29/02/2008
Le travail d’acteur
Il y a quelques semaines, je lisais une interview consacrée à Johnny DEPP. Je souhaite citer ici deux passages parmi les quelques réponses qu’il avait bien voulu fournir :
« … Le plus difficile, c’était de mettre de la mousse à raser sur les visages et de faire semblant de les raser. C’est très désagréable de raser un adulte. Mais là non plus, je n’ai pas suivi de préparation spécifique ni d’entraînement particulier. Est-ce que l’on va prendre des cours de crime avant de jouer un criminel ?... »
Cette réflexion me plait. En effet, un comédien professionnel est censé pouvoir jouer (et non pas « faire semblant » !) n’importe quelle situation sans avoir à s’entraîner avec toute une batterie de moyens. Je n’aime guère ces artistes qui racontent volontiers leurs longues journées passées dans un commissariat, pour essayer de coller le plus possible à la réalité d’un personnage flic qu’ils doivent jouer. La réalité exacte et factuelle, retranscrite avec une minutie laborieuse, est rarement utile. La seule réalité importante est celle de l’artiste. Et à trop vouloir faire vrai, on ennui tout le monde, le public s’en va. Bien sûr, ce n’est pas une raison pour camper des personnages improbables à force d’invraisemblance, mais je crois que Johnny DEPP fera un bon barbier tout à fait convaincant sans avoir passé le moindre diplôme de raseur.
Sur ce sujet, mon ami Vincent JOURDAN (oui, de REGARD-Indépendant, en lien ICI), me citait l’anecdote suivante : Laurence OLIVIER voit Dustin HOFFMAN quitter le lieu du tournage pour aller faire trois tours de pâté de maisons en courant. Une fois de retour, on demande à l’acteur légèrement essoufflé quelle mouche l’a donc piqué. Il répond que, dans la scène qui va être tournée dans un instant, il doit être essoufflé. Et Laurence OLIVIER lui répond alors : « Mais vous ne pouviez pas simplement le JOUER ? »
Le deuxième extrait que je retiens est plus douteux :
« … Il ne faut pas avoir peur de s’enlaidir. Tous les gens que j’admire dans mon métier sont des acteurs de composition. Après tout, c’est notre rôle de se cacher dans des personnages extravagants et de se déguiser avec des accoutrements fantaisistes… »
En effet, point de coquetterie lorsqu’on est comédien. Là-dessus, je suis entièrement d’accord (encore que j’ai rarement vu Johnny DEPP particulièrement enlaidit par ses déguisement). La fin de sa réponse me paraît en revanche réductrice. Donner vie à un personnage n’est pas forcément synonyme de déguisement. J’irai même jusqu'à dire que cela va en contradiction avec ce qu’il a dit dans le premier extrait. Car on peut très bien être barbier et ne pas se promener dans la rue avec un bol de savon, être policier et être en civil etc.
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Avec l’annonce suivante, nous revenons à la scène :
La Cie Le Théâtre du Fou propose
« Arlequin Serviteur de deux Maîtres »
De Carlo GOLDONI
Mise en scène : Bernard DORÉ
Avec : Christine BIAGINI, Sabrina BREZZO, Bernard DORÉ, Robert DUVAL, Frédérique FERRIÉ, Marjorie COURBET et dans le rôle-titre Arnault SOULABAILLE.
Durée du spectacle : 2h00
"Arlequin travaille pour un maître qui le laisse affamé. Aussi, a-t-il l'idée de se mettre sous les ordres d'un second maître, sans qu'aucun des deux n'en soit averti. Mais, n'a-t-il pas trop préjugé de sa débrouillardise ?"
Cette pièce a été écrite par GOLDONI, auteur Italien né à Venise en 1707 (mais mort à Paris en 1793, car il s’exila en France à la suite de désaccords avec d’autres confrères)
Comme Molière avant lui, il reprend les codes de la Commedia Dell’Arte non pas avec un canevas éternellement renouvelé mais avec un texte réellement construit, et un plus grand réalisme.
Ce spectacle sera joué à l’Espace Magnan
31, rue Louis de Coppet
NICE (Nice-Ouest, proche de la piscine "Jean Médecin")
Du 28/02/2008 au 09/03/2008 : les jeudi, vendredi et samedi à 21h00 et les dimanche à 15h00
Salle Jean Vigo
Tarif Normal : 15 € - Tarif Réduit : 10 €
La Cie Le Théâtre du Fou a été crée en 1989 par Bernard DORÉ, comédien et metteur en scène.
Elle réside à l’Espace Magnan, où elle a monté une trentaine de pièces.
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20/02/2008
TUTTI
Pour ceux qui sont rentrés de vacances ou bien ceux qui ne sont pas partis (comme moi !) voici quelques annonces de spectacles :
Au théâtre TRIMAGES :
« Folle Amanda » de Pierre BARILLET et Jean-Pierre GRÉDY
"Un grand succès du Boulevard, drôle et cocasse :
Ancienne vedette du Music-Hall, Amanda a vécu en cigale et connaît maintenant des jours difficiles. Elle a gardé intacts sa joie de vivre et le dynamisme qui firent sa gloire. Incurable optimiste, elle compte sur la publication de ses Mémoires et sur son come-back sous les feux de la rampe pour se renflouer. La visite de son ex-mari, devenu un ministre très en vue, compromet ses plans et bouleverse une seconde fois son existence..."
Mise en scène : Marie-Claire BLANCO
Avec : Emmanuelle LORRE, Pierre TODO, Yvette STEVE, Moussa BA, Marc BRET, Jean-Robert THIERRY, Michel BLANCK et Nathalie ROBERT
Chansons : Michel EMER - Arrangements : Michaël CREUSY
Les jeudi 21 à 19h30, vendredi 22 à 20h30 et samedi 23 à 18h00
Plein tarif : 14 € / Tarif réduit : 10 € (étudiants, chômeurs, seniors, adhérents Trimages, FNAC, Virgin, CE, associations, groupes de 10 personnes)
Réservations : téléphone 04 93 16 89 36 - mail infos@theatretrimages.com
Emmanuelle Lorre, chargée de communication
Théâtre TRIMAGES
17, rue d'Alsace-Lorraine
06000 NICE
Tel 04 93 16 89 36
Ensuite, un spectacle que l’on sert à table : c'est-à-dire que des comédiens sont mêlés au personnel d’un restaurant et accomplissent de petites scènes entre deux plats, voire en les apportant.
Il s’agit essentiellement de monologues et de dialogues extrait de textes d’Eugène DURIF et de Rémi DE VOS (c’est une simple coïncidence avec la programmation au Théâtre de La Semeuse, voir plus bas)
Ce sera les
Mardi 26 février au « DÉMODÉ », rue Benoît BUNICO à NICE
Jeudi 20 mars au « PÊCHEURS », 18 quai Docks à NICE
Puis les
Mardi 29 avril au DÉMODÉ
Mardi 27 mai au DÉMODÉ
Mardi 10 juin au DÉMODÉ
Le tarif est de 20€ avec le repas, sans compter le vin et le café, mais avec un apéro offert. (On m’indique qu’il faut payer à l’entrée, on me précise même qu’il y a 5 €uros pour la Cie du Lundi, et 15 €uros pour le restaurant !)
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Puis, au TEOCALI, nous avons deux dates à retenir :
Le vendredi 22 février : « Que braià mi meti ?»
One man show de et par XAVIER BORRIGLIONE
"Toinou, vieux berger et joueur de fifre de la Vésubie, mène une vie simple et paisible, assis au bord du monde dans sa ferme de Gaudissart. Un jour, au hasard de la vie, son chemin va croiser celui de Kamel, un jeune délinquant de la cité. De cette rencontre, improbable et décalée vont naître de grands moments de partage que Toinou vous livre à travers un récit tour à tour hilarant, délirant et émouvant."
Le samedi 23 février « Kaena Colora » (flamenco)
Pascal GOMEZ, Melina RUIZ (danse) - El Quino (guitare) - Miguel FERNANDEZ, Laura SCIBETTA (chant) - Dito MALEN (percussions, palmas et jaleos)
"Le flamenco est un art créé par le peuple gitan et andalou, sur la base d'un folklore populaire issu des diverses cultures qui s'épanouissent au long des siècles."
Réservations / renseignements au 04 93 62 91 18 ou 06 60 91 39 68
teocali@tiscali.fr
Café-théâtre LE TEOCALI
16, rue Benoît BUNICO
06300 (VIEUX) NICE
Et dans cette même salle, les vendredi 29 février et samedi 1er mars à 20h30 :
« TANO »
One man show de et par TANO
"Plus que des sketchs, ce qu’il écrit ressemble à des petites comédies. TANO a la maîtrise des coups de théâtre et l’art du développement. Il sait tirer un argument à sa chute, sans jamais l’étirer. Entre le rire et les larmes il parle de nos obsessions, de nos tabous. Acerbe et cynique, il regarde le monde avec humour et tendresse."
A son actif : Prix du Jury au Festival de Villeurbanne en 2006 ; vainqueur à Monaco aux Sérénissimes de l’Humour 2007 ; Prix du Jury 2007 au Réservoir à Paris au festival organisé par Juste pour Rire…
Retrouvez tout TANO sur www.tano.fr/
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Il n’y a pas qu’à Nice où l’on peut trouver des spectacles vivants et intéressants : au théâtre ANTIBÉA par exemple.
"Après son succès au Festival OFF d'Avignon 2007, venez (re)découvrir la fantaisie musicale « Prévert & Imprévus »".
les vendredi 22 & samedi 23 février à 20h30 et le dimanche 24 février à 16h00
Tarif normal : 15 € - réduit : 12 €
Théâtre ANTIBÉA
15, rue Georges Clémenceau, ANTIBES
Réservation au 04 93 34 24 30
La Cie Une Petite Voix m'a Dit
12, rue Delille 06000 NICE
06 20 72 37 27
Contact : Sabine
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Toujours en dehors de Nice, nous avons la commune de LA GAUDE qui accueille la Cie ARKETAL
J’ai déjà parlé de cette structure qui s’est spécialisée dans l’univers de la marionnette (cliquez ICI pour relire l’article), son site reste en lien dans la fameuse "colonne de gauche".
Ils se produisent bien au-delà des Alpes-Maritimes, mais régulièrement petits et grands du 06 peuvent admirer un de leurs spectacles. Notez donc leur prochain rendez-vous :
« L'OEIL DU LOUP »
D'après Daniel PENNAC
Le 7 mars 2008 à 10h30 et 14h00
La Coupole - 06610 LA GAUDE
Tel. 04 93 24 49 81
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Le Théâtre L'IMPASSE programme un one-man-show :
« FIGURES LIBRES » de et par Jean-François SANTOLINI
"C'est une galerie de portraits déjantés et surréalistes d'individus qui peuplent un univers à peine plus fou que le vrai... Ce sont donc des personnages en liberté, affranchis des barrières du possible, qui caricaturent jusqu'à l'absurde nos comportements et poussent des situations quotidiennes dans leurs retranchements les plus grotesques. Après ça, vous n'achèterez plus jamais votre pain comme avant…"
du 21 au 28 février ; jeudi, vendredi et samedi à 21h00, dimanche à 20h00
Tarif : 15€ - Réduit : 12€ - Car'1Passe : 10€
L'IMPASSE-THEATRE
Rue de la Tour
06300 (VIEUX) NICE
Tram: Cathédrale Vieille Ville
Réservation au 06.70.62.19.34 ou 04.93.92.66.25
contact@theatredelimpasse.com
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Le théâtre de La Semeuse, quant à lui, nous propose :
« Projection Privée », de Rémi DE VOS
"Un homme rentre tard chez lui et trouve sa femme devant la télévision. Ils échangent quelques mots ; ça ne prête pas à conséquence, puisque le film n'a pas encore commencé. L'ennui, c'est que l'homme n'est pas seul : l'accompagne une fille rencontrée au Copacabana quelques heures plus tôt. Et là, ça na va plus. Car… comment regarder tranquillement la télévision dans ces conditions ?"
Avec Aline ROSSIGNOL, Jean-Louis STORA et Valérie CECCHINI
Mise en scène de Stéphane EICHENHOLC
les 6, 7, 8 et 9 mars puis les 14, 15 et 16 Mars
Jeudi, vendredi, samedi à 20h30 et dimanche à 15h00
Réservations au 04 93 92 85 08
Théâtre de la Semeuse
2, Montée Auguste Kerl - Vieux Nice
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« Nez pas Gourmand qui Veut » (cliquez ICI pour relire l’article)
Ce spectacle de clown est autant pour les enfants que pour les grands, vraiment.
Le 22/03/2008 à 13h30 à la salle Hermès d’ACROPOLIS
Téléphone : 04 93 92 83 00
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Au Théâtre de la Cité
« Mystère Bouffe », comédie de Dario FO & Franca RAME.
"Prix d'interprétation au Printemps des Comédiens. Ralph SCHÜTTE brûle littéralement les planches… " Nous annonce-t-on. Et c’est vrai. J’avais déjà cité Ralph, lors de l’avant-dernier article, comme professeur de théâtre à l’Atelier du Cours. Mais il est avant tout comédien, et même bon comédien. Il y a deux ans, à La Semeuse, j’avais déjà vu ce spectacle drôle, proche de la Comedia del Arte ; j’avais passé une très bonne soirée. Plus tard, j’ai eu la chance de jouer avec lui dans « Un Grand Cri d’Amour », de Josiane BALASKO. Et bien, non seulement c’est un bon comédien, mais en plus c’est un gars très sympathique.
« Mystère Bouffe », c’est du vendredi 29 février au samedi 08 mars
Tarif normal : 15 € - comité d’entreprise : 12 € - réduit : 10 €
Renseignements et réservations 04 93 16 82 69
Théâtre de la Cité
3, rue Paganini à NICE
Ce même théâtre programme, les 14, 15, 16 et 17 mars (du vendredi au lundi) « Couple ouvert à deux Battants », une autre comédie de Dario FO & Franca RAME.
"Sur le thème du couple et de ses contradictions, cette comédie satirique drôle et vive qui décortique la traditionnelle scène de ménage, pousse jusqu'à la caricature l'hypocrisie du mâle, la rouerie de la femelle, la ruse des deux. Un homme trompe sa femme : jusque là, rien d'anormal. Ils représentent, finalement, le joli couple fermé, dit "traditionnel". Sa femme, follement désespérée, tente, avec enthousiasme, drôlerie et dynamisme de se suicider, sans accepter pour autant de se laisser suicider par son mari. Sourd à son appel au secours, le mari lui propose une union libre dans laquelle « Ô ! Liberté ! », serait possible d'aller voir ailleurs à son gré. C'est l'exceptionnel couple ouvert !"
Adaptation : Valéria TASCA
Mise en scène : Stéphane EICHENHOLC
Distribution : Claire TULOUP - Denis DUTHIEUW
Décors : Patrick SCARRONE
Participation musicale : Stéphane BRUNELLO - Bande son Studios MDS
Enfin, pour les pauvres malchanceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne pourraient absolument pas sortir ces prochaines semaines, allez donc écouter un extrait du répertoire de Marie-pierre FOESSEL en cliquant sur ce lien : www.myspace.com/foessel
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12/02/2008
Liste de Gauche
Encore de nouveaux liens qui viennent s’ajouter à la fameuse « liste de gauche ». Non ! Non ! Il ne s’agit pas d’élections municipales ! Je veux parler de la liste située à gauche de cette page, et qui vous donne les liens vers les autres sites en rapport avec le Spectacle Vivant dans les Alpes-Maritimes.
Et puisque Lisie PHILIP nous a récemment laissé quelques commentaires, commençons par elle. Cette jeune maman, qui a crée sa compagnie de théâtre-danse en 1997, la Cie Antipodes, a commencé vers l’âge de 15 ans une carrière internationale de danseuse, notamment en intégrant les Ballets Béjart Lausanne.
Une blessure à la cheville change le cours de sa vie de danseuse. Elle se forme alors au théâtre, c’est à ce moment qu’elle décide de fonder sa propre compagnie, avec son… compagnon Raphaël THIERS.
Celui-ci, après quelques mois d’expérience dans leur toute nouvelle structure, décide d’abandonner son (très) confortable salaire d’informaticien pour se lancer en plein dans l’aventure Antipodes.
Morena DI VICO, venue d’Italie pour danser sur les scènes azuréennes ; Mathieu GEGHRE qui prête souvent ses talents musicaux ; Richard COVELLO, qui apporte un savoir-faire précieux dans le domaine complexe de l’image et de l’informatique pour la scène (certaines créations sont de vrais laboratoires !)… Lentement, obstacle après obstacle, mais aussi spectacle après spectacle, les artistes de la compagnie, désormais un peu plus nombreux, ont réussi à se faire une place dans le monde très difficile de la danse.
Sur le site de la Cie Antipodes, la vidéo d’un de leur spectacle, « Ich Bin Don Quichotte » (qui a vu le jour lors des 7èmes Rencontres Cinéma et Vidéo organisées par Regard Indépendant, youpee !) est très bien réalisée, mais elle ne restitue pas suffisamment toute la magie de cette fusion de la danse et de la vidéo.
Lisie elle-même me le confiait un jour : c’est un genre qui est à la mode, trop ; et certains chorégraphes en mal d’inspiration, et surtout de subvention, n’hésitent plus à ficeler un montage hâtif avec quelques danseurs, une caméra et un écran, afin de plaire aux programmateurs. Alors qu’avec un peu d’imagination, du talent et beaucoup de travail, on crée des spectacles magiques, inoubliables. Aussi, n’hésitez pas à consulter leur site pour vous tenir au courant de leurs prochaines performances. Dans l’immédiat, ce sera lors du prochain « 06 en scène » le 24 mars.
Restons dans le domaine de la danse et allons cliquer sur le 06 danse .
" Ce qui se crée en danse, les spectacles, les compagnies, les coups de cœur dans les Alpes-Maritimes : pour tous ceux qui dansent leur vie ! " indique le sous-titre de ce site.
Il est intéressant et on devine bien l’envie de son auteur de nous faire partager sa passion. Il est à peu près régulièrement alimenté en articles très divers. A consulter régulièrement donc.
Je parlais des 7ème Rencontres Cinéma et Vidéo : cette manifestation culturelle, centrée sur le cinéma indépendant et émergent, s’est déroulée ces trois dernières années au Théâtre TRIMAGES. Les 10ème Rencontres devraient normalement se tenir également dans ce lieu un peu particulier. Je ne vous en dis pas plus, et vous invite à aller visiter le site et à cliquer sur l’onglet « le théâtre » pour en découvrir toute l’histoire.
Je rajouterai que la programmation offre ces temps-ci la part belle aux spectacles pour enfants. Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien pour les adultes, au contraire, le théâtre TRIMAGES cultive son éclectisme.
Pour terminer cette note, je voulais mentionner le site du Théâtre du Cours, où j’ai déjà joué plusieurs saisons, en y laissant des centaines de soirées passées en répétitions et en représentations.
Le Théâtre du Cours, avec ses loges si petites qu’on se demande chaque année comment on va faire pour tous y rentrer et gérer les changements de costumes.
Le Théâtre du Cours, qui programme depuis bientôt vingt ans des comédies contemporaines connues ou moins connues et qui font le régal d’un public remarquablement fidèle.
Le Théâtre du Cours enfin, qui fut créé par Henri MASINI, figure incontournable du Vieux-Nice, et qui fut antiquaire, avant d’être gagné par le virus de la scène. Il a récemment réaménagé une deuxième salle dans la rue voisine, là où se déroulent les cours d’art dramatique, dispensés par Ralph SCHÜTTE, comédien aux multiples facettes.
C’est dingue ça, rien que d’avoir évoqué tous ces artistes, tous ces lieux, j’ai le cœur serré par l’émotion. Je me dis que certaines choses appartiendront bientôt au passé. Et on a beau se répéter que « The Show Must Go On », on pense aussi qu’il faut « Carpe Diem » !
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02/02/2008
N O N ! ! !
Mon amie me demande gentiment si elle peut assister à une de nos répétitions. Je lui réponds aussitôt « non ! » d’une manière quasi automatique et plutôt abrupte. Je m’en rends compte et lui explique que la plupart des metteurs en scène n’acceptent pas qu’une personne étrangère au spectacle puisse voir ne serait-ce qu’une fraction de leur travail en cours de réalisation.
Cela peut paraître démesuré comme attitude, on pourrait croire qu’ils en font un peu trop dans le mystérieux. Peut-être. Mais c’est comme ça, je n’ai pas le choix.
Elle est déçue, elle aimerait voir comment se déroule une répétition. Je la console en lui disant que chaque metteur en scène a sa façon de travailler.
Par exemple, je me souviens qu’avec Henri LEGENDRE, qui dirige le Théâtre de l’Alphabet, les comédiens répètent une, voire plusieurs scènes sans une seule interruption. Il donne la priorité aux indications essentielles pour le personnage et la situation. Si le comédien a parfaitement intégré ces informations, s’il joue avec, il ne devrait pas se planter sur tel ou tel moment précis. Ainsi, même si la scène cloche visiblement, il attend jusqu’à la fin avant d’en expliquer la raison. D’autre part, et c’est en totale cohérence avec ce qui précède, il ne vient jamais sur scène pour jouer lui-même ce qu’il attend des acteurs. Il expliquera cinq fois, dix fois, autant de fois que nécessaire plutôt que de montrer, d’imposer quelque chose. Il tient absolument à ce que les choses viennent des comédiens. Pour eux, c’est très valorisant, ils ont vraiment le sentiment de créer, d’apporter leur sensibilité.
Le revers de la médaille est que certains de ses spectacles pêchent par l’imprécision et même la platitude de leur mise en scène ! En effet, des comédies de MOLIÈRE — comme « les Fourberies de Scapin » par exemple — ou bien des vaudevilles d’Eugène LABICHE ou Georges FEYDEAU gagnent en efficacité lorsque les déplacements et les entrées/sorties sont travaillés avec précision. En revanche, des textes de Nathalie SARRAUTE, d’Eugène O’NEILL ou de Jean RACINE, toutes ces œuvres où l’essentiel se passe dans la tête des personnages sont magnifiquement servis par la qualité de la concentration qui résulte de sa méthode de travail. Je me souviens que le TNN avait monté « Phèdre » la même année que le Théâtre de l’Alphabet. Et, parmi ceux qui avaient pu assister aux deux spectacles, je n’étais pas le seul à prétendre que la version d’Henri LEGENDRE était bien plus saisissante, plus impressionnante. Être à moins de trois mètre de Phèdre et l’écouter parler un langage extrêmement raffiné en pleurant toutes les larmes de son corps, rongée par la honte et le désespoir, croyez-moi, ça secoue !
Henri MASINI, qui lui dirige le Théâtre du Cours, procède différemment. Bien qu’il laisse une part de création à chacun, il essaye le plus tôt possible de définir les déplacements, les actions ainsi que les intentions de chaque réplique. Chaque phrase est décortiquée, répétée plusieurs fois, mise en relief. Peu à peu, après plusieurs lectures et les premières répétitions, les personnages commencent à se fixer et les pages suivantes sont plus rapidement travaillées. Au final, après une bonne cinquantaine de répétitions, le spectacle est fin prêt, millimétré. Cette façon de travailler provient surtout du fait qu’il ne monte que des comédies (« le Dîner de Cons » ; « Boïng Boïng » ; « un Grand Cri d’Amour » etc.) Genre qui a besoin d’efficacité et de précision (certains gags, certains quiproquos ne pourraient d’ailleurs pas fonctionner avec de l’à peu près : le mari et l’amant qui se croisent sans se voir etc. etc.) D’ailleurs, je ne verrais pas Henri MASINI monter « la Mouette » d’Anton TCHEKHOV au Théâtre du cours…
Être interrompus à tout bout de champ, recommencer deux lignes plus haut, essayer trois façons différentes en une minute, changer un mot pour un autre, répéter dix fois la même réplique… Cette façon de travailler nécessite des comédiens pas forcément aguerris mais "solides".
En contrepartie, lorsqu’arrive la première, malgré l’inévitable trac qui guette chacun, il y a comme une certitude que tout va bien se passer. Comme un filet invisible prêt à recevoir ceux qui trébucheraient.
Stéphane EICHENHOLC (cliquez ICI pour relire un article le concernant) a joué dans le « Dom Juan » monté par Daniel BENOIN au TNN en 2003. On lui avait confié le rôle de Dom CARLOS, celui qui veut tuer ce séducteur impénitent car il a fait le malheur de sa sœur Elvire. Il y avait une scène entière qu’il « portait ». Il m’a confié qu’il n’a eu droit qu’à trois répétitions en plus des quelques conseils d’un maître d’arme mais… pas de droit à l’erreur !
Jacques FENOUILLET, même s’il donne lui aussi beaucoup d’indications globales sur les personnages et les situations, essaye de nous faire explorer d’autres voies en pratiquant des exercices en apparence purement physiques. Un exemple entre mille : seul, debout sur la scène, le comédien va prononcer les verbes qui sont dans le texte. Il doit les dire chacun plusieurs fois de suite, à l’infinitif, en essayant de leur donner vie, en étant démonstratif, en jouant, en délirant avec. Il ne peut bouger qu’un seul bras, le reste du corps restant immobile. Un autre exemple : à chaque fois que l’on rencontre une conjonction de coordination (les fameux « Mais où est donc ORNICAR ? »), il faut changer d’intention dans notre jeux. Il nous demande aussi de jouer en touchant tout ce qui passe à notre portée, murs, sol, accessoires et partenaires, avec les mains mais aussi avec la tête ou les pieds… Tous ces petits jeux semblent anodins mais il faut reconnaître qu’ils sont très efficaces, surtout lorsqu’on aborde un rôle qui ne nous inspire qu’à moitié.
Souvent, Jacques FENOUILLET tente de nous stimuler par ce qu’il affectionne particulièrement et que j’appelle un « choc aléatoire » : un comédien est remplacé par un autre au dernier moment ; un accessoire essentiel ou un costume est modifié ; une partie du texte qui avait été travaillé est réécrit ; « ce soir, tu ne veux pas jouer pied nus ? »… Etc. Si c’est une chose que j’apprécie beaucoup, c’est parfois déstabilisant, au point d’en être périlleux.
Enfin, je répète actuellement avec ALFRED, un comédien dont j’ai déjà parlé ICI. Il mijotait depuis longtemps le projet d’écrire, monter et jouer une comédie. C’est ce travail-là que nous sommes en train de faire. Dans ce cas, le comédien qui me donne la réplique est aussi le metteur en scène et l’auteur ! La conséquence directe est que non seulement il me permet de tenter des modifications et des ajouts au texte, mais il m’y encourage vivement. Il était entendu dès le départ que le manuscrit qu’il m’avait confié n’était achevé qu’aux deux tiers… Dès que l’un de nous deux a une idée, on s’arrête de jouer et nous l’essayons tout de suite. Nous nous amusons comme des enfants… mais attention, nous travaillons comme des adultes ! Résultat en juin…
C’est en tout cas un point commun que j’ai remarqué chez pratiquement tous les metteurs en scène, soit que j’ai eu la chance de travailler avec eux, soit que je sois allé voir leurs spectacles : toutes proportions gardées, ils accordent une liberté par rapport au texte original, même s’il s’agit des alexandrins de CORNEILLE ou d’une scène ultra connue. Ce peuvent être soit des coupures dans certaines scènes, ou même des scènes entières qui disparaissent ; soit des réécritures pour adapter les répliques aux décors et aux accessoires utilisés, voire aux comédiens (un rôle féminin qui devient masculin par exemple…) ; enfin ce peut être une réplique jugée faible, maladroite ou inadaptée dans le contexte d’une mise en scène particulière, ou lors d’une transposition du théâtre au cinéma (par exemple, lorsque « Cyrano de Bergerac » d’Edmond ROSTAND avait été porté à l’écran par Jean-Paul RAPPENEAU en 1990, une bonne vingtaine de vers avaient été ajoutés !).
Plusieurs metteurs en scène sont également professeurs. Cela leur permet de travailler certaines scènes importantes pendant leur cours, élèves et comédiens mélangés : les comédiens trouvant de nouvelles voies à explorer au contact de nouvelles personnes, dans un contexte différent ; les élèves profitant de l’expérience des autres.
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