21/12/2006
Classique
« Pourquoi une nouvelle version de Mademoiselle Julie de STRINDBERG, déjà adaptée à la fin du siècle dernier ? C’est que les traductions vieillissent généralement plus vite que les originaux dont elles dérivent ; or s’il est sans inconvénient qu’un original date, il est gênant qu’une adaptation soit démodée. C’est ce qui oblige à retraduire périodiquement SHAKESPEARE, pour la grande joie d’un tas de professeurs d’anglais. De même, on devrait bien penser, de temps en temps, à retraduire en français CORNEILLE et RACINE. Mais ne nous égarons pas. » Boris VIAN à propos de sa version de Mademoiselle Julie.
Question déjà ancienne donc, puisque formulée par Boris VIAN en 1952. Mais question récurrente. Et on le comprend : cinq actes en vers rimés par Pierre CORNEILLE, cela paraît, en première lecture, manquer de naturel. Mais en seconde lecture ? Aussi ! Ah bon. C’est qu’il faut du temps pour s’accoutumer. Et si c’était cela, la vraie difficulté ? Nous n’avons pas assez pris de temps pour lire et relire certains œuvres du passé.
Pièces de théâtre écrites par RACINE ou bien poèmes rédigés par VILLON, que faut-il en faire ? Les relire jusqu’à ce que la syntaxe et le vocabulaire désuets nous paraissent évidents ou bien en risquer une traduction ? Je dis bien « risquer » car, d’une manière générale, il est toujours difficile de traduire un auteur sans oblitérer la tonalité, le style original.
A titre personnel, je penche plutôt pour la solution de l’accoutumance aux langages anciens. C’est en révisant « les Femmes savantes » de MOLIÈRE que je me suis rendu compte que, non seulement les vers me revenaient facilement après quatre années, mais que certaines tournures me paraissaient évidentes, presque obligées !
Un seul problème : parmi les gens de théâtre, il s’en trouve beaucoup pour dénoncer la trop grande part déjà faite aux classiques dans l’enseignement, au détriment des auteurs plus contemporains, et ils n’ont pas tort. De plus, il viendra un temps où la langue de MOLIÈRE, comme celle de SHAKESPEARE ou bien de DANTE, seront devenues complètement incompréhensibles aux non-initiés, comme aujourd’hui les poème en latins de VIRGILE.
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Mardi soir, je suis allé voir Christophe ALÉVÊQUE, dans un One-Man-Show d’une heure trois quart. Il n’en fait pas trop, sa bonne voix lui permet de varier les effets mais aussi de chanter – ce qu’il fait à chaque fois en introduction de chacun des quatre ou cinq longs sketchs qui composent ce spectacle.
La presse parle « d’humour décapant, qui appuis là où ça fait mal etc. » mais là, c’est un peu la même chose pour tout les humoristes actuels, rien de vraiment neuf. En bref, les sujets traités sont toujours les mêmes, mais ils le sont avec talent, et surtout, le public marche avec lui et rit de bon cœur.
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Commentaires
On m'a raconté une représentation de L'Avare dans une tribu du fin fond de la chaîne en Nlle Calédonie. Et, à l'étonnement de tous (y compris de la troupe), la magie du théatre avait pleinement opéré.
Je crois que les grandes pièces ne vieillissent jamais si elles sont mises en scène et jouées avec un minimum de talent.
Écrit par : JF A | 22/12/2006
En effet, voilà un exemple surprenant de l'universalité des grandes oeuvres.
Merci pour ce commentaire JF A.
Écrit par : L U C | 22/12/2006
Ce qui serait intéressant, ce serait de savoir qui était cette troupe et quelle était sa démarche (pourquoi le choix de "l'Avare", quelle mise en scène etc.)
Écrit par : L U C | 22/12/2006
Je ne sais pas. C'était une troupe française en tournée sur le territoire et qui avait choisi une représentation des plus classique, en costume d'époque. Et l'organisateur local qui m'a raconté ça insitait sur le côté à la fois magique et surréaliste de la représentation, des gamins de la tribu émerveillés, ...
Écrit par : JFA | 23/12/2006
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