24/02/2011
Je suis claqué
Pour cette 5ème répétition, nous commençons à entrer dans les détails. La mise en scène étant globalement en place, on travaille presque réplique par réplique.
Dès la deuxième répétition est apparue une difficulté que j’avais prévu : la claque.
Mon personnage s’en prend neuf à lui tout seul (je les ai comptées) ! S’il s’était agi de coups de poing dans la mâchoire, on aurait trouvé un procédé, mais pour une claque, on ne truque pas, ce n’est pas la peine.
Et c’est là qu’est la difficulté : pas pour moi, qui reçois ces soufflets, mais pour celle qui les donne. En effet, c’est toujours très gênant pour quelqu’un de distribuer des baffes lorsqu’on ne l’a jamais fait, alors que les recevoir ne pose aucun problème particulier.
Mais justement, pour donner de bonnes claques bien sonores qui ne font pas mal, il faut être détendu et décidé. C’est lorsqu’on est nerveux que l’on fait mal, lorsque la main est rigide, lorsque le bras ne fait pas un seul geste ample, lorsque la gène vous fait manquer la joue d’un ou deux centimètres trop haut ou bien lorsque ce sont vos ongles et non votre main qui touchent le partenaire.
Il a donc fallu qu’Audrey TORJMAN s’accoutume à ce geste, s’habitue à cette sensation bizarre. Ça sert aussi à cela, les répétitions.
Le comédien qui reçoit lui, ne doit pas anticiper, mais il doit tout de même laisser sa tête se détourner et accompagner le mouvement : non seulement le coup sera moins rude, mais cela donnera un meilleur effet visuel.
Alfred est-il content ? En tout cas, il est en forme…
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18/02/2011
Le jeu de la vérité
Nous n’avons pas répété mardi 15 dernier, la salle n’était pas disponible ; c’est un petit tracas que rencontrent parfois ceux qui n’ont pas un local bien à eux.
A la place, je reviens sur un sujet que j’évoquais il y a quelques mois : la question du vrai au théâtre (cliquez ICI pour relire l’article). Je soulignais entre autre que chaque spectateur normalement constitué sait que tout ce qu’il verra durant le spectacle est faux, même s’il a devant lui le meilleur comédien du monde dans une mise en scène hyper réaliste.
Toutefois, cette remarque ne doit pas être la porte ouverte au n’importe quoi. En effet, si la réalité et le naturel ne sont pas les buts ultimes du théâtre, beaucoup de metteurs en scène restent exigeants sur la justesse des émotions ou de l’intonation, par souci de cohérence.
La cohérence est plus indispensable que le vrai au théâtre. Le plus improbable des personnages peut être très crédible, s’il réagit d’une façon juste par rapport à ce que l’on sait déjà de lui.
Je citerai un exemple qui m’a déjà servi ailleurs : vers la fin des Fourberies de Scapin, alors que le dénouement devient carrément invraisemblable, MOLIÈRE en rajoute une couche en faisant dire à Hyacinte : « Ô Ciel ! que d'aventures extraordinaires ! » Il n’est pas nécessaire que la comédienne qui joue le rôle ait l’air vraiment convaincue qu’il s’agit d’une aventure extraordinaire (ce n’est pas obligé, mais ce n’est pas interdit non plus) elle peut employer un ton ironique, montrer une explosion de joie ou danser et chanter… du moment que le public, qui a eu le temps de faire connaissance avec ce personnage, se dise « sacrée Hyacinte… » ou bien que cela aille dans le sens de la tonalité générale (façon Commedia dell’Arte, univers clownesque, intermède musical, comédie bourgeoise…). En revanche, si le metteur en scène demande à la comédienne de jouer, mettons, la folie douce, elle doit le faire à fond, "pour de vrai", que cela soit plausible ou non.
Restons en compagnie de MOLIÈRE et prenons comme deuxième exemple cet alexandrin extrait du Tartuffe : « La curiosité qui vous presse est bien forte » (Orgon, scène 2, acte II)
Les alexandrins sont, faut-il le rappeler, des vers de 12 pieds. Or, les auteurs se permettent parfois de petites entorses à cette métrique : certains vers ne comportent que 11 syllabes, mais l’une d’entre elle est décomposée en deux. C’est une convention mise en place depuis fort longtemps et acceptée même par les plus classiques. Elle peut s’appliquer à des mots contenant le son « YEU » par exemple, comme « curieux » qui se prononce d’ordinaire en deux syllabes KU — RYEU mais qui, en cas de besoin, comptera pour trois syllabes : KU — RI — EU.
Et c’est là l’origine d’un vaste débat (exagéré à mon sens). Il y a les partisans du "naturel" à tout prix, et qui recommandent donc de prononcer chaque mots comme dans la vie de tous les jours, et tant pis pour la métrique ; puis ceux qui s’attachent au rythme, à la musicalité ou parfois à la tradition, et qui souhaitent que chaque pied soit conservé, quitte à ce que certains mots soient prononcés d’une façon inhabituelle.
Dans notre exemple, nous avons donc le choix de dire (Je n’utilise pas ici l’écriture phonétique employée par les dictionnaires, car cela me paraît encore plus compliqué) :
« LA — KU — RI — O — ZI —TÉ — KI — VOUS — PRÈSS — È — BIEN — FORTE » (12 pieds)
ou bien :
« LA — KU — RYO — ZI —TÉ — KI — VOUS — PRÈSS — È — BIEN — FORTE » (11 pieds).
Les deux partis auront raison… à la condition d’être cohérent avec le reste du spectacle.
Si vous choisissez de toujours prononcer les 12 pieds, vous n’êtes ni plus ni moins vrai qu’un autre, simplement, vous voulez peut-être donner de l’importance à l’esthétique de la pièce, à la musicalité du texte, voire de montrer que ce ne sont que des personnages fictifs qui n’existent que le temps d’une représentation.
Je réalise à peine maintenant que j’ai commencé par le mot « vérité » et que je termine par une gravure représentant Tartuffe ! Pouf ! Pouf !
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10/02/2011
De Sophocle à Cairaschi, vastes horizons…
Après la Maison pour Tous de Contes et le Théâtre de la Tours à Nice, c’est le Théâtre Francis Gag, dans le Vieux-Nice, qui accueillera Carré de Dames ; une comédie en quatre actes écrite par Richard CAIRASCHI et interprétée par Aurélie PÉGLION.
Le communiqué de presse nous informe qu’il s’agit de « quatre histoires de Femmes à quatre époques différentes, de la vie à la fin de la vie : comment ont-elles vécu 14, 39, 68 ou 2012…? »
Richard CAIRASCHI, qui signe également la mise en scène, est venu à l’écriture de ce spectacle presque par hasard. En effet, on connaît ses débuts avec Noëlle PERNA au Bar des Oiseaux, la Cie Debi-Debo, puis surtout sa série de spectacles humoristiques — presque des ones-man-show — fortement teintés de Nissart, dont la fameuse trilogie des Chaises de la Prom’ en duo avec Martine PUJOL.
Mais il y a un an et demi, une association de la vallée du Paillon qui organise un festival autours du chant choral, avait pris pour thème de leur festival « les femmes ». Ils ont commandé à Richard un texte qui raconterait la vie d'une femme d'ici, que devait justement interpréter Aurélie, pour une unique représentation avec cette chorale, deux musiciens et des solistes. Leur collaboration fut un déclic, et Richard CAIRASCHI a eu envie d'écrire d'autres "tranches de vie"… c’est ainsi que naquit Carré de Dames.
Au sujet de ces quatre femmes qu’il fait vivre, il confie : « Je les ai toutes les quatre aimées, je les connais, je les aime toujours. »
L’accompagnement musical est assuré par Thomas GARCIA, compagnon d’Aurélie PÉGLION à la ville, et surtout musicien émérite sur la scène. Souvent, l’environnement sonore n’est pas la clef de voûte du spectacle, mais il reste un élément à part entière, auquel on ne prête pas toujours attention et qui a pourtant son importance, même si cela ne saute pas aux yeux… enfin, aux oreilles.
La seule petite remarque que je me permettrai de faire ici concerne le rythme de la pièce, directement lié à sa structure en quatre actes (en quatre femmes !) et dont l’un pourrait être raccourci, l’ensemble me paraissant trop régulier.
Théâtre Francis Gag — Vieux-Nice
Réservations au 04 93 91 84 18
Durée : 1h20 ~
Je n’ai pas trouvé le tarif…?
Pour ceux qui peuvent se rendre à Saint-Laurent-du-Var, Electre, de SOPHOCLE, est à l’affiche au Théâtre Georges Brassens ce week-end les vendredi 11 et samedi 12 à 20h30.
Plutôt avare d’information, le communiqué nous précise simplement le nom des artistes, réunis sous l’appellation de « Théâtre du TAC ».
Je ne connais pas cette compagnie, mais je connais un peu plus SOPHOCLE, et j’aurais bien aimé voir ce que l’on peut faire aujourd’hui avec un tel texte, écrit par un grec il a près de 25 siècles.
ESCHYLE, SOPHOCLE et EURIPIDE, les trois grands tragédiens grecs dont on a pu retrouver quelques œuvres, ont chacun écrit une « Électre », personnage de la mythologie faisant partie de la famille des Atrides.
Les tragédies de la Grèce antique obéissaient à des règles de composition qui, si elles évoluaient peu à peu, restaient tout de même très codifiées. L’Electre de SOPHOCLE est par exemple structurée de la façon suivante :
Prologue / Parodos / Épisode 1 / Stasimon 1 / Épisode 2 / Stasimon 2 / Épisode 3 / Stasimon 3 / Exodos.
Le prologue, on l’aura deviné, expose la situation ; dans le parodos et les stasimons, c’est le Chœur qui s’exprime, soit directement vers le public, soit vers un des protagonistes (ce procédé est arrivé jusqu’à nous aujourd’hui sous la forme de personnages divers et variés : bonnes, servantes, valets, confident, personnages secondaires, fantômes et autres animaux, qui eux aussi sont là pour mettre le public au parfum) ; enfin, les différents personnages parlent et agissent durant les épisodes, l’exodos contenant la conclusion (le plus souvent la mort, dans une tragédie).
Si un des lecteurs de ce blog avait la bonne idée d’assister à ce spectacle, son compte-rendu serait le bienvenu ici !
Théâtre Georges Brassens
222, Esplanade du Levant
Saint-Laurent-du-Var
Accueil téléphonique (de 13h30 à 17h00 du lundi au vendredi) 04 92 12 40 64
Tarif : 11 € - Réduit 7 €
C’est également ce week-end, les vendredi 11 et samedi 12 février à 21h00, le dimanche 13 à 15h00.
Tarif : 15 €uros – réduit : 10 €uros
Réservation conseillée au 04 92 07 86 50
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08/02/2011
Paresseux
Je viens de me rendre compte, à l’issue de notre quatrième répétition, combien je suis paresseux !
En effet, nous répétons une pièce dans laquelle j’ai déjà joué, mais dont la mise en scène sera différente, du fait notamment de la grande dimension du plateau.
Au lieu de profiter de l’aubaine et de donner à ALFRED mille propositions de jeu, j’ai traîné les pieds et tenté de revenir sans cesse à l’ancienne mise en scène.
Confortablement installé dans mon ronron douillet, je voulais juste profiter d’une recette facile parce que déjà utilisée !
Je me promets de ne plus agir ainsi et de tout bousculer lorsque j’en aurai l’occasion.
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02/02/2011
Troisième
Déjà la troisième répétition, le temps file ! Nous avons fait des "allemandes", c’est à dire que nous disons le texte en effectuant les déplacements, mais sans jouer vraiment. Il s’agit de mettre au point la mise en scène et de mémoriser le texte.
Cette scène quatre fois plus grande qu’au Théâtre du Cours offre plus de possibilités, aussi ALFRED souhaite revoir l’ensemble des déplacements et des entrées et sorties.
Une "Allemande", on a vu qu'il s'agissait de dire le texte et de se déplacer, sans jouer vraiment ;
La "couturière", c'est la première répétition avec les costumes ;
La "Générale", c'est la dernière répétition avant la "Première", qui, comme son nom l'indique, est la première représentation donnée face au public.
Dans les grandes structures, les personnes invités à la Générale arrivent à remplir la salle entière. Dans les petits théâtres, la générale se fait pratiquement à huis clo, et c'est à la première que viennent tous les invités.
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