Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2007

Petit boulot pour vieux clown

C’est le titre d’un spectacle qui se joue au Théâtre de la Cité, pendant trois semaines.

Le texte a été écrit par Matéi VISNIEC, historien et philosophe de formation né en Roumanie en 1956. Il publiera ses premiers poèmes en 1972 et passera ensuite au théâtre, mais sera censuré par le régime communiste. En 1987, il demandera l'asile politique en France et obtiendra la nationalité française en 1993. Il écrira alors une dizaine de pièces en français.
Mais « Petit boulot pour vieux clown » a été commencé en Roumanie et terminé en France ! L’auteur en dit d’ailleurs ceci : « C’est une pièce qui m'a accompagné dans mon errance à travers l'Europe, de l'Est à l'Ouest, durant mon passage d'un monde à l'autre, de ma langue maternelle vers la langue française, dans ma recherche d'une nouvelle identité. J'ai commencé à l'écrire à Bucarest, en 1986, et je l'ai terminée à Paris, en 1987. »
0855e81da036de27f85448c9a7e72430.jpgIl nous dit aussi : « Pourquoi j'ai écrit cette pièce sur des clowns? Parce que j'aime les clowns, sans doute. Parce que, dans ma jeunesse, j'ai été beaucoup impressionné par un film de Fellini, Les Clowns, bien sûr. Parce que dans mon enfance, passée dans une ville sans couleur au fin fond de la Roumanie, le seul moment de l'année où la vie devenait pétillante, c'était lorsque le cirque arrivait… J'ai écrit cette pièce parce que pour moi le clown est un personnage qui rit en pleurant et pleure en riant ; il est en même temps le bouffon du roi qui se moque de son maître et le fou qui dit la vérité; il est le miroir impitoyable de son temps et l'écho enfantin du temps qui passe… ».

La pièce parle de trois clowns, autrefois partenaires de jeu, qui se retrouvent dans une salle d'attente pour passer une audition. Ils sont vieux, dépassés, et attendent désespérément cette audition de la dernière chance. Chacun persuadé de son talent, tente d'imposer sa supériorité à ses amis. Tout est bon pour ces trois clowns passés de mode pour essayer d'intimider les autres : menaces, hypocrisie, flatterie, trahison, mensonges.

b67f30a1f2446356c86bf8baeee5a3a6.jpg    5443e54c8321f6db4d83ed3fecfa036a.jpg


La mise en scène est de Stéphane EICHENHOLC. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ici ce comédien. Mais il est également écrivain pour le théâtre (notamment avec Noëlle PERNAT), professeur et, donc, metteur en scène.
Depuis qu’il a fondé la Cie ARKADIA, en 1998, il n’en est plus à son premier essai : « Moulin à Paroles » ; « Un Riche, Trois Pauvres » ; « Les Diablogues » de Roland DUBILLARD ; « Acrobates » d’Israël HOROVITZ etc.
Dès le début, ses spectacles portent sa griffe : une mise en scène épurée, une recherche efficace sur l’expression corporelle, un éclairage très soigné  quand on le connaît un peu, on voit bien qu’il lui plait de faire joujou avec les projecteurs !

461eb07d725ffb8ad15786f830d9b57c.jpg


Les trois comédiens présents sur scène sont Sylvain GUINÉ, Jean-Louis STORA et Eric GUYONNEAU. Ils se connaissent bien et ont déjà travaillé avec Stéphane. Aussi, je compte bien aller voir ce spectacle vendredi prochain, et je peux d’ores et déjà me joindre à tous ceux qui l’ont recommandé auparavant. En espérant bien sûr recueillir quelques propos du metteur en scène.

 


« Petit boulot pour vieux clown » au Théâtre de la Cité
les jeudis, vendredis et samedis à 21h00 et les dimanches à 15h00, du 11 au 28 octobre (3 semaines).

Tarif : 15 €uros

Durée du spectacle : 01h30 environs

Renseignement / réservation au 04 93 16 82 69

07/10/2007

Messieurs ! le jury !

Il y a une situation confortable et incommode à la fois : être membre d’un jury.
Vendredi soir, j’ai eu l’occasion d’être parmi ceux qui avaient à juger les spectacles qui étaient programmés durant trois jours, du 28 au 30 septembre dernier.
Oui, le grand mot est lâché, le mot qui fait toujours débat dans l’univers de la culture : « JUGER » Arghhh !
C’est que, s’il est déjà difficile d’accepter l’idée d’être évalué ou même comparé, ça l’est encore plus dans le domaine de l’art, secteur où le verbe « mesurer » ne signifie pas grand chose. Exercice d’autant plus ardu que l’artiste, s’il est honnête, met une part de lui-même dans ce qu’il accomplit. C’est ainsi qu’il y a les festivals AVEC récompense(s) et les festivals SANS récompense. Au Théâtre de l’Impasse, ils avaient choisi d’organiser leur premier festival AVEC une compétition. On m’a appelé, je suis venu.
Pour ma part, cela ne me choque pas que l’on puisse mettre des spectacles « en compétition ». C’est même une excellente école, car on apprend à soumettre notre œuvre au regard tout à fait subjectif d’un public. Quoi qu’il arrive, en dehors de toute compétition, le spectacle sera de toute façon jugé par ceux qui le reçoivent ; et si le chalenge est un peu différent, il n’en reste pas moins cruel parfois, imprévisible aussi mais toujours légitime. Même si le public est composé d’imbéciles, d’incultes, de cuistres et d’emmerdeurs, nous avons tous le droit de porter un jugement sur l’œuvre que l’artiste porte à notre regard.
Et c’est d’ailleurs cela qui m’a gêné lorsqu’on m’a présenté comme « membre du jury » : J’étais celui qui juge, et les autres, par conséquent, ceux qui ne jugent pas (ou au moins dont l’impression importe peu).
Vous l’avez compris, je ne prétendrai jamais que mon avis prévaut sur celui des autres ; en revanche, j’ai pris mon rôle au sérieux : on me demandait mon appréciation pour chaque show que je verrai, j’en ai marqué toute une tartine pour chacun, davantage pour expliquer et décortiquer que pour dire si c’était bon ou mauvais. Mais il fallait également donner une note sur vingt, je me suis plié à cette exigence. Selon le prestige de la manifestation culturelle, remporter le prix peut changer une vie, dans d’autres cas, on gagne une médaille en chocolat. Ici, il s’agissait quand même d’un chèque qui n’était pas de bois : 300 €uros, destiné au vainqueur parmi [ … de jeunes auteurs-comédiens qui ont travaillé toute la saison passée pour écrire, monter, tester leur nouvelle création et souvent leur premier spectacle. Durant la saison 2007-2008, ils n'auront de cesse que de jouer et se faire connaître du plus grand public… ] comme nous l’indiquait le programme de ce festival.

Lorsqu’on on tente l’aventure d’un spectacle, il faut être prêt à tout. Comprenez : il faut être prêt à recevoir tous les coups imaginables. Il faut apprendre à se protéger de la désillusion, de l’indifférence, de l’incompréhension, de la défaite et des mauvais jours, des conflits avec les organisateurs, les artistes, les ennemis et les amis, il faut se rendre plus solide face à une remise en cause de soi qui est permanente. Quoi de plus partial qu’un jury, si ce n’est le public lui-même ? Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Qu’importe, c’est ainsi, et il faut s’y préparer. Pour cela, rien de mieux que de participer à de telles manifestations.