07/11/2011
En générale
J’étais invité, la semaine dernière, à la générale de l’Impromptu de Versailles, qui se joue jusqu’au 19 novembre au TNN, salle Michel Simon (la "petite" salle de 350 places).
La générale est la dernière répétition, juste avant la première représentation devant le public. Mais dans les grosses structures, il est d’usage d’inviter des personnes pour y assister.
Les usages, les traditions, il en est parfois question dans cet Impromptu, et Paul CHARIÉRAS, le metteur en scène nous l’a rappelé à la fin du spectacle, alors que le public applaudissait : il s’agit d’une répétition, donc les comédiens ne viennent pas saluer sur le devant de la scène.
Peu importe, chaque invité connaissant au moins un membre de l’équipe, nous avons pu prolonger la soirée en discutant un peu.
En traversant les cercles de conversation, j’ai pu me rendre compte de l’accueil mitigé de cette interprétation de la pièce de MOLIÈRE.
Dans le dossier de presse lui-même, on explique qu’il s’agit « d’une pièce unique et totalement atypique dans l’œuvre du plus grand homme de théâtre qu’ait connu le XVIIè siècle » (je ne suis pas entièrement d’accord, Don Juan me semble aussi une œuvre à part).
Elle est surtout atypique dans sa raison d’être. En effet, MOLIÈRE a écrit ce texte pour répliquer aux attaques qui fusaient de toutes part. Il a répondu à sa façon, avec ses armes à lui. Est-ce à dire que le résultat n’est pas une pièce de théâtre ? Si, si, bien sûr. Toutefois, certaines bases sont bousculées. Et pas des moindres.
Il est un principe, notamment, qui veut que souvent — pas toujours mais souvent — une pièce doit montrer une évolution, un cheminement. L’action, un ou plusieurs personnages, quelque chose doit partir d’un point A pour arriver à un point B. Pour cela, elle peut d’abord passer par petit a puis petit b, c et d… Bref, le spectateur doit constater que, même immobiles, les personnages ne sortent pas indemnes du drame ou de la comédie qui vient de se dérouler.
Hors, dans cet Impromptu de Versailles, c’est moins évident. Jean-Baptiste POQUELIN, qui se met lui-même en scène avec sa troupe de comédiens, montre à son public les difficultés de son métier, et tout le talent qu’il faut pour proposer au roi, en un temps record et dans l’urgence, un spectacle qui tienne la route. Tout occupé à expliquer ses théories sur le théâtre et à répondre à ses adversaires, il a délaissé ce principe de progression.
Ainsi, il était difficile pour les comédiens du TNN de tenir le public en haleine durant une heure et quart. Paul CHARIÉRAS qui signe la mise en scène endosse également le rôle principal, celui de Jean-Baptiste POQUELIN. Et si son jeu est acceptable, parfois très bon, il n’a pas réussi à éviter la monotonie. Une monotonie bien camouflée, dissimulée sous les pirouettes et surtout d'excellents décors très bien conçus — des décors qui montrent… l’envers du décor !
Ajoutons à cela que quelques comédiens semblent un peu "verts" et cela plombe davantage le rythme.
Et pourtant, ce spectacle n’est pas loin d’être au point. Il contient quelques très bonnes scènes avec de bonnes performances. Il y a des trouvailles. Il ne faut pas le remanier, juste le retoucher.
Ce texte n’est pas le premier tir de mortier, MOLIÈRE avait auparavant composé l’École des Femmes, pièce qui avait suscité de nombreuses critiques, notamment de la part de Donneau de Visé. MOLIÈRE répliqua alors avec la Critique de l’École des Femmes, laquelle ne diminua pas ces pamphlets et autres caricatures. MOLIÈRE écrivit alors l’Impromptu de Versailles, en précisant cette fois qu’il ne prétendait « faire aucune réponse à toutes leurs critiques et leurs contre-critiques… », bien que ses adversaires aient continué leurs attaques.
Pour plus de détails sur les horaires et les tarifs, le site du TNN est en lien Colonne de Gauche.
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17/03/2010
Tu as oublié un « orgie » coco...
Un de mes souhaits les plus fréquents, c’est de voir le public sortir davantage de son petit cocon télévisuel pour aller à la rencontre de la multitude de spectacles qui jaillissent un peu partout, feu éphémère et pourtant nécessaire.
Je le répète à qui veut m’entendre : « prenez des risques ! » — c'est-à-dire risquez de gâcher une soirée confortable à la maison pour aller découvrir des œuvres qui ne vous plairont pas toujours. « Tentez le coup ! »
Et pourtant, aujourd’hui, je vous en conjure, N’ALLEZ PAS VOIR « Les FUNAMBULES », un spectacle proposé par la Cie B.A.L. [Bal d’Art Léger] et programmée au TNN du 16 au 21 mars !
Sur le papier, cela partait plutôt bien : une création mêlant danse, chant et théâtre ; une distribution alléchante, avec Monique LOUDIÈRES, ancienne étoile du Ballet de l'Opéra de Paris dans une chorégraphie d’Éric OBERDORFF ; une co-production incluant notamment le Théâtre de Grasse, connu pour sa programmation de qualité…
Las, ce fut pitoyable. J’ai cru pendant près d’une heure qu’il allait se passer quelque chose, que c’était du second degré. Mais non.
Je n’en veux pas à cette compagnie d’avoir produit un travail qui me semble dénué d’intérêt, de sens, de créativité et d’esthétique. Je ne m’en prend pas à un texte qui aurait voulu dire de grandes choses mais qui ne faisait que bavarder. C’est peut-être le public qui n’a rien compris ce soir-là (c'est-à-dire la moitié de l’assistance qui a vidé les lieux avant la fin et l’autre moitié qui est restée par politesse).
Jamais je ne réclamerai une obligation de résultat à un artiste. Si cette compagnie a créé un tel spectacle, digne d’une kermesse d’école, elle a ses raisons, que j’ignore.
C’est contre le TNN que je suis en colère. Comme toutes les grosses institutions, il a des responsabilités, différentes de celles des créateurs.
Il doit, c’est entendu, faire découvrir des créations peu connues, aider les petites structures ; surprendre aussi, MAIS PAS TOUT LE TEMPS.
Car enfin, sur l’ensemble des spectacles que j’ai pu voir dans ce théâtre dirigé par Daniel BENOIN, un seul a soulevé l’enthousiasme, c’est le fameux « la Vie devant Soi ». Tous les autres m’ont déçu.
Les amateurs de B.D. se souviendront peut-être, dans « Astérix et le Chaudron », du passage ou GOSCINNY, déjà à cette époque, se moquait de ce théâtre prétendument d’avant-garde, en montrant une troupe préparer un spectacle affligeant ; on y voyait un comédien déclamer : « orgies, orgies, nous voulons des orgies ! »… et Obélix dans son meilleur rôle ! Eh bien, le spectacle « Les Funambule » est à mi-chemin entre cela et « l’Île aux Enfants », émission culte de la télé des seventies… mais en moins bien, en moins créatif.
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09/12/2009
Lecture
J’ai été invité ce mardi 08 décembre à fêter les 40 ans du TNN en assistant à une lecture, dans la grande salle "Pierre Brasseur".
Daniel BENOIN et quelques-uns des comédiens permanents du Théâtre National de Nice ont ainsi lu, entre autres extraits, des passages de « la Promesse de l’aube », de Romain GARY ; « la Douceur de la vie » de Jules ROMAIN ; « le Père adopté » de Didier VAN CAUWELAERT ainsi que « Ballaciner » de J.M.G. Le CLÉZIO.
La lecture est un exercice périlleux pour plusieurs raisons :
En décidant de lire plutôt que de jouer, on se prive délibérément d’une grande partie de ses moyens d’expression et donc de création.
Pour éviter l’ennui qui guette le public à chaque ligne, il faut choisir des passages le plus courts possible, ce qui n’était pas le cas ce soir-là.
Attention enfin aux accrocs lors de la lecture elle-même, aux accidents de parcours et autre diction approximative. En effet, on choisit souvent de faire une lecture pour des événements qui ne seront pas reconduits : il est convenu qu’on ne répètera pas autant que pour une pièce jouée de nombreuses fois et que l’on compte sur le comédien pour compenser le peu de moyens alloués à ce travail.
Enfin, fallait-il garder la disposition classique d’une salle de théâtre : les artistes sur scène et le public au parterre ? Pour cette lecture qui m’a semblé un peu longue — malgré la qualité des auteurs convoqués — je pense qu’il aurait fallu demander aux comédiens de venir parmi le public, ou en tout cas le plus près possible, et adapter le dispositif scénique à cette formule.
Car il y avait un dispositif scénique. Simple, bien conçu, c’était un peu le fil rouge de cette lecture : les artistes qui ne lisaient pas attendaient assis, dos au public, sur des chaises faisant face à un immense écran, sur lequel étaient projetées des prises de vues de la villes de Nice (une sorte de promenade filmée façon Super-8 d’autrefois).
Quelques très bonnes prestations, des passages plutôt drôles et enfin un accompagnement musical de l’excellent Clément ALTHAUS ont permis à ces deux heures de ne pas paraître trop longues. Je dois même avouer que j’ai applaudi sans me forcer au moment des saluts.
Pourtant, je persiste à dire qu’une lecture doit se travailler un minimum, que le comédien qui s’y aventure doit avoir une vigilance de tous les instants, déployer une énergie colossale, avoir un débit de parole légèrement ralenti et malgré tout faire court autant que possible.
Bien sûr, il faut tempérer ces observations en se rappelant que le public qui assiste à ces lectures est un peu plus détendu que d’habitude. Un peu comme si chacun venait à un rendez-vous d’habitués.
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06/11/2009
Et alors ?
« Une première en France », nous annonce le programme TV de ce samedi soir. Je n’ai pas vérifié, c’est sans doute vrai : c’est la première fois que l’on retransmet en direct à la télévision une pièce depuis un Théâtre National de province. Et c’est tombé sur le TNN, le Théâtre National de Nice.
Il s’agit de la pièce écrite par Jerry STERNER : « Other People’s Money », adaptée et traduite par Linda BLANCHET et Daniel BENOIN sous le titre plus connu de « A.D.A. — l’Argent Des Autres ».
Jerry STERNER, ex-homme d’affaire américain, a réussi une carrière dans l’immobilier, avant d’entamer celle d’écrivain dramatique. Il écrit Other People’s Money en 1989 et connais un succès immense, aux Etats-Unis, mais aussi dans tout le reste du monde.
Ce soir-là donc, à 20h30, nous sommes devant notre « poste de télévision », comme on disait autrefois. La soirée commence par un bref commentaire de l’incontournable Christian ESTROSI, flanqué de Daniel BENOIN.
Puis les caméras de France-2 pénètrent dans l’antre du TNN, et viennent solliciter Alexandra LAMY (oui, c’est celle de « Un gars une fille »…) qui va interpréter Kate, la jeune avocate et Michel BOUJENA, qui lui interprètera Larry-le-Liquidateur, Lawrence Garfinkle.
J’avoue que cela m’agacerait profondément si quelqu’un venait me demander mes impressions sur la pièce que je vais jouer dans cinq minutes, mais bon, les deux comédiens semblent plus solides que moi.
Le spectacle commence. Rapidement, je comprends que je vais m’ennuyer. Le texte (la traduction ?) est pataud, convenu ; tout est "téléphoné" ; les comédiens ne sont pas excellents, surtout Daniel BENOIN qui est carrément mauvais (il "met le ton", comme les enfants à l’école).
Et puis enfin, peu à peu, allez savoir pourquoi, la pièce décolle. Ça y est, je rentre dans l’histoire, je ne me pose plus de question, je reçois le spectacle tel quel.
Je pense que c’est au moment de l’entrée en scène d’Alexandra LAMY, qui est vraiment excellente : présence, interprétation, technique… du début à la fin, ce qui est encore moins évident. Michel BOUJENA cesse enfin de se comporter comme s’il réalisait un one-man-show et d’en faire des tonnes, enfin presque, car il aura encore deux ou trois fois un accent qui revient ou une grimace incontrôlée.
Le décor, les moyens techniques sont assez conséquents (changement "à vue" — deux lieux différents reposent sur un plateau qui tourne, comme un gigantesque plateau à fromage, et nous permet d’imaginer qu’on se transporte instantanément de la grande métropole à la province) mais enfin, cette fois-ci cela sert le propos.
Mais plus encore que les décors et les éclairages eux-mêmes, c’est l’utilisation qui en est faite qui m’a beaucoup intéressé. En effet : alors même que le décors n’a pas fini d’être installé, les comédiens sont déjà en train de jouer. Ou parfois, c’est le contraire, les dernières répliques de la scène précédente sont dites sur le nouveau décor de la scène suivante !
Loin d’être un défaut qui détruit l’ensemble, ce procédé fait que la pièce gagne au contraire en dynamisme. Et cela donne même un sentiment de compression du temps (en effet, l’action est sensée se dérouler sur plusieurs mois).
J’aime beaucoup ce genre de mécanisme qui ne réclame aucun moyen technique, seulement humain, et donc qui peut être utilisé par tous. Je ne sais pas si c’est Daniel BENOIN qui en est l’inventeur ou si beaucoup d’autres s’en sont déjà servi, mais c’est tout à fait le genre de trouvaille que j’affectionne.
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Maintenant que quelques jours sont passés, je me pose une question qui mérite que l’on s’y attarde : « ET ALORS ? »
Oui, cette question, chaque artiste, et pas seulement dans le Spectacle Vivant, doit souvent se la poser. Pour savoir si ce que l’on fait est créatif, pertinent, et surtout si ce n’est pas simplement de l’esbroufe.
Et là, rappelez-vous, j’ai dit au début de cet article que c’était la première retransmission en direct depuis un théâtre national de province. ET ALORS ? Qu’est-ce que ça nous a apporté à nous, (télé)spectateurs ? Quelle est la pierre posée à l’édifice de la culture ? Et si cette pièce avait été enregistrée la veille puis diffusée sur France-2 plus tard, quelle différence aurions-nous perçue ?
Peut-être le public présent ce soir-là a-t-il lui senti quelque chose ? Mais j’en doute.
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14/10/2009
On a brisé le veau d’or
J’ai assisté hier soir à une représentation du Roman d’un Trader au TNN. Je n’aurai pas besoin de faire un compte rendu de ce spectacle, les créations du Théâtre National de Nice qui ouvrent la saison sont toujours largement relayées par les média.
Je me contenterai de signaler la bonne performance de Lorànt DEUTSCH, qui incarne le trader, ainsi que celle de Bernard-Pierre DONNADIEU (qui cependant campe un peu trop souvent l’homme de pouvoir et d’argent, alors que son talent lui permettrai de varier davantage les rôles).
Malgré les comédiens, la pièce était un peu trop fade, par manque de rythme parfois, et à cause d’un texte et de situations trop convenus.
Un signe qui ne trompe pas et que l’on retrouve souvent dans les productions de Daniel BENOIN : l’effet le plus efficace, j’allais dire le plus saisissant, est obtenu à l’aide d’un simple fauteuil de bureau à roulette ; toute la grosse machinerie théâtrale, une fois de plus, n’étant là que pour masquer le vide de certaines scènes, sans apporter grand-chose.
Dommage, car tous ces écrans géants et ces décors qui s’escamotent sont ma foi bien réalisés, et les techniciens ont fait du bon travail, mais les techniciens seulement, pas le créateur.
Je ne regrette pas d’avoir pris le tramway ainsi que deux heures de mon temps, mais je suis un peu resté sur ma faim.
Je pensais même ne rien écrire sur ce spectacle lorsque s’est produit un petit incident, vers la fin de la représentation.
Dans la pièce, la femme du directeur de banque veut obtenir une sculpture d’un artiste en vogue, intitulée « le Veau d’Or » et coûtant la bagatelle de 2 000 000 d’euros. Cette statuette est apportée sur la scène dans un sac et, au moment de la manipuler, le comédien s’est aperçu qu’un morceau s’en était détaché. Tout le monde dans la salle l’a remarqué car cela ne pouvait manifestement pas être une chose prévue dans le scénario.
Malgré tout, chaque artiste a immédiatement intégré cette donnée dans son jeu et a fait "comme si". Gestes adaptés et petites remarques ajoutées au texte original ; quelques mots seulement, improvisés, notamment par Bernard-Pierre DONNADIEU, et parfaitement joués. Ils ont montré qu’ils étaient de vrais comédiens, qu’ils étaient capables de tout et que tout pouvait arriver, le spectacle continuerait.
La salle presque toute entière a témoigné par un rire, ou plutôt une rumeur, sa joie d’assister à cet imprévu. Signifiant presque aux comédiens : « on a bien vu qu’une chose ne s’est pas passée comme vous l’auriez voulu, mais vous avez continué à dérouler l’histoire pour nous et ça marche, nous sommes toujours embarqué avec vous ».
Car enfin : même si, bouleversé, vous pleurez toutes les larmes de votre corps et que l’acteur le plus génial du monde est en train de mourir sur scène, jamais vous ne vous lèverez pour lui porter assistance, parce qu’au fond de vous, une petite lumière de conscience vous rappelle que tous ça est irréel. Beau, important, nécessaire, créatif, éloquent… mais irréel. Le théâtre donne à voir beaucoup de choses, on peut y parler des sujets les plus importants pour l’humanité, y montrer les scènes les plus drôles comme les plus insoutenables, ON SAIT TOUS QUE C’EST POUR DU FAUX !
Le public, en venant louer sa place ce soir là, est parfaitement d’accord avec ce principe. Il va recevoir, il va donner parfois, on va communier, mais les situations et les personnages montrés sur la scène n’existent pas — même lorsque l’histoire est inspirée de faits réels.
Ce que le public ne supporte pas en revanche, c’est que l’on vienne briser son rêve. Et hier soir, si on a brisé ce Veau d’Or, on n’a pas brisé le rêve des spectateurs présents dans la salle.
Parce qu’on a improvisé. Oh, pas beaucoup et la catastrophe n’était pas si grande. Pourtant, je tenais à signaler ce détail car j’ai pu constater que beaucoup de comédiennes et de comédiens professionnels n’ont pas la culture de l’improvisation. Lorsque survient un incident pendant la représentation, les mots viennent, mais la puissance vocale baisse, le ton n’est plus aussi assuré, on bredouille, les comédiens parfois même se contredisent.
(C’est une des règles de base de l’improvisation : il ne faut JAMAIS aller contre ce qui a déjà été établi par les autres partenaires. Un exemple : vous aviez décidé de vous appeler Eustache dans la scène qui doit être jouée, mais un autre comédien s’adresse à vous et vous appelle Jean-françois. Surtout, n’allez pas lui dire : « Oh ! mais tu m’as appelé Jean-françois ? Tu sais très bien que je m’appelle Eustache ! » car là, plus personne dans l’assistance ne croit aux personnages ni à l’histoire, c’est la fin du rêve et le public s’en va.)
La virtuosité fait partie de l’arsenal déployé pour bâtir une œuvre théâtrale. Encore une fois, le public SAIT QUE C’EST POUR DU FAUX, alors il faut bien lui montrer quelque chose de sublimé, de parfait, de beau, de la bonne ouvrage. Et lorsque le Veau d’Or vous parvient en deux morceaux au lieu d’un, on continue de garder le même volume sonore, on continue d’avoir une voix claire, une diction précise, on se reconnecte le plus vite possible sur le texte qui doit suivre et même, on prend plaisir à improviser. Le rêve ne sera pas interrompu.
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11/03/2009
Du papier à la chair
Si nous avions habité à 50 mètres du TNN (Théâtre National de Nice), nous n'aurions pas eu à prendre la voiture et à chercher une place ; mais nous serions rentrés trop vite aussi ! Nous n'aurions pas eu droit à ces quelques minutes où, sur la route, nous n'avons rien d'autre à faire que nous livrer au plaisir de parler du spectacle, avant de retrouver notre quotidien.
Il me semble que c'est un des intérêts de la Culture en général, que de provoquer les échanges entre individus.
Avec ma compagne, sur le chemin du retour, nous avons parlé de la pièce que nous venions de voir : Making Off
Making Off, ce fut d'abord un roman. Le premier opus d'une bibliographie aujourd'hui très étoffée pour une écrivain d'à peine 30 ans, Claire LEGENDRE.
L'adaptation à la scène est de Linda BLANCHET. « L'écriture crue, drôle et brutale de Claire Legendre a été une vraie rencontre. Je suis heureuse de partager ma découverte en portant à la scène l'univers dense de cet auteur bien vivant. » nous confie-elle sur la plaquette de présentation.
Making Off ― le livre comme la pièce ― raconte l'histoire d'un journaliste qui a la chance de pouvoir interviewer le sulfureux et très secret Caïn SHOESHINE, cinéaste maudit boudé par Hollywood mais adulé en Europe. S'installe peu à peu un climat tendu et noir.
Le dernier projecteur éteint, je me suis rendu compte qu'il y avait deux sortes de spectateurs : ceux qui ont déjà lu le roman et ceux qui ne le connaissent pas encore.
Ca tombe bien, ma ravissante compagne n'avait jamais lu Making Off, tandis que moi, oui. Je lui ai demandé d'écrire ici ce qu'elle m'avait confié quelques instant plus tôt :
N'ayant pas lu le roman, je suis arrivée tel le naïf de service devant le spectacle. Je ne m'y suis pas ennuyée... c'est déjà pas mal.
Une ambiance qui tient en haleine. De la tension palpable. Une inquiétude latente, dont on a du mal à définir à quoi elle tient. Le décalage entre le ton et les propos ? Le côté obsessionnel du héros, avec ses phrases répétées « Regarde la caméra. » « Regarde la caméra. » ?
Et pourtant, une impression plutôt mitigée. J'ai été lassée par certains choix de la mise en scène. Un petit relent d'originalité et de modernité choc à tout prix.
Je me suis demandée trop souvent si les moyens utilisés étaient là pour émouvoir, ajouter, dire, créer ? Les comédiens nus sur scène, à quoi ça sert ? Le propos aurait-il été moins efficace sans cela, sans certains autres effets censés être dérangeants ?
Rien n'est moins sûr...
J'ai bien peur que le texte n'ait été plus dessevi qu'autre chose. Dommage.
Et voilà, je le disais plus haut : ceux qui n'ont pas lu le roman sont en quelque sorte lésés. En effet, ils n'ont pas l'occasion d'apprécier la façon dont le style de l'auteur est restitué. Claire LEGENDRE semble avoir écrit cette première œuvre comme une mosaïque, avec une accumulation de phrases très courtes, et dont on ne perçoit le sens qu'au bout d'un certain temps de lecture, avec du recul.
Il m'a semblé ressentir la même chose en voyant le spectacle se dérouler sous mes yeux. Les premières minutes, on se demande bien ce qu'on fait là, à regarder des comédiens quelconques dans une mise en scène ordinaire... Manipulation ! En réalité, la pièce décolle sans que vous puissiez dire à quel moment.
Je rejoint toutefois ce qu'écrit ma compagne : les choses les plus efficaces ne sont pas les plus spectaculaires. Des trouvailles de mise en scène discrètes et efficaces permettent de recréer ce climat de danger et cet univers singulier dans lequel plonge le journaliste. Point n'était besoin de nous déballer toute cette chair, même si elle est au centre du prétexte de l'histoire.
C'est d'ailleur pour cela que, croyant la pièce terminée, j'ai commencé à applaudir, imité alors par quelques autres. Puis deux ou trois rires qui fusent dans l'obscurité. Le rire de ceux qui savent : la pièce n'est pas finie, on doit d'abord voir un danseur nu se mouvoir sur le sol, avant le noir final.
Applaudissements. Sauf les quelques uns qui ont quittés les lieux immédiatement.
Je le répète, ceux qui n'ont pas lu le roman seront plus désarçonnés. Les autres auront davantage de jubilation.
Ce spectacle se joue encore les jeudi 12 et vendredi 13 mars au TNN, dans la salle « Michel SIMON ». Cette salle, la plus petite des deux (318 places quand même) est en forme d'amphithéâtre. Le "vrai" amphithéâtre, celui défini par les grecs et qui occupe légèrement plus qu'un demi-cercle, avec la scène au centre. Dans les théâtres romains, les gradins formaient souvent un demi-cercle exact, mais la scène était repoussée au fond, en longueur.
Je ne terminerai pas cet article sans vous donner le lien du « site officiel » de Claire LEGENDRE. IL est beau, mais c'est son contenu qui mérite surtout le détour. Cliquez sur l'image pour le découvrir.
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14/02/2009
Le mois le plus court
Mois le plus court mais pas le plus calme, car il n'y a pas que le carnaval en février.
Mais avant de citer quelques spectacles, voici une annonce qui s'adresse à toutes celles et à tous ceux qui souhaitent présenter les concours des Ecoles Nationales d’Art Dramatique :
le Théâtre National de Nice, en collaboration avec le Conservatoire de Nice, organise un stage :
Travail de la caméra autour d’un texte contemporain — Sept secondes (In God we trust) de Falk RICHTER
avec Paulo CORREIA, comédien permanent du TNN et Gaële BOGHOSSIAN, comédienne.
Au Conservatoire de Nice,
du mardi 17 au samedi 21 février 2009
du mardi au vendredi de 15h00 à 20h00 et le samedi de 11h00 à 16h00
Frais de participation 50 €
Un dossier d’inscription est à votre disposition par mail sur simple demande ou sur place au TNN. Attention, le nombre de places est limité.
Contact :
Astrid LAPORTE
Théâtre National de Nice
Promenade des Arts
06300 Nice
astrid.laporte@theatredenice.org
04 93 13 90 90 (du mardi au samedi inclus)
Pour ceux qui souhaitent rester parmi le public, voici trois spectacles différents :
C’est Bô la vie
De Catherine LAUVERJON, par la Cie Rouge Ephémère. Avec Cécilia BOMPUGET et Virginie PONTÈS.
Une merveilleuse histoire, drôle et poétique, pour enfants de 5 à 12 ans. Et pour le droit à la différence !
Flagada, clown timide et sensible, a peur… des rires. Pour fuir son trac, il s’endort et rencontre en rêve Charlot, Arlequin, Cyrano de Bergerac, Colombine et le Maître de Philosophie du Bourgeois gentilhomme.
Chacun de ces personnages l’aidera à être fier de sa différence. Arriveront-ils à le convaincre d’entrer en scène ?
Samedi 14 et dimanche 15 février à 16h00
Plein tarif : 5, 50 € / Tarif réduit : 4, 50 € (adhérents Trimages, FNAC, Virgin, C.E., groupe de 10 personnes)
Théâtre TRIMAGES
17, rue d'Alsace-Lorraine
06000 NICE
Tel 04 93 16 89 36 / Fax 04 93 87 39 72
www.theatretrimages.com
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Il vous reste encore aujourd'hui samedi 14 février à 18h00 et à 20h30 pour découvrir TANO.
C'est au Café-théâtre LE TÉOCALI
TANO, C’est la rage au service du rire, l’envie féconde et farouche de communiquer et un furieux sens de l’observation.
À travers des personnages sincères et imprévisibles, il s’intéresse aux multiples névroses de l’homme. Le cocktail est explosif !
Plus que des sketchs, ce qu’il écrit ressemble à des petites comédies.
A son actif Prix du Jury au Festival de Villeurbanne en 2006 , vainqueur à Monaco aux Sérénissimes de l’humour 2007, Prix du Jury 2007 au Réservoir à Paris, festival organisée par Juste pour Rire, prix du jury au festival de Dinard, Aix en Provence en 2008, Prix de la presse et du Jury au Festival de Puy Saint Vincent 2009.
Pour vous faire une idée plus précise, vous pouvez également visiter son site, en lien sur la très utile Colonne de Gauche.
Tarif Plein : 15€ - Tarif Réduit : 12€
LE TÉOCALI
16, rue Benoît Bunico 06300 VIEUX NICE
Réservations 04 93 62 91 18 – 06 60 91 39 68
contact@leteocali.com ou teocali@aliceadsl.fr
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Ou bien, vous pouvez aller savourer les fameux DIABLOGUES, de Roland DUBILLARD (c'est son vrai nom !).
Ce spectacle — que j'ai déjà vu il y a cinq ans — est vraiment très bon pour deux raisons : c'est bien écrit, le genre de texte que souhaitent travailler un jour tous les comédiens ; des comédiens, justement, qui servent brillament une mise en scène efficace.
Enfin, peut-être certains d'entre vous ont-ils vu les Diablogues au TNN interprété par François MOREL et Jacques GAMBLIN. C'est toujours une chose intéressante de voir un même texte interprété par des artistes différents. Je ne crois pas faire preuve de snobisme en disant cela. Simplement, c'est un plaisir partagé par un grand nombre de spectateurs que de découvrir ce qu'un metteur en scène peut apporter à un texte connu.
C'est au Théâtre de la Semeuse le samedi 14 février à 20h30
Cie Théâtre ARKADIA
Mise en scène: Stéphane EICHENHOLC
Avec Eric GUYONNEAU et Stéphane EICHENHOLC
Une partition musicale à deux voix, une petite merveille d'humour absurde, un texte agile, drôle et intelligent.
Ce spectacle, composé de plusieurs sketches, peut être joué chez vous en théâtre d'appartement, en séminaire d'entreprise, dans un salon de coiffure, dans un commisariat de police, à la plage, dans un autobus, sur une Scène Nationale, dans un restaurant gastronomique (ou une pizzeria) dans un club de ping pong ou tout autre lieu insolite!
Renseignements / Réservations : Théâtre de la Semeuse, 2 montée Auguste Kerl (rue du château / Vieux-Nice).
Tarifs: 6 / 10 / 15 €
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