23/04/2012
PUBLIONS LE BANC
Voilà un compte-rendu tardif, mais j’ai voulu le publier quand même. En effet, le spectacle que j’ai pu voir au Théâtre de la Tour, dimanche 15 avril à Nice, méritait certains éloges. Il s’agit de d’une pièce de théâtre écrite par Gérald SIBLEYRAS : le Banc.
J’avais déjà évoqué cet auteur le mois dernier. Une douzaine de pièces à son actif, dont la moitié co-écrites, notamment avec Jean DELL. Plusieurs distinctions, méritées me semble-t-il, car ses textes sont fins, ses pièces fonctionnent bien, il sait se renouveler… bref, il a du talent.
Restait à donner vie à ce fameux Banc. C’est ce qu’ont fait les deux comédiens Norbert JOUVE et Gérard-Philippe SÉLLÈS, qui signe également la mise en scène.
La mise en scène, justement : elle n’était pas minimaliste, certes, mais simple et sans esbroufe. Ce n’était pourtant pas si facile, car il s’agit d’une pièce où le texte compte beaucoup et où l’action est en retrait. Ce n’était donc pas gagné de conserver un rythme et de capter l’intérêt du spectateur.
Et pourtant, le public riait parfois, souriais souvent, écoutait toujours.
Il écoutait le dialogue entre Paul et Vladimir, pianistes formant depuis vingt ans un duo à quatre mains. Depuis vingt ans assis côte à côte sur un banc de 1m10. La reconnaissance du public et une récompense pour leur dernier disque…
Lorsque la pièce commence, ils prennent possession de leur chalet au Tyrol, qu’une fondation met à leur disposition afin de préparer une grande tournée au Japon. Mais au lieu de travailler, ils vont se parler, ils vont vider leur sac.
Dans cette fable fantastique, le banc rétrécit et symbolise la trop grande et trop longue promiscuité. Un excellent huis clos au milieu de la montagne autrichienne.
Un jeu très naturel, voila ce qui qualifierait le mieux le jeu des deux comédiens. Le naturel n’est pas forcément le meilleur choix à faire, être naturel ce n’est pas tout. Il faut être naturel "à la manière de" son personnage. Si le metteur en scène décide qu’il faut un jeu naturel, cela ne veut pas dire que les comédiens vont être réellement naturels !
Dans ce spectacle, il y avait une légère pointe d’accent du Sud, un rien de Fernandel, un tout petit soupçon de Pagnol. Mais si peu ! Si peu que cela semblait naturel… mais que cela relevait considérablement la saveur de ce dialogue. Une truculence jamais démonstrative.
Être haut en couleur sans en faire trop, garder un tel jeu pendant plus d’une heure, ce n’était pas facile.
La seule petite — toute petite — critique que je peux faire concerne les moments où les comédiens doivent accomplir une action concrète précise (jouer ensemble sur un clavier imaginaire, modifier le décor, planer dans le ciel…).
Pour tous ces gestes à accomplir, on ressentait de la maladresse, de l’imprécision.
Il en était de même du décor : quelques accessoires réellement présents sur la scène, tout le reste peint sur une toile entourant les trois côtés. Le style était plaisant, mais les dessins semblaient réalisés par un amateur — c'est-à-dire la même chose que si c’était moi qui avait tenu le pinceau…
Cela n’a pas entamé la qualité du spectacle, et j’espère que la Cie Le Solstice pourra bientôt représenter ce Banc sur les scènes du département. Je ne manquerai pas alors de vous le conseiller.
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