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06/12/2006

Leurs quatre vérités

Voici enfin la troisième et dernière partie de l’interview d’Isabelle et Marie-Pierre, nos deux chanteuses qui n’ont pas leur langue dans leur poche.

Que peut-on améliorer dans le système actuel des Intermittents du Spectacle ? Quelles actions seraient à mener ?

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-01.2.jpgMarie-Pierre : Je ne suis pas sûre que tout le monde sera de mon avis, mais en tout cas je pense que les institutions qui ont les moyens d’avoir des permanents devraient le faire, notamment les télévisions etc., et ne pas systématiquement attendre que ce soit l’état qui prenne le relais entre deux contrats…

Pomper sur les Intermittent alors que les employés pourraient travailler en réalité à temps complet. 

Marie-Pierre : Je pense que les Intermittents, c’est un statut qui s’adresse à des cas particuliers, c’était dans le cadre aussi de la décentralisation de la culture que ce statut a été créé. Donc c’est un peu dommage…  

Et au niveau local, sur les Alpes-Maritimes ? Beaucoup de gens se plaignent en disant que nous sommes les parents pauvres, est-ce que tu le ressens comme ça ?

Marie-Pierre : Dans le sens des subventions, certainement, on est les parents pauvres, oui, par rapport au Ministère de la Culture. On pourrait avoir bien mieux, notamment les petites salles…

Les locaux manquent ?

Marie-Pierre : Non, c’est les sous qui manquent. Pour les compagnies… les locaux aussi, sans doute, mais enfin c’est tous les moyens matériels, il n’y a pas assez de sous… Tu vois, c’est bien beau de dire « ah ben oui ici vous êtes le parent pauvre etc. » mais l’état ne fait rien ; je ne suis pas sûre que la DRAC subventionne suffisamment les gens…

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-04.jpgIsabelle : Pour la DRAC, c’est simple – excuse moi je te coupe parce que je rebondis sur ce que tu dis – Pour la DRAC, c’est simple, Nice n’existe pas ; je ne sais pas si j’ai le droit de le dire mais c’est pas grave. [ La DRAC est la Direction Régionale des Affaires Culturelle, outil de la décentralisation de la Culture. Pour plus d’info au sujet de cet organisme, cliquer sur les sites suivants : IDENTITÉS PARCOURS ET MÉMOIRE et CULTURE.FR NdR] Ils sont venus voir le spectacle de Claude BOUÉ qui est quand même, je pense, objectivement, un spectacle de qualité… où il y a une vraie démarche artistique, où il y a le chapiteau… la seule chose qu’ils ont trouvé à dire c’est « oui, la scénographie est bien mais on ne voit pas l’intérêt du spectacle. » Voilà. Pas de sous. Effectivement on manque cruellement de locaux. Alors en plus « les Diables Bleus », « la Brèche », etc. ça a été démoli, pour des questions, soi-disant, de tramway.

Les anciens locaux de Spada, où l’on avait recasé quelques-unes de ces associations expulsées, vont l’être à leur tour…

Isabelle : Spada va l’être à son tour… Je pense qu’à ce niveau là on n’aide pas du tout les artistes. Sans parler des Intermittents. Il n’y a pas de locaux. Il n’y a pas beaucoup d’aide à la création. Sauf par exemple, l’été, (je vais prendre le cas du Conseil Général, qui subventionne les « Estivales ») ils prennent des choses plutôt " ludiques ", alors c’est un choix de leur part ; mais est-ce qu’ils subventionnent vraiment la création…

Les festivals, est-ce que c’est utile ? Est-ce qu’il y en a assez ?

Isabelle : Moi je pense qu’il en faudrait plus. Même pour le jeune public. J’ai travaillé sur un festival jeune public depuis quatre ans à la Semeuse. On a bien rempli pendant trois ans, cette année il faisait beau les gens ne venaient pas, cette année ça a été galère : je vais tenter de demander une subvention pour la saison prochaine, mais je ne suis pas du tout sûre de l’obtenir. C’est extrêmement difficile. Je crois que dans le Département on a tendance à subventionner " Mon Cul sur la Commode " et pas forcément les vraies créations.

Marie-Pierre : Il y a pleins de gens qui créent, qui ont la volonté, qui ont des résultats intéressants, et le problème c’est qu’ils ne sont pas suivis dans leurs démarches.

Mais le public, est-ce qu’il est là, est-ce qu’il demande à s’élargir, à se diversifier ? Ou bien y a-t-il de plus en plus d’artistes sur la place mais que la curiosité du public n’augmente pas ? Est-ce qu’on peut en tout cas développer cela ?

Marie-Pierre : Là, je ne sais pas…

Même si vous n’avez pas de données précises, vous avez sûrement un sentiment à ce sujet. Isabelle, toi qui t’occupes d’un théâtre, qu’en penses-tu?

Isabelle : Je prends un exemple concret, sans aucune critique artistique : on a eu Noëlle PERNA en début de saison, on a fait carton plein – on vit des temps difficiles socialement, humainement… je pense que les gens ont envie de s’amuser… - après on a eu le chapiteau, avec le spectacle de Claude BOUÉ, qui est vraiment de qualité, je peux te dire qu’on a eu des difficultés énormes à remplir. En coproduction avec le Théâtre de Nice, il y a des soirs où le TNN n’avait vendu que 5 places

Holà !

Isabelle : Je réponds à ta question : c’est à dire qu’en dehors du Théâtre de Nice où le public va pour se montrer, plus que pour voir des spectacles…

Tu penses que le public vient pour se montrer ? ! ?

Isabelle : Ah oui, on les voit ; tu peux l’écrire…

Mais je l’écrirai…

Isabelle : Les mamies avec les manteaux de fourrure et les bagouzes, si tu les sors du TNN…

Ça se fait encore de venir se montrer ?

Isabelle : Ça se fait encore, à l’Opéra, au TNN… Tu veux cherche le public il est là-bas, ou alors il est à « Mon Cul sur la Commode ». On avait une coprod. avec le Théâtre de Nice, on avait un spectacle de qualité avec un truc original, je le redis, le chapiteau, nous on avait 35 places à vendre par soir : j’en ai vendu dix par soir, on a fait 900 €uros sur 10 soirs ; et avec une pub énorme.

Marie-Pierre : Le public ne prend pas de risque aussi, on va dire en fait qu’il va vers ce qu’il appelle les " valeurs sûres ", vers de grosses institutions, ils ont certaines attentes au niveau des spectacles qu’ils vont voir, ils ne vont peut-être pas prendre l’initiative d’aller voir des choses qui sont inhabituelles…

Isabelle : Le seul élargissement du public que je peux faire… Je suis responsable de la programmation " jeune public " : c’est essayer de commencer à éduquer ce futur public là, qui est déjà un vrai public. Donc moi j’essaye pour eux de ne pas programmer « Mon Cul sur la Commode », le langage infantile, etc. mais des vrais spectacles de théâtre pour enfants. Le plus difficile c’est d’éduquer les parents, parce que les parents s’inquiètent, ils te demandent « ah mais c’est vraiment pour les enfants ? ». Les parents se substituent aux enfants, du genre « il a 4 ans, donc si c’est un spectacle pour 6 ans ça va pas lui plaire ». Mais on ne sait pas ce qu’un enfant retient. Même s’il ne comprend pas toute l’histoire, ce qui est important c’est les émotions qu’il va ressentir et puis le visuel aussi… Les enfants ils prennent des choses, ce ne sont pas des gogols les enfants… Voilà le seul travail en tant que programmatrice que je peux faire.

Prendre l’habitude de changer ses habitudes…

Isabelle : En espérant que plus tard ils auront envie d’aller voir des spectacles de théâtre…

Marie-Pierre : Moi le reproche que je fais ce n’est pas qu’ils n’aillent voir que des choses divertissantes, ou des spectacles genre « Mon Cul sur la Commode » comme dit Isabelle, qui sont plus populaires ; ce que je reproche c’est qu’en fait ce sont toujours les mêmes choses populaires qui sont montées.

Une part trop belle à ce qui a déjà été fait ?

Marie-Pierre : En fait c’est vrai que les grandes structures ne montent que des trucs avec lesquels ils sont sûrs qu’ils vont faire carton plein.

Est-ce qu’ils ont le choix à ce niveau de financement ?

Marie-Pierre : Je pense qu’effectivement ils ont peu de liberté, parce qu’ils sont complètement subventionnés. Le fait de recevoir des subventions, ça fait que si tu veux continuer à les recevoir…

Isabelle : Ils ont quand même une obligation de remplissage. Au Théâtre de Nice, s’ils ont pris Daniel BENOIN il y a quelques années, c’est parce qu’il y a cette obligation. Ils ont pris un mec qui sortait d’H.E.C. Il a une mission du ministère de la Culture : il faut absolument qu’il ait des abonnés. Et pour ça, il l’a fait. Après, la qualité des spectacles…

Il y en a eu des très biens quand même !

Et toi, Matthijs, que penses-tu qu’on puisse faire pour amener le public à plus de curiosité ?

Matthijs Warnaar : Heu… J’ai bien peur qu’il n’y ait pas grand-chose à faire, mis à part individuellement, chacun de son côté (moi j’enseigne pas mal de musique) chacun de son côté on peut, à travers les cours, faire découvrir des choses, parler aux gens : « Allez voir des spectacles » etc. ; mais mis à part ça il n’y a pas grand chose à faire. On est pas aidé du tout par les structures plus importantes comme l’Éducation Nationale etc. Donc à mon avis, pour redonner goût aux personnes d’aller au théâtre, une chose à faire serait qu’ils fassent la " Star’Ac " du théâtre, sur TF1. Mais ce serait pas encore la bonne solution…

Les relations avec l’Éducation Nationale et le système éducatif français en général sont assez ténues ?

Matthijs Warnaar : Complètement. Il n’y en a pas du tout. Alors bien sûr il y a des interventions qui se font, le TNN fait des interventions dans les écoles, il y a des scolaires qui vont au théâtre.

Oui, j’ai écrit un article récemment à ce sujet.

Matthijs Warnaar : Effectivement, pour des grosses structures comme ça, c’est faisable ; pour les petits théâtres, il n’y a pas suffisamment de gens à intéresser au théâtre pour que ce soit viable.

Marie-Pierre :Concrètement, aussi, c’est oser sortir des sentiers battus. C’est peut-être proposer des choses qui sont populaires aussi, mais qui sont pas forcément toujours les mêmes. Et dans ce sens là, pour moi Michel LEGRAND et Jacques DEMY, c’est des choses qui sont populaires, très populaires, mais pour l’instant, par ici, j’ai pas vu cette chose là se monter et se faire. Et c’est peut-être aussi en proposant justement la diversité, en mettant l’accent sur la diversité. Voilà.

medium_Blogatoire-Marie-Pierre-05.jpg               medium_Blogatoire-Marie-Pierre-06.jpg
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" Quand ça balance...! "
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Création d’après l’œuvre de Michel LEGRAND
Production Le Navire
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Mise en scène & scénographie, Fabien DUPRAT
Chant, Marie Pierre FOESSEL, Isabelle TOSI, Fabien DUPRAT
Piano, Eric ALBERTI
Contrebasse, Kevin TARDEVET
Batterie, Laurent SARRIEN
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« Oh ! Vous les musiciens, attachés à la vie par un chant d’oiseau, retenus à l’amour par un simple mot. Vous mes bohémiens, je vous aime, je vous vois et j’écouterais vos silences… » Michel Legrand
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Quoi de plus difficile que de suivre Michel Legrand dont la carrière est un tourbillon musical. De Paris à New York, de La Nouvelle Orléans à Los Angeles, l’homme prodige est partout…Après avoir commencé le piano à l’âge de 4 ans, il entre au Conservatoire à 10 ans et en ressort quelques années plus tard avec une accumulation de Prix et surtout le don de jouer de douze instruments ! C’est en adolescent fasciné qu’il va découvrir le jazz et quelques années après le monde du cinéma. Happé par la Nouvelle Vague dans les années 50 il commencera une collaboration avec le grand écran qui ne connaîtra plus de pause. Très attaché à l’idée de « servir » le film pour lequel il compose, il travaillera avec des réalisateurs aussi remarquables que Jean-Luc Godard ou Jacques Demy. Sa coopération avec ce dernier sera déterminante. Il habillera de sa musique le très populaire Les demoiselles de Rochefort et contribuera largement au triomphe Des parapluies de Cherbourg auquel la Palme d’or est attribuée en 1964.  Auteur, compositeur, arrangeur, chanteur, chef d’orchestre, producteur reconnu par les plus grands  musiciens de ce monde, il est au jazz, à la chanson et au classique…
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Quand ça balance, La valse des Lilas, Quand on s’aime, les Demoiselles de Rochefort, Peau d’Ane, You must believe in spring, Whatch what happens et bien d’autres… Nous empruntons les notes de ce musicien insatiable et génial l’espace d’un spectacle, pour un voyage au coeur du swing et de la poésie, mais surtout pour célébrer et partager ensemble un grand, très grand amour de la musique, de toutes les musiques…
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Vendredi 8 décembre à 20h30
Samedi 9 décembre à 20h30
Dimanche 10 décembre à 16h
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Centre culturel de la Providence, Vieux Nice
Renseignements & réservations 04.93.80.34.12
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Prix des places de 6 à 15 €