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12/04/2013

ACTES PREMIERS

Après avoir parlé ici des "petites répliques", après avoir dit que les plus belles tirades ne sont rien sans elles, je souhaite poursuivre en parlant des petites actions.
Là encore, si elles ne sont pas primordiales elles sont utiles. Or je constate, en jouant ici et là, en croisant les comédiens les plus divers, que beaucoup trainent les pieds lorsqu’il s’agit de régler avec précision le geste de boire un verre, celui d’ouvrir une lettre, de fermer une porte, de s’avancer vers un partenaire ou de s’en éloigner.
Et s’il me vient l’idée saugrenue de leur en faire la remarque, chacun a sa technique pour éluder le problème (car c’en est un).

Le plus souvent, on évoquera le fait qu'il ne faut pas tomber dans le moule d’une mise en scène trop rigide. Argument massue que je juge irrecevable, arguant à mon tour que, plus un comédien est contraint par un cadre étroit, et plus il a de possibilité de créer. De toutes façons, je fais partie de ceux qui préfèrent établir un jeu précis et rigoureux et, une fois toutes les contraintes de texte, de diction, de déplacement et d’action parfaitement intégrées, à ce moment là seulement, tenter de s’en écarter. Mais jamais avant !
On réfléchit, on échange, on teste, on suit des pistes, on sélectionne, on prend des décisions on réessaye puis on fixe des choses. Ces choses sont appelées à bouger par la suite, car il s’agit d’un art vivant, j’en demeure d’accord. Mais avant de se remettre à bouger, il faudrait qu’elles aboutissent à quelque chose de bien, que la première représentation ne ressemble pas à une blague de potache ou à un travail de fin d’année avec pour seuls spectateurs les parents d’élèves.

On rêvait de grandes envolées lyriques ou bien d’actions percutantes, et on vient vous embêter parce que vous êtes mal placé par rapport au projecteur… Et alors ? Si l’on ne règle pas tout cela, mille petites scories viendront parasiter la pièce. Et ll’on croira moins à ce beau garçon portant la jeune première dans ses bras.
Il faut répéter, répéter sans relâche, jusqu’à ce que tout soit su, archi su et intégré. Et quand le rôle sera semblable à un vieux pyjama que l’on enfile, alors seulement il sera possible de se laisser aller à sa fantaisie, sans risquer de détruire l’édifice
.

08/02/2011

Paresseux

Je viens de me rendre compte, à l’issue de notre quatrième répétition, combien je suis paresseux !
En effet, nous répétons une pièce dans laquelle j’ai déjà joué, mais dont la mise en scène sera différente, du fait notamment de la grande dimension du plateau.

Illustre-Affiche-01.jpgAu lieu de profiter de l’aubaine et de donner à ALFRED mille propositions de jeu, j’ai traîné les pieds et tenté de revenir sans cesse à l’ancienne mise en scène.

Confortablement installé dans mon ronron douillet, je voulais juste profiter d’une recette facile parce que déjà utilisée !
Je me promets de ne plus agir ainsi et de tout bousculer lorsque j’en aurai l’occasion.

02/02/2011

Troisième

Déjà la troisième répétition, le temps file ! Nous avons fait des "allemandes", c’est à dire que nous disons le texte en effectuant les déplacements, mais sans jouer vraiment. Il s’agit de mettre au point la mise en scène et de mémoriser le texte.

alfred,répétition,amuser

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Cette scène quatre fois plus grande qu’au Théâtre du Cours offre plus de possibilités, aussi ALFRED souhaite revoir l’ensemble des déplacements et des entrées et sorties.

Pour l’instant nous nous amusons bien. Ca tombe bien, car c’est toujours ce que nous disent les directeurs de troupe et autres metteurs en scène avant le début d’un spectacle. Ils passent rapidement dans les loges pour donner un dernier conseil puis finissent tous par dire : « et surtout, amusez-vous les enfants ! ».

alfred,répétition,amuser

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Une "Italienne", c'est lorsqu'on répète uniquement le texte, sans bouger de sa place ;
Une "Allemande", on a vu qu'il s'agissait de dire le texte et de se déplacer, sans jouer vraiment ;
La "couturière", c'est la première répétition avec les costumes ;
La "Générale", c'est la dernière répétition avant la "Première", qui, comme son nom l'indique, est la première représentation donnée face au public.
Dans les grandes structures, les personnes invités à la Générale arrivent à remplir la salle entière. Dans les petits théâtres, la générale se fait pratiquement à huis clo, et c'est à la première que viennent tous les invités.

23/01/2011

Répétoche : première !

J’inaugure ici une série d’articles consacrés à des répétitions auxquelles je participe. Jusqu’à présent, je rechignais à parler de ma personne, et les exceptions étaient rares. Mais comment rendre compte d’une séance de travail à laquelle je ne serais pas présent ? Or, il me semble que cela peut-être intéressant de montrer un processus de création parmi d’autres.
Je précise « parmi d’autres » car on comprend bien que chaque metteur en scène a sa façon de travailler, que chaque aventure est différente selon les personnalités réunies ou les œuvres choisies.

Dans notre cas précis, c’est mon camarade ALFRED qui m’a proposé de remonter les Escargots en Bavent aussi, pièce qu’il a écrite et que nous avons joué au Théâtre du Cours de novembre 2009 à janvier 2010. Nous répéterons, puis jouerons tous les mardis, au Théâtre Athéna, rue Alsace-Lorraine à Nice.
C’est une comédie avec quatre personnages, deux femmes et deux hommes. Alfred et moi endossons les rôles masculins. Les comédiennes qui tenaient les rôles féminins lors de la création n’ont pas pu être des nôtres cette fois-ci. Ce seront donc Valérie SCOTTO et Audrey TORDJMAN qui travailleront avec nous.

Illustre-Behind the curtain-Répétoche première-03.jpg

Nous sommes dans la configuration où des comédiens ont déjà joué la pièce tandis que d’autres viennent à peine de prendre connaissance du texte. C’est une situation qui n’est pas rare et qui a deux avantages : les comédiens qui savent déjà leur texte vont travailler avec d’autres personnes dans une mise en scène souvent modifiée, voire différente, renouvelant ainsi le plaisir de jouer ; tandis que les nouveaux arrivants pourront s’appuyer sur la solidité d’acteurs connaissant parfaitement leur rôle — 25 répétitions auxquelles s’ajoutent 40 représentations l’hiver 2009/2010.

Nous avons commencé mardi 18 dernier. Je connaissais déjà Valérie SCOTTO, mais sans jamais avoir travaillé avec elle. Quant à Audrey TORDJMAN, c’est ALFRED qui nous a présentés. Une cinquième personne nous rejoindra plus tard, lorsque les répétitions auront bien avancé : celui ou celle qui s’occupera de la régie. Nous nous enfermerons chaque mardi pendant deux heures, dans ce théâtre qui a ouvert il y a 18 mois à peine.
C’est une belle structure qui comporte une salle pouvant accueillir jusqu’à 96 spectateurs, une scène de 35 mètres carrés, de vraies loges (les théâtres plus petits n’offrent pas forcément un tel confort), une régie moderne ainsi que divers aménagements.

Illustre-Behind the curtain-Répétoche première-01.jpg

Pour notre première "répétoche" (ou "répé" ou encore "répèt"), nous avons fait une simple lecture. Puis ALFRED nous a rappelé sa façon de travailler : le manuscrit de départ n’est pas gravé dans le marbre, il faut s’attendre à des modifications et des ajouts tout au long des répétitions. Chacun d’entre nous peut même proposer ses idées, nous les essayerons. C’est une gymnastique qui est bénéfique, me semble-t-il. Un comédien doit être souple, adaptable. A chaque fois qu’un metteur en scène vous propose quelque chose, vous donne une indication, il faut s’en réjouir, s’y accrocher comme à un os.
Nous avons fait aussi plus ample connaissance. Le travail de la scène crée rapidement des liens de complicité, et nul doute que dans quelques semaines nous formerons une équipe unie.

Affaire à suivre…

Illustre-Behind the curtain-Répétoche première-02.jpg

Alfred, Valérie et Audrey en train de faire semblant d'ignorer l'appareil photo.

18/11/2008

LA DIACOSMIE, C'EST ÉNORME !

La plaquette présentant C’est pas Classique, manifestation organisée par le Conseil Général des Alpes-Maritimes, indiquait qu’on pouvait également visiter la Diacosmie de l’opéra de Nice.
La Diacosmie est l’endroit où se préparent les opéras. Un seul et immense bâtiment situé 8, avenue Claude Debussy à Nice (peu après la salle Nikaïa, sur la droite).

Illustre-Diacosmie-01.jpg

Je compose le numéro vert qui est mentionné. Une voix accueillante m’explique que je dois réserver pour l’une des trois séances prévues puis me demande mon nom, prénom, numéro de téléphone ainsi que mon adresse ; ce n'est pas tout, je dois également déclarer quelles sont les deux personnes qui m'accompagneront !

Je m'exécute. J'ai alors le choix entre la visite de 10h00, 11h00 et midi. Je choisis celle de midi. On m'apprend qu'il faudra nous présenter une heure avant, soit 11h00 du matin, le vendredi 31 octobre.

Le jour dit, je m'impatiente et bouscule mon entourage : je n'aime pas être en retard. Nous arrivons devant la loge d'entrée à 11h05 ! Mais l'hôtesse qui nous accueille s'étonne et nous sourit en annonçant qu'il ne fallait pas s'inquiéter : sûrement une lubie des p’tits gars du Conseil Général. Pas besoin d'être là une heure avant ! Et mieux, puisque le groupe de onze heures n'est pas complet, nous pouvons en faire partie. La visite démarre tout de suite.

Illustre-Diacosmie-02.JPG

Nous sommes accueillis par un des guides chargés de nous piloter dans cet immense espace dédié à la préparation des opéras. Celui-ci a tout d'abord commencé par présenter cette puissante structure (qui est municipale, rappelons-le) :

 

La Diacosmie regroupe plusieurs ateliers. Ce sont des ateliers de peinture et des ateliers de construction. Ensuite, nous avons un atelier de fabrication de costumes ; des couturières, une dizaine de couturières sont ici, en permanence, pour faire des costumes.

 

Ensuite, répétition ! Grande mission "répétition". Alors pour les répétitions, nous avons deux grandes salles : une salle qui est la réplique en acoustique et en surface de l'auditorium Apollon à Acropolis. Cette salle est... a les mêmes dimensions que la scène Apollon : 40 mètres je crois sur… 10 mètres de large.

Actuellement, une petite parenthèse, vous ne verrez pas grand monde. Pourquoi : parce qu'il y a une partie qui est en train de préparer C'est pas Classique pour dimanche à Acropolis, c'est à dire monter des décors ; ensuite, hier soir, nous avons eu spectacle ― nous avons spectacle tous les soirs puisque nous préparons Macbeth pour la première de ce soir. Donc les personnes terminent à minuit, une heure du matin. Donc ils vont recommencer cet après-midi à travailler. Alors, vous n'aurez pas grand monde, hein. Mais c'est pas bien méchant : il y a les danseurs, vous aurez juste les danseurs et vous verrez les ateliers. Voilà pour la petite parenthèse.

Donc, après, pour les répétitions, nous avons une salle qui peut contenir jusqu'à 120 musiciens ; une salle qui est réservée pour les chœurs aussi. Les chœurs sont une quarantaine, ce sont des professionnels de la ville, toujours ; ce sont des contractuels qui sont là, qui passent tous les trois ans des auditions pour la voix.

Ensuite nous avons répétition "danseurs", nous avons 30 danseurs qui font partie aussi du personnel municipal, que vous allez voir évoluer tout à l'heure. Voilà en ce qui concerne les répétitions.

 

Ensuite, notre dernière mission, c'est le stockage. Alors le stockage vous le voyez là, hein : tous les alvéoles sont remplis de décors ; les décors que nous sommes obligés de garder cinq ans, puisqu'il y a un droit moral et artistique de l'artiste qui l'a crée. Au bout de cinq ans, ces décors reviennent dans le giron de la mairie. Puisque c'est de l'argent public, donc ils reviennent à la mairie et à ce moment-là on prend une décision : soit on le détruit, avec une délibération du Conseil Municipal ou alors il est loué ou vendu à l'extérieur.

Ensuite, en stockage, nous avons en sous-sol une salle qui peut contenir jusqu'à 10 000 costumes ― actuellement il y en a 7000. Donc, vous pourrez évoluer dans les allées, voir les différents costumes des différents spectacles.

Ensuite, en stockage, nous avons aussi les accessoires ― puisqu'il nous faut énormément d'accessoires pour aménager les scènes, pour aménager les spectacles, de la valise au chandelier... à tout ce qui s'ensuit.

Ensuite nous avons aussi un stockage de meubles ; tout ce qui est pendrillon, tout ce qui est fauteuil, chaise, tout ça est en stockage.

 

Voilà en gros pour la Diacosmie. Quand nous évoluons pour un spectacle, nous sommes environs ici 300 personnes ; à l'Opéra de Nice c'est 400 personnes : il y a environs une centaine de personnes en service administratif et tout le reste est en technique, aussi bien machiniste, éclairagiste, menuisier… tout ce qui est métier du spectacle.

En gros, il vous faut une heure et demi pour visiter la Diacosmie. Anne-Marie va vous guider dans cette cathédrale ― vous verrez c'est une véritable cathédrale : on a l'impression de voir un hangar à l'extérieur, mais à l'intérieur, je vous assure que ça vaut vraiment le coup de le voir.

 

Illustre-Diacosmie-28.JPGNotre accueillante Anne-Marie a donc pris notre groupe en charge, et commencé la visite proprement dite.

Depuis l'entrée du « hangar », nous avons commencé à déambuler dans une longue et très haute allée (80 m. de long, 5 m. de large et 7,50 m. de haut !) bordée d'un côté par un bric-à-brac de décors de scène (puits, fontaines, remparts, constructions de toutes sortes…) et de l'autre par des machines, des bennes et des quais de déchargement.

 

Tout en marchant, notre hôtesse faisait déjà des commentaires et répondait à nos questions :

 

Vous avez d’anciens décors qu’on garde chaque fois et puis soit qui resservent au même opéra, au même ballet, soit resservent à autre chose, soit sont cassés au bout d’un certain temps. Parfois, il y a des décors qui, lorsqu’ils reviennent de l’opéra, sont très abîmés.

 

Est-ce qu’il y a des structures extérieures qui, de façon régulière, récupèrent d’anciens décors pour d’autres spectacles, d’autres compagnies ? Des personnes habituées qui, sachant que ces décors sont détruits au bout de 5 ans, viennent régulièrement les récupérer ?

 

Non, jamais. Mais c’est possible, il faut faire une demande précise auprès de la direction.

 

Nous quittons cet immense couloir par un quai de déchargement et arrivons directement dans une salle encore plus immense.

Illustre-Diacosmie-03.JPG  Illustre-Diacosmie-04.JPG

 

C’est la réplique de la salle Apollon de l’Acropolis, aux mêmes mesures ; sur les murs, il y a un revêtement pour le son bien sur mais aussi pour la poussière. Cet après-midi, il y a des musiciens qui répètent pour C’est pas Classique justement.

Ici, ils montent les décors et c’est ici que se passent toutes les répétitions pour les opéras. Après on démonte tout et on trimbale tout à l’opéra ou à l’Acropolis.

 

Je remarque que le plancher au sol comporte beaucoup de marquages et de lignes diverses. On se croirait dans une salle omnisports !

Qu’est-ce qui est aux même mesures : la salle elle-même ou bien les marques au sol qui représentent la scène ?

 

C’est l’ensemble du volume, avec la même hauteur sous plafond, la même acoustique et… la même clim qui est prévue pour ménager les voix, aspirer les poussières etc. Les marques au sol, c’est pour placer les bancs, c’est des repères pour un opéra, pour les décors ; mais bon, ce sont de vieilles marques, soit ils les enlèvent, soit ils les laissent là.

 

Y a-t-il parfois un public qui est invité à voir les répétitions ici ?

 

Généralement non, mais… ça s’est passé. Mais ce n’est pas nous qui décidons. Normalement, c’est interdit au public, la Diacosmie… C’est un bâtiment qui n’est pas d’utilité publique. Mais on a les enfants du Conservatoire, il faut savoir qu’ils viennent répéter ici aussi.

Par rapport à la Préfecture, on n’a pas tellement le droit de laisser rentrer… Sauf autorisation, avec le nom etc. qu’on demande longtemps à l’avance…

 

(Ah ! C’est pour cela qu’on m’a demandé de décliner mon identité complète !) Nous croisons une dame, notre guide la présente comme leur chorégraphe. Celle-ci rectifie en souriant : « Maître de ballet ! »

Nous arrivons dans le local où sont stockés les 7000 costumes. Là aussi, tout est classé par opéra.

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Ceux là, c’est pour le ballet Casse-Noisette, à Noël ; donc elles ont déjà prévu, nettoyé, rangé, essayé, recousu…

 

Il n’est pas réservé le même sort qu’aux décors ? Les costumes sont conservés plus longtemps ?

 

Illustre-Diacosmie-06.JPGLes costumes, tant qu’ils sont en bon état, bien sûr sont conservés. Ils sont faits quand même presque tous à la main ; et Casse-Noisette on l’avait déjà joué donc c’est des costumes qu’on a récupérés. Ils sont pour Casse-Noisette, mais s’il y a un autre ballet où l’on a besoin de ces costumes là, on les emprunte aussi.

 

On nous autorise à déambuler dans les allées, en prenant soin bien entendu de ne rien déplacer. Une dame travaille là. Elle m’explique qu’elles sont deux à s’occuper des ces 7000 costumes.

La conservation réclame d’intervenir sur les costumes ou bien suffit-il de les classer ?

 

Lorsque ça revient sur scène, on est obligées de faire un tri. Comme ça a été porté, après ça va chez un teinturier, et après nous passons les housses et on reclasse tout ; parce que tout ce qui est pendu est propre. Tout est nettoyé pour que ça ne moisisse pas : avec la transpiration, les vêtements moisissent.

 

Ces opéras sont joués ailleurs qu’à Nice, comment cela se passe-t-il ?

 

Lorsqu’on loue un opéra, on loue l’opéra complet, "clef en main". Costume, décors…

 

Et pour tout transporter ?

 

En camion. Enfin, lorsqu’ils sont partis en Israël, je suppose qu’ils ont tout mis dans l’avion…

 

Et le personnel vient aussi ?

 

Il y a au moins deux ou trois personnes ; il y a les tapissiers, les accessoiristes, ça dépend comment c’est négocié. Celui qui loue nous dit qu’il se débrouillera avec son équipe ou bien qu’il préfèrerait avoir nos couturières, ou au moins une "chef", qui supervise les essayages…

 

Et là, ces costumes sont mis à part ?

 

Ça, ce sont des costumes qu’on loue. Là aussi, il faut passer par une autorisation du directeur. Ils sont classés par époque.

 

Nous sommes autorisés à en décrocher quelques-uns et à faire des photos, du moment que nous remettons tout en place.

Puis nous allons juste à côté, là où sont stockés les meubles ; essentiellement des chaises, des fauteuils et des canapés, au moins une centaine.

 

Illustre-Diacosmie-11.JPGEnsuite, nous arrivons dans le local des accessoires. On y trouve TOUT : des saucissons, des fruits, des amphores, de la vaisselle brisée (pour le bruitage : lorsque le public voit un couple se disputer, une seule assiette est réellement brisée à terre tandis que derrière, un accessoiriste déverse plusieurs paniers de débris) ; on trouve aussi des tonneaux, des glaives (en métal !), des vélos, des livres, des miroirs etc.

Ces accessoires sont rarement achetés. La plupart sont entièrement réalisés ici même, par des artisans manifestement très polyvalents.

 

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Tous ces costumes, tous ces accessoires ne peuvent être vendus. La mairie n’a rien le droit de vendre. Généralement, si on peut prêter on prête, ça oui. On prête à des écoles, qui font des spectacles et qui veulent le costume du Père Noël — ou la chaise du Père Noël, ça nous est arrivé ; en face, l’école internationale vient nous chercher parfois des choses.

 

Nous arrivons au premier étage (c’est à dire 8 mètres plus haut) dans l’atelier de menuiserie. Beaucoup de place, diverses machines dont une pour l’évacuation des copeaux, qui atterrissent dans une benne située dans la grande allée du rez-de-chaussée, là où a commencé notre visite.

 

Nous arrivons ensuite dans un immense atelier (40 m. par 40 m.) où sont conçues et peintes les toiles qui servent aux décors. Ces très grandes toiles sont fixées au plancher par les tapissiers de la Diacosmie puis les artistes, équipés de longs pinceaux, peignent debout. Ils reproduisent la plupart du temps des œuvres de grands maîtres, par exemple Le Titien comme on peut le voir sur la photo.

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Afin d’avoir une vue d’ensemble de leur travail, un escalier conduit à une passerelle qui surplombe toute la salle. Un pan entier de ce volume est composé d’une verrière qui permet un éclairage naturel efficace.

Le modèle, une gravure ou une illustration dans un livre, est repéré par un quadrillage. La toile l’est aussi. Les contours sont alors esquissés au fusain, puis vient l’application de la couleur. Une fois séchée, la toile reste au sol, recouverte d’une bâche en plastique, en attendant de servir au décor. Nous évoluons ainsi au milieu de ces grandes reproductions, certaines voilées, d’autres offertes aux regards, parfois inachevées.

C’est ici également que sont fabriqués certains décors, notamment en polystyrène expansé. D’énormes blocs de cette matière permettent d’y sculpter toutes sortes de volumes. Notre guide nous précise qu’ils possèdent une découpeuse guidée au laser et pilotée par un ordinateur.

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Illustre-Diacosmie-17.JPG Illustre-Diacosmie-19.JPG

La plupart des artistes qui travaillent dans ces différents ateliers ont fait les Beaux Arts. Notre hôtesse nous précise qu’ils accueillent régulièrement des stagiaires, soit des jeunes gens qui se destinent à une carrière d’art appliqué, soit des élèves des classes de 4è et de 3è qui exécutent là leur stage en entreprise.

Ces derniers ont alors la chance de voir en détail le fonctionnement de l’ensemble de la Diacosmie, le travail de chacun des artistes et, en fin de séjour, d’exécuter une œuvre sur toile qu’ils pourront conserver.

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Il y a vraiment toutes sortes de matériaux et d’outils : lorsqu’une personne arrive tout droit d’une école d’art appliqué, est-elle capable de s’intégrer immédiatement ?

 

Normalement, lorsqu’ils sortent de l’école, ils savent travailler. Ils font déjà des stages durant leurs études. Ils commencent par ce qu’ils savent faire réellement…

 

Elle s’interrompt car, devant la quantité et la grosseur des "déchets" entassés ça et là, une dame demande si personne ne songe à récupérer cela pour d’autres travaux, et notamment les écoles.

 

Je sais qu’on pourrait donner ça aux écoles, mais ils ne viennent jamais dire « voilà, on voudrait récupérer du polystyrène ». C’est dommage car il y a beaucoup d’écoles qui sont à deux pas…

 

Ici, je peux donner la réponse à ce petit mystère : les règles de sécurité sont devenues de plus en plus contraignantes et la plupart des matériaux utilisés ici sont interdits dans les écoles. Il est donc vain pour un enseignant de venir dans cet atelier en espérant trouver quoi que ce soit d’utilisable.

 

Au fil des couloirs, entre autres salles, une entièrement dédiée aux perruques et postiches. Certaines sont fabriquées ou améliorées sur place.

 

Illustre-Diacosmie-23.JPGUn autre atelier où une jeune femme s’occupe de refaire quelques fauteuils. Elle m’explique que ceux-ci ne font pas partie d’un décor mais sont destinés au public et servent bel et bien à s’asseoir dessus. Je dois reconnaître que dans ce lieu si particulier, on ne sait jamais ce qui est un simple décor et ce qui sert réellement.

Elle me confie aussi que sa formation de type « bac + 2 » lui permet de réaliser bien d’autres choses, mais pour un temps elle accepte de refaire le chemin à l’envers et d’effectuer des travaux accessibles par un C.A.P.

 

Nous pénétrons ensuite dans un atelier de confection de costumes. Ceux-ci sont exécutés à partir de patrons réalisés un étage plus bas. Plusieurs couturières professionnelles fabriquent ou bien retouchent tous les costumes nécessaires à un opéra, du ténor au simple figurant. Certaines d’entre elles, au fil du temps, ont finit par se spécialiser dans des techniques plus délicates, comme la teinture par exemple.

 

Mais c’est donc dans l’atelier situé juste au-dessous que sont définies les formes, les textures et les couleurs, en fonction des indications du décorateur.

Avant de nous y rendre, un détour dans une salle de répétition utilisée par les choristes. Cette salle bénéficie elle aussi d’un air « purifié ». Les solistes travaillent à part, dans des petites salles privées, ou bien directement dans la grande salle.

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Arrivés dans l’atelier de création des costumes, « Madame Eugénie » nous montre un exemple de leurs tâches habituelles : après la première de Macbeth hier (350 costumes) ils doivent s’attaquer aux Contes d’Hoffmann pour le mois de janvier. D’après les maquettes qui leurs sont fournies par le décorateur (selon les opéras, celui-ci s’occupe des costumes ou des décors ou bien des deux à la fois) il va falloir trouver les textiles adaptés et modeler les costumes. Les mannequins de plastique qui leurs servent de support sont rembourrés en fonction des mensurations de chaque artiste, leur permettant de travailler le plus tôt possible en volume.

Parfois, les figurants sont habillés avec autant de soin que les autres artistes, augmentant d’autant le volume de travail.

 

Cette visite aura duré en réalité presque 2 heures. Cela en valait la peine et j’espère que cette expérience sera reconduite.

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Avant de terminer cet article, je rappelle que des conférences, en accès libre et sans réservation, sont organisées à l’auditorium de la Bibliothèque Louis nucéra :

Mardi 02 décembre à 17h00 La Rondine

Vendredi 19 décembre à 18h00 ballet Casse-Noisette

Jeudi 15 janvier à 17h00 Les Contes d’Hoffmann

Mardi 17 février à 17h00 Il Barbiere di Siviglia

Mardi 17 mars à 17h00 Lakmé

Mardi 21 avril à 17h00 Orphée & Eurydice

Mercredi 13 mai à 18h00 ballet « Soirée mixte »

Mardi 19 juin à 17h00 Aïda

Mais aussi à l’Opéra de nice et présentées par Eve Ruggieri :

Samedi 10 janvier à 18h30 Les Contes d’Hoffmann

Samedi 14 mars à 18h30 Lakmé

 

Ensuite, la Cinémathèque de Nice propose 5 films ayant pour thème l’orchestre :

Le Chef d’Orchestre, d’Andrzej WAJDA ;

Couleurs d’Orchestre, de Claude-Marie TREILHOU ;

Répétition d’Orchestre, de Federico FELLINI ;

Vers la Joie, d’Ingmar BERGMAN ;

Quartetto Basileus, de Fabio CARPI.

 

Cinémathèque de Nice

3, esplanade Kennedy

04 92 04 06 66

http://www.cinematheque-nice.com/

 

Opéra de Nice

4 & 6, rue Saint-François-de-Paule

04 92 17 40 79

02/02/2008

N O N ! ! !

Mon amie me demande gentiment si elle peut assister à une de nos répétitions. Je lui réponds aussitôt « non ! » d’une manière quasi automatique et plutôt abrupte. Je m’en rends compte et lui explique que la plupart des metteurs en scène n’acceptent pas qu’une personne étrangère au spectacle puisse voir ne serait-ce qu’une fraction de leur travail en cours de réalisation.
Cela peut paraître démesuré comme attitude, on pourrait croire qu’ils en font un peu trop dans le mystérieux. Peut-être. Mais c’est comme ça, je n’ai pas le choix.
Elle est déçue, elle aimerait voir comment se déroule une répétition. Je la console en lui disant que chaque metteur en scène a sa façon de travailler.

Par exemple, je me souviens qu’avec Henri LEGENDRE, qui dirige le Théâtre de l’Alphabet, les comédiens répètent une, voire plusieurs scènes sans une seule interruption. Il donne la priorité aux indications essentielles pour le personnage et la situation. Si le comédien a parfaitement intégré ces informations, s’il joue avec, il ne devrait pas se planter sur tel ou tel moment précis. Ainsi, même si la scène cloche visiblement, il attend jusqu’à la fin avant d’en expliquer la raison. D’autre part, et c’est en totale cohérence avec ce qui précède, il ne vient jamais sur scène pour jouer lui-même ce qu’il attend des acteurs. Il expliquera cinq fois, dix fois, autant de fois que nécessaire plutôt que de montrer, d’imposer quelque chose. Il tient absolument à ce que les choses viennent des comédiens. Pour eux, c’est très valorisant, ils ont vraiment le sentiment de créer, d’apporter leur sensibilité.
Le revers de la médaille est que certains de ses spectacles pêchent par l’imprécision et même la platitude de leur mise en scène ! En effet, des comédies de MOLIÈRE — comme « les Fourberies de Scapin » par exemple — ou bien des vaudevilles d’Eugène LABICHE ou Georges FEYDEAU gagnent en efficacité lorsque les déplacements et les entrées/sorties sont travaillés avec précision. En revanche, des textes de Nathalie SARRAUTE, d’Eugène O’NEILL ou de Jean RACINE, toutes ces œuvres où l’essentiel se passe dans la tête des personnages sont magnifiquement servis par la qualité de la concentration qui résulte de sa méthode de travail. Je me souviens que le TNN avait monté « Phèdre » la même année que le Théâtre de l’Alphabet. Et, parmi ceux qui avaient pu assister aux deux spectacles, je n’étais pas le seul à prétendre que la version d’Henri LEGENDRE était bien plus saisissante, plus impressionnante. Être à moins de trois mètre de Phèdre et l’écouter parler un langage extrêmement raffiné en pleurant toutes les larmes de son corps, rongée par la honte et le désespoir, croyez-moi, ça secoue !

84d046671b41efb558e031d1b5babb1e.jpgHenri MASINI, qui lui dirige le Théâtre du Cours, procède différemment. Bien qu’il laisse une part de création à chacun, il essaye le plus tôt possible de définir les déplacements, les actions ainsi que les intentions de chaque réplique. Chaque phrase est décortiquée, répétée plusieurs fois, mise en relief. Peu à peu, après plusieurs lectures et les premières répétitions, les personnages commencent à se fixer et les pages suivantes sont plus rapidement travaillées. Au final, après une bonne cinquantaine de répétitions, le spectacle est fin prêt, millimétré. Cette façon de travailler provient surtout du fait qu’il ne monte que des comédies (« le Dîner de Cons » ; « Boïng Boïng » ; « un Grand Cri d’Amour » etc.) Genre qui a besoin d’efficacité et de précision (certains gags, certains quiproquos ne pourraient d’ailleurs pas fonctionner avec de l’à peu près : le mari et l’amant qui se croisent sans se voir etc. etc.) D’ailleurs, je ne verrais pas Henri MASINI monter « la Mouette » d’Anton TCHEKHOV au Théâtre du cours…
Être interrompus à tout bout de champ, recommencer deux lignes plus haut, essayer trois façons différentes en une minute, changer un mot pour un autre, répéter dix fois la même réplique… Cette façon de travailler nécessite des comédiens pas forcément aguerris mais "solides".
En contrepartie, lorsqu’arrive la première, malgré l’inévitable trac qui guette chacun, il y a comme une certitude que tout va bien se passer. Comme un filet invisible prêt à recevoir ceux qui trébucheraient.

6beba1c4441d4ec146b7ac62819052fa.jpgStéphane EICHENHOLC (cliquez ICI pour relire un article le concernant) a joué dans le « Dom Juan » monté par Daniel BENOIN au TNN en 2003. On lui avait confié le rôle de Dom CARLOS, celui qui veut tuer ce séducteur impénitent car il a fait le malheur de sa sœur Elvire. Il y avait une scène entière qu’il « portait ». Il m’a confié qu’il n’a eu droit qu’à trois répétitions en plus des quelques conseils d’un maître d’arme mais… pas de droit à l’erreur !

Jacques FENOUILLET, même s’il donne lui aussi beaucoup d’indications globales sur les personnages et les situations, essaye de nous faire explorer d’autres voies en pratiquant des exercices en apparence purement physiques. Un exemple entre mille : seul, debout sur la scène, le comédien va prononcer les verbes qui sont dans le texte. Il doit les dire chacun plusieurs fois de suite, à l’infinitif, en essayant de leur donner vie, en étant démonstratif, en jouant, en délirant avec. Il ne peut bouger qu’un seul bras, le reste du corps restant immobile. Un autre exemple : à chaque fois que l’on rencontre une conjonction de coordination (les fameux « Mais où est donc ORNICAR ? »), il faut changer d’intention dans notre jeux. Il nous demande aussi de jouer en touchant tout ce qui passe à notre portée, murs, sol, accessoires et partenaires, avec les mains mais aussi avec la tête ou les pieds… Tous ces petits jeux semblent anodins mais il faut reconnaître qu’ils sont très efficaces, surtout lorsqu’on aborde un rôle qui ne nous inspire qu’à moitié.
Souvent, Jacques FENOUILLET tente de nous stimuler par ce qu’il affectionne particulièrement et que j’appelle un « choc aléatoire » : un comédien est remplacé par un autre au dernier moment ; un accessoire essentiel ou un costume est modifié ; une partie du texte qui avait été travaillé est réécrit ; « ce soir, tu ne veux pas jouer pied nus ? »… Etc. Si c’est une chose que j’apprécie beaucoup, c’est parfois déstabilisant, au point d’en être périlleux.

Enfin, je répète actuellement avec ALFRED, un comédien dont j’ai déjà parlé ICI. Il mijotait depuis longtemps le projet d’écrire, monter et jouer une comédie. C’est ce travail-là que nous sommes en train de faire. Dans ce cas, le comédien qui me donne la réplique est aussi le metteur en scène et l’auteur ! La conséquence directe est que non seulement il me permet de tenter des modifications et des ajouts au texte, mais il m’y encourage vivement. Il était entendu dès le départ que le manuscrit qu’il m’avait confié n’était achevé qu’aux deux tiers… Dès que l’un de nous deux a une idée, on s’arrête de jouer et nous l’essayons tout de suite. Nous nous amusons comme des enfants… mais attention, nous travaillons comme des adultes ! Résultat en juin…

C’est en tout cas un point commun que j’ai remarqué chez pratiquement tous les metteurs en scène,
soit que j’ai eu la chance de travailler avec eux, soit que je sois allé voir leurs spectacles : toutes proportions gardées, ils accordent une liberté par rapport au texte original, même s’il s’agit des alexandrins de CORNEILLE ou d’une scène ultra connue. Ce peuvent être soit des coupures dans certaines scènes, ou même des scènes entières qui disparaissent ; soit des réécritures pour adapter les répliques aux décors et aux accessoires utilisés, voire aux comédiens (un rôle féminin qui devient masculin par exemple…) ; enfin ce peut être une réplique jugée faible, maladroite ou inadaptée dans le contexte d’une mise en scène particulière, ou lors d’une transposition du théâtre au cinéma (par exemple, lorsque « Cyrano de Bergerac » d’Edmond ROSTAND avait été porté à l’écran par Jean-Paul RAPPENEAU en 1990, une bonne vingtaine de vers avaient été ajoutés !).

Plusieurs metteurs en scène sont également professeurs. Cela leur permet de travailler certaines scènes importantes pendant leur cours, élèves et comédiens mélangés : les comédiens trouvant de nouvelles voies à explorer au contact de nouvelles personnes, dans un contexte différent ; les élèves profitant de l’expérience des autres.