07/11/2011
En générale
J’étais invité, la semaine dernière, à la générale de l’Impromptu de Versailles, qui se joue jusqu’au 19 novembre au TNN, salle Michel Simon (la "petite" salle de 350 places).
La générale est la dernière répétition, juste avant la première représentation devant le public. Mais dans les grosses structures, il est d’usage d’inviter des personnes pour y assister.
Les usages, les traditions, il en est parfois question dans cet Impromptu, et Paul CHARIÉRAS, le metteur en scène nous l’a rappelé à la fin du spectacle, alors que le public applaudissait : il s’agit d’une répétition, donc les comédiens ne viennent pas saluer sur le devant de la scène.
Peu importe, chaque invité connaissant au moins un membre de l’équipe, nous avons pu prolonger la soirée en discutant un peu.
En traversant les cercles de conversation, j’ai pu me rendre compte de l’accueil mitigé de cette interprétation de la pièce de MOLIÈRE.
Dans le dossier de presse lui-même, on explique qu’il s’agit « d’une pièce unique et totalement atypique dans l’œuvre du plus grand homme de théâtre qu’ait connu le XVIIè siècle » (je ne suis pas entièrement d’accord, Don Juan me semble aussi une œuvre à part).
Elle est surtout atypique dans sa raison d’être. En effet, MOLIÈRE a écrit ce texte pour répliquer aux attaques qui fusaient de toutes part. Il a répondu à sa façon, avec ses armes à lui. Est-ce à dire que le résultat n’est pas une pièce de théâtre ? Si, si, bien sûr. Toutefois, certaines bases sont bousculées. Et pas des moindres.
Il est un principe, notamment, qui veut que souvent — pas toujours mais souvent — une pièce doit montrer une évolution, un cheminement. L’action, un ou plusieurs personnages, quelque chose doit partir d’un point A pour arriver à un point B. Pour cela, elle peut d’abord passer par petit a puis petit b, c et d… Bref, le spectateur doit constater que, même immobiles, les personnages ne sortent pas indemnes du drame ou de la comédie qui vient de se dérouler.
Hors, dans cet Impromptu de Versailles, c’est moins évident. Jean-Baptiste POQUELIN, qui se met lui-même en scène avec sa troupe de comédiens, montre à son public les difficultés de son métier, et tout le talent qu’il faut pour proposer au roi, en un temps record et dans l’urgence, un spectacle qui tienne la route. Tout occupé à expliquer ses théories sur le théâtre et à répondre à ses adversaires, il a délaissé ce principe de progression.
Ainsi, il était difficile pour les comédiens du TNN de tenir le public en haleine durant une heure et quart. Paul CHARIÉRAS qui signe la mise en scène endosse également le rôle principal, celui de Jean-Baptiste POQUELIN. Et si son jeu est acceptable, parfois très bon, il n’a pas réussi à éviter la monotonie. Une monotonie bien camouflée, dissimulée sous les pirouettes et surtout d'excellents décors très bien conçus — des décors qui montrent… l’envers du décor !
Ajoutons à cela que quelques comédiens semblent un peu "verts" et cela plombe davantage le rythme.
Et pourtant, ce spectacle n’est pas loin d’être au point. Il contient quelques très bonnes scènes avec de bonnes performances. Il y a des trouvailles. Il ne faut pas le remanier, juste le retoucher.
Ce texte n’est pas le premier tir de mortier, MOLIÈRE avait auparavant composé l’École des Femmes, pièce qui avait suscité de nombreuses critiques, notamment de la part de Donneau de Visé. MOLIÈRE répliqua alors avec la Critique de l’École des Femmes, laquelle ne diminua pas ces pamphlets et autres caricatures. MOLIÈRE écrivit alors l’Impromptu de Versailles, en précisant cette fois qu’il ne prétendait « faire aucune réponse à toutes leurs critiques et leurs contre-critiques… », bien que ses adversaires aient continué leurs attaques.
Pour plus de détails sur les horaires et les tarifs, le site du TNN est en lien Colonne de Gauche.
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