la pièce est adapté du roman, n’oublions pas qu’ils s’agit d’un auteur qui a souvent travaillé pour le théâtre (« Caligula », « l’État de Siège », « les Possédés » ainsi que des traductions d’auteurs anciens...). Les possibilités de mises en scène restent intéressantes et le sujet traité assez universel. J’avais eu ce texte à défendre à l’oral du BAC de Français, et il m’avait porté chance : 16/20 !

Enfin « Ubu Roi », pièce d’ALFRED JARRY, qui donna à la langue française le mot « ubuesque ». Je ne sais pas si le spectacle est à la hauteur des compliments fait dans la presse, mais j’aime cette pièce et j’espère aller la voir. Et comme dirait le Père Ubu lui-même : MERDRE !

15/08/2006

Demandez le programme !

J’ai reçu en juin le programme du TNN. Je n’avais pas encore pris le temps de l’examiner. Je pense que cette saison, je vais prendre un abonnement, malgré mes modestes revenus (à les croire transparents). Malgré aussi le système contraignant imposé par le TNN : « au moins un spectacle par poste », sachant qu’il y a cinq postes. Parmi les œuvres proposées - 58, mais pas toutes au seul Théâtre de Nice – il y en a 13 qui ont retenu mon attention. Faute de temps et de moyen, il faudra bien que j’élague encore, au moment de poster mon bulletin.

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P.P.P. : Petite Parenthèse Pognon : pour payer son abonnement, le TNN autorise un échelonnement en trois fois : à la souscription, puis le 1er décembre et le 1er février. Il suffit d’envoyer trois chèques datés du jour de la souscription.

Le premier spectacle à ouvrir la saison au TNN sera « la Cantatrice Chauve », d’EUGENE IONESCO. Plus encore au théâtre que dans d’autres univers artistiques, la reprise d’une œuvre est chose courante. Comme beaucoup, j’aime aller voir une pièce que je connais déjà, mais dont la mise en scène est nouvelle. Certaines pièces classiques ont même été montées plusieurs milliers de fois. Mais sans aller jusque là, il est toujours enrichissant de voir un texte connu sous un éclairage medium_Blogatoire-TNN-01.jpgnouveau. L’auteur est un des pères d'un genre théâtral qu’on appelle le théâtre de l'absurde, et qui traite, entre autres, des problèmes de communication. Il n’est pas le seul, LUIGI PIRENDELLO, par exemple, s’était attaqué à ce problème, dans un tout autre genre. Ceux qui découvriront le texte en percevront tout de suite le côté absurde et presque fou, mais attention, ces dialogues ne sont pas écrits n’importe comment. Il ne suffit pas de divaguer dans tous les sens pour pouvoir imiter le style de IONESCO.

Enfin, « La Cantatrice Chauve », c’est la fameuse pièce que l’on joue, sans interruption depuis 1957 – presque 50 ans – au Théâtre de la HUCHETTE, à PARIS. (Une petite salle de 100 places qui, d’après les commentaires, n’a pas été rénovée depuis sa création en 1948.)

J’ai toutefois hésité à retenir ce spectacle, car la mise en scène sera signée DANIEL BENOIN, l’actuel « patron » du TNN, dont le travail est d’une qualité inégale. De plus, dans la distribution, on trouve SOPHIE DUEZ, que je n’apprécie pas toujours. Cela ne veut pas dire que ces artistes là soient mauvais, chacun d’eux ayant déjà accompli de belles choses, cela signifie simplement que ce n’est pas gagné d’avance. Hum, bref… Passons vite au deuxième choix :

« Les Invisibles » commence véritablement la saison, mais le spectacle se déroulera sous un chapiteau installé sur le terrain de tennis de La Semeuse, près du Château, dans le Vieux-Nice. 3 pièces, écrites il y a environs cent ans. Pour avoir d’avantages de détails sur ce spectacle, cliquez ICI. Je l’avoue, je l’ai retenu d’abord parce que je connais bien deux des comédiens qui vont s’y produire : MARIE-NOËLLE VIVIANI, qui a débuté au THÉÂTRE de l’ALPHABET, et qui travaille actuellement au sein de la Compagnie LA SAETA ; et STÉPHANE EICHENHOLC, à la fois comédien, metteur en scène et excellent professeur. Il a fondé la Compagnie ARKADIA, dont les spectacles ont été produit dans de nombreux lieux de la région PACA. (« Acrobates », d’ISRAËL HOROVITZ ; « Le Journal d’un Fou », de GOGOL ; « Moulin à Paroles »… etc…) Il a également joué pour le cinéma et la télévision.

Le troisième spectacle que j’aimerais aller voir est « Faust – La Signature ». Parce que, je l’ai déjà dit dans d’autres articles, j’aime les talents qui se mélangent. Ici, il s’agit d’une collaboration entre deux structures : le Théâtre AKHE de ST-PETERSBOURG et le Teatro LINEA de SOMBRA de MEXICO. Le programme laisse entendre que les comédiens jouent également avec la lumière et le son, et même avec « certaines lois de la physique » ! Affaire à suivre…

Ensuite, « Vêtir Ceux Qui Sont Nus » se jouera à la mi-décembre. Cette pièce est de LUIGImedium_Blogatoire-TNN-03.3.jpg PIRANDELLO – tiens tiens, je parle encore de lui ! Cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1934, a participé au renouvellement de la dramaturgie moderne. S’il était préoccupé par le problème que pose la compréhension de l’autre, ses pièces traitent surtout du dédoublement (thème du miroir ou de la gémellité) Il a écrit des romans, de la poésie ainsi que de nombreuses pièces, dont la fameuse « Six personnages en quête medium_Blogatoire-Theatre_National_de_Strasbourg-01.2.jpgd'auteur » ou « Ce soir on improvise ». Ce spectacle est produit par le Théâtre NATIONAL de STRASBOURG, ce qui est de très bon augure. En effet, ce théâtre, qui est un des rares Centre Dramatique National basé en province, a produit quantité de très bons spectacles. Il accueille l’une des trois seules Ecoles Professionnelle Supérieure d'Art Dramatique – avec PARIS et plus récemment LILLE.

Mon cinquième choix – qui terminera cette première partie, car la liste est trop longue pour un seul article – est Amphitryon. Elle est, avec DOM JUAN, la pièce la plus inclassable du répertoire de MOLIERE. Il s’agit, ni plus ni moins, des Dieux MERCURE et JUPITER qui s’amusent à mystifier les humains, en prenant leur apparence. Cette comédie est composée d’un prologue et de trois actes, le tout écrit en vers de longueurs inégales. Là aussi, comme chez PIRANDELLO, jeux de miroirs et jeux d’identité. Cette œuvre à part nous a laissé un nom commun : celui de « sosie », qui est donc à l’origine le nom propre du valet, dont MERCURE aura pris l’apparence. Les possibilités de mise en scène restent nombreuses, et peut-être aurons-nous là de bonnes surprises.

La suite très bientôt…

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