13/06/2006
Derrière le Rideau
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir, derrière le rideau, LISIE PHILIP, membre fondatrice de la Compagnie ANTIPODES, que j'ai déjà évoqué ici récemment.
L U C A l’âge de 15 ans, m’as-tu dit, tu laissais le cocon familial pour l’univers de la danse. Si tu ne l’avais pas fait, aurais-tu un jour croisé celui du théâtre ?
LISIE PHILIP Si j'ai quitté Nice à l'âge de 15 ans c'est surtout que je m'y sentais à l'étroit, j'avais besoin de rencontrer des "maîtres" que je puisse admirer, j'étais fascinée par BÉJART, j'ai donc décidé de travailler avec lui (on n’a peur de rien quand on a 15 ans). Je ne sais pas si, en restant à Nice, j'aurai rencontré le théâtre, l'endroit et le moment n'étaient peut-être pas propice. J'avais lu des pièces du théâtre classique essentiellement (Molière, Shakespeare...) mais je n’allais pas voir de pièces de théâtre. Paradoxalement, je faisais de la figu. dans des pièces au préfabriqué qu'on appelait Théâtre de Nice. Mon premier choc théâtral fut à Lausanne avec ISABELLE HUPERT dans Orlando de VIRGINIA WOLF mise en scène de ROBERT WILSON. Un monologue de 3 heures suspendu aux ailes du temps. Mais de toute façon, il m’est impossible de connaître ce qu’aurait été ma vie sans la Danse et les rencontres professionnelles que je me suis donné la chance de faire.
(Crédit photo : MARC BENITA)
Y a-t-il dans ton parcours des choix que tu regrettes, des choses que tu ne referais plus ?
Les regrets ne servent à rien et chaque erreur nous construit un peu plus humainement et artistiquement.
Es-tu optimiste quant à l’avenir de la culture dans les Alpes-Maritimes ? Plus particulièrement celui de la danse et du théâtre ?
Il y a des jours où je me dis que tout est possible et d’autres que ça ne peut pas être pire ! Les Alpes-Maritimes en sont encore aux balbutiements de la création en matière de spectacle vivant. Je ne parle pas des institutions (TNN, Opéra…) qui ont les moyens financiers mais aussi un public à garder, d’où une programmation quelquefois un peu frileuse. L’effervescence de la création se situe chez les compagnies indépendantes qui elles n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions. Notre département est touristique et les pouvoirs publics pensent à tort qu’il faut du spectacle grand public, sous entendu populiste ; c’est se fourvoyer dans la démagogie, on ne fait pas de l’art comme on va à la pêche aux voix électorales. Un jour, il faudra avoir le courage de ne pas prendre les spectateurs pour des crétins. Le spectacle peut et doit être divertissant mais pas forcément idiot (la télé est là pour ça). La qualité, le professionnalisme, l’exigence du propos sont ce qui peut sauver le spectacle vivant. Nous avons également besoin d’une politique culturelle forte et dénuée de clientélisme. Les responsables ou leurs assistants doivent connaître parfaitement tout le tissu culturel et doivent se déplacer pour assister aux spectacles. C’est la moindre des choses : connaître ses dossiers... Quelques-uns le font mais ils sont trop peu. Suis-je optimiste ? Je suis utopiste. Ca finira par aller mieux. Actuellement, toutes les structures indépendantes professionnelles que je connais se battent au quotidien pour survivre, pour certaines depuis 20 ans. Comment cela pourrait-il être pire ?
Plus tard, quitteras-tu (volontairement) cette région pour une autre, ou pour Paris ou l’étranger ?
Il est salutaire dans un tel climat d’aller prendre l’air, voir ce qu’il se passe ailleurs. Tu parles dans ton blog d’ouvertures, de mélanges de genres. Je ne peux pas imaginer l’art autrement, regarder, apprendre des autres, échanger, enrichir son propos de son vécu. C’est essentiel si on ne veut pas scléroser sa recherche. Je réfléchis à mettre des passerelles entre différents contacts en France et à l’étranger. Il ne suffit pas de partir pour tout recommencer ailleurs, il faut pérenniser ses choix et ses envies.
Et la caméra toute seule, sans la scène, tu y penses souvent ou rarement ?
Si ta question concerne la chorégraphe et metteur en scène, j’ai très envie de faire des vidéos-danse. Nous avons commencé à engager le processus avec SÉBASTIEN ANTOINE (vidéaste dans Ich Bin Don Quichotte), je ne suis pas assez technique pour passer derrière la caméra mais nous parlons beaucoup pour atteindre nos objectifs. Nous avons des univers qui se rencontrent bien. En tant qu’interprète, la caméra ne m’attire pas plus que ça. J’ai tourné dans plusieurs courts-métrages, j’ai même fait des pubs, mais je ne provoque pas les rencontres.
Jusqu’à quel point la danse a-t-elle influencée ton quotidien, ta façon de vivre ?
Le mouvement, la conscientisation du corps et de l’espace. Je ne peux m’empêcher de regarder les gens et en particuliers les enfants en train de bouger, d’expérimenter des dynamiques, des lignes. Tout ça sans aucunes notions académiques, c’est dommage de perdre cette spontanéité. Tout le monde sait bouger et même danser, chacun a cette poésie du corps, il suffit de l’écouter, de la cultiver. Quelquefois on me demande à quoi sert la danse, c’est simplement inné. C’est une des toutes premières choses qu’un petit enfant fait. La danse est inscrite en nous. C’est un moyen d’expression dans une société où les mots ont perdu leurs sens. Elle peut tendre au sacré au sens premier mais toujours reliée intimement à soi au delà de la représentation.
Vieux débat entre nous : l’art influence-t-il la société, et si oui de quelle façon ?
C’est un bon sujet pour le bac philo ! J’espère que l’art influence la société via les individualités. Ce qui me pose souci c’est son accessibilité : il est très facile de voir ou d’entendre du médiocre ou du moyen et j’ai peur que le grand public ne sache plus faire la différence. Dans une manifestation comme 06 en scène (au demeurant une excellente initiative) ou les Estivales, la programmation est sensée montrer le meilleur des Alpes-Maritimes ; il y avait des choses excellentes (comme l’installation Ondulations) et des choses disons médiocres, pour être sympa, je parle de critères objectifs comme la mise en scène, l‘interprétation, la scénographie... J’espère qu’un spectateur peut se retrouver dans cette multitude de bric et de broc. Quelle est la mission du spectacle vivant : c’est à chaque metteur en scène et à chaque chorégraphe d’y répondre. Pour ma part, j’essaye de donner un peu de poésie, de générosité et pourquoi pas des pistes de réflexion, si un seul spectateur prend plaisir à tout ça c’est déjà gagné.
Ce qui suit n’est pas véritablement une question, je souhaiterais juste que tu nous livres tes réflexions sur une situation particulière que tu vis toi-même, celle d’être à la fois comédienne et d’assumer son rôle (bien réel celui-là) de mère de famille.
Faire un enfant en 2006, (avec un taux de chômage élevé, une politique qui ne dirige plus rien, une écologie menée à mal par chacun) c’est satisfaire un désir de continuation de soi, faire un enfant en 2006 en étant artiste d’une petite compagnie indépendante c’est un engagement, voire un sacerdoce ou une folie selon les points de vues !!! Mon compagnon et moi avons désiré et décidé d’avoir cet enfant ensemble. C’était un peu comme décrocher la Lune ! Notre petite fille est née le 9 janvier 2005 avec un mois d’avance. J’ai travaillé jusqu’au dernier moment, mis en scène Le ciel par-dessus les murs de la Cie ALCANTARA, j’ai participé en tant qu’interprète à une performance danse multimédia avec JEAN-MARC MATOS, j’ai continué à m’occuper de la gestion d’Antipodes. J’avais juste oublié de prendre soin de moi et de mon bébé. La naissance venue, le ciel m’est tombé sur la tête (sans parler de ma belle-mère !), il n’était pas possible de suspendre les activités de la Compagnie car pour nous, projet suspendu = projet non reconduit. Le droit du travail ne s’applique pas aux intermittents ou autre free lance - un article stipule que la naissance d’un enfant ne peut remettre en cause l’emploi d’une femme ; dans une petite compagnie on peut perdre des contrats donc nos emplois. Mon compagnon RAPHAËL a pris en charge tous les projets en cours, l’administration... donc il n’y a pas eu trop de dégâts. 2005 est l’année de notre sélection pour la Quinzaine des Cies PACA au TNN avec Ma NiaK. Se sont donc posés des problèmes de garde, nous avons donc emmené notre petite LUNA de 5 mois en répétition, ce n’est pas l’idéal mais on ne pouvait pas faire mieux. Bien qu’elle fut très sage, je ne conseille pas cette expérience. Actuellement, LUNA va à la halte-garderie tous les après-midi, et nous avons la chance d’avoir une mamie et des amis qui nous la gardent pour les périodes de travail intense. Nous avons fait le choix de ne pas faire appel à une assistante maternelle tant que notre fille n’est pas dans le verbal. A un point de vue plus général, ayant beaucoup moins de temps libre je ne m’éparpille plus dans des projets galères. Je suis beaucoup sélective et je n’ai plus peur de m’affirmer. LUNA m’apporte un équilibre et une joie inégalable, elle me permet d’aller plus loin dans mon engagement artistique, c’est un peu bateau à dire mais sa liberté m’inspire. Et cela ne m’empêche pas d’être interprète pour d’autres créations que celle d’Antipodes (Printemps des Arts de Monaco …)
MORÉNA DI VICO et RAPHAËL THIERS, lors du spectacle : Ich Bin Don Quichotte
Cliquez sur l'image pour aller sur le site de la Cie ANTIPODES
(Crédit photo : AURORE LÉONARD)
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29/05/2006
MARIUS à l’affiche ce samedi
J’aime les coïncidences :
En répondant à un commentaire de Christian, j’évoquais la compagnie Jean Franval. Je racontais que cette troupe s’est fait une spécialité des œuvres de MARCEL PAGNOL mais aussi d'ALPHONSE DAUDET ! Et voici que le Festival Théâtre aux Arènes accueille Jean Franval et tous ses comédiens pour une représentation de Marius, samedi 03 juin à 20h00 !
J’hésite toujours à recommander un spectacle, car cela reste évidemment très subjectif et très personnel. De plus, même si j’ai déjà vu deux spectacles de cette compagnie, je ne les ai jamais vus interpréter Marius, un monument du théâtre de Pagnol. Toutefois, une chose me pousse à le faire : cela se passera aux Arènes de Cimiez, c’est à dire en plein air, comme toujours lorsqu’il s’agit de cette compagnie.
N’allez surtout pas croire qu’un spectacle de plein air vaut plus ou moins qu’un spectacle en salle ! Il ne s’agit pas de cela. Mais simplement, je sais que la troupe qui se produira samedi soir est habituée à jouer à ciel ouvert, c’est son quotidien. J’espère donc que le spectacle qu’elle présentera sera à la hauteur de sa réputation. De plus, Marius étant une pièce connue du répertoire contemporain, les spectateurs ont une petite idée de ce qu'ils vont trouver.
Il y a mille et une façons d’aborder le théâtre, et encore plus le spectacle vivant dans son ensemble. Une pièce jouée en plein air est un de ces multiples aspects.
Si vous souhaitez connaître l’ensemble du programme de ce festival, cliquez ici.
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20/05/2006
Kyaï !
L’idée de mêler des artistes d’univers différents est presque obsessionnelle chez moi. J’ai été jusqu’à imaginer qu’on pouvait réaliser un spectacle mêlant arts martiaux et danse.
En effet, le terme parle de lui-même : dans « ART martiaux », il y a au moins 50 pour 100 de… de… enfin de euh… bref, ce n’est pas seulement que du combat ! Ce soir, je vais voir une soirée de gala, organisée par le club de Karaté où est inscrit mon fils (passage de grade, remises des ceintures et des récompenses, on motive les enfants…). Chaque année, les démonstrations de katas synchronisés sont superbes. D’ailleurs, ce club avait même participé à la Nuit des Arts Martiaux à Acropolis. Lorsque je les regarde, je me dis qu’il y a sûrement matière à faire quelque chose de nouveau. Un spectacle à part entière, où danseurs et karatékas se découvriraient, et offriraient au public une œuvre étonnante.
Mais je me rends bien compte que mon idée est incomplète : la mixité ne peut pas être la seule justification d’un spectacle, on sombrerait dans l’événementiel purement commercial. Il reste à trouver un moteur, un parti pris, une motivation. De plus, la réalisation se trouverait confrontée à plusieurs difficultés : gestion d’un grand nombre d’intervenant, manque de technique dans l’une ou l’autre des deux disciplines…etc…
Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai encore jamais osé en parler, ni à un club de karaté, ni à une compagnie de danse. Pour le moment, je me tiens tranquille.
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19/05/2006
Happy Anniversaire !!!
C’est l’anniversaire de l’Illustre Théâtre ! Enfin, un tout petit anniversaire, puisque ce Blog a tout juste un mois. C’est plutôt un moinniversaire.
Je ne ferai pas dans l’originalité ce soir : UN GRAND MERCI à tous les visiteurs qui m’ont fait l’honneur de venir ici, à tous ceux qui ont participé et même à ceux qui étaient là par hasard, et qui sont repartis (je suis de bonne humeur).
A très bientôt.
L U C
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