13/07/2012
A VOUS DÉZINGUER
Une piqûre de rappel assez tardive, puisque le spectacle a lieu ce soir, 21h00, au Centre Culturel de la Providence, à Nice.
Il s'agit de
CABARET ZINC
Un spectacle qui "tourne" depuis plus d'un an et demi déjà.
« Sept personnages excentriques et cocasses incarnent au travers des chansons des années de l'entre deux guerre la folie, la liberté d'expression, l'humour, l'extravagance et transcendent la réalité d'un monde qui sort d'un désastre pour se jeter dans un autre.»
La première était déjà très bien et tout me laisse penser que ce soir devrait être un bon cru.
De plus, il semble que ce sera sur le parvis du Centre, en plein air. Une bonne soirée en perspective.
Impossible de trouver le tarif ( ! ) mais cela ne devrait pas être trop cher.
Cliquez ICI pour aller voir le site du spectacle. (Il n'est pas rare aujourd'hui de créer un site uniquement pour un spectacle !)
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20/10/2011
Spectacle stimulant (amer et nécessaire ?)
Demain vendredi 21 octobre à 20h30, vous pourrez assister à une représentation de Stimulant, amer et nécessaire — Solo para Paquita.
Cette pièce intimiste écrite par Ernesto CABALLERO sera accueillie non plus dans une salle de théâtre, un appartement ou un jardin, mais à l’école d’art l’Orange Bleue, 2 rue de Jussieu à Nice (perpendiculaire à F. Grosso, non loin de Tsarewitch).
Avec : Isabelle BONDIAU-MOINET
Mise en scène : Emilie PIRDAS
Musique : Mathieu GEGHRE
J’ai eu la chance d’assister à ce spectacle et je vous le recommande chaudement : cliquez ICI pour (re)lire le compte-rendu.
Le nombre de places étant limité, il est préférable de réserver au 06 61 79 48 46.
Comme la dernière fois, la participation est libre, chacun donnant ce qu’il peut — on dit qu'ils travaillent "au chapeau" (et non pas "du chapeau"). Vous pouvez même amener de quoi grignoter ou boire un verre pour discuter avec les artistes après le spectacle...
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05/12/2010
Devant le Zinc, avec Émilie...
Émilie PIRDAS, comédienne aux facettes multiples, met en scène Cabaret Zinc. Spectacle basé sur le chant, on s’en serait douté, mais pas seulement. Un mélange comme elle semble les aimer.
Avant de nous en dire un peu plus, Émilie a accepté de répondre à quelques questions de l’illustre Théâtre.
L’Illustre Théâtre : Tu as commencé à prendre des cours de théâtre vers quatorze ans… quelle femme serais-tu devenue sans les arts du spectacle ?
Émilie PRDAS : Oui, j’ai commencé à quatorze ans, ensuite j’ai fait des études en option théâtre à Cannes. J’ai pas été à la fac, j’ai pas suivi mes copains qui étaient en licence… j’étais garde-malade. J’étais garde-malade pendant quelques années, je faisais du théâtre à côté dans la compagnie Act’ Libre. Avec Émilien. [Émilien URBACH, co-fondateur de la Cie Act'libre en 1997 et directeur artistique de la Cie Sîn. NdR] Donc je bossais 36 heures par semaine en garde-malade et j’allais trois fois par semaine à mes répét. On était amateur à l’époque mais on était à fond… une jeune compagnie…
Et bien je pense que je serais dans le social. Je parlais justement du projet palestinien, j’ai un côté… pas théâtre « politique », mais théâtre « social ».
Ce penchant pour le social, tu l’avais peut-être en toi sans l’influence du théâtre. Y aurait-il malgré ça moins d’humanité en toi si tu avais fait autre chose ? Quelle est la part du Spectacle Vivant dans ton épanouissement ?
Je serais peut-être un peu plus triste (rire). Non, je sais qu’à un moment donné, j’ai dû arrêter le théâtre pour des problèmes personnels… parce que, quand on n'est pas bien dans sa tête, on ne peut pas faire de théâtre. Moi, je reste persuadée que le théâtre, c’est pas une notion thérapeutique. Il y a beaucoup de gens qui utilisent aussi le théâtre de façon thérapeutique et moi je ne suis pas d’accord : il faut être bien dans sa tête pour en faire.
Le théâtre, ça m’a permis de prendre confiance en moi. Et tu sais, quand on est comédien, faut arrêter, quoi : on est mégalo, un petit peu, il y a un côté égocentrique. Pas « mégalo », mais c’est vrai : on a envie de se faire applaudir, on a envie d’être « aimée ». On est sur scène, on joue un spectacle, on a envie que ça plaise. Et c’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai arrêté. A un moment donné, j’avais envie d’être de l’autre côté. Après le Cri du Chœur (j’ai fait le Cri du Chœur pendant 8 ans, et donc on a bien, bien joué…) je ne sais pas pourquoi, c’était très étrange, sur scène, j’avais envie d’arrêter qu’on m’applaudisse, et j’avais envie de diriger, de passer à la mise en scène.
C’est la raison pour laquelle tu es passée à la mise en scène !
Oui ! j’avais envie de faire une pause. Parce que j’étais tout le temps dirigée, et je commençais, pendant que j’étais comédienne, à m’imaginer comment je pourrais mettre en scène les spectacles dans lesquels je jouais. Je respectais le metteur en scène, je ne lui disais rien, mais je me disais « ah ! oui, moi je ferais ça plutôt… »
Et maintenant… ça ne m’empêche pas de jouer : je joue un spectacle depuis 2002 (on évolue dans un processus sur la situation en Israël et en Palestine) ; là, en ce moment, je fais une parade de Noël avec la compagnie Main d’Œuvre, donc avec Caroline FAY, Thomas GARCIA et Ludovic VIOLET du Cri du Chœur…
Tu continues d'être comédienne…
Complètement, ça ne m’empêche pas.
Tu as co-écrit pour la Cie Sîn, tu mets en scène, tu chantes et tu joues… Selon toi, un intermittent du spectacle doit-il avoir plusieurs cordes à son arc pour survivre ?
C’est une question de caractère. Moi je sais que je suis quelqu’un qui aime bien changer, qui aime bien rencontrer des gens. J’étais un peu enfermée avec Act’ Libre et Émilien… pas « enfermée », mais on est resté dans une notion de troupe pendant des années, on était vraiment comme une secte, selon des gens.
Voilà, je pense qu’avec l’âge, on a envie de rencontrer des nouvelles personnes et s’épanouir autrement. J’aime bien la nouveauté en fait. Le Cri du Chœur, bon, ça a été huit ans, et c’est formidable : là je les retrouve avec plaisir sur la parade de Noël, donc la pause a été bénéfique…
Après, les Intermittents, c’est compliqué : moi, je donne beaucoup de cours de théâtre, donc ça me permet de vivre ; mais il y a des intermittents qui n’ont le choix que de faire des plans "alimentaires", des choses qu’ils n’ont pas forcément envie de faire.
Mais effectivement, je pense qu’il faudrait chanter, toucher à la mise en scène, être comédien ; et faire des stages ! Et je pense qu’on manque de stages.
Des stages AFDAS… [Fonds d'assurance formation qui gère, sur le plan national, l'ensemble du dispositif de la formation professionnelle des secteurs de l'audiovisuel, du cinéma, de la publicité, des loisirs et du Spectacle Vivant. Cliquez ICI pour visiter leur site. NdR]
Voilà, des stages AFDAS. J’ai fais un stage l’année dernière avec des professionnels : une russe pour la voix ; Christophe MARCHAND, qui est de Paris quand même, à l’École Lecoq ; Alain TERRA de Cannes pour la diction… Et moi, ça m’aide énormément pour mes cours aussi : ce que je transmets aux enfants, ben c’est ce que moi j’apprends. Et moi qui n’ai pas pris les cours à la fac, j’ai constamment besoin de me nourrir d’autres personnes.
Et quand t’es comédien, par expérience, c’est vrai que des fois tu es sur tes acquis… un acrobate ou un jongleur, il travaille tous les jours ; je pense qu’un comédien, il a ce travail là à faire.
Quelle est la raison de ton implication dans la Cie Sîn ?
Sîn, c’est la suite de la Cie Act'libre, donc avec Émilien URBACH. Émilien et moi, on travaille depuis 1996 ensemble ; et après, on est parti sur un projet en Palestine, avec des artistes palestiniens.
C’est très étrange… ce sentiment… mais… ma grand-mère est décédée en Israël… je suis orthodoxe par mon père et protestante par ma mère, et je sais pas pourquoi, il y a la notion de « conflit », conflit familial. Je le mets en parallèle avec le conflit Israëlo-palestinien. Et avec Émilien, on travaille actuellement sur des témoignages intimes, c’est à dire que c’est notre propre témoignage en tant qu’artiste français, nos propres problèmes en tant qu’artistes français, et comment, eux, là-bas, en situation occupée, ils vivent leur situation de comédien en Palestine.
Et ça m’a vachement attirée : comment on peut être comédien dans un pays en guerre ? Et cette notion là, l’intimité, comment on ressent les choses en tant qu’humain, ça m’a vraiment intéressée.
Tout ce travail accompli depuis des années avec la Cie Sîn, les spectacles déjà produits, tout cela te donne-t-il l’impression d’une action efficace ou bien d’un coup d’épée dans l’eau ?
Alors, moi je pense qu’on n'a pas de leçon à donner, on n’est pas israéliens, on n’est pas palestiniens, on n’a pas à faire de la politique… alors, le mot « politique », c’est compliqué : c’est politique ce qu’on fait, forcément, mais nous, on est des comédiens, et avant tout, on veut parler de notre intimité. Je parle de moi en tant qu’artiste française qui vit bien confortablement en France, qui arrive en Palestine et qui est juste une bouche témoin, tout simplement. Je suis juste témoin d’un artiste palestinien, d’un soldat israélien qui a déserté, d’un enfant qui vit dans un camp.
Et je n’ai pas à donner de leçon ; je peux juste donner mon sentiment… Et si ça peut aider que je donne un témoignage en France, pour moi c’est gagné. Il y a beaucoup de gens en France qui ont des idées arrêtées sur la Palestine, il y a des gens qui croient qu’ils sont tous barbus. Mais c’est vrai, réellement ! Et tu leur dis « mais non, il y a des chrétiens, il y a des musulmans ». Oui, effectivement, il y a une situation peut-être par rapport au mariage qui est différente, mais comme dans d’autres pays musulmans. Mais il y a plein d’artistes, il y a des gens qui se battent aussi pour faire des festivals de rue, il y a le Hamas qui s’impose…
On ne se met pas d’un côté ou de l’autre, voilà, on critique même le Hamas — c’est à dire que j’ai pris un témoignage d’une femme palestinienne et on se retrouve avec des associations palestiniennes un peu sur notre dos. Donc on est vraiment entre deux murs, c’est exactement ça.
Et là, on part sur une nouvelle création : on va faire un village de tentes de réfugiés, ça va être destiné à l’espace public. Et on va justement nourrir ce village de réfugiés d’odeurs, de textes, de sons, de danses, de théâtre… et même partir sur un imaginaire, peut-être sur une mythologie… voilà, peut-être partir sur des choses oniriques, on va voir.
Comment choisis-tu les projets dans lesquels tu t’impliques ?
Je me suis retrouvée embarquée dans « Cabaret » parce qu’on m’a demandé d’en faire la mise en scène, parce qu’on m’avait vu dans le Cri du Chœur et on m’avait vue à la mise en scène de « Paquita » [Solo Para Paquita : cliquez ICI pour relire le compte-rendu de ce spectacle de très bon niveau.]
Donc, Corinne RAYMOND, elle avait bien aimé. Elle m’a demandé : « est-ce que tu veux mettre en scène ; bon, j’ai pas de moyens mais on fera en sorte de te payer… »… j’ai dit oui parce que j’avais envie de repartir sur un spectacle musical, et j’ai un gros projet dans ma tête…
« Cabaret », ça l’a un petit peu retardé, mais en même temps, ça me fait travailler. Alors oui, effectivement, je ne suis pas rémunérée, mais ça me fait travailler ; il y a des pros et des amateurs dans Cabaret Zinc, ça me fait bosser avec sept personnes sur scène.
Dans « Paquita », je n’étais qu’avec une seule personne — je suis très prudente moi, je commence par un monologue, je mets en scène une personne, je fais les choses par étapes, je ne me presse pas.
Il est question de chant dans Cabaret Zinc, quelle est ta formation dans ce domaine ?
C’est… un peu de chorale — à l’église anglicane (et ce qui est très drôle c’est que Corinne a chanté à l’église anglicane) ; et aussi le Cri du Chœur ; quelques cours de chant ; et Corinne RAYMOND qui est chanteuse professionnelle me donne maintenant des cours particuliers.
N’est-il pas difficile de diriger des artistes qui ont une avance technique sur toi ?
Lorsque tu diriges un comédien c’est plus facile parce que c’est que du texte ; le problème d’un chanteur… c’est pas la même chose, c’est qu’il y a quand même une mélodie… C’est ce que j’ai remarqué dans « Cabaret » : c’est que parfois, ils ont du mal à associer la gestuelle au chant, à la mélodie, à l’articulation. Mais ça se travaille, et moi, dans le Cri du Chœur, j’ai appris à le faire parce que j’ai été dirigée aussi.
Après, ce ne sont pas tous des professionnels comme je le disais tout à l’heure, mais ils sont bons, ils sont présents quoi.
Quels a été ton parti pris, quel axe de travail as-tu choisi ?
Alors : on m’a demandé de mettre en scène des chansons des années trente.
C’était ça, le projet de Corinne RAYMOND…
Voilà. Elle voulait être dedans, Corinne RAYMOND, et elle ne se sentait pas de diriger. Et elle a eu bien raison parce que c’est très compliqué de jouer et d’être sur scène. C’est quelque chose que j’évite… Il y en a qui le font, je respecte, mais moi j’ai du mal, t’as trop de regard sur scène.
Comme Henri MASINI… Pourquoi y a-t-il un remerciement à Henri MASINI d’ailleurs ?
Parce que justement il a été super sympa : il m’a prêté le Théâtre de l’Atelier pour répéter.
C’est vraiment très sympa !
Mais il est adorable. Et le Lavoir pareil, parce qu’on y va souvent. [le Théâtre du Lavoir, à Menton. NdR]
Pour en revenir à ton prochain spectacle, il y a plusieurs formes d’art qui se rejoignent (photo, comédie, chant…) Y a-t-il un support qui prédomine ?
Oui, j’avais envie de mettre des photos en temps réel…
Mais quel est l’univers qui domine ? Ce n’est pas le chant ?
Si, si, c’est le chant qui domine. La photo en temps réel, elle est quand même définie dans le spectacle, on a quand même calé des moments, ça laisse une liberté d’improvisation à Olivier s’il se sent de prendre une photo pendant le spectacle — il fait des mises en abîme aussi (il prend une photo, puis il fait une photo de la photo etc. … le personnage peut être six fois sur la même photo).
J’aime beaucoup la photo parce que ça fige un instant. La photo en temps réel, c’est une photo dans le présent qui devient passé, et je trouvais ça intéressant par rapport à Cabaret Zinc et les années trente…
Je vois que ça démarre à la toute récente Black-Box de Nice (quartier Bon-Voyage) puis que vous continuez le week-end suivant à la Providence, ancienne chapelle désacralisée. Est-ce que c’est facile d’adapter un spectacle à des lieux aussi différents ?
Alors, Cabaret Zinc peut se jouer en rue si on a des micros (et nous avons fait une demande de subvention pour acheter des micros !) Par contre, c’est un peu plus difficile à la Providence… Pour la Black-Box, c’est une super salle.
Pour rester dans ce que je pense être l’esprit du blog, acceptes-tu de faire ici la pub pour un spectacle ou pour une compagnie qui n’ont aucun lien direct avec toi, ton entourage ou ton travail ?
Je suis très amoureuse d’une compagnie. C’est la Cie Accrorap. Elle est effectivement très connue. C’est de la danse… et justement, comme j’aime les choses un petit peu mélangées, c’est plein d’artistes — des danseurs, et il mélangent la Capoeira, de la danse africaine, du break… Allez voir le site, c’est assez merveilleux. [Cliquez ICI pour voir ce site.] C’est Kader ATTOU, il est algérien. Ils tournent partout dans le monde.
Ils ont tourné ici ?
Oui, ils ont joué à Grasse. Moi, je les ai vu deux fois à Grasse.
Merci à toi Émilie !
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CABARET ZINC
Mise en scène : Emilie Pirdas
Pianiste : Mathieu Geghre
Photographe : Olivier Baudoin
Chanteurs comédiens : Brigitte Baurens, Mariette Bousquet, Joëlle Goiran, Alexandre Lamia, Corinne Rémond
Création Lumière : Boris Burasovitch
Régisseur son : Martial Gauthier
Costumes : LCS
Mardi 7 décembre 2010 à 21h00
Salle de la Black Box / CAL Bon Voyage
2, pont René Coty à NICE
Réservations : 04 92 00 75 60 ou 06 63 71 18 82
Tarif : 10 Euros
Samedi 18 décembre 2010 à 20h30
Centre culturel de la Providence
2, rue Auguste Kerl Vieux Nice
Réservations : 04 93 80 34 12
Tarif : 15 et 10 Euros
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26/04/2010
Solo Para Paquita
Vendredi 23 au soir, j’ai assisté pour la première fois à une représentation en appartement. Nous étions 22 spectateurs à nous être déplacés jusqu’au boulevard Carnot, près du quartier du port, chacun apportant quelque chose à grignoter ou à boire. Notre hôte — ancien danseur classique — nous a alors installés dans son grand salon, pour déguster un café avant la représentation.
La régie était prête : un PC portable équipé d’une paire de tweeters et d’un caisson de basse pour la bande son — de la musique, composée pour ce spectacle par Mathieu GEGHRE ; deux ou trois lampes de salon et autres halogènes ainsi qu’un petit projecteur, habillé d’une gélatine bleue.
La pièce pouvait commencer : un monologue, écrit par le dramaturge espagnol Ernesto CABALLERO, dans lequel Paquita, une femme comme toutes les autres, se raconte. Elle raconte ses petites superstitions, ses soirées au Bingo, puis sa rencontre, sa passion pour un homme qui la trahira… et qu’elle va tuer. On apprend alors que ce que nous venons d’entendre n’est qu’un rappel du passé, et que le public, avec la comédienne, participe à une thérapie de groupe. Puis d’autres tiroirs vont encore s’ouvrir, les spectateurs étant une fois de plus manipulés, jusqu’au dénouement final.
Fin, très bien écrit (et traduit), très bien joué, très bien mis en scène, on reste pantois devant une telle performance. A cela s’ajoute la parfaite adéquation de ce spectacle avec le jeu en appartement. Tout l’aspect "confession publique" est ainsi mis en relief sans recourir à aucun artifice, et pour cause : les spectateurs se retrouvent figurants du spectacle qui se déroule devant eux.
La formule, certes, n’est pas nouvelle. Mais quoi de réellement nouveau dans les théâtres ? A la nouveauté, je préfère de loin ce qui est créatif. Car ce n’est pas la même chose. Être créatif, c’est faire de la toute petite nouveauté. Cette accumulation de trouvailles et de rencontres, de décisions périlleuses. C’est cet ensemble de réglages qui est inédit, sans être révolutionnaire.
En effet, ces dix dernières années, on trouvait encore des troupes de théâtre qui installaient un écran vidéo sur la scène, juste pour dire que c’était nouveau, moderne et autres balivernes…
Le Spectacle Vivant est aussi affaire de rencontres. Pour cette pièce, ce fut entre Émilie PIRDAS, comédienne professionnelle (c'est-à-dire ayant le fameux statut Intermittent) et Isabelle BONDIAU-MOINET, autre comédienne professionnelle (c'est-à-dire ayant aussi du mal à conserver son statut d’Intermittente).
Émilie avait jusqu’à lors une expérience de comédienne, pas de metteur en scène. Ces dernières années, elle avait beaucoup travaillé avec la compagnie Sîn (on l’a vue dans Le Cri du Cœur) et avait ainsi participé à des créations collectives. Mais SOLO PARA PAQUITA était sa première mise en scène à part entière, le premier projet qu’elle a du porter seule.
Enfin, « seule » c’est une façon de parler, car Isabelle est LA comédienne qu’il lui fallait pour dire un texte aussi subtil, aussi travaillé et aussi structuré. On avait déjà pu admirer son travail au sein de la Cie Alcantara, dans Paroles d’Étoiles notamment.
Cette collaboration ne signifie nullement qu’elles aient chacune quitté leur compagnie respective, simplement qu’elles avaient envie de travailler ensemble.
Une autre metteur en scène expliquait que « ce monologue pourrait être le miroir déformant de nos fantasmes. La question du passage à l'acte, du fantasme à la réalité se développe devant nos yeux : Paquita passe à l'acte. »
Je préfère les explications d’Émilie PIRDAS qui souligne le fait que, femme ou homme, on se laisse parfois avoir par l’Autre, naïvement. Et cette souffrance, si bien écrite, ne doit pas être jouée avec rancœur, voire dans un esprit de contestation féministe trop convenu, mais avec cette même naïveté qui engendre de l’empathie pour ce personnage — qui, malgré tout, a assassiné quelqu’un !
C’est un spectacle qui a été crée au Théâtre de la Semeuse en décembre 2009 (cliquez ICI pour relire l’article) puis joué au Théâtre de la Tour et au Théâtre du Port cette année.
Pour ces deux représentations en appartement, la participation était libre « pour nous aider à payer nos frais de communication et le travail fourni » comme il était indiqué dans l’annonce.
Dès que ce spectacle sera à nouveau à l’affiche, dans un théâtre ou dans un salon, il ne faudra pas hésiter une seconde à aller écouter cette Paquita vous raconter ce qui est «stimulant, amer et nécéssaire»…
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25/11/2009
Piqûre de rappel
C'est le titre d'un e-mail que j'ai reçu afin que je repasse une annonce parue sur ce blog le 22 septembre dernier (et ♫ le 22 septembre ♫ aujourd'hui ♫ ... on ne s'en fout pas) :
Solo para Paquita
(Stimulant, amer et nécessaire)
Pièce d'Ernesto CABALLERO
Monologue interprété par Isabelle BONDIAU
Mise en scène : Émilie PIRDAS
Création musicale : Mathieu GEGHRE
Création lumière : Érik de Saint-FERREOL
Comédie aigre douce, avec une pointe d'humour acide et épicé, Solo para Paquita est l'histoire d'une femme... Une madame tout-le-monde, une employée du ministère. Plongée dans sa solitude et noyée dans un monde bercé d'illusions, elle décide un jour d'aller au Bingo.
C'est là que tout bascule. Elle rencontre un homme, tombe amoureuse, mais il disparaît presque aussitôt. La déception, la tristesse et l'amertume alors se dessinent en elle, et sa colère se transforme en un acte fatal. Passage à l'acte ou simple délire schizophrène, Paquita bascule petit à petit dans l'obsession des chiffres, des mots, des coïncidences et du mysticisme, ce qui l'amène à perdre ses repères et à balancer entre folie et réalité...
Paquita se retrouve ainsi dans trois univers, trois lieux, trois espaces-temps.
Elle se livre alors à une confession publique tenant lieu de thérapie, tout en sirotant un petit café qu'elle trouve parfois stimulant, amer et nécessaire...
Émilie PIRDAS confie quelques réflexions sur ses choix :
« ... Étant curieuse du théâtre latino-américain, j'évoquerai l'extrême richesse et la grande variété des auteurs comme José SANCHIS SINISTERRA, une des grandes figures de ce théâtre de l'après-franquisme ; José TRIANA, auteur cubain ; Gabriel GARCIA MARQUEZ auteur colombien ; Alfredo ARIAS et bien des autres.
Je me suis un jour plongée dans la pièce Solo Para Paquita d'Ernesto CABALLERO, car je cherchais à mettre en scène un monologue pour femme. Je fus alors séduite par l'écriture, la poésie, l'acidité et l'humour de ce texte.../...
.../... L'auteur pose la question du passage à l'acte. Ernesto CABALLERO entraîne Paquita à commettre un acte irréparable qui la fait atterrir en hôpital psychiatrique où elle pratique une thérapie de groupe.
Mais ce qu'on croit être la thérapie d'une femme malade d'amour devient, par la magie de l'écriture de l'auteur, un drame théâtral : Paquita ne s'avère être autre qu'une actrice schizophrène ; le docteur Ceballos, le responsable de la thérapie, un metteur en scène peu scrupuleux et le groupe de thérapie n'est autre que le public.
La richesse de ce texte aborde également la place et la complexité de ce que peut ressentir un comédien lorsqu'il s'enveloppe d'un personnage pour pouvoir ensuite l'interpréter. L'auteur alors s'appuie sur la fragilité humaine, les obsessions et les vieux démons que l'homme et la femme portent en eux... »
Ces propos sont extraits du dossier de presse que vous pouvez télécharger en cliquant ICI.
J'ai déjà évoqué la rencontre entre deux artistes issues de deux compagnies. Émilie PIRDAS provenant de la Cie le Cri du Chœur et Isabelle BONDIAU de la Cie Alcantara. C'est le genre de synergie qui me plaît. Il me semble qu'il est salutaire pour un artiste de ne pas trop s'installer dans une formule qui marche (et pour un intermittent, plus ça marche et plus il est difficile de renoncer à l'assurance d'un succès facile et d'un revenu à peu près décent). Aussi on ne peut que saluer cette collaboration nouvelle.
D'autre part, j'ai déjà vu jouer la comédienne et je pense que le rôle qu'elle doit assumer est tout à fait à sa portée.
C'est au Théâtre de la Semeuse (~ 100 places, non numérotées)
2, montée Auguste Kerl
à NICE
Renseignement et réservation : 04 93 92 85 08
les vendredi 11, samedi 12 et vendredi 18 et samedi 19 décembre à 20h30
Durée du spectacle : ~ 01h15
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