14/03/2008
Michel BOUQUET
Je suis en train de lire La Leçon de Comédie, entretiens très intéressants avec le comédien Michel BOUQUET. Bien entendu, je n’ai pu résister au plaisir de vous en livrer quelques passages.
« … Mais ce n’est pas le personnage qui me retient. Je ne suis pas attaché forcément au capitaine Edgar, pas plus qu’au neveu de Rameau ou au Pozzo de Beckett. C’est comme fruits de la création de l’auteur que tout à coup ces personnages me parlent. Je suis donc attaché sentimentalement à l’œuvre et à l’auteur plus qu’au personnage.
C’est d’ailleurs pourquoi je me moque tellement des personnages et que je n’ai pas de peine à les rendre cruels, stupides ou ridicules. Vous m’avez fait mettre le doigt dessus et je suis obligé de le voir alors que je n’y ai jamais pensé, mais c’est vrai : je ne suis jamais un personnage pour le personnage… »
Ce premier extrait, je tenais à le reproduire ici parce que, moi aussi, je viens de réaliser à l’instant combien c’est vrai. On croit être amoureux d’un personnage et en réalité on est bouleversé par le drame qu’il vit — et qui est la justification de son existence !
Cette constatation est à rapprocher de cette autre citation, de Luigi PIRANDELLO cette fois-ci, dans sa préface à Six Personnages en Quête d’Auteur : « Pour exister, tout être imaginaire, toute créature de l’art doit avoir son drame, c’est-à-dire un drame dont elle soit un personnage et qui fasse qu’elle est un personnage. Le drame est la raison d’être du personnage ; c’est sa fonction vitale : nécessaire pour qu’il existe. »
L’extrait suivant est un compliment un peu hâtif, me semble-t-il : « … Il y a aussi une qualité que j’aime beaucoup chez les comédiens, c’est l’humour qu’ils exercent à leur encontre. En tournée, après la représentation, les acteurs vont souvent dîner ensemble. Il est courant de les entendre s’exclamer : "Oh, ce soir j’étais pas fameux." Ils se critiquent, se ridiculisent eux-mêmes de ce qu’ils ont cru mal faire au cours du spectacle. Je ne sais pas si vous avez la même impression que moi mais j’ai vu peu de gens s’autocritiquer après une journée de bureau… »
C’est un comportement que j’ai pu vérifier, mais toutefois, je rajouterai que ce n’est pas l’apanage des seuls comédiens, mais des personnes (très rares) qui ont la chance d’aimer le métier qu’elles font (et puisque personne ni aucun système n’a jamais forcé quelqu’un à devenir comédien, ce sont donc des gens qui ont au moins cette chance-là d’aimer passionnément ce qu’ils font !)
Autre morceau choisi : « … Si un jour on devait perdre la culture du théâtre, ce serait, je crois, la mort de la liberté et de la démocratie dans le monde. Très vite. Si beaux et si spectaculaires que soient les sports, ils ne donnent pas ce que peut offrir le théâtre, presque toujours, ils donnent même le contraire ! Le théâtre est l’endroit de la Cité où un homme peut s’adresser à elle. Et à tout l’univers s’il est puissant. C’est le cas de Beckett. Les hommes du monde entier ont entendu l’homme-Beckett. Le théâtre est une tribune cent fois plus forte que les tribunes des parlements parce qu’elle s’adresse à la bonne volonté des hommes et à ce qu’il y a de plus profond en eux… »
C’est également ma conviction, à ces deux mots près : « très vite ». En effet, je pense que l’inertie de l’énorme machine que constitue notre société retarderait le drame et que la mort du théâtre ne sonnerait pas immédiatement le glas de nos libertés et de notre démocratie. Ce qui serait pire car, ne voyant aucune menace survenir immédiatement, nous laisserions le mal s’installer sournoisement.
Dernier extrait pour cette première partie (eh oui, cela ferait trop long en une seule fois, d’autant que j’ai deux ou trois annonces à faire ensuite !) : « … Un acteur, c’est l’humain général et c’est en cela qu’il n’est rien. C’est un réservoir des rêves et des cauchemars de l’espèce humaine, un homme sans qualité particulière parlant à d’autres hommes qui sont eux aussi des acteurs. [ … / … ] Le comédien, au fond se caractérise par une extrême normalité — d’où la déception de qui s’en approche dans la vie — et par sa capacité de faire sentir aux autres qu’ils ont en eux cinquante millions d’existences différentes… »
C’est promis, un autre article suivra celui-ci, et d’autant plus volontiers que nous savons désormais que la S.A.C.D. n’est pas un méchant gendarme (cliquez ICI pour relire l’article : c’est en fait le 4e commentaire, écrit par M. Christian RULLIER, qui est important) et que nous avons le droit de reproduire jusqu’à 6000 caractères, espace compris, d’une œuvre écrite.
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Et maintenant, trois annonces pour ce week-end :
Ad Libitum - Cie Antipodes - 06 en scène
Etape 2 : Palais Acropolis – Nice
Lundi 24 mars, Salle Galieni AB, 14h00, 15h00 et 16h00
"Une envie simple, impérieuse et évidente de passer de l'autre côté du mur. Au-delà d'un transitoire qui s'étire inexorablement…"
La Cie Antipodes vous invite à partager une étape de travail dans son voyage qu’est la création.
L'héritage : 14h00
Le défit : 15h00
Le lien : 16h00
Trois rendez-vous chorégraphiques tout au long de la journée dans une installation scénographique aux résonances nomades et atemporelles.
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Simon Labrosse, si sa vie vous interesse...
"Simon Labrosse cherche désespérément à entrer dans un système qui l'étouffe, un monde pourri sur lequel il pleut des briques. Sa générosité se confronte sans cesse à la réalité de nos sociétés compétitives qui ne laisse aucune place aux improductifs."
"Je m'appelle Simon Labrosse. Je suis sans emploi, mais je travaille très fort pour m'en sortir. Mes amis et moi on va vous raconter ma vie. Vous ne regretterez pas d'être venus. Vous allez voir, ma vie, c'est passionnant. Tous les problèmes que j'ai, ça va vous réconforter. Parlez-en à vos amis, je voudrais ne pas vous mettre trop de pression mais ça presse un petit peu…"
Auteur : Carole Frechette
Artistes : Frédéric Fialon, Emilie Jobin, Christian Guerin
Scéance à 20h30 (Durée : 01h20)
Tarif : 12 €uros
Théâtre des Oiseaux (~ 50 places)
6, rue de l'Abbaye
Nice
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l'Espace A VENDRE propose...
Vendredi 14 mars à 20h30 :
Sur une proposition de Johanna PIRAINO
Répétition publique à l'entrepont
Halles Spada (salle de répétition de la Cie Grain de Sable)
avenue Denis Semeria
Nice
« Troupe d’intervention féminine » : travail d’écriture, théâtre d’image, performance, chansons.
Huit femmes se réunissent pour réfléchir et exploiter quelques thèmes qui leur tiennent à cœur :
le PC, les magazines, les hommes, le corps. Elles sont folles et elles ont bien raison.
Avec : Emilie Atlan, Elise Clary, Bérengère Humblet, Magali Maria, Anne Molenat, Sophie de Mongolfier, Johanna Piraino, Sophie Sergio.
Samedi 15 mars à 18h00 :
Lecture de Cécile Mainardi
A l’Espace A VENDRE
17 rue Smolett
Nice
04 93 79 83 44 - 06 11 89 24 89
Cécile Mainardi est née dans la région parisienne où elle a passé son enfance et son adolescence, un oeil néanmoins toujours tournée vers le sud, l’horizon italien… Après de brèves années d’enseignement dans la région de Nice, un livre chez Jean-Michel Rabaté et François Dominique l’emmène à Rome à la Villa Médicis, elle y passe six années. De retour en France, elle se réinstalle dans le sud, où sa fréquentation des artistes modèle sans nul doute son inventivité et son rapport à l’écriture. Hésitant toujours entre trouver/révéler/générer de la poésie dans sa propre vie, et susciter de la vie dans sa poésie, elle recharge ou crispe/aère chacune tour à tour de cette hésitation.
Livres :
* Grièvement, éditions Telo Martius, 1992.
* L’Armature de Phèdre, éditions Contre-Pied, 1997.
* La forêt de Porphyre, éditions Ulysse Fin de Siècle, 1998.
* La blondeur, éditions Contre-Pied, 2004.
* Point Of View, livre de collaboration avec l’artiste photographe A. Gomez de Tuddo, Albatross, Rome, 2005.
* La Blondeur, les Petits Matins, Paris, 2006.
* Je suis une grande Actriste, l’Attente, 2006.
* L’eau super-liquide (à paraître en 2007).
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