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26/04/2006

La 20è Nuit des Molières [lundi soir sur France-2]

Victimes de leur succès ? A chaque cérémonie de remise de récompenses, on songe aux parodies dans le genre de l’Interminable Nuit des Escarres (des Inconnus). J’ai même cru un instant que nous aurions droit au « Molière du meilleur Molière ».

Il est vrai que le spectateur a l’impression vague de revoir à peu près toujours les mêmes têtes, selon qu’il s’agit de la Palme d’Or, des NRJ Awards, ou bien des Hots d’Or.

Il a également la sensation de voir se dérouler la même séquence de remerciements, drôles ou émouvants, et plus ou moins originaux selon le talent de celui qui vient d’être récompensé. (Voilà d’ailleurs un exercice digne d’un cours de théâtre : « Chacun à votre tour, vous viendrez sur la scène pour remercier le public. Puis vous referez l’exercice en imaginant que vous n’êtes même pas nommé et que vous lisez pour vous-même le texte que vous aviez préparé. »)

 

D’une manière générale, je n’aime pas tout ce qui ressemble de près ou de loin à une compétition. Ceci dit, je crois que cette Nuit des Molières doit continuer d’exister.

Premièrement parce que les organisateurs ont eu la bonne idée de décentraliser l’événement, rappelant ainsi que les lieux de création doivent exister partout en France. Ils ont osé rompre l’image d’un théâtre forcément Parisien.

Ensuite, parce que certaines professions du spectacle sont mises en avant à cette occasion. Même si on s’en doute déjà, il vaut mieux répéter qu’un bon éclairage n’est pas à la portée du premier venu.

 

« Au théâtre on joue, au cinéma on a joué » - Louis JOUVET : quel beau sous-titre, cité par Jacques WEBER lors de l’ouverture de la cérémonie. Mais, sauf pour signaler les 4 Molières distinguant la Symphonie du Hanneton, je ne ferais pas de compte-rendu de cette soirée. N’importe quel bon journal vous donnera la liste des lauréats, et de ceux qui ont été nommés (enfin une cérémonie où l’on n’emploie pas le barbarisme « nominé » !). Je me contenterais de reproduire ici le texte lu par l’acteur Nicolas Bouchaud sur la question des Intermittents du Spectacle. Pour le lire, cliquez sur commentaire. Vous pouvez également visualiser un petit album photo (colonne de droite).

Commentaires

Nous sommes très heureux de voir notre travail récompensé, et à travers lui des acteurs et des techniciens par ailleurs fortement menacés par le protocole d’accord réformant notre régime d’assurance chômage. Nous savons depuis trois ans... [une demi-minute d’applaudissements interrompt le discours] Nous savons depuis trois ans que ce protocole examiné à nouveau le 18 avril dernier est inadapté à nos métiers, y compris dans sa version la plus récente. L’État lui-même avait reconnu son mauvais fonctionnement puisqu’il avait mis en place un fond transitoire de soutien destiné à rattraper les exclus du système. Monsieur le Ministre de la Culture, depuis plus d’un an, un projet de proposition de loi a été élaboré par le Comité de Suivi, présidé par le député U.M.P. M. Etienne Peinte et signé par 476 députés et sénateurs de tous bords politique. Pourquoi n’avez-vous pas, en tant que membre du gouvernement, saisi l’occasion de mettre à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale ce projet qui a l’avantage de répondre à nos attentes et de pérenniser notre régime sans empêcher la négociation entre les syndicats. Le 8 avril dernier, M. François Hollande s’est engagé à déposer à l’Assemblée Nationale au mois de mai ce projet de proposition de loi, nous verrons et nous attendrons. Ce régime de l’intermittence a été conçu pour poser des limites décentes à notre précarité liée à la discontinuité de nos emplois. Compte tenu des conditions actuelles de l’emploi, est-ce que notre statut ne devrait pas au contraire servir de modèle plus général, ou serait-il devenu un modèle trop gênant pour cet avenir entièrement libéral qu’on nous prédit de toutes parts, et dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Nous sommes obstinés, comme les hommes et les femmes de « La mort de Danton », comme Georges Büchner, son auteur ; nous croyons à l’intelligence collective et nous sommes capables de participer à l’invention de l’avenir autrement qu’à coup de « il faut bien ». Merci.

Écrit par : L U C | 26/04/2006

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