02/08/2008
Traduction
« Bedeckt diesen Busen, ich kann seinen Anblick nicht ertragen; » Cette célèbre réplique du Tartuffe de MOLIÈRE est plus aisément reconnaissable dans sa version française d’origine : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ».
Je reviens d’une semaine de vacances en Forêt Noire, et j’ai entre autre ramené une édition allemande du Tartuffe, avec sa traduction française, destinée aux étudiants d’outre-Rhin qui apprennent le français.
C’est une pièce de cinq actes en vers, mais le traducteur n’a pas eu la possibilité de maintenir les rimes des alexandrins ni leurs douze pieds caractéristiques.
Je me posais depuis longtemps cette question au sujet des traductions et j’ai eu l’occasion de l’approfondir lorsque mes hôtes allemands m’ont offert cet exemplaire du Tartuffe. Car je venais de leur dire que je répète cette pièce pour la jouer (peut-être !) à l’automne prochain.
Il s’agira de la première version que MOLIÈRE avait écrite, donc une pièce en trois actes seulement. En effet, la toute première mouture que l’auteur produisit fut rapidement censurée par le pouvoir. Pourtant, des représentations furent données devant le cardinal légat du pape, devant le grand Condé et même devant Monsieur, le frère du roi. Sa Majesté devait d’ailleurs, quelques mois plus tard, nommer la troupe de MOLIÈRE troupe du roi avec une pension de 6000 livres (énorme pour l’époque). Mais malgré cela, la cabale des dévots fut la plus forte et la pièce dut être révisée par deux fois avant d’être acceptée par tous.
En réalité, beaucoup supposent que même les trois actes primitifs ont été modifiés. Sans doute quelques portraits trop précis de personnalités faisant partie de la Cabale ont été adoucis et quelques allusions à des événements récents furent supprimés. Mais le plus important, il me semble, reste l’ajout de deux actes entiers, excusez du peu, nécessaires à une modification plausible de l’histoire. Plausible… non. Même lui n’y est pas arrivé. La fin de ce Tartuffe est ridicule, béni-oui-oui, con-con. Et dire que c’est cette troisième version édulcorée que l’on édite encore aujourd’hui ; dire que des générations d’étudiants lisent sans broncher les cinq actes jusqu’à la fin. Et pire, des générations de spectateurs ont pu applaudir un Tartuffe dénaturé et compromis.
Sans doute que notre version ne pourra pas respecter intégralement le texte primitif, celui-ci ayant disparu, mais tout de même, nous rendrons à MOLIÈRE ce qui lui appartient : son courage, ses idées, son art.
Au début de l’année 1664, Jean-Baptiste POQUELIN a écrit une première version du Tartuffe. Cette version était très osée pour l’époque. Il l’a écrite quand même. Il a tenté le coup. Ensuite, a-t-il corrompu son œuvre, a-t-il vendu son âme pour permettre à sa pièce de continuer ? Ce n’est pas, à mon sens, une attitude méprisable. Tout faire plutôt que de laisser sa pièce dans les cartons.
Les gentils rebelles d’aujourd’hui diraient le contraire : ne rien lâcher, ne rien modifier, plutôt ne rien produire que de montrer une œuvre qui ne vienne pas à 100% de soit. Et Cyrano lui-même ne répond-il pas au Comte DE GUICHE : « Impossible, Monsieur ; mon sang se coagule / En pensant qu'on y peut changer une virgule. »
Cependant, je reste persuadé que, lorsqu’on a le théâtre dans le sang, on préfère se résigner à des concessions et jouer, plutôt que de rester seul avec sa fierté intacte mais avec une production égale à zéro. Notre amour-propre passe après notre amour de la scène.
Beaucoup, vraiment beaucoup d’artistes, et pas seulement au théâtre, vivent cela quotidiennement. La concession.
Il me vient en mémoire un tel désagrément qu’a vécu HERGÉ. Ceux qui ont lu On a Marché sur la Lune savent que vers la fin de l’album, l’ingénieur WOLF se sacrifie en se jetant dans l’espace, hors de la fusée lunaire, se condamnant à une mort certaine. Sur le billet d’adieu qu’il adresse au reste de l'équipage, il écrit entre autre : « … quant à moi, un miracle peut-être me permettra d’en réchapper… ». C’est aussi ridicule, béni-oui-oui et con-con que l’acte V du Tartuffe ! WOLF, comme le lecteur, sait très bien que c’est absolument impossible, qu’il n’y aura pas de miracle. Mais HERGÉ a dû céder à de multiples pressions, face à tous ceux qui pensaient qu’on ne doit pas parler de suicide dans une publication pour les jeunes, et rajouter cette phrase qu’il regrettera toute sa vie.
Je reste persuadé que MOLIÈRE a du longtemps souffrir de ce remaniement forcé de sa pièce, que lui aussi l’a regretté toute sa vie, mais qu’il a préféré cela au néant, au rien, au non-théâtre.
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Enfin, lorsque vous vous amuserez à citer ce texte, ne dites plus « « Cachez ce sein… » mais bien « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » COUVREZ ! Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde dit CACHEZ. Tartuffe est bien trop subtil pour donner un ordre ostensiblement si prude, conservateur et directif. Il sait, par son langage, arrondir les angles qui peuvent blesser. COUVREZ ! « Couvrez ce sein que je ne saurais voir… »
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16/01/2008
Je souhaite à toutes et à tous une bonne et culturelle année 2008 !
Pour ma part, elle a bien commencé puisque je suis allé au TNN voir deux farces peu connues de MOLIÈRE : « la Jalousie du Barbouillé » suivie du « Médecin Volant ». La première fut écrite aux environs de 1650 et la deuxième vers 1645, lors de la toute première époque de l’Illustre Théâtre (hé oui ! ;.) juste avant l’emprisonnement du chef de la troupe pour dette. Mais elles ne furent jouées, à Paris du moins, qu’à partir de 1660.
C’était une bonne idée de programmer ces deux pièces pour plusieurs raisons : tout d’abord, bien que je respecte profondément Jean-Baptiste POQUELIN, certaines de ses œuvres sont vraiment sur-représentées par rapport à l’ensemble de la production dramatique française, laissant moins de place à des textes tout aussi intéressants.
Et précisément, certains opus de MOLIÈRE, qualifiés injustement de « mineurs », font eux aussi les frais de ce phénomène.
Injuste en effet, car même si ces farces, impromptus et autres divertissements sont des textes relativement courts — souvent un seul acte qui ne dépasse pas quarante minutes — elles restent des pièces à part entière ; et non pas des "brouillons" de pièces plus connues. Oui, c’est vrai que certains passages annoncent « le Médecin Malgré Lui » et « Georges Dandin », mais cette impression vient du fait que ses premières œuvres, MOLIÈRE les avait construites à la manière des comédies italiennes qu’il avait déjà pu voir, sur la base de canevas sans cesse retravaillés et de personnages prédéfinis. Mais une fois le rideau tombé (façon de parler : dans la salle Michel SIMON, il n’y en a pas) on peut constater que chaque pièce se suffit à elle-même.
Enfin presque car, comme il est difficile de demander au public de venir assister à moins de quarante minutes de théâtre, les metteurs en scène jumellent fréquemment deux ou trois œuvres en un seul spectacle.
La première conséquence de ce choix et que souvent, le public est heureux de retrouver, d’une farce à l’autre, les mêmes comédiens dans des rôles différents. C’est parfois presque jubilatoire. De plus, l’attention du public (petits et grands) est plus facile à maintenir.
Ce vendredi soir-là, nous avons eu droit à une représentation drôle et enlevée. D’ailleurs, nous avions dans la salle plusieurs groupes de collégiens qui manifestement étaient venus sans se concerter. J’ai pu observer chez eux une grande réactivité, une quasi-participation pour certains parmi les plus jeunes qui ne pouvaient s’empêcher de réagir en parlant.
Au contraire de MUSSET, où l’on trouve de superbes répliques qui pourraient se suffire à elles-mêmes, la farce impose d’être servi par un metteur en scène excellent et des comédiens à la hauteur.
Et pour la mise en scène, Pierre PRADINAS s’est montré inventif : c’est même un très bon exemple pour montrer à quel point le travail de mise en scène et d’interprétation peuvent révéler un texte. (pour ceux qui ont l’intention d’aller voir ce spectacle, je vous engage à faire l’expérience et de lire le texte en cliquant ICI) Aussi, c’était une bonne chose que « le Médecin Volant » soit étudié dans certains collèges. Mon fils se trouve dans l’un d’eux. J’espère qu’il pourra, comme je le lui ai demandé, recueillir l’avis de deux ou trois de ses camarades. J’espère aussi qu’il verra toute la différence entre un livre ouvert dans une salle de classe et un comédien vivant sur une scène.
Les rôles masculins étaient confiés aux comédiens permanents du TNN :
Jacques BELLAY ; Paul CHARIÉRAS ; Aurélien CHAUSSADE ; Paulo CORREIA et Frédéric de GOLDFIEM.
Le premier d’entre eux m’a semblé moins excellent que ses partenaires. On dit souvent qu’il vaut mieux dix comédiens moyens que neuf bons et un extraordinaire. La différence de niveau dans un groupe se perçoit davantage que le niveau global. Aussi, même s’il a montré ailleurs qu’il était un comédien capable du meilleur, Jacques BELLAY, par un jeu trop convenu, s’est contenté d’être seulement bon. Ce n’est pas suffisant, au théâtre il faut être « au top » (choisissez vous-même votre superlatif…) ce qui est difficile et malheureusement, trop souvent nous n’atteignons pas un tel but.
Les rôles féminins étaient tenus par :
Cécile MATHIEU et Philippine PIERRE-BROSSOLETTE.
A l’origine, le programme mentionnait « Sophie DUEZ » et « programmation en cour ». Nous n’avons pas eu à nous plaindre de ce changement.
P.P.P. (Petite Parenthèse Pognon) :
Il y a deux séries de tarifs au TNN :
Pour la salle Pierre BRASSEUR, selon le placement (numéroté), le prix d’une location s’élève à 32 €, 24 € ou 11 € en plein tarif et 25 €, 18 € ou 7,50 € en tarif réduit ;
Pour la salle Michel SIMON, le placement libre laisse un seul tarif plein de 22 € et un tarif réduit de 16 €.
La salle Pierre BRASSEUR est une véritable salle "à l’italienne", c'est-à-dire avec un parterre de fauteuils et plusieurs étages de balcons (le dernier étage étant le fameux « paradis ») ; la salle Michel SIMON est disposée comme un amphithéâtre de 350 places au confort approximatif mais offrant un lieu propice à l’échange.
Pour qui veut profiter d’un casier pour y déposer ses vêtements, il est préférable d’arriver un quart d’heure en avance. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai horreur de garder mon blouson sur mes genoux tout le temps de la représentation !
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23/09/2007
Apéro
Apéritif vendredi soir dernier à La Semeuse, pour présenter la saison 2007-2008. Plus exactement au Centre Culturel de la Providence, cette fameuse église désacralisée au sujet de laquelle j’ai déjà écrit ici qu’elle était un lieu atypique et beau. Discours de Frédéric REY qui annonçait les spectacles à venir cette saison, en présence parfois des artistes eux-mêmes. Isabelle COUTIN, quant à elle, nous parlait de la programmation pour « enfants et jeunes ».
Il faut tout de même préciser que cette association, très ancienne, dispose d’une assise assez large : une visite de leur site vous le démontrera en cliquant ICI. Et tant qu’à visiter ce site, allez donc à la rubrique « Des spectacles », vous pourrez y télécharger l’intégralité du programme, au format PDF.
Diverses choses ont retenu mon attention (après, ce sera une question de fiances personnelles…) :
JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND, par la Cie ART&CO. Je suis curieux de voir une adaptation de la célèbre histoire écrite en 1970 par Robert BACH (un film était sortit trois ans plus tard, mais je ne le connais pas).
FANDO ET LIS, par la Cie SÎN. J’ai déjà travaillé ce texte de Fernando ARRABAL. C’est une des premières pièces qu’il ait écrites et j’ai toujours préféré ce qu’il faisait à ses débuts. Intensité dramatique parfois insupportable (j’ai déjà vu des spectateurs quitter la salle, pris de nausée) la cruauté et la naïveté des personnages adultes qui se comportent comme des enfants sont une des composantes essentielles d’un univers absurde crée par cet écrivain d’origine espagnole. Je recommande également la lecture de son roman « Viva la Muerte – Baal Babylone », pour mieux comprendre qui est ARRABAL.
TARTUFFE (de l’incontournable MOLIÈRE), par la Cie L’IMPROMPTU. J’ai envie de voir quelle sera la mise en scène de Jacques FENOUILLET, également écrivain et comédien qui a certainement des défauts, comme tout un chacun, mais qui n’a jamais fait la moindre concession lorsqu’il s’agissait de théâtre. Je n’ai pas pensé à lui poser la question, mais je me demande si le nom de la compagnie ne fait pas référence justement à MOLIÈRE : on sait que (je veux dire « on nous apprend au collège que ») sa pièce « l’École des Femmes » avait déchaîné contre lui les foudres de gens puissants et agressifs. Une des répliques de MOLIÈRE à ces attaques contre lui avait été la création de « l’Impromptu de Versailles ».
Ensuite, j’ai appris "le retour de l’enfant prodigue" ; blague à part, il s’agit de L’AMOUREUSE, la première pièce écrite par Luce COLMANT. Cette comédienne et metteur en scène, co-fondatrice de la Cie Vis Fabula, a œuvré de longues années dans notre département, puis est allé poursuivre son activité à Paris. Elle nous revient donc juste l’espace d’un moment, le temps de nous faire découvrir sa première création en tant qu’écrivain.
Enfin, il faut noter que le programme annonce plusieurs spectacles de marionnettes, dont certains également pour les adultes. L’aperçu présenté ce vendredi, après les annonces et les remerciements, m’a donné envie de les découvrir entièrement.
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17/07/2007
Quelques dates à retenir pour ces prochains jours
Parmi les spectacles proposés lors du 3ème festival de théâtre à Colomar « les Colo’comédies 2007 », il y en a deux qui me paraissent intéressants :
Le samedi 21 juillet, à 20h30 – « Rencontres », de Guy FOISSY (l’affiche mentionne Guy FOSSY, mais c’est sûrement une erreur…), interprété par la Cie l’Épigramme, dont j’avais autrefois interviewé l’une des comédiennes (cliquer ICI pour relire l’article).
Le dimanche 22 juillet, à 20h00 - « Les Fourberies de Scapin », de MOLIÈRE, interprété par la Cie La voix du Silence, que j’ai vue à l’œuvre dans « l’Avare », du même auteur. Je peux dire que leur version Commedia dell’Arte est excellente, on voit que c’est un style qu’ils travaillent depuis longtemps. Renseignements au 04 92 15 17 34 ou 06 03 13 86 14
Marie-Pierre FOESSEL Chante Gainsbourg d’une façon très personnelle dans son excellent récital « l’O à la bouche ».
En juillet, les mardi 17 et mercredi 18 puis les mardi 24, mercredi 25 et jeudi 26 ; à 21h00.
Au Théâtre du Cours, salle de l’Atelier (rue de la Barillerie)
Renseignements – réservations au 04 93 80 12 67
Enfin, une comédie "jardinière" et "déambulatoire" : « le Tour de l’Infini », de Thierry VINCENT, interprété par la Cie BAL.
Cela fait deux fois que j’essaye d’assister à une de leurs représentations, mais à chaque fois mes essais sont contrariés. Donc, pas vu. Malgré tout, leur programme me met l’eau à la bouche.
Si quelqu’un parmi vous souhaitait aller voir ce spectacle (pour petits et grands), qu’il n’hésite pas ensuite à nous en faire un commentaire, je le reproduirai ici volontiers.
C’est à 19h00, les jeudi 19 et mardi 24 juillet, au Trophée des Alpes de La Turbie ;
ou les vendredi 20 et samedi 21 juillet, toujours à 19h00, à la Serre de la Madonne, à Menton.
L’entrée étant gratuite et le nombre de places limité, les réservations sont obligatoires, au 06 20 78 54 60.
Ainsi, l’été, beaucoup de spectacles se passent en plein air, dans des structures construites pour cet usage, ou bien dans des lieux détournés de leur fonction habituelle. Le public est souvent plus décontracté, les imprévus sont plus nombreux (bruits provenant du voisinage, animaux intempestifs…)
Que l’on ne s’imagine pas pour autant reproduire les mêmes cérémonies que nos prédécesseurs de l’Antiquité : à cette époque, les spectacles étaient joués en fin d’après-midi, vers le mois de mars. De plus, d’après ce que j’ai lu, le public était beaucoup moins discipliné que de nos jours…
Qu’à cela ne tienne, profitons de l’été pour aller au spectacle, découvrir de nouvelles choses.
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30/03/2007
« Moins 2 » : 18 sur 20
Roger DUMAS avait eu le Molière "meilleur comédien second rôle" en 2006 pour son interprétation dans cette pièce [ cliquez ICI pour (re)lire l’article ]. Mais ce soir, une affichette nous annonçait que le comédien à la voix puissante et au timbre si particulier était encore malade. C’est Jean-Louis BÉRARD qui le remplaçait. Nous espérons bien sûr que Roger DUMAS va se rétablir prochainement. J’imagine qu’un tel changement a dû profondément changer la tonalité de la pièce. En effet, même si son remplaçant est tout à fait à la hauteur, son accent et sa prosodie font davantage penser à quelqu’un comme Fernand SARDOU plutôt qu’à Roger DUMAS.
Malgré cela, le tandem de ces deux caractères différents fonctionne parfaitement. En effet, cette pièce très bien écrite par Samuel BENCHETRIT fonctionne souvent comme un enchaînement de sketchs, presque un duo comique. Le fil rouge cependant est un sujet grave : la mort. La mort certaine et toute proche. Et l’amour aussi, l’amitié. C’est un système très efficace que d’aborder des sujets aussi sérieux en déclanchant le rire. Et ici, le rire flirte souvent avec l’humour noir ; le style de jeu habituel à Jean-Louis TRINTIGNANT est ici bien employé. Un autre système efficace est celui d’une scénographie réduite aux accessoires les plus essentiels, accessoires qui constituent presque à eux seuls le décor.
Tous les autres personnages sont joués par Alexandra LONDON et Manuel DURAND. Samuel BENCHETRIT, qui signe aussi la mise en scène, fait ici un choix qui n’est pas rare au théâtre. Il m’est déjà arrivé de jouer plusieurs rôles dans un même spectacle. Il s’agit souvent d’un clin d’œil, d’une manière de montrer que ce n’est pas tout à fait sérieux.
Le programme annonce un spectacle d’une durée de 1h40, mais ce soir là, c’était plus court. Il y avait bien 5 minutes de moins. Rires moins nombreux ? (si, si, ça agit sur la durée d’un spectacle, je peux l’affirmer), coupures volontaires ou pas dans certaines scènes ? Je pense plutôt que cela a été dû à quelque chose comme le rythme plus rapide de Jean-Louis BÉRARD par rapport à celui de Roger DUMAS.
Est-ce une déformation : au début du spectacle, je commençais déjà à me demander ce que j’allais écrire dans cet article, lorsque je fus gêné par la faible portée de la voix des comédiens. Je me disais que peut-être tout le monde s’était ajusté au volume le plus faible, afin de ne pas créer de différence perceptible. Mais tout de même, j’étais situé près de la scène, que pouvaient donc bien entendre ceux qui se trouvaient au Paradis ? (le « Paradis » désigne la galerie située tout en haut de la salle ; le tarif est moins cher et, souvent, lorsqu’on veut louer une place au dernier moment, il en reste toujours dans ces étages élevés…) Mais très vite j’oubliais ce problème, constatant que la salle toute entière riait de bon cœur à chaque occasion. Ce n’est qu’une fois dehors que je fus rejoint sur un passage clouté par un couple de personnes âgées. L’homme me dit, en attendant que le signal piéton passe au vert : « Dommage qu’on n’entendait pas trop bien, car cette pièce est vraiment bien écrite. »
Pour terminer ce compte-rendu, je vous invite à découvrir un commentaire très différent en cliquant ICI. Je n’ai pas eu le temps de chercher où cette spectatrice avait pu voir la représentation qu’elle commente.
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