23/01/2009
Je sors
Vendredi prochain, je vais aller voir Entre Autres au TNN. Voici ce qu’annonce la brochure :
Le comédien Jean ROCHEFORT rend hommage aux auteurs qui l'ont toujours accompagné.
De Roland BARTHES à Jean YANNE en passant par Fernandel, Verlaine, Boby Lapointe, Primo LEVI…
Une promenade lucide et amusée dans l'univers de Jean Rochefort.
Avec Jean ROCHEFORT, la dérision a de la douceur et le désespoir sa politesse. Un autoportrait ? Indéniablement. ROCHEFORT, de sa voix de bronze, confesse avoir voulu, à 77 ans, « dévoiler un peu de (ses) goûts », de ce qu'il aime « dans l'absurde, l'imbécile ou le prodigieux ».
On n'ose redire tout le bien que l'on pense de cet Entre Autres.
Fabienne Darge, Le Monde
Production : Théâtre de la Madeleine
Avec Jean ROCHEFORT
Lionel SUAREZ, accordéon
Durée 2h00
Au Théatre National de Nice / Salle Pierre Brasseur
Les vendredi 30 et samedi 31 janvier à 20h30 et le dimanche 1er février à 15h00
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Mais dès ce soir et tout le week-end, il y a d’autres spectacles intéressants qui devraient vous inciter à ne pas rester enfermés chez vous.
Tout d’abord, signalons qu’Eugène IONESCO fêtera ses cent ans en deux lieux différents et dès maintenant avec
La Cantatrice Chauve
Espace Magnan / Salle Jean Vigo
2009 : L'année Eugène IONESCO - 1909 - 2009 - Eugène IONESCO vous invite à trinquer pour le centième anniversaire de sa naissance. Une comédie déjantée...!
Les Smith, famille traditionnelle londonienne, reçoivent les Martin. Le capitaine des pompiers leur rend visite… Une autopsie de la société contemporaine, par le truchement des propos ridicules et banals que tiennent les deux couples au coin du feu.
Mise en scène : Léonie BAILE
Avec : Sabine VENARUZZO, Anne-Laure DEMESMAY, Frédéric FIALON, Antonny CHABERT, Serge MORISSO
Le positif de ce communiqué, c’est que je connais Frédéric FIALON, c’est un bon comédien.
Le mauvais coté de cette annonce, c’est qu’on nous dit « Une comédie déjantée...! ». Outre que 90% des comédies à l’affiche indiquent « Une comédie déjantée...! », j’ajouterai qu’un monument comme La Cantatrice Chauve ne se résume pas à ce seul qualificatif.
Allez donc vous faire une idée avec un extrait sur Youtube en cliquant ICI.
(je rappelle toutefois que les prises de vues d’un spectacle sont rarement avantageuses et que réaliser une video digne de ce nom est affaire de professionnels, « spécialistes de la spécialité », comme le dit si bien ma compagne)
Compagnie Série Illimitée – 06 03 13 86 14
Vendredi 23 janvier 2009 à 21h00
Samedi 24 janvier 2009 à 21h00
Dimanche 25 janvier 2009 à 15h00
Tarifs : 15 € - réduit 10 € (adhérents, étudiants)
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Puis l'ESPACE MIRAMAR à CANNES présente
Mots pour rire
C’est le dernier spectacle du très actif Théâtre Passé-Présent (cliquez ICI pour accèder à leur site). Il fait appel à des auteurs contemporains experts en virtuosité verbale : Tardieu, Le Tellier, Grangaud, Gourio, Ribes, Dac…
Ce florilège de courtes pièces offre un gargantuesque festin de délires verbaux, de dialogues saugrenus, d'aphorismes renversant, de classiques revisités. Les mots et les gestes fuient vers d'autres sens. Cette anarchie truculente du langage entraîne le spectateur dans une soirée mondaine, au Musée, à l'Opéra, au théâtre, au bistrot, à la télé, véritable labyrinte de l'incommunicabilité ! Amateurs de mots "croisés", de joyeux non-sens, de charivari langagier, de coït verbal, oubliez la crise. Vive la crise de rires, vive la crise des mots en liberté !
Metteur en scène : Jean-Denis VIVIEN
Durée : 01h30
ESPACE MIRAMAR ( ~ 400 places)
Angle rue Pasteur et boulevard de la Croisette
CANNES
04 93 43 86 26
Le Vendredi 30 et samedi 31 janvier 2009 à 20h30
Le Dimanche 1 février 2009 à 15h00
Tarif = 20,00€
J’adore TARDIEU et RIBES, aussi j’envie les Cannois et tous ceux qui pourront se rendre à l’une des trois représentations. (Pour ceux qui ne pourraient pas, il y aura une "scéance de rattrapage" le vendredi 6 février 2009 à 21h00 au centre culturel "La Coupole" de La Gaude.)
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Ensuite, le Centre Culturel la Providence, présente
Musique de l’Inde du Nord
Trio Hanuman
Chant & harmonium : Sri HANUMAN
Tabla : Antoine BOURGEAU
Tempura : Hariet COLEMAN
Chant classique Hindustani et anthologie du répertoire dévotionnel : bhajan et ghazal d’inspiration Soufie ; un récital riche en différentes saveurs et esthétiques des mélodies et rythmes indiens.
Sri HANUMAN est né dans une région située au nord de l’Inde ; il est compositeur et multi-instrumentaliste : chant, tabla et guitare. Ces trois moyens d’expression servent sa démarche artistique qu’il qualifie de « musique indienne actuelle ».
Samedi 31 janvier à 20h30
Prix des places de 6 à 15 €
Renseignements/ Réservations : Centre Culturel la Providence, 8-bis rue Saint Augustin (Vieux-Nice).
Contact Presse : Elisabeth TOURAILLE, tél : 04 93 80 34 12
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Un communiqué de la Cie Humaine :
Dans le cadre de sa résidence annuelle pour la saison 2008/2009 au sein du Département Danse du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, la Compagnie Humaine ouvre ses cours aux professionnels lors de rendez-vous mensuels dans le cadre de l'entraînement régulier du danseur.
Dates et horaires de la prochaine session :
lundi 2, mardi 3 et mercredi 4 février de 10h00 à 11h30.
Modalités d'inscription :
Pour une première inscription, toute personne intéressée peut adresser un CV à la Compagnie Humaine par e-mail, en précisant les jours de présence.
Le nombre de place étant limité, la priorité sera donnée aux premiers inscrits. Vous recevrez un e-mail de confirmation d'inscription.
Une participation symbolique aux frais administratifs de 5 € par cours sera demandée.
Elle sera réglée avant le cours par chèque (à l'ordre de : Compagnie Humaine) ou en liquide.
Déjà inscrits :
Pour les gens nous ayant déjà envoyé leur CV, veuillez simplement nous avertir par e-mail de vos jours de présence. Vous recevrez un e-mail de confirmation d'inscription.
Voici l'adresse du Conservatoire de Nice, où nous avons notre studio, ainsi que le moyen de s'y rendre :
Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice
127, avenue de Brancolar, NICE
Bus 20/22 : arrêt Centre EDF
Bus 15/25: arrêt Commandant Gérôme
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Enfin, le Théâtre du Port propose
« La Baraque »
Un spectacle détonnant et prometteur d’environs 01h10. Les élèves stagiaires de Carlo BOSO mettent leur expérience avec le maître au service d’une création drôle et déjantée. « La Baraque » est un bouquet de fraîcheur et de créativité, un incontournable cet été 2008 au Off d’Avignon.
Cette baraque au bord de mer à l’aspect immaculé est infestée de capricornes et regorge de mauvaises surprises. À l’image de cette maison où ils vont se rencontrer, les sept personnages de cette comédie farfelue détiennent un secret. Une vieille propriétaire acariâtre et alcoolique, une voisine digne concurrente de Cruella d’enfer et un tueur à gages accroché à ses basques, un vendeur immobilier travesti en crise identitaire, un couple de jeunes amoureux niais à souhait… Ajoutez à cela une histoire de famille improbable et un artiste démuni en marge de la société que personne ne laisse s’exprimer.
Sous ce masque comique finement brodé plane un fond de cruauté permanent. Anthony Casabella émet une critique acerbe de la société et de sa quête de la possession. À travers une micropopulation où toutes les catégories sociales sont représentées, il explique mettre en scène « les prolongations exacerbées de l’absurdité de la société de surconsommation, matérielle et sentimentale ». Ce jeune auteur réussit à dénoncer des problèmes actuels, où chaque spectateur se sent concerné sans jamais tomber dans l’explicatif ou le revendicatif, et c’est tout à son honneur. Le public participe, se reconnaît dans ces personnages caricaturaux sans se sentir oppressé ni montré du doigt. Bien au contraire, il rit de bon cœur et un véritable échange se crée.
Au résultat, les personnages sont subtils et personnalisés tout en gardant dans le jeu l’essence du clown et du masque de commedia dell’arte. Et c’est la le tour de force du spectacle : puiser dans les valeurs du passé pour les recréer à notre époque. Les codes classiques sont recyclés et mis au service d’une écriture contemporaine et d’une mise en scène innovante.
J’ajoute pour ma part que Carlo BOSO est un très grand de la Comedia dell’Arte. Que feront ses élèves ?
Au Théâtre du Port
Les dimanches 25 janvier et 1er février à 16h00
Les vendredi 23 et samedi 24 janvier à 20h30
Tarif = 15 €uros
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16/01/2009
Le point sur Luchini
Mardi soir, au TNN, j’ai eu la chance d’assister à l’une des quatre représentations du « Point sur Robert » de et par Fabrice LUCHINI (avec une mise en scène de Catherine DEBEAUVAIS)
Si le prétexte est la lecture de grands auteurs, ainsi que l’évocation de la vie du comédien lui-même (Robert est son vrai prénom), la nature du spectacle est belle et bien celle d’un one-man-show.
En effet, on y retrouve peu à peu toutes les ficelles des amuseurs publics : jouer avec l’assistance (par exemple, il fait répéter une phrase, les hommes d’abord puis les femmes ; il s’amuse à opposer les "nantis" du premier rang aux "pauvres" du dernier étage) ; imitations de quelques personnalité ; disgressions en tout genre ; et bien sûr, les spectateurs du premier rang qui sont mis à contribution (ne JAMAIS choisir le premier rang lorsqu’on va voir un One-Man-Show…) On a même fini tous debouts, dans la grande salle Pierre BRASSEUR (1000 places) à dancer sur « Saturday Night Fever » !
Assez statique au début, l’acteur se laisse aller à bouger davantage au fur et à mesure que la soirée avance. Contrairement à un Gad ELMALEH affichant une parfaite maîtrise de son corps en toute circonstance, Fabrice LUCHINI nous ferait presque croire qu’il s’agite gauchement. Il n’en est rien et l’on finit par comprendre que son naturel est en réalité très travaillé.
Ca taille, ça « casse » et ça fait sourire. En réalité, on ne sourit pas, on rigole beaucoup et bruyamment, mais je préfère employer le mot « sourire » tellement la performance de Fabrice LUCHINI nous emmène vers le subtil et l’intelligent.
Et l’intelligible aussi. Lorsque commence le spectacle, le comédien sagement assis nous lit du Paul Valéry. On se dit que c’est beau, mais l’on craint de s’ennuyer un peu au fil des pages durant deux heures.
Mais on est rassuré très vite : Fabrice LUCHINI démystifie et glisse de plus en plus vers la fantaisie pour, au final, revenir au sujet central et nous rappeler l’essentiel : Paul Valéry, Roland Barthes, Chrétien de Troyes, Molière, Céline… la littérature possède des trésors de génies.
Longs applaudissements…
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07/01/2009
T’es vachement drôle toi ! T’as fait l’École du Rire !
Si en France cette expression annonce une ironie cassante, il n’en va pas de même au Canada, comme vous pourrez le lire en cliquant ICI. L'article de Macha SÉRY évoque ces institutions qui accueillent les apprentis comédiens, ainsi que les filières — encore rares — pour se perfectionner dans l’art difficile de faire rire.
Il y a deux passages que je souhaite reproduire ici, à cause des réponses qu’ils m’inspirent.
« On a réorienté de façon opportuniste la pédagogie vers les besoins de l'industrie, privilégiant les programmes courts et les séries de télévision », annonce Marie-Laurence BERTHON, directrice adjointe de la filiale française de Juste pour Rire (qui produit en France Laurent RUQUIER, Franck DUBOSC, Florence FORESTI…)
Les questions de fric font souvent polémique dans le petit monde de l’art, notamment le Spectacle Vivant. Malgré les protestations de certains et le silence des autres, l’art et l’argent ont partie liée, ne serait-ce que parce que les artistes doivent vivre et ont besoin d’un peu d’argent pour cela. Cependant, cela n’a jamais empêché la plupart de rester libres. (Et je m’aperçois, au moment où j’écris ces lignes, que dans « argent » il y a « art » et « gens » !)
Alors, pourquoi ce passage me dérange-t-il ? « opportuniste », « industrie », « filiale », trois mots qui me chagrinent. On savait que le cinéma est une industrie, et nous sommes vaguement convaincus qu’il ne pourrait en être autrement à cause des moyens qu’il nécessite. Mais le monde du spectacle, on le croyait à l’abri de la grande machine à produire, à cause des moyens qu’il ne nécessite pas, justement. Le Spectacle Vivant est affaire de petite structure — oui, même la Comédie Française est une petite structure, face aux géants du cinéma.
Comprenez moi bien : je ne crache pas sur la face industrielle du cinéma, au contraire, mais je m’inquiète de voir que les écoles d’art se plient à la demande du marché (comme le feront bientôt les facultés d’ailleurs). Avec de telles écoles, je crains tout simplement que les artistes de scène deviennent moins créatifs et ne nous montrent plus que des spectacles formatés ; qu’ils soient à la création ce que Mac Donald est à la cuisine. Affaire à suivre.
Le deuxième extrait évoque tout autre chose :
Jeudi 18 décembre, en préambule à son troisième cours au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique à Paris, Guy BEDOS prévient : « Je déteste le comique sec, l'enfilade de rires. Le dogme - un mot, un rire - me donne le vertige. On n'est pas asservi à l'obligation de rigolade. Dans ce métier, on peut être émouvant. »
Photo Gamma/Serge BENHAMOU
Cet artiste nous fait part d’une conception tout à fait honorable du métier d’amuseur. Je la trouve pourtant teintée de mépris vis-à-vis des "autres", ceux qui préfèrent l’enfilade de rires. Ils sont pourtant tout aussi honorables et dignes d'intérêt.
J’affiche l’ambition de pouvoir dire un jour : « je suis comédien ! ». Vaste programme. Car ma conception du métier de comédien dit qu’il faut, en autre, être capable de travailler dans des projets très différents, pour des metteurs en scène ou des réalisateurs qui sont parfois aux antipodes les uns des autres.
Entendez bien : je ne dis pas que l’acteur doit être un simple technicien qui se contente de se plier aux souhaits et aux caprices d’un Grand Créateur ; je dis simplement que, dans ce milieu, il existe des visions différentes de l’art dramatique. Parfois, ces visions s’opposent même. Chaque metteur en scène, lorsqu’il monte un projet, propose un cadre à ses partenaires. Ce cadre est parfois très strict, très étroit, mais il laisse toujours une part de création à l’artiste qui accepte d’y entrer.
Mon ambitieux objectif me demande donc beaucoup d’humilité. Il faut accepter l’idée qu’un comédien travaille, le plus souvent, pour un projet qui n’est pas le sien, et qu’il doit faire comme s’il y adhérait à 200 %.
Faire sien le désir de création d’un autre. On se doute qu’il faut beaucoup de souplesse. C’est parfois déstabilisant, souvent contraignant, mais toujours intéressant. J’ai toujours pensé que c’est sous la contrainte que l’on crée le mieux.
Bien sûr, on se retrouve souvent à faire le contraire de ce que l’on a appris, et même quelquefois le contraire de ce que l’on aime — on aime les auteurs contemporains et on joue Molière, on privilégie l’approche psychologique et le metteur en scène vous demande de travailler sur les mots, on voudrait pleurer, on vous demande de rire…
Qu’importe, une fois l’aventure terminée, on a la fierté, l’immense fierté, de pouvoir dire : « ça, j’ai osé le faire. ». Au cinéma comme à la scène, il y a des acteurs qui resteront à jamais sublime dans tel ou tel rôle, mais qui ne déborderons jamais de leur domaine ; la réussite, c’est si confortable.
En rentrant chez moi après une répétition où un spectacle, il m’arrive de faire un détour pour croiser d’anciens camarades de scène, où des élèves qui sortent d’un cour de théâtre. Malgré ma joie de les revoir, j’ai alors un petit pincement au cœur. Premièrement parce qu’ils continuent de s’éclater sur une scène où je ne suis plus, étant moi-même en train de m’éclater ailleurs. Mais aussi parce que certains ont l’air "prisonniers". Ils ne connaissent comme horizon artistique que celui de leur unique professeur ou unique metteur en scène. Leur façon de concevoir l’art dramatique est calqué sur leur "maître".
Lorsque je travaille avec l’un ou l’autre de ces metteurs en scène, j’écoute avec la plus grande attention leurs indications, je peux dire sans exagérer que je bois leurs paroles. Mais je garde toujours en tête que, même génialissimes, même avec des argument très convaincants, ces Artistes avec un grand A détiennent une vérité, une seule parmi la multitude d'autres vérités.
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