09/12/2011
Quelle est la question
Le théâtre Georges Brassens, à Saint-Laurent-du-Var, offre souvent une programmation éclectique et intéressante.
Ce soir, et demain samedi 10 décembre, à 20h30, ce théâtre de 118 places proposera à son public une pièce de Valérie DURIN intitulée Corneille-Moliere l’arrangement.
Lisons un extrait de ce qu’en dit l’auteur :
« Cette fiction s'appuie sur des repères historiques, des circonstances politiques, des événements intimes et s'articule autour des créations des œuvres majeures de Molière.
Depuis la fin du XIXème de nombreux spécialistes démontrent dans la réprobation générale que Corneille est l'auteur de ces œuvres majeures. Les recherches sont aujourd'hui arrivées à maturité.
Je pars de ce postulat, sans pour autant affirmer Corneille comme source unique. La notion d'auteur au XVIIème siècle est éclairante. L'auteur est celui qui apporte la pièce, qui s'en fait le principal investisseur. Peu importe qui apporte la trame. Peu importe qui la versifie.
Corneille écrit, Molière joue et "donne" la pièce. En s'en emparant, c’est à dire en l’achetant, l'acteur en fait sa propriété, la manipule et l'arrange avec ou sans l'accord de l'écrivain.
Molière, "le bouffon du Roi" libre dans ses expressions, pouvait mais ne savait dire ce que Corneille , « l'auteur le plus approuvé du siècle », figé dans sa gloire, savait mais ne pouvait dire.
C'est l'histoire d'une association : l'arrangement d'un écrivain et d'un acteur. L'histoire de la fabrique de l'écriture vivante, de l'invention d'un théâtre éternellement moderne.
Corneille a-t-il écrit les pièces de Molière ? Est-ce la question ? Nous ne répondrons pas à cette question.
À la suite de Pierre Louÿs qui en fait une affaire de cœur au début XXème siècle, à la suite de Poulaille et d’autres, technologies informatiques à l’appui, les médias reniflent le scoop. Les moliéristes s’insurgent suffoqués par l’insolence renouvelée, les cornéliens approuvent, bardés de certitudes digérées. Bataille qui finit par faire bailler aux corneilles et soupirer Célimène.
Valérie Durin – avril 2010 »
Ouf ! J’ai eu peur. Un instant, j’ai cru à un énième ouvrage sur la remise en cause du génie de MOLIERE, la sempiternelle enquête sur les "grands" mystères qui entourent la vie et l’œuvre de Jean-Baptiste et qui n’a pour but que de se faire connaître, lorsqu’on n’a pas le talent d’écrire des pièces de théâtre.
Ici, rien de tout ça. C’est une pièce de théâtre qui parle de théâtre. « Une énième pièce sur le théâtre, dans la sempiternelle mise en abîme du Spectacle Vivant » me répondra-t-on.
Peut-être, mais là c’est utile, intéressant, noble même. Et puis, le théâtre, c’est infini, on peut y revenir sans cesse, tout se renouvelle.
J’avoue ne connaître ni les comédiens ni l’auteur, bien qu’ils semblent avoir chacun une solide carrière derrière eux. Simplement la programmation du théâtre Georges Brassens ne m’a jamais déçu et d’autre part, les nombreux articles de presse concernant ce spectacle sont plutôt appétissants.
Les réservations se font au 04 92 12 42 92
Tarif : 11,50 Euros — réduit : 7,50 Euros
C’est dans le dossier de presse que j’ai appris que MOLIERE a toujours orthographié son pseudonyme sans accent sur la lettre E. Nous constatons que l’affiche retombe dans la même erreur !
Je n’aime guère le ton que prennent ces débats de spécialistes, où les egos sont plus larges que les connaissances. C’est dommage, car j’aime bien voyager au pays des langues anciennes et de la petite histoire, celle qui nous aide à comprendre la grande. Il y a ainsi des érudits capables d’écrire de longues pages sur l’origine inexpliquée du pseudonyme « MOLIERE ». Ce n’est pas à mon avis une question essentielle, mais c’est toujours un angle d’approche intéressant de notre passé (cliquez ICI pour aller sur un des sites consacrés à la question).
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